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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 07:51
Eliane K. ARAV : Le penseur de Vallorbe.

Un cousin du penseur de Rodin ?

Eliane K. ARAV : Le penseur de Vallorbe.

Imaginez. Vous êtes dans le TGV Lausanne-Paris et vous avez envie d'aller aux toilettes.

Seulement quelqu'un occupe déjà la place depuis un certain temps. Depuis si longtemps en fait que vous tambourinez à la porte. Et c'est alors que vous sentez une odeur qui vous rappelle celle de la boucherie dans laquelle vous avez baigné durant des années. Une odeur de sang. Que faites vous dans ce cas ? Vous tirez la sonnette d'alarme. Et vous découvrez en même temps que le contrôleur, une femme assise sur le trône, belle et bien morte, avec pour garde du corps un python.

Les policiers et les douaniers arrivent à la rescousse, avec chacun leurs problèmes. L'un d'eux est constamment en train de se tripoter la verrue, espèce de tumulus facial, comme s'il s'agissait d'un porte-bonheur. Un autre se gratte en permanence les gonades. Quant aux deux frères, ils ont à résoudre un problème de gémellité.

Pendant ce temps dans un autre wagon, une petite fille joue à une sorte de flipper, et ni son père, ni sa mère, ne sont là pour la surveiller. Une petite annonce illisible passe dans un journal local tandis que dans un cirque le nain et la directrice sont affolés.

 

L'écriture d'Eliane K. Arav , et l'histoire, est un véritable feu d'artifice, éclatant dans tous les sens, mais peu à peu les morceaux se rejoignent, s'imbriquent.

Au départ cela peut en perturber la lecture, d'autant qu'Eliane K. Arav joue avec les mots et y implique des expressions suisses, mais rapidement on devient envoûté par ce style pour le moins étrange.

D'autant qu'une narratrice s'infiltre dans ce récit, prenant les couvertures à elle, se trouvant toujours à point nommé là où l'action est intéressante : une mouche, ce qui vous l'avouerez n'est guère banal.

 

Eliane K. ARAV : Le penseur de Vallorbe. Série Noire N°2353. Parution juin 1994. 208 pages. 6,65€.

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12 juillet 2015 7 12 /07 /juillet /2015 13:27

Toujours vivant Sherlock Holmes !

James ANDERSON : Le meurtre de Sherlock Holmes.

Veuve, sans enfant, la cinquantaine alerte, Jessica Fletcher déborde d’énergie et d’humour. Intelligente et passionnée, elle est également dotée d’un solide bon sens. Pour passer le temps et s’amuser, elle a écrit un roman policier.

Considérant ce manuscrit peu fameux, elle demande à ses amies, Loïs et Eléonore, de juger sur pièce. Toutefois, de fil en aiguille, le manuscrit plaît, est édité et fait un tabac. Le roman devient best-seller et Jessica doit quitter Cabot Cove, dans le Maine, pour en faire la promotion quelques jours à New-York. Mais ces contraintes lui pèsent et elle décide de rentrer chez elle après une dernière réception chez son éditeur, Preston Giles.

Une petite réunion entre intimes, déguisés. Caleb Mac Callum, créateur d’une chaîne de restauration rapide, y est présent, déguisé en Sherlock Holmes. Grady, comptable chez Mac Callum, et Kitt, secrétaire chez Preston grâce à qui le manuscrit a été édité, flirtant dans le jardin et intrigués par une fenêtre éclairée, surprennent Baxendale, détective privé chargé d’une enquête, fouillant la chambre de Grady. Puis, Jessica surprend une conversation téléphonique entre Preston et Chris Landon, critique littéraire au New-York times. Enfin, une violente altercation oppose Caleb et sa femme Louise, celle-ci lui reprochant de se montrer volage et le menaçant de mort.

Le lendemain matin, un cadavre défiguré est découvert flottant dans la piscine, habillé en Sherlock Holmes. Et certains détails prouvent qu’il s’agit du corps du détective et non celui de Mac Callum. L’inspecteur Gunderson, chargé de l’enquête, soupçonne Grady. Mais Jessica fouine un peu partout, afin de disculper son neveu. Quand, peu après, on retrouve Mac Callum mort, sur son yacht, Grady est innocenté et Louise devient la principale suspecte.

En rentrant chez elle, Jessica lit la chronique littéraire du New-York times, signée Chris Landon qu’elle n’a toujours pas eu l’occasion de rencontrer. C’est le déclic. Dans son esprit s’assemblent toutes les pièces du puzzle.

 

Renouant avec les histoires d’énigmes, ce roman est rapidement enlevé, enjoué, fort agréable à lire. Ce qui n’empêche pas l’auteur — ou les auteurs — de griffer au passage journalistes et critiques littéraires. Ce n’est pas la diatribe virulente, mais elle fait mouche.

Pan sur le bec également des investisseurs de tout poil qui osent spéculer sur la valeur hypothétique d’un autographe, dédaignant la lecture du livre acheté. Enfin pan sur le bec des auteurs et des romanciers. Jessica déclare :

Non seulement je l’ai écrit [le livre], mais de plus je l’ai lu, ce que je crois beaucoup d’auteurs ne prennent pas la peine de faire.

Curiosité :

Ce roman est adapté d’une série télévisée intitulée Arabesque, créée par Peter S. Fisher, Richard Levinson et William Link, à qui l’on doit également le scénario de cet épisode, qui est le premier, novélisé par James Anderson.

James ANDERSON : Le meurtre de Sherlock Holmes. (The murder of Sherlock Holmes. Traduction par Anne-Lise Hacker). Edition°1. octobre 1990.

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12 juillet 2015 7 12 /07 /juillet /2015 08:06
Donald GOINES : Vendeurs de mort

Tout se vend, suffit de trouver le bon acheteur...

Donald GOINES : Vendeurs de mort

A peine de retour à Détroit qu'ils avaient déserté une semaine auparavant, après une échauffourée sanglante, Billy Good, son copain Jackie et leurs deux petites amies, sont froidement abattus par des tueurs.

Kenyatta, le Grand Manitou de la pègre sait qu'il s'agit de représailles de la part de Kingfisher, le roi des dealers. Or s'il est bien une chose que Kenyatta ne supporte pas, avec le racisme, c'est la drogue.

S'engage alors une guerre des gangs qui va laisser des éclaboussures dans les deux camps. Kenyatta, en plus de sa vengeance, doit trouver des fonds. Seulement ses hommes ne font pas dans la dentelle, les balles ne coûtent pas cher et ils distribuent à tout va.

Comme si toutes ces occupations ne lui suffisaient pas, Kenyatta s'est également érigé comme l'apôtre d'une guerre à mort contre l'oppresseur blanc. La police, sous les traits de deux flics, Ryan, le Noir, et Benson, le Blanc, s'investit dans le quadruple meurtre. Leurs efforts risquent d'être contrariés par l'orgueil et l'antagonisme de deux jeunes inspecteurs fougueux, pressés de réussir. D'autant qu'ils n'apprécient pas vraiment de travailler avec un Noir. Alors c'est chacun pour soi, et le revolver pour tous.

 

Donald Goines ne s'embarrasse pas de fioritures pour construire ses livres. Il puise dans sa propre expérience de Noir, ancien drogué, ancien proxénète et ancien taulard. Puisait devrais-je dire puis qu'il est mort, truffé de plomb par des inconnus en 1974.

Photographie d'une ville et de la guerre des gangs qui règne dans certaines cités américaines, Vendeurs de mort n'atteint pas cependant la force de Ne mourrez jamais seul, roman qui l'avait fait connaître en France en 1993.

 

Donald GOINES : Vendeurs de mort (Deathlist - 1974. traduction de Olivier Vovelle). Série Noire N°2362. Parution novembre 1994. 144 pages. 6,05€.

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11 juillet 2015 6 11 /07 /juillet /2015 11:21
Frédéric CASTAING : J'épouserai plutôt la mort.

La mariée sera en noir ?

Frédéric CASTAING : J'épouserai plutôt la mort.

La télévision ne se nourrit plus de fictions, de variétés pour jeunes dans le vent ou papys nostalgiques.

Le fin du fin ce sont les émissions qui proposent suspense, émotion et sentimentalisme, quelques larmes à l'appui. Mais pardonnez-moi, j'ai oublié de me présenter: Martin Paradis, enquêteur à l'émission culte et télévisuelle, Retrouvailles.

André Bardin, le producteur de cette émission, me convoque dans son bureau et m'impose presque ma nouvelle mission : retrouver Benjamin Fallières, trente-sept ans, célibataire, expert en autographes, et dont la famille est proche de celle de Loubet, le grand patron de la chaine.

Le dossier que me remet le secrétaire de Loubet, Marcaillou dit le Boiteux, n'est guère épais. Une photo noir et blanc, quelques cartes de visite, une feuille blanche sur laquelle est écrit Beffara Ferrière, ce qui ne me dit rien du tout, et un classique scolaire, Le Bourgeois Gentilhomme de Molière.

Ma première visite est pour un collectionneur, expert en autographes lui aussi, et qui vieille école n'appréciait pas la façon de procéder de Fallières.

Je fais la connaissance d'Adeline, la sœur de Fallières ainsi que de sa voisine, une belle plante à la poitrine opulente, mais tout cela n'avance en rien mon enquête. Il ne me reste qu'une chose, fouiller et encore fouiller dans le passé de ce disparu volontaire ou non. Et ce que j'apprends n'est pas joli, joli. De famille aisée, Fallières et sa soeur ont fait les quatre cents coups aidés en cela par le Boiteux. Et c'est au cours d'une virée mal négociée que le Boiteux s'est retrouvé handicapé avec un mort sur la conscience.

Tout cela ne serait rien si l'expert auquel j'ai rendu visite n'était retrouvé assassiné. C'est alors que j'apprends que Fallières était sur la piste de manuscrits à la valeur inestimable : ceux des pièces de théâtre de Molière. Alors en compagnie d'Adeline et du Boiteux nous parcourons les Etats-Unis et l'Europe sur les traces de Fallières que certaines personnes ont cru voir ici et là. Mais je dois vous quitter car d'inquiétants personnages affublés de lunettes noires me suivent et je n'aime pas ça.

 

Et si vous voulez connaître la suite de mes aventures, je vous invite à lire J'épouserai plutôt la mort, un roman de Frédéric Castaing, un jeune auteur qui écrit en phrases courtes, hachées, comme s'il rédigeait un scénario. Il rend avec une justesse de ton l'atmosphère de cette histoire en équilibre avec le passé et le présent.

Seul reproche, sa façon énervante à n'utiliser la négation qu'amputée d'une partie de ses composantes. Un détail.

 

Frédéric CASTAING : J'épouserai plutôt la mort. Série Noire N°2363. Parution novembre 1994. 192 pages. 6,05€.

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10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 13:36

Et les suiveurs trépassent ?

Michel LEBRUN : La caravane passe.

Parmi toutes les caravanes publicitaires qui précédent les coureurs du Tour de France, se faufilent le car, la camionnette et la Traction des cafés solubles Solocafé.

Solocafé, le meilleur et le moins cher des cafés en poudre...

Bernard Portel, une ancienne gloire de la chanson et du cinéma, aujourd'hui sexagénaire, pense que sa carrière est enfin relancée après une quinzaine d'années de galère, d'hospitalisation et de drogue. Il est accompagné du jeune accordéoniste Dominique Quercy qui se produit également en solo pour deux ou trois morceaux lors du spectacle nocturne. Gigi Saint-Elme, la vingtaine, qui a déjà joué dans un cabaret et à l'avenir prometteur, complète la partie variété itinérante.

Metz, cinq kilomètres. Dominique Quercy joue un peu de piano à bretelle juché sur la camionnette puis Bernard Portel prend la relève depuis le car, mimant les chansons enregistrées sur magnétophone. Distribution de babioles avant le spectacle du soir. Léon Terroux, le chauffeur du car, François Ravier, le chef de caravane et madame Micheline, la directrice, sont les autres membres de cette fine équipe.

Tandis qu'André Trochut arrive en tête de cette sixième étape, la première du roman, madame Micheline présente Gigi et Portel à un jeune journaliste localier qui n'a jamais entendu parler de l'ancienne vedette déchue mais portant beau et est plus intéressé par le décolleté de la chanteuse. La foule avide attend le spectacle et la distribution d'échantillons de café. Bref tout ce petit monde est content, heureux, joyeux, les sourires fleurissent, la fête peut commencer, même si madame Micheline se montre parfois un peu cassante et pète-sec. Faut la comprendre cette belle trentenaire, elle a la charge de la bonne organisation sur ses frêles épaules.

Après le repas pris en commun, la prestation musicale peut commencer. Bernard Portel retrouve ses sensations et le public, mitigé au départ l'applaudit chaleureusement. Tout irait pour le mieux si une fissure n'était pas en train de s'installer dans le petit groupe.

Madame Micheline et François Ravier ont beau cacher leur liaison, personne n'est dupe. Portel a récupéré à la permanence du Tour une lettre de sa jeune femme Clémence, une différence d'âge qui se décline en décennies, lettre dans laquelle elle donne des nouvelles de leur fille. Clémence a aidé Portel à sortir du gouffre et ils sont mariés depuis cinq ans. Mais Portel est attiré par Gigi. Faut dire que la gamine lui envoie des œillades qui laissent supposer qu'il ne lui est pas indifférent. Quercy voit justement d'un mauvais œil ce rapprochement et la pointe de la jalousie commence à lui transpercer le cœur. Ils sont amis, théoriquement Portel et lui, mais quand même. Quant à Léon Terroux, il se marre, intérieurement, supposant les événements à venir. Par exemple que Portel et Gigi vont coucher dans la même chambre.

Le lendemain, étape Metz - Colmar. Victoire de Roger Hassenforder. Jacques Anquetil cède son maillot jaune à Nicolas Barone. Tout se déroule normalement, ou presque, chez les membres de Solocafé. Sauf que la fissure s'élargit, devient faille, puis fracture.

La troisième étape, du roman mais qui est la huitième du tour, emmène les coureurs jusqu'à Besançon, la victoire revenant à Pierino Baffi, Jean Forestier endossant le nouveau maillot jaune. Ce sera le terme de cette histoire qui se clôt avec quelques rebondissements et retournements de situation, ce dont Michel Lebrun est spécialiste.

 

Dans une sorte de huis-clos en plein air et itinérant, avec tous les principes d'un vaudeville, Michel Lebrun concocte une histoire dont il a le secret, machiavélique à souhait.

Le tour de France 1957 n'est là que pour servir de décor, de support, à une intrigue intimiste. De même la caravane du tour et ses attractions, ses slogans publicitaires, sa bimbeloterie lancée des voitures ou distribuée à l'arrivée de l'étape, met en valeur le microcosme de ces six personnes embringuées dans une histoire tragique de... cœur.  

Une fin non écrite mais suggérée grâce à quelques indices placés ici et là, que le lecteur peut à loisirs imaginer autre.

Publiée en 1958, Michel Lebrun dénonce déjà cette propension à utiliser par certaines personnes, soit par snobisme, soit par manque de vocabulaire, des expressions anglo-saxonnes.

-Allons dîner, dit François Ravier. Sinon nous serons en retard pour le show.

Cette manie, pour faire moderne, de parsemer ses phrases de termes pseudo-américains !

Près de soixante ans plus tard, il faut aux lecteurs un dictionnaire pour lire certains romans ou même des magazines féminins qui truffent leurs titres ou leurs articles de ces termes censés être à la mode. Pourquoi ne plus se servir du mot rétro mais écrire à la place vintage, par exemple.

Michel LEBRUN : La caravane passe.

Michel LEBRUN : La caravane passe. Collection Un Mystère N°427. Editions Presses de la Cité. Parution juin 1958. 192 pages.

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10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 10:49

Bon anniversaire à Hubert Monteilhet né le 10 juillet 1928.

Hubert MONTEILHET : Les cavaliers de Belle-Île.

Les amateurs de cape et d’épée se souviennent avec délices de leurs premières lectures : Féval, Zevaco et surtout le grand, l’immense, le magnifique Alexandre Dumas.

Hubert Monteilhet, bien connu pour ses romans policiers dont Les Mantes religieuses (Grand Prix de Littérature policière en 1960) ou Le Retour des cendres, je ne vous les citerais pas tous, par manque de place, renoue avec bonheur avec ce genre. Les cavaliers de Belle-Île qui est la suite des aventures et mémoires du Chevalier d’Espalungue entamées dans De plume et d’épée parues en 1999 chez le même éditeur.

On retrouve dans ce second volet les principaux protagonistes du roman précédent, Louis XIV bien sûr, Mazarin et quelques-uns uns de ceux qui marqueront l’histoire tels Colbert, Le Nôtre, Fouquet et tant d’autres, des personnages moins connu, Rossignol par exemple, spécialiste du chiffre et du décryptage. Sans oublier d’Artagnan, l’ami de d’Espalungue et ses compères Aramis et Porthos, Athos étant au paradis des Mousquetaires. Espalungue mène une vie paisible à Paris mais ses relations avec Anne d’Autriche l’amènent à reprendre le chemin vers de nouvelles aventures, Rome, la Bretagne et l’Angleterre. Tout cela pour déjouer une rumeur : le roi est-il le fils de son père ?

Ecrit d’une plume alerte, parfois verbeuse, ce roman, fort documenté, s’inscrit dans la tradition du livre épique, et Hubert Monteilhet, égal à lui-même, sait distiller de temps à autres des coups de griffe jubilatoires.

 

Hubert MONTEILHET : Les cavaliers de Belle-Île.

Hubert MONTEILHET : Les cavaliers de Belle-Île. Editions de Fallois. Parution août 2001. 398 pages. 19,05€. Réédition Le Livre de Poche. Parution janvier 2003. 444 pages.

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10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 08:20
MARIE & JOSPEH : Le petit roi de Chimérie.

Quoique l'on soit en République, on trouve encore des

petits rois un peu partout...

MARIE & JOSPEH : Le petit roi de Chimérie.

Lire un roman de Marie et Joseph, c'est savourer la douceur et l'acidulé d'un bonbon que l'on roule voluptueusement sur la langue, c'est le pétillement de mille bulles de champagne qui éclatent et rebondissent à l'infini, c'est le flou d'une photo de David Hamilton représentant les Demoiselles d'Avignon de Picasso, c'est cocasse, c'est tendre, c'est burlesque, c'est poétique, c'est une phrase que l'on voudrait lire et relire, c'est un passage, un morceau choisi que l'on voudrait garder au fond de son cœur comme une antienne que l'on répète tout en y découvrant à chaque fois une nouvelle saveur.

 

Dans Le petit roi de Chimérie, le blues n'a plus la place qu'il occupait dans les précédents romans du couple. Il est remplacé par la pluie, le vent, les nuages qui filent à l'horizon, la plaine qui s'étend à perte de vue, la grisaille tenace des mines désaffectées.

Raphael, adolescent doué mais fantasque, joue avec les mots, avec les gens, avec les sentiments. Lorsqu'au bout du jeu la mort profile son ombre, il a de quoi s'affoler et disparaître. D'autant qu'il s'est fixé une mission et entend la mener à bien.

Néro, jeune prof exilé, s'il en prend fait et cause pour Raphael, va essayer tout au moins de lui sauver la mise dans ce brouillard qui englue toute chose et n'est qu'un vaste miroir déformant.

 

A signaler la présence d'un quatuor de policiers plitôt jubilatoire, et dont les patronymes se décomposent comme suit :

Le premier s'appelle Mai

Le deuxième Héoudon

Le troisième Corne

Et le quatrième Icarre.

A vous maintenant de vous amuser.

 

Le petit roi de Chimérie une nouvelle réussite du couple Marie & Jospeh, qui a déjà à son actif quelques belles petites perles telles que Square du Congo, Si t'as peur, Jappes, Chaudes bises et surtout La grande Arpente des Champs d'en bas.

MARIE & JOSPEH : Le petit roi de Chimérie. Série Noire N°2130. Parution mars 1988. 192 pages.

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 12:29

D'autres seront toujours là pour prendre la relève...

Patrick CAUJOLLE : Meurtres au sommet de l'Etat Français.

Ce n'est pas en changeant le numéro (ou chiffre) des différentes Républiques qui se sont succédées au cours des décennies, que les affaires d'Etat ont été supprimées.

Et ces affaires d'Etat sont plus nombreuses que l'on pourrait imaginer, qu'elles éclaboussent le haut de la pyramide ou dégoulinent jusqu'à immerger la base dans de sombres et tortueuses manipulations, machinations, prévarications, corruptions, et pires, assassinats et meurtres.

Patrick Caujolle, à qui l'on doit déjà notamment chez le même éditeur Les Casses du siècle, a rassemblé vingt récits afin de nous montrer les différentes facettes de ces crimes de sang qui ont défrayé la chronique plus ou moins récemment et dont, selon son âge, le lecteur se souviendra ou pas.

Par exemple qui sait que Paul Doumer, dont on connait le nom grâce à des plaques de rue, fut assassiné en 1932, le 6 mai exactement, lors de l'inauguration du Salon des écrivains combattants. Claude Farrère vient d'obtenir le Prix Goncourt. Paul Doumer décèdera dans la nuit et aussitôt les suppositions vont bon train, les rumeurs les plus folles s'échangent dans la foule. Le meurtrier, Pavel Gorguloff, est de nationalité russe, âgé de quarante et un ans, et est le fondateur d'un parti antibolchévique dont il est le seul membre. Mais l'affaire se politise et les journalistes et certains écrivains se divisent sur les motivations réelles de l'assassin, pensant que cet attentat serait une manœuvre tendant à précipiter la guerre contre l'URSS, comme il est écrit dans l'Humanité du 11 mai.

Si ce meurtre est commis contre la plus haute autorité de l'Etat et que son auteur est immédiatement identifié et arrêté, d'autres crimes de sang ont été perpétrés contre des ministres ou des députés, sans que tout soit véritablement résolu. En effet bon nombre d'affaires vont secouer la Cinquième république, pour ne citer que les affaires les plus proches de nous, et sans que soit réellement défini l'aspect du décès. Assassinat ou suicide, selon ce que les partis politiques mis en cause le décrètent afin de taire les jalousies et manœuvres politicardes mises en place.

Et bizarrement, les trois affaires les plus célèbres se sont succédées durant le septennat de Valéry Giscard D'Estaing et ont fourni bien des controverses selon les affinités partisanes de tel ou tel parti ou média, proche du pouvoir ou au contraire en divergence totale d'opinions.

Il suffit de citer les noms de Robert Boulin, de Joseph Fontanet ou encore Louis de Broglie. Trois affaires qui ont longtemps défrayé la chronique et connaissent de temps à autres des résurgences médiatiques sur fond de manipulation politico-financières. A noter que le parti politique s'appelait les Républicains Indépendants. Aujourd'hui, il existe Les Républicains, mais sont-ils indépendants ?

Patrick Caujolle a étudié attentivement les éléments des dossiers, les a épluchés, analysés, ne se contentant pas de recopier ou de s'inspirer d'articles journalistiques, et avançant des thèses non dénuées de fondement ou des pistes intéressantes et probantes.

Bien d'autres affaires sont ainsi narrées, nous renvoyant à un passé plus ou moins proche, tombées parfois dans les oubliettes de l'histoire mais qui ressurgissent grâce à des événements qui les remettent en lumière comme l'assassinat de Jean Zay, par la milice dans l'Allier le 20 juin 1944, et dont le corps a été transféré récemment au Panthéon. Or si le nom de Jean Zay n'était pas inconnu de tous, son action sociale est tombée dans les oubliettes. On peut mettre par exemple à son actif :

Pendant ses quarante-quatre mois au gouvernement de front populaire, Jean Zay a institué, au titre de l’Éducation nationale : les trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, le prolongation de l’obligation scolaire à quatorze ans, les classes d’orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage, le sport à l’école, les œuvres universitaires ; et au titre des Beaux-arts : le CNRS, le musée national des arts et traditions populaires, le musée d’Art moderne, la Réunion des théâtres lyriques nationaux, le festival de Cannes (source Wikipédia).

Bref cet ouvrage de Patrick Caujolle, jamais ennuyeux car écrit simplement, sans fioritures ni inclination partisane, avec pour seul but d'établir la vérité et d'informer les jeunes générations, ou remémorer aux plus anciens des affaires sensibles, offre un prolongement que n'ont pas toujours eu la possibilité d'étayer les journaux des différentes époques pendant lesquelles elle se sont déroulées. C'est l'impartialité qui prime, même si pour certains, cela va à l'encontre de leurs opinions.

Juste pour vous appâter quelques titres de chapitres qui montrent la diversité des affaires traitées, résolues ou non :

Darlan, l'homme à abattre; Traquenard dans le tortillard pour le préfet Barrême; Le député, la belle-fille et la cheminée; Pour la peau de Philippe Henriot; La mort de Yann d'Arc (Yann Piat); Georges Mandel, un ministre à éliminer, Les Cagoulards contre Fantomarx; L'assassinat du préfet Erignac...

Chaque chapitre est précédé d'une photographie mettant en scène le personnage relatif à l'article ou un lieu significatif.

Patrick CAUJOLLE : Meurtres au sommet de l'Etat Français. Le Papillon Rouge Editeur. Parution le 24 avril 2015. 272 pages. 20,50€.

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9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 11:06
John LUTZ : ça sent le brûlé

Heureusement, de nos jours, il existe des détecteurs de fumée...

John LUTZ : ça sent le brûlé

Un détective privé, en général, est une personne dont le métier est de confondre des amants afin de prouver le délit d'adultère, de rechercher des personnes, disparues le plus souvent, parfois d'enquêter sur le mobile d'un crime et d'en découvrir le ou les auteurs.

Carver, le détective boiteux, lorsqu'il s'est reconverti dans cette profession, était loin d'imaginer qu'un jour l'enquête, c'était pour son propre compte qu'il allait la mener.

Un dingue d'un nouveau genre sévit dans cette partie du centre de la Floride où Carver s'est installé en compagnie de son amie Edwina. Ce dingue s'attaque aux commerçant locaux à l'aide d'un appareil de plongée sous-marine transformé en chalumeau. Ceci en principe ne devrait concerner que la police du cru. Mais un jour c'est le propre fils de Carver qui est pris pour cible, devenant une torche vivante.

Plus que motivé, Carver prend l'enquête à son compte. La colère, la rage, le désespoir, l'animent et il jure d'abattre sans pitié celui qui a osé s'en prendre à son fils. Ses soupçons vont vite le conduire à un jeune schizophrène, un paranoïaque, rejeton d'une riche famille.

Adam Kave, le père, s'occupe plus de son affaire de chaine de restaurants et de la création de nouveaux hot-dogs que de la vie familiale. Elana, la mère, atteinte d'un cancer, s'enferme dans sa tour d'ivoire. Nadine, la fille, se rebelle facilement, ruant sous l'autorité paternelle et sort avec un marchand de voitures dont l'avenir semble assuré. Quant à Paul, le fils, meurtrier présumé, il a disparu.

L'obsession de Carver ne l'aveugle-t-il pas ? Ne fonce-t-il pas tête baissée vers une piste trop bien délimitée ?

Ce roman de John Lutz s'intègre dans la lignée des grands romans noirs américains dont l'épilogue est particulièrement tragique.

John LUTZ : ça sent le brûlé (Scorcher - 1987. Traduction de Denise May). Série Noire N° 2122. Parution janvier 1988. 288 pages. 6,65€.

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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 08:28
Lee MARTIN : La foire aux poupons

Et ceux-là ne sont pas en celluloïd !

Lee MARTIN : La foire aux poupons

Si quelqu'un ne m'avait pas conseillé vivement de lire ce roman, je dois avouer que je serais passé à côté d'un roman attachant, prenant.

Si le sujet est neuf, ce qui est déjà un bon point, la manière de développer ce sujet, de faire dialoguer les personnages, de camper ceux-ci et d'établir une relation de connivence entre l'auteur et le lecteur, par narrateur-héros interposé, à l'aide de touches sentimentalo-humoristiques, accroche dès la première page le lecteur.

La disparition de femmes enceintes et la découverte d'un trafic d'adoption de bébés, trafic illégal, sont des thèmes qui auraient pu être traités dans un style mélo jouant avec les grands sentiments. Ce n'est pas le cas, le mouchoir en papier n'est pas fourni avec le livre.

L'auteur, Lee Martin, a su établir la différence entre sensibilité et sensiblerie. Sensibilité donc car le thème est grave, sérieux, mais cette pointe d'humour indispensable à mettre en valeur les situations dramatiques est toujours présente.

Deborah Ralston, mère adoptive de trois enfants, femme-flic, jeune grand-mère, s'est remise au jogging, autant pour tenir la forme que pour entretenir celle de son chien. Et c'est justement au cours d'une séance de course qu'elle découvre le cadavre d'une jeune femme enceinte. C'est tout naturellement que l'enquête lui est confiée. Et nous assistons à une tranche de vie familiale typiquement américaine, bon enfant, décontractée, humoristiques et débridée, dans laquelle les chips et le Coca-Cola sont les éléments nutritionnels de base. Les investigations de Deborah Ralston sont toujours freinées par son capitaine qui a la phobie des heures supplémentaires, soit par la législation qui impose des limite à son rayon d'action, soit par un ulcère tenace et inopportun à l'estomac.

 

Ce roman se lit d'une traite tellement le lecteur est pris par l'intrigue, mais hélas ce sera le seul roman de l'auteur à être traduit. Le seul sous le nom de Lee Martin, je précise car deux autres romans seront traduits par la suite, Le crâne en fleur (SN N°2258) et La mort préfère les blondes (SN N°2271), sous le pseudonyme d'Anne Wingate et dont le véritable patronyme est Martha Guice, ancienne policière de son état.

Lee MARTIN : La foire aux poupons (A conspiracy of Strangers - 1986. Traduction de Noël Chassériau). Série Noire N°2118. Parution novembre 1987. 288 pages.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
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