Quand le Saint naviguait chez les éditeurs !
Mollement allongé sur un rocher plat, Simon Templar s’adonne au bronzage intégral sur une plage de la baie de l’île de Tresco.
Il avait reçu quelques temps auparavant une lettre de son ami Smithson Smith, et à sa lecture, Simon avait décidé de quitter Londres engoncée par la chaleur.
Il était notamment question de l’arrivée de deux yachts dont l’un appartenant à Abdul Osman. Or Simon avait déjà rencontré Abdul Osman quelques années auparavant et il lui avait laissé sur le visage deux marques dont l’homme avait eu du mal à se débarrasser. C’est dire si leurs relations n’étaient pas au beau fixe, contrairement au temps.
Soudain Simon aperçoit une jeune fille qui manœuvre telle une débutante son canot et tombe par-dessus bord. Aussitôt il plonge à sa rescousse et sauve Laura de la noyade, la ramenant sur le yacht appartenant à son beau-père, Galbraith Stride. Non loin, il distingue que du yacht voisin, le Louxor, un homme le surveille à l’aide de jumelles. Il s’agit d’Abdul Osman.
De retour sur la terre ferme, Simon se rince le gosier en compagnie de son ami Smithson Smith, qui tient l’auberge locale. Soudain deux jeunes hommes entrent, se désaltèrent aux aussi puis l’un des deux s’en va. Il se blesse à la cheville et son ami le rejoint le ramenant à l’établissement. Cet épisode ne serait qu’une banalité si Simon ne s’était aperçu qu’ils en avaient profité pour lui glisser un poison ou un soporifique dans son verre de bière.
Naturellement Simon n’apprécie pas cette atteinte à son intégrité physique et il se lance dans une enquête qui le ramène à Abdul Osman, son ennemi. Or Galbraith Stride et Abdul Osman sont en cheville, se partageant le marché de la cocaïne et le trafic de Blanches au niveau mondial. Et Abdul Osman souhaite se débarrasser de son soi-disant partenaire dans ces affaires juteuses. Laura ne sait rien des affaires louches que traite son beau-père et encore moins de l’accord conclu entre les deux hommes. Car Osman veut épouser la jeune fille.
Mais Simon Templar est toujours là au bon moment pour remettre les choses en bon ordre et châtier, d’une manière ou d’une autre, légalement ou non, les coupables et les malfaisants.
Simon Templar est surnommé le Saint.
On n’était pas fixé exactement sur l’origine de ce surnom. Etait-ce parce que les initiales de Simon Templar – S.T. – faisaient penser à l’abréviation du mot « saint » : St ? ou bien parce que l’homme laissait toujours derrière lui, son crime accompli, une sorte de signature, un dessin linéaire, tel qu’en pourrait tracer un enfant, représentant un bonhomme dont la tête était surmontée d’une auréole symbolique ?
Publié en France par Fayard en 1933 dans le recueil Ici le Saint (The Saint and Mr. Teal ou Once more The Saint), cette nouvelle originellement titrée Galbraith Stride fut pendu, était accompagnée de L'Homme qui pouvait faire de l'or ou Le Secret du Professeur Quell (The Gold Standard) qui parut indépendamment dans la collection Crime et Police N°30 chez Ferenczi, rééditée dans la collection Le Verrou N°9.
Quant au titre ici proposé, il a été recueilli en France dans : Ici le Saint ! en 1933, réédité en 1934 dans la collection Crime et Police N°58 des éditions Ferenczi sous le titre La Tragédie du Louxor puis dans cette nouvelle édition en 1950.
Cette dernière précision est importante aux yeux des chercheurs et collectionneurs pour un raison toute simple : la seconde version parue chez Ferenczi semble avoir été remaniée pour coller à la date de parution.
En effet, on peut lire dans l’ouvrage paru dans la collection Le Verrou :
La maison qu’il avait choisie à son retour en Angleterre était encore aux mains des décorateurs qui réparaient fébrilement les dégâts causés par une puissante bombe explosant dans une pièce contiguë (page 5).
Comme la plupart des habitants du minuscule archipel (Les îles Scilly), il connaissait bien mieux l’Orient et les ports lointains que la moindre ville d’Angleterre. Cela avait frappé Templar dès ses premières visites à l’hôtel Tregarthen. Sur ces écueils, groupés à une quarantaine de milles du cap Land’s End, où l’on pouvait s’attendre à rencontrer des hommes n’ayant jamais quitté leurs îles, il avait retrouvé des gens qui connaissaient par leurs noms les rues de Bagdad et de Damas. Et quand on poussait un peu Mr. Smithson Smith sur ce sujet, il se recueillait un moment, ses yeux semblaient regarder très loin, sa voix s’adoucissait encore comme s’il revoyait plus nettement les déserts d’Arabie que la baie et les flots qui dansaient sous les fenêtres de l’hôtel… Simon sentait que, pour cet homme, tout l’intérêt de la vie tenait dans ces jours passés. La guerre avait pris des soldats dans tous les hameaux du Royaume-Uni pour les jeter à la mort, dans des lieux étranges, à l’autre bout du monde, puis les avait ramenés dans leurs villages endormis où ils se souvenaient (Page 24).
Doit-on attacher ces deux passages à des épisodes de la Seconde Guerre Mondiale ou tout simplement à la Grande Guerre ? Seul un collectionneur possèdant l’édition originale française dans la collection Crime et Police pourrait nous renseigner. Avis aux amateurs.
Leslie CHARTERIS : La tragédie du Louxor (The Death Penalty – 1933. Traduction de Claude Merry). Collection Le Verrou N° 5. Editions Ferenczi. Parution 3e trimestre 1950. 128 pages.
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