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17 avril 2021 6 17 /04 /avril /2021 04:23

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le Titanic

sombrait dans les eaux glaciales de l’Atlantique.

Didier DECOIN : La femme de chambre du Titanic.

Le propre d’un écrivain digne de son métier, de sa vocation, c’est d’absorber, dès les premières pages de son œuvre, le lecteur.

Que celui-ci entre de plain-pied dans l’action et ne relâche plus son attention. Qu’il y ait communion entre le roman et le lecteur. Et c’est véritablement ce qui se produit dès la première page de La femme de chambre du Titanic.

Horty sue sang et eau lors du concours annuel du meilleur docker, ployant sous la charge d’un veau vivant, pendant douze minutes, en courant.

C’est la cinquième année consécutive qu’il remporte ce concours et Zoé a de quoi être fière de son homme. D’autant plus qu’en cette année 1912, les temps sont durs pour le petit peuple, et un veau aide à améliorer l’ordinaire.

Mais les organisateurs en ont décidé autrement et, cruelle désillusion, le premier prix ne sera pas le veau, offert à un quelconque hospice, mais un voyage. L’inauguration à Southampton de la première traversée du Titanic et son premier voyage à New-York. Qu’à cela ne tienne, Horty a gagné et il va profiter de son cadeau.

Et cet homme de cinquante deux ans, marié à la frêle Zoé, va découvrir l’aventure et l’amour dans le port de Southampton. Une rencontre va le marquer à tout jamais.

C’est un brave homme qu’Horty, un être frustre et peu compliqué. Lorsque l’hôtelière lui demande de prêter sa chambre à une jeune femme, tout d’abord il refuse. Puis il accepte, désemparé devant cette jeunette timide, innocente et enrhumée.

Marie Diotret doit le lendemain embarquer en qualité de femme de chambre sur le Titanic. Ils vont passer la soirée ensemble, à manger dans une gargote. Puis ils vont coucher ensemble. Mais attention : dans le même lit, soit, mais en tout bien tout honneur.

De retour chez lui, Horty ne garde de Marie qu’une image, une photographie prise sur le port, au moment du départ. De quoi alimenter les conversations de ses amis au café de La Tête d’écaille.

Jusqu’au jour où Horty apprend que le Titanic a sombré dans l’océan. Dès lors, Horty affabule. Sa nuit d’amour toute platonique avec Marie devient une nuit d’amour extravagante. Lui qui de l’acte sexuel n’a connu avec Zoé, sa légitime, que des étreintes rapides et hygiéniques, invente des jeux qui laissent pantois les habitués de La Tête d’écaille.

Zeppe, un ancien Monsieur Loyal, va même l’exhorter à se produire dans des théâtres, des salles dans lesquelles les spectateurs restent sous le charme. Marie revit pour et par Horty, excitant les jalousies.

 

La femme de chambre du Titanic est un roman d’amour, d’atmosphère, un roman noir également, et Didier Decoin fait vivre sous une plume alerte, légère, parfois humoristique, parfois pathétique, une galerie de personnages hors du commun.

Un paradoxe puisque ces personnages justement font partie de ce que l’on nomme le petit peuple et que théoriquement ils vivent dans un monde clos, fermé, et que rien d’extraordinaire, d’inhabituel ne peut leur arriver.

Tout ça à cause d’un concours gagné dans la sueur, la douleur et la rage de vaincre.

Lorsque j’avais participé comme animateur dans un débat auquel Didier Decoin avait été invité, en mai 1991, il avait déclaré que son souhait serait que La femme de chambre du Titanic soit adapté au cinéma avec dans le rôle principal Gérard Depardieu, un film réalisé par Milos Forman.

Ce projet a avorté. Mais il ne faut pas oublier que Didier Decoin, fils d’Henri Decoin le cinéaste, ne considère pas le film comme une œuvre mineure par rapport au cinéma.

 

Didier DECOIN : La femme de chambre du Titanic. Editions du Seuil. Parution janvier 1991. 334 pages.

ISBN : 9782020129251

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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 03:32

Un titre de circonstance ?

Jean-François COATMEUR : La danse des masques.

Face aux enjeux économiques, l’avenir de La Source, une communauté de repris de justice fondée par un prêtre quelque peu marginal, se trouve fortement compromis.

Dans ce petit village breton, à mi-route de Quimper et de Lorient, les passions se déchaînent, attisées par le meurtre du propriétaire d’une biscuiterie.

Le fils, névropathe, s’insurgeant contre la férule d’un père trop autoritaire et coureur impénitent de jupons, a minutieusement chronométré son parricide.

Et c’est Roger Malinche, un repris de justice employé comme nettoyeur dans l’usine, qui servira de bouc émissaire. Accusé, Roger a le tort de s’enfuir, drainant derrière lui la maréchaussée.

Vatel, le prêtre responsable de la communauté, et Desforges, le maire du village, se trouvent en butte aux attaques qui fusent de partout. Les apparences sont contre eux et contre leur protégé, et les passions s’exaspèrent.

La vérité toute nue finira bien par sortir du puits mais au prix de nombreuses souffrances et de morts innocents.

 

Il est difficile de vouloir faire œuvre d’humanisme lorsque l’on vit parmi des aveugles et des sourds aux préjugés tenaces.

La vindicte populaire s’acharne surtout sur le pauvre hère qui a fauté une fois. On ne voit en lui qu’un dangereux récidiviste.

Une solution de facilité que dénoncent quelques hommes épris de justice et de liberté. Mais qu’il est donc malaisé de se faire entendre et surtout comprendre.

Jean-François COATMEUR : La danse des masques. Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution octobre 1989. 300 pages.

ISBN : 9782226038326

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6 avril 2021 2 06 /04 /avril /2021 03:58

Les histoires d’amour finissent mal, en général !

Guy VANDER : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ?

Cousines, Louise, dix-sept ans, et Madeleine, vingt-deux, ont été élevées par le père de Louise, devenu veuf à la naissance de sa fille. Madeleine est orpheline recueillie par son oncle.

Au moment où nous faisons leur connaissance, elles sont toutes deux excitées car Robert Wall, le fils d’un ami exilé aux Etats-Unis, doit arriver. Enfin Louise va rencontrer pour la première fois celui qui lui est promis depuis des années.

Le mariage est projeté, seulement, comme vous pouvez vous en douter, des interférences amoureuses se produisent. Madeleine est attirée, malgré elle par le beau jeune homme, qui lui aussi se sent aimanté, malgré la présence affective de Louise.

Il va même déclarer sa flamme auprès de Madeleine qui tente de le raisonner. Elle ne veut pas trahir sa cousine.

Le mariage est célébré, Louise nage dans le bonheur, tandis que Robert nage dans les eaux troubles de l’envie. Un jour il soutient avec encore plus de tendresse, plus de chaleur, son amour à Madeleine qui elle aussi ressent la même émotion, tout en essayant de le repousser.

L’oncle de Madeleine, dont les oreilles traînent non loin, est persuadé que les deux jeunes gens sont amants. Il n’accepte pas cette situation et signifie à Madeleine, qui pleure comme une madeleine justement, qu’elle doit quitter la demeure et s’installer ailleurs, hors de sa vue.

Robert n’a pas dit son dernier mot !

 

Dans une intrigue conventionnelle, celle du trio, Guy Vander décrit cette histoire d’amour contrarié avec un côté sentimental larmoyant. Madeleine est confronté à un terrible dilemme, aimer le mari de sa cousine ou se désister. Elle résiste, grâce à son abnégation, mais une faille se produit. Toutefois elle trouvera la force pour résister après avoir succombé.

L’illustration de couverture est trop explicite pour laisser planer le doute sur le dénouement, mais tant pis, la lecture de cette historiette est trop agréable pour la négliger.

 

Guy VANDER : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? Collection Mon livre favori N°601. Editions Ferenczi. Parution 22 octobre 1932. 64 pages.

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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 04:21

Je ne sens plus
Ma différence
Quelque chose me drape
Quelque chose me tue
Quelque chose m'attaque
Je ne la sens plus
Ma différence…

Daniel CARIO : Le sourire du lièvre.

Leur première rencontre, c’était dans la cour de l’école privée de Saint-Mériac, dans les environs de Quimper, en cours préparatoire.

Pourtant c’était comme si elles s’étaient regardées dans une glace, seule la couleur de cheveux les différant l’une de l’autre. Sinon on aurait pu dire qu’elles étaient jumelles, tellement elles se ressemblaient. Jusqu’au bec-de-lièvre qui ornait leur lèvre supérieure.

Marie est la fille adoptive d’un riche notable, qui dirige une entreprise de pompes funèbres, qui ne connait pas la crise, vivant dans un grand manoir situé à la lisière de Saint-Mériac. Hubert Lesvêque et sa femme ont un fils âgé de quatre ans de plus que Marie. Maurice est un fourbe, un être chafouin, qui n’a de cesse d’importuner Marie. Hubert est colérique tandis que sa femme se laisse embobiner par son mari. Marie a été adoptée par madame Lesvêque, malgré l’avis de son mari, parce qu’ils ne pouvaient avoir d’autres enfants, mais elle est un peu la souffre-douleur du foyer. Elle a été recueillie alors qu’elle n’avait que quelques jours, n’ayant pas été déclarée, et ne possède que pour seul bagage une petite médaille en argent qu’elle garde précieusement par devers elle.

Jeanne est la fille d’un vannier qui vit seul dans une maison isolée, dans les bois, mais assez proche toutefois du manoir des Levesque. La mère est décédée trop tôt, et le vannier a reporté toute son affection et son amour sur sa fille. Il n’est pas riche même s’il a trouvé un petit pécule caché dans cette fermette.

Entre les deux gamines, aussitôt, s’élève comme une bulle dans laquelle elles sont enfermées, n’écoutant pas les railleries des autres élèves. Seule leur institutrice les affectionne, ainsi que la directrice dans un moindre sentiment toutefois. Elles deviennent deux sœurs inséparables, au grand plaisir du vannier, tandis que le père Lesvêque et sa femme s’offusquent de cette alliance qu’il juge hors norme. Sa fille ne doit pas frayer avec la fille d’un romanichel, ainsi considère-t-il le vannier. Tandis que Maurice continue à taquiner, à harceler Marie. Les Lesvêque préférant ne rien voir, le gamin ayant toujours raison selon eux.

Jusqu’au jour où le père Lesvêque, dont l’entreprise de pompes funèbres prend de plus en plus d’importance, décide de séparer les deux gamines, envoyant sa fille dans un institut privé catholique dans une ville voisine. En réalité il s’agit d’une usine à fabriquer des religieuses. Les deux fillettes correspondent et les années passent jusqu’au jour où Marie s’évade de cette institution qu’elle exècre, six ans après y avoir été enfermée.

Marie et Jeanne, qui ont alors treize ans, vont pouvoir se retrouver mais le drame éclate, d’une part à cause d’une ronce enfoncée dans la main de Jeanne, et d’autre part par un nouvel harcèlement de Maurice, qui à dix-sept ans veut se prouver qu’il est un homme auprès de Marie.

Marie est portée manquante et Lesvêque, qui n’est pas charitable, accuse le vannier de cacher sa fille. Les années passent, la guerre est déclarée et la soldatesque nazie envahit la Bretagne. Le petit village n’est pas épargné et le manoir de Lesvêque sert alors de quartier général.

 

Ce roman, qui comprend cinq parties, aurait pu être scindé en deux tomes, tellement la première partie, axée sur l’amitié des deux gamines, aurait suffit pour alimenter l’intrigue. La seconde partie, qui est plus orientée sur les démêlés du vannier et de sa fille face à la haine qu’entretient Lesvêque qui s’adonne de plus en plus à la boisson, plonge le lecteur dans les affres de la guerre, l’Occupation et la Résistance.

La première partie est titrée La rencontre, la troisième et la quatrième L’Occupation et La Résistance, et la dernière La révélation. Et la deuxième me demanderez-vous ? Son titre est trop révélateur pour que je le dévoile, mais vous pouvez toujours compulser cet ouvrage chez votre libraire préféré, puisqu’il est considéré, et ce n’est que justice, comme commerce essentiel.

Certains passages sont poignants, notamment lorsque la Résistance entre en conflit avec l’Occupant, des hommes considérés comme des terroristes par les Nazis, des Résistants par les Bretons, du moins la plupart, car d’autres trouvent leur compte dans la présence de la soldatesque allemande. Comme quoi les actions sont interprétées différemment selon que l’on se place d’un côté ou de l’autre des belligérants. Et la versatilité des individus est conditionnée par les avis des uns et des autres.

Si ce roman est l’éloge de l’amitié et du droit à la différence, sociale et physique, c’est aussi celui du secret qui souvent prévaut dans les campagnes profondes. Secret familial évidemment avec l’origine indéterminée des enfants abandonnés. S’y ajoute un petit côté fantastique lorsque la fille du vannier est reconnue comme une guérisseuse par l’imposition des mains. Mais il est vrai que l’influence des guérisseurs, des rebouteux, était forte dans la population, à tort ou à raison.

Un roman que l’on ne peut lâcher en cours de lecture tant l’intrigue est habilement élaborée, réservant de nombreuses surprises et sautillant de rebondissement en rebondissement.

Daniel CARIO : Le sourire du lièvre. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution le 11 mars 2021. 542 pages. 21,00€.

ISBN : 9782258192829

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31 mars 2021 3 31 /03 /mars /2021 04:35

Meilleur que le bain du même nom ?

Max-André DAZERGUES : Le cocktail de minuit.

La fête bat son plein à l’Elyséeum, un luxueux music-hall de l’avenue des Champs-Elysées, et surtout dans les coulisses. Le spectacle mis en scène par Maxime Frémy, le directeur, vient d’être joué pour la deux-centième fois et la vedette principale, Gladys Damour, est ovationnée. Elle doit se produire pour les Etats-Unis.

Naturellement Maxime Frémy est aux anges, mais il n’est pas le seul. L’amant de la charmante chanteuse, le banquier Abel Berhmann, ne peut que se réjouir, car le succès enregistré par sa maîtresse rejaillit sur lui. Seul peut-être Mimi d’Olso, le chanteur florentin, un individu chafouin, ressent une pointe de jalousie.

Berhmann invite chez lui à une petite fête quelques-uns des participants à cette prestation qui vient de se terminer. En sortant il remarque une des danseuses, une des Darling Girls, et elle lui tape dans l’œil. Et il se renseigne auprès de Mimi d’Olso. Comme à son habitude, à minuit, délaissant ses invités, Berhmann se rend dans son bureau afin de déguster son cocktail de minuit qu’il ingurgite quotidiennement à la même heure.

Ignorant l’attrait qu’elle suscite, Colette Denis rentre chez elle, dans sa mansarde où elle vit avec sa mère souffrante. Leur jeune voisin, Georges Serrières, s’enquiert de leur santé. Il est si prévenant avec Colette.

Dans un journal, il repère une petite annonce dans laquelle il est précisé qu’on recherche un secrétaire particulier. Pas de nom mais un numéro. Il se rend au journal, puis au domicile du particulier qui n’est autre que le banquier Berhmann. Celui-ci engage le jeune homme mais à une condition, que Georges soit à sa disposition vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Comme Georges a besoin de se refaire une santé financière il accepte, mais ne peut prévenir immédiatement son amie Colette.

Berhmann demande à Mimi d’Olso de lui organiser une entrevue avec Colette, et la jeune fille, confiante se présente au domicile du banquier. Elle accepte une coupe de champagne puis Berhmann tente de la prendre dans ses bras. Quoiqu’elle soit un peu grise, Colette se défend. C’est à ce moment que Georges entre inopinément dans la pièce et surprend Colette dans les bras de son patron.

Aussitôt il imagine que son amie cède aux avances de son patron alors qu’il n’en est rien, au contraire. Il coupe les ponts avec la pauvre Colette. Un peu plus tard, la banque Berhmann connait de sérieuses difficultés de trésorerie, mais Berhmann n’en a cure. Il continue à déguster son cocktail de minuit. Jusqu’au jour où il est découvert mort dans son fauteuil. Empoisonné. Crime ou suicide ? Georges est soupçonné de meurtre.

 

Comme souvent, un roman sentimental peut cacher une histoire policière.

Le cocktail de minuit est une œuvre de jeunesse, avec ses défauts et ses qualités, et malgré certaines coïncidences troublantes, l’intrigue tient la route, avec un épilogue dont on se doute mais qui est toutefois bien amené.

Par la suite Max-André Dazergues rédigera des intrigues plus abouties, toujours dans le registre sentimentalo-policier, mais en se renouvelant.

Max-André DAZERGUES : Le cocktail de minuit. Collection Mon livre favori. Editions Ferenczi. Parution 5 août 1929. 64 pages.

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25 mars 2021 4 25 /03 /mars /2021 05:39

Pourtant ils ne sont pas sur la paille !

Richard Martin STERN : La moisson de la violence

Tout comme son prédécesseur en littérature, John Steinbeck, Richard Martin Stern est né en Californie, et c’est tout naturellement qu’il prend pour décor de l’intrigue dans certains de ses romans cet état de l’ouest des Etats-Unis.

La moisson de la violence est tout proche des thèmes développés par Steinbeck dans A l’est d’Eden et dans Les raisins de la colère, quoique selon Richard Martin Stern ce dernier roman fut dénigré par la plupart des Californiens qui ne s’y reconnaissaient pas. Et qui ne reflétait pas la stricte vérité, ce qui est évidemment un point de vue subjectif. Des analogies évidentes foisonnent entre ces ouvrages mais le développement, l’écriture, ainsi que la période au cours de laquelle ces événements sont narrés, s’avèrent différents.

La crise économique ensuite, et un livre Les raisins de la colère qui exaspéra agriculteurs et industriels dans toute la vallée. Un tas de mensonge, à les entendre, les choses n’allaient pas si mal, pour personne. Peut-être.

 

En 1849, la ruée vers l’or provoque l’arrivée de nombreux pionniers en Californie. Ces migrants désirent s’enrichir le plus rapidement possible mais bien souvent il ne s’agit que d’un miroir aux alouettes. Les familles Meyer et Stanfield font partie de ces nouveaux venus dans l’état qui a proclamé son indépendance en 1846, interdit l’esclavage et s’est doté d’une constitution en 1849, intégrant l’Union américaine en 1850.

La famille Stanfield préfère investir dans le foncier et lorsque nous faisons la connaissance de ces deux familles, George Stanfield est à la tête d’un immense domaine agricole tandis que Karl Meyer dirige une banque prospère. Ils sont cousins par leurs ancêtres et leurs enfants suivent un parcours différent des parents.

Peter, âgé de vingt ans et le fils de George, est animé d’idées plus ou moins révolutionnaires, anarchistes. Il vit seul en ville dans un taudis, et fréquente très souvent son cousin Paul, le fils de Karl. Sa sœur Ellen, dix-sept ans, est désignée comme la maîtresse de maison, sa mère étant décédée lors de l’accouchement. Elle est plus raisonnable, la tête sur les épaules, mais cela ne l’empêche pas de rejoindre son frère et son cousin, s’ébattant nue dans les eaux du canal d’irrigation.

George possède ses bureaux à San Francisco mais grâce à son frère Scott, le domaine agricole est en pleine expansion. Fruits et légumes sont récoltés, le raisin étant traité, selon son espèce, en consommation de table ou transformé en raisin sec.

Les ouvriers agricoles sont payés avec un lance-pierre, mais sont assez nombreux pour que les patrons refusent d’embaucher même pour une paye au rabais.

Mais l’orage gronde parmi la population et les autres petits exploitants. Outre le domaine agricole, la famille Stanfield possède des puits de pétrole et surtout des forages hydrauliques. Et les fermiers sont ulcérés que leur eau soit détournée au seul profit des Stanfield.

Le bâtiment abritant la déshydrateuse pour fruits séchés est incendié et l’appareil est détruit. Plus grave, il est à déplorer la mort d’un des gardiens, tandis que l’autre est blessé mais incapable décrire les agresseurs. Le shérif est chargé de l’enquête mais d’autres faits se sont déroulés précédemment et se produisent par la suite.

Le père de George, sénateur à Washington, et Jane, sa sœur célibataire et sexagénaire qui vit en Europe, s’installent au domaine. Peter pendant ce temps recueille une routarde, Benji, dix-sept ans, qui paie en nature son hospitalité.

 

Drames en tous genres et problèmes sentimentaux ponctuent cette intrigue, un peu longuette, d’une saga familiale. La description de l’ascension d’une famille de migrants qui arrive à s’imposer en Californie lors de la ruée vers l’or et à dominer fermiers et hommes politiques. Naturellement, ces parvenus ont empiétés sur leurs concitoyens, moralement, financièrement, sociologiquement non sans laisser de traces indélébiles. Ils règnent en maître sur la Vallée, étant à l’origine de la ville de Stanhope qu’ils contrôlent via des pressions, des dessous de table et des largesses.

Pourtant alors que des attentats sont perpétrés, que des grèves traduisent les revendications des cueilleurs, les tensions familiales enveniment cette union de façade.

Ce roman, cette intrigue, qui n’est pas sans rappeler d’autres ouvrages, dont ceux de Steinbeck déjà évoqués, est proche également dans l’esprit des séries télévisées qui passionneront des millions de téléspectateurs, Dallas et Dynastie à la fin des années 1970 et courant 1980. Le rêve américain dans toute son ampleur et ses méfaits.

Richard Martin Stern a été publié en France en Série Noire, dans la collection L’Aventure Criminelle et  aux Presses de la Cité.

Richard Martin STERN : La moisson de la violence (Standfield Harvest - 1972. Traduction Alexandre Ralli). Collection Toison d’or N°26. Editions Jean Goujon. Parution 2e trimestre 1980. 448 pages. Première édition : Editions de Trévise 1975.

ISBN : 286291099

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24 mars 2021 3 24 /03 /mars /2021 05:46

Mais parfois le jeu tourne au drame !

Maurice PERISSET : Les maîtresses du jeu.

Immobilisée dans un fauteuil roulant depuis l’accident qui coûté la vie à son mari, le docteur Pascal Delorme, Marie-Laure a décidé de se lancer dans l’écriture de romans policiers.

Une de ses nouvelles a été publiée, ce qui constitue un encouragement notable. Pour écrire ce roman, elle met en scène ses familiers, ses proches. Mais prémonition ou hasard, elle est sujette à des visions qui malheureusement se réalisent.

Par exemple, son ami Félix, son ex-amant, est retrouvé mort, la tête dans la vase dans un canal d’irrigation. Une mort qui arrive fort mal à propos, ou bien, c’est selon, puisque de nombreux projets deviennent ainsi caducs.

Gilles, le fils de Marie-Laure, ne pourra pas passer quelques jours en mer à bord du yacht de Félix, tandis que d’autres se frottent les mains. Le lotissement Les vergers du Lez ne sortira pas de terre et l’harmonie de la nature ne sera donc pas détruite.

 

Maurice Périsset nous livre ici un très beau livre de mœurs provinciales, à l’atmosphère étouffante, proche du style de Simenon, mais à l’intrigue plus travaillée et à l’écriture plus soignée.

Ce roman a d’ailleurs permis à son auteur d’obtenir le Prix de la Ville de Reims, prix qui s’ajoute à ceux déjà obtenus : Prix du Quai des Orfèvres, Prix du Suspense français, Prix Moncey.

A signaler que Maurice Périsset est également l’auteur de quelques biographies consacrées à Gérard Philippe, Jean Gabin ou encore Simone Signoret.

Maurice PERISSET : Les maîtresses du jeu. Collection J’ai Lu Policier N°2570. Editions J’ai Lu. Parution avril 1989. 320 pages.

ISBN : 9782277225706

Première édition : Editions du Rocher. 1984.

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23 mars 2021 2 23 /03 /mars /2021 04:32

Être une femme libérée, ce n’est si facile…

Marcelle DAVET : La lueur dans la nuit.

Cachée derrière un pilier de l’église de la Madeleine, Marianne Marcy assiste au mariage de son dernier amant en date. Elle est quelque peu dépitée, mais elle saura rebondir, comme à chaque fois.

Elle se remémore son enfance auprès de ses grands-parents, son passage au théâtre de Montauban où elle a été repérée grâce à sa voix harmonieuse, puis son entrée au conservatoire de Toulouse, sa présence à l’Opéra de Paris, son mariage avec le Prince Savouroff, l’assassinat de celui-ci lors de la révolution russe d’octobre 1917, son emprisonnement puis sa fuite facilitée par un rustre avec lequel elle a couché en guise de remerciements, puis son retour à la Paris, où elle connait le succès sur les planches de l’Opéra.

Cette remontée de souvenirs a été déclenchée également à la lecture d’un article d’un journal annonçant la présence d’Olga Savouroff, épouse Karl von Forbak, sa belle-sœur. Aussitôt elle se précipite à l’hôtel où réside cette princesse qu’elle aimait bien et est accueillie bras ouverts.

Olga s’inquiète pour la santé de son fils. L’air de Berlin ne lui convient pas et il doit s’installer quelque temps dans le Sud de la France. Mais il lui tarde de rejoindre son mari dont elle est toujours follement amoureuse. Marianne lui propose alors de s’occuper de son fils puisqu’elle-même va se rendre sur sa terre natale, à Montauban.

Elle retrouve le jeune homme, prénommé Eitel, qui a dix-huit ans et ne paraît pas si mal en point que cela. Et le jeune homme commence à lui faire une cour effrénée qu’au début elle repousse. Mais bientôt ils se retrouvent dans le même lit. Au grand contentement d’Eitel et d’elle-même car elle a toujours aimé l’amour et sa pratique charnelle.

Mais Eitel, malgré son jeune âge est imbu de sa petite personne, suffisant, et Marianne n’est qu’une passade à ses yeux. Bientôt Marianne fait la connaissance d’un militaire, le commandant Jean de Sermoy, et entre eux débute une histoire d’amitié suivie d’une histoire d’amour. C’est par hasard qu’il apprend l’identité de scène de Marianne, mais aussi ses précédentes frasques amoureuses. Pourtant cette fois, Marianne ne joue pas.

 

Marcelle Davet, plus connue sous le nom de Michel Davet par ses nombreux romans publiés chez Plon et aux Presses de la Cité notamment, fut une romancière prolifique dès les années 1930 jusqu’au début des années 1980.

Née Hélène Marty, le 2 décembre 1905 à Catus dans le Lot, elle est décédée le 16 novembre 1990 à Paris, dans le 16e arrondissement. Selon certaines sources (Babelio et Wikipedia), elle aurait emprunté son nom de plume à sa grand-mère, dont c’était le nom de jeune fille, et serait restée célibataire, sans enfant. Des informations qui se contredisent puisqu’elle se serait mariée avec le docteur Davet.

Elle a également signé sous les pseudonymes de Madeleine Bru et Laura Mirandol. Son roman Douce a été adapté au cinéma par Claude Autant-Lara, l’héroïne étant interprétée par Odette Joyeux.

Avec La lueur dans la nuit, elle nous propose un étonnant portrait de femme, libre avant l’heure, ayant eu de nombreux amants, mais n’étant pas une femme vénale. Une amoureuse tout simplement, profitant de la vie et des hommages, ou des circonstances parfois dramatiques tout en y trouvant malgré tout son plaisir.

Comme elle le déclare elle-même :

J’ai mené la vie libre des hommes et, jusqu’à ce jour, je pensais que c’était mon droit.

Ce qui était permis aux hommes était interdit aux femmes. Rappelez-vous ces mères de famille qui déclaraient, cachez vos poules, je sors mon coq, parlant de leurs fils.

Marcelle Davet dans ce roman, à l’écriture soignée, égalait la pensée de ces romancières qui se sont fait une célébrité littéraire dans le combat de la femme pour la parité, l’égalité sexuelle, et autre, telles que Renée Dunan, Colette, Françoise d’Eaubonne et bien d’autres, mais n’a pas atteint la gloire à laquelle elle aurait pu prétendre, étant éditée chez un éditeur populaire dont la production était trop prolifique pour marquer les esprits.

 

Marcelle DAVET : La lueur dans la nuit. Collection Le Livre favori N°1146. Editions Ferenczi. Parution 2e trimestre 1954. 64 pages.

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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 05:05

Guide touristique, un métier de tout repos ?

Philippe WARD : Comuna 13.

A cause d’indélicatesses dénoncées par l’IGPN, Sébastien Rafeou a été obligé de quitter son emploi de policier et de dire adieu à sa retraite. Alors il s’est expatrié en Colombie devenant en premier lieu garde du corps, ce qui ne le changeait guère de son premier emploi, puis il a trouvé le bon filon en devenant guide touristique à Medellin.

Les touristes ne manquent pas et il connait les endroits susceptibles de les intéresser comme le Graffiti tour, ainsi dénommé pour les nombreuses fresques picturales qui ornent les murs. Ainsi, à chaque fois qu’il les entraîne dans Comuna 13, un quartier déshérité de Medellin, il ne manque d’effectuer une pause chez Anna Lucia qui prépare le meilleurs jus de canne à sucre de la ville, voire du pays, le vendant un prix dérisoire.

Ce jour-là, Anna Lucia remet à Sébastien un bijou, un pendentif dans lequel est inséré une émeraude. Puis elle lui de venir la rejoindre le lendemain car elle veut lui confier un secret concernant Griselda Blanco.

Ouvrons une parenthèse : Griselda Blanco, la première narcotrafiquante, présentée comme le mentor de Pablo Escobar, a été assassinée à Medellin le 3 septembre 2012 par des inconnus en moto qui lui logent deux balles dans la tête. Fermons la parenthèse.

Le lendemain, Sébastien, se rendant au rendez-vous fixé par la vieille dame, découvre son cadavre. Il assiste à son enterrement et rencontre Maribel Cifuentes, la petite-fille d’Anna Lucia. Il lui parle de son pendentif et ils sont d’accord pour envisager que le bijou aurait pu être offert par Griselda Blanco à son amie.

Maribel est une ancienne des FARC, et elle est profondément antifasciste. Elle désire se présenter à la mairie de Medellin afin d’y faire le ménage. Seulement, un personnage convoite lui aussi le trésor présumé de Griselda Blanco. Il aborde Sébastien et lui met le marché en main. Non seulement il désire le pendentif mais le trésor de Griselda, persuadé qu’Anna Lucia lui a fait des confidences.

Ce personnage n’est autre que Lozano, le petit-fils de l’empereur de l’émeraude, mais il n’a pas la stature de son aïeul. Ce qui ne l’empêche pas d’être toujours accompagné de ses gardes du corps et de ses sicaires.

Débute alors une véritable guerre entre Lozano et ses hommes, et l’équipe constituée par Sébastien et Maribel. Sébatien et Maribel trouvent des alliés de circonstance, mais sont-ils fiables ? C’est à l’usage qu’ils pourront en juger.

Et le lecteur les suit de Medellin à Bogota en passant par Salento pour finir à Facatativa, échappant aux tueurs lancés à leur poursuite, eux-mêmes à la recherche d’un improbable trésor. Sébastien démontre qu’il n’a pas perdu ses réflexes d’ancien policier et tout naturellement, une histoire d’amour se greffe sur cette trame.

 

A début de cette intrigue, le lecteur a l’impression d’avoir déjà lu maintes fois ce genre d’histoires de tueurs, de courses poursuites, de trésors et de trafiquants. Mais Philippe Ward renouvelle habilement le thème pour offrir, entre fiction et réalité, un opus qui hypnotise au fur et à mesure que l’on entre dans cette succession de péripéties mouvementées.

Cela aurait pu pencher vers un petit côté fantastique, le thème s’y prêtait, avec les bijoux d’origine Muiscas ou Chibcha, du nom de la peuplade indigène qui vivait dans les hautes terres de la Colombie au temps de l’invasion espagnole.

Documenté sans être un guide touristique ou historique pesant, Comuna 13 est un bon roman d’action, d’aventures, agréable à lire et qui au fur et à mesure du développement de l’intrigue devient de plus en plus envoûtant.

Mais il est dommage que subsistent quelques coquilles typographiques, que ne peut relever un logiciel de correction orthographique, parfois savoureuses telles que celle-ci :

Maribel gémit de plus en plus fort, sans se retenir et jouit d’un seul cou.

 

Pour se procurer cet ouvrage, rien de mieux que se rendre sur le site de l’éditeur en pointant le curseur de votre souris sur l’un des liens ci-dessous :

 

Philippe WARD : Comuna 13. Collection I Cal ana. Hors Série 77. Editions Rivière Blanche. Parution 1er mars 2021. 280 pages. 20,00€. Existe en version numérique : 4,99€.

ISBN : 978-1-64932-053-7

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17 mars 2021 3 17 /03 /mars /2021 05:22

Ce n’était pas mieux avant, puisqu’aujourd’hui c’est pareil !

Mine ORANGE : Dominique et les enfants du soir.

Fils unique de riches commerçants drapiers, Dominique est un solitaire. Il ne manque de rien, il est couvert de cadeaux, mais il aimerait que ses parents s’occupent un peu plus souvent de lui, s’intéressent à lui.

Ils sont accaparés par leur travail et le soir ils sortent au restaurant ou au spectacle. Alors il est seul, comme abandonné. Heureusement, il possède en Julot un ami. Un cheval avec lequel il aime parcourir le bois non loin de chez lui, dans les quartiers chics de la capitale.

Nichée dans les bois, à l’écart de tous promeneurs, une résidence quelque peu rococo se dresse dans un immense parc. C’est la propriété de la femme péruvienne d’un oncle de ses parents qui s’est installé au Pérou. Cela fait déjà quelques années que l’oncle Léon ne donne plus de ses nouvelles. Dominique a récupéré les clés de la villa Czozcco (ancienne appellation de Cuzco), une demeure qui recèle des trésors. Ses parents voudraient en hériter pour la démolir et construire à la place une immense résidence panoramique.

Un jour Dominique découvre dans cette luxueuse villa à l’abandon, une jeune fille de son âge réfugiée dans l’une des chambres. Sa figure est marbrée et elle a faim. Celle qui se surnomme la Reine d’Aubervilliers mais qui répond également au nom de Moucheronne, s’est enfuie de chez une vieille femme qui la battait. Elle aimerait bien que Dominique retrouve son frère, Aubervilliers-John, qui est devenu un voyou.

Dominique lui apporte quelques vivres puis, comme le soir il est seul, il décide de partir à la recherche d’Aubervilliers-John aux Halles. Les premiers contacts sont rugueux, mais lorsqu’il apprend que Dominique s’occupe de sa sœur, le jeune voyou devient plus conciliant. Malgré tout il traîne une mauvaise réputation dans ce quartier surnommé le Ventre de Paris.

 

Dominique se fait un ami en la personne de Félix que les autres collégiens délaissent, à cause de sa couleur de peau : c’est un Noir. Mais si les préjugés sont tenaces, Félix démontrera qu’il vaut nettement mieux moralement que leurs condisciples.

Et c’est ainsi que Dominique, parfois accompagné de Félix, sillonnera le quartier des Halles, recueillant un vieux chien, Roitoutou, faisant la connaissance d’un joueur d’orgue de Barbarie, qui coïncidence se prénomme Léon comme son grand-oncle. A la demande de Moucheronne il logera des gamins des rues, des orphelins qui traînaillent à gauche et à droite, rejetés par tous. La villa Czozcco est transformée en refuge où s’épanouissent des enfants de toutes nationalités, et qui s’amusent avec les trésors confinés dans la demeure. Des singes et des perroquets empaillés, un théâtre de marionnettes…

Mais cela ne peut continuer ainsi car malgré toute la bonne volonté affichée par Dominique, Félix et Léon Brindezinc, il va falloir trouver une solution pour expliquer ce qui constitue un squat. Et surtout continuer à assurer leur subsistance.

 

Pétri de bonnes intentions, Dominique et les enfants du soir, navigue entre mièvrerie, mais à l’époque de la lecture (il y a plus de soixante ans) cela ne m’avait pas marqué, et une leçon d’altruisme. Ce roman dénonce également le racisme, car Félix est fils de roi africain, mais surtout d’un commerçant, roi du chocolat. Dédaigné à cause sa couleur de peau, il est ensuite considéré comme un enfant tout à fait remarquable par les parents de Dominique lorsqu’ils apprennent la condition sociale et financière de son jeune ami et de ses parents. Quant à Dominique il est considéré comme l’égal de l’Abbé Pierre, en recueillant des traumatisés de la rue.

Ce roman nous permet également de nous remémorer quelque peu l’ambiance des Halles, principalement le quartier des bouchers, et de ces restaurants fréquentés par ceux qui étaient surnommés à juste titre les Forts des Halles, et par les bourgeois venus déguster les plats mais qui étaient servis à l’étage. Une forme de discrimination.

A part les Halles qui n’existent plus, l’intrigue de ce roman pourrait se dérouler de nos jours. Outre les enfants laissés à l’abandon dans la rue, on peut également signaler l’appât du gain avec la démolition envisagée d’un domaine remarquable pour construire à la place des immeubles de prestige.

Mine ORANGE : Dominique et les enfants du soir. Collection Idéal-Bibliothèque N°146. Editions Hachette. Parution 1er trimestre 1958. 192 pages.

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