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24 février 2020 1 24 /02 /février /2020 05:08

Curiosité ou supercherie littéraire ?

L’énigme Janet Lee BEATON.

De nombreux auteurs, pour des raisons différentes liées à des contrats éditoriaux, à des demandes pour étoffer les catalogues, pour éviter de mélanger les genres, pour changer de registre et pour certains, s’immiscer dans la littérature populaire alors qu’ils sont déjà reconnus dans d’autres domaines, ont emprunté des alias.

On se souvient de Boris Vian qui signait des romans pseudo-américains sous le nom de Vernon Sullivan, traduits par lui-même, ou encore Romain Gary qui obtint le Prix Goncourt deux fois sous son nom et sous celui d’Emile Ajar. Et la liste pourrait s’échelonner ainsi sur des pages.

 

Alors qui est Janet Lee Beaton, romancière prétendument américaine ?

Penchons-nous sur le descriptif de la quatrième de couverture :

Confessons notre embarras : le mystère dont s’est entouré l’auteur du Pêcheur de Miracles, nous ne pouvons pas le dévoiler ici. Tout ce qu’il nous est permis de dire, c’est que Janet Lee Beaton est une grande, une très grande romancière, qui, un jour, avec une volonté de vérité entière, a décidé de raconter sa propre histoire. Mais cette histoire était si riche, si vivante, elle comportait tant d’acteurs divers, dont quelques-uns étaient si célèbres que, malgré les précautions qu’elle avait prises pour brouiller les pistes, Janet Lee Beaton n’a pas cru pouvoir révéler sa véritable identité.

Elle ne s’oppose pas, pour autant, à ce que l’on dise que ce roman est, pour une bonne part, autobiographique ; qu’elle a, comme Laura Nelson, son héroïne, passé son enfance et une partie de son adolescence dans une petite ville américaine ; qu’elle s’en est enfuie pour « vivre sa vie » et surtout pour écrire ; qu’elle a fait dix métiers avant de pouvoir enfin terminer, et qu’elle a été mêlée aux aventures les plus déconcertantes de la « bohème » qui hante les ateliers d’artistes de Greenwich Village.

Janet Lee Beaton, malgré son importante production littéraire a quand même trouvé le temps de faire aussi de la peinture, de se marier et d’avoir un enfant. Elle dit volontiers que, de toutes ses œuvres, c’est encore son fils qu’elle préfère.

 

C’est beau ! Comme un conte de fée ! On y croirait presque.

Mais continuons notre découverte en nous intéressant aux premières pages. On apprend que ce roman s’intitule à l’origine The Beachcomber et que la traduction est due à Michel Saint-Loup. On avance.

Car pour les curieux, les traqueurs de pseudonymes, les amateurs de littérature populaire, il s’agit bien d’un cas d’école.

En effet, sous les noms de Janet Lee Beaton et de Michel Saint-Loup, par ailleurs auteur dans la même collection Grand Roman, se cachait un romancier qui changeait d’identité selon les collections, et les éditeurs, pour lesquels il fournissait des ouvrages, seul ou en collaboration.

Ainsi pour la collection L’aventurier, on le trouve sous le nom de Jérôme Belleau ou Steve Stork. Dans la collection Feu, il signe des romans sous l’alias de Mark J. Trennery. Seul ou en collaboration avec José-Louis Lacour, il signe dans la collection Anticipation sous le pseudonyme de Christopher Stork et dans la collection Espionnage sous celui de Marc Avril. En compagnie de Claude Joste, toujours dans la collection Espionnage, sous celui de Marc Revest. Enfin il se cache sous le pseudonyme collectif de Benoît Becker en compagnie de Jean-Claude Carrière, José-André Lacour et Christiane Rochefort. Et dans la collection Femme Viva, publiée au début au Fleuve Noir, puis aux Presses de la Cité, deux romans sous les noms de Boris Ouravel

Est-ce tout ? Que nenni ! Puisqu’il a également utilisé pour divers éditeurs les noms de Claude Eymouche, de Dominique Jourier, d’Emmanuel Eyries ou encore de Michel Sernoz. Peut-être en oublie-je… Et enfin au début des années 50, sous son presque nom, il publie des romans signés Stéphane Jourat. D’ailleurs il reçoit le prix Victor Rossel en 1958 pour Entends, ma chère, entends, signé Stéphane Jourat et publié chez Julliard.

De son vrai nom Stéphane Jouravleff, cet auteur protéiforme est né le 4 décembre 1924 à Liège (autre natif de cette ville belge : Simenon) et est décédé le 8 avril 1995.

 

Mais l’accumulation de ces pseudonymes n’est pas vraiment une supercherie, puisque toutes les maisons d’éditions populaires pratiquaient ce subterfuge pour augmenter leur catalogue en nombre d’auteurs. Ferenczi, Tallandier, et bien d’autres pratiquaient ce stratagème et on ne le leur jamais reproché. Sauf les chercheurs de pseudonymes naturellement.

Et à l’époque, les lecteurs des diverses collections du Fleuve Noir et des divers éditeurs populaires, achetaient, lisaient, oubliaient souvent, ne s’intéressant guère aux noms des auteurs. Encore moins à celui des traducteurs. Nombreux sont ceux qui ne souvenaient avoir lu tel livre populaire que grâce à l’illustration de couverture, étant souvent incapable de se rappeler du nom des auteurs, et encore des titres de leurs romans. Sauf les passionnés, évidemment.

 

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6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 10:51

Hommage à Philippe Carrèse, décédé le 5 mai !

CARRESE Philippe : Un portrait.

Il est né le 6 avril 1956 à Marseille d’une famille d’immigrés napolitains et a vécu dans le quartier du Panier.

Après un bac C en 1974, il entre à l’IDHEC, 30ème promotion, et reçoit une double formation de réalisation et de prise de vues. C’est ainsi qu’il réalise plus de quarante courts métrages de fictions ou institutionnels entre 1978 et 1997, une demi-douzaine de téléfilms de fiction dont Sammy en 1986, ou Les douze abrutis en 1989 pour France 3, des séries comiques, certains avec Bruno Carette et Chantal Lauby, des magazines télés divers, des magazines rock, des clips vidéo (Les Avions, Kent, Début de soirée), couvre des retransmissions sportives (Boxe, escrime, cyclisme athlétisme...) des concerts variétés et rock (Loyd Cole and The Commotion - 1987), classique (Midem classique) et autres (Patrick Dupont danse aux docks - 1992), des documentaires (Les parcs régionaux- 1985, La clé des chants - 1992...) et des spots publicitaires.

Il coadapte avec Marcel Jullian Notes sur le rire d’après Marcel Pagnol en 1998. Comme cela ne lui suffit pas pour employer son temps il est maître de stage aux ateliers cinéma de Marseille de 1992 à 1997, est conseiller technique et compose des musiques originale en collaboration avec Olivier Stalla et Philippe Troisi.

« Je suis avant tout réalisateur, mais l’écriture prend de plus en plus de place dans ma vie professionnelle » (c.p.).

Ses passions vont avant tout à la musique de Stravinsky à Jeff Nealy, en passant Dizzie Gillespie, Chico Buarque, Marcus Miller... et au cinéma : Michael Cimino, Oliver Stone, John Sturgess, Don Siegel, Sergio Leone, Sam Pekinpah, Casavettes ou Clint Eastwood...

En littérature, quoiqu’il avoue lire peu, il aime Céline, Camus et Saint Jean l’Evangéliste « pour ses contrepèteries et ses jeux de mots foireux ». Il est également un fan de Cavanna, de Goscinny, Phillipe Val, Boris Vian.Fan de B.D. il apprécie surtout Goossens et Binet.

Parmi sa production « J’aime beaucoup les personnages de Pet de Mouche, l’humour de Filet Garni et serai curieux de voir les réactions sur Tue-les, à chaque fois »(c.p.). Parce qu’il s’est fait « une règle de ne jamais traiter le même sujet, les mêmes personnages et ce qui m’intéresse beaucoup, c’est de surprendre le lecteur »(c.p.).

Ce portrait d’après une correspondance personnelle avec Philippe Carrèse avait été effectué à la fin des années 1990.

Depuis il avait continué d’écrire, et était devenu l’un des réalisateurs de la série marseillaise Plus belle la vie… C’est pour cela que cette série n’est pas évoquée dans cette notule… Mais était-ce important ?

Il était également dessinateur et caricaturiste. Et ses dédicaces se déclinaient souvent sous forme de vignettes-feuilletons.

Il est décédé le 5 mai 2019.

 

Repères bibliographiques au Fleuve Noir :

Le bal des cagoles

Conduite accompagnée

Une petite bière, pour la route

Une belle histoire d'amour

Allons au fond de l'apathie

Tue-les, à chaque fois

Filet garni

Pet de mouche et la princesse du désert

Trois jours d'engatse

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15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 05:03

Un bel effet gore !

VERTEUIL Eric : Portrait d’un auteur bicéphale.

Eric Verteuil est un auteur bicéphale composé d’Alain Bernier, né le 15 mai 1922 à Angers, décédé le 3 février 2019 à Paris 16ème, et de Roger Maridat né le 20 novembre 1930 à Paris 9ème, décédé le 3 septembre 2016 à Neuilly sur Seine.

Après des études secondaires au Lycée David d’Angers, un diplôme de Sciences Politiques, un diplôme d’Etudes Supérieures d’Economie Politique et un passage à l’école du Louvre, Alain Bernier 1944 et 1948, entre dans l’armée américaine, est secrétaire général des jeunes à France-USA, effectue un séminaire aux Etats-Unis et travaille dans une banque. De 1949 à 1980 il est directeur de Publicité, des Relations Publiques et d’Etudes Consommateurs dans le groupe Unilever.

Diplômé de l’Institut de Contrôle de Gestion Roger Maridat travaille dans la Marine Marchande de 1949 à 1960 puis devient Directeur Administratif et Financier, filiale recherche commerciale, du même groupe Unilever.

Alain Bernier débute seul, publiant des poèmes dans diverses revues, des nouvelles dans Le Hérisson, Le Journal du Dimanche ou Mystère Magazine, et un roman policier, D’une pierre deux coups dans la collection Un mystère en 1959.

L’association avec Roger Maridat s’établit rapidement et donne pour résultats des pièces radiophoniques diffusées sur Europe1, dans le cadre de l’émission Les Auditeurs mènent l’enquête, ou encore sur France Inter pour l’émission Mystère, Mystère, de gros succès à l’époque où la télévision n’avait pas encore supplanté l’aura de la radio, émissions réalisées principalement par Pierre Billard.

Ensuite ils continuent leur collaboration radiophonique pour Radio-Bleue, Histoires d’un soir ou Histoires en liberté, et France Inter pour Les milles et un jours. En tout 51dramatiques radiophoniques dont certaines sont traduites en italien et en allemand. Quelques unes de ces retransmissions ont été rééditées par le Masque en cassettes audio. A mettre également à leur actif 9 pièces de théâtre et café-théâtre, dont La grande berline jouée 150 fois à Paris et sortie à Tokyo, 4 dramatiques pour la télévision, 1 livret d’opéra fantastique, Meurtres en séquence créé le 15 mars 1986 sur France3 dans une émission de Charles Imbert, plus de 200 nouvelles sans compter la collaboration à divers journaux, magazines et revues et des conférences sur la littérature fantastique et les Incas. Sous le nom d’Eric Verteuil ils débutent en 1973 dans la collection Angoisse, alors moribonde, puis continuent leur carrière en Spécial Police. Mais parce que dans le fantastique l’imagination travaille le plus, et parce qu’ils ont toujours traité le Gore au second degré et avec humour, ils se lancent justement dans la collection Gore, plus ou moins décriée mais qui connaît un véritable engouement auprès des adolescents. L’humour a toujours été leur cheval de bataille et on le retrouve ne serait-ce que dans les titres de leurs romans, titres qui souvent sont des jeux de mots, pied de nez, de titres de classiques littéraires. Leurs passions communes sont les voyages, les animaux, le bridge et si l’un privilégie l’humour (Bernier), l’autre aime aussi les mots croisés et l’histoire (Maridat).

Pour ses poèmes, Alain Bernier a obtenu de nombreux prix dont le prix Buffon en 1988, le Prix de l’édition Poétique en 1990, le prix de la muse en 1994, la médaille d’argent de la poésie contemporaine en 1998 et avec Roger Maridat le Prix Rencontres de la nouvelle de la Science-fiction.

 

Angoisse
247 : Au bout... la mort

256 : La mémoire rongée

 

Gore
52 : Horreur à Maldoror

68 : Grillades au feu de bois

75 : Monstres sur commande

80 : A la recherche des corps perdus

87 : Les horreurs de Sophie

98 : Les charmes de l'horreur

 

Spécial Police

1202 : Le drame de chez Maxime

1260 : La raide morte

1291 : L'affaire du collier d'Irène

1323 : Liliane et son odyssée

1358 : La balle du petit lit blanc

1391 : L'affaire du courrier de Léon

1410 : Carine et châtiment

1446 : La belle au bras d'Armand

1476 : Le punch d'une nuit d'été

1518 : Nos deux dames de Paris

1576 : Achevé M. Seguin

1589 : La veuve voyeuse

1627 : L'épaule et Virginie

1713 : Abus roi

1785 : Le drame au camélia

1849 : La flamme et le pantin

 

Super Luxe (Horizons du fantastique)

9 : Fascinée

 

Autres publications :

Sous le nom de Alain Bernier & Roger Maridat : Les ineffables de La Fontaine (Cujas – Prix Gaulois 1972). Sous les ombrelles de la Riviera (La Longue Vue – 2002). Piège dans le golfe (Liv’éditions – 2004). Meurtre en promotion (Liv’éditions – 2005).

Sous le nom d’Eric Verteuil : Le tour du monde en quatre-vingts cadavres (Vaugirard, Gore 105 - 1990) Sang frais pour le Troyen (Vaugirard, Gore 113 - 1990)

Sous le pseudo de Berma : Festin de rats (Patrick Siry, col. Horreur 2, 1988)

 

Théâtre : d'après le site Ecrivosges.

Th.1     La Grande berline

Th.2     Dernier tango dans la jungle

Th.3     Sélénite Nid d'espions

Th.4     Safari dans un placard

Th.5     Crime à la clef

Th.6     Les Grandes Sartreuses

Th.7     Balle de match

Th.8     Collection de timbrés

Th.9     Meurtres en séquence. Livret d'opéra

Th.10   Les Cris du passé

 

Parution en feuilletons d'après le site Ecrivosges.

R.30  Sous les ombrelles de la Riviera. Policier

R.31  Pièges dans le Golfe                              Suspense     

R.32  Un matin l'enfer                                     Fantastique   

R.33  Meurtre en promotion                            Suspense       

R.34  En passant sous la haie                          Suspense       

R.35  Une inconnue qui sait tout de vous       Suspense       

R.36  La Peur au soleil                                    Suspense       

R.37  Les Souvenirs effacés                            Suspense       

R.38  Le Bonheur entre deux mensonges       Suspense       

R.39  Un amour dans 100 ans                                              

R.40  Un scandale ? Pas chez nous !                                    

R.41  Les Angoisses d'une nuit d'été                                   

R.42  Des souvenirs... Un drame                                          

R.43  Tous ont une bonne raison                                          

R.44  Je n'ai rien oublié                                                        

R.45  Petites manoeuvres et grands drames                         

R.46  Que demander de plus                                                

 

VERTEUIL Eric : Portrait d’un auteur bicéphale.
VERTEUIL Eric : Portrait d’un auteur bicéphale.
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13 octobre 2018 6 13 /10 /octobre /2018 05:19

Les hommes de lettres de la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle vus par l’auteur de la Guerre du feu.

J.-H. ROSNY Aîné : Portraits et souvenirs.

En effet, Joseph-Henry Boëx, plus connu sous le pseudonyme de Rosny Aîné, n’est pas seulement l’auteur de romans de science-fiction et d’aventures préhistoriques, mais également un témoin de son temps. Et dans ses portraits, il nous présente quelques figures marquantes de l’actualité littéraire qu’il fut amené à côtoyer et à apprécier, ou pas, pour diverses raisons.

Robert Borel-Rosny, son petit-fils, qui se maria avec Raymonde Jardé, laquelle fut la secrétaire de l’écrivain, nous présente l’homme de lettres dans une notice biographique qui se lit comme une nouvelle, tant le style est fluide tout autant que poétique, avec cette marque d’affection que l’on réserve à un membre de sa famille que l’on vénère. Mais avec un peu d’emphase aussi.

Né à Bruxelles le 17 février 1856, d’un père français de Lille, et d’une mère flamande d’origine hispano-hollandaise, le jeune Rosny, patronyme qui deviendra son nom de plume, vit ses premières années à Laeken, dans la banlieue bruxelloise, avec sa mère veuve et ses frères et sœurs. A l’école il se distingue par ses capacités intellectuelles, mathématiques et lettres, mais sa passion ce sont les pigeons. Il faut gagner sa vie, et malgré avoir déjà écrit un roman, une pièce de théâtre, des vers et des contes, écrits qui furent brûlés par sa mère, ce fatras d’écriture encombrant les tiroirs, il devient garçon de bureau mais il s’ennuie. Ce monde l’étouffe et il décide de partir pour Londres où il fera ses premières armes littéraires, quelques-unes de ses nouvelles remportant un vif succès.

Mais il sait que s’il veut conquérir le monde, c’est à Paris qu’il doit se rendre, avec femme et enfants, décision prise en 1884. Il a écrit Nell Horn de l’Armée du Salut dans la capitale britannique, et présente en 1886 son manuscrit un peu au hasard, car il ne connait personne, à un petit éditeur de la rue Drouot. L’homme veut bien tenter l’expérience, et quinze jours plus tard son manuscrit est accepté et huit jours après le contrat est signé. Il se plie au jeu, qui est un peu comme un pensum, des dédicaces, et il reçoit un billet émanant du Maître de la Maison d’Auteuil, Edmond de Goncourt, en date du 29 octobre 1886.

Indépendamment de l’intérêt des détails londoniens, une chose me charme chez vous : c’est l’effort du style, c’est l’aspiration artiste.

Une petite phrase qui lui fait chaud au cœur d’autant qu’il est convié le mercredi entre une heure et cinq heure afin de causer avec plaisir du livre paru et de ceux qu’il a en tête.

Rosny vient de mettre un pied dans le cénacle littéraire et il fera la connaissance des grands noms de l’époque et un an plus tard, en 1887, il intégrera la fameuse Académie Goncourt, aux côtés d’Alphonse Daudet, de Flaubert, de Maupassant, de Veuillot, de Barbey d’Aurevilly, de Banville… Académie qui n’est alors qu’un cercle littéraire. La véritable académie Goncourt ne récompensera un roman qu’en 1903 et le prix sera attribué à un roman de science-fiction, Force ennemie, écrit par un romancier franco-américain d’expression française John Antoine Nau.

Rosny Aîné décède le 15 février 1940, après une longue vie consacrée à la littérature sous toutes ses formes, écrits, conférences et autres. Et en 1945, Robert Kalinoswski qui prendra avec sa femme le nom de plume de Robert Borel-Rosny compilera les témoignages de son grand-père sur les littérateurs qu’il fut à même de connaître, de côtoyer et d’apprécier même si parfois, l’auteur du Félin appose quelques coups de griffes.

 

En treize chapitres, Rosny aîné propose sa vision sur de très nombreux confrères qui l’ont accompagné, peu ou prou, durant sa carrière de prosateur. Le premier chapitre, intitulé Roderies, est tout autant une promenade littéraire, géographique, qu’un retour sur ses débuts d’écrivain et familiaux. Son repaire où il s’est installé près du boulevard Barbès, des pages que ne manqueront pas de savourer ceux qui ont vécu ou même tout simplement déambulé dans ce quartier, avec la rue Championnet qui était encore neuve, et non loin Montmartre et ses cabarets. Et plus au nord, Saint Ouen et Saint Denis.

Puis ses promenades sur le Boul’Mich’ où il croise Verlaine et Alexandre Dumas fils. Lisons quelles réflexions ces rencontres imprègnent son esprit :

Je poussais souvent jusqu’au quarter Latin ; J’ai vu passer Verlaine au long du Boul’Mich’, dans son paletot miteux, son écharpe au col, boîteux, laid et vulgaire, je l’ai aperçu devant une absinthe et, malgré ma volonté d’admiration, je ne voyais qu’un vieillot vieillissant.

Alexandre Dumas fils, au rebours, m’a presque charmé, et Dieu sait que j’avais pour l’écrivain une estime plutôt médiocre.

Puis les chapitres s’enchainent, avec La maison d’Auteuil, le grenier transformé en musée. C’est en juin 1933 que Rosny rédige en partie ses souvenirs et il établit le catalogue des écrivains qui fréquentaient le cénacle des frères Goncourt. Se succèdent ou se croisent Alphonse Daudet, surnommé le Cheik, mais aussi Raffaelli le peintre, Caraguel le logicien, et combien d’autres, appréciés ou non.

A propos de Zola, voici ce qu’en écrit Rosny :

Parmi les morts, Zola… Aussi gras alors qu’il sera maigre bientôt, triste, désabusé, un pli d’amertume à la commissure des lèvres, le front beau et spacieux, le visage quelconque. Son succès ne l’égayait pas, il lui arrivait même de dire « On ne me lit pas ». Par quoi il entendait qu’on le lisait mal.

Un regard d’entomologiste qui continue son exploration dans les autres chapitres, entrecoupés d’une impressionnante iconographie, gravures, photographies, et nous livre des figures célèbres ou oubliées déclinés ainsi : Raoul Ponchon, Jean Lorrain et Octave Mirbeau, Le père Hugo, L’ange gardien d’Anatole France, Une soirée chez Proust, Willy, Avec Paul Adam, Jean de Bonnefon, pour finir enfin avec La Société des Gens de lettres.

Une rétrospective littéraire qui ne pourrait qu’intéresser tous ceux qui, férus de littérature, quelque soit le genre qu’ils apprécient, désirent en connaître un peu plus sur l’époque et ceux qui gravitaient sur la Planète des Lettres.

J.-H. ROSNY Aîné : Portraits et souvenirs. Notice biographique de Robert Borel-Rosny. Edité par la Compagnie Française des Arts Graphiques. Parution 1er trimestre 1946. 112 pages.

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3 juin 2018 7 03 /06 /juin /2018 09:52

Hommage à René Poupon né le 3 juin 1902.

POUPON René : Un portrait.

Né le 3 Juin 1902 à Dijon (21), René Poupon est décédé le 23 mai 1994 à Lourches (59). Il a également écrit sous les pseudonymes de Pierre Chatel, R. Pol Dry, René Paul Noêl, René Paul Poupon, R. René Poupon, Léopold Remon, Louis Remon, Eric Ruthless.

Fils d’ouvriers, René Poupon obtient à 15 ans le Brevet d’Enseignement Primaire Supérieur. A 17 ans, ses premiers contes et nouvelles commencent à paraître régulièrement dans deux hebdomadaires régionaux. En 1921 il soumet son premier récit policier L’épingle qui tue aux éditions Ferenczi. Le manuscrit est accepté en quelques jours et paraît en juin 1922, un mois après son incorporation militaire. Ce récit fut suivi d’un 2e puis d’un 3e agréés et payés par retour du courrier. Dès lors pendant et après son service militaire René Poupon fournit au même éditeur un ouvrage tous les deux mois.

En 1925 il monte pour la première fois à Paris, prend contact avec son éditeur qui lui propose un contrat comportant un roman sentimental par mois. Vu le succès de ces petits fascicules à grand tirage, sa production déborde largement cette cadence. En 1927 il signe un contrat d’exclusivité lui imposant une production annuelle de 27 romans, tous genres confondus (amour, police, aventure). La parution de ses récits étant fréquente, il utilise plusieurs pseudonymes.

Dans le même temps certains de ses romans furent reproduits en feuilleton dans des hebdomadaires régionaux tandis que les Messageries Hachette diffusaient les fascicules dans tous les pays francophones, Belgique, Suisse, Canada et même au Vietnam, alors Indochine. Certains furent traduits en italien, en espagnol et en flamand avant guerre.

Il fournit un nombre important de textes jusqu’en 1957. De nature prudente et anxieuse, René Poupon travailla avant et après son service militaire dans une imprimerie lithographique de Dijon. En 1927 il se consacra entièrement l’écriture afin de tenir ses engagements auprès de Férenczi. Au bout de trois ans d’écriture forcenée, il ressentit fatigue, insomnies, nervosisme, inspiration capricieuse. En 1930 il demanda à son éditeur d’alléger sa production. La même année il entra dans l’administration SNCF jusqu’en 1962.

Il cessa d’écrire en même temps que disparaissait la maison Ferenczi, ne lui étant infidèle qu’une seule fois.

Certains ouvrages encyclopédiques, tel que Le Guide du Polar de Michel Lebrun et Jean-Paul Schweighaeuser, éditions Syros 1987, confondent René Poupon avec son homonyme Henri Poupon qui était un acteur de cinéma.

 

POUPON René : Un portrait.
POUPON René : Un portrait.
POUPON René : Un portrait.
Publication aux éditions Ferenczi. Bibliographie non exhaustive

 

Sous le nom de René POUPON :

Le Roman policier : La malle vide, 14 (1927) ; X. l'infernal, 27 (1927)

 

Le livre de l'aventure : Prisonniers des démons noirs, 4 (1929) ; Le fils de la mort,13 (1929) ; Le sous-marin fantôme, 39 (1931)

Le Petit Livre : Le lien du sang, 590; L'Envolée d'amour, 634; Le martyr des yeux clos, 647; La princesse saltimbanque, 721; Le décor de l'amour, 729; L'amour ne meurt pas, 735; Vous qui m'avez aimé, 740; Le roman d'une abandonnée, 749; Pour l'amour de Nadia, 763; Le cœur de Marinette, 771; Mourir d'amour, 782; La chanson de jadis, 790; Une pauvre fille, 802; Pour effacer la faute, 807; Tendresse flétrie, 816; J'ai cru t'aimer, 823; Cœurs révoltés, 841; Je n'aimerai jamais, 853; Laquelle aimer ?, 894; Sœur maudite, 926; La femme que j'ai tuée..., 939; La belle aventurière, 965; Amour de prisonnier, 978; Amours et haines secrètes, 1020; Une femme a menti, 1044; La chanson de jadis, 1359; Une pauvre fille, 1367; Le bonheur est un songe, 1405; Pour son fils, 1563; Pour la sauver, 1571; Deux cœurs s'affrontent, 1585; Le chemin du bonheur, 1592; Chantage d'amour, 1603; Mystérieuse amante, 1611; Vingt cinq ans après; 1618; Chez toi ce soir, 1627; Je suis coupable, 1634; L'aile du malheur, 1641; L'orpheline, 1662; Détective par amour, 1690; Mourir avec toi, 1723; Tous les serments du monde, 1757;

 

Police & Mystère : X. l'infernal, 3 (1932) rééd. de RP 27 ; Z. l'invisible, Sous le ciel andalou, 1753; 24 (1932) ; Le spectre justicier, 30 (1932) ; La maison d'épouvante, 37 (1933) ; L'épingle qui tue, 44 (1933) ; Une ombre dans la nuit, 51 (1933) ; Le meurtre étrange du bd Carnot, 87 (1934)

 

Crime & Police : M. Worbe mourra ce soir, 2 (1932) ; L'assassin assassiné, 22 (1933)

 

Police : Les lettres de sang, 102 (1935) ; Le justicier invisible, 151 (1936) rééd. de P&M 30 ; Les gants du meurtrier, 295 (1938) ; Le whisky mortel, 344 (1939) ; K.L.I.P. le singulier, 352 (1940)

 

Voyages & Aventures : L'homme du tombeau, 46 (1934) ; Un duel sous les mers, 51 (1934) ; Les assiégés de la brousse, 56 (1934) ; Zorbano, le destructeur, 63 (1934) ; L'or qui tue, 87 (1934)

 

Mon Roman Policier : X. l'infernal, 5 (1943) rééd. de LRP 27 ; L'assassinat de M. Magre, 80 (1948) ; Drame au music-hall, 95 (1949) ; Le cadavre d'un inconnu, 116 (1949) ; Recherché pour meurtre, 172 (1951) ; Un mort à chaque pas, 205 (1952) ; Une seconde trop tard, 228 (1952) ; Viens te faire tuer !, 251 (1953) ; Un mort en sursis, 261 (1953) ; Prenez garde à la peinture, 275 (1953) ; Le quatrième larron, 282 (1953) ; Une balle dans la tête, 296 (1953) ; Eva joue du revolver, 309 (1954) ; Le vert va bien aux blondes, 317 (1954) ; Mort deux fois, 333 (1954) ; Tante Irma fume des blondes, 389 (1955) ; Pourquoi j'ai tué, 422 (1956)

 

Mon Roman d'Aventures : Le corsaire des mers du Sud, 115 (1950) ; Perles de sang, 203 (1952) ; La piste du désespoir, 231 (1953) ; Les hors-la-loi, 238 (1953) ; La chevauchée sans espoir, 245 (1953) ; La patrouille des neiges, 258 (1953) ; Le cri des guerres, 272 (1953) ; Vaincu d'avance, 364 (1955)

 

Le Verrou : La dernière rafale, 47 (1952) ; Signé de mon sang..., 55 (1952) ; Les morts ne parlent pas, 67 (1953) ; Danse macabre, 75 (1953) ; Prends garde, la môme !, 78 (1953) ; Une corde au cou, 82 (1953) ; Je n'ai pas tué Katie !, 88 (1954) ; L'autre que j'ai tué, 96 (1954) ; Les funérailles du procureur Fleg, 97 (1954) ; Un fantôme se promène, 104 (1954) ; Un mort te tuera, 111 (1955) ; Il faut toujours payer, 125 (1955) ; Elina ne sait pas mourir, 130 (1955)

 

Police & Mystère : Et que ça saute, 61 (1953) ; La chanson qui tue..., 68 (1954) ; Un poignard dans la gorge, 74 (1954)

 

Sous le nom de René-Paul POUPON :

Le Petit Livre : Erreur cruelle, 599;

Police & Mystère : Vol et crime, 90 (1934)

 

Mon roman policier : A feu et à sang, 195 (1952)

 

Sous le nom de R & R. POUPON

 

Le Roman Policier : On a abattu Perrin, 179 (1951) ; Les tueurs en alerte, 219 (1952).

 

Mon roman d'aventures : Pour vous la dernière balle, 413 (1956)

 

Le Verrou : Les morts vont vite, 34

 

Sous le nom de Leopold REMON

 

Police & Mystère : Le labyrinthe de la mort, 38 (1933)

 

Mon Roman Policier : Je t'aurais au tournant, 257 (1953)

 

Sous le pseudo de R. Pol DRY

 

Le Petit Livre : Au bord du désespoir, 1767;

 

Mon Roman Policier : Drôle de fusillade, 314 (1954) ; Sous la menace du gang, 338 (1954)

 

Sous le nom de Eric RUTHLESS

 

Mon Roman Policier : Navré vieux frère, 318 (1954) ; Le petit gars au revolver, 329 (1954)

 

Police & Mystère : Pas de quartier, 79 (1955)

 

Sous le nom de Pierre CHATEL

 

Police & Mystère : Le cargo des sept cadavres, 85 (1955) ; Le venin de Bala Busu, 90 (1956)

 

Editions Le Livre National (Talladier) :

Le Livre de Poche Nouvelle Série :

La Mieux Aimée, 176 (1939).

POUPON René : Un portrait.
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2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 10:10

On ne possède que peu d’éléments biographiques de Roger Ménanteau, d’ailleurs il est la plupart du temps oublié des différents ouvrages et dictionnaires consacrés au roman policier, sauf le DILIPO, mais il faut avouer qu’il se retranche (retranchait ?) volontiers dans sa bulle.

Roger FALLER : un portrait.

Roger Ménanteau écrivait dans un article de Mystère Magazine (voir ci-dessous) Je veux fuir systématiquement tout ce qui est extérieur au fait d’écrire déclarant qu’il a passé sept ans de sa vie en commun et n’en tirer aucun optimisme, mais seulement un besoin de rester dans mon trou. C’est sous le nom de plume de Roger Faller que Roger Ménanteau est le plus connu, un alias qui fut adopté pour ses premiers romans dans la collection Jean Bruce des Presses de la Cité, entre 1960 et 1962, puis lors de son entrée au Fleuve Noir en 1963, maison d’édition qu’il ne quittera plus jusqu’à sa retraite d’écrivain (ou de son éviction comme bien d’autres ?), en 1985.

Mais auparavant Roger Faller avait utilisé d’autres nombreux pseudos dont Roger Valière pour ses premiers romans édités chez La Bonne Presse, collection La Frégate, et celui de Roger Vaneyre chez Ferenczi, collection Mon Roman Policier. Il utilisa une seule fois celui d’Henri Grival pour les éditions Lutèce dans la collection Noire & Rose en 1956, un livre intitulé Et ces dollars… Victor ! Les éditions Ferenczi publiaient de très nombreux petits fascicules de 16, 32 ou 64 pages et c’est ainsi qu’il écrivit pour les collections Mon Roman policier, Police & Mystère, puis pour le Verrou et enfin Feux Rouges sous les alias de R.H. Nova, F.A. Wheeler, F.A. Whaler, Roger Nova, R. Henri Nova, Roger-Henri Nova et Henri Nova. Suite à la menace de procès d’un médecin Lyonnais, il fut obligé d’abandonner très vite ce dernier pseudo pour celui de Roger Nova.

Né le 18 février 1918 à La Flotte en Ré (Charente Maritime) Roger Ménanteau fait carrière dans l’enseignement et le journalisme politique. En juin 1950 il publie dans La dépêche du Midi un article sur L’intellectualisation du roman policier. Ensuite, entre 1956 et 1958, il collabore à différents quotidiens régionaux dont La Voix du Nord et La Dépêche du Midi, rédigeant une cinquantaine d’articles et de reportages notamment sur les pays de l’Est. Selon un article publié dans Télé 7jours du 3 septembre 1965, concernant l’adaptation en téléfilm de Plainte contre X, la signataire déclare qu’elle a rencontré l’auteur au Ministère des Affaires Etrangères, Quai d’Orsay. Etait-il là pour ses activités journalistiques. Etait-il attaché à ce ministère et non pas dans l’Enseignement ? Un changement de parcours professionnel ?

 

Roger FALLER : un portrait.

En 1950 paraît également sa première nouvelle policière dans Mystère Magazine n°34 : Méfiance ! Il en publiera cinq autres pour M.M. et Le Saint Magazine entre 1951 et 1963.

Sa production pour les différentes collections de chez Ferenczi s’élève à plus de soixante titres oscillant entre le roman policier et le roman d’espionnage. C’est en 1958 sous le pseudo de Roger Henri-Nova et Roger Nova que Ménanteau se fait remarquer avec quatre romans : Témoin Capital, Deux trous dans le cuir, qui manque de peu le Grand Prix de Littérature Policière en 1959, Valise pour Prague et Pour cause d’inventaire dans la collection Feux Rouges chez Ferenczi.

Roger FALLER : un portrait.

Dans son article Roger Henri-Nova alias Roger Faller, le pessimiste, explorateur de l’univers de la solitude, (Mystère Magazine n° 205, février 1965) Jacques Siry revient longuement sur Pour cause d’inventaire, qu’il juge son meilleur ouvrage à ce jour mais que l’auteur a raté de peu le chef d’œuvre.

Il compare Roger Henri-Nova à travers son analyse à divers auteurs et non des moindres. Une fois remis de la lecture de cet ouvrage suffocant, lorsqu’on s’efforce de l’analyser, on s’aperçoit que les comparaisons et les réminiscences se présentent en nombre à la mémoire : Frédéric Dard, pour le ton ; le Simenon des jours sombres pour l’atmosphère générale ; Hervé Bazin et Julien Green pour le personnage d’Albertine Hamel, sèche et glaciale, mais regorgeante de fiel et de venin, débordante de haine et de mépris ; Boileau-Narcejac, pour cet isolement d’un mâle démuni face à trois femelles complices (Albertine, Geneviève et Marie-Thérèse, la boniche) ; enfin et surtout Jean-Paul Sartre et Albert Camus pour la signification générale de l’œuvre et pour le caractère d’Armand Tillion.

Plus loin Jacques Siry complète son exposé en écrivant que tout cela fait penser à L’Etranger d’Albert Camus. Dans son épilogue Jacques Siry écrit : Comme on l’aura compris, le monde de Roger Ménanteau est un monde poisseux et étouffant, un monde morbide et désespéré, qui a des relents de rigoles et d’égouts, un monde amer et même atroce, où les coupables triomphent et où les innocents paient pour des fautes qu’ils n’ont pas commises. Les héros en sont des êtres cruels, hypocrites, cyniques et repoussants ; ou veules, mornes, lâches, médiocres, velléitaires, diminués physiquement ou moralement, accablés par une fatalité interne autant que par le poids d’une destinée qui n’a pas de sens, qui ne peut pas en avoir… Là gît l’origine première du pessimisme d’Henri Nova Faller, parce que là gît la base de sa conception de l’existence. Toute son œuvre se résume en effet en une double qui effet à une double démarche d’affranchissement de la société et de recherche de la solitude double démarche qui échoue. Roger Ménanteau complète par cette phrase : L’important n’est pas d’être libre (illusion), mais d’être seul et de savoir l’être.

 

Dans le bulletin du Fleuve Noir n°28 d’avril 1967, il répond à la question Qui êtes-vous Roger Faller par ces réponses laconiques qui parfois dénotent un certain humour.

Nom : Faller.

Prénom : Roger.

Adresse : Puteaux.

Signe Zodiacal : Poissons.

Age : 47 ans.

Lieu de naissance : La Flotte-en-Ré.

Nombre de livres édités : 34.

Héros favori : Se méfie des héros.

Loisirs : Voyages.

Sports pratiqués : Ceux de son âge.

Défauts : Ne fait pas étalage de ses qualités.

Qualités : Ne fait pas étalage de ses défauts.

Ce qu’il aime : N’a pas d’idées préconçues.

Ce qu’il déteste : N’a pas d’idées préconçues.

Pays visités : Toute l’Europe jusqu’à l’Union Soviétique.

Projets : Avoir beaucoup de projets.

Artistes préférés pour incarner son héros (s’il y a lieu) : Les bons.

Devise favorite : Le franc suisse.

Son plus beau vers : Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.

 

S’il a utilisé comme protagoniste des détectives privés, d’anciens flics, des quidams, il a aussi mis en scène des écrivains et des journalistes. Ainsi dans Quatre heures au poste, il utilise le personnage réel de Ralph Messac, (1924-1999) ancien journaliste à Europe N°1 puis avocat, dont le père Régis Messac écrivit un ouvrage qui fait encore aujourd’hui référence : Le « Detective Novel » et l'influence de la pensée scientifique en 1929.

Roger FALLER : un portrait.

Au Fleuve Noir

Collection Espionnage :

 

358 : Ondes de choc

396 : Double top

439 : Chèque en rouge

451 : Quai 5

483 : Contact!

499 : Alerte au sol...

540 : Exportation interdite

570 : Point d'orgue

602 : Muntplatz, 39

636 : Jeu nul

667 : Dossier Sini

702 : Retour paye...

753 : Pleins risques

820 : Passage protégé

912 : Ultime recours

933 : Cartes sous table

1034 : Sous-sol majeur

1052 : L'Arme du diable

1191 : De plein fouet

1212 : Post mortem

 

Collection Spécial Police :

 

362 : Dernière solution

379 : Plainte contre X

398 : Dolce vita

407 : Quatre heures au poste

452 : Témoignage

487 : Un Si léger sommeil...

526 : Intérêts composés

545 : La Vérité pour finir

580 : La Place du mort

610 : Complaisances

647 : Par comble d'infortune

693 : Le Pavé de l'ours

750 : Les Mauvais cas

765 : La Gueule du loup

806 : Incident de parcours

840 : Le Mauvais bain

865 : Le Passage du bac

896 : Comme mars en carême

1028 : Pourquoi, Nathalie?

1075 : Eternelle reconnaissance

1104 : La Chose jugée

1119 : La Main lourde

1185 : Le Vent du boulet

1256 : L'Ordre des choses

1267 : Les Pires conséquences

1281 : Le Ciel m'est témoin

1301 : La Triste figure

1338 : Le Bon droit

1352 : S'il n'en reste qu'une...

1364 : En fin de comptes

137 : Le Ringard

1419 : Le Marché en main

1433 : Un Signalé service

1445 : La Berlure

1453 : La Bonne parole

1472 : De prime abord

1510 : Le Peu qui reste...

1543 : Le Droit de suite

1559 : La Mort du pêcheur

1602 : Le Linge sale

1637 : Le Coup de pied de l'âne

1658 : Le Champ libre

1664 : Feux verts

1704 : Le Gout du pain

1726 : La Vie de palaces

1748 : Le Petit grain

1779 : La Démarche

1812 : La Dérive

1846 : L'Or en branches

 

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 09:55

Hommage à Jacques Blois né le 26 mars 1922.

Jacques BLOIS : Un portrait.

Jacques Blois, de son vrai nom Jacques Faucher est né le 26 mars 1922 à Bonn en Allemagne mais est périgourdin d’origine. Après des études classiques et un passage à la faculté de Sciences puis de médecine-chirurgie avec comme loisirs le jazz, le théâtre et le rugby, il connaît les affres de la Seconde Guerre Mondiale.

En 1943 il est déporté pour une durée de deux ans avec au bout du compte une condamnation à mort signifiée par la S.D. « 65 jours en cellule à attendre corde ou rafale » (correspondance personnelle). Il est libéré par un commando Patton et passe deux ans en internat de sana-chirurgical où les radioscopies dévorent ses hématies. « J’abandonne et vais me refaire une santé en haute montagne. Barrage de Tignes puis chantier expérimental dans les Hautes Pyrénées (ravitaillé par les choucas). En 1954 je suis l’un des assistants de l’Abbé Pierre pour la création d’Emmaüs ».

En 1956 le PDG d’un grand magasin parisien l’appelle et il y restera pendant 27 ans, gravissant tous les échelons. Dans le même temps il se délasse par l’écriture de ses ouvrages pour le Fleuve et multiplie les rencontres au cours de nombreux voyages. Depuis il vit dans la paix magique d’une forêt templière avec la découverte de la pensée complémentaire de Lao-Tseu. L’écriture « n’est qu’une branche de l’éventail largement ouvert tout au long de ma vie pour ma plus grande joie ». Le rugby, l’équitation, le théâtre, le jazz (Hot Club de France), la haute montagne et les voyages dans l’Europe, la Scandinavie et la Chine profonde pour le Tao, le tout lié à ses occupations professionnelles, chantiers de travaux publics d’Emmaüs et commerce, complètent cet éventail.

Mais sa passion principale, c’est bien la vie. « La vie sous toutes ses formes ! Le spectacle gratuit et permanent de la Comédie Humaine ! Toutes mes activités ont été passions d’homme libre loin de l’autoritaire de la philosophie grecque et des brumeuses incertitudes d’un Descartes » Parmi les romanciers de littérature populaire qu’il lit avec plaisir, bon nombre d’auteurs du Fleuve dont Claude Rank, Pierre Nemours, André Caroff et Klotz. En littérature générale, il aime Montaigne, Rabelais, Giono, Céline, Revel, Blondin, Bodard, Morrison, Chester Himes, Gunther Gräss, des Japonais et des Chinois. « Parce qu’ils ont le souffle, la maîtrise du souffle qui donne ce fleuve aux mille caprices sur lequel les mots voguent comme des barques. A l’inverse il y a le tripatouillage (je suis poli) méningé des pédants besogneux et sans souffle... »

S’il est venu à l’écriture, c’est un peu par atavisme régional. « Mes racines sont ancrées dans une région noble, le Périgord, où l’on aime conter, raconter. De la parole à l’écriture, il n’y a qu’à saisir un stylo (à la suite d’un pari que j’ai perdu). Malgré une activité débordante j’ai écrit, dans ma joie, deux ouvrages sans imaginer une seconde qu’un éditeur... C’est un ami qui m’a propulsé dans le cirque en confiant mes histoires aux Presses, et sans m’en avertir. Bonne farce ! Rendez-vous au Fleuve Noir et c’était parti pour plus de soixante-dix ouvrages, toujours avec le même relax, le même plaisir, et surtout sans effort, car comme je raconte, j’écris d’instinct avec le support de banales règles classiques et la beauté de notre langage - hier mais plus aujourd’hui -. Quant au terme populaire, j’ignore ce qu’il veut dire. Cette marée pathologique de tout mettre à rancir dans des bocaux sur des étagères de hauteur différente - quelle sclérose ! Pour moi, il n’y a pas cinquante littératures - il y a une écriture humaine comme la peinture est humaine.

Toutefois Jacques Blois n’aime pas trop le terme littérature populaire, trop ancré selon lui dans l’esprit du public comme une sous-littérature. Il préfère la formule « littérature d’action et d’aventures », citant volontiers Christophe Mercier : « ...la littérature populaire est devenu un grand fourre-tout, comme si le fait d’écrire pour un large public, et de lui plaire, était un péché originel et excluait du Parthénon littéraire... ! Les romanciers populaires ne sont pas des primaires, mais des écrivains conscients, des expérimentateurs de forme. L’art pour l’art - hors de toute démonstration - c’est eux ! ». Ce qu’il ne manquait pas de développer lors de conférences données au profit du Rotary Club notamment. Petite anecdote amusante, le parcours d’un manuscrit - « N’ayant jamais eu le goût et le temps de lécher les moquettes, mes passages au Fleuve Noir étaient rapides et quasi anonymes. Un jour j’adresse un manuscrit de polar au Fleuve. Un mois plus tard il me revient refusé! Trop en avance pour l’époque ??? Sans état d’âme, je le range dans un tiroir. Deux ou trois ans plus tard, coup de fil du Fleuve un rien énervé. As-tu un manuscrit police bientôt prêt, c’est urgent ! Je promets pour la fin de la semaine. Largement le temps de sortir le refusé de son placard. Honnêtement je change le titre. Un mois plus tard, accepté. Trois mois plus tard en librairie. Sic gloria transit. Merci Sainte Modestie narquoise... ». Le cinéma ne s’est pas intéressé ouvertement à l’œuvre de Jacques Blois, pourtant celui-ci constate que des idées lui ont été « prises en toute sérénité silencieuse. Ceci est une autre histoire qui me laisse indifférent ! ».

Jacques Blois est décédé en mai 2010.

Cet article a été réalisé d'après une correspondance échangée avec l'auteur.

Jacques BLOIS : Un portrait.

Collection L'Aventurier:

129 - Retour à l'expéditeur

131 - La Marotte de Dame Marouatte

132 - Gymnastique suédoise

135 - Cure sans sommeil

137 - Le Pool aux oeufs d'or

139 - Le Cheval de proie

142 - Poivre, sel et piment

145 - A contre-carats

147 - A titre d'huile

150 - Bal en berne

152 - Voyage sans horizon

154 - Voltige en Haut-Adige

159 - Vampé, le vampire

162 - Le Bénitier du Diable

167 - Le Radeau des médusés

169 - Trident aux dents

173 - Le signe du trèfle

177 - Paradis, part à deux

181 - Pot aux pruneaux

184 - De l'or dans l'aile

189 - A cloche-cheval

 

Jacques BLOIS : Un portrait.

Espiomatic-Infrarouge -

17 - Le Conch frappe les trois coups

19 - Le Conch joue à la balle

21 - Le Conch, 8ème plaie d'Egypte

23 - Tap tap Conch

25 - Le Conch ne fait pas de fleurs

27 - Spécial pétrole, Conch !

30 - Le Conch au carnaval des anges

43 - Pépites en rafale

 

Jacques BLOIS : Un portrait.

Spécial Police -

732 - Panique en sous-bois

779 - Une bien belle affiche

817 - Qui trop embrase

866 - Le gobe-souris

899 - A brûle-chassis

924 - Blouson à redorer

949 - La mort vient en jouant

992 - Au clair de la mort

1029 - Je tue pour toi

1046 - Quand tout s'effiloche

1078 - Escale pour un voyou

1388 - Trois pieds dans une tombe

1405 - Trop peureux pour être honnête

1442 - Taxi tire-lires

1544 - Le gros, le grand et la pagaille

1588 - Appelez-moi Victoire!

1609 - Silence! on tourne... mal

1655 - Les mains au feu

1694 - Un éphémère chez les books

1799 - Trois belles, trois méchants, trois flic

 

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7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 06:53

Des uchronies royales !

Pierre BAMEUL : Un portrait.

Né le 10 novembre 1940 à Barneville-sur-mer dans la Manche, Pierre Bameul, dont c'est le véritable patronyme, est issu d'une vieille famille du Cotentin du côté maternel, et d'une famille paternelle également normande mais avec des apports britanniques et anglo-normands proches (Guernesey) ainsi que flamands plus anciens.

Sa prime enfance reste imprégnée des souvenirs du Débarquement américain, auquel il a assisté aux "premières loges". Un événement qui a suscité sa passion pour l'histoire et la culture américaine, notamment la science-fiction. Après la Libération, il est parti vivre à Argenteuil, dans le Val-d'Oise, où son père, rentré de guerre, a repris son emploi à la SNCF.

En 1950, c'est le retour de la petite famille, Pierre Bameul est enfant unique, à Cherbourg où il a passé son adolescence. Il débute comme apprenti puis ouvrier ajusteur à l'Arsenal maritime de Cherbourg avant de partir combattre en Algérie comme sous-officier dans l'Armée de Terre. Rentré au pays après la "chute" de l'Algérie française, il travaille dans l'électronique à la CIT de Cherbourg puis dans la société Dormeuil dans la même ville. Il se marie en 1964, à Cherbourg, avec une femme à moitié... américaine.

En 1970 départ pour Bordeaux avec sa femme et son fils. Une entreprise de confection aquitaine lui offrant un meilleur emploi mais c'est le dépôt de bilan et Pierre Bameul se retrouve chômeur. Il profite de cette période pour écrire de la SF et prend des cours de recyclage en comptabilité. Après divers petits boulots, éphémères, il entre à FR3 Aquitaine en 1979 d'abord comme économe, puis une fois intégré; comme secrétaire de rédaction et y termine sa carrière. Son fils Franck, né en 1965 à Cherbourg, est médecin-parasitologiste à Bordeaux, et sa fille Flora est née à Bordeaux en 1984.

Depuis la naissance de sa fille, Pierre Bameul a dû laisser l'écriture par manque de temps, pris par des horaires difficiles à FR3 qui l'amènent à travailler tard le soir ainsi que durant les week-ends, une longue étude de l'anglais et un militantisme royaliste accaparant. Pourtant il a des projets. Un roman sur la Guerre d'Algérie; Une histoire des mouvements royalistes français à la fin du XXe siècle. Il est également passionné par l'histoire, en particulier l'histoire de l'Antiquité ainsi que l'histoire française des deux derniers siècles. Ce qui constitue une des raisons de ses opinions royalistes. Autre conséquence, dans le domaine de la SF, son thème préféré est l'Uchronie. Par ce biais, écrit-il, on peut toujours lire ou écrire l'Histoire telle qu'elle aurait pu évoluer si... Puisqu'avec des si l'on récrirait l'Histoire...

 

Grand lecteur éclectique, Pierre Bameul est capable de lire plusieurs livres à la fois et alterne science-fiction, polar, roman médical, aventures exotiques, "œuvre intello", roman historique, roman d'espionnage... Rien qu'en SF, son domaine de prédilection, il pense avoir lu environ deux mille cinq cents ouvrages, essentiellement d'auteurs américains. Mais il est quelque peu saturé de tout cela et en particularité des fictions romanesques. Il lit surtout des livres d'histoires et des mémoires et biographies de personnages historiques, tant généraux que simples soldats.

 

A ma question, Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin d'écrire et surtout de la littérature populaire, il m'a répondu :

Cela appelle plusieurs réponses.

A) J'ai commencé à lire vers quatre ans. J'ai su déchiffrer d'abord Achtung Minnen ! sur les pancartes allemandes (c'était très utile), puis je lisais facilement les textes des affiches - première littérature populaire - dès que j'eus acquis les principes alphabétiques et syllabiques que m'apprirent, sur le tas, les adultes de mon entourage. Le virus de la lecture m'avait atteint et avait accaparé mon imaginaire. Après la guerre, quand je venais en vacances à Cherbourg, mon grand-père maternel m'emmenait souvent chez deux vieilles institutrices qui possédaient une énorme bibliothèque garnie de livres édités au XIXe et début du XXe siècle. Ce fut pour moi une source extraordinaire de découvertes historiques. En outre, j'avais toujours en mémoire le formidable déploiement de forces de l'armée américaine et ses moyens qui paraissaient si extraordinaires aux yeux des Normands réduits à la misère par l'Occupation. Pour l'enfant-témoin que j'avais été, les Américains me faisaient l'effet d'Extraterrestres. Ils avaient déjà engendré mon goût pour la science-fiction.

B) Les réalités de la vie dans une famille aux modestes ressources m'entraînèrent à travailler jeune; aussi trouvais-je dans la lecture cette évasion intellectuelle qui me permettait de tenir le coup dans l'engrenage de l'esclavage salarié. Subterfuge aujourd'hui remplacé par la télévision, dans les couches populaires soumises aux mêmes conditions. De lire à écrire, il n'y avait qu'un pas à franchir. Néanmoins je considérais la lecture romanesque d'évasion comme une quasi-schizophrénie, et ce n'est qu'après avoir rencontré à Bordeaux Francis Carsac, dont j'avais lu les ouvrages de SF, que cela m'incité à écrire à mon tour des romans de SF.

C) J'ai opté pour la littérature populaire, parce que les réalités du monde du travail, de la guerre, de la famille, des études, de la vie et de la mort, font que je n'adhère pas aux rêveries des 'intellos" qui croient pouvoir refaire le monde par le biais d'ouvrages proposant aux lecteurs des superbes pensées-modèles inapplicables à ce qui fait le tempérament et l'essence même des humains. J'ai donc préféré les romans populaires sans prétention, qui permettent de rêver, certes, mais en faisant nettement le distinguo entre l'imaginaire et le réel. D'agréables évasion, souvent satiriques, du quotidien.

Certains ont trouvé antinomiques mon goût de la SF et mes idées royalistes. Il n'y a pourtant là aucune contradiction : mon royalisme résulte de l'étude raisonnée de la pérennité des sociétés humaines, tandis que mon goût pour la SF provient de la curiosité qui pousse l'humanité à chercher toujours plus loin.

 

Dans le numéro N°322 de Fiction d'octobre 1981, Francis Valéry et Jean-Daniel Brèque écrivaient :

Lorsqu'on rencontre Pierre Bameul et qu'on discute un peu avec lui, on est tantôt irrité, tantôt charmé, par les propos qu'il tient et par son attitude joviale et tranquille... Nous avons dit que Pierre Bameul était irritant. Nous le maintenons. On ne l'a jamais entendu dire du mal de quelqu'un. A la longue, c'est fatiguant... On ne compte plus ses changements d'adresse, de métier, ses manuscrits tour à tour refusés, acceptés sous réserve, re-refusés, etc. Car Pierre Bameul a un grave, mais alors vraiment très grave défaut : il ne sait pas faire court. Il trouve une bonne idée, et vlan, trois mois après, il vous fait lire un manuscrit de 1 000 pages. Et quand vous lui dites, tu sais, les éditeurs ne publient pas de si gros trucs, faudrait couper un peu, il revient deux mois après en disant : J'ai trouvé, j'ai récrit en coupant un peu et puis en arrangeant un peu, ça fera trois tomes de 400 pages chacun !

 

De nos jours, cette propension à fournir des manuscrits si touffus ne serait pas rédhibitoire. Au contraire. Mais la roue a tourné.

 

Article rédigé grâce à une correspondance personnelle avec l'auteur en septembre 1998.

 

Bibliographie :

Romans

Je paye donc je suis. Galaxie N° 151 & 152. Janvier et février 1977. Editions OPTA.

Écrit dans le passé, Fiction N° 292 & 293. Juillet/Août et Septembre 1978.OPTA.

Par le Royaume d'Osiris, Nouvelles éditions OPTA, 1981

L'Ère du Vent, Éditions ARMADA, 2011

 

Série Pour nourrir le Soleil

La Saga d'Arne Marsson, Fleuve noir, 1986

Le Choix des Destins, Fleuve noir, 1986.

Réédition en numérique de ces deux romans regroupés sous le titre Pour nourrir le Soleil, Editions L'Ivre-Book, 2017.

 

Nouvelles

Les Vieux au Poteau !, 1975 Prix de la meilleure nouvelle de SF française au Congrès de la SF française d'Angoulême en 1975. Revue Galaxie N°137. Editions OPTA. Octobre 1975.

Copyright Editions Azerty. Revue Galaxie N° 144. OPTA. Mai 1976

Le cavalier antique, FR3 Bordeaux. 1977 nouvelle radiophonique.

l'Echelle Mobile, Anthologie Des Métiers d'avenir. Editions Ponte Mirone. 1979

L'Ultime Bastion, Espaces Libres n° 4, Association amiénoise de science-fiction, juillet 1979.

Les Redresseurs de torts, Opzone N°7. Avril 1980

Mobilis in Mobili, Anthologie Mouvance IV. 1980. Réédition 2013

Héroïne fantaisie, Anthologie Les jeux de l'humour et du bizarre. Avril 1983.

La Rosée du Veld, Anthologie Les Passagers du vent. Octobre 1986

Pour une larme du Soleil, Anthologie Compagnie des Glaces. Fusée N°24. Rivière Blanche. Décembre 2012

Conte du Guerrier chétif, Galaxie Nouvelle série 22/64 mars 2013

Les Bienheureux des Pieux, Anthologie Dimension Sidération. Fusée 43. Rivière Blanche 2016

Montre-nous ton pouvoir, 2016. Édition numérique.

 

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 12:28
Dominique ROCHER : Un portrait.

Née à Alençon (orne) le 6 juillet 1929, Dominique Rocher a suivi des études d'infirmière et a collaboré comme journaliste à un quotidien du Sud-ouest, ainsi qu'à la revue Rencontres Artistiques et Littéraires dont elle fut directeur artistique. Deux statuts professionnels dont elle se servira plus tard lors de la rédaction de ses romans.

Elle a vécu à Paris, à Angoulême en Charente puis est revenu à Paris au début des années 1960 et s'est installée définitivement en proche banlieue parisienne. Mariée à André Rocher, journaliste, lui-même auteur au Fleuve Noir de quelques romans dans la collection Angoisse sous le nom de Michel Saint-Romain.

 

Si la littérature l'a fait toujours habitée depuis sa naissance, c'est le sentiment d'angoisse qui a géré sa vie et en est resté une quotité intégrante. Ce qui explique une partie de son œuvre marquée par la production de romans justement publiés dans la collection Angoisse du Fleuve Noir. Sa carrière littéraire débute avec la parution d'un roman historique, Le Désert rouge, dans la collection Alternance des Editions du Scorpion en 1959. Roman ayant pour thème la campagne d'Egypte de Bonaparte.

Suivront quels ouvrages sur commande, ésotériques pour la plupart, concernant l'interprétation des rêves (Le langage universel des rêves aux Editions de L'Olivier d'Argent sous le pseudonyme de Noémie Quid en 1984), les rites magiques, deux romans de suspense aux éditions Rive Droite, La voix du seppuku et Doublé Fatal, ainsi qu'un ouvrage de médecines naturelles chez le même éditeur, et de nombreuses nouvelles publiées dans des recueils collectifs au éditions du Choucas, aux éditions Cheminements, à l'occasion du Salon du roman Noir de Cognac ou par l'association L'Ours Blanc dans la revue Les Chemins de traverse.

Mais c'est bien dans la Collection Angoisse du Fleuve Noir que Dominique Rocher s'est pleinement exposée et exprimée, en créant le personnage du docteur Saint-Christol pour deux romans dans la collection Angoisse. Mais il n'est pas le seul médecin présent dans les romans publiés dans cette collection.

Et par la suite, ce sera le personnage de la Rouquine, l'infirmière Olga Vincent qui opérera notamment en Afrique dans quelques romans publiés chez Lulu.com ou Manuscrit.com.

Et pourquoi de la littérature populaire ? Dominique Rocher me répondait lors d'une correspondance épistolaire : La littérature populaire est à l'image de la vie, pleine de suspense. Enigme de la naissance, de notre destinée. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Qu'est-ce qui nous attend au tournant... et à la fin de notre vie ? Peut-être une façon de se rassurer. Dans le roman de suspense, l'énigme est en général résolue. A l'image de celui ou de celle qui choisit la carrière médicale dans l'espoir inconscient de vaincre la mort.

Concernant l'angoisse Dominique Rocher déclarait à Olga Georges-Picot dans le Bulletin Fleuve Noir Information N°67 de septembre 1970 :

Pourquoi écrivez-vous?

Pour oublier mon angoisse.

Quel événement de votre vie vous a poussé à écrire ?

Ma naissance. L'angoisse fait partie intégrante de l'aventure humaine. Comme tout le monde je suis née avec elle.

Qu'est-ce que l'angoisse pour vous ?

Une bête sauvage dont il faut faire un animal familier.

Dominique Rocher, qui êtes-vous réellement ?

Une toute autre personne que celle que j'ai essayé de vous faire entrevoir. L'angoisse en fait, c'est de se sentier toujours à côté de la question. A côté des gens, à côté de l'amitié, à côté de l'amour.

Vous m'aviez dit qu'il restait l'humour ?

C'est une erreur. L'humour, en réalité, n'est qu'une forme subtile de l'angoisse. Elle est partout, en somme. Si vous le rencontrez et si vous avez de la chance de la reconnaître, faites-lui un sourire. C'est encor le meilleur moyen de vous en tirer.

L'humour est toujours présent dans les romans de Dominique Rocher, principalement dans ses romans de suspense. Car outre les arts martiaux, c'est bien vers l'humour anglais et l'humour noir que vont ses préférences.

Et qu'en est-il de l'inspiration ?

A cette question Dominique Rocher répondait dans Fleuve Noir Information N°117 de septembre/octobre 1975 :

L'inspiration naît au cours de lectures, au hasard de faits quotidiens qui, soudain, déclenchent une émotion. Grâce à cet élément émotif, les objets ou les êtres prennent une autre dimension. Ils bénéficient d'un éclairage nouveau qui les transposent dans une autre réalité, tout aussi vraie, à laquelle s'ajoutent l'insolite et le poétique. Chaque auteur transparait dans ses romans et aucun humain n'étant semblable, chaque œuvre est forcément différente.

J'avais eu le plaisir de faire la connaissance de Dominique Rocher lors d'un salon organisé dans l'enceinte de la Bilipo. Nous avions correspondu et sachant que Philippe Ward recherchait des auteurs ayant œuvré au Fleuve Noir, je lui avais fourni ses coordonnées. Et le 1er décembre 2004, Dominique Rocher m'annonçait qu'elle devait être éditée chez Rivière Blanche en avril 2005. Ce qui fut fait et un second suivi quelques années plus tard.

 

Dominique Rocher s'est éteinte le 13 septembre 2016, faisant don de son corps à la science.

Collection Angoisse :

167 : Délire (1969)

174 : Boomerang (1969)

179 : Les Voyances du Docteur Basile (1970)

186 : Le Pacte du sang (1970)

198 : Le Docteur soigne la veuve (1971)

209 : L'Homme aux lunettes noires (1971)

221 : Le Monstre sans visage (1972)

231 : Humeur rouge (1973)

257 : La Clinique de la mort (1974)

 

Collection Anticipation :

685 : La Nuit des Morphos (1975)

 

Voir les ouvrages de Dominique Rocher chez Rivière Blanche ici :

Autre site utile à consulter :

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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 14:10

Hommage bis à Brice Pelman décédé le 17 octobre 2004.

Gilles-Maurice Dumoulin et Brice Pelman en octobre 1999 pour les cinquante ans du Fleuve Noir à la BILIPO.

Gilles-Maurice Dumoulin et Brice Pelman en octobre 1999 pour les cinquante ans du Fleuve Noir à la BILIPO.

Votre premier roman « Le cadavre et moi » parait dans la collection L’Aventure criminelle dirigée par Pierre Nord. Ensuite paraissent quatre livres au Masque, sous le pseudonyme de Pierre Darcis. Pourriez-vous nous parler de cette époque, qui s’étale de 1960 à 1967.

Oui.

Au cours des années que j’ai passées dans ce club de lecteurs, j’avais quand même eu le temps d’écrire un roman. Ce roman s’appelait effectivement

Je l’avais tapé en plusieurs exemplaires, afin de le soumettre aux quatre ou cinq maisons qui à l’époque éditaient des romans policiers. Et Pierre Nord a été le seul à m’écrire une lettre encourageante, une longue lettre de deux pages que je garde encore comme une relique. J’ignorais qu’il était le colonel Brouillard, je ne savais à peu près rien de lui. Mon roman lui plaisait mais il contenait trop de maladresses pour être publié sous sa forme initiale. Pierre Nord m’a incité à le modifier.

J’ai introduit des inter-chapitres, retapé l’histoire, surtout le dénouement. Il a été tiré d’emblée à trente mille exemplaires et la critique l’a bien reçu. De plus j’étais le seul français de la collection * et ça c’était une particularité qui jouait en ma faveur. Mais avant d’en arriver là j’avais dû m’atteler à une besogne beaucoup plus ingrate. Il s’agit des traductions. Des traductions de l’anglo-saxon avec la collaboration de ma femme.

Pierre Nord avait un sens pratique certain. Il appréciait mon style qui était approprié au genre policier et il savait que ma femme était professeur agrégée d’anglais. Alors il m’a demandé de traduire un roman à l’essai. Ma femme m’a dicté au magnétophone un premier jet en m’indiquant les différentes nuances à donner à telle ou telle phrase, tel ou tel mot, et je rédigeais ensuite la version définitive. Ce travail finalement est devenu satisfaction, et c’est ainsi que nous sommes devenus presque à notre corps défendant traducteurs de la collection L’Aventure criminelle chez Fayard.

Par la suite Pierre Nord m’a chargé de raccourcir, ou de développer des romans, d’accentuer leur côté argotique, de faire en sorte qu’une simple histoire policière puisse être éditée dans la collection espionnage qui se vendait beaucoup mieux. La traduction proprement dite se doublait d’un travail d’adaptation que j’assimile personnellement à un travail de forçat. Chaque livre m’était payé au forfait, à l’époque 70 000 francs, le franc lourd n’avait pas encore fait son apparition. A l’heure de travail, nous gagnions moins qu’une femme de ménage. De plus comme un fait exprès nous récoltions toujours les livres les plus longs.

Cela dit, comme dans la chanson, je ne regrettais rien. Mais Pierre Nord me faisait miroiter l’espoir d’une seconde publication dans sa collection. Cet espoir était la carotte. Traduire, et encore traduire. Et je traduisais comme à l’avenant. Après une vingtaine de romans toutefois j’ai refusé de marcher et j’ai envoyé mon manuscrit au Masque qui l’a accepté. C’était

J’ai passé avec Pierre Nord d’excellentes soirées, vidé de nombreuses bouteilles de whisky. Il est mort et j’en profite pour lui rendre hommage. Et Pierre Nord vivait à Monaco, j’habite à Nice. Cela facilitait les contacts.

Alors ce travail de traducteur, je l’ai poursuivi ensuite pour Mystère Magazine et Hitchcock Magazine. J’ai calculé que j’avais dû traduire plus de trois-cents nouvelles. Ce qui n’est pas rien. Enfin bref ce travail m’a compté pour la pratique de la nouvelle et des romans policiers et m’a beaucoup appris.

 

 

* Brice Pelman, alias Pierre Darcis ne se souvenait peut-être plus que les premiers numéros de la collection L'aventure criminelle étaient signés Pierre Nord, que le numéro 9, Le taureau par les cornes, était dû à Frédéric Hoë qui a récidivé avec le N°57, La peau du lion, et que Hugues G. Clary était probablement français puisque les deux romans signés de ce pseudo ne possédaient pas de titre originaux en anglais ou américain.

 

Le cadavre et moi Collection l'Aventure criminelle N°72. 1960.

Le cadavre et moi Collection l'Aventure criminelle N°72. 1960.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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