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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 14:10

Hommage bis à Brice Pelman décédé le 17 octobre 2004.

Gilles-Maurice Dumoulin et Brice Pelman en octobre 1999 pour les cinquante ans du Fleuve Noir à la BILIPO.

Gilles-Maurice Dumoulin et Brice Pelman en octobre 1999 pour les cinquante ans du Fleuve Noir à la BILIPO.

Votre premier roman « Le cadavre et moi » parait dans la collection L’Aventure criminelle dirigée par Pierre Nord. Ensuite paraissent quatre livres au Masque, sous le pseudonyme de Pierre Darcis. Pourriez-vous nous parler de cette époque, qui s’étale de 1960 à 1967.

Oui.

Au cours des années que j’ai passées dans ce club de lecteurs, j’avais quand même eu le temps d’écrire un roman. Ce roman s’appelait effectivement

Je l’avais tapé en plusieurs exemplaires, afin de le soumettre aux quatre ou cinq maisons qui à l’époque éditaient des romans policiers. Et Pierre Nord a été le seul à m’écrire une lettre encourageante, une longue lettre de deux pages que je garde encore comme une relique. J’ignorais qu’il était le colonel Brouillard, je ne savais à peu près rien de lui. Mon roman lui plaisait mais il contenait trop de maladresses pour être publié sous sa forme initiale. Pierre Nord m’a incité à le modifier.

J’ai introduit des inter-chapitres, retapé l’histoire, surtout le dénouement. Il a été tiré d’emblée à trente mille exemplaires et la critique l’a bien reçu. De plus j’étais le seul français de la collection * et ça c’était une particularité qui jouait en ma faveur. Mais avant d’en arriver là j’avais dû m’atteler à une besogne beaucoup plus ingrate. Il s’agit des traductions. Des traductions de l’anglo-saxon avec la collaboration de ma femme.

Pierre Nord avait un sens pratique certain. Il appréciait mon style qui était approprié au genre policier et il savait que ma femme était professeur agrégée d’anglais. Alors il m’a demandé de traduire un roman à l’essai. Ma femme m’a dicté au magnétophone un premier jet en m’indiquant les différentes nuances à donner à telle ou telle phrase, tel ou tel mot, et je rédigeais ensuite la version définitive. Ce travail finalement est devenu satisfaction, et c’est ainsi que nous sommes devenus presque à notre corps défendant traducteurs de la collection L’Aventure criminelle chez Fayard.

Par la suite Pierre Nord m’a chargé de raccourcir, ou de développer des romans, d’accentuer leur côté argotique, de faire en sorte qu’une simple histoire policière puisse être éditée dans la collection espionnage qui se vendait beaucoup mieux. La traduction proprement dite se doublait d’un travail d’adaptation que j’assimile personnellement à un travail de forçat. Chaque livre m’était payé au forfait, à l’époque 70 000 francs, le franc lourd n’avait pas encore fait son apparition. A l’heure de travail, nous gagnions moins qu’une femme de ménage. De plus comme un fait exprès nous récoltions toujours les livres les plus longs.

Cela dit, comme dans la chanson, je ne regrettais rien. Mais Pierre Nord me faisait miroiter l’espoir d’une seconde publication dans sa collection. Cet espoir était la carotte. Traduire, et encore traduire. Et je traduisais comme à l’avenant. Après une vingtaine de romans toutefois j’ai refusé de marcher et j’ai envoyé mon manuscrit au Masque qui l’a accepté. C’était

J’ai passé avec Pierre Nord d’excellentes soirées, vidé de nombreuses bouteilles de whisky. Il est mort et j’en profite pour lui rendre hommage. Et Pierre Nord vivait à Monaco, j’habite à Nice. Cela facilitait les contacts.

Alors ce travail de traducteur, je l’ai poursuivi ensuite pour Mystère Magazine et Hitchcock Magazine. J’ai calculé que j’avais dû traduire plus de trois-cents nouvelles. Ce qui n’est pas rien. Enfin bref ce travail m’a compté pour la pratique de la nouvelle et des romans policiers et m’a beaucoup appris.

 

 

* Brice Pelman, alias Pierre Darcis ne se souvenait peut-être plus que les premiers numéros de la collection L'aventure criminelle étaient signés Pierre Nord, que le numéro 9, Le taureau par les cornes, était dû à Frédéric Hoë qui a récidivé avec le N°57, La peau du lion, et que Hugues G. Clary était probablement français puisque les deux romans signés de ce pseudo ne possédaient pas de titre originaux en anglais ou américain.

 

Le cadavre et moi Collection l'Aventure criminelle N°72. 1960.

Le cadavre et moi Collection l'Aventure criminelle N°72. 1960.

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