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1 avril 2021 4 01 /04 /avril /2021 04:00

Dans les plaines du far-west, quand vient la nuit…

BUFFALO Bill : A la rescousse ou Les francs-tireurs à cheval

Un cow-boy parfois se repose, même lorsque l’on s’appelle William Cody, alias Bill Cody, alias Buffalo Bill. Mais il est toujours sur ses gardes et ne dort que d’un œil.

Allongé dans l’immense plaine de l’Arkansas près d’un massif de cotonniers, il entend une galopade dans le lointain. Son fidèle cheval, Bucksin, lui aussi a perçu le bruit émanant de sabots. Un cri de femme résonne ainsi que des coups de feu.

Bientôt une jeune fille juchée sur un petit cheval bai est poursuivie par une bande de brigands. Mais l’animal butte et Alice, c’est ainsi que la nomme le chef de ses poursuivants, se trouve en fort mauvaise posture. Heureusement Buffalo Bill est là, chevalier sauvant la veuve et l’orphelin, et les jeunes filles en péril.

Sans viser, Buffalo Bill tire trois balles avec sa carabine. Bilan, deux hommes à terre, ainsi que le cheval du chef, Jack Corters, qui se prétend colonel et est surnommé le Loup de la prairie. Bravache, il préfère toutefois déguerpir ainsi que ses hommes.

Buffalo reconnait en la jeune fille Alice Enfield, dont le père tient l’Agence indienne, un grand magasin fournissant tout ce dont ont besoin Blancs et Rouges. Alice s’est enfuie, ayant eu des différents avec son père qui l’a élevée. Mais Enfield veut récupérer sa fille, et Buffalo Bill ne peut s’élever contre l’autorité paternelle. Alice dit à Buffalo, avant de le quitter, de se méfier d’un certain Hankins, un sang-mêlé, un fourbe qui fricote avec les Cheyennes mais également avec son père.

Seulement les Cheyennes patrouillent dans la région. Heureusement, quatre hommes, des employés de Buffalo Bill arrivent à la rescousse, mettant en fuite les indiens. Puis Buffalo et ses hommes se rendent chez sa mère où vivent ses deux sœurs et leurs maris, leurs enfants, ainsi que les employés, souvent des amis.

Bientôt un orage suivi d’une tempête éclate et Hankins se présente à la ferme de Ruby Creek, le domaine de la famille Cody. La loi de l’hospitalité prévaut, et il est invité à se restaurer. Blessé, Enfield se réfugie dans la ferme, accusant Jack Corters d’avoir enlevé Alice. Jack Corters revanchard passe à l’attaque avec sa bande. Une des gamines est grièvement blessée. Fourbe, Hankins l’est réellement puisqu’il déclare sa flamme à Lotty, l’une des femmes de la maison. Mais les malheurs de Lotty ne sont pas terminés, car Hankins profite d’un moment où ils sont seuls pour hypnotiser la jeune femme et l’enlever.

Buffalo et ses compagnons se lancent à la poursuite de la bande de Jack Corters qui est allié avec les Cheyennes. Mais Buffalo trouve de l’aide avec une autre ethnie indienne, les Ogallallas, grâce à l’entremise de la reine Allanah qui règne sur la tribu depuis quelques décennies.

Les deux camps s’affrontent dans l’île aux Ours mais leurs déboires ne sont pas terminés. De nombreux combats ponctuent cette intrigue dont le dénouement réserve quelques surprises familiales.

 

L’on retrouve dans cette histoire un Buffalo Bill différent de ses précédentes aventures. Il n’est pas soldat et son combat est axé contre des bandits et des indiens. Plus particulièrement les Cheyennes, considérés comme les mauvais garçons. Mais en contrepoint, les Ogallallas sont eux des bons sujets, de bons indiens, et donc il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. D’ailleurs, la plupart du temps, les indiens incriminés sont mené par des blancs, des hors-la-loi, plus virulents que les autochtones.

En fait, l’Arkansas était alors le rendez-vous d’une quantité de gens sans aveux qui, pour les colons honnêtes du pays, constituaient un bien plus grand danger que les Indiens avec qui les fermiers étaient en lutte perpétuelle. La manière dont les hommes rouges pratiquaient la guerre, tout abondante qu’elle fût en ruses et en traîtrises, pouvait être qualifiée de loyale en comparaison de la lâche et ignoble perfidie que déployaient les voleurs blancs pour arriver à leurs fins.

 

BUFFALO Bill : A la rescousse ou Les francs-tireurs à cheval (Buffalo Bill’s Rifle Rangers – A story of Rough Riding Rescue). Fascicule 3. Parution éditions Eichler 1906-1908.

Réédition : Ebooks libres et gratuits. Parution février 2018. 113 pages.

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12 octobre 2020 1 12 /10 /octobre /2020 03:55

Donne-moi ton ranch, eh, poupée !
Ou j'te transforme en purée"
Puis il l'empoigna
- Et alors ?
Ben, il la ficela…

Maurice de MOULINS : La captive de Sonora Bill.

Des bandits braquent la banque Stern de Stark City, petite ville située dans l’état du Nouveau-Mexique, et s’enfuient à cheval. Le shérif et ses adjoints les prennent en chasse peu après, mais ils sont rapidement distancés. Les malfrats se sont réfugiés dans les contreforts rocheux des Jicarillas Mountains proches de la petite ville.

Tout le monde est persuadé que le chef de bande se nomme Antonio Ramirez. Le shérif Hobart Wills est furieux et le directeur de la banque déplore ce vol estimé à trois cent cinquante mille dollars.

Le lendemain, deux détectives se réclamant de la banque Stern, dont le siège est à Santa-Fe, arrivent à bord d’une automobile. Ils se proposent d’aider le shérif et de capturer la bande. Pour cela ils empruntent des chevaux et s’élancent à l’assaut de la montagne.

Pendant ce temps, Antonio Ramirez, à la tête d’une bande d’une douzaine de repris de justice et criminels depuis longtemps recherchés par la police, plonge ses mains dans les sacs contenant les billets. La pêche a été bonne et il peut être satisfait. A ce moment, la sentinelle entre en trombe dans la caverne où ils ont élus domicile, annonçant que deux cavaliers approchent.

Aussitôt les malfrats surveillent l’installation des deux voyageurs, qui s’apprêtent à manger, dans un canyon. Ils ne sont pas peu stupéfaits lorsqu’ils se rendent compte qu’il s’agit d’un homme et d’une femme, et que la femme est ligotée. Aussitôt, alors que ses compagnons surveillent l’homme et sa prisonnière, Antonio Ramirez s’enquiert de leur identité et surtout de leur but, leur signifiant que le territoire leur est interdit.

L’homme prétend se nommer Sonora Bill, être un Yankee, et avoir pris en otage la femme, une quinquagénaire, quelques dizaines de milliers de dollars lui étant promis en échange de sa libération.

Antonio Ramirez emmène ses captifs dans la grotte tandis que la femme se défend comme un beau diable. Sonora Bill est ligoté tandis que Norah Daventry, la quinquagénaire, est laissée libre de ses mouvements, après avoir signé un gros chèque que s’empresse d’aller encaisser un des hommes du chef des bandits, à une banque de Santa-Fe.

 

Naturellement, le lecteur un peu perspicace se doute que ce couple est composé des deux détectives lancés sur les traces des voleurs de banque. Pour autant l’auteur laisse planer le suspense jusqu’au bout ou presque.

Un court roman, qui allie western et policier, rapidement lu et qui convient aussi bien aux adultes qu’aux adolescents.

En ce temps-là, la plupart des auteurs écrivaient indifféremment pour un lectorat allant de 7 à 77 ans, comme le proclamait plus tard un célèbre magazine, et ne s’embarrassaient pas de psychologie.

Sous le pseudonyme de Maurice de Moulins se cachait Albert Bonneau, le créateur de Catamount, qui fit les riches heures de lectures des adolescents, et des autres.

Maurice de MOULINS : La captive de Sonora Bill. Mon roman policier N°204. Editions Ferenczi. Parution 1er trimestre 1952. 32 pages.

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6 février 2020 4 06 /02 /février /2020 05:56

Le cheval, la plus belle conquête de l’Homme ? Parfois ce serait plutôt le contraire…

Henry V. LAROM : Un poney des Rocheuses

Pour la première fois de sa courte existence, le jeune Andy Marvin passe des vacances dans la ferme de son oncle dans le Wyoming, et plus précisément dans les Montagnes Rocheuses. Il profite du grand air et de la nature. Et surtout, si ses travaux l’accaparent, cela ne lui pose aucun problème car il s’occupe des chevaux, et plus particulièrement du poney qui lui a été attribué, la petite Snippy.

Un jour qu’il revient du village, il aperçoit un homme maltraitant un magnifique alezan. L’animal est jeune, pas encore dressé, et se rebiffe. Au lieu d’user de douceur et de fermeté, l’homme nommé Garland lui assène des coups de cravache, tire sur le mors, et l’animal apeuré a la bouche ensanglantée.

N’écoutant que son courage et son amour des chevaux, Andy s’interpose et propose d’acheter l’alezan. Les négociations sont âpres mais Andy parvient à ses fins, au prix de quarante dollars. Et l’oncle Wes n’est guère satisfait, ayant un vieux contentieux avec le nommé Garland.

Un bronco, c’est-à-dire un alezan qui n’a jamais été sellé, ne se monte pas si facilement, surtout lorsqu’il a subi des sévices. Alors Andy ne parviendra à se tenir dessus et à le diriger qu’au bout de nombreuses heures de dressage, et de patience, entouré et encouragé par son oncle et la fille adoptive de celui-ci, la pétulante Sally, véritable garçon manqué de dix-huit ans.

Des chevaux se sont échappés d’un corral voisin et une prime est offerte à qui les retrouvera. Naturellement Andy se propose de participer aux recherches bien juché sur Sunny, son alezan presque docile, et il s’enfonce dans les Rocheuses. S’il parvient à les retrouver et les ramener, ce sera tout bénéfice pour lui, ainsi que pour Sally qui l’accompagne et l’aide.

Mais d’autres amateurs sont sur les rangs dont Garland et une bande de Dudes, des petits voyous venus de la ville et qui ne lésinent pas sur les coups de feu le cas échéant. Et les dangers se dressent sur la route d’Andy qui ne s’arrête pas en si bon chemin. Car des vols de chevaux sont signalés et Andy accompagne son oncle Wes qui a confiance en lui. Heureusement car la pluie, la tempête, le froid, la neige plus les bandits qui s’invitent dans cette chasse, sans oublier les blessures occasionnées à cause des voleurs de chevaux et des éléments naturels perturbent leurs recherches.

Andy peut compter sur Sunny et il parvient à prévenir le shérif grâce à un téléphone de campagne installé dans une baraque réservée aux garde-chasses qui eux aussi viennent à la rescousse.

 

Un roman dont le Wyoming sert de décor naturel et dont les chevaux, dont la petite Snippy et l’ombrageux Sunny, sont parties prenantes parmi les hommes se pourchassant.

Un roman réaliste pour jeunes et moins jeunes lecteurs, et qui décrit la nature et la vie quotidienne des éleveurs de chevaux au milieu du XXe siècle en cet état rural. Un roman que l’on pourrait cataloguer comme un épisode du Far-West mais sans les Indiens.

Il n’y a pas de temps morts dans cette aventure d’un jeune citadin qui découvre la campagne et s’y trouve à son aise. Un roman d’aventures plaisant qui est également un reportage et un documentaire sur la vie des ruraux aux USA.

Henry V. LAROM : Un poney des Rocheuses

Henry V. LAROM : Un poney des Rocheuses (Mountain Pony – A story of the Wyoming Rockies. 1946. Traduction de Charlotte et Marie-Louise Pressoir). Illustrations de Jean Reschofsky. Collection Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Parution 1952.

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16 septembre 2019 1 16 /09 /septembre /2019 04:07

La suite des aventures de Buffalo Bill !

BUFFALO Bill : L’allié inconnu de Buffalo Bill ou La flèche de feu.

Chargé de la défense de fort Leawenworth, le général en chef Smith convoque Bill Cody afin de lui confier une mission : il faut que le trappeur, qui est blessé au bras gauche, s’infiltre au quartier général des Confédérés afin de subtiliser des documents importants, notamment des plans de bataille, car une attaque imminente est prévue.

Tout d’abord Bill Cody rechigne à servir d’espion, ce qui est fort louable de sa part, mais le général Smith est convaincant et Cody accepte toutefois à une condition. Avant de partir, il veut assister à l’inhumation de sa mère qui vient de décéder. Une demande légitime et permission lui est accordée pour quelques heures.

Bill Cody est enfin sur le départ après avoir rassuré ses sœurs et surtout Louisa, dont il a fait la connaissance dans des conditions périlleuses, lors du précédent épisode de ses aventures (voir ci-dessous).

Il part donc vers le campement du général Forrest, à quelques heures de cheval, le général Smith lui ayant donné ses dernières instructions devant son secrétaire Guy Fawkes. Cody est confiant en lui, en son cheval et en ses armes, et il chemine tranquillement quand soudain il entend du bruit. Un inconnu tente de le tuer mais Cody parvient à la maîtriser. Stupéfait il reconnait en son agresseur Nad Golden, avec lequel il jouait dans la maison paternelle et à qui il avait sauvé la vie dans des circonstances périlleuses. Nad Golden est du côté des Confédérés, et il porte sur lui des documents secrets unionistes qu’il doit remettre au général Forrest.

Bon prince (façon de parler) Cody promet de relâcher son ancien ami si celui-ci lui fourni le nom de son correspondant, et de ne pas s’interposer dans sa mission avant huit jours. Nad Golden lui déclare que celui qui lui a remis les documents n’est autre que Guy Fawkes, le secrétaire du général Smith.

Cody est démasqué dès son arrivée par le général Forrest, mais ceci n’est pas le plus surprenant. En effet il retrouve un individu avec lequel il a eu maille à partir dans l’épisode précédent, Don Ramiro, le bandit bien en cour avec les Confédérés.

Cody est promis à la pendaison, mais, heureusement, son ami Bob le Sauvage, est sur ses traces. Il est bien connu dans le camp de Forrest, sous le nom de Fritz le Bègue. Il fait rire les soldats qui ne se méfient pas de lui.

 

Dans ce deuxième épisode qui prolonge le premier tout en permettant une lecture indépendante, nous faisons la connaissance de nouvelles têtes mais retrouvons aussi des personnages sulfureux. Sans oublier ceux qui, comme Guy Fawkes, possèdent une analogie patronymique et historique synonyme de comploteur, puisque le vrai Guy Fawkes, qui a vécu en Angleterre de 1570 à 1606, était l’un des inspirateur et membre de la Conspiration dite des Poudres.

Cet épisode est enlevé avec de nombreuses péripéties qui surviennent surtout à Bill Cody. Mais ce qui est surtout remarquable, ce sont les prises de position de l’auteur, probablement Prentiss Ingraham, dénonçant le racisme et l’esclavagisme, mais surtout cette guerre fratricide qui opposa les Américains, pour des divergences de point de vue. Un peu une guerre des religions, comme la France l’a connu, alors que tout le monde aurait pu vivre en bonne intelligence, même si les prétentions des Sudistes étaient infondées. A mon avis.

Et lorsque l’on lit aujourd’hui les lignes qui suivent, on ne peut que se dire que l’auteur avait une vision utopique des relations entre Le Nord et Le Sud, et surtout du racisme ambiant qui prévaut toujours.

 

C’était une époque terrible. Cette guerre fratricide d’alors compte parmi les plus sanguinaires de l’histoire.

La génération d’aujourd’hui qui sait seulement que les États-Unis forment un tout indissoluble, ne songe guère que cette unité si enviable n’a pu être cimentée que par le fer et dans le sang.

Mais aux jours où se déroule cette histoire, il n’y avait point d’ennemis plus haineux et plus irréconciliables que les citoyens des États du Nord et ceux des États du Sud. Quand on y pense! C’étaient les enfants de la même patrie! Aussi braves, aussi forts, de cœur aussi généreux les uns que les autres, et doués d’un amour aussi ardent de la patrie, comme il convient à un peuple vraiment noble!

Les deux partis considéraient la victoire de leurs intérêts comme une condition absolument indispensable au bonheur de leur patrie bien aimée. Les hommes du Nord voyaient dans le maintien de l’esclavage des nègres la plaie vive du pays, les États du Sud en considéraient la suppression comme sa ruine.

Et les esprits avaient pris feu sur cette différence d’opinion et s’étaient montés jusqu’à la passion la plus effrénée. Un déchirement s’était produit d’un bout à l’autre de cette glorieuse nation.

 

Cette histoire est disponible en téléchargement numérique gratuit et légal sur le site ci-dessous :

BUFFALO Bill : L’allié inconnu de Buffalo Bill ou La flèche de feu. Fascicule 2. Première Parution 1906/1908. 32 pages.

Version numérique : 100 pages environ sur Ebook Libres et Gratuits.

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11 août 2019 7 11 /08 /août /2019 04:19

I’m a poor lonesome cow-boy…

Ray HOGAN : Le marshal de Wolf Crossing

Cela fait deux ans que Shawn Starbuck est parti à la recherche de son frère Ben. Deux ans à sillonner divers états du sud des Etats-Unis, Kansas, Texas, Nouveau Mexique, et à effectuer de petits boulots pour assurer sa subsistance.

Lorsqu’il arrive dans la petite ville de Wolf Crossing, il est étonné d’apercevoir un nombre important de personnes agglutinées devant un saloon. Le marshal Brandon essaie de recruter des volontaires afin de se lancer à la recherche de pilleurs de banques. Quatre hommes ont été tués. Ce qui est une bonne excuse pour lever une milice afin d’aller à leur recherche et les alpaguer.

Seulement, la société spoliée, Paradise Mine, n’a pas bonne presse à Wolf Crossing, et à part trois hommes, Brandon n’arrive pas à recruter de volontaires. Et encore, ceux qu’il a réussis à enrégimenter n’offrent pas toutes les garanties possibles. Dave Gilder est un dipsomane et le contenu de ses bouteilles de whisky s’évapore comme par enchantement. Walt Moody est arrivé de l’Est une semaine auparavant, après une vague histoire de femme, et depuis il déambule comme une âme en peine. Enfin Able Rome est un Noir, un nègre qui s’est fait mettre à la porte de la ferme où il travaillait. Mais il a reçu une certaine instruction et il s’exprime bien. Trop bien pour un Noir d’après le tenancier du saloon où se désaltère Starbuck.

Brandon veut enrôler Starbuck et pour cela il possède un argument imparable : Ben se trouverait parmi les trois fuyards et aurait participé à l’appropriation de l’argent de la Paradise Mine. Starbuck n’en est pas persuadé mais il ne faut négliger aucune possibilité, aussi il accepte de participer aux recherches.

C’est ainsi que les quatre recrues et le marshal Brandon prennent à cheval la seule piste possible devant mener sur les traces des bandits. Brandon est légèrement imbu de lui-même et de sa fonction, et il n’accepte les conseils de Starbuck ou d’Able Rome que lorsqu’il ne peut faire autrement. Ce qui interpelle Starbuck, lequel se pose de nombreuses questions quant au comportement énigmatique du marshal.

 

Ils vont bientôt rattraper les fugitifs qui se cachent mais aussi se défendent. Le paysage aride et montagneux se prête à une sorte de jeu de cache-cache et les nombreux escarpements facilitent les embuscades.

Si Brandon se montre autoritaire et parfois incompréhensible dans ses décisions, le caractère des autres compagnons de Starbuck évolue. Rome est un Noir qui possède de l’instruction et son intelligence vaut bien plus que celle du marshal. Il a de la répartie et met souvent Brandon en porte à faux. Il se réfère aux déclarations de Lincoln concernant l’avenir des Noirs, Lincoln qui a été assassiné quelque temps auparavant. Peu à peu le lecteur en apprend un peu plus sur Gilder et Moody, sur leurs antécédents. Mais surtout ils vont se révéler moins pleutres qu’annoncé, et Gilder va même essayer de se corriger de son état d’alcoolique chronique.

Brandon doit rendre son étoile dans un mois, et il ne veut pas renouveler son mandat, ne désirant pas se présenter aux élections. Cet entêtement, cet acharnement à retrouver les détrousseurs de banques et de sociétés minières sont en contradiction avec sa prise de position quant à son avenir. Mais ce qui prédomine en lui c’est ce racisme latent et insupportable aux yeux de Starbuck, et des lecteurs.

Ray Hogan écrit là un épisode de Starbuck profondément humain, et antiraciste. Le personnage d’Able Rome est plus que sympathique, démontrant qu’il ne faut pas se fier à la couleur de peau pour émettre un jugement de moralité ou autre. Il veut se prouver et prouver à tous qu’il est capable de faire aussi bien, sinon mieux que la plupart de ses concitoyens.

Tout ce que je cherche, continua-t-il, c’est l’occasion de prouver que je suis comme les autres, que je suis leur égal et non pas un homme à part que l’on doit traiter différemment.

Et s’il a de la répartie, c’est avec humour, sans agressivité. Ainsi à Brandon, qui vient le chercher au saloon et qui lui déclare :

Je veux que tu te mettes dans la tête dès maintenant que tu n’emporteras pas d’alcool.

Faudra bien que j’emporte ce que j’aurai mis dans mon estomac, répliqua le Noir.

 

La saga de Shawn Starbuck comporte vingt-quatre épisodes et celui-ci en est le sixième, chronologiquement. Seuls cinq titres ont été traduits en France, dans un ordre anarchique. Ce qui est dommage, n’offrant qu’une approche limitée de la saga de Shawn Starbuck.

 

De Ray Hogan, on peut également lire

Ray HOGAN : Le marshal de Wolf Crossing (Brandon’s Posse – 1971. Adaptation de Jean-André Rey). Collection Le Masque Western N°143. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution 10 décembre 1975. 192 pages.

ISBN : 2702404278

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16 mai 2019 4 16 /05 /mai /2019 04:22

Remember el Alamo

Le Général Sam Houston lors de la bataille de San Jacinto

 

Pierre NEMOURS : Rouge comme le sang.

Le 23 février 1836, les soldats mexicains commandés par un nombre impressionnant d’officiers, le tout chapeauté par le général-président Antonio Lopez de Santa-Anna, un inconditionnel de Napoléon Bonaparte, arrivent à San Antonio de Bexar. Leur but, déloger les quelques cent-quatre-vingts militaires et civils qui sont retranchés dans la mission de l’Alamo, petit hameau fortifié avec en son centre son église espagnole.

Les Texans, qui aspirent depuis longtemps à leur indépendance, sont constitués de Mexicains, d’Américains, d’émigrés d’origine diverse dont des Français et des Anglais. Tous ont en commun leur désir de liberté vis-à-vis du Mexique. Depuis le 3 novembre 1835, le Texas s’est déclaré indépendant, et le gouvernement réside à Washington sur Brazos. La garnison est commandée par le jeune lieutenant-colonel Williams Travis, vingt-cinq ans, et parmi les soldats et civils qui vont défendre chèrement leur peau, les célèbres Davy Crockett et sa trentaine de volontaires et Jim Bowie qui est malade, des coureurs de prairie qui n’ont rien à perdre que l’honneur et la vie. Mais la vie, pour eux n’est qu’un accessoire, auquel ils tiennent certes, tout autant que le couvre-chef en peau de castor de Crockett.

Du 23 février au 6 mars 1836, de nombreuses échauffourées opposent les Mexicains et assiégés, ponctuées par des tirs de canons. Le général Santa Anna érige en haut de l’église de San Antonio un drapeau rouge. Rouge comme le sang. William Travis envoie quelques messagers à l’attention du général Sam Houston, à Gonzales ainsi qu’au colonel Fannin qui est en poste à Goliad avec trois cents hommes. Et dans la nuit du 5 au 6 mars, un dimanche, Santa Anna déclenche l’attaque.

Le colonel Fannin, pusillanime, a commencé à se diriger vers San Antonio de Bexar, mais a préféré faire demi-route tandis que Sam Houston tergiverse. Ce qui fait que les renforts attendus ne se présentent pas et Santa-Anna lance ses troupes à l’assaut de l’Alamo empruntant des méthodes médiévales.

Le premier à mourir sous l’assaut sera le lieutenant-colonel William Travis, mais Crockett et Bowie tomberont eux aussi sous les coups des assaillants ainsi que toute la population. Seules en réchapperont quelques femmes qui étaient réfugiées dans l’église de la mission. Mais Santa-Anna ne se contente pas de ce succès et il dirige ses troupes jusqu’à Goliad. Fannin fait une tentative de résistance puis se rend. Lui et ses hommes seront passés par les armes, Santa-Anna déclarant ne vouloir faire aucun prisonnier.

Mais des civils tentent de contrer le boucher de l’Alamo, dont Soledad Garnett, une Mexicaine mariée à Garnett, un Américain en poste à Alamo, Pacheco, son frère et associé dans le ranch avec Garnett, Horace Alsbury dont la femme mexicaine est aussi à Alamo, plus quelques hommes dont Paul Picard, le Français, le jeune Robert Gunsmith, seize ans, le docteur Sutherland…

Soledad veut venger la mort probable de son mari tandis que Sutherland convainc Sam Houston de poursuivre Santa-Anna qui continue son périple vers Galveston.

 

Pierre Nemours, s’appuyant sur des documents d’époque et les ouvrages de Walter Lord et autres historiens, décrit cette bataille de l’Alamo puis les combats qui suivront jusqu’au 21 avril 1836, la bataille de San Jacinto.

La défaite de l’Alamo et celles qui suivirent, les exactions menées par Santa-Anna et son armée, contribuèrent à soulever l’enthousiasme général et les volontaires, mais un peu tard, pour assoir l’indépendance de l’état du Texas.

De ce fait historique, Pierre Nemours met en valeur quelques figures de fiction dont Soledad Garnett qui par son action contribua à cette indépendance en montrant la voie du courage contre ceux qui étaient devenus les envahisseurs, les Mexicains de Santa-Anna.

Il met en valeur la population militaire et civile de l’Alamo qui était composée d’hommes et de femmes venus du Mexique, d’autres états de la jeune république des Etats-Unis, d’Anglais, de Français, qui vivaient tous en harmonie. Cent-quatre vingt-trois personnes, cent-quatre-vingt-trois combattants unis sous la même bannière.

Santa-Anna fut un général versatile, qui passa dans le camp des insurgés mexicains après avoir été dans celui des Espagnols, et il reproche aux Texans de se conduire comme lui-même l’a fait, c’est-à dire arracher l’indépendance. En effet l’indépendance du Mexique vis-à-vis de l’Espagne ne date que de 1824, confortée par la bataille de Tampico à laquelle il prit part, devenant le Héros de Tampico. Mais il est orgueilleux, ambitieux, fasciné par Napoléon Bonaparte, et n’accepte pas que l’état du Texas se soulève pour sa liberté envers le Mexique.

Et comme le déclare le docteur Reyes, qui suit un peu malgré lui l’état-major de Santa-Anna :

Notre indépendance à nous n’est que le résultat de la décadence espagnole. Nous n’avons fait que substituer à la société sclérosée de Madrid, la nôtre, tout aussi figée. Et nous restons entre nous. Aucun courant d’immigration ne vient apporter des énergies nouvelles.

Les Américains, au contraire, ont arraché leur liberté à une Angleterre à l’apogée de sa puissance. Chaque jour, des centaines d’Européens enthousiastes arrivent dans ce pays neuf, dont ils reculent sans cesse les frontières. La preuve c’est que n’avons pas été capables de mettre en valeur notre Texas nous-mêmes. Il nous a fallu faire appel à des étrangers.

Cela devrait faire réfléchir certains hommes politiques, qui façonnent les esprits par leurs déclarations à l’emporte-pièce, rétrogrades et obtus, qui n’ont rien compris à l’Histoire des peuples, et leur apprendre à mesurer leurs paroles concernant l’immigration. Et pas uniquement en France.

Pierre NEMOURS : Rouge comme le sang. Collection Feu N°97. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1968. 256 pages.

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24 avril 2019 3 24 /04 /avril /2019 04:44

Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit...

BUFFALO Bill : La course à la mort à travers les campements ennemis.

S’il est un héros américain dont la légende est encore vivace, c’est bien William Cody dit Buffalo Bill. Plus que Davy Crockett, personnage réel mort le 6 mars 1836 lors du siège de Fort Alamo, Daniel Boone ou Kit Carson.

Des exploits qui furent consignés par son ami et compatriote le colonel Prentiss Ingraham (1843 – 1904) qui fut son agent dans le cadre du cirque créé par le chasseur de bisons, le Wild West Show. Il fut l’auteur de plus de 400 romans ou nouvelles créant de nombreux personnages mais qui n’atteindront pas la renommée de Buffalo Bill.

Né le 26 février 1846 à North Plate dans l’Iowa, Cody perd son père à l’âge de 11 ans, sa mère déménage dans le Kansas où il devient convoyeur de bestiaux pour une compagnie de chariot, participe à la ruée vers l’or à 14 ans et travaille pour le Pony Express l’année suivante. Il fait partie des messagers, franchissant les Rocheuses, transportant le courrier entre le Missouri et la Californie. Puis durant la guerre civile il sert comme éclaireur de l’armée fédérale contre les Kiowas et les Comanches et entre en 1863 au 7e de cavalerie dans le Missouri et le Tennessee. Puis il deviendra homme de théâtre et de spectacles.

Lorsque nous faisons sa connaissance, il a seize ou dix-sept ans environ, au commencement de la guerre civile (ou guerre de Sécession) selon le fascicule, et appartient au 7e régiment du Kansas, basé à Fort Hayes.

Le général Custer attend des dépêches importantes du général Smith qui lui se tient à Fort Leavenworth. Cent-vint milles environ séparent les deux garnisons. Ses exigences, connaître le pays et être familier des indiens, opèrent une sélection rigoureuse, et seul Bill Cody se propose d’effectuer cette mission périlleuse. Custer ne peut s’y opposer malgré le jeune âge de Cody. Mais celui-ci a en tête l’idée de voir sa mère mourante et peut-être de s’affronter à Charles Dunn et son capitaine, le trop célèbre Jesse James. Une rancune tenace lui commande de vouloir affronter ces hommes, Charles Dunn étant à l’origine de la mort de son père.

Et c’est ainsi que le jeune Cody part pour Fort Leavenworth connaissant au cours de son périple de nombreuses mésaventures. D’abord il est poursuivi par des Sioux et il ne leur échappe qu’en se réfugiant dans une grotte en traversant le Missouri. Seulement cette grotte, qu’il pensait être seul à en connaître l’existence est déjà occupée par Charles Dunn et ses complices. Il est fait prisonnier et sauve la vie à une jeune fille, Louisa, qui a été enlevée le jour de son mariage. Son père, riche entrepreneur dans des mines a été tué sous ses yeux de même que son fiancé Charles. Selon ses souvenirs qui ne sont peut-être pas précis.

Cody parvient à s’enfuir avec Louisa qui lui narre les événements auxquels elle a participé malgré elle, mais ils sont bientôt rattrapés par d’autres indiens qui obéissent à un bandit ayant pignon sur rue, Don Ramiro qui a passé alliance avec Jesse James. Cody connaîtra le plaisir mitigé d’être attaché au poteau des supplices, les Indiens lançant dans le tronc des lances dont la pointe a été rougie, et autres joyeusetés. Mais ce n’est pas tout et l’équipée aura bien du mal à parvenir à Fort Leavenworth, but de sa mission. Là, je ne dévoile rien, car le lecteur sachant que d’autres aventures l’attendent, sinon à quoi serviraient les fascicules suivants, sait très bien qu’il ne faillira pas à sa mission, même s’il est sérieusement blessé.

 

Ce court roman, véritable hommage appuyé au courage de Bill Cody, pas encore surnommé Buffalo Bill, reprend certains épisodes réels de la vie du chasseur de bisons, y incorporant des scènes fictives, toutes plus grandiloquentes les unes que les autres, l’action prévalant.

On découvre un Bill Cody jeune, mais déjà imposant physiquement, courageux, tenace, revanchard, flegmatique devant le danger, n’ayant pas encore bu une goutte d’alcool, tireur émérite et cavalier non moins émérite et infatigable. Et n’ayant connu des bras féminins que ceux de sa mère. Comme le qualifieraient les magazines féminins, le gendre idéal.

Toutefois, certains passages sont un peu mièvres tandis que d’autres se révèlent pompeux et ampoulés. Certes, il parait que le style narratif d’Ingraham laissait à désirer, mais le traducteur, inconnu, n’y est peut-être pas pour rien non plus. Par exemple, lorsque les bandits ou les Indiens sont évoqués, un seul mot prédomine : coquins. Un mot un peu faible pour les qualifier, et d’autres termes plus forts auraient pu être employés. Mais après tout, il s’agit de raconter des histoires destinées principalement à des enfants plus ou moins grands, et le vocabulaire s’efface devant la rapidité d’action des mésaventures qui s’enchainent pratiquement sans relâche.

Mais ce pourrait être également une histoire écrite par Ned Buntline, cet écrivain ayant été le premier à narrer les exploits de Buffalo Bill, Ingraham prenant la suite. Seulement à qui attribuer réellement ce texte, sachant que la chronologie française n’est pas forcément celle d’origine ?

Une lecture amusante et le mieux est d’en découvrir la suite afin de se replonger dans une époque qui a fait et continue de faire rêver, celle des Westerns, avec ses bons et ses mauvais côtés. Par exemple la façon dont sont décrits les Indiens, Sioux et Kiowas par exemple. C’était la façon de présenter alors ces autochtones, les Américains blancs étant fiers de leur prépondérance fallacieuse. Il fallait conquérir des terres pour les colons et donc montrer les natifs comme des ennemis sanguinaires.

La guerre de Sécession qui voulait abolir l’esclavage, côté Nordiste évidement, n’empêchait pas ceux qui se prévalaient d’agir comme des défenseurs de la cause des Noirs de se montrer racistes envers d’autres peuplades, et principalement celles qui occupaient à l’origine les terres convoitées. Il suffit de se remémorer les grandes batailles, dont celle dite de Little Big Horn qui se soldat par la victoire des Amérindiens, une coalition entre Sioux et Cheyennes. Mais ceci est une autre histoire.

 

Pour découvrir gratuitement ce fascicule et les suivants, vous pouvez les télécharger gratuitement en vous rendant sur le site ci-dessous, en bas de page d’accueil :

BUFFALO Bill : La course à la mort à travers les campements ennemis. N°1. Editions Eichler. Parution 7 ou 10 janvier1907.

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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 07:50

Mais j´entends siffler le train,

Mais j´entends siffler le train,

Que c´est triste un train qui siffle dans le soir...

Sylvie MILLER : Satinka.

Du plus loin qu’elle se souvienne, Jenny Boyd a été confrontée à des visions nocturnes. Des trains emplissent ses rêves, des images sonorisées. Mais pas n’importe quels trains. Ceux de la Transcontinentale dont la ligne ferroviaire fut construite entre 1863 et 1869 avec comme main d’œuvre de nombreux immigrés chinois.

Et le matin, elle est la proie d’une migraine tenace. Elle s’en était ouverte à sa mère qui avait balayé d’un revers de manche ses déclarations. Elle voulait une fille normale. Alors Jenny s’était réfugiée auprès de son ami d’école, Mike, qui avait compati sans pouvoir lui apporter de réconfort réel, sauf celui de son écoute et de son affection.

Les années ont passé. Et en ce mois de juillet 2016, alors qu’elle a arrêté ses études au grand dam de sa mère et qu’elle travaille comme serveuse dans un bar à Colfax en Californie, les visions se font de plus en plus prégnantes. Au point de découvrir que durant la nuit elle a saigné du nez. Et ces visions ne se produisent plus uniquement la nuit, mais aussi le jour, dans certaines circonstances.

Pour ses vingt ans, elle revient à Dutch Flat, où elle a passé sa jeunesse. Elle n’est pas enchantée mais c’est un jour spécial. Parmi les nombreux invités, surtout la famille du côté de son père car personne n’est présent du côté de sa mère, elle retrouve avec plaisir son ami Mike qui a pensé à elle. Il lui offre une petite boite dans laquelle a été déposé un boulon datant de 1865 et provenant d’un chantier de la Central Pacific Railroad. Mike a acheté ce présent chez un vieil antiquaire chinois dont l’ancêtre, Wing On Wo, avait été ouvrier et médecin herboriste sur le site de construction et qui avait vécu dans le quartier chinois de Dutch Flat. Mais dès qu’elle touche l’objet, à nouveau elle est la proie d’une vision qui la met en syncope.

Mike la reconduit à Colfast et lui propose de rencontrer l’antiquaire. Celui-ci est obligé de s’absenter mais son petit-fils leur remet une malle-cabine contenant de nombreux objets d’origine chinoise et Yani, une peuplade d’Amérindiens qui vivaient dans la Sierra Nevada. Le jeune homme avait pour mission de remettre un jour cette malle à une jeune fille brune au teint mat. Pour lui, il est évident que Jenny en est la destinataire. Mike connait des personnes qui seraient intéressées par ces objets anciens et historiques. Ils se rendent tous deux à l’université de Stanford, où Mike effectue ses études, et effectivement les professeurs contactés aimeraient pouvoir en disposer. Ce que refuse Jenny qui les ramène chez elle. Mais elle cache certaines de ces reliques, une initiative Heureuse, car pendant son absence son studio est visité et dévasté.

Parmi ce qui pourrait ressembler à un fatras, Jenny et Mike ont également découvert un médaillon représentant un trèfle et des photographies. L’une des personnes figurant sur ces clichés ressemble étonnamment à la jeune fille.

 

Sylvie MILLER : Satinka.

Ce récit pourrait n’être qu’une simple histoire teintée de fantastique, un peu comme Richard Matheson ou Jonathan Carroll en ont écrit avec un petit côté Ma sorcière bien aimée. Mais c’est beaucoup plus profond. Un suspense teinté de fantastique tournant autour de la magie. Une situation en apparence normale mais qui perd le contrôle de la réalité. Le lecteur, alors, retrouve par ce jeu certaines des peurs ancestrales de l’humanité telles que la folie, l’abandon, la mort, la solitude. Ici, il s’agit d’une conjonction entre deux époques qui possèdent des points communs, et ancrés dans l’histoire des États-Unis et plus particulièrement de la Californie.

En 1857, le jeune Harmon Augustus Good, dit Hi Good, est content. Enfin il a atteint l’âge et possède l’argent nécessaire pour acquérir une centaine d’acres de terre californienne. Il doit satisfaire quelques obligations qui ne relèvent pas des travaux d’Hercule. Il construit donc une cabane et élève quelques têtes de bétail tout en cultivant ses plans de légumes. Seulement ces terres ont été confisquées aux Amérindiens de la tribu des Yahi, ce qui engendre de leur part une vengeance sanguinaire. Les renégats, ainsi surnommés, se sont réfugiés dans Mill Creek et descendent parfois dans la vallée afin de se procurer des vivres indispensables à leur survie. Mais une partie de la tribu, les Yanas, se conduisent en pacifistes, pourtant ils seront eux aussi traqués.

Des colons irlandais, chassés de leur terre natale par la famine, traversent les Etats-Unis en convoi. Leur but, la terre promise californienne et peut-être des mines d’or. En cours de route des divergences s’élèvent, mais ils continuent toutefois leur pérégrination, malgré le froid, la rudesse du terrain, affrontant les pires dangers dans la chaîne des Rocheuses et la Sierra Nevada.

Et durant les années 1860, partant de Sacramento, des milliers de Chinois construisent la ligne ferroviaire de la Transcontinentale. Ils sont traités en esclaves par des contremaîtres sans pitié. Ils s’organisent et parmi eux des hommes médecins pallient aux bobos divers, blessures provoquées par des accidents de travail ou aux inévitables problèmes de cohabitation ou de nutrition.

Un roman qui insiste sur les difficultés d’intégration des migrants, de leurs dissensions entre extrémistes et modérés tolérants, des conditions de vie et du quotidien des Chinois expatriés et exploités, du génocide envers des populations locales qui ne demandaient qu’à vivre sur leurs terres. Une leçon d’humanisme en tout point exemplaire mais qui n’oublie pas la magie, un don utilisé par les Amérindiens, les Chinois ou les Irlandais, pas tous, magie exercée pour se dépatouiller de situations périlleuses mais pas que.

Chinois travaillant sur la ligne ferrée de la Transcontinentale

Chinois travaillant sur la ligne ferrée de la Transcontinentale

Il s’agit d’une parabole sur le courage et la volonté de vouloir, de pouvoir, de réaliser ce qui semble insurmontable, de se transcender. Combien de fois avez-vous entendu quelqu’un gémir Je n’y arrive pas… et qui grâce à l’effort, par la volonté de réussir, par les encouragements aussi, parvient à surmonter les épreuves. Quelles soient physiques, mentales, psychologiques, corporelles. Mais c’est aussi la parabole sur l’intégration, sur les bienfaits d’une mixité ethnique, raciale, culturelle, mais je n’en dis pas plus.

Certains personnages ont réellement existé, Alexander Gardner, photographe par exemple. Quant aux faits historiques concernant la construction de la ligne ferroviaire Transcontinentale, ils ont fait l’objet de nombreux articles.

Un roman construit façon mille-feuilles, normal pour un roman de cinq-cents pages, appétissant et qui garde tout au long de la dégustation une saveur exquise. Si l’histoire de Jenny pourrait constituer la pâte feuilletée, croustillante, ce qui sert de crème est tout aussi goûtu. Les différentes époques s’entremêlent, puis convergent, et mon tout est hybride sans pour autant se montrer hétéroclite ou saccadé dans la narration. Bientôt la pâte feuilletée absorbe la crème et mon tout ne fait plus qu’un.

Il ne faut pas se fier à l’emballage, paraît-il. Pour une fois le contenant et le contenu sont d’égale valeur. L’ouvrage possède une couverture cartonnée rigide, avec une illustration de Xavier Colette, un dos toilé, et rien qu’à le voir on a envie d’ouvrir le livre.

Au fait, madame Sylvie Miller, à quand le prochain opus de Lasser détective des dieux ? Seriez-vous fâchée avec votre complice Philippe Ward ? Allez, un petit effort, un peu de volonté, une once de magie, cela devrait le faire.

 

Vous pouvez également retrouver les chroniques concernant la série Lasser détective des dieux ci-après :

Et pour finir :

N'hésitez pas non plus à visiter le site de Sylvie Miller :

Sylvie MILLER : Satinka. Collection Fantasy. Editions Critic. Parution le 7 septembre 2017. 516 pages. 25,00€.

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11 septembre 2017 1 11 /09 /septembre /2017 08:37

Comme on fait son lit, on se couche. Il parait !

Johny SOPPER : Johny Sopper et le lit de l’enfer.

Mais ce n’est pas dans les habitudes du capitaine Johny Sopper, agent du gouvernement, qui en ce mois de novembre se sent perdu dans New-York. Il a plus l’habitude de parcourir les plaines de l’Alabama que parcourir les rues d’une ville dont les habitants résident dans des immeubles de six étages.

Avec le sergent Steve, il doit réceptionner un professeur en provenance de Paris et le conduire à Washington. Seulement il a la désagréable impression, ressentie pareillement par Steve, d’être suivi au cours de ses déambulations sur le port. D’ailleurs il fait sensation auprès des gamins, habillé avec sa veste en pécari, ses culottes de cheval, ses bottes noires et son feutre à larges bords.

Enfin ils récupèrent le voyageur, un nommé Adalbert Durandal, du Musée d’Histoire de Paris. Des chambres d’hôtel sont réservées aux trois hommes en attendant de joindre Washington. Durandal confie qu’il doit remettre des documents, soigneusement gardée dans un portefeuille rouge, concernant des trésors qui auraient été enfouis par les premiers migrants, dont notamment au lac Erié, sur une île. Mais à cet hôtel s’est installée également une jeune femme, une Française selon le directeur, Jeanne Berry.

Alors que Johny Sopper avait prévu une soirée au théâtre, Durandal annonce qu’il se sent quelque peu malade. Il préfère rester dans sa chambre qu’il boucle à double tour. Au retour de leur sortie, Sopper et le sergent Steve s’aperçoivent que la porte n’est plus fermée et que Durandal a disparu. Les événements se précipitent.

Les deux hommes partent à la recherche du professeur, chacun de leur côté, et le lendemain, un cadavre est découvert sur les rails. Il s’agit probablement de Steve car l’inconnu porte ses bottes et sa montre. Jeanne Berry a quitté l’hôtel, direction Saratoga selon le directeur de l’établissement. Mais Sopper apprend qu’en réalité elle a pris le train pour Albany. Le directeur de l’hôtel est assassiné et le portier est trop serviable pour être honnête.

Sopper, après déjà avoir été agressé et assommé, part pour Albany et retrouve inopinément Steve qui n’était pas mort. Ils apprennent que Jeanne Berry voyage en compagnie de son frère et d’un homme qui ressemble fort à Durandal. Puis c’est la suite du voyage vers le lac Erié.

 

Johny Sopper échappe à de multiples dangers dont, dans le désordre, un affrontement homérique avec un grizzli, des agressions avec des individus particulièrement belliqueux, à quelques noyades et un plongeon dans les chutes du Niagara, des bagarres avec des Comanches, puis des coups de feu, des rencontres inopinées avec des gourdins, de quoi démontrer sa force herculéenne mais également qu’il n’est pas à l’abri d’interventions musclées, aidé dans tous ses démêlés par la présence opportune de Comanches, une autre tribu que la précédente, puis de Cheyennes qui pensent le délivrer, les deux peuples ne s’appréciant guère.

Mais si les « Indiens » ne sont pas toujours montrés sous un jour favorable, il existe un code de l’honneur que ne pratiquent pas en général les Blancs. Ils ne peuvent pas tuer un homme qu’ils sont sauvé d’un péril. Celui que nous avons sauvé est des nôtres, affirme ainsi Tête d’Or le chef Cheyenne. D’ailleurs Johny Sopper, s’il ne pratique pas la langue française, comme on le constate au début du récit, s’exprime aisément en langue comanche ou cheyenne, ce qui est quand même un avantage dans certaines situations.

Un roman qui privilégie l’action au détriment des longues narrations descriptives des lieux et des personnages. Pas le temps pour le lecteur de s’ennuyer, de reprendre son souffle, son seul souci étant de tourner les pages afin de connaître la fin de cette intrigue très mouvementée. Johny Sopper encaisse, et donne, de nombreux coups, comme dans les scènes de bagarre au cinéma, au cours desquelles chaque protagoniste se rue contre son adversaire sans jamais ressentir le moindre mal ou presque.

 

Johny SOPPER : Johny Sopper et le lit de l’enfer. Collection Western N°8. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1953. 192 pages.

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8 septembre 2017 5 08 /09 /septembre /2017 08:12

Maman vient de terminer
L'histoire de cow-boy Johny …

La collection WESTERN du Fleuve Noir.

Cette collection, sous-titrée Aventures et Bagarres de Johny Sopper, s’inscrit dans une mode cinématographique alors florissante, le Western.

Contrairement à d’autres collections concurrentes elle ne rencontra pas le succès espéré. Peut-être parce que vouée quasi en exclusivité à un auteur et à un héros récurrent, elle ne sut pas se renouveler ou s’adapter à de véritables actions de western.

Le cinéma de western connaissait ses plus beaux jours et la prolifération des bandes dessinées petit format (Kit Carson, Hopalong Cassidy…) et des fascicules romans-photos adaptés des films détournèrent peut-être aussi les lecteurs potentiels de cette série qui débuta en 1952 pour mourir en 1954.

L’auteur principal Johny Sopper n’était autre José-André Lacour qui signa dans les différentes collections du Fleuve Noir sous les pseudonymes de Benoît Becker (pour certains ouvrages de la collection Angoisse), Marc Avril (Espionnage) ou Christopher Stork (Anticipation) en collaboration avec Stéphane Jourat. Seul il fut également Connie O’Hara pour le fameux Clayton’s collège. Sous son nom on retiendra L’année du bac (pièce de théâtre) en 1958, et Le rire de Caïn en 1980. Mais participa également à l’aventure Eugène Maréchal, un auteur et éditeur belge, qui apporta à Armand de Caro, l’un des fondateurs du Fleuve Noir, quelques auteurs qu’il avait déjà publié ou dont il connaissait les qualités d’écriture. Et l’on se rend compte de l’apport de l’un et de l’autre dans les aventures de Johny Sopper, le style étant différent parfois entre deux ouvrages, voire deux chapitres.

A noter que le dernier roman de cette collection serait une traduction de l’Américain par Gertie Colin.

Or l’épouse J-.A. Lacour s’appelait Gertie Colin et était romancière. Pour certains, il se pourrait donc que Cole Laramee soit J.-A. Lacour ou une œuvre de Gertie Colin qui dans ce cas aurait pu signer également au Fleuve Noir sous le nom de Lise Lacour.

Autre piste selon littérature populaire Cole Laramée, ou plutôt Cole LARAMEE. Il semble que ce dernier ait fini par livrer son secret: il ne s'agit pas, comme certains le suspectaient, d'un alias de J.A Lacour, ni de sa femme, mais de l'écrivain anglais Leonard Gribble, mieux connu des amateurs de romans policiers! (d'après la Bibliothèque du Congrès américaine, mais non confirmé par les ouvrages de référence anglo-saxons, notamment le bien informé TCCMW).

 

Dans le recueil de la collection Superpoche, publié en juin 1995, comprenant quatre romans de la collection Angoisse signés Benoît Becker, José-André Lacour précise dans sa préface :

Sans doute le western n’est-il pas fait pour la France qui est un pays trop petit pour cela. En conséquence, Johnny Sopper ne fit pas la fortune de Johnny Sopper, qui descendit de son cheval.

On remarquera au passage que Johny devient Johnny…

 

En quatrième de couverture du N°4, Johny chasse l’homme, le héros est ainsi présenté :

Avec le prestigieux Johny Sopper, les lecteurs de notre collection Western vont vivre des épopées exaltantes et suivront à la trace des hommes farouches qui n’ont peur de rien, qui aiment la bagarre et les ardentes chevauchées dans un décor de plaine immense, de vaste ciel et où le souffle héroïque et vivifiant des luttes, de la force, de la ruse et du courage sont indispensables.

 

Et effectivement Johny Sopper, dont le lieu de naissance diffère selon les romans, ce qui conforte l’idée qu’en réalité plusieurs auteurs se sont attelés à la tâche de l’écriture de ses aventures, n’a peur de rien, ni de personne, se battant comme un lion, n’abandonnant jamais la partie, et triomphant toujours, malgré les nombreuses scènes au cours desquelles il est vaincu par des quidams qui en veulent à sa vie. Mais il s’en sort toujours, seul ou avec l’aide de protagonistes arrivant fort opportunément.

 

Les couvertures sont signées Gourdon.

1 - Sopper Johny : Johny prends ton colt [1952]

2 - Sopper Johny : Johny et le démon blanc [3/52]

3 - Sopper Johny : Johny dans l'Arizona [1952]

4 - Sopper Johny : Johny chasse l'homme [1952]

5 - Sopper Johny : Johny règle un compte [1953]

6 - Sopper Johny : Johny et les pirates noirs [1953]

7 - Sopper Johny : Johny a disparu [1953]

8 - Sopper Johny : Johny et le lit de l'enfer [2/53]

9 - Sopper Johny : Johny et les esclaves blanches [1953]

10 - Sopper Johny : Johny et le tueur sans visage [1953]

11 - Sopper Johny : Johny joue avec la mort [1953]

12 - Sopper Johny : Johny et le garçon sauvage [1953]

13 - Sopper Johny : Johny casse le calumet [3/53]

14 - Sopper Johny : Les sioux voient dans la nuit [1953]

15 - Sopper Johny : L'agonie de Fort Anaconda [3/53]

16 - Sopper Johny : Piste de la tragédie [1953]

17 - Sopper Johny : Le poteau de torture [1953]

18 - Sopper Johny : Les pendus du Nevada [1/54]

19 - Sopper Johny : L'indienne captive [1/54]

20 - Sopper Johny : Massacre des pionniers [2/54]

21 - River J.S. : La diligence des maudits [2/54]

22 - Sopper Johny : Le fusil de l'homme mort [2/54]

23 - Laramee Cole : Frontière de la mort [3/54]

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