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2 juin 2018 6 02 /06 /juin /2018 10:10

On ne possède que peu d’éléments biographiques de Roger Ménanteau, d’ailleurs il est la plupart du temps oublié des différents ouvrages et dictionnaires consacrés au roman policier, sauf le DILIPO, mais il faut avouer qu’il se retranche (retranchait ?) volontiers dans sa bulle.

Roger FALLER : un portrait.

Roger Ménanteau écrivait dans un article de Mystère Magazine (voir ci-dessous) Je veux fuir systématiquement tout ce qui est extérieur au fait d’écrire déclarant qu’il a passé sept ans de sa vie en commun et n’en tirer aucun optimisme, mais seulement un besoin de rester dans mon trou. C’est sous le nom de plume de Roger Faller que Roger Ménanteau est le plus connu, un alias qui fut adopté pour ses premiers romans dans la collection Jean Bruce des Presses de la Cité, entre 1960 et 1962, puis lors de son entrée au Fleuve Noir en 1963, maison d’édition qu’il ne quittera plus jusqu’à sa retraite d’écrivain (ou de son éviction comme bien d’autres ?), en 1985.

Mais auparavant Roger Faller avait utilisé d’autres nombreux pseudos dont Roger Valière pour ses premiers romans édités chez La Bonne Presse, collection La Frégate, et celui de Roger Vaneyre chez Ferenczi, collection Mon Roman Policier. Il utilisa une seule fois celui d’Henri Grival pour les éditions Lutèce dans la collection Noire & Rose en 1956, un livre intitulé Et ces dollars… Victor ! Les éditions Ferenczi publiaient de très nombreux petits fascicules de 16, 32 ou 64 pages et c’est ainsi qu’il écrivit pour les collections Mon Roman policier, Police & Mystère, puis pour le Verrou et enfin Feux Rouges sous les alias de R.H. Nova, F.A. Wheeler, F.A. Whaler, Roger Nova, R. Henri Nova, Roger-Henri Nova et Henri Nova. Suite à la menace de procès d’un médecin Lyonnais, il fut obligé d’abandonner très vite ce dernier pseudo pour celui de Roger Nova.

Né le 18 février 1918 à La Flotte en Ré (Charente Maritime) Roger Ménanteau fait carrière dans l’enseignement et le journalisme politique. En juin 1950 il publie dans La dépêche du Midi un article sur L’intellectualisation du roman policier. Ensuite, entre 1956 et 1958, il collabore à différents quotidiens régionaux dont La Voix du Nord et La Dépêche du Midi, rédigeant une cinquantaine d’articles et de reportages notamment sur les pays de l’Est. Selon un article publié dans Télé 7jours du 3 septembre 1965, concernant l’adaptation en téléfilm de Plainte contre X, la signataire déclare qu’elle a rencontré l’auteur au Ministère des Affaires Etrangères, Quai d’Orsay. Etait-il là pour ses activités journalistiques. Etait-il attaché à ce ministère et non pas dans l’Enseignement ? Un changement de parcours professionnel ?

 

Roger FALLER : un portrait.

En 1950 paraît également sa première nouvelle policière dans Mystère Magazine n°34 : Méfiance ! Il en publiera cinq autres pour M.M. et Le Saint Magazine entre 1951 et 1963.

Sa production pour les différentes collections de chez Ferenczi s’élève à plus de soixante titres oscillant entre le roman policier et le roman d’espionnage. C’est en 1958 sous le pseudo de Roger Henri-Nova et Roger Nova que Ménanteau se fait remarquer avec quatre romans : Témoin Capital, Deux trous dans le cuir, qui manque de peu le Grand Prix de Littérature Policière en 1959, Valise pour Prague et Pour cause d’inventaire dans la collection Feux Rouges chez Ferenczi.

Roger FALLER : un portrait.

Dans son article Roger Henri-Nova alias Roger Faller, le pessimiste, explorateur de l’univers de la solitude, (Mystère Magazine n° 205, février 1965) Jacques Siry revient longuement sur Pour cause d’inventaire, qu’il juge son meilleur ouvrage à ce jour mais que l’auteur a raté de peu le chef d’œuvre.

Il compare Roger Henri-Nova à travers son analyse à divers auteurs et non des moindres. Une fois remis de la lecture de cet ouvrage suffocant, lorsqu’on s’efforce de l’analyser, on s’aperçoit que les comparaisons et les réminiscences se présentent en nombre à la mémoire : Frédéric Dard, pour le ton ; le Simenon des jours sombres pour l’atmosphère générale ; Hervé Bazin et Julien Green pour le personnage d’Albertine Hamel, sèche et glaciale, mais regorgeante de fiel et de venin, débordante de haine et de mépris ; Boileau-Narcejac, pour cet isolement d’un mâle démuni face à trois femelles complices (Albertine, Geneviève et Marie-Thérèse, la boniche) ; enfin et surtout Jean-Paul Sartre et Albert Camus pour la signification générale de l’œuvre et pour le caractère d’Armand Tillion.

Plus loin Jacques Siry complète son exposé en écrivant que tout cela fait penser à L’Etranger d’Albert Camus. Dans son épilogue Jacques Siry écrit : Comme on l’aura compris, le monde de Roger Ménanteau est un monde poisseux et étouffant, un monde morbide et désespéré, qui a des relents de rigoles et d’égouts, un monde amer et même atroce, où les coupables triomphent et où les innocents paient pour des fautes qu’ils n’ont pas commises. Les héros en sont des êtres cruels, hypocrites, cyniques et repoussants ; ou veules, mornes, lâches, médiocres, velléitaires, diminués physiquement ou moralement, accablés par une fatalité interne autant que par le poids d’une destinée qui n’a pas de sens, qui ne peut pas en avoir… Là gît l’origine première du pessimisme d’Henri Nova Faller, parce que là gît la base de sa conception de l’existence. Toute son œuvre se résume en effet en une double qui effet à une double démarche d’affranchissement de la société et de recherche de la solitude double démarche qui échoue. Roger Ménanteau complète par cette phrase : L’important n’est pas d’être libre (illusion), mais d’être seul et de savoir l’être.

 

Dans le bulletin du Fleuve Noir n°28 d’avril 1967, il répond à la question Qui êtes-vous Roger Faller par ces réponses laconiques qui parfois dénotent un certain humour.

Nom : Faller.

Prénom : Roger.

Adresse : Puteaux.

Signe Zodiacal : Poissons.

Age : 47 ans.

Lieu de naissance : La Flotte-en-Ré.

Nombre de livres édités : 34.

Héros favori : Se méfie des héros.

Loisirs : Voyages.

Sports pratiqués : Ceux de son âge.

Défauts : Ne fait pas étalage de ses qualités.

Qualités : Ne fait pas étalage de ses défauts.

Ce qu’il aime : N’a pas d’idées préconçues.

Ce qu’il déteste : N’a pas d’idées préconçues.

Pays visités : Toute l’Europe jusqu’à l’Union Soviétique.

Projets : Avoir beaucoup de projets.

Artistes préférés pour incarner son héros (s’il y a lieu) : Les bons.

Devise favorite : Le franc suisse.

Son plus beau vers : Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.

 

S’il a utilisé comme protagoniste des détectives privés, d’anciens flics, des quidams, il a aussi mis en scène des écrivains et des journalistes. Ainsi dans Quatre heures au poste, il utilise le personnage réel de Ralph Messac, (1924-1999) ancien journaliste à Europe N°1 puis avocat, dont le père Régis Messac écrivit un ouvrage qui fait encore aujourd’hui référence : Le « Detective Novel » et l'influence de la pensée scientifique en 1929.

Roger FALLER : un portrait.

Au Fleuve Noir

Collection Espionnage :

 

358 : Ondes de choc

396 : Double top

439 : Chèque en rouge

451 : Quai 5

483 : Contact!

499 : Alerte au sol...

540 : Exportation interdite

570 : Point d'orgue

602 : Muntplatz, 39

636 : Jeu nul

667 : Dossier Sini

702 : Retour paye...

753 : Pleins risques

820 : Passage protégé

912 : Ultime recours

933 : Cartes sous table

1034 : Sous-sol majeur

1052 : L'Arme du diable

1191 : De plein fouet

1212 : Post mortem

 

Collection Spécial Police :

 

362 : Dernière solution

379 : Plainte contre X

398 : Dolce vita

407 : Quatre heures au poste

452 : Témoignage

487 : Un Si léger sommeil...

526 : Intérêts composés

545 : La Vérité pour finir

580 : La Place du mort

610 : Complaisances

647 : Par comble d'infortune

693 : Le Pavé de l'ours

750 : Les Mauvais cas

765 : La Gueule du loup

806 : Incident de parcours

840 : Le Mauvais bain

865 : Le Passage du bac

896 : Comme mars en carême

1028 : Pourquoi, Nathalie?

1075 : Eternelle reconnaissance

1104 : La Chose jugée

1119 : La Main lourde

1185 : Le Vent du boulet

1256 : L'Ordre des choses

1267 : Les Pires conséquences

1281 : Le Ciel m'est témoin

1301 : La Triste figure

1338 : Le Bon droit

1352 : S'il n'en reste qu'une...

1364 : En fin de comptes

137 : Le Ringard

1419 : Le Marché en main

1433 : Un Signalé service

1445 : La Berlure

1453 : La Bonne parole

1472 : De prime abord

1510 : Le Peu qui reste...

1543 : Le Droit de suite

1559 : La Mort du pêcheur

1602 : Le Linge sale

1637 : Le Coup de pied de l'âne

1658 : Le Champ libre

1664 : Feux verts

1704 : Le Gout du pain

1726 : La Vie de palaces

1748 : Le Petit grain

1779 : La Démarche

1812 : La Dérive

1846 : L'Or en branches

 

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commentaires

O
Une précision supplémentaire à mon précédent message, qui peut-être vous intéressera. <br /> Bonjour voisins, lancé le 21 novembre 1961, était signé du nom d'Armand Mandar et Roger Ménanteau. Ménanteau sous son patronyme et Ralph sous un pseudonyme emprunté à son père.<br /> Juste une curiosité.<br /> Au plaisir
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O
Merci à vous !
O
Amusante la référence finale à Ralph Messac dans Quatre heures au poste. Mais comme vous dites plus haut que l'on ne possède que peu d'éléments biographiques sur Roger Ménanteau, j'ajouterai qu'il en est une autre du même acabit dans la Belle oseille (sous le nom d'Henri Nova) chez Ferenczi en 1959, pp. 136-137.<br /> Ménanteau et Messac étaient amis. Ensemble ils ont écrit, en 1962, une série radiophonique intitulée « Bonjour voisins » pour Roger Pierre, Jean-Marc Thibault, Caroline Clerc et Françoise Dorin, diffusée quotidiennement sur Europe 1. <br /> De son côté, Mesplède présente Ménanteau comme un homme qui a fait carrière dans l’enseignement et le journalisme politique. C'est possible, mais il avait été plutôt (ou aussi) fonctionnaire au ministère des affaires étrangères. Il habitait alors à Puteaux, près de Paris. Les revenus de ses romans lui permettaient de satisfaire sa passion pour les voitures de sport. <br /> Dans un article du journal de Quinzinzinzili (n° 36, nov. 2017, p. 19), Patrick Ramseyer indique la date de sa mort le 1er mars 1999 à la Flotte-en-Ré, et ajoute le nom de Roger Julian à la liste de ses pseudonymes.<br /> Bien à vous
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O
Bonjour et merci pour toutes ces précisions. J'avais fait la connaissance de Ralph Messac au début des années 1980 à Reims dans le cadre du festival du roman et du film policier dirigé par Jacques Baudou. J'en avais parlé à Ralph mais il ne s'était pas étendu sur le sujet.<br /> Bonne fin de semaine

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