On ne possède que peu d’éléments biographiques de Roger Ménanteau, d’ailleurs il est la plupart du temps oublié des différents ouvrages et dictionnaires consacrés au roman policier, sauf le DILIPO, mais il faut avouer qu’il se retranche (retranchait ?) volontiers dans sa bulle.
Roger Ménanteau écrivait dans un article de Mystère Magazine (voir ci-dessous) Je veux fuir systématiquement tout ce qui est extérieur au fait d’écrire déclarant qu’il a passé sept ans de sa vie en commun et n’en tirer aucun optimisme, mais seulement un besoin de rester dans mon trou. C’est sous le nom de plume de Roger Faller que Roger Ménanteau est le plus connu, un alias qui fut adopté pour ses premiers romans dans la collection Jean Bruce des Presses de la Cité, entre 1960 et 1962, puis lors de son entrée au Fleuve Noir en 1963, maison d’édition qu’il ne quittera plus jusqu’à sa retraite d’écrivain (ou de son éviction comme bien d’autres ?), en 1985.
Mais auparavant Roger Faller avait utilisé d’autres nombreux pseudos dont Roger Valière pour ses premiers romans édités chez La Bonne Presse, collection La Frégate, et celui de Roger Vaneyre chez Ferenczi, collection Mon Roman Policier. Il utilisa une seule fois celui d’Henri Grival pour les éditions Lutèce dans la collection Noire & Rose en 1956, un livre intitulé Et ces dollars… Victor ! Les éditions Ferenczi publiaient de très nombreux petits fascicules de 16, 32 ou 64 pages et c’est ainsi qu’il écrivit pour les collections Mon Roman policier, Police & Mystère, puis pour le Verrou et enfin Feux Rouges sous les alias de R.H. Nova, F.A. Wheeler, F.A. Whaler, Roger Nova, R. Henri Nova, Roger-Henri Nova et Henri Nova. Suite à la menace de procès d’un médecin Lyonnais, il fut obligé d’abandonner très vite ce dernier pseudo pour celui de Roger Nova.
Né le 18 février 1918 à La Flotte en Ré (Charente Maritime) Roger Ménanteau fait carrière dans l’enseignement et le journalisme politique. En juin 1950 il publie dans La dépêche du Midi un article sur L’intellectualisation du roman policier. Ensuite, entre 1956 et 1958, il collabore à différents quotidiens régionaux dont La Voix du Nord et La Dépêche du Midi, rédigeant une cinquantaine d’articles et de reportages notamment sur les pays de l’Est. Selon un article publié dans Télé 7jours du 3 septembre 1965, concernant l’adaptation en téléfilm de Plainte contre X, la signataire déclare qu’elle a rencontré l’auteur au Ministère des Affaires Etrangères, Quai d’Orsay. Etait-il là pour ses activités journalistiques. Etait-il attaché à ce ministère et non pas dans l’Enseignement ? Un changement de parcours professionnel ?
En 1950 paraît également sa première nouvelle policière dans Mystère Magazine n°34 : Méfiance ! Il en publiera cinq autres pour M.M. et Le Saint Magazine entre 1951 et 1963.
Sa production pour les différentes collections de chez Ferenczi s’élève à plus de soixante titres oscillant entre le roman policier et le roman d’espionnage. C’est en 1958 sous le pseudo de Roger Henri-Nova et Roger Nova que Ménanteau se fait remarquer avec quatre romans : Témoin Capital, Deux trous dans le cuir, qui manque de peu le Grand Prix de Littérature Policière en 1959, Valise pour Prague et Pour cause d’inventaire dans la collection Feux Rouges chez Ferenczi.
Dans son article Roger Henri-Nova alias Roger Faller, le pessimiste, explorateur de l’univers de la solitude, (Mystère Magazine n° 205, février 1965) Jacques Siry revient longuement sur Pour cause d’inventaire, qu’il juge son meilleur ouvrage à ce jour mais que l’auteur a raté de peu le chef d’œuvre.
Il compare Roger Henri-Nova à travers son analyse à divers auteurs et non des moindres. Une fois remis de la lecture de cet ouvrage suffocant, lorsqu’on s’efforce de l’analyser, on s’aperçoit que les comparaisons et les réminiscences se présentent en nombre à la mémoire : Frédéric Dard, pour le ton ; le Simenon des jours sombres pour l’atmosphère générale ; Hervé Bazin et Julien Green pour le personnage d’Albertine Hamel, sèche et glaciale, mais regorgeante de fiel et de venin, débordante de haine et de mépris ; Boileau-Narcejac, pour cet isolement d’un mâle démuni face à trois femelles complices (Albertine, Geneviève et Marie-Thérèse, la boniche) ; enfin et surtout Jean-Paul Sartre et Albert Camus pour la signification générale de l’œuvre et pour le caractère d’Armand Tillion.
Plus loin Jacques Siry complète son exposé en écrivant que tout cela fait penser à L’Etranger d’Albert Camus. Dans son épilogue Jacques Siry écrit : Comme on l’aura compris, le monde de Roger Ménanteau est un monde poisseux et étouffant, un monde morbide et désespéré, qui a des relents de rigoles et d’égouts, un monde amer et même atroce, où les coupables triomphent et où les innocents paient pour des fautes qu’ils n’ont pas commises. Les héros en sont des êtres cruels, hypocrites, cyniques et repoussants ; ou veules, mornes, lâches, médiocres, velléitaires, diminués physiquement ou moralement, accablés par une fatalité interne autant que par le poids d’une destinée qui n’a pas de sens, qui ne peut pas en avoir… Là gît l’origine première du pessimisme d’Henri Nova Faller, parce que là gît la base de sa conception de l’existence. Toute son œuvre se résume en effet en une double qui effet à une double démarche d’affranchissement de la société et de recherche de la solitude double démarche qui échoue. Roger Ménanteau complète par cette phrase : L’important n’est pas d’être libre (illusion), mais d’être seul et de savoir l’être.
Dans le bulletin du Fleuve Noir n°28 d’avril 1967, il répond à la question Qui êtes-vous Roger Faller par ces réponses laconiques qui parfois dénotent un certain humour.
Nom : Faller.
Prénom : Roger.
Adresse : Puteaux.
Signe Zodiacal : Poissons.
Age : 47 ans.
Lieu de naissance : La Flotte-en-Ré.
Nombre de livres édités : 34.
Héros favori : Se méfie des héros.
Loisirs : Voyages.
Sports pratiqués : Ceux de son âge.
Défauts : Ne fait pas étalage de ses qualités.
Qualités : Ne fait pas étalage de ses défauts.
Ce qu’il aime : N’a pas d’idées préconçues.
Ce qu’il déteste : N’a pas d’idées préconçues.
Pays visités : Toute l’Europe jusqu’à l’Union Soviétique.
Projets : Avoir beaucoup de projets.
Artistes préférés pour incarner son héros (s’il y a lieu) : Les bons.
Devise favorite : Le franc suisse.
Son plus beau vers : Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
S’il a utilisé comme protagoniste des détectives privés, d’anciens flics, des quidams, il a aussi mis en scène des écrivains et des journalistes. Ainsi dans Quatre heures au poste, il utilise le personnage réel de Ralph Messac, (1924-1999) ancien journaliste à Europe N°1 puis avocat, dont le père Régis Messac écrivit un ouvrage qui fait encore aujourd’hui référence : Le « Detective Novel » et l'influence de la pensée scientifique en 1929.
Au Fleuve Noir
Collection Espionnage :
358 : Ondes de choc
396 : Double top
439 : Chèque en rouge
451 : Quai 5
483 : Contact!
499 : Alerte au sol...
540 : Exportation interdite
570 : Point d'orgue
602 : Muntplatz, 39
636 : Jeu nul
667 : Dossier Sini
702 : Retour paye...
753 : Pleins risques
820 : Passage protégé
912 : Ultime recours
933 : Cartes sous table
1034 : Sous-sol majeur
1052 : L'Arme du diable
1191 : De plein fouet
1212 : Post mortem
Collection Spécial Police :
362 : Dernière solution
379 : Plainte contre X
398 : Dolce vita
407 : Quatre heures au poste
452 : Témoignage
487 : Un Si léger sommeil...
526 : Intérêts composés
545 : La Vérité pour finir
580 : La Place du mort
610 : Complaisances
647 : Par comble d'infortune
693 : Le Pavé de l'ours
750 : Les Mauvais cas
765 : La Gueule du loup
806 : Incident de parcours
840 : Le Mauvais bain
865 : Le Passage du bac
896 : Comme mars en carême
1028 : Pourquoi, Nathalie?
1075 : Eternelle reconnaissance
1104 : La Chose jugée
1119 : La Main lourde
1185 : Le Vent du boulet
1256 : L'Ordre des choses
1267 : Les Pires conséquences
1281 : Le Ciel m'est témoin
1301 : La Triste figure
1338 : Le Bon droit
1352 : S'il n'en reste qu'une...
1364 : En fin de comptes
137 : Le Ringard
1419 : Le Marché en main
1433 : Un Signalé service
1445 : La Berlure
1453 : La Bonne parole
1472 : De prime abord
1510 : Le Peu qui reste...
1543 : Le Droit de suite
1559 : La Mort du pêcheur
1602 : Le Linge sale
1637 : Le Coup de pied de l'âne
1658 : Le Champ libre
1664 : Feux verts
1704 : Le Gout du pain
1726 : La Vie de palaces
1748 : Le Petit grain
1779 : La Démarche
1812 : La Dérive
1846 : L'Or en branches