Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 février 2021 3 10 /02 /février /2021 05:33

Et dire que cet océan se nomme Pacifique !

Henri VERNES : L’Archipel de la terreur.

Depuis quelques temps, des avions et des navires disparaissent inexplicablement dans l’Océan Pacifique du côté de la Polynésie.

Le dernier en date est un Boeing d’Air-France qui devait rejoindre Papeete, avec comme pilote le commandant de bord Jules Renaud, surnommé Julot-le-Veinard pour voir échappé à moult reprises à des incidents et accidents qui auraient pu lui coûter la vie. Parmi les passagers, Bill Ballantine et la journaliste Sophia Paramount, qui sont attendus par Bob Morane. Attendus, pas vraiment car Sophia s’est imposée comme compagne de vol de Ballantine.

Alors que Bob Morane attend à l’aéroport, Ballantine se laisse aller mais bientôt l’inquiétude se fait sentir tout autant auprès du personnel volant que des voyageurs. L’avion est incontrôlable et bientôt se pose les flots, comme s’il s’agissait d’un hydravion. Un phénomène inexpliqué et inexplicable bientôt suivi d’autres manifestations. Ils se trouvent dans la région de l’Archipel de la terreur, qui porte bien son nom.

Morane, encouragé par un agent de la sécurité aérienne, décide alors de se porter au secours de cet avion en perdition, ayant appris que des événements similaires se sont produits auparavant. Il embarque à bord d’un navire de guerre, le Fulgur, qui se rend sur les lieux de la disparition. Mais arrivé en vue de la côte, une barrière invisible empêche le bâtiment d’aller plus loin. Morane prend place à bord d’un petit côtre dont le mât s’abat brutalement, fauché net.

Parvenu à l’îlot principal, Morane doit affronter des crabes géants et parvient à grimper jusqu’au volcan qui domine. En cours de route il remarque des sortes d’antennes érigées au dessus de la canopée et lorsqu’un orage éclate, il se rend compte qu’il s’agit de capteurs emmagasinant l’électricité de la foudre. Il descend dans le cône du volcan attiré par une lueur verdâtre et parvenu à un lacis de tunnels, il est confronté à des sortes d’insectes métalliques dont les yeux projettent des rayons. Revenu à l’air libre, des sortes de baudruches immenses le poursuivent, dégringolant la pente comme de vulgaires ballons de plage rouges. Il parvient à les éclater à l’aide d’une simple épingle de nourrice alors que toutes ses autres tentatives ont échoué. Enfin il retrouve la carlingue de l’avion ayant transporté son ami Ballantine mais ses ennuis ne sont pas terminés. Les sauterelles métalliques et des ballons similaires à ceux qu’il a crevés se manifestent à nouveau puis des hommes en haillons l’entourent. Ils sont visiblement hypnotisés et le font prisonnier.

 

Louvoyant fortement vers le fantastique lovecraftien, ce roman d’aventures est pratiquement mené tambour battant par Bob Morane, lequel porte presque à bout de bras cette aventure que l’on pourrait qualifier de rocambolesque. Ballantine et Sophia Paramount se contentant d’épisodes ponctuels, placés en début et en fin de roman principalement. Tout repose donc sur les nombreuses péripéties subies par Morane qui parfois frôle les catastrophes.

Les baudruches géantes, légères et pourtant exerçant une force incroyable, ayant un diamètre de deux mètres, bondissant et rebondissant comme des balles, me font penser à cet énorme ballon blanc dit Ballon gardien ou le Rôdeur, qui figurait dans la série télévisée Le Prisonnier de Georges Markstein et Patrick McGooham, série emblématique de la fin des années 1960, qui alliait science-fiction et espionnage sous forme de dystopie, d’allégorie et de contre-culture.

Peut-être Henri Vernes s’est-il inspiré de cette image qui a longtemps marqué les esprits des téléspectateurs, ce fameux ballon venant de la mer et repoussant impitoyablement le Numéro 6 pour l’empêcher de s’évader. L’Archipel de la terreur figurant alors Le Village.

Henri VERNES : L’Archipel de la terreur. Les aventures de Bob Morane N°108. Pocket Marabout N°99. Editions Gérard and Co. Parution juillet 1971. 160 pages.

Partager cet article
Repost0
9 février 2021 2 09 /02 /février /2021 05:39

A remettre en lumière !

Samuel DHARMA : Le chemin d'ombres.

Depuis quelques temps, Londres et l'Angleterre sont en proie à des émeutes assez violentes organisées par des bandes de loubards. Aussi Marion Darras, une psychologue, apprécie-t-elle l'invitation lancée par quelques chercheurs d’assister à des expériences, en pleine campagne britannique. Une campagne réputée pour sa douceur de vivre.

Pourtant Marion va vite déchanter. D'abord à cause de l'ambiance qui peu à peu se dégrade. Ensuite sur le principe même des expériences qui se font sur des cobayes humains qu'elle a été amenée à côtoyer, à soigner. Enfin parce que parmi les participants de ce séminaire assez spécial, elle retrouve un homme qu'elle a aimé et dont elle n'avait plus de nouvelles depuis six ans.

Le principe de l'expérience est simple. A l'aide de narcotiques, d'électrochocs et d'ordinateurs, les chercheurs vont tenter de connecter les rêves des sujets sélectionnés. Des patients atteints de névroses dues à une enfance difficile. Si le but recherché est concluant, nul n'est capable d'imaginer les suites de cette connexion.

 

Avec Le chemin d'ombres Samuel Dharma stigmatise les expériences médicales dont le but, avoué ou non, est entre autre de permettre des applications militaires. Quoique cette possibilité ici n'est évoquée qu'en toile de fond. Il s'attache plus à analyser le comportement de Marion, la psychologue, mais surtout à introduire une connotation fantastique jouant sur le résultat de la connexion des subconscients des trois patients.

Comme si Dharma, partant d'une idée, l'a abandonnée en cours de route pour en exploiter une autre, plus axée sur le fantastique. Pourtant ce roman témoigne d'une maîtrise d'écriture, d'une recherche d'idées plus nettes, plus affirmées que dans ses précédents romans. Mais surtout il abandonne les scènes de violence, scènes inutiles et gratuites dans lesquelles il se complaisait.

Réédité sous le nom de Patrick ERIS dans une version revue, corrigée, et enrichie aux éditions Lokomodo. Parution janvier 2013. 256 pages. 6,50€.

Réédité sous le nom de Patrick ERIS dans une version revue, corrigée, et enrichie aux éditions Lokomodo. Parution janvier 2013. 256 pages. 6,50€.

Samuel DHARMA : Le chemin d'ombres. Collection Anticipation N°I666. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1989. 192 pages.

ISBN : 2-265-04037-1

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2020 2 15 /12 /décembre /2020 05:42

Un coup de barre ? Arès et ça repart…

Alain PARIS : Le dieu de la guerre.

1968.

Michael Anderson, un Américain qui fête ses vingt-quatre ans, fait partie des Long Range Reconnaissance Patrol, une troupe d’élite.

Il est déposé en pleine jungle cambodgienne, nanti d’antidépresseurs, d’amphétamines et d’un armement conséquent. Sa rencontre avec une patrouille de Nord-Vietnamiens se solde par quelques morts mais aussi par une fuite qui le fait trébucher dans un des pièges mortels disposés à dessein par l’ennemi.

Son réveil n’est pas aussi douloureux qu’il le présumait. Alors qu’il pensait se retrouver dans une geôle ou un hôpital vietnamien, son retour à la vie s’effectue dans un paysage qui lui est inconnu.

Une espèce de yéti l’engage à le suivre et c’est avec stupeur qu’il se voit convoqué par une étrange assemblée. Zeus, Aphrodite, Dionysos et quelques autres personnages composent cet aréopage incongru.

Onze des Dieux de l’Olympe, de la Grèce antique, lui proposent l’immortalité. En échange il doit retrouver Arès, le dieu de la guerre, et le ramener auprès de ses compagnons.

Mais Arès voyage dans le temps et participe à différents conflits. Le reproche qui lui est fait est d’en détourner le court logique. La mission de Michael Anderson n’est guère aisée.

Mais au fait, cette mission ne cache-t-elle pas un piège ? Et l’immortalité qu’on lui fait miroiter n’est-elle pas un leurre ?

 

Alain Paris, dont on n’aura pas oublié l’excellente décalogie consacrée au Seigneur des Runes, nous offre avec ce Dieu de la guerre un trop court roman, mi-fantastique, mi mythologique, qui aurait demandé à être plus dense, plus étoffé. Comme si Alain Paris était pressé de remettre son manuscrit à son éditeur qui l’avait déjà programmé.

Si l’épilogue laisse sur sa faim, on peut penser que Michael Anderson est en proie à des visions fournies par l’absorption des antidépresseurs et amphétamines, et qu’il se trouve dès lors dans une phase onirique.

Quoi qu’il en soit, ne boudons pas trop afin de ne pas gâcher notre plaisir !

Alain PARIS : Le dieu de la guerre. Collection Anticipation N°1671. Editions Fleuve Noir. Parution février 1989. 160 pages.

ISBN : 2-265-04051-7

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 03:24

Il ne faut pas oublier que pour anticiper certains événements, il faut savoir prendre du recul.

Emmanuelle et Benoît de SAINT CHAMAS : La 37e prophétie.

En ce mois de décembre, la Commanderie du Louvre est en effervescence. Les séides sont regroupés, venant du monde entier, ainsi que les stromillons de la Commanderie Europe. Il ne s’agit pas d’un rassemblement ordinaire et festif car l’heure est venue pour la trente-septième et dernière horloge de délivrer son secret. Le moment est grave. Les Chevaliers de l’Insolite vont découvrir la 37e et dernière prophétie de Michel de Nostredame, plus connu sous le nom de Nostradamus. Des prophéties inconnues du commun des mortels et qui n’ont pas été répertoriées. Une fois sortie du coffre-fort dans lequel elle était soigneusement mise à l’abri, cette prophétie cryptée n’augure rien de bon. En général ce sont des séides qui sont chargés de contrecarrer la prédiction et ils sont désignés par des Furolins, sorte de feu-follets. Or ces langues de feu après avoir voleter dans la salle se positionnent au dessus des têtes de Raphaël et Raphaëlle. Une première dans l’histoire de l’Organisation, car les jumeaux ne sont que stromillons, apprentis chevaliers, et théoriquement ne peuvent participer à des opérations de grande envergure qu’en compagnie et sous les ordres de séides. Mais il n’est pas question de mettre en cause la décision des Furolins, sauf si Raphaël et sa sœur refusent de réaliser la mission qui leur a été confiée, ne se sentant pas sûrs et prêts pour affronter un danger qui peut être fatal au monde.

Intrépides, les jumeaux acceptent cette responsabilité et ils s’entourent d’aides précieux tels leur parrain Tristan, leur ami Arthur et quelques autres. Le message est peu à peu déchiffré par un Alchimiste et il en appert qu’une sorte d’Apocalypse est en préparation. La date est fixée à la prochaine éclipse de lune soit dans une quinzaine de jours. Le temps tourne et pas forcément en leur faveur. Ils doivent annihiler le Margilin, un démon particulièrement vindicatif, connu depuis la nuit des temps sous les appellations de Prince Noir, voyageur des ténèbres, malestre aux mille visages, dont le but est de semer le chaos dans l’humanité, de dresser les hommes les uns contre les autres. Il existerait bien une solution, ou plutôt une arme pour le combattre et l’anéantir. Ce serait de posséder Ascalon, la lance dont s’était servi Saint-Georges pour se débarrasser du dragon, un démon. Cette lance est depuis longtemps perdue et l’idéal serait de remonter le temps pour la récupérer. L’idée est donc d’utiliser les portails d’outre-temps qui ont été découverts dans l’épisode précédent justement nommé Les Portails d’Outre-temps. Mais un nouvel inconvénient se dresse devant eux : il faut absolument arriver à la date adéquate.

Peut-être est-ce pour cela que Tristan emmène les jumeaux dans les entrailles de la Commanderie et leur montre enfin leur mère plongée dans un coma profond. Une révélation pour Raphaël et sa sœur qui croyaient depuis leur plus tendre enfance que leurs parents étaient morts dans un accident. Mais en ce qui concerne leur père, il n’y a pas eu de miracle selon Tristan. Mais un autre fait étonne nos jeunes stromillons qui accumulent des points afin d’être proclamés chevaliers. Aymeric, ami d’enfance de Raphaël a un comportement étrange. Il est devenu renfermé, inabordable, et possède une montre dont il refuse de dire la provenance.

Appartenir à l’Organisation ne délie pas les jumeaux des obligations scolaires et cela offre quelques scènes qui n’empruntent pas au fantastique. L’affectation de jeunes filles refusant tout contact avec des garçons jugés inférieurs à leur rang, de petites jalousies, ou au contraire l’intérêt porté par des groupies à quelqu’un qui a su trouver la parade. Et l’école des stromillons réserve elle aussi son lot de surprises, avec des professeurs apparemment revêches, acerbes, mais qui cachent sous des dehors austères un cœur d’or. Ou encore des recherches d’applications qui au premier abord n’offrent aucun intérêt mais se révèlent par la suite indispensables dans la réalisation de projets aventureux.

 

Ce troisième volet de Strom clôt les aventures des jumeaux et des Chevaliers de l’Insolite. Mais il est peut-être envisageable de supposer que d’autres péripéties les attendent et seront dévoilées aux lecteurs, car comme le déclare le Maëstrom, le grand-maître de l’organisation qui n’apparait qu’en hologramme et dissimulé dans un brouillard, Je ne crois pas aux fins définitives, car ce que l’on appelle fin n’est souvent que le début d’autre chose.

Comme dans les épisodes précédents de petits énigmes sont proposées aux apprentis chevaliers et donc à la sagacité des lecteurs, énigmes qui paraissent évidentes lorsque la solution est dévoilée. Et des aphorismes dignes de Lao Tseu s’adressent tout autant aux adolescents qu’aux adultes : Il faut deux ans pour apprendre à parler et toute une vie pour apprendre à se taire.

 

Emmanuelle et Benoît de SAINT CHAMAS : La 37e prophétie. Collection Strom N°3. Réédition Pocket Jeunesse. Parution 7 mai 2015. 336 pages. 6,95€.

ISBN : 978-2266258111

Partager cet article
Repost0
2 octobre 2020 5 02 /10 /octobre /2020 03:07

Enervant ces romans français aux titres en anglo-saxon !

Michel HONAKER : The Verb of Life.

Ce roman de Michel Honaker s'inscrit directement dans la lignée des ouvrages dans lesquels le fantastique, la fantasmagorie, le surnaturel, la magie, la sorcellerie, la démonologie, les références aux textes anciens, aux formules cabalistiques, prennent une place plus que prépondérante. La lutte éternelle du Bien contre le Mal, la dualité entre la Vie et la Mort.

Aussi l'inclure dans une collection qui à l'origine était dédiée à la Science fiction et à l'Anticipation, comme son nom l'indique, est un peu une hérésie. Mais il n'existe plus de collection spécifique au fantastique, depuis la disparition de la collection Angoisse, et il aurait peut-être été judicieux de créer une collection à part pour ce qui se promet d'être une série. Mais bon, ne boudons pas notre plaisir, quoique ce procédé risque de perturber le lecteur qui se fiant à un genre se trouve en face d'un autre.

Deux jeunes assistent impuissants au réveil, à la délivrance dans une synagogue désaffectée d'un être mi-homme. Un fabricant de poupées et d'automates voit se liguer contre lui ses propres créations. Des jouets animés de vie, des homoncules habités d'une rage meurtrière.

 

Ebenezer Graimes, dit Le Commandeur, dont on a fait la connaissance dans Bronx Cérémonial pour ceux qui ont eu le plaisir de le lire, aura bien du mal à remettre de l'ordre dans le quartier de Loisada, un quartier juif de New-York entre deux cours de démonologie dans une université new-yorkaise.

 

Et ce n'est pas fini : d'autres aventures pleines de fureur, d'incantations magiques, de combats et de sorcellerie sont prévues dans les prochains mois. Ce deuxième volet consacré aux aventures du Commandeur est plus enlevé, plus envoutant que le précédent, Bronx Cérémonial, moins accrocheur, moins racoleur aussi. Ce qui prouve que l'histoire se suffit à elle-même et qu'il n'est pas besoin d'employer des artifices éculés pour capter l'attention et captiver le lecteur.

 

Première édition : Editions Média 1000. Parution mars 1988. 160 pages. Réservé aux adultes.

Première édition : Editions Média 1000. Parution mars 1988. 160 pages. Réservé aux adultes.

Michel HONAKER : The Verb of Life. Série Le Commandeur N°2. Fleuve Noir Anticipation N° 1735. Parution mars 1990. 192 pages.

ISBN : 2-265-04271-4

Partager cet article
Repost0
8 septembre 2020 2 08 /09 /septembre /2020 03:59

Romanciers, attention : ceci peut vous arriver !

Michel PAGEL : Désirs cruels.

Toute jeune voleuse, Marilith s’introduit nuitamment dans une propriété afin de dérober une toile de maître. Seulement elle ignore qu’une caméra dissimulée dans une boiserie filme ses faits et gestes. Et elle est toute surprise lorsqu’un homme armé l’arrête dans son élan. Il n’est pas seul, étant suivi par son patron, le romancier Marbœuf.

Après l’avoir complimentée sur sa jeunesse, sa joliesse, ses yeux verts, Marbœuf lui intime de se déshabiller. Pas de quoi déstabiliser le domestique nommé Baptiste, tranquille comme son prénom l’indique, ni la jeune femme qui se défait de son collant intégral. Alors qu’elle s’apprête de se débarrasser de ses sous-vêtements, l’écrivain l’arrête dans son élan. Ce n’est pas un individu lubrique. C’était juste pour vérifier qu’elle n’est pas armée.

Il sort de l’ombre dans laquelle il était resté et Marilith distingue alors un homme âgé, décrépit, le visage rongé comme s’il y avait eu projection d’acide. Marbœuf a connu son heure de gloire et a même loupé le Prix Goncourt quinze ans auparavant. Mais depuis, non seulement il est atteint d’une sorte de maladie qui le ronge physiquement, mais de plus, il ne produit plus rien. Son inspiration s’est épuisée. Lui aussi d’ailleurs est épuisé. Alors il propose un étrange marché à sa visiteuse nocturne.

Elle doit lui narrer quatre histoires, complètes et inédites, durant quatre nuits. Une par nuit. Et Marilith ne manque pas d’imagination, se renouvelant à chaque fois, abordant des thèmes différents.

 

La première nuit, Marilith raconte Rosie, nouvelle dédiée à Richard D. Nolane et S.K. Sheldon. Une histoire de routier légèrement éméché qui prend en stop une jeune femme trempée par la pluie. A bord deux petits personnages sèment la perturbation, Séraphin et Adonides, ange et démon. Castaing, le routier, sympa, sauve un vieux couple qui se défend, en pleine nature, comme il peut des attaques de deux loubards. Un couple bizarre qui roule à bord d’un vieux véhicule, une voiture vivante qui se délecte de chair et de sang.

L’île des révélations, c’est l’île d’Yeu qui sert de décor. Ou plutôt de lieu d’arrivée prévu pour quelques touristes d’horizons divers qui empruntent la navette qui relie le continent à l’île. Mais au cours du voyage, le ferry est victime d’un naufrage et les rescapés échouent sur une île inconnue. Chacun d’eux va peu à peu révéler sa véritable nature.

Les mains de Farah Yole met en scène une femme peintre qui œuvre dans le surréalisme morbide. Cette nouvelle est dédiée à Clive Barker et il n’est donc point besoin de décrire plus l’ambiance qui règne dans ce récit.

Enfin quatrième nuit, La balade de Luna Park nous entraîne dans un parc d’attractions un peu, voire beaucoup, spécial. Et cette promenade monstrueuse met en scène, entre autre, Imma, une Noire qui se métamorphose, devant les yeux ébaubis du public, en gorille. Une nouvelle dédiée à Roland C. Wagner.

 

Peu à peu, au fil des nuits, Marbœuf se régénère, rajeunit. Le vieil homme scrofuleux reprend des forces et guérit, physiquement et psychiquement. Mais il existe un revers à la médaille.

Calqué sur le principe des Contes des mille et une nuits, mais avec toutefois une notable différence : une nuit, une histoire complète, ce roman de Michel Pagel qui contient non pas quatre nouvelles mais cinq, le fil conducteur pouvant être considéré comme une nouvelle également, est un exercice de style qui conforte tout le bien que l’on pensait de l’auteur comme romancier et nouvelliste accompli. Même si certaines de ces nouvelles sont un peu faibles, l’univers décrit est captivant, souvent surréaliste, et lorgne aussi bien vers le romantique, sans que cela soit pour autant une bluette, que vers le gore.

 

Réédition dans La Comédie inhumaine. Bibliothèque du Fantastique. Editions Fleuve Noir. Parution novembre 1998. 640 pages.

Réédition dans La Comédie inhumaine. Bibliothèque du Fantastique. Editions Fleuve Noir. Parution novembre 1998. 640 pages.

Réédition : La comédie inhumaine volume 1. Les Moutons électriques. Parution mai 2020. 960 pages.

Réédition : La comédie inhumaine volume 1. Les Moutons électriques. Parution mai 2020. 960 pages.

Michel PAGEL : Désirs cruels. Collection Anticipation N°1725. Editions Fleuve Noir. Parution décembre 1989. 192 pages.

ISBN : 2-265-04232-3

Partager cet article
Repost0
5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 04:25

A l’ombre des gnomes en fleurs ?

Serge BRUSSOLO : L’ombre des gnomes.

Dans le cimetière de San Carmino, quelque part entre l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud, près de l’océan, des singes n’en font qu’à leur tête. Des singes nus, sans poils, roses comme des petits cochons qu’ils sont, déterrant les cadavres et les mangeant. L’endroit est négligé, laissé à l’abandon.

Pourtant une vieille dame, Maria Estravieja, qui parfois nourrit l’un des gamins du bidonville, sent une force en elle l’inciter à se rendre au cimetière visiter la tombe de son mari afin de vérifier les dire. Tout semble normal. C’est alors qu’elle est victime d’une sorte d’hallucination. La chaleur intense peut-être. Les singes s’amusent avec des cadavres, mordant des index. Lorsqu’elle sort de son étourdissement, tout est normal ou presque. Pourtant sur sa jambe la trace bleuâtre d’une morsure apparaît. Une blessure qui attire l’attention du père Papanatas, le curé du village.

Journaliste scientifique new-yorkais, Mathias Gregory Mikofsky est reçu par le lieutenant de police Manuel Corco. Lequel est troublé par les événements qui se propagent dans la cité divisée en deux, d’un côté les riches retraités vivant dans des constructions neuves, de l’autre le bidonville où sont parqués les miséreux, d’anciens ouvriers la plupart du temps. Et au milieu, dans une sorte de no man’s land, le territoire des frères Zotès, des ferrailleurs débiles qui entretiennent une garde composés de gamins sélectionnés pour garder l’endroit. Corco se plaint de ce que la ville devient folle.

Et les habitants deviennent véritablement fous. Comme une sorte d’épidémie qui se propagerait mais dont l’origine est inconnue. Au départ. Car bientôt Corco et le journaliste se rendent compte que cette épidémie se transmet par morsure. Ceux qui en sont atteints mordent leurs congénères, attirés par la viande fraîche. Et ils se dévorent eux-mêmes, s’automutilant avec délectation.

L’origine résiderait, selon le père Papanatas, d’une invasion d’extra-terrestres datant de quinze mille ans auparavant et dont les vestiges sont encore visibles au Pérou. Du moins c’est ce qu’il déclare à Mikofsky. Et le village de San Carmino aurait été édifié sur un territoire tabou, les singes roses atteints d’alopécie défendant leur terroir. Cet invasion se serait produite soixante ans auparavant, lorsqu’un religieux, un missionnaire accompagné de deux nonnes, se seraient installés dans ce petit village de pêcheurs, s’incrustant dans une ethnie Ayacamaras. Ce qui se produit alors serait une conséquence de cette intrusion.

 

Comme très souvent avec Serge Brussolo le très bon côtoie le n’importe quoi. Je ne parle pas des scènes scatologiques, mais de l’intrigue qui partant dans un sens, se disperse et propose une fin ouverte, comme si l’auteur en cours de route avait décidé de changer d’orientation et ne savait plus comment conclure.

Serge Brussolo ouvre une possibilité sur la compréhension des méfaits des colonisations et du prosélytisme envers des populations qui ne demandent rien à personne, mais que l’on veut asservir à des idées, des modes de vie, un mode de société dont ils n’ont rien à faire et qui se montrent délétères.

Mais pourtant ce roman, qui aurait très bien pu figurer dans la collection Gore, et qui fait suite au roman Les animaux funèbres, promettait et était même addictif. Mais l’épilogue laisse sur sa faim, et on s’en mordrait les doigts.

Serge BRUSSOLO : L’ombre des gnomes. Collection Anticipation N°1594. Editions Fleuve Noir. Parution décembre 1987. 192 pages.

ISBN : 2-265-03730-3

Partager cet article
Repost0
24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 04:14

Fermeté, fidélité, vérité… Emeth-ez vous bien ça dans la tête !

Michel HONAKER : Return of Emeth.

Dans une rue vide et tortueuse de Jérusalem, Charly Silowsky tient un magasin de brocante.

Un jour un étrange client fait irruption dans cette échoppe, accompagné de trois enfants turbulents. Ce sera le dernier client de Silowsky et une affreuse gargouille en bois disparait de tout ce fatras.

Le lendemain, le Grand Rabbin Assi Lehmann, en provenance de New-York, trouve la mort dans un hôtel de Jérusalem dans d’affreuses circonstances. Le fragment de pierre, le Verbe de vie, qu’il était chargé de convoyer et remettre aux autorités religieuses de la ville a disparu.

Le Verbe de vie qui avec ses mystérieuses inscriptions permet de donner la vie à des êtres d’argile et de sang.

Encore du travail sur la planche pour Ebenezer Graymes, alias le Commandeur, qui pensait à tort s’être à tout jamais débarrassé de Emeth lors d’un combat homérique sur le pont de Brooklyn.

Plus nous avançons dans cette série, plus les romans écrits par Michel Honaker sont consistants, intéressants, dépouillés de ces faux attraits scatologiques, violents ou érotiques qui imprégnaient le premier volume de la série.

L’aura de mystère y est plus épaisse également avec des descriptions en images fortes qui font un peu penser à ces bandes dessinées où le fantastique, l’enquête, la démonologie se côtoient, s’interfèrent en un heureux mariage. Des bandes dessinées des années cinquante de l’école belge au graphisme pur, simple, dans une ambiance urbaine nocturne, récréant le rêve, la magie, le fantastique dans des histoires simples, bon enfant, mais attrayantes.

 

Michel HONAKER : Return of Emeth. Le Commandeur N°3. Collection Anticipation N°1748. Editions Fleuve Noir. Parution avril 1990. 192 pages.

ISBN : 2-265-04317-6

Partager cet article
Repost0
1 août 2020 6 01 /08 /août /2020 03:33

Un univers fantastique intimiste

Gérard PREVOT : Le démon de février et autres contes fantastiques.

Le fantastique selon Gérard Prévot lorgne vers le surnaturel mais s’inscrit dans le passé-présent comme le souligne Franz Hellens dans sa présentation qui figure en fin de volume, dans la partie dédiée au dossier concernant l’auteur. Mais ce pourrait être dans l’avenir présent.

Ce sont comme des prémonitions d’événements à venir, des images qui s’imposent, conduisant le personnage principal souvent narrateur, à extrapoler des épisodes qui ne sont pas encore réalisés. Exemples en sont donnés dans les deux premières nouvelles, et plus particulièrement dans L’affaire du Café de Paris. Le narrateur aperçoit un soir, en sortant du café où il a ses habitudes, un chat dans une vitrine jouant avec une tête. Pourtant le lendemain, alors qu’il s’attend à ce que des personnages relatent l’événement, personne ne commente cette vision. Et la serveuse du café le soir même avoue qu’il s’agit de son petit chat qu’elle s’empresse d’aller délivrer. Mais aucun incident n’est à signaler. Pourtant c’est un peu plus tard, dans des circonstances étranges, que cette vision se réalisera. Dans Le démon de février, la nouvelle titre du recueil, la vision qu’aurait eu la nourrice du narrateur est quelque peu provoquée.

Ce pourraient être également des divinations, des prédictions annoncées par une cartomancienne qui affirme dans Des lions, un jour, à Louisa accompagnée de son fiancé Julius Pfistermeister qu’elle se mariera avec un bel homme brun. Or Julius est blond. Quant à l’avenir de Julius, elle préfère garder vers elle sa vision. Toutefois, pressée par son interlocuteur, elle avoue peu après qu’il sera dévoré par des lions. Cela se déroulait durant l’Oktoberfest de Munich et Julius avait quelque peu bu.

 

Le coup de pouce du destin, cela existe. Il y a des hasards brusques comme des coups de vent qui peuvent, en quelques secondes, bousculer les vies les mieux établies.

Telles sont les deux premières phrases de la nouvelle intitulée Par temps de pluie et de brouillard, et effectivement, ce coup de pouce du destin est tout simplement une frange qui pourrait confiner au fantastique mais qui n’est qu’une simple étourderie.

Mais le plus souvent il s’agit d’une émanation, d’un état d’esprit plus que d’une manifestation physique. La sensation de fantastique qui en résulte conduit à un transfert de personnalité. Ainsi dans Correspondance, qui comme son titre l’indique est une nouvelle épistolière. Dans La doublure, le fantastique qui régit l’intrigue peut s’expliquer comme mettant en scène une jeune fille atteinte de troubles bipolaires.

Le guitariste de minuit s’inscrit dans la lignée des nombreuses nouvelles mettant en scène des automates. Ici, l’automate est un joueur d’échecs qui ne connait pas souvent l’échec justement. Mais un autre automate lui fait pendant, un joueur de guitare qui ne s’exprime qu’une minute, à minuit, jouant à chaque fois un air différent. Une nouvelle qui s’inspire librement des automates du baron Von Kempelen, ingénieur à la cour impériale de Vienne.

Bien d’autres nouvelles mériteraient d’être légèrement disséquées, mais cette façon de procéder risquerait de trop en dévoiler et détourner l’éventuel lecteur de cet ouvrage qui œuvre dans le feutré, l’indicible, contrairement à certains ouvrages dont l’aspect fantastique se réduit à mettre en scène des monstres issus d’une imagination lovecraftienne ou à débordement sanglant à la manière de Clive Barker.

 

Sommaire :

1 - Le Démon de février, pages 5 à 9, nouvelle

2 - L'Affaire du Café de Paris, pages 11 à 25, nouvelle

3 - Les Amours de Pergolèse, pages 27 à 34, nouvelle

4 - Un jardin dans l'île d'Arran, pages 35 à 41, nouvelle

5 - Les Confidences de Gert Verhoeven, pages 43 à 47, nouvelle

6 - Le Mathématicien, pages 49 à 55, nouvelle

7 - Le Feu purificateur, pages 57 à 63, nouvelle

8 - Le Guitariste de minuit, pages 65 à 74, nouvelle

9 - Correspondance, pages 75 à 81, nouvelle

10 - Par temps de pluie et de brouillard, pages 83 à 87, nouvelle

11 - Des lions, un jour, pages 89 à 93, nouvelle

12 - L'Amnésique, pages 95 à 105, nouvelle

13 - Le Diable dans la forteresse, pages 107 à 110, nouvelle

14 - La Valse interdite, pages 111 à 115, nouvelle

15 - Les Fous de Damme, pages 117 à 121, nouvelle

16 - Le Cadavre de Beachy Head, pages 123 à 126, nouvelle

17 - La Doublure, pages 127 à 132, nouvelle

18 - La Trajectoire, pages 133 à 139, nouvelle

19 - La Petite gare de North Berwick, pages 141 à 151, nouvelle

20 - Étrange éclipse, pages 153 à 157, nouvelle

21 - Le Rapport venu du Rhin, pages 159 à 179, nouvelle

 

Gérard PREVOT : Le démon de février et autres contes fantastiques. Collection Marabout N°369. Editions Gérard. Parution 1970. 192 pages.

Partager cet article
Repost0
27 juillet 2020 1 27 /07 /juillet /2020 04:17

Animal, on est mal…

Serge BRUSSOLO : Les animaux funèbres.

San Carmino, petite ville qui pourrait se situer en Amérique Centrale ou du Sud, construite sur un terrain arraché à la jungle, face à la mer, n’est habitée que de retraités ou presque. La mort et tout ce qui s’y rattache est tabou.

Les retraités vivent paisiblement, protégés par une police intègre. Seul un ghetto, un bidonville fait ombrage dans cette ville nouvelle, proprette. Un bidonville dont les occupants sont en majeure partie d’anciens ouvriers ayant procédé à la construction de San Carmino, mais qui n’ont pas été payés, certains entrepreneurs ayant fait faillite.

Cette sorte de verrue située entre la ville nouvelle et la jungle qui n’a de cesse de reconquérir le territoire perdu, abrite en son sein une vieille femme, surnommée la Sorcière. Elle prépare divers onguents afin de soulager les maux affligeant les représentants dits du troisième âge.

Autrefois, elle était prêtresse d’une église vénérant les divinités locales. Dans ce bidonville, vivent aussi les frères Zotès, des voyous dont la réputation de cruauté s’amplifie de jour en jour.

Pourtant tout irait bien, malgré les délires du lieutenant de police Corco, malgré les tentatives de la jungle d’annihiler les efforts de débroussaillage. Pourtant un jour les singes font irruption et sèment parmi la population une panique qui va crescendo.

 

La suite de cette histoire est éditée dans le volume n°1594 de cette même collection, sous le titre L’ombre des gnomes.

Uns fois encore, la couverture signée Stuart Hugues n’a rien à voir avec le texte, ce qui ne lui ôte en rien sa beauté. Et de plus en plus la collection Anticipation s’oriente vers le fantastico-policier, s’éloignant de plus en plus de sa vocation première l’Anticipation et la Science-fiction. Mais qui s’en plaindrait ?

Serge BRUSSOLO : Les animaux funèbres. Collection Anticipation N°1572. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1987. 192 pages.

ISBN : 2-265-03676-5

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables