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6 janvier 2021 3 06 /01 /janvier /2021 05:29

Hommage à Claude Bolling, décédé le 30 décembre 2020.

Claude BOLLING et Jean-Pierre DAUBRESSE. Bolling Story.

Le Magnifique, Borsalino & Co, Flic Story, Trois hommes à abattre, La ballade des Dalton, Les Brigades du Tigre, autant de musiques de film et de dessins animés ou de séries télévisées qui trottinent dans les oreilles sans être pour cela cinéphile. Autant de morceaux composés et interprétés par Claude Bolling et qui sont indissociables des films précités, à se demander si ce sont les airs qui ont forgé les succès cinématographiques, ou le contraire.

Né à Cannes le 10 avril 1930, son père y tenait un hôtel, le jeune Claude Bolling, son vrai nom, commença son éducation musicale à l’instigation de sa grand-mère maternelle. Pourtant il avait une prédisposition naturelle pour le dessin et l’assemblage de maquettes dont il construisait les pièces.

A douze ans, le jeune Claude « infligeait à tous les claviers qui [lui] passaient sous la main, au grand étonnement des adultes devant le petit garçon qui jouait du jazz » son interprétation de Saint-Louis Blues, empruntée à un pianiste en vogue à l’époque, Charlie Kunz, grand pontife des pianos bar.

Jusqu’au jour où l’un de ses proches lui dit : « Tu sais, le jazz ce n’est pas ça. Le VRAI jazz, c’est Fats Waller ». Pourtant, c’est entendant sur un phonographe à manivelle un 78 tour de Duke Ellington, Black and Tan Fantasy et Créole Love Call datant de 1927, qu’il ressentit ses premiers émois de futur musicien et compositeur. Duke Ellington qui après être un mythe devint son modèle et son maître.

C’est en remarquant une affiche annonçant le Tournoi des amateurs du Hot Club de France que le destin va basculer. Il n’a que quatorze ans, compose un peu et dispose déjà de solides connaissances musicales. Charles Delaunay qui l’entend interpréter un morceau de sa composition, décide de le programmer, et c’est devant un public enthousiaste qu’il obtient un franc succès et les encouragements du jury.

Comme il ne maîtrise pas complètement les subtilités des accords de septième, il est recalé au concours d’entrée à la SACEM. Claude travaille avec opiniâtreté et l’année d’après il remporte ce tournoi des amateurs du H.C.F. devant des candidats adultes dont Eddy Barclay, repasse le concours d’entré à la SACEM et en devient à quinze ans le plus jeune sociétaire.

Mais, infatigable, il ne s’arrête pas là. Il participe à des jam-sessions avec les vedettes de l’époque, les frères Fol, Claude Abadie, Claude Luter et Boris Vian. Pendant un certain temps il fait partie du groupe de Claude Luter, mais bientôt leurs chemins se séparent, pour incompatibilité musicale, ce qui ne les a pas empêchés de conserver une solide amitié.

Lorsque des pianistes prestigieux se produisent à Paris, Claude se renseigne auprès d’eux afin de s’imprégner de leurs techniques musicales. C’est ainsi qu’il s’améliore au contact de Errol Gardner, de Willy « the Lion » Smith et quelques autres, tout en gardant une préférence pour Duke Ellington.

Tout s’enchaîne très vite. Disques qu’il enregistre dans différentes formations en trio ou en grand orchestre, accompagnant des musiciens renommés : Guy Lafitte, Albert Nicholas, Roy Elridge, Lionel Hampton, Bill Coleman, Cat Anderson et même Coleman Hawkins, composant de très nombreuses musiques de film, et la création d’un groupe devenu mythique de la fin des années 60 début 70, Les Parisiennes.

Seulement comme Claude Bolling accompagne aussi des chanteurs de variété, dans des salles comme L’Alhambra, salle aujourd’hui disparue, Zizi Jeanmaire, Petula Clark, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Dario Moreno, puis plus tard Brigitte Bardot, qu’il sacrifie à la mode en enregistrant des disques de Madison ou de Bossa Nova, du classique aussi avec le Jazz Gang Amadeus Mozart (l’Air de Chérubin extrait des Noces de Figaro ou le Rondo de la Marche Turque, La petite sonate de nuit…), en véritable touche-à-touche virtuose, il est rejeté par certains puristes du Jazz qui le considèrent en dehors du sérail.

Je ne voudrais pas trop déflorer ce livre de souvenirs, vous laissant le plaisir de la découverte, mais je tiens toutefois à remarquer que Claude Bolling est l’un des rares musiciens qui garde sa sympathie à Milton « Mezz » Mezzrow, clarinettiste décrié par l’intelligentsia jazzistique, apportant un éclairage sur les quelques couacs lors de ses prestations en sa fin de carrière.

Un livre intéressant à tous points de vue et qui mérite de figurer en bonne place près de vos disques favoris.

Claude BOLLING et Jean-Pierre DAUBRESSE. Bolling Story. Avant-propos d’Alain Delon. Editions Alphée/Jean-Paul Bertrand. Parution janvier 2008. 334 pages.

ISBN : 9782753802728

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13 décembre 2020 7 13 /12 /décembre /2020 08:18

Une ambiance onirique ?

Christine BINI : Le marbre et la brume. L’univers littéraire de Georges-Olivier Châteaureynaud.

Connu pour ses très nombreuses nouvelles mais également pour ses romans comme L’autre rive, son dernier en date paru chez Grasset, réédité au Livre de Poche, Georges-Olivier Châteaureynaud est un auteur à part, émargeant à la chapelle littéraire initiée par Frédérik Tristan : la Nouvelle Fiction. Parmi les membres de ce groupe littéraire on peut signaler Hubert Haddad et Francis Berthelot et quelques autres.

Après une introduction présentant la genèse de cette mouvance et ses membres, Christine Bini s’attache à décortiquer l’univers littéraire de Georges-Olivier Châteaureynaud, un univers découpé en six territoires : L’enfance et la famille, La ville et le pavillon, La mort, les morts, les âmes et l’au-delà, Le monde littéraire, Le fantastique, et enfin L’humain. Parmi ces six chapitres je n’en retiendrai que deux : L’enfance et la famille et Le fantastique.

Dans le premier, Christine Bini met l’accent sur la présence récurrente d’un enfant, la plupart du temps un garçon roux, dont l’enfance est perturbée par la non présence du père intermittent ou parti définitivement. Une non-présence souvent due aux vicissitudes de la guerre et à la propension de délaisser le foyer conjugal. Quant à la mère qui vit seule, nerveusement fragile, elle travaille souvent au service comptabilité dans une usine de confection. La mère et l’enfant vivent chichement dans un petit appartement. Les comparaisons ne s’arrêtent pas là, car les noms des jeunes protagonistes renvoient souvent à l’auteur, d’une manière plus ou moins bien déguisée. Ainsi lorsqu’on s’appelle Châteaureynaud pourquoi appeler un personnage Manoir, et le prénom de Hugo dont la terminaison GO renvoie à Georges-Olivier.

Ce que je ne comprends pas, c’est que Christine Bini, après s’être acharnée à nous démontrer que tous les écrits, romans ou nouvelles empruntent largement à l’enfance de l’écrivain, déclare : Si l’œuvre est à ce point attachante, et importante, c’est bien parce qu’elle échappe au piège de la confession, qu’elle refuse de s’enfermer dans la peinture du quotidien, de s’engager dans l’impasse de l’autobiographie ou de l’autofiction, mais s’en remet à la fiction pure.

Le chapitre, ou plutôt selon la définition de Christine Bini le territoire, consacré au fantastique, nous plonge dans l’univers castelreynaldien qui se démarque du fantastique comme on le conçoit aujourd’hui avec les ouvrages de Stephen King et consorts.

Non, l’univers de G.-O. Châteaureynaud est beaucoup plus onirique, subtil, que l’on pourrait croire, apparenté au merveilleux des contes de fées. Très loin de Stephen King, comme le souligne Christine Bini, mais que j’assimilerais à l’univers des grands anciens qui jouaient sur un fantastique suggéré plus que visuel comme Camilla de Shéridan le Fanu, plus sur l’émotivité que sur la grandiloquence, comme La dame pâle, extrait La femme au collier de velours, les recueils des Mille et un fantôme ou encore Le château d’Epstein attribués à Alexandre Dumas mais dont l’apport de Gérard de Nerval n’est pas négligeable.

Christine Bini, dans cette exploration de l’univers castelreynaldien, nous offre une balade, et une ballade, qui donne envie de lire ou de relire, peut-être avec des yeux neufs, l’œuvre de Georges-Olivier Châteaureynaud et d’en découvrir les pans cachés. Un auteur attachant en marge des courants et qui construit texte après texte, une œuvre singulière et personnelle. En complément de son analyse, Christine Bini propose également un répertoire des personnages ainsi que celui des lieux. Bref un essai transformé.

Christine BINI : Le marbre et la brume. L’univers littéraire de Georges-Olivier Châteaureynaud. Editions Alphée. Parution le 11 mars 2010. 280 pages.

ISBN : 978-2753805491

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14 novembre 2020 6 14 /11 /novembre /2020 05:04

Hommage à Joseph Altairac, décédé le 9 novembre 2020.

Joseph ALTAIRAC : H.G. Wells ; parcours d’une œuvre.

Si le nom de Herbert George Wells perdure en littérature et surtout dans le domaine de la science-fiction, grâce à des titres tels que La Guerre des Monde, La Machine à explorer le temps, L’Homme invisible ou encore L’île du docteur Moreau, ne citer que ces romans serait réducteur et dévaloriserait l’homme et son œuvre littéraire. 

Pourtant, ce sont bien ces romans qui lui assurent de nos jours le titre de père de la science-fiction et lui confèrent une aura qui brille toujours. Mais outre cette vision parfois pessimiste de l’Humanité, H.G. Wells se préoccupe, tout comme Dickens, de l’Humain et du côté social dans lequel celui-ci vit. Il dénonce souvent le triste sort réservé à bien des membres de la classe moyenne inférieure. Et il se livre souvent à une impitoyable critique des mœurs sociales et économiques de son temps.

C’est ce que Joseph Altairac écrit dans son analyse de l’Histoire de M. Polly, charmant roman sensible et très souvent humoristique. Car Wells, comme précisé plus haut, n’a pas écrit que des ouvrages de science-fiction, mais aussi des romans et des nouvelles dans lesquels il met en scène des ouvriers, des employés, des boutiquiers n’ayant eu accès qu’à une éducation sommaire et qui constituent ce qu’en Grande-Bretagne on appelle la classe moyenne inférieure ou Low-middle-class.

Wells a toute sa vie dénoncé les injustices qui l’accablent et entravent son émancipation. Pour lui, l’état dans lequel sont laissés les membres de cette classe conduit à un scandaleux gâchis humain. Il est lui-même parvenu, au prix de quelles difficultés, à s’épanouir intellectuellement et socialement grâce à l’éducation, mais cette opportunité exceptionnelle est refusée au plus grand nombre.

Si Joseph Altairac souligne cette forme proche du paupérisme, c’est bien parce que Wells l’a lui-même vécue dans son enfance. Mais pour autant le romancier qui s’érige quelque peu comme le porte-parole de sa classe, n’en sort pas aigri. C’est un utopiste, un réformateur, qui ne sombre pas dans la mélancolie, dans le misérabilisme, dans le pathétique, et garde toujours une forme d’optimisme, même si cela ne se traduit pas toujours dans ses romans, et surtout d’un ton humoristique qui parfois l’a desservi, surtout auprès des critiques comme dans Les Premiers hommes dans la Lune.

 

Au sommaire de cet ouvrage qui permet de mieux connaître Herbert-George Wells et sa production littéraire, Joseph Altairac nous offre une introduction avec quelques dates significatives qui tournent plus ou moins autour de l’œuvre wellsienne et offrent des repères. Ensuite la partie biographique, enrichissante, intitulée De l’apprenti drapier au prophète moderne et De la science-fiction au réformisme social, cette seconde partie étant conséquente car elle apporte un éclairage sur certains romans de science-fiction ainsi que ses romans sociaux.

Puis il s’agit d’établir le rapport entre Wells et la France, au travers des critiques sur celui qui fut surnommé le Jules Verne anglais. Les romans scientifiques furent tout de suite adoptés, avec admiration, mais les romans sociaux restent au second plan.

Enfin la Bibliographie exhaustive comprenant pas moins de 227 titres, nouvelles publiées séparément, et dont certaines ont été reprises en recueils, et romans, commentée, même ceux qui n’ont pas été traduits en France et il y en a beaucoup. Avec le recensement des titres en anglais, la ou les dates des parutions et les éditions, britanniques et françaises.

Pour terminer, un index des titres, la bibliographie critique, les adaptations au cinéma, à la télévision et à la radio, et la chronologie de Wells.

 

Un véritable travail de bénédictin exigeant réalisé par un enthousiaste qui savait faire partager son savoir et sa passion, avec la complicité de quelques amis : Alfu, Jean-Luc Buard, I.F. Clarke, Daniel Compère, Gérard Klein, Simon Lequeux et Jean-Jacques Schleret.

Un livre qui devrait intéresser tous ceux qui lisent avec plaisir de la science-fiction, mais pas que, et désirent en connaître davantage sur l’homme, son œuvre et l’époque durant laquelle il a vécu.

 

Quelques ouvrages chroniqués sur le blog :

Pour vous procurer cet ouvrage, une adresse :

Joseph ALTAIRAC : H.G. Wells ; parcours d’une œuvre. Collection Références N°7. Editions Encrage. Parution avril 1998. 208 pages. 10,00€.

ISBN 2-906389-88-9

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 03:42

Dans l’univers de Crosby, Still, Nash et Young, mais pas que…

Barney HOSKYNS : Hôtel California. Les années Folk-Rock 1965-1980.

Si les mots “ Hôtel California ” résonnent encore à nos oreilles, même à celles des plus jeunes, c’est qu’ils nous renvoient à un tube de la fin des années 1970, interprété par les Eagles, groupe californien de renommée mondiale. Et si le titre de ce document emprunte ce titre, ce n’est ni par hasard, ni fortuit.

En effet Barney Hoskyns nous propose une ballade longue d’une quinzaine d’années dans les méandres des rues de Los Angeles principalement au Troubadour, café club qui accueillait les artistes débutants ou confirmés, d’Hollywood, la Mecque du cinéma qui deviendra celle des musiciens et des maisons de disques, et des canyons environnants dont le Laurel Canyon qui abrita la plupart de ceux qui revendiquaient une contre-culture.

Mais la musique n’était pas leur seule raison d’être. La drogue, l’alcool et le sexe s’y côtoyaient dans une euphorie générale qui souvent générait dépression, asthénie chez ces hommes et ces femmes qui se retrouvaient les uns chez les autres, des réunions qui généraient rapprochement ou jalousie. Des hommes et des femmes, issus de milieux différents, d’états souvent éloignés, quittant la Côte Est ou le Sud des Etats-Unis, le Canada aussi, désireux de se faire un nom, de trouver le Graal, comme leurs ancêtres avaient quitté leurs terres plus d’un siècle auparavant happés par le mirage de l’or.

La carcasse de ce livre est composée principalement de deux figures marquantes David Crosby et David Geffen. Le premier musicien et le second producteur. Autour d’eux gravitent des figures marquantes de ces années : d’abord Stephen Still, Graham Nash et Neil Young. Ces quatre noms associés vous rappellent quelque chose évidemment. Eh oui, Crosby, Still, Nash et Young, groupe mythique des années 70.

Mais auparavant, au milieu des années 60, alors que les Beatles inondaient la planète de leurs tubes et révolutionnaient quelque peu la mentalité musicale des Etats-Unis, Crosby avait participé à l’aventure des Byrds. Dans leur sillage, leur sillon discographique devrais-je écrire, on retrouve Les Turtles, The Papas and The Mamas, Joni Mitchell, Linda Ronstadt, Les Rolling Stones, Creedence Clearwater Revival, Jefferson Airplane, Bob Dylan, Franck Zappa, Les Beach Boys, les Beatles, Jimmy Hendrix, dans une déferlante de musique folk, country, rock.

Un livre qui nous plonge dans l’effervescence musicale californienne des années 60, 70 et malgré quelques passages parfois un peu confus, on fait le tour d’un triangle dont les angles sont constitués par le sexe, la drogue et la musique, dans le désordre. L’amour, l’amitié liaient tous ces musiciens mais aussi la jalousie, l’inimitié, selon le succès remporté par les uns, les amours des autres, les faiblesses, les défonces, tout ce qui peut régir une communauté parfois bâtie de bric et de broc. A conseiller à tous ceux qui s’intéressent à la musique mais également à une époque charnière sociale des Etats-Unis.

Barney HOSKYNS : Hôtel California. Les années Folk-Rock 1965-1980. Editions du Castor Astral, collection Castor Music. Parution novembre 2008. 320 pages.

ISBN : 9782859207793

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21 septembre 2020 1 21 /09 /septembre /2020 04:38

Le 18 septembre 1970, disparaissait Jimi Hendrix. Sa guitare et sa voix vibrent encore dans nos oreilles.

Régis CANSELIER : Jimi Hendrix, le rêve inachevé.

L’image qui restera à jamais attachée à Jimi Hendrix, ce sera celle d’un musicien jouant de la guitare avec ses dents. Image réductrice mais oh combien prégnante, parmi d’autres.

Si l’ouvrage de Stéphane Koechlin Blues pour Jimi Hendrix narrait la vie de l’artiste en parallèle de celle de son fan Yazid Manou, Régis Canselier nous invite à mieux découvrir l’œuvre de ce musicien à travers des enregistrements d’époque et ceux qui en sont le prolongement parfois anarchique. Le lecteur ne doit pas s’attendre à lire une biographie voyeuriste sur la vie privée du musicien, mais il possèdera entre les mains un ouvrage sérieux, documenté, passionnant consacré à un phénomène musical dont les enregistrements du temps de son vivant sont relativement rares, tandis que son aura ne fléchissant pas les albums suivants font florès, pirates officiels ou non, remix de bouts de chandelles qui n’apportent rien aux exégètes et aux véritables fans.

Régis Canselier débute son ouvrage par les trois singles londoniens, et la découverte de Jimi Hendrix par Linda Keith (mannequin anglais qui sortait alors avec Keith Richards des Rolling Stones) qui persuade Chas Chandler, qui jouait comme bassiste dans le groupe des Animals mais avait décidé de se tourner vers la production, d’aller écouter le guitariste. Chandler est séduit par le jeu de ce musicien alors que d’autres managers dont celui des Stones n’avaient pas été convaincus.

C’est ainsi que débute la carrière fulgurante et trop tôt interrompue de Jimi Hendrix.

Cet ouvrage ne s’adresse pas particulièrement à une élite de musicologues mais à tout amateur curieux, désireux de connaître les dessous d’une carrière avec tous les aléas qui en découlent, l’envers du décor de la scène, les séances d’enregistrements en studio, les concerts, les galères diverses qu’il faut surmonter, les vrais et les faux amis, la vie des disques après la mort de l’interprète, de l’artiste, le piratage autorisé et ceux qui sont édités dans la plus grande anarchie, les chacals qui se déchirent un héritage qu’ils se sont appropriés, les financiers qui ne pensent qu’à écouter le cri du dollar dans leur portefeuille.

Cet ouvrage fourmille de détails, d’exemples, de références, d’instants prélevés enchaînés comme un diaporama musical. L’œuvre de Jimi Hendrix est mise à nu, décortiquée, avec passion, sensibilité et rigueur.

Ainsi penchons un peu sur la description de sa prestation télévisée du 4 janvier 1969 dans le cadre de l’émission « Happening for Lulu ». Il arrête l’interprétation de son premier morceau, Hey Joe, déclarant qu’il « aimerait arrêter de jouer cette merde et dédier cette chanson à Cream » groupe qui venait de se séparer officiellement. Mais c’est lors de l’interprétation du cinquième morceau Little Wing que se produit un léger incident qui a peut-être échappé à beaucoup d’auditeurs. Bien que sa Stratocaster soit légèrement désaccordée, Hendrix nous offre avec l’introduction de Little Wing un moment de pur lyrisme.

Jimi Hendrix, le rêve inachevé est donc accessible à tous ceux qui aiment la musique issue du blues, et point n’est besoin pour cela de connaître le solfège mais d’avoir l’oreille accueillante.

Un vrai bonheur de lecture qui peut se faire accompagner par l’écoute de disques originaux ou des éditions ultérieures pirates, officielles, qui sont recensées en fin de volume. Sont recensées également une bibliographie, la liste des concerts, un répertoire de ses morceaux, et figurent les reproductions en couleur des pochettes de disques, dans un cahier en fin d’ouvrage.

Régis CANSELIER : Jimi Hendrix, le rêve inachevé. Collection Formes. Editions Le Mot et le Reste. Parution Mai 2010. 464 pages. 26,00€.

ISBN : 9782360540150

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30 août 2020 7 30 /08 /août /2020 07:43

Petite Fleur, Les oignons, Dans les rues d’Antibes… autant de succès à créditer à l’actif de Sidney Bechet, et qui trottinent toujours dans la tête de ceux qui ont été élevés dans l’ambiance radiophonique d’après-guerre.

Daniel-Sidney BECHET : Sidney Bechet, mon père.

Mais ces titres, ces interprétations divisent toujours les spécialistes du jazz. Cette période de création, quasi exclusivement française, est-elle à ranger au point de crête de cet instrumentiste ou à classer dans les soupes commerciales ?

Selon son premier admirateur qui a très bien connu l’homme et le musicien sur la fin de sa vie, Daniel-Sidney Bechet son fils, et cette période féconde et fastueuse qui dura dix ans de 1949 à 1959, ces morceaux « appartiennent au patrimoine français. Ces morceaux existent dans la mémoire collective et les jeunes générations réagissent favorablement. C’est comme l’accordéon musette ou les chansons d’Edith Piaf ».

Des succès énormes, repris par bon nombre d’instrumentistes, de groupes, d’interprètes, qui ont peut-être donné une impression de facilité.

Le premier disque d’or fut remis pour Petite Fleur. Autant de bonnes ou mauvaises raisons pour hurler avec les loups ? Daniel Bechet écrit encore : « J’ai rencontré des spécialistes du jazz traditionnel qui n’aimaient pas Bechet parce qu’ils ne supportaient pas le soprano. D’autres m’ont dit : Ton père était un génie, mais dommage qu’il ne soit pas resté à la clarinette ! J’ai entendu dire qu’il bêlait comme une chèvre avec son soprano, et que son vibrato était vulgaire. J’en ai entendu d’autres s’enthousiasmer sur les disques américains de mon père, les New-Orleans Feetwarmers, comme ils disent avec importance, et vouloir jeter tous les disques français à la poubelle ! C’est étonnant ! J’ai remarqué aussi que c’était toujours les musiciens les plus médiocres qui donnaient des avis aussi sévères ».

La messe est dite, la jalousie fera toujours « jaser ».

De la naissance de son père à La Nouvelle-Orléans le 14 mai 1897, et même avant, jusqu’à son décès en 1959, le jour où il devait fêter son anniversaire, Daniel Bechet retrace la carrière de celui qui fut un précurseur et un interprète magistral.

Souvent avec pudeur, parfois avec cet enthousiasme juvénile et filial que l’on ne saura lui reprocher, il relate les débuts de cette carrière qui s’accomplit en dents de scie, avec des moments privilégiés comme en ce jour de l’été 1919 lorsque Sidney Bechet joua à Londres devant le roi George V d’Angleterre et la reine Mary. Ce qui, pour la petite histoire, engendrera la parution du premier article écrit sur le jazz par le chef d’orchestre de musique classique Ernest Ansermet qui assista à plusieurs reprises aux prestations du quintet de Will Marion Cook, formation à laquelle appartenait le jeune clarinettiste.

Mais il y eut l’épisode désastreux de fin 1928, à Paris, une rixe qui opposa Bechet à un jeune banjoïste Mike McKendrik et dont l’origine peut être imputée à une histoire banale de fille, ou à une histoire de racisme.

Né au début des années cinquante, Daniel Bechet n’a pas vécu tous les épisodes décrits, mais il s’appuie sur des témoignages fiables de compagnons de route de son père. Ce qui apporte non seulement un éclairage nouveau mais donne une force, une tonicité, une authenticité, une pudeur, une réserve dans certains cas, au récit, que l’on ne retrouve pas dans les dictionnaires et certains ouvrages consacrés au jazz.

Daniel Bechet va au-delà des années soixante, intégrant sa jeunesse puis son parcours de musicien, les drames familiaux et épisodes malheureux vécus de l’intérieur, ses relations avec sa mère, avec d’autres musiciens, sur le jazz et autres considérations qui ne manquent pas d’intérêt et de sel.

Cet ouvrage, passionnant comme un roman policier et qui comporte de nombreuses photos inédites, a été écrit avec la complicité de Fabrice Zammarchi, musicien lui-même jouant des mêmes instruments que Sidney Bechet et auteur de biographies, dont dernièrement : Claude Luter, Saint-Germain Dance.

Daniel-Sidney BECHET : Sidney Bechet, mon père. Editions Alphée/Jean-Paul Bertrand. Parution 13 novembre 2009. 234 pages.

ISBN : 978-2753805187

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13 juin 2020 6 13 /06 /juin /2020 03:44

Hommage à Benny Goodman décédé le 13 juin 1986.

Jean-Pierre JACKSON : Benny Goodman.

S’il ne fallait garder en mémoire qu’un seul fait marquant dans la carrière de musicien de Benny Goodman, ce serait incontestablement celui-ci : Benny Goodman fut le premier à intégrer des Noirs dans ses formations de Jazz se produisant en public.

Il avait déjà à son actif des enregistrements mixtes puisque le 24 novembre 1933 il participait au dernier enregistrement de la chanteuse Bessie Smith et trois jours plus tard il invitait en studio une jeune interprète de dix-huit ans : c’était la première prestation discographique de Billie Holiday. Le 2 juillet 1935 invité par Teddy Wilson il participe à une séance en compagnie de Ben Webster, Roy Elridge, John Trueheart, John Kirby et Cozy Cole afin d’accompagner à nouveau Billie Holiday pour une séance d’enregistrement de trois titres. Il est le seul blanc de cette formation.

Mais c’est un plus tard qu’il enfreindra, avec la complicité du batteur Gene Krupa et de John Hammond directeur artistique chez Columbia, cette loi raciale pour ne pas dire raciste qui stipulait que Noirs et Blancs ne pouvaient se produire sur scène ensemble. Au premier trimestre 1936 le Rhythm Club de Chicago désire engager les trois musiciens, c’est-à-dire Benny Goodman, Gene Krupa et Ted Wilson. Aussi Ted Wilson se produit d’abord seul sur scène, et bientôt Benny et Gene le rejoignent brisant un tabou et enfonçant un premier coin dans le racisme.

Mais Benny Goodman innove également en étant le premier musicien de jazz à se produire au Carnegie Hall, le temple de la musique classique. Benny Goodman est un musicien éclectique et par ailleurs il enregistrera en 1965 sous la direction d’Igor Stravinsky Ebony Concerto écrit par Woody Herman. Mais ce n’était pas sa première incursion dans le domaine classique puisqu’il enregistra dès 1956 le Concerto pour clarinette de Mozart en compagnie du Boston Symphony Orchestra sous la direction de Charles Munch et quelques autres plages dont le Concerto pour clarinette n°1 de Weber avec l’orchestre symphonique de Chicago sous la direction de Jean Martinon, et bien avant, en 1939, un concert au Carnegie Contrastes pour violon, clarinette et piano, une partition de Bartók, avec au piano Béla Bartók lui-même et au violon Joseph Szigeti.

Né le 30 mai 1909 d’un couple d’exilés hongrois juifs de Varsovie, le jeune Benjamin David bénéficie de leçons de musique gratuites. Son père, tailleur dans une fabrique fréquentait assidument la synagogue de Baltimore qui offrait aux jeunes garçons une formation à l’orchestre de la synagogue, profite de l’occasion pour l’inscrire lui et ses frères Harry et Freddy, d’autant que les instruments sont loués à bas prix. Benny est fasciné par la clarinette et devant les progrès de celui qui sera surnommé plus tard King of Swing, terme qu’il n’apprécie que modérément car il sait combien cette distinction peut-être fugace, il bénéficie de cours payants auprès du vénérable professeur Franz Schoepp, qui avait déjà formé notamment Jimmy Noone.

A douze ans il gagne son premier cachet, cinq dollars, alors que son père en gagne vingt par semaine. En 1923 il gagne quarante-huit dollars en se produisant quatre soirs par semaine au Guyon’s Paradise. Dès son premier cachet le jeune Benny avait décidé que la musique serait son métier et qu’il sortirait ses parents de la misère.

Sa réputation grandit rapidement et il deviendra l’un des grands noms du jazz d’avant-guerre soit en étant à la tête de grands orchestres ou de petites formations, genre quartet ou sextet. Mais ce sera avec les petites formations qu’il sera le plus à l’aise notamment son association avec Gene Krupa à la batterie, Ted Wilson au piano et Lionel Hampton au vibraphone.

Il donna également leur chance à de nombreux musiciens qui graveront leur nom au fronton du Jazz, comme Charlie Christian, Wardell Gray ou encore Stan Hasselgard, lesquels décédèrent tous malheureusement jeunes, le premier de tuberculose, le deuxième d’un accident de voiture et le dernier assassiné. Après guerre Benny Goodman, qui ne s’adapte pas au Be-bop, connait une période de latence mais grâce à sa foi en la musique il rebondit et enchaine les tournées principalement en Europe, malgré des problèmes récurrents de sciatique.

Décrié par quelques pisse-froid, pas toujours reconnu à sa juste valeur par des mélomanes partiaux, Benny Goodman a marqué le jazz durant plus de soixante ans, enchainant les succès. Et Jean-Pierre Jackson fait œuvre pie en proposant ce premier ouvrage français consacré à ce grand instrumentiste, le seul d’ailleurs car si des ouvrages de références ont été écrits et publiés aux Etats-Unis, aucun n’a été traduit à ce jour.

Jean-Pierre Jackson s’attache à la jeunesse et à la carrière musicale du clarinettiste sans entrer dans la vie privée, mettant en avant ses qualités, les artistes qu’il a côtoyé, les concerts, tout ce qui se rapporte au monde musical.

Avec quelques belles pages sur ses relations avec les autres musiciens, pour lesquels il professait souvent admiration. Ainsi avec Ted Wilson dont il déclarait : « Teddy jouait parfaitement les morceaux en trio. C’est ce que nous pensions de lui… Un sacré bon musicien. Nous n’avons juste jamais pensé à lui comme étant un Noir ». Peut-être à cause de son origine juive, car il faut se souvenir que certains hôtels et bars du Sud des Etats-Unis arboraient des écriteaux signalant que ces établissements étaient « Interdits aux Noirs, aux Juifs et aux chiens ».

L’ouvrage est complété d’une chronologie, de repères discographiques et bibliographiques, d’un index des noms et d’un autre des titres cités.

Jean-Pierre JACKSON : Benny Goodman. Editions Actes Sud/Classica. Parution 3 novembre 2010. 152 pages.

ISBN : 978-2742795222

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11 juin 2020 4 11 /06 /juin /2020 03:25

Sous titrée “ Fleuve Noir Romantique ”, cette éphémère collection destinée aux femmes n’aura duré qu’un an.

TOURMENTES, une collection du Fleuve Noir.

 

Auparavant, le Fleuve Noir avait déjà proposé une collection destinée aux femmes, Présence des femmes, de janvier 1968 jusqu’en mars 1972, puis plus rien. La collection Tourmentes palliait donc un manque et fut créée à la même époque que Femme Viva, dont le ton était plus jeune, plus moderne, plus ancré dans la société contemporaine.

Tourmentes visait à concurrencer les séries sentimentales, principalement Harlequin ou J’ai Lu en puisant dans un vivier d’auteurs essentiellement anglo-saxons, dans le style de Barbara Cartland. Les dessins de couvertures (DOC. M.I.C.) reflètent cette tendance et ce style historique émotionnel.

Parmi les auteurs, William Edward Daniel Ross (16 novembre 1912-1er novembre 1995) né au Canada, se taille la part du lion avec pas moins de huit titres sous divers pseudonymes : Marilyn Ross, Clarissa Ross, W.E.D. Ross.

TOURMENTES, une collection du Fleuve Noir.

1 - Mc Evoy Marjorie : La dame noire (The queen of spades - 1975) trad. Jean Esch [nov-86]

2 - Warren Paulette : La dynastie Ganton (Brooding mansion - 1967) trad. Martine Joulié [nov-86]

3 - Mc Evoy Marjorie : Le château des rêves enfouis (No castle of dreams - 1960) trad. Annie Frézoulis [jan-87]

4 - Knight Alanna : Les sortilèges de Clodha (Castle Clodha - 1972) trad. Blandine Roques [jan-87]

5 - McCarthy Sears Ruth : Les sentinelles d'or (The golden sentinels - 1974) trad. Jean Esch [jan-87]

6 - La Tourette Jacqueline : La pierre de Joseph (The Joseph stone - 1971) trad. Bernard Blanc & Dominique Brotot [jan-87]

7 - Ross Marilyn : L'héritière du Mississipi (Desperate heiress - 1966) trad. Jean Esch [fév-87]

8 - Hayes Leal : La légende des highlands (Dark légend - 1973) trad. Claude Alvarez-Péreyre [fév-87]

9 - McCarthy Sears Ruth : Dans l'ombre de la tour (In the shadow of the tower - ) trad. Nadine Monnin [mar-87]

10 - Bond Evelyn : Les clameurs du passé (House of distant voices - ) trad. Francine Mondolini [mar-87]

11 - Ross Clarissa : Les soupirs de la nuit (Whispers in the night - 1970) trad. Blandine Roques [mai-87]

12 - Richard Susan : Les secrets de la maison Kendell (The secret of chateau Kendell - 1967) trad. Claude Hallerin [mai-87]

13 - Ruuth Mariane : Passion dans les ténèbres (Journey into fear - 1977) trad. Philippe Rouard [jun-87]

14 - Ross Marilyn : Le château d'émeraude (Shadow over emrald castle - 1975) trad. Jean Esch [jun-87]

15 - Hayes Leal : La sorcière de Bristol (The challoners of Bristol - ) trad. Laurence Lechaux [aoû-87]

16 - Ross Marilyn : L'héritage des Fenton ( - ) trad. [aoû-87]

17 - Ross W.E.D. : Les fantômes de Duncan Place () trad. [aoû-87]

18 - Brennan Alice : Le château des noirs mirages (Castle mirage - 1972) trad. Anne Sauvel [aoû-87]

19 - Knight Alanna : La malédiction des Winsley () trad. [sep-87]

20 - Thomsen Frieda : La seconde lady Cameron (The second lady Cameron - 1977) trad. Jean Esch [sep-87]

21 - Corby Jane : La maîtresse de Sky Towers () trad. [oct-87]

22 - Ross Clarissa : Les brumes de Blue Gables () trad. [oct-87]

23 - Graham Shannon : Dans l'ombre d'Hillerest () trad. [nov-87]

24 - Ross Marilyn : Prends garde, mon amour ! () trad. [nov-87]

25 - Ross W.E.D. : La symphonie des âmes mortes () trad. [déc-87]

26 - Kellier Elisabeth : La solitaire de Craigash (Nurse missing - 1981) trad. Martine Joulié [déc-87]

 

TOURMENTES, une collection du Fleuve Noir.

Cette fiche a été établie grâce à la complicité de mon ami Pierre Turpin et ses habituels complices, des chercheurs infatigables, sans lesquels bien des domaines de la littérature populaire resteraient inexplorés.

 

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29 mars 2020 7 29 /03 /mars /2020 03:58

Pour briller en société !

TSF JAZZ présente : Mais qui a tordu la trompette de Dizzy et autres histoires de jazz.

Dans cet ouvrage, composé par Bruno Costemalle, sont recensées près de soixante anecdotes concernant les musiciens et interprètes vocaux du Jazz, les secrets des coulisses, les inimitiés, car il y en eut, les petits-à-côtés amusants, les rivalités, les incidents qui changent un style, et combien d’autres.

Ainsi, dans l’anecdote éponyme, Mais qui a tordu la trompette de Dizzy ? Les coupables sont désignés, un duo de comiques Stump et Stumpy qui participent dans le même programme d’une émission de télévision. En s’amusant, ils chahutent et l’un d’eux chute sur la trompette qui se plie. Or, alors qu’il se met dans une colère noire, Dizzy Gillespie se rend compte que l’entaille provoquée par cette pliure rend le son émanant de son instrument atténué à cause de la fuite d’air. Conquis il en fera effectuer des répliques.

Les nombreux orchestres de jazz qui fleurirent dans les années 1930 et 1940, ces big bands harmonieux sur scène connurent souvent des dissensions dont pâtirent certains musiciens à cause de leurs jalousies, de leurs susceptibilités, mais qui surent rebondir. Ainsi entre Cab Calloway et Dizzy, qui était l’un des membres de la formation du célèbre chef d’orchestre et chanteur, la tension qui existait déjà fut portée à son paroxysme à cause d’un crachat envoyé par un autre musicien.

Ou entre Lionel Hampton et sa chanteuse Dinah Washington. Vexée par une répartie un peu vulgaire émise à son encontre, Dinah pointe son pistolet. Naturellement elle quitte Lionel Hampton et son orchestre et verra sa carrière s’envoler puisqu’elle sera engagée ailleurs avec un cachet multiplié par cinq. Ce genre d’incidents ne sont pas tous aussi révélateurs des tensions qui animaient ces interprètes, mais souvent débouchèrent sur des carrières qui n’étaient programmées au départ pour être aussi fructueuses.

Le jazz s’est largement exporté de par le monde, même jusqu’en Russie, ou plutôt dans l’ex-URSS, mais ce ne fut pas du goût de Staline. Le jazz, considéré comme le poison de la conscience des masses. Il enverra même en Sibérie des musiciens de jazz récalcitrants, ce qui n’empêchait pas les jeunes de préférer ce genre musical à la polka et à la valse. Et lorsque Khrouchtchev adoucit légèrement la censure, la mode est passée et c’est le rock’n’roll qui s’impose.

Fats Waller, dont la popularité était établie alors qu’il n’a que vingt et un ans, un soir, à la fin de son récital, sent le canon d’un calibre enfoncé dans son ventre qui était déjà proéminent. Il est emmené dans une limousine par quatre types patibulaires dans un immeuble d’une petite ville près de Chicago. On l’installe devant un piano alors qu’une fête bat son plein. Il est le « cadeau d’anniversaire » d’un certain Al Capone qui vient d’avoir vingt-sept ans.

Le jazz est une musique contestataire largement portée par les interprètes, vocaux ou instrumentistes, et la chanson la plus connue est probablement Strange Fruit de Billy Holiday en 1939, qui dénonce le lynchage des Noirs dans le Sud raciste. Mais il y en eut d’autres moins connues mais tout autant virulentes sinon plus.

Une petite dernière pour la route ? Les big bands, afin d’attirer l’attention du public, engagèrent des jeunes filles habillées de robes du soir jaunes moulantes chantant en solo. Parmi elles, en 1935, une jeune chanteuse de dix-sept ans qui fera par la suite une carrière internationale. Son nom : Ella Fitzgerald.

Une véritable mine d’historiettes tragi-comiques qui nous révèlent les dessous de cette forme musicale mais surtout que ceux qui en forgèrent la légende. Et que vous pourrez à profusion narrer à vous amis qui ne manqueront pas de s’étonner de votre culture musicale jazzique.

 

TSF JAZZ présente : Mais qui a tordu la trompette de Dizzy et autres histoires de jazz. Nova Editions. Parution octobre 2009. 144 pages.

ISBN : 9782360150007

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26 mars 2020 4 26 /03 /mars /2020 05:43

Hommage à Albert Uderzo, décédé le 24 mars 2020.

Philippe Cauvin et Alain Duchêne : UDERZO, L’intégrale. Volume 1 1941 – 1951.

Y’a-t-il une vie avant Astérix ?

Uderzo ? Personne ne l'ignore, cet homme est le créateur avec Goscinny du plus célèbre Gaulois de la planète…

Mais saviez-vous qu'Astérix est l'arbre qui cache la forêt ?

 

Avec Uderzo, l'Intégrale, Philippe Cauvin et Alain Duchêne, deux admirateurs de la première heure, nous dévoilent les multiples facettes de ce dessinateur hors pair, un autodidacte incroyablement doué.

Les auteurs ont accompli un travail considérable de recherche et de restauration des planches et illustrations. Avec la complicité du maître… qui préface l'album et leur a donné accès à ses propres archives ! Une mine de merveilles que les auteurs nous font découvrir avec ce premier volume consacré aux œuvres de la décennie 1941-1951.

Flamberge, Clopinard, Clodo et son oie, Prince Rollin, Arys Buck, Belloy, Zidor, ou encore Superatomic « Z » sont autant de personnages qui alimentent les pages des nombreuses parutions de la décennie 1941-1951.

Avant de devenir le père d'Astérix, Albert Uderzo a aussi approché le dessin animé, dessiné des brevets militaires et illustré les «chiens écrasés» de France-Dimanche et les romans noirs à épisodes de France-Soir, quotidien incontournable de l'époque.

 

Uderzo, l'Intégrale révèle une œuvre riche et plurielle, du dessin d’humour au réalisme en noir et blanc en passant par le « comics ». La maîtrise du trait et du mouvement est toujours impressionnante.

 

« LES INSTITUTIONS DANS LA BD, ÇA N’EXISTE PAS. CE SONT LES LECTEURS QUI FONT LE SUCCÈS. C’EST AUSSI SIMPLE QUE ÇA ! »

 

Albert Uderzo (Introduction à l’Intégrale 1941-1951) :

C’est un événement majeur pour le 9e art : L’Intégrale Uderzo, réalisée avec sa participation, réunit enfin toutes les planches introuvables de ce géant de la bande dessinée. Une œuvre immense, extrêmement variée et bien souvent méconnue ! 1941-1951sont celles des débuts :

424 pages de pur bonheur graphique et de trouvailles, qui donnent déjà toute la mesure du génie d’Uderzo.

 

À découvrir en version intégrale, tous les dessins, séries et albums de 1941 à 1951 :

• Dessins d’enfance et de ses débuts pendant la guerre, illustrations au service militaire…

• Les premières séries de presse pour la jeunesse : Flamberge gentilhomme gascon, Clopinard le dernier des grognards, vagabond espiègle et son acolyte Grogui, à l’allure déjà « enveloppée », Les aventures de Clodo et son Oie, strip cocasse à la française publié dans un quotidien, Zidore l’homme-macaque, version burlesque de Tarzan…

• Les séries d’aventure dans le magazine OK : Arys Buck et son épée magique, Le Prince Rollin, Belloy l’invulnérable, des comics signés Al Uderzo pour faire américain, qui regorgent d’action et d’humour, avec scènes de bagarres, duos de héros et jolies princesses à délivrer…

• La série Capitaine Marvel Junior pour le journal Bravo, et Superatomic Z pour 34 aventures…

• Les dessins de presse époustouflants pour France-Dimanche et France-Soir de la grande époque, où Uderzo illustre les faits divers et le Tour de France en bande dessinée. Albert Uderzo est un des dessinateurs vivants les plus connus dans le monde.

À 4 ans, sa maîtresse de maternelle repère son talent pour le dessin.

A 7 ans, il découvre sa vocation avec le Journal de Mickey.

À 14 ans, il publie son premier dessin.

En plus de 70 ans de carrière, Uderzo aura tout dessiné, dans tous les styles, tous les registres, avec un génie que lui reconnaissent des dessinateurs aussi variés que Pétillon, Moebius, Zep ou Gotlib, et le succès planétaire de la série Les aventures d’Astérix avec son complice Goscinny.

Publier l’intégrale d’une œuvre aussi vaste et variée, en partie dispersée, est un défi de taille. Philippe Cauvin et Alain Duchêne, deux spécialistes passionnés, ont parcouru toute l’Europe pour retrouver, rassembler, restaurer toutes les planches originales, les journaux, les albums, et publier les milliers de dessins nés du crayon magique d’Uderzo au fil du temps.

 

Philippe Cauvin et Alain Duchêne : UDERZO, L’intégrale. Volume 1 1941 – 1951. Editions Hors Collection. Parution 11 octobre 2012. 424 pages, format 290 x 290.

ISBN : 978-2258093928

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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