Dérives enfantines ?
Ce recueil est composé de vingt-cinq nouvelles qui s’articulent autour de deux thèmes l’Enfant et le Double et son contraire.
L’enfant qui est jeté à sa naissance, ou presque, dans le grand bain de la vie, d’où peut-être le titre du recueil. L’enfant est quasi omniprésent dans ces nouvelles, qu’il soit acteur ou jouant les seconds rôles. Mais l’on sait qu’au théâtre ou au cinéma, ces fameux seconds rôles ont souvent une influence prépondérante, permettant aux vedettes de se mettre en avant mais qui sans eux n’existeraient pas.
Le double et son contraire qui joue avec les protagonistes comme des reflets dans une glace et pourrait se décliner en thèmes contradictoires, antinomiques. L’enfant et l’adulte, le Bien et le Mal (sans manichéisme) ou plutôt le Blanc et le Noir, l’attrait et le rejet, la fusion et la dissolution, l’amour et la haine, la douceur et la violence, le rêve et le concret, le réel et le virtuel… Le calme avant la tempête ; Guerre et paix !
Des actions, des faits, des sentiments, opposés, qui se construisent et se détruisent au gré des oppositions qui se développent, consciemment ou inconsciemment.
L’univers de Marie Latour est particulier et le critique littéraire, ou le chroniqueur occasionnel, serait bien en peine à relier ces textes à des auteurs reconnus et renommés. En effet souvent on a tendance à vouloir émettre des comparaisons, à rechercher des références, pour mettre en avant tel ou tel texte, lui fournir une parenté, ne serait-ce que pour appâter le lecteur, et lui démontrer par la même occasion que l’on possède des lettres.
Pourtant la nouvelle qui ouvre ce recueil, La maison de papier, débute un peu comme Pour faire le portrait d’un oiseau de Jacques Prévert. Mais ne vous y trompez point, seul les quelques lignes, car rapidement Marie Latour oriente son intrigue vers une voie totalement différente, personnelle, toujours en relation avec l’enfant, la famille, et le reste. La déchirure.
Ce recueil ne se lit pas comme un affamé se jetterait sur des petits fours. Il faut savoir déguster les nouvelles, les assimiler, les digérer, prendre une pause pour mieux en apprécier la saveur.
Sommaire :
La maison de papier
Le chat de Schrödinger
Au nom de la mère
Echec et mat
Grand-père
Aïda
Les 1001 fantômes d'Héline
Harlem Ghetto
Tuer la mère
(Ré)unis
Berlin rouge
L'ombre furieuse
Domus corpus
Humain, trop animal
Nostalgie
Mea culpa
Jusqu'à la mort
L'enfant
Le sergent Bouchard
Grand-mère
Le chiguane
L'absence
Les heures d'Elyranthe
Les escarpins rouges dorés
Marie LATOUR : Des rives enfantines. Nouvelles. Collection Brouillards. Editions Malpertuis. Parution le 15 décembre 2020. 192 pages. 14,90€.
ISBN : 978-2917035863