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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 04:21

Je ne sens plus
Ma différence
Quelque chose me drape
Quelque chose me tue
Quelque chose m'attaque
Je ne la sens plus
Ma différence…

Daniel CARIO : Le sourire du lièvre.

Leur première rencontre, c’était dans la cour de l’école privée de Saint-Mériac, dans les environs de Quimper, en cours préparatoire.

Pourtant c’était comme si elles s’étaient regardées dans une glace, seule la couleur de cheveux les différant l’une de l’autre. Sinon on aurait pu dire qu’elles étaient jumelles, tellement elles se ressemblaient. Jusqu’au bec-de-lièvre qui ornait leur lèvre supérieure.

Marie est la fille adoptive d’un riche notable, qui dirige une entreprise de pompes funèbres, qui ne connait pas la crise, vivant dans un grand manoir situé à la lisière de Saint-Mériac. Hubert Lesvêque et sa femme ont un fils âgé de quatre ans de plus que Marie. Maurice est un fourbe, un être chafouin, qui n’a de cesse d’importuner Marie. Hubert est colérique tandis que sa femme se laisse embobiner par son mari. Marie a été adoptée par madame Lesvêque, malgré l’avis de son mari, parce qu’ils ne pouvaient avoir d’autres enfants, mais elle est un peu la souffre-douleur du foyer. Elle a été recueillie alors qu’elle n’avait que quelques jours, n’ayant pas été déclarée, et ne possède que pour seul bagage une petite médaille en argent qu’elle garde précieusement par devers elle.

Jeanne est la fille d’un vannier qui vit seul dans une maison isolée, dans les bois, mais assez proche toutefois du manoir des Levesque. La mère est décédée trop tôt, et le vannier a reporté toute son affection et son amour sur sa fille. Il n’est pas riche même s’il a trouvé un petit pécule caché dans cette fermette.

Entre les deux gamines, aussitôt, s’élève comme une bulle dans laquelle elles sont enfermées, n’écoutant pas les railleries des autres élèves. Seule leur institutrice les affectionne, ainsi que la directrice dans un moindre sentiment toutefois. Elles deviennent deux sœurs inséparables, au grand plaisir du vannier, tandis que le père Lesvêque et sa femme s’offusquent de cette alliance qu’il juge hors norme. Sa fille ne doit pas frayer avec la fille d’un romanichel, ainsi considère-t-il le vannier. Tandis que Maurice continue à taquiner, à harceler Marie. Les Lesvêque préférant ne rien voir, le gamin ayant toujours raison selon eux.

Jusqu’au jour où le père Lesvêque, dont l’entreprise de pompes funèbres prend de plus en plus d’importance, décide de séparer les deux gamines, envoyant sa fille dans un institut privé catholique dans une ville voisine. En réalité il s’agit d’une usine à fabriquer des religieuses. Les deux fillettes correspondent et les années passent jusqu’au jour où Marie s’évade de cette institution qu’elle exècre, six ans après y avoir été enfermée.

Marie et Jeanne, qui ont alors treize ans, vont pouvoir se retrouver mais le drame éclate, d’une part à cause d’une ronce enfoncée dans la main de Jeanne, et d’autre part par un nouvel harcèlement de Maurice, qui à dix-sept ans veut se prouver qu’il est un homme auprès de Marie.

Marie est portée manquante et Lesvêque, qui n’est pas charitable, accuse le vannier de cacher sa fille. Les années passent, la guerre est déclarée et la soldatesque nazie envahit la Bretagne. Le petit village n’est pas épargné et le manoir de Lesvêque sert alors de quartier général.

 

Ce roman, qui comprend cinq parties, aurait pu être scindé en deux tomes, tellement la première partie, axée sur l’amitié des deux gamines, aurait suffit pour alimenter l’intrigue. La seconde partie, qui est plus orientée sur les démêlés du vannier et de sa fille face à la haine qu’entretient Lesvêque qui s’adonne de plus en plus à la boisson, plonge le lecteur dans les affres de la guerre, l’Occupation et la Résistance.

La première partie est titrée La rencontre, la troisième et la quatrième L’Occupation et La Résistance, et la dernière La révélation. Et la deuxième me demanderez-vous ? Son titre est trop révélateur pour que je le dévoile, mais vous pouvez toujours compulser cet ouvrage chez votre libraire préféré, puisqu’il est considéré, et ce n’est que justice, comme commerce essentiel.

Certains passages sont poignants, notamment lorsque la Résistance entre en conflit avec l’Occupant, des hommes considérés comme des terroristes par les Nazis, des Résistants par les Bretons, du moins la plupart, car d’autres trouvent leur compte dans la présence de la soldatesque allemande. Comme quoi les actions sont interprétées différemment selon que l’on se place d’un côté ou de l’autre des belligérants. Et la versatilité des individus est conditionnée par les avis des uns et des autres.

Si ce roman est l’éloge de l’amitié et du droit à la différence, sociale et physique, c’est aussi celui du secret qui souvent prévaut dans les campagnes profondes. Secret familial évidemment avec l’origine indéterminée des enfants abandonnés. S’y ajoute un petit côté fantastique lorsque la fille du vannier est reconnue comme une guérisseuse par l’imposition des mains. Mais il est vrai que l’influence des guérisseurs, des rebouteux, était forte dans la population, à tort ou à raison.

Un roman que l’on ne peut lâcher en cours de lecture tant l’intrigue est habilement élaborée, réservant de nombreuses surprises et sautillant de rebondissement en rebondissement.

Daniel CARIO : Le sourire du lièvre. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution le 11 mars 2021. 542 pages. 21,00€.

ISBN : 9782258192829

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30 mars 2021 2 30 /03 /mars /2021 04:37

Admirez la sobriété de la couverture !

Jo BRIX : Tirez les premiers.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, la vedette allemande S-121 a pour mission de patrouiller en Mer du Nord et de surveiller les déplacements des navires britanniques et les convois américains apportant ravitaillement et matériel aux Russes.

Le capitaine de corvette Karl Winkler est d’abord un soldat allemand, embringué dans une guerre qu’il subit sans partager l’idéologie nazie. Au contraire de l’enseigne de vaisseau Thielen, jeune viking blond aux yeux d’acier, qui lui est résolument nazi.

Ne confondez jamais un soldat allemand et un soldat nazi, lui intime-t-il alors qu’il surveille avec ses jumelles le Heinkel abattu par des Spitfires au dessus de leurs têtes. Mais le brouillard les empêche de distinguer le lieu d’amerrissage des parachutistes.

Deux autres vedettes rapides allemandes sillonnent également la mer. Bientôt la S-121 est engluée dans un des convois. Un destroyer se lance à leur chasse mais ils parviennent à lui échapper. Un cargo lourdement chargé se présente quasiment face à eux mais il est accompagné par un croiseur qui n’hésite pas à lancer des torpilles.

Les deux autres vedettes allemandes arrivent rapidement sur place mais elles sont victimes des tirs nourris des escorteurs allemands. La S-121 parvient à échapper aux navires alliés et retrouve sur sa route le cargo. Le capitaine, après avoir reçu les ordres de l’état-major tranquillement installé à l’abri à terre, fait envoyer des torpilles sur le cargo.

Le bâtiment est touché et ils récupèrent trois naufragés. Un vieil homme grièvement blessé et deux jeunes femmes, des Suédoises, sont recueillies. La Suède est un pays neutre, n’est pas en guerre et donc les naufragés sont étrangers au conflit. Le vieil homme décède rapidement et il est immergé.

La vedette joue au chat et à la souris avec les navires alliés. Le brouillard et le froid s’intensifie et la navigation s’effectue au radar. Elle va rencontrer un navire qui s’avère être un leurre puis plus problématique, un sous-marin.

Mais à bord la tension est vive entre le capitaine, vieux marin expérimenté, et l’enseigne de vaisseau, un jeunot imbu de lui-même, ayant obtenu ses galons sur les bancs de l’école, mais fanatique. Et la présence des deux jeunes femmes n’arrange pas la situation.

 

Ce bon roman consacré à un épisode de la guerre maritime entre l’Allemagne et les Alliés était probablement destiné à la collection Feu lorsqu’il a été écrit. Mais celle-ci fut sabordée en 1975.

Et sous le pseudonyme de Jo Brix se cachait un romancier du Fleuve Noir, Roger Maury, qui eut quelques démêlés avec cette maison d’éditions à cause, notamment, de sa collusion avec Henry Trémesaigues, qui avait fondé la sienne, employant de nombreux auteurs sous divers alias maison.

C’est ainsi que furent publiés, outre Roger Maury, Piet Legay ou encore Roger Vlatimo, un vieux routier du roman populaire souvent sous des pseudonymes conjoints.

Tirez les premiers est solidement charpenté, documenté, seulement, collection oblige, des épisodes érotiques se sont greffés sur l’intrigue. Etaient-ils prévus dès le départ, ou ont-ils été ajoutés pour justifier le titre de la collection Warsex, l’auteur ne nous le dévoilera plus puisque Roger Maury est décédé en 2016.

Toute l’action se déroule sur la vedette, unité de lieu, en une journée et une nuit, unité de temps, avec l’antagonisme entre deux hommes qui se dressent l’un contre l’autre et dont les idées sur la guerre sont diamétralement opposées.

Et dire qu’il y avait toujours quelques idiots pour croire en la valeur des généraux, des amiraux… Des types comme les autres, oui ! Comme les politicards qui menaient le monde. Comme le grand et superbe Reichführer. Des types à qui on élèverait des statues si on gagnait et que l’on vomirait si on perdait. Des types qui retireraient la gloire d’avoir fait tuer des milliers d’hommes sans jamais connaître de la guerre autre chose que ce qu’ils lisaient dans les fameux rapports.

Jo BRIX : Tirez les premiers. Collection Warsex N°017. Editions Promodifa. Parution 2e trimestre 1976. 192 pages.

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25 février 2021 4 25 /02 /février /2021 04:24

Un auteur bicéphale

Pierre MAËL : Fille de rois.

En ce mois de janvier 1641, partie de la région de Quimperlé, la jeune Jeanne de Plonay, comtesse de Blois et de Poher, treize ans, surnommée Jeanne la Pâle à cause de son teint de porcelaine blanche, se rend à Rennes. Elle désire rencontrer les Messieurs du Parlement afin de plaider sa cause dans une affaire de spoliation d’héritage que c’est approprié un sien parent.

Elle est accompagnée de huit personnes : son cousin Hervé de La Ville-Rouault, le sire de Kerbullic son oncle maternel, le majordome Anthelme Bullic plus deux serviteurs, Hugon Bohec et Yves Kemener. Dans le fiacre qui l’emmène, siègent Anne de Plonay, une parente, et Reine Bohec la première de ses suivantes, et la petit Aloyse Kemener, sœur du serviteur.

Sa requête n’ayant pu aboutir, Jeanne de Poher décide d’en référer plus haut auprès du cardinal Mazarin mais avant de rejoindre la capitale, elle se rend à Blois où siègent quelques membres de la famille royale.

En cours de route, cet équipage s’installe pour une nuitée dans une auberge. Mais celle-ci est attaquée par des brigands de grands chemins, et Hervé de La Ville-Rouault, dix-neuf ans, et ses compagnons ainsi que l’aubergiste et ses valets, se montrent intrépides, refoulant les assauts. Une bataille bientôt couronnée de succès. Surtout pour Hervé qui est amoureux de sa jeune cousine.

Puis il aura encore l’occasion de démontrer son courage lorsque des loups affamés par la rigueur de l’hiver attaquent eux aussi le convoi. Non sans mal encore une fois, il réussira à mettre en fuite les canidés.

Arrivée à Blois, Jeanne de Poher est reçue comme il est dû à son rang, mais la jeune Anne Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, fille de Gaston d’Orléans et cousine germaine du futur Louis XIV, lui bat froid car toutes deux possèdent le titre de comtesse de Blois. Pourtant Jeanne de Poher n’usurpe pas son titre puisqu’elle est la petite fille d’Oliver de Bois, duc de Penthièvre. Une mise au point nécessaire qui attire les bonnes grâces de celle qui deviendra la Grande Mademoiselle. Les deux adolescentes sont à peu près du même âge et bientôt elles deviendront amies.

Tandis que Jeanne de Poher reste à Blois en compagnie de sa jeune compagne mademoiselle de Montpensier, Hervé de La Ville-Rouault se rend à Paris où il est présenté au cardinal de Richelieu, par l’entremise de son oncle Geoffroy de Kerbullic et d’un ancien compagnon d’armes de celui-ci attaché au service du prélat ministre.

Il est affecté au service du maréchal de La Meilleraie puis à celui de Louis de Bourbon, duc d’Enghien, un général de vingt-deux ans. Il se distingue lors de la bataille de Rocroy contre les Espagnols.

 

Ce roman se déroule de 1641 jusqu’en 1652, à la fin de cette période qui vit la révolte des Princes, déclenchée par la haine de Condé et quelques autres envers Mazarin et contre la royauté en général depuis Henri IV et Louis XIII. La fameuse Fronde ou Guerre des Lorrains qui ébranla le pouvoir royal.

Un épisode trouble au cours duquel Hervé de La Ville-Rouault saura se mettre en valeur, tandis que La Grande Mademoiselle participera activement à cette révolte, contre le jeune futur Louis XIV né en 1638.

Trempant sa plume dans l’encrier d’Alexandre Dumas, Pierre Maël, pseudonyme collectif de Charles Causse (1862-1904) et Charles Vincent (1851-1920), fait revivre cette période agitée avec verve.

Fille de rois est tout autant un roman historique, qu’un roman sentimental, malgré le jeune âge des deux principaux protagonistes. Surtout Jeanne de Poher qui n’a que treize ans au début du récit mais dont l’émoi amoureux s’intensifie au fur et à mesure de la déclinaison de cette intrigue, un élan amoureux qui toutefois reste chaste (y’en a qui ont eu peur, l’époque actuelle fustigeant les amours enfantines).

Malgré leur jeune âge, treize ans et un peu plus, Jeanne de Poher et Anne Marie Louise d’Orléans sont déjà matures. Jeanne la Pâle est déterminée, courageuse, et Anne Marie Louise est déjà rebelle, indépendante et dotée d’un fort caractère. Ce qui les a divisé au départ et a forgé leur amitié par la suite. Deux figures féminines loin des clichés de soumission de l’époque. Mais les autres protagonistes eux aussi possèdent un caractère trempé.

Les romans d’aventures, historiques et sentimentaux de Pierre Maël étaient destinés à la jeunesse et furent souvent associés comme livres d’étrennes et prix scolaires. Ils connurent le succès jusque dans les années 1950 et si leurs auteurs, tous deux d’origine bretonne, étaient catholiques fervents et légitimistes, n’en font pas étalage dans leurs écrits. A noter que Charles Causse est le père de Jean d’Agraives, lui-même auteur fort reconnu

Pierre MAËL : Fille de rois. Collection Bibliothèque de la Jeunesse. Editions Hachette. Parution 1948. 256 pages.

Première publication : Hachette. 1902.

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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 04:26

A ne pas confondre avec les Compagnons de J’ai bu !

Alexandre DUMAS : Les compagnons de Jéhu.

Le 9 octobre 1799, deux voyageurs s’arrêtent à l’Hôtel du Palais-Royal d’Avignon et demandent à se sustenter à la table d’hôtes, où déjà sont installés une douzaine de convives. Les discussions vont bon train, la ville papale étant principalement royaliste. Mais ce sont les récentes attaques de diligences qui alimentent les conversations.

En effet, une bande nommée Les Compagnons de Jéhu s’en prend aux diligences transportant des fonds destinés au gouvernement, s’emparant de l’argent récolté. Cet argent, indûment acquis, est destiné aux rebelles de Vendée afin de leur permettre de continuer leur travail de sape et de rétablir les Bourbons sur le trône de France, en l’occurrence le roi Louis, dix-huitième du nom.

S’introduit un homme masqué, répondant au nom de Morgan, qui remet à l’un des convives un sac d’argent qui se trouvait en compagnie de l’argent destinée au gouvernement. Car, il l’affirme, les Compagnons de Jéhu ne sont point des voleurs de grands chemins et ne dérobent jamais le pécule des particuliers. Puis il repart comme il est arrivé sans être inquiété.

Les deux inconnus ne sont guère diserts. L’un répond au nom de Roland, l’autre est un général d’après son ami. L’on apprendra plus tard qu’il s’agit de Bonaparte qui vient de débarquer à Toulon, ayant quitté précipitamment l’Egypte. Nous retrouverons plus tard Bonaparte, mais ce sont bien Roland de Montrevel et le fameux Morgan, qui n’est autre que le baron Charles de Sainte-Hermine, qui s’imposent comme personnages principaux de ce roman.

Le général et Roland se quittent, l’un pour monter à Paris, l’autre pour se rendre dans sa famille près de Bourg (devenue Bourg-en-Bresse). Mais auparavant, Roland doit s’acquitter d’une dette d’honneur envers l’un des convives et pour cela, il demande à un Anglais, qui était présent lors de la tension qui montait autour de la table, sir John Tanlay de lui servir de témoin. Roland sort vainqueur de son duel et peut partir dans l’Ain en compagnie du Britannique, un compagnon qu’il apprécie et les deux hommes deviendront amis.

Roland et sir John Tanlay sont accueillis à bras ouverts par Madame de Montrevel, le jeune Edouard, treize ans, et Amélie, la sœur de Roland, une fort belle jeune fille d’une vingtaine d’années. Les Compagnons de Jéhu sévissent dans la région et Roland, qui a découvert leur refuge dans un vieux couvent, est épargné. Il n’est va pas de même de Sir John, qui s’étant rendu de nuit sur les lieux où Roland a surpris une réunion des Compagnons, déguisés et masqués, est grièvement blessé. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que Morgan et Amélie se retrouvent en cachette, étant amoureux l’un de l’autre.

Puis Roland, ayant retrouvé Bonaparte à Paris, est envoyé par celui-ci en mission afin de parlementer avec Georges Cadoudal, le chef des insurgés bretons. Les fameux Chouans, ou chats-huants, ainsi surnommés car leur cri de ralliement est le cri de la chouette.

Entre Morgan et Amélie, ce sont des amours contrariées, car ils appartiennent à des clans différents. Quant à Sir John, remis de ses blessures, il tombe amoureux de la jeune fille.

 

Situé entre le 9 octobre 1799 et le 14 juin 1800, ce roman fourmille de nombreuses péripéties hautes en couleurs, dont les moindres ne sont pas le coup d’état du 18 brumaire fomenté par Bonaparte, instaurant le Consulat, et la bataille de Marengo, décrite en long, en large, et en travers.

Un roman dense, qui n’oublie pas les coups d’éclats, une très grande partie se déroulant en Bresse ou encore dans le Morbihan, fief de Cadoudal. Avec des personnages qui se combattent mais en même temps, quoiqu’ils appartiennent à des régimes politiques différents, s’estiment. Les amours de Morgan et d’Amélie s’inscrivent dans la longue liste des amants qui s’aiment malgré les divisions dressées entre eux. Un peu à la façon de Roméo et Juliette. Une histoire dans l’histoire.

C’est la reconstitution de toute une époque avec en toile de fond l’ombre du général Dumas, le père de l’auteur, et du général Brune, deux proches de Bonaparte mais pas de Napoléon. Roland de Montrevel est un jeune homme atteint de mélancolie qui désire mourir, quel que soit le moyen, duels, combats contre des adversaires, mais sans aller jusqu’au suicide. Or lorsqu’il combat les Chouans, en Bresse puis en Bretagne où il est envoyé par Bonaparte, sa vie est mystérieusement préservée, se demandant pour quelle raison.

Le personnage de Bonaparte, pour une fois de la part de Dumas, n’est pas considéré comme un chef d’état plongeant la France dans les guerres. Il bénéficie d’une certaine mansuétude, contrairement à certains romans, comme Conscience l’Innocent dans lequel il est surnommé l’Ogre Corse ou encore le Petit tondu.

Si Dumas se perd parfois en digressions, il se justifie, tout comme il explique dans sa note au lecteur, narrant les différents événements dont Avignon, ville royale et papale, fut le théâtre, qu’il ne peut rédiger un roman sans se rendre personnellement sur place afin de s’imprégner de l’atmosphère des lieux et du décor qui les nimbent.

 

Collection Alexandre Dumas. Fac-similé Collection A. Levasseur et Cie. Illustrations de G. Doré, A. De Neuville et Daubigny. Editions Altaya. 366 pages.

Collection Alexandre Dumas. Fac-similé Collection A. Levasseur et Cie. Illustrations de G. Doré, A. De Neuville et Daubigny. Editions Altaya. 366 pages.

A noter que la différence du nombre de pages qui existe entre les trois versions proposées est consécutive à la mise en page et à la taille des polices de caractères employées.

 

Alexandre DUMAS : Les compagnons de Jéhu. Collection Folio Classique N°6855. Parution 26 novembre 2020. 864 pages. 11,50€.

ISBN : 9782070464463

Collection Alexandre Dumas. Fac-similé Collection A. Levasseur et Cie. Illustrations de G. Doré, A. De Neuville et Daubigny. Editions Altaya. 366 pages.

Collection A tous les vents. La Bibliothèque électronique du Québec. 851 pages. Version numérique gratuite. 544 pages sur liseuse Bookeen.

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12 février 2021 5 12 /02 /février /2021 05:24

A ne pas confondre avec un certain ZAC de Fred Noro dans la collection  Espiomatic/Infrarouge.

Robert TRAVIS : Welcome to Sarajevo.

Ce n'est plus la guerre, mais ce n'est pas encore tout à fait la paix. Sarajevo peu à peu panse ses plaies sous le contrôle de l'IFOR qui a remplacé la Forpronu.

Une organisation maffieuse en profite pour s'en mettre plein les poches. Corruption, meurtres, rackets sont gérés par Zlatko Bolkan, un truand qui bénéficie d'appuis auprès des hauts responsables de l'état et Mahir Crébic, conseiller du ministre de l'Intérieur. Zlatko professe une admiration sans bornes pour De Niro et espère s'exiler prochainement aux Etats-Unis. Mahir et Zlatko n'ont qu'un but, s'emplir les poches tout en évitant que les Français de l'IFOR viennent mettre leur nez dans leurs trafics.

Le lieutenant Artaud dit Zac, chargé depuis quelques mois de la sécurité du PTT building, apprend par un des ses informateurs, Milan, cette emprise maffieuse. Il fait la connaissance d'Azra, une jeune veuve mère de deux enfants, maîtresse par obligation de Mahir. Ils dînent ensemble mais la jeune femme est surveillée par un sbire de Mahir.

 

Ce deuxième volet des aventures de Zac, tout comme le premier, est fort bien charpenté, mais il pêche par un côté parfois trop documentaire qui hache l'action.

A mi-chemin entre le roman d'aventures et le roman de politique-fiction - mais où commence et où s'arrête la fiction ? - cette série entre dans la mouvance d'ouvrages anglo-saxons tels ceux écrits par Frédéric Forsyth.

Travis dénonce comme bien d'autres avant lui, certaines pratiques, l'utilisation de la pègre par exemple, pour asseoir les intérêts politiques et financiers de quelques personnages.

Il met le doigt dans la plaie, mais n'accable pas d'opprobre une ethnie plus qu'une autre. Il relate simplement les atrocités commises par les deux camps, jetant serbes et bosniaques dans le même panier de crabes. Un roman à lire sans idée préconçue.

Si vous recherchez les livres de cette collection, deux numéros au Fleuve Noir, la collection continuant chez Vauvenargues pour sept titres, parfois le nom de Jean-Yves Proverbio (vrai nom de l’auteur) est substitué à celui de Robert Travis.

Robert TRAVIS : Welcome to Sarajevo. Collection Lieutenant Zac N°2. Editions Fleuve Noir. Parution novembre 1996. 224 pages.

ISBN : 9782265056008

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5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 04:27

Hommage à Robert Hossein, décédé le 31 décembre 2020.

Frédéric DARD et Robert HOSSEIN : Le sang est plus épais que l’eau.

La liberté des uns passe par le sacrifice des autres, même si au bout de ce sacrifice la mort est au-rendez-vous.

Les volontaires sont nombreux et il faut choisir, sélectionner ceux qui iront à l’abattoir en vertu de critères bien établis. Pas forcément de cœur mais parce que la survie d’un réseau de résistants et de l’incognito de son chef dépend de la force d’âme de ceux qui ont osé se révolter contre l’occupant.

Un épisode tragique, parmi tant d’autres, qui s’est déroulé durant la Seconde Guerre Mondiale, à la veille du Débarquement, dans un petit village normand, et mettant en scène des acteurs qui ne sont que des figurants, mais dont le rôle sera primordial pour reconquérir une liberté bafouée.

Un épisode qui restera marqué à jamais dans la mémoire des auteurs et des lecteurs de ce roman, roman qui est également le récit de l’abnégation des combattants de l’ombre.

 

Le sang est plus épais que l’eau est paru en 1962 dans la défunte collection Espionnage du Fleuve Noir.

Un choix anachronique puisque ce roman se démarquait totalement de la production de l’époque. D’ailleurs il ne s’agit pas vraiment d’espionnage, même si les résistants le pratiquaient selon leurs faibles moyens. Pas vraiment policier non plus, dans le sens communément appliqué à ce genre.

Suspense certainement, mais surtout hommage et témoignage envers tous ceux qui se sont dévoués et ont offert leur corps pour la France. Tout un symbole puisque, lorsque ce livre a été édité, le mur de Berlin venait d’être érigé, et au moment de sa réédition, ce même mur tombait au nom de la liberté.

Un roman injustement englouti dans les oubliettes littéraires et dont l’exhumation ne peut-être que bénéfique. A mettre entre tous les mains.

 

Le point de départ est une idée de Robert Hossein et non de Frédéric Dard : des résistants sont capturés par les Allemands qui menacent de tous les fusiller s’ils ne dénoncent pas leur chef. Dans ce huis-clos, chacun sera mis devant ses responsabilités. Frédéric Dard écrit le roman qui sera publié au Fleuve Noir en 1962 avec la co-signature de Robert Hossein, qui est déjà un ami de longue date. Il écrira ensuite la pièce de théâtre qui prendra pour titre Les six hommes en question et qui sera créée au Théâtre Antoine le 6 mars 1963 dans une mise en scène de Robert Hossein. Une dramatique télévisée s’inspirant de ce livre et de la pièce de théâtre sera réalisée en 1971-72 par Abder Isker.

Une nouvelle adaptation théâtrale verra le jour en 1989 sous le titre Dans la nuit la liberté avec une mise en scène, on s’en serait douté, de Robert Hossein.
Enfin, un téléfilm français réalisé par Henri Helman sortira en 2009 sous le titre La saison des immortelles pour le festival de la fiction TV de la Rochelle. Ce téléfilm sera diffusé le 1er juin 2010 sur France 3 pour le grand public. (Source : https://www.toutdard.fr/book/1375/)

 

Frédéric DARD et Robert HOSSEIN : Le sang est plus épais que l’eau.
Réédition Hors collection. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1989. 204 pages.

Réédition Hors collection. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1989. 204 pages.

Frédéric DARD et Robert HOSSEIN : Le sang est plus épais que l’eau. Collection Espionnage N°330. Editions Fleuve Noir. Parution 2ème trimestre 1962. 224 pages.

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15 décembre 2020 2 15 /12 /décembre /2020 05:42

Un coup de barre ? Arès et ça repart…

Alain PARIS : Le dieu de la guerre.

1968.

Michael Anderson, un Américain qui fête ses vingt-quatre ans, fait partie des Long Range Reconnaissance Patrol, une troupe d’élite.

Il est déposé en pleine jungle cambodgienne, nanti d’antidépresseurs, d’amphétamines et d’un armement conséquent. Sa rencontre avec une patrouille de Nord-Vietnamiens se solde par quelques morts mais aussi par une fuite qui le fait trébucher dans un des pièges mortels disposés à dessein par l’ennemi.

Son réveil n’est pas aussi douloureux qu’il le présumait. Alors qu’il pensait se retrouver dans une geôle ou un hôpital vietnamien, son retour à la vie s’effectue dans un paysage qui lui est inconnu.

Une espèce de yéti l’engage à le suivre et c’est avec stupeur qu’il se voit convoqué par une étrange assemblée. Zeus, Aphrodite, Dionysos et quelques autres personnages composent cet aréopage incongru.

Onze des Dieux de l’Olympe, de la Grèce antique, lui proposent l’immortalité. En échange il doit retrouver Arès, le dieu de la guerre, et le ramener auprès de ses compagnons.

Mais Arès voyage dans le temps et participe à différents conflits. Le reproche qui lui est fait est d’en détourner le court logique. La mission de Michael Anderson n’est guère aisée.

Mais au fait, cette mission ne cache-t-elle pas un piège ? Et l’immortalité qu’on lui fait miroiter n’est-elle pas un leurre ?

 

Alain Paris, dont on n’aura pas oublié l’excellente décalogie consacrée au Seigneur des Runes, nous offre avec ce Dieu de la guerre un trop court roman, mi-fantastique, mi mythologique, qui aurait demandé à être plus dense, plus étoffé. Comme si Alain Paris était pressé de remettre son manuscrit à son éditeur qui l’avait déjà programmé.

Si l’épilogue laisse sur sa faim, on peut penser que Michael Anderson est en proie à des visions fournies par l’absorption des antidépresseurs et amphétamines, et qu’il se trouve dès lors dans une phase onirique.

Quoi qu’il en soit, ne boudons pas trop afin de ne pas gâcher notre plaisir !

Alain PARIS : Le dieu de la guerre. Collection Anticipation N°1671. Editions Fleuve Noir. Parution février 1989. 160 pages.

ISBN : 2-265-04051-7

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28 mai 2020 4 28 /05 /mai /2020 04:15

Un auteur plus connu sous le pseudonyme de Piet Legay, et quelques autres…

Baudouin CHAILLEY : Rush sur Faya.

En 1990, lors de la parution de ce roman qui inaugurait une nouvelle collection, qui s’avèrera éphémère comme bien des collections du Fleuve Noir à l’époque, j’écrivais cette chronique.

De véritables collections Espionnage, il n’en existe plus. Seules perdurent péniblement Coplan et OSS117, les rescapés des années 1950. Ainsi que quelques traductions provenant d’une production principalement britannique alimentée par des auteurs de renommée internationale comme Ken Follett, John Le Carré, Robert Ludlum ou Frederick Forsyth.

C’est extrêmement maigre, pour en pas dire inexistant, alors que vingt ans auparavant, les séries, les collections consacrées à l’espionnage ne se comptaient pas.

Une désaffection du lecteur due peut-être à une répétition des situations mises en scène, principalement une guerre Est-Ouest qui se déroulait aussi bien derrière le rideau de fer que dans divers pays, le Moyen-Orient étant un lieu privilégié.

Pourtant la guerre secrète ne s’arrête pas ou ne commence pas à cet antagonisme capitalisme/communisme désuet et les histoires d’espionnage et de contre-espionnage devraient non seulement pouvoir se renouveler mais retrouver une nouvelle jeunesse.

Outre l’abolition du mur de Berlin, et l’espoir de s’échapper du système féodal instauré par l’URSS sur les pays de l’Est, les données économiques et sociales changent continuellement dans le monde et tout est prétexte à intervention occulte.

 

Baudouin Chailley l’a fort bien compris et après avoir signé un roman ayant pour cadre la Nouvelle-Calédonie, il propose au Fleuve Noir une nouvelle série intitulée Secret Défense, avec comme numéro 1 de la collection Rush sur Faya.

Un regard et une aventure située au moment du raid sur Faya-Largeau, conduit par Hissène Habré avec à la clé la déroute des Lybiens. Nul ne peut nier l’intervention de la France, mais comme les poupées russes, une histoire peut en cacher une autre.

Erik Montclar, de la DGSE, est envoyé au Tibesti avec comme mission, soit exfiltrer c’est-à-dire identifier et prendre en charge un scientifique allemand, soit récupérer le matériel mis au point par ce conseiller : un brouilleur de missile.

Bien sûr, Montclar fait partie de ces héros anonymes surentraînés et au physique avantageux, mais il est plus humain que les supermen auxquels nous étions habitués. Nous n’avons pas droit non plus, et c’est heureux, au cliché éculé de la blonde espionne qui se fourre dans le lit du héros pour mieux l’entraîner à sa perte.

 

Un bon début de collection avec un personnage sous toute sympathique et espérons qu’il aura plus de succès que les autres séries, telles DPJ6 et Beretta 9mm par exemple qui ne furent que collections éphémères.

 

Pour la première fois, Baudouin Chailley écrivait des romans sous son véritable patronyme alors qu’il produisait depuis des décennies dans des genres différents, sous les pseudonymes de Piet Legay, le plus connu, mais aussi sous ceux de Guy Lespig, Baldwin Wolf, Igor Ivanov, Guy Jacquelin, B. Hilley, Pat Marcy ou encore Pierre Lucas. D’autres pseudonymes sont avancés, comme ceux de Henry Lewis, H.B. Perkins, B. Hilley ou encore Duke Grant, probablement en collaboration avec Henri Trémesaigues, mais ceci est à prendre au conditionnel.

 

Baudouin CHAILLEY : Rush sur Faya. Collection Secret Défense N°1. Editions Fleuve Noir. Parution 3 mars 1990. 192 pages.

ISBN: 2265042900

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 04:39

Brantonne signant la couverture d’un Espionnage du Fleuve Noir ? C’est pas clair comme aurait Chazal !

Robert CHAZAL: La nuit des espions.

Hiver 41. Les responsables de l’antenne des services secrets allemands, basée à Londres, confient à Elga des documents confidentiels qu’elle doit remettre dans un petit village de Normandie à l’un de ses compatriotes.

Les services secrets britanniques sont sur les dents et investissent l’immeuble où se tient la réunion. Elga parvient toutefois à échapper au filet.

Aussitôt les Anglais ripostent et un agent féminin se rend en France afin de rencontrer l’espion allemand et lui fournir de faux documents. Parallèlement un agent masculin est lui aussi envoyé en France afin de prendre si possible la place du Teuton au cas où Elga parviendrait à quitter le sol britannique et accomplir sa mission.

La rencontre entre la femme et l’homme a lieu à l’endroit indiqué, mais chacun est sur ses gardes. N’est-il pas en face de l’ennemi ou au contraire de son compatriote ?

Comme le déclare Robert Hossein dans sa préface : « ...La situation est complexe. L’homme et la femme peuvent être l’un et l’autre Anglais ou Allemand. L’on voit le jeu des combinaisons : deux Anglais; deux Allemands; un Anglais et une Allemande; un Allemand et une Anglaise. Et cela sans certitude possible. Avec la complication supplémentaire des rapports sentimentaux inévitables entre deux êtres jeunes, beaux, et qui, s’ils ne sont pas de la même race géographique, sont de la même espèce humaine ; celle des audacieux, des aventuriers, des conquérants, des héros ».

 

Cette intrigue, qui se déroule quasiment en vase clos, est l’adaptation romancée du film La nuit des espions, coécrit et réalisé par Robert Hossein avec dans les rôles principaux Robert Hossein et Marina Vlady.

Sur la fiche Wikipedia de ce film, il est précisé que le scénario aurait été adapté d’après le roman La Nuit des espions de Robert Chazal, pourtant c’est bien le contraire qui s’est produit, comme l’indique toujours Robert Hossein dans sa préface. Et comme le précise le bandeau sur l’ouvrage.

Donc, puisqu’il s’agit d’une novellisation de ce scénario, le roman pêche d’un manque de liant, de lyrisme. Il est écrit d’une façon sèche, dense, froide, presque comme s’il s’agissait d’un nouveau scénario. Chaque geste, chaque action sont décrits soigneusement, mais il manque ce petit plus du romancier qui se libère d’un carcan pour en faire une œuvre originale. Il manque la sympathie, l’affection de l’auteur pour ses personnages. Il manque l’émotion.

 

Robert Chazal, né le 3 septembre 1912 à Saint-Nom-la-Bretèche (Yvelines) a été rédacteur en chef de Cinémonde, chef du service des spectacles de Paris-Presse, puis de France-Soir et du Journal du Dimanche. Critique cinématographique de France-Soir, il était président d'honneur du Syndicat de la critique de cinéma et a produit de nombreuses émissions radiophoniques et télévisées, dont Pour le cinéma. Il fut également l'auteur de romans et d'ouvrages sur le cinéma, consacrés à Marcel Carné, Jean-Paul Belmondo, Louis de Funès, Gérard Depardieu, Les années Cannes.

Cet ouvrage possède deux particularités. C’est un numéro bis dans cette collection et, une fois n’est pas coutume, la couverture n’est pas signée par Gourdon mais par Brantonne.

Robert CHAZAL: La nuit des espions. Collection espionnage N°211bis. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1959. 224 pages.

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21 avril 2020 2 21 /04 /avril /2020 04:30

Après, le leitmotiv fut : Faites l’amour, pas la guerre !

Frank G. SLAUGHTER : Non pas la mort, mais l’amour

Désabusé et cynique, le capitaine Richard Winter est chirurgien dans l’armée américaine et pour l’heure il se trouve dans le camp du 95e Hôpital américain de campagne, près de la côte anglaise où sont regroupés médecins et infirmières.

Avant pour l’embarquement le lendemain vers une destination inconnue, il se tient au bar, ingurgitant quelques boissons alcoolisées.

C’est un solitaire qui a participé comme chirurgien dans les combats en Espagne ainsi qu’à la bataille de Dunkerque. Pourtant il s’est lié avec un jeune lieutenant, Terry Adams, qu’il connait seulement depuis six mois. Or Winter apprend que la célèbre journaliste Linda Adams est non seulement sa sœur, mais qu’elle va participer à la mission qui leur sera dévoilée lorsqu’ils auront quitté le port. Il retrouve également un condisciple de la faculté de médecine, Bill Coffin, spécialiste du cerveau.

De nombreuses infirmières sont également présentes dans ce camp et un bal est prévu la veille de l’embarquement. Par elles, Gina Cole et son amie Carolyn Rycroft, qui espèrent bien faire bonne impression sur le beau chirurgien dont la popularité liée à sa séduction n’est pas passée inaperçue du personnel médical féminin. Et en effet elles n’ont aucun mal à se faire inviter pour quelques danses, échanger des baisers au clair de lune, et Linda Adams n’échappe pas à cette attirance.

Rick Winter donne rendez-vous à la belle Gina Cole dans sa chambre, mais les éléments belliqueux contrarient ce qui devait la concrétisation d’une soirée réussie. Les avions allemands pilonnent la base, et le black-out est décrété. Il se réfugie dans la pièce en compagnie d’une jeune femme inconnue qui vient de le percuter au dehors. Les bombes se rapprochent, ils se glissent sous la table afin d’éviter les projections diverses, et les corps en profitent pour se rapprocher au point de conclure dans un artifice dont il gardera le souvenir. Au petit matin la belle inconnue est partie, emmenant un vêtement appartenant à Rick et laissant sa cape sur laquelle figure un monogramme.

Enfin l’embarquement se réalise et au revoir l’Angleterre et bonjour l’inconnu. Gina Cole dépitée jette son dévolu sur Terry Adams, car même en temps de guerre les besoins charnels se font ressentir. Terry Adams est en proie à un cruel dilemme. Jeune marié, il a laissé sa femme au pays, aux Etats-Unis, et il ne veut pas la tromper. Pourtant Rick Winter, toujours cynique, lui a fait la leçon. Il l’a même encouragé à profiter des bonnes occasions s’ils s’en présentaient.

Le convoi à peine parti, au large de l’Espagne, des avions allemands survolent les navires. Des dégâts sont enregistrés et Rick doit s’occuper des blessés. D’ailleurs il est là pour ça. Le navire sur lequel les chirurgiens toubibs et infirmières ont embarqués a été détourné de sa fonction première, celle des croisières, et a été transformé en hôpital maritime. D’autres incidents les guettent et enfin arrivés en vue d’Alger la Blanche, c’est le débarquement sur la plage, une répétition générale du Débarquement de Normandie. Puis l’unité médicale s’enfonce dans le désert rejoignant la Tunisie avec tous les aléas que cela comporte. Jerry, diminutif de German équivalent à notre Boche français, ne se laisse pas empiéter sur le terrain conquis sans riposter et les Stukas, via la voie des airs, ou les chars, contrarient la marche de l’armée américaine.

Rick peut apprécier en cours de route le professionnalisme de ceux qui sont partagent cette épopée héroïque, dont les infirmières Carolyn, Gina, et même Linda qui ne perd en aucun cas son sang-froid. Ce qui n’est pas toujours celui de son frère Terry.

 

Publié en 1950 aux Etats-Unis, ce roman est ancré dans des épisodes de la Seconde Guerre Mondiale, dont l’Opération Torch qui vit la prise d’Alger le 8 novembre 1942.

Le titre, qui est emprunté à un poème de Robert Browning, pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une histoire d’amour comme bon nombre en ont été écrites et considérées souvent comme des bluettes. L’extrait de poème récité par Rick lorsqu’il batifole sous la table avec son inconnue, et celle-ci décline le dernier vers : Non pas la mort, mais l’amour.

Mais s’il fallait un support pour cette histoire, c’est bien la guerre qui est en première ligne, avec ses morts et ses blessés. Rick Winter pratique de nombreuses interventions chirurgicales, différentes les unes des autres, s’attirant l’ire du chirurgien-chef Strang. En effet il opère et soigne selon des protocoles qui sortent de l’ordinaire, ce qui n’est pas du goût de Strang. L’éternel problème des méthodes nouvelles pas encore admises par les anciens qui se réfèrent à de vieilles pratiques qui souvent sont plus mortifères que les expérimentales.

Non pas la mort, mais l’amour est un documentaire puisé à la source, écrit alors que la guerre faisant encore rage, agrémenté d’une histoire d’amour mais également un hommage au courage du personnel médical qui œuvre sur le terrain, étant souvent en première ligne. Et Rick Winter se trouve plus à l’aise lors de ses interventions chirurgicales que dans l’aménagement de sa vie sentimentale.

 

Il est cruel à l’homme qui va au feu pour la première fois de rester dans l’attente et l’indécision.

Frank G. SLAUGHTER : Non pas la mort, mais l’amour (Battle Surgeon – 1944. Traduction de Doringe). Collection Romans. Editions Presses de la Cité. Parution 3e trimestre 1960. 428 pages.

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