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3 juillet 2016 7 03 /07 /juillet /2016 08:33

Bon anniversaire à Georges-Jean Arnaud, né le 3 juillet 1928.

Georges-Jean ARNAUD : Les Gardiennes

Les bulldozers ont envahi le terrain vague en face de chez Claire Dejean. Ce pourrait n’être qu’un épisode supplémentaire dans l’urbanisation d’une petite ville, mais non car apparemment des enjeux stimulent les portables et renouent les relations.

D’abord Simon, qui appelle sa mère, Claire, afin de connaître l’état d’avancement des travaux. Ensuite, Augusta, brouillée depuis des années, pour ne pas dire des décennies, avec Claire et qui d’un seul coup s’incruste le matin, afin elle aussi de vérifier si un pépin ne surviendrait pas. A moins qu’elle l’espère ce pépin !

Alors allons-y pour les croissants et la bouteille thermos de café. Claire ne demande pas mieux que ce petit supplément alimentaire, elle qui est obligée de chiner dans les poubelles dès potron-minet afin de recueillir un croûton de pain, une conserve périmée.

A l’origine de ce rapprochement inattendu la disparition de sa fille Elodie, laquelle fréquentait Simon. Les cadavres ne se trouvent pas uniquement dans les placards, peut-être aussi dans les terrains vagues, sous les coups de butoir des pelleteuses.

 

Une atmosphère pesante pour ce court roman du prolifique mais toujours intéressant Georges-Jean Arnaud.

Ici il prend pour thème un fait divers insignifiant. Un projet immobilier fait remonter à la surface de la mémoire une douloureuse affaire qui n’a jamais connu de véritable aboutissement. La disparition d’Elodie est-elle due à un meurtre perpétré de sang-froid, et surtout de ce magmas de pierrailles et de terre une preuve va-t-elle enfin être dénichée ?

Par exemple un bijou quelconque démontrant qu’Elodie a été enterrée et que son corps gît depuis des années dans ce terrain.

L’angoisse ressentie par les deux mères n’a pas la même origine, et G.-J. Arnaud distille avec virtuosité et malice ce venin qui tient en haleine le lecteur grâce à une tension latente et insidieuse.

 

Georges-Jean ARNAUD : Les Gardiennes. Collection Eden Fictions, Eden production. Parution 17 juin 2003. 60 pages.

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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 15:15

En juillet, Fées ce qu'il te plaît...

Chantal ROBILLARD présente : Dimension Fées.

Parmi les nombreux héros de notre enfance, Martine, D'Artagnan, Pardaillan, Le Club des Cinq, Lagardère, Sissi et combien d'autres, il est de petits personnages qui se sont infiltrés dans nos rêves et notre quotidien et que Chantal Robillard, aidée de vingt-cinq complices, remet à l'honneur : les Fées.

Souvenez-vous ! La fée Clochette chère (?) à Peter Pan, la fée Viviane et l'épée Excalibur donnée au roi Arthur, la fée Morgane demi-sœur d'Arthur dont Merlin est le maître de magie, la fée Mélusine, la fée Carabosse, les fées marraines que l'on retrouve dans bon nombre de contes tels que Cendrillon, La Belle au bois dormant, Riquet à la Houppe... sans oublier celle qui catalogue une maîtresse de maison dans toute demeure qui se respecte en propreté, la Fée du logis.

Mais il est des fées qui n'appartiennent pas aux légendes, celles qu'ont rencontrées nos auteurs et qu'ils nous présentent comme leurs secrets d'enfance, qu'ils gardaient jalousement dans l'écrin de leur imagination.

Alors permettez-moi de vous en présenter quelques-unes, mais pas toutes sinon où serait le plaisir de la découverte de ces charmantes jeunes (en général) filles que l'on peut trouver aussi bien à la campagne que dans les zones urbaines.

Les fées des champs et les fées des villes.

 

Christine Baroche dans Le Diable n'est plus ce qu'il était s'identifie à une fée, ou plutôt elle s'exprime à sa place. Il est vrai que cette charmante jeune fille au doux nom de Mélangette est pudique et se promène près des locaux d'œuvres caritatives, vidant les sacs à provision qu'elle a consciencieusement emplis afin de fournir des denrées aux plus démunis.

Pierre Dubois, le grand elficologue ardennais, nous emmène sur les traces de Monsieur Paul, un vieil homme qui revoit son enfance et son adolescence. Tout jeune il vivait dans une masure, préférant jouer dans la forêt et la campagne plutôt que de partager les jeux des autres enfants. Demeuré seul après la mort de ses parents, il braconne. Catalogué comme asocial, il n'a guère fréquenté l'école pourtant il sait lire comme peut s'en rendre compte le châtelain qui le recueille et lui offre le gîte et le couvert contre de menus travaux. Le premier ouvrage auquel s'intéresse Monsieur Paul, c'est La petite sirène d'Andersen, et bien d'autres livres suivront. Non seulement il lit mais il possède une mémoire phénoménale. Et un autre pouvoir qu'il n'est peut-être pas décent de dévoiler maintenant. En étrange exil et Un retour sont les titres des deux nouvelles qui mettent en scène Monsieur Paul.

Dans Le voile de l'aube, Patrick Fischmann nous ramène quelques centaines d'années en arrière, lorsque les nobles quittaient leurs terres pour partir en croisade chez les Sarrazins. La gente dame à laquelle il avait fait la cour avant de partir l'a attendu et ils ont convolé en justes noces. Seulement le comte Hubert de la Maulnet est revenu l'esprit perturbé par les batailles et la disparition de ses compagnons d'arme. Et lorsque son épouse accouche, il est furieux car la descendance espérée n'est pas au rendez-vous.

Hervé Thiry-Duval évoque La cascade des Blondines, et ces histoires que l'on se racontait à la veillée. Comme celle de Mariette et Florentin, un couple de tourtereaux qui pour échapper aux yeux indiscrets s'étaient promenés près de la cascade. Florentin avait été subjugué par les Blondines. Comme quoi il veut mieux parfois rester chez soi.

Claudine Glot nous présente Adèle, une passionnée de fées, traquant des Hautes Terres d'Ecosse jusqu'à Prague, en passant par le Portugal et la Bretagne, les ouvrages sur ces êtres légendaires. C'est justement grâce à un libraire écossais qu'elle fait la connaissance de son mari lui aussi passionné de ces êtres éthérés. Lors d'un voyage à l'île de Skye, alors qu'il affirme entendre des chants près de la Mare au Fées, il s'écoule brutalement, mort. Mais la vie continue pour Adèle qui se retire en Bretagne. Le titre ? A Fair Revenge.

 

Fées des villes et fées des champs, ai-je écrit un peu plus haut ? Oui, on en trouve partout, pour peu que l'on prête attention au paysage.

Ainsi dans Nixia et moi de Pierre Bordage, le narrateur (l'auteur lui-même ?) est chargé de procéder à des vérifications hebdomadaires dans les stations d'épuration. Ce jour-là, il aperçoit une jeune fille assise dans les mauvaises herbes bordant la grande cuve. Il fait semblant de ne pas s'intéresser à elle, juste un sourire, mais un peu plus tard, le visage de cette inconnue le tarabuste. Il s'enquiert même dans son voisinage si quelqu'un l'a déjà aperçue, la connaît. Personne ne voit dont il s'agit, il se fait chambrer d'ailleurs. La semaine suivante et les autres il retrouve au même endroit. Ils font connaissance et elle accepte de le suivre chez lui. Mais elle le prévient, parfois, la nuit elle devra sortir et lui rester bien au chaud, ne pas tenter de la suivre.

Une histoire qui ne manque pas de sel, c'est bien celle d'Estelle Faye, titrée fort à propos Sel. La narratrice est arrivée sur le continent sud-américain. Elle a débarqué à Recife, au Brésil, et entame un long voyage qui doit la mener jusqu'au Pacifique. Pour moyen de locomotion, un vélo aménagé avec un side-car enfin de transporter quelques affaires personnelles et surtout deux bonbonnes d'eau pour se désaltérer lors de la traversée du désert. Le Salar. En repartant de son dernier relais, elle est stupéfaite par la vue d'une moto appuyée, sans antivol. Ce n'est pas tant ce manque de protection qui l'interloque mais la peinture acrylique dont est tatoué l'engin. Une fée pin-up qui lui cligne de l'œil. Une moto qu'elle reconnait pour l'avoir déjà croisée à plusieurs reprises le long de son parcours.

Si l'histoire précédente se déroule quelques années après l'an 2040, Ugo Bellagamba, avec La fin de toutes les fêtes, effectue un retour arrière, en l'an 1819, ce qui prouve que les fées traversent aussi bien le temps que les distances. Camille s'ennuie dans le château des Clermont-Tonnerre, sur la route de Sardaigne. Son père l'a déposé six mois auparavant, à la demande du roi Victor-Emmanuel 1er et il lui avait promis de revenir le chercher avant les fêtes de la Nativité. Mais celles sont passées depuis onze jours et son père est toujours absent. Une vieille femme entre dans la pièce alors qu'il s'apprêtait à manger. Elle est décharnée, sale, et lui raconte son périple, et en s'ébrouant fait s'envoler un nuage de cendre. Il la reconnait, et à la question de savoir s'il a été très sage durant les fêtes, il lui répond, oui, j'ai été très sage, Befana...

 

Arrive maintenant un entracte proposé par Roland Marx, un poème tautologique titré Félicie, aussi me soufflerez-vous, dont chaque phrase débute et se termine par une déclinaison phonétique de fée.

Mais il est temps pour moi de retrouver ma bonne fée et vous laisser découvrir par vous même cet ouvrage, même si je sais que certains auteurs m'en voudront de ne pas avoir présenté leurs textes. Toutefois je puis vous soumettre le sommaire alléchant, qui se clôt par une nouvelle de la fille de Jean Giono, Sylvie Durbet-Giono, et une postface de Chantal Robillard.

TABLE DES MATIERES:
Préface de Chantal Robillard
Christiane Baroche
: Le Diable n'est plus ce qu'il était !
Pierre Dubois : En étrange exil et ... Un Retour
Patrick Fischmann : Le voile de l'aube
Hervé Thiry-Duval : La cascade des Blondines
Claudine Glot : A fair revenge
Pierre Bordage : Nixia et moi
Estelle Faye : Sel
Ugo Bellagamba : La fin de toutes les fêtes
Roland Marx : Félicie
Hélène Marchetto : Fin
Muriel Chemouny : La Porte des Merveilles
Joel Henry : Barbe au Bois dormant
Jacques Lovichi : Carabosse, la véritable histoire
Bernard Visse : Une vague odeur de sardines grillées
Olympia Alberti : La Nuit des étoiles filantes
Henri Etienne Dayssol : A tant rêver
Jean-Pascal Ansermoz : Mûre
Joel Schmidt : Une Pianiste d'un autre monde
Philippe Di Folco : Les Faits du logis
Sybille Marchetto : Histoires de pandas et de fées
Françoise Urban-Menninger : La Petite voix de mon enfance
Olivier Larizza : Vers l'Orient
Emmanuel Honegger : La Stratégie du lierre
Elisabeth Chamontin : De quelques fées injustement méconnues
Sylvie Durbet-Giono : L'Enchanteur du Paraïs
Chantal Robillard : La fontaine Jean le Bleu, en guise de postface 

Laissez-vous prendre la main par toutes ces fées, laissez votre esprit vagabonder, rêver, rajeunir, le temps est Fée pour vous.

Chantal ROBILLARD présente : Dimension Fées. Collection Fusées N°46. Editions Rivière Blanche. Parution avril 2016. 222 pages. 20,00€.

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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 14:28

Liste alphabétique des auteurs et de leurs ouvrages.

 

Sommaire du Premier Trimestre 2016.

AMOZ Claude : Dans la tourbe

AMOZ Claude : Bois-brûlé

ARBOS Ange : La tour du silence

ARNAUD Georges-Jean : La défroque

AUBENQUE Alexis : Tout le monde te haïra

AUBENQUE Alexis : Tu ne manqueras à personne

AYERDHAL : Bastards

BABLON Jacques : Rouge écarlate

BANNALEC Jean-Luc : Les marais sanglants de Guérande

BARONIAN J.-Baptiste : La nuit, aller-retour

BAUDOU Jacques : Au grenier des sortilèges

BAUDOU Jacques : Mystère, mystère

BELLET Alain : Aller simple pour Cannes

BENSA Mathilde : Aux enfants du Nord

BERGAL Gilles : Dérive (Le clone triste et le rire du klone)

BLAKE Nicholas : Que la bête meure

BLOCH Robert : La nuit de l'éventreur

BOILEAU-NARCEJAC : La main passe

BOILEAU-NARCEJAC : J'ai été un fantôme

BORNAIS Gilles : Le diable de Glagow

BORNAIS Gilles : Une nuit d'orage

BOSCO Jacques-Olivier : Quand les anges tombent

BOSCO Jacques-Olivier : Loupo

BOUIN Philippe : L'homme du paradis

BOUQUIN Jérémy : Echouée

BOUQUIN Jérémy : Sois belle et t'es toi !

BOUYSSE Franck : Grossir le ciel

BOUYSSE Franck : Plateau

BRIN David : Le facteur

BRIXTEL Gaëtan : Bad trip

BRIXTEL Gaëtan : Le pari

BROWN Fredric : La mort a ses entrées

BRUSSOLO Serge : L'Enfer, c'est à quel étage ?

BUSSI Michel : Le temps est assassin

CAMUS Jean-Christophe : Simenon avant Simenon : Les années de journalisme

CAMUS Jean-Christophe : Simenon avant Simenon : Les années parisiennes

CARIO Daniel : Les chemins creux de Saint-Fiacre

CARR John Dickson : Services des affaires inclassables

CHARLES Claude : Léo, tout faux

CHEFDEVILLE : L'amour en Super 8

CLUYTENS Lucienne : Amandine et les brigades du Tigre

COLLECTIF : Malpertuis VI anthologie de Thomas Bauduret

COLLECTIF : Les mondes de Masterton Anthologie de Marc Bailly

COLLECTIF : Frédéric Prilleux présente Les Hommes en noir

COLLECTIF : Les trésors de Baskerville (Présentation J.D. Brèque)

COLLINS Max Allan : Dick Tracy ; cette année là ils veulent ta peau

COOK Robin : J'étais Dora Suarez

COUTURIAU Paul : Boulevard des ombres

DAENINCKX Didier : La mort n'oublie personne

DARD Frédéric : Kaput, un tueur (La dragée haute)

DARNAUDET François : Le club des cinq fous (Le retour du taxidermiste)

DARNAUDET François : L'homme qui valait des milliards

DARVEL Robert : Harry Dickson 1

DELTEIL Gérard : Tchernobagne

DELTEIL Gérard : Du sang sur la glasnost

DELTEIL Gérard : Pièces détachées

DELZONGLE Sonja : Quand la neige danse

DEMETZ Jean-Marc : Chrysalide

DESAUBRY Jeanne : Le Roi Richard

DRESCH Michel : Le plasticien

DUMAS Alexandre : Le docteur mystérieux

DUPUY Lionel : En relisant Jules Verne

DUPUY Olivia : Sur paroles

EGEMAR Béatrice : Le Fard et le Poison

ELLENA Yves : Radio corbeau

ERIS Patrick : Le seigneur des mouches

ERIS Patrick : Le chemin d'ombres

ERIS Patrick  : Ceux qui grattent la terre

FRADIER Catherine : Ballon

FRANCIS Dick : Adjugé !

FREMION Yves : Ronge

GALLERNE Gilbert : Les fils du tyrannosaure

GERRARD Paul : La chasse au dahu

GERRARD Paul : Le masque de verre

GILLIO Maxime : Les disparus de l'A16

GOUIRAN Maurice : Qui a peur de Baby Love ?

GOUIRAN Maurice : Maudits soient les artistes

GREG : Le crime de Saint-Anastase

HAYDER Mo : Viscères

HUET Philippe : La poubelle pour aller danser

JOY Malicia : Casanova. Bellami 1

JUNG Didier : Disparu

KÂÂ : On a rempli des cercueils avec des abstractions

KAAN Jess : Le secret de la petite demoiselle

KAMINSKY Stuart : Et le diable rencontra la femme

KASSAK Fred : Une chaumière et un meurtre

KOURILSKY :  Olivier : L'étrange Halloween de M. Léo

KURTZ Stan : Série B 1/6

KY : Pour le roi de Prusse

LACASSIN Francis : La vraie naissance de Maigret

LAGUERRE Philippe : Manhattan Marylin

LE BRETON Auguste : Du rebecca chez les Aristos

LEBRUN Michel : Sex-voto

LEBRUN Michel : Les rendez-vous de Cannes

LENORMAND Frédéric : Docteur Voltaire et Mister Hyde

LEVAVASSEUR Jean-Noël : Herman dans les dunes

LIVINGSTONE J.B. : Crime au festival de Cannes

LOVESEY Peter : Cidre brut

MACBIRD Bonnie : Une affaire de sang

MACQUET Jean-Christophe : Un Américain sur la Côte d'Opale

MALTERE Céline : Le cabinet du Diable

MANTESE Laurent : Pont-Saint-Esprit, Les cercles de l'enfer

MARCELLE Pierre : Conduite intérieure

MARGOLIN Phillip M. : Les heures noires

MARTIN Roger : Il est des morts qu'il faut qu'on tue

MARTIN & OTERO : Les canyons de la mort

MARTIN & OTERO : Les bayous de la haine

MARTIN & OTERO : Les neiges de l'Idaho

MARTINEAU Sandra : Dernière escale

MASTERTON Graham : Le portrait du mal

MAZARIN Jean : Handschar

MAZARIN Jean : Il va neiger sur Venise

MAZARIN Jean : Sus aux pointus

MC INERNY Ralph : Chambre froide

MENDOZA Edouardo : La ville des prodiges

MOATTI Michel : Retour à Whitechapel

MONDOLONI Jacques : Fleur de rage ou le roman de mai

MORRIS - DUMOULIN Gilles : Paris sera toujours pourri

MOSLONKA Michaël : Cette personne qui n'aimait pas les chiens

MOURGUE Muriel : Montego Bay

NOZIERE Jean-Paul : Maman, j'ai peur

OBIONE Max : Caramel dur

OBIONE Max : Barouf

OBIONE Max : Reine des neiges et autres gens d'ici

OTSIEMI Janis : African tabloïd

PAGEL Michel : Le diable à quatre

PAGEL Michel : Le club

PAGEL Michel : Orages en terre de France

PALACH Jean-Marie : Justice céleste

PALACH Jean-Marie : Du sang sur le tapis rouge

PELOT Pierre : Le 16ème round

PELOT Pierre : La couleur de Dieu (Dylan Stark)

PETROSKY Stanislas : L'amante d'Etretat

PIACENTINI Elena : Carrières noires

PONCET Thierry : Haig Le secret des Monts Rouges

POUY Jean-Bernard : La vie payenne

PROLONGEAU Hubert : L'assassin de Bonaparte

QUADRUPPANI : Serge : Y

RANNE G. Elton : New-York underwater

RAY Jean : Les contes du whisky

RAYNAL Patrick : Une ville en mai

REBOUX Jean-Jacques : Je suis partout

REBOUX Jean-Jacques : L'esprit Bénuchot

RITCHIE Jack : Papa météo

RIVIERE François : Frédéric Dard ou la vie privée de San Antonio

ROYER Carl : Femme de vikings

SADAUNE Roland : Apparences

SADAUNE Roland : Gisants les-Rouen

SAN-ANTONIO : Des dragées sans baptême

SAZIE Léon : Zigomar 1

SAZIE Léon : Zigomar 2

SERMONTE Jean-Paul : La tombe buissonnière de Georges Brassens

SINIAC Pierre : Le crime du dernier métro

SUTRA Samuel : La mort dans les veines

TAOKAO Léonard : Des basses et débâcle

TARVEL Brice : Morgane Ceux du soupirail

TERREL Alexandre : Le croque mort s'en mord les doigts

THIRION : Jan : Xotic

THIRION Jan : Sextoy made in China

THIRION Jan : Les Lucioles

THOMAS Louis C. : Des briques en vrac

TOUCHANT Jean-Louis : Le train vert-de-gris

TRIGODET Frédérique : Même si tu revenais

TRIGODET Frédérique : Le Pavillon d'été

VAST Patrick S. : Insoumis

VERTEUIL Eric : Les horreurs de Sophie

VIDAL Gilles : Le sang des morts

VIDAL Gilles : Les sentiers de la nuit

VIGNERON Michel : Migrants Express

VILLARD Marc : Juarez 1911

VOLOT Frédérique : Toutes ces choses à te dire

WHALE Laurent : Le manuscrit Robinson

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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 08:32

Bon anniversaire à Patrick Raynal né le 1er juillet 1946.

Patrick RAYNAL : En cherchant Sam.

Ils étaient trois. Ils s’étaient juré que lorsque l’un d’eux viendrait à disparaître, les autres jetteraient ses cendres à Quauhnahuac, au Mexique, au dessous du volcan immortalisé par Malcolm Lowry.

Michel a dit au revoir à la société en se tirant un coup de carabine dans la bouche. Le meilleur moyen pour ne plus parler et éviter de dire des bêtises. Manu, fidèle à la promesse échangée une trentaine d’années auparavant, vend sa librairie parisienne et part pour New-York, à la recherche de Sam, le troisième larron, avec pour bagages l’urne funéraire contenant les restes de Michel. Sauf que Sam, il a déménagé, il est parti pour le Sud, itinérant, traînant derrière lui une cohorte de personnages troubles.

Sam s’est fait une réputation de bluesman blanc, jouant presque aussi bien que les Noirs, comme Milton Mezz Mezzrow à son époque concurrençait les jazmen. De New-York à Missoula en passant par Clarksdale, Bâton-Rouge, la Nouvelle-Orléans et Houston, Manu effectue un véritable parcours du combattant, le chemin de croix des musiciens, empruntant la 61, route célèbre du Sud, sur laquelle fleurit comme au printemps les comédons, les patelins hantés par Muddy Waters, Robert Johnson, Charley Patton, Robert Nighthawk...

Et Sam est toujours devant... jusqu’à ce qu’enfin la jonction se produise. Manu était parti avec une âme d’enfant, effeuillant des souvenirs qui peu à peu se flétrissent. Trente ans ont passé et les hommes ont changé. Enfin, pas tous, car les milices veillent, héritiers du nazisme et du Sud profond dont l’aversion pour l’étranger, principalement de couleur, est entretenue par la jouissance de posséder une arme et de décider de la vie ou de la mort.

 

Cette itinérance livresque débute comme une ode à l’amitié et emprunte des chemins tortueux non répertoriés dans le guide du routard.

Le blues et la littérature américaine servent de fil conducteur jusqu’au moment où se profile enfin la silhouette de Sam, et là, changement de ton et de décor. Le coup de blues s’abat et l’on ressort de l’histoire un peu groggy.

Après, on n’a plus tellement envie de lire autre chose. Du moins pour un moment, le temps de digérer, d’assimiler, de rêver avec dans la tête cette musique lancinante issue des champs de coton. Et on a envie de relire des passages, de s’imprégner à nouveau d’une atmosphère dont on a du mal à se dépouiller.

A savourer ces petites phrases qui se dégustent comme un bonbon anglais : Passer la nuit avec une femme sans la toucher est la seule expérience qui puisse donner une véritable idée du désir; sans doute parce qu’il n’en reste que l’idée ou encore Ce qu’il y a de chouette avec la vérité c’est qu’elle ressemble tellement au mensonge qu’on se demande pourquoi on prend le risque de la dire.

Et Raynal qui connaît bien le parcours qu’il décrit, se permet quelques clins d'œil. Au hasard du roman le lecteur pourra reconnaître certains personnages tel que Harry Crews.

Raynal s’interroge aussi sur les tendances négationnistes d’auteurs français. Comme ça, sans l’air d’y toucher. Une phrase dans la conversation entre deux personnages, la page est tournée et la polémique est évitée. L'un des meilleurs romans de Patrick Raynal que j’ai lu.

 

Réédition Collection Points Roman. Parution octobre 1999. 288 pages.

Réédition Collection Points Roman. Parution octobre 1999. 288 pages.

Existe en version numérique : 7,99€.

Existe en version numérique : 7,99€.

Patrick RAYNAL : En cherchant Sam. Collection Gulliver. Flammarion. Parution juin 1998. 276 pages.

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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 13:22

Des baffes et des claques...

Léonard TAOKAO : Des basses et débâcles.

L'hiver Thomas travaille comme commis de cuisine dans une station de ski. Au moins il est au chaud, au lieu de se geler sur les pistes comme moniteur pour débutants. Et ses quatre ou cinq mois de saison effectués, il regagne le Cantal retrouver ses amis qui gîtent dans une vieille ferme où ils vivent de l'argent gagné avec de petits boulots.

En réalité leur principale occupation estivale est de participer à des fêtes musicales en plein air, comme animateurs. Des raves parties, cela s'appelle. Les bêtes raves, pour certains. Mais ce n'est pas un petit déménagement, car outre les voitures particulières, des caravanes et même un camion sont indispensables pour transporter tout le matériel de sonorisation et les projecteurs. Ils se sont fait une renommée qui va au delà des frontières comme robots mixers de musique électronique.

Cette année là, Thomas ne rentre pas seul au bercail. Il est accompagné d'un jeune chien qu'il a adopté, car cela lui fendait le cœur de savoir que sinon l'animal irait dans une SPA ou un refuge du même acabit. Au début, le canidé se nommait Choco, c'était beau pourtant Choco, mais les copains de Thomas ont préféré l'affubler du nom de Loco. Peut-être parce que Loco motive...

Ils herborisent, car ils font une grande consommation de flore prohibée, ils s'envoient quelques cachets aussi, et ils retournent en enfance en suçant des buvard trempés d'acide. Bref la belle vie sans oublier les liquides permettant de digérer tout ça. Et parfois la tête brinqueballe.

Il ne faut pas oublier non plus qu'ils investissent des terrains qui ne leur appartiennent pas et les propriétaires n'hésitent pas à appeler la maréchaussée pour les déloger. Mais même si les propriétaires des parcelles occupées, les riverains mécontents du boucan ne se manifestent pas, les gendarmes sont toujours sur le qui vive, alors ils jouent aux gendarmes et aux voleurs. Heureuse jeunesse qui subit toutefois des désagréments dans leurs affrontements.

 

Encore une histoire de drogue, d'alcool, pas trop de sexe, beaucoup de mots anglo-saxon, auxquels je ne comprends pas grand chose.

Petit aparté : depuis le Brexit, ou sortie de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne, il va falloir se munir d'un visa pour franchir les frontières et payer une taxe de douane pour l'intromission et l'utilisation de mots et locution d'origine anglaise. Donc, théoriquement, les auteurs et les éditeurs, n'étant pas fortunés pour la plus grande part, devront se méfier du langage usité, sous peine de subir une pénalisation financière. Fin de l'aparté.

 

Donc à priori, cette histoire ne m'aurait guère intéressé si Loco ne sauvait pas la mise.

En effet ce brave chien recueilli par Thomas, et rien que pour cela ce musicien adepte des vinyles me serait sympathique, Loco, donc, partage la vedette avec son nouveau maître. Et chacun à leur tour ils narrent les aventures, et mésaventures qu'ils subissent, les désagréments, les joies aussi lorsqu'il y en a. Loco vit avec les autres chiens de la troupe, possédant des affinités avec certains, ressentant du mépris ou de l'agacement pour d'autres. Le monde animal n'est guère différent de celui des humains, et si affrontement se produit, ce n'est pas pour des futilités politiques, religieuses ou autres, mais parce qu'une gamelle pleine est en jeu.

Loco est un philosophe qui s'ignore, tout comme ses congénères. Ainsi un dogue argentin squelettique harangue la petite troupe de canidés :

Oui, chiens et chiennes de toutes races. Oui, je vous le répète. Le problème n'est pas trop de savoir comment l'homme est apparu, encore moins la façon dont il a évolué. Le problème est bien de trouver une solution pour enfin s'en débarrasser.

Loco pense aussi à la destinée de ses frères inconnus :

J'eus une pensée soudaine pour tous mes congénères qui vivaient en immeuble ou tournaient en rond dans le minuscule jardin d'une ridicule maison de lotissement. Que retiendront-ils de leurs vies quand ils feront le point à la porte du paradis des clébards.

Loco est un chien intelligent, instruit, qui regarde la vie avec sagesse. Et en cela il est plus intéressant à suivre dans ses déambulations et ses périples que ceux des humains qu'il côtoie.

Et comme c'est un roman à deux voix, ou plutôt à deux écritures, on peut suivre les réflexions et les pérégrinations de Thomas et de Loco grâce à des caractères d'imprimerie différents.

Léonard TAOKAO : Des basses et débâcles. Collection Bordeline. Editions Territoires Témoins. Parution 25 mai 2016. 172 pages. 15,00€.

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 14:35

Hommage à Frédéric Dard, né le 29 juin 1921.

Frédéric DARD : Un tueur, Kaput.

Parmi les pseudonymes que prit Frédéric Dard dans les années 1950 afin de diversifier sa production aux éditions du Fleuve Noir, figurent bien évidemment San Antonio, le chéri de ces dames, et Frédéric Charles pour des romans d'espionnage. Mais il ne faut pas oublier celui de Kaput, personnage qui est l'antithèse du fameux commissaire.

Kaput c'est le négatif du commissaire, un peu le Caïn de San Antonio/Abel. Quatre romans publiés dans le milieu des années 1950 dans la collection Spécial Police du Fleuve Noir le mettent en scène :

La Foire aux asticots ; La Dragée haute; Pas tant de salades qui était annoncé sous le titre La Bascule à Charlot et Mise à mort.

La Foire aux asticots (Kaput), Spécial Police 77, 1955

La Foire aux asticots (Kaput), Spécial Police 77, 1955

La Dragée haute (Kaput), Spécial Police 84, 1955

La Dragée haute (Kaput), Spécial Police 84, 1955

Dans La dragée haute, Kaput est en Italie, obligé de s'exiler les policiers français ayant lancé un avis de recherche à son encontre. Il est quasiment sans le sou dans Venise qui compte encore de nombreux touristes en cette fin de saison estivale. Il aimerait trouver sur son chemin une Anglaise pour la simple et bonne raison que, d'une façon générale, elle sont plus fastoches à allonger que les autres.

Kaput a faim et il rêve, regardant les pigeons en les imaginant sans leurs plumes sur un lit de petits pois. Il fait même le geste d'émietter du pain afin de les attirer lorsqu'une voix lui demande s'il est Français puis le sollicite pour le prendre en photo en compagnie des volatiles. Et c'est ainsi qu'il fait la connaissance de Robert Rapin, célibataire, dont le père est décédé il y a peu, et qui depuis traîne son ennui, et son argent, en Italie afin de se changer les idées.

Robert lui propose d'aller prendre un apéritif, puis l'invite à dîner, lui prête même de l'argent, entre compatriotes n'est-ce pas, afin de régler son hôtel, et rendez-vous au lendemain. Dès potron-minet, le lendemain matin Robert frappe à la porte de la chambre de Kaput et lui offre une balade en mer. Une aubaine pour Kaput, car décidément il ne sent pas Robert. L'homme est trop suave, trop doux, trop entreprenant à son goût. Kaput préfère les femmes et se faire draguer par un homosexuel, un pédé comme il dit, une fiotte comme les virils aimaient désigner leurs congénères au mœurs contraires, ce n'est vraiment pas son truc. Alors, profitant d'un arrêt sur une plage déserte, pause qu'il a provoquée, Kaput tue son conducteur avec une grosse pierre, le défigurant, brûlant ses habits non sans avoir au préalable prélevé les pièces d'identité ainsi que l'argent. Voilà qui lui promet de beaux jours.

Direction Bologne, dans la bagnole, pardon dans la voiture de Robert, une Alfa Roméo ça se respecte, et comme à son âge il a des besoins, Kaput remarque une jeune femme peu farouche. Pas besoin de chambre d'hôtel pour ce qu'ils ont à faire et la jeune femme semble aimer ce qu'il lui prodigue en guise de caresses. La déconvenue se traduit après le départ de sa passagère par l'envol de son portefeuille et d'une grande partie de son argent.

Puis c'est le retour en France et l'installation à Menton où il loue une petite villa, grâce au carnet de chèques du défunt Robert. Et comme il faut bien passer le temps, il se rend au casino où il repère l'étrange manège d'une jeune femme qui possède un truc presqu'infaillible pour gagner à la roulette. Herminia, c'est le prénom de la belle tricheuse, ne s'affole pas lorsqu'il lui annonce qu'il a découvert sa façon de procéder, et de fil en aiguille, les voici ensemble dans la villa. Kaput est comme le Loup de Tex Avery et Herminia ne semble pas indifférente à son charme. Seulement leur lune de miel est interrompue par l'arrivée impromptue d'un certain Bouboule, surnom donné par Kaput à ce petit homme rondouillard, qui réclame sa part. En effet il avait monté en compagnie de Robert un casse qui s'était soldé par une manne de vingt briques, mais Robert n'avait pas joué le jeu.

Evidemment Kaput ne peut que se débarrasser de Bouboule, enfin c'est Herminia qui s'en charge, et il leur faut trouver un moyen pour récupérer le magot. Et les morts vont parsemer le chemin de Kaput. Ainsi que les déconvenues, car lorsqu'il pense arriver au but, il n'est face qu'à une énorme déception.

 

Kaput est un tueur, mais qui officie pour son propre compte dans cet épisode. Pas de patron, mais des besoins. Beau gosse, Kaput ne manque pas d'idées. Il est encore jeune, il n'a que vingt cinq ans apprend-on au détour d'une conversation avec un policier qui vérifiant son permis de conduire, trouve qu'il paraît plus vieux sur la photo qu'en réalité. Normal puisque ce n'est qu'une pièce d'identité d'emprunt. Et comme les Pieds Nickelés qui malgré les nombreuses bonnes fortunes et les manigances imaginées se retrouvent le bec dans l'eau à la fin des épisodes de leurs aventures, Kaput est prêt pour repartir pour de nouvelles péripéties aussi démuni qu'au début.

Ecrit à la première personne, entre argot d'époque et néologismes, le style ressemble à celui de San Antonio, première époque, mais sans les grandes envolées et les notes en bas de pages, sans l'humour parfois ravageur. Pourtant parfois Frédéric Dard semble oublier ce style propre à Simonin et Ange Bastiani pour revenir à sa propre écriture, et l'on retrouve le Frédéric Dard parfois désabusé.

 

Pas tant de salades (Kaput), Spécial Police 92, 1956

Pas tant de salades (Kaput), Spécial Police 92, 1956

Mise à mort (Kaput), Spécial Police 95, 1956

Mise à mort (Kaput), Spécial Police 95, 1956

Les Kaput ont bénéficié déjà de réédition, soit en grand format, soit en format poche :

 

Réédition Fleuve Noir Grand Format. 1971.

Réédition Fleuve Noir Grand Format. 1971.

Réédition Pocket août 1990.

Réédition Pocket août 1990.

Réédition Pocket septembre 1982.

Réédition Pocket septembre 1982.

Frédéric DARD : Un tueur, Kaput. Editions Fleuve Noir. Parution 9 juin 2016. 640 pages. 21,90€.

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28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 09:02

Où Zigomar passe, l'ennui trépasse !

Léon SAZIE : Zigomar. Livre 2.

Ce volume propose la suite de Les lions et les tigres dont la première partie figure dans Zigomar Livre 1, et L'heure de la justice.

Nous retrouvons Paulin Broquet, miraculeusement épargné lors de l'effondrement d'un tunnel souterrain, et laissé pour mort. Courageusement, il s'est sorti de ce mauvais pas, et depuis, il travaille en sous-marin, seuls quelques amis et ses fidèles adjoints étant dans la confidence de sa résurrection.

Les membres de la bande des zigomars ne tiennent plus leurs réunions à la Barbottière mais au dernier étage d'un immeuble à Grenelle, près de l'ex-Village suisse. C'est en écoutant les conversations entre les malfrats chez Clafous, café fréquenté par les affidés de Zigomar, que l'Amorce a appris que le lieu de rendez-vous était maintenant chez Zulma, une ancienne blanchisseuse mariée à un militaire en retraite.

L'Amorce et ses compères sont persuadés avoir reconnu le Comte de la Guairinière sous le déguisement de Zigomar et de quelques-uns de ses complices et amis dont l'admirable Baron Dupont. Aussi Paulin Broquet s'invite-t-il clandestinement lors de cette réunion mais il est découvert et fait prisonnier. Il a beau nier être Paulin, lui ressembler certes, mais il n'est pas cru et il est laissé à son sort, c'est-à-dire périr saucissonné dans le grenier avec un explosif sur lui. Il n'est pas libre de ses mouvements, mais sportif accompli il parvient à défaire quelques liens. Il est sauvé in extremis par une mystérieuse femme rousse et peut continuer sa lutte contre ce nouveau génie du mal.

Paulin Broquet, dans cette scène se montre un admirable comédien puis plus tard un roi du déguisement, tout comme Zigomar qui utilise les mêmes ingrédients afin d'échapper aux poursuites. Zigomar ou comte de la Guairinière selon les déductions de Paulin Broquet et de ses hommes, possède toutefois le don d'ubiquité, car tandis qu'il œuvre à un méfait dans un endroit, il est également bien en vue dans une soirée comptant un bon nombre de participants tous de bonne foi. Il se montre également un bretteur accompli, ne dédaignant pas les duels, les provoquant même.

 

Cette mystérieuse femme rousse qui a aidé Paulin Broquet à se sortir d'un mauvais pas alors que la mort rôdait, cette mystérieuse femme va se montrer à plusieurs reprises sur le chemin du policier, jouant sur les deux tableaux, étant tour à tour complice ou adversaire dans les cas les plus critiques.

 

De l'action, encore de l'action, toujours de l'action, avec quelques plages de romantisme, de tendresse, d'émotion. Les épisodes se succèdent sans interruption ou presque, la priorité étant donnée à l'action. Toutefois quelques scènes sont réservées aux amours platoniques et contrariées entre Raoul Montreil, le médecin, et Riri alimentent les pages et servent de lien entre les différents protagonistes. Il ne faut pas oublier que la mère de Riri et la sœur bossue de la jeune furent spoliées par le banquier Montreil d'après les premiers résultats de l'enquête. De même l'avocat Robert Montreil, son frère amoureux également de Riri mais non déclaré car pas de jalousie entre les deux frères, joue un rôle non négligeable dans cette histoire. En effet les deux frères sont amis avec Paulin Broquet et leur aide se révèle efficace lors de certaines interventions.

 

Un nouveau personnage entre dans la danse, un sucrier du Nord venu applaudir la chanteuse Lucette Minois, maitresse attitrée du comte de la Guairinière. Des soupçons, fondés ou non, se portent sur ce brave homme surnommé La Betterave, bien sûr à cause de ses antécédents professionnels.

Parmi les nombreuses scènes audacieuses et mémorables qui fourmillent dans cette intrigue foisonnante, celle du chalumeau utilisé pour ouvrir un coffre-fort, mais pas de n'importe quelle façon. Les cambrioleurs utilisent une technique astucieuse et infaillible pour récupérer billets et documents dissimulés de ce meuble sans que ceux-ci soient détériorés sous l'action du feu et des flammes.

Quant au personnage de Paulin Broquet, qui je l'ai déjà signalé est un parfait comédien et un roi du déguisement, il possède des atouts et une psychologie particulière le mettant hors du lot des policiers habituels.

Paulin Broquet ne suivait pas la méthode policière un peu démodée, des conjectures, des suppositions; il ne courait pas après des probabilités ou des déductions dont le point de départ pouvait être faux, quoique logique en apparence. Il n'avançait que sur une donnée certaine, quand l'ennemi s'était découvert. De la sorte si au début il semblait perdre un peu de temps, il ne se voyait pas par la suite dans l'obligation de bifurquer et il parvenait à marcher beaucoup plus vite. Sa méthode, un peu spéciale, allait à son tempérament, elle lui réussissait.

Comme déjà précisé, entre Zigomar et Fantômas il n'existe que peu de différences, Fantômas étant le reflet de Zigomar à travers une loupe grossissante. Ce personnage récurrent de malfaiteur va connaître d'autres aventures, sous son nom et par le même auteur, ou sous un autre nom par des auteurs différents, la littérature policière, comme toute sorte de littérature, aimant se répéter.

Léon Sazie, un auteur à redécouvrir, car Zigomar n'est qu'une faible portion de sa production et il serait bon de redécouvrir les treize aventures de la série Martin Numa, et la quarantaine de titres isolés ne faisant partie d'aucune série. Mais cela dépend-il peut-être de l'accueil réservé aux deux ouvrages mettant en scène Zigomar et publiés chez les Moutons électriques éditeurs.

 

Léon SAZIE : Zigomar. Livre 2. Les Moutons Electriques éditeurs. Parution le 4 février 2016. 320 pages. 21,00€.

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 09:51

La clonerie est humaine...

Gilles BERGAL : Dérive.

Eden, gigantesque île spatiale sur laquelle s'est réfugiée l'humanité, ou ce qu'il en reste, soit une dizaine de millions de personnes, vit des heures troubles.

Un vent de rébellion est en train de souffler qui peut dégénérer en tempête. A l'origine de ces perturbations, une loi inique dont peu à peu ceux qui en subissent les effets, les conséquences, veulent l'abolition.

Il faut dire que la population d'Eden se compose par moitié d'originaux et par moitié de clones. Or selon cette loi, les clones ne peuvent survivre à leurs originaux. S'ils obtiennent un sursis, leur avenir reste malgré tout sombre. Rares sont ceux qui devenus orphelins ont une vie normale. Pourtant, sans leurs clones, que seraient les originaux ? Pour marquer la différence entre originaux et clones, car derniers possèdent des mains noires, ce qui les font repérer immédiatement car seul ce signe diffamant permet de les différencier.

RayD, le clone de Ray Ghurdal, célèbre parolier et écrivain, est obligé de s'enfuir, son original venant d'être assassiné. Sa surie consiste en la fuite. Mais pourtant il ne veut rester passif et prend la tête du mouvement des affranchis, ceux qui refusent cet esclavage moderne. Manuel Rissi, Grand maître et fondateur d'une secte intolérante et fanatique, les Pénitents, n'a qu'un but : poursuivre et exterminer les clones, empêcher leur prolifération.

 

Gilles Bergal, alias de Gilbert Gallerne, et qui signait ces deux romans proposés aujourd'hui en un seul volume sous le pseudonyme de Milan, nous livre une réflexion sur la société actuelle, plus particulièrement exacerbée en cette période électorale, c'est à dire en 1988 lors de la sortie de ces deux titres.

La science-fiction n'est qu'un prétexte et le thème des clones et de leur rejet d'une société lorsqu'ils ne sont plus utiles à cette société, n'est en fait que la transposition d'un problème récurent et toujours à la pointe de l'actualité : le racisme. D'ailleurs les clones sont porteurs de mains noires, image assez explicite en elle-même.

De même, l'histoire débute comme un roman policier noir conventionnel et n'est pas sans rappeler certains ouvrages dénonçant les agissements de sectes fanatiques comme celles qui composent le Ku-Klux-Klan américain et dont les résurgences sporadiques secouent le Sud des Etats-Unis.

A l'époque où je rédigeais cette chronique, j'écrivais que Milan n'était pour moi que le pseudonyme d'un écrivain dont ce n'était pas la première production. Car si tout y est agencé, tout ce qui apparemment est sans lien, se retrouve complémentaire, tout y est habilement porté à un paroxysme au fil des chapitres, il ne s'agit pas d'un premier roman.

Au fait, pourquoi appelle-t-on ceux qui écrivent à la place des romanciers bien en place, des Nègres ? Bonne question n'est-ce pas ? Et qui complète l'analogie et la parabole de Milan, Gilles Bergal, puisque justement Ghurdal est parolier et romancier mais c'est son clone qui tient la plume.

 

Le Clone triste. Anticipation N°1616. Mars 1988.

Le Clone triste. Anticipation N°1616. Mars 1988.

Le rire du Klone. Anticipation N°1618. Avril 1988.

Le rire du Klone. Anticipation N°1618. Avril 1988.

Gilles BERGAL : Dérive. Comprend Le Clone triste et Le rire du Klone. Collection Objectif Noir. Version numérique Kindle. 4,99€.

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 07:45

Bon anniversaire à Claude Amoz, née le 26 juin 1955.

Claude AMOZ : Dans la tourbe.

Révélée à Vienne en 1997 en obtenant le Grand Prix du roman policier Sang d’Encre pour Le Caveau, Claude Amoz a connu la consécration en 1999 avec deux romans : Dans la tourbe qui paraît chez Hors Commerce dans la collection Hors Noir, et L’ancien crime chez Rivages collection Rivages/Noir N°321.

 

Dans la tourbe est comme un huis-clos qui met en scène quelques vieillards d’une maison de retraite dirigée par des religieuses. Ils ont droit à une semaine de « vacances » dans un ancien orphelinat nommé les Roches Sourdes. Parmi les privilégiés, Francis, ancien livreur en camionnette, exploité toute sa vie par un épicier qu’il vénère encore, Elie, un violoniste promis à un bel avenir mais dont le talent a été gâché à cause d’une dipsomanie issue d’un drame dont il ne connaît même plus la raison, et des femmes dont deux infirmes, une autre en manque d’affection et une demoiselle, heureuse et fière de l’être, assoiffée de culture. Un pharmacien, piètre automobiliste, dont la femme atteinte d’une dépression à répétition est hospitalisée pour la énième fois, se joint au petit groupe qui compte déjà dans ses rangs une bénévole Irlandaise.

Seulement le potard se retrouve dans un pays, une ambiance, une atmosphère qu’il connaît bien puisqu’il y a vécu l’année de ses quinze ans. Une année qu’il se rappelle sans effort. L’odeur de la tourbe qui entoure la maison de retraite est toujours présente, obsédante. Le responsable du musée local est un ancien condisciple, spécialiste des coups fourrés et des intimidations, des sous-entendus. Alors entre tous ces protagonistes s’engage un bras de fer arbitré par une mémoire collective et individuelle défaillante, programmée et insidieuse, statufiée dans la tourbe qui rejetterait de vieux cadavres comme un placard expulserait un squelette encombrant.

 

Claude Amoz écrit comme si elle apposait sur l’intrigue une mousseline, un voile transparent qui laisserait apparaître le temps d’une phrase la signification profonde de son propos puis tout s’estompe, brume qui se déchire pour mieux se reformer et englober dans des rets un paysage qui se déforme au fur et à mesure que le lecteur avance dans l’intrigue. Comme des fumerolles qui s’élèvent dans l’air alors qu’un soleil fugace frappe la tourbe avant de s’estomper aussi rapidement qu’il est arrivé.

 

Claude AMOZ : Dans la tourbe. Collection Hors Noir. Editions Hors Commerce. Parution janvier 1999. 268 pages.

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25 juin 2016 6 25 /06 /juin /2016 13:10

Et pour se procurer ces trésors, point n'est besoin de fracturer un coffre-fort !

Les Trésors de Baskerville. Anthologie présentée par Jean-Daniel Brèque.

Il fut un temps où les magazines spécialisés en littérature policière, Ellery Queen Mystère Magazine, Alfred Hitchcock Magazine, Le Saint Magazine, pour ne citer que les plus connus et dont la longévité a parfois dépassé plusieurs décennies, ces mensuels permettaient de présenter aux lecteurs des nouvelles ou courts romans écrits par des pointures ou de jeunes pousses, tout autant anglo-saxonnes que françaises. Et combien ont pu se faire un nom et entrer dans des maisons d'éditions grâce à leurs textes.

Heureusement, il existe encore des passionnés pour non seulement proposer des anthologies mais également des auteurs pour la plupart tombés dans les oubliettes de la littérature populaire, d'évasion, policière, et dont les nouvelles sont de véritables petites perles.

Pour commémorer les 5 ans (déjà !) de la collection Baskerville (2011-2016) et afin de célébrer cet événement, Jean-Daniel Brèque a sélectionné cinq récits introuvables dus à ceux que l'on pourrait appeler les grands précurseurs de la littérature policière, ayant vécu fin du XIXe, début XXe siècle :

 

Grant ALLEN: Le grand vol de rubis.

Riche héritière, Persis Remanet est Américaine. Elle est hébergée à Londres, et participe à de petites fêtes et des réunions huppées, exhibant un magnifique collier de rubis. Elle fait la connaissance d'un Irlandais, Sir Justin. Le coup de foudre de la part de ce soupirant qui la raccompagne jusque chez elle, enfin chez les amis où elle est logée. Dans la nuit, son collier de rubis est dérobé.

Presqu'une parodie de nouvelle policière, humoristique, grinçante parfois, qui se moque gentiment mais ouvertement des Américaines et d'un enquêteur chargé de retrouver le collier.

La vie serait dure pour tout le monde (et en particulier pour les politiciens) si nous étions toujours liés par nos déclarations de la veille.

The Great Ruby Robbery. The Strand Magazine. Octobre 1892.

 

Robert BARR: Le mystère des 500 diamants.

Ancien chef de la Sûreté, durant sept ans, à Paris, Valmont a été obligé de s'exiler à cause d'une affaire dans laquelle il a été impliqué à son corps défendant. Depuis il vit à Londres exerçant la profession de détective privé, ce qui lui convient nettement mieux, financièrement. C'est l'affaire qui déclencha son renvoi que le narrateur évoque ici. Le Collier de la Reine, un collier de diamants découvert au château de Chaumont, portant malheur, selon les croyances, à celui qui le détient et qui entraînera le policier dans moult aventures pour le compte du gouvernement français.

The Mystery of the Five Hundred Diamonds. The Saturday Evenig Post. 4-11 juin 1904.

 

Richard MARSH: Haute finance.

Lorsqu'un boursicoteur (on ne parlait pas encore de trader à l'époque), afin de gagner beaucoup d'argent et même plus, propose à un ami une opération qui devrait leur rapporter une fortune. Mais pour cela, il suffit de fomenter une guerre entre la France et l'Allemagne. L'appât du gain mène à tout.

La Haute Finance. The Windsor magazine, février 1902.

 

Barry PAIN: Smeath le voyant.

Clerc d'avoué, Percy Bellowes désire gagner de l'argent mais il n'a pas encore trouvé sa voie. Il joue du violon, du cornet, danse à l'américaine, a figuré dans une troupe théâtrale, mais sans réel talent. Il se découvre toutefois une prédisposition dans la prestidigitation. Cela va un temps mais il faut trouver autre chose. L'hypnose par exemple. La rencontre avec un personnage dont il décèle des dons de voyance va pouvoir lui permettre de monter son pécule. Mais il arnaque son complice qui lui ne rêve que d'oiseaux.

Une historiette qui devrait ravir les amis des animaux, surtout ceux qui apprécient les hiboux.

Smeath. The London Magazine, avril 1911.

 

Fergus HUME: la danseuse espagnole.

Médecin, débordé par le nombre de patients à soigner, Dick est content de retrouver son cousin Tancred qui revient d'Espagne où il a séjourné durant deux mois. Trancred a la mine défaite, il est décharné, et il affirme être poursuivi par des démons. D'ailleurs, Dick l'entend peu après, un air de guitare retentit d'on ne sait où. Débute alors une étrange histoire dont Séville sert de décor. Dans le quartier gitan, Tandred assiste à une scène étonnante. Une jeune femme nommé Lola danse en jouant avec une tête de mort. Tandred est fasciné mais s'approche un peu de trop près de Lola, ce qui ne plait guère au compagnon de la danseuse. S'ensuit une rixe, et un mort.

Dans un contexte fantastique, cette nouvelle nous entraîne en de nombreux pays d'Europe, et jusqu'aux Antipodes pour revenir dans l'Angleterre des Hauts de Hurlevent. Une nouvelle à en perdre la tête.

The Dancer in Red. 1906. Première traduction dans Ric & Rac, 24 mars 1934 par René Lecuyer.

 

Toutes ces nouvelles sont traduites ou révisées par Jean-Daniel Brèque.

 

Cinq nouvelles dues à cinq auteurs différents et dont la thématique est elle aussi totalement différente. Certaines d'entre elles sont d'actualité, comme quoi nos conteurs, romanciers d'aujourd'hui, réadaptent au goût du jour des situations qui ne sont pas "nouvelles".

Un recueil indispensable, à mes yeux, pour qui veut connaître des conteurs et romanciers, leurs préoccupations et leur imaginaire, auteurs de textes qui n'ont pas vieilli et ont traversé le siècle et plus sans prendre une ride.

Et il faut saluer le gros travail de recherche et de défrichage de Jean-Daniel Brèque qui œuvre en dehors des modes pour notre plus grand plaisir.

Les Trésors de Baskerville. Anthologie présentée par Jean-Daniel Brèque. Editions Rivière Blanche. Parution 2016. 132 pages. 5,00€

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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