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7 août 2016 7 07 /08 /août /2016 13:25

Comme le précise l'édition Omnibus, Raffles, un

Arsène Lupin anglais... sauf que...

Ernest William HORNUNG : Raffles, un cambrioleur amateur

Tout le monde connait Arsène Lupin, le gentleman cambrioleur, qui apporta à la littérature policière une bouffée de fraîcheur, prenant le contre-pied des enquêtes policières sérieuses ou des romans dans lesquels la pègre avait le beau rôle. Arsène Lupin né en 1905 sous la plume féconde de Maurice Leblanc.

Mais peu de personnes savent qu'Arsène Lupin ne fut pas le premier gentleman-cambrioleur à obtenir les faveurs du public mais qu'il eut un précurseur en la personne de Raffles.

Ernest William Hornung créa en 1899 Raffles, une sorte de Robin des Bois moderne qui fut le chef de file d'une quantité impressionnante d'émules, à commencer par Arsène Lupin, mais aussi Le Saint de Leslie Charteris, Lord Lister dont les auteurs sont apparemment inconnus mais d'origine étrangère probablement batave ou flamande, des fascicules édités chez Eichler dans les années 1920, Le Baron d'Anthony Morton, et bien d'autres, moins célèbres et avouons-le, moins intéressants aussi.

Raffles donc, créé par E.W. Hornung, le beau-frère de Conan Doyle, est l'antihéros du héros, c'est à dire Sherlock Holmes.

Comme le célèbre détective, Raffles possède son confident, son historien, son faire-valoir en la personne de Bunny, un personnage un peu falot. Bunny prodigue maints conseils d'intégrité à son ami mais cela ne l'empêche point de suivre Raffles dans ses sorties nocturnes et délictueuses.

Tout comme Arsène Lupin plus tard, Raffles est un adepte du déguisement et possède des points de chute différents. Mais ce qui devient avec notre héros national une entreprise prospère, reste avec Raffles au stade artisanal. Un situation au coup par coup, lorsque le besoin s'en fait sentir. Pas d'homme de main.

Seul Bunny l'aide dans ses pérégrinations et même parfois risque de faire capoter l'affaire, n'étant pas toujours au courant des agissements de son ami.

 

Cet intéressant personnage qu'est Raffles, sportif accompli spécialiste du cricket, sport alors à la mode, fréquentant les réunions mondaines ce qui li permet de poser des jalons et de repérer les lieux de ses futurs appropriations, connaitra de nombreuses aventures sous la plume de E.W. Hornung, réunies dans trois volumes et un roman, Raffles, cambrioleur pour le bon motif, publié à La Renaissance du livre en 1909. Tout comme Sherlock Holmes, d'autres auteurs se pencheront sur son cas, dont Barrie Perowne, David Fletcher et Peter Tremayne.

Il a été interprété au cinéma, pour au moins huit films, par notamment John Barrymore et David Niven.

Les éditions Rivière blanche ont l'excellente idée d'éditer un recueil de nouvelles de E.W. Hornung, Docteur Crime, dans l'excellente collection Baskerville, dirigée par le non mois excellent Jean-Daniel Brèque, que j'aurai le plaisir de vous présenter bientôt. En attendant voir ci-dessous la bande-annonce de l'ouvrage.

 

Réédition Omnibus. Parution mai 2007.

Réédition Omnibus. Parution mai 2007.

Réédition Petite bibliothèque Ombre. Editions de l'Ombre. Parution novembre 1998.

Réédition Petite bibliothèque Ombre. Editions de l'Ombre. Parution novembre 1998.

Réédition La renaissance du livre. Collection Le Disque Rouge. 1932.

Réédition La renaissance du livre. Collection Le Disque Rouge. 1932.

Ernest William HORNUNG : Raffles, un cambrioleur amateur (The amateur craksman - 18999. Traduction de Henry Evie). Editions Sylvie Messinger. Parution 1988.

Première édition éditions Juven 1905.

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6 août 2016 6 06 /08 /août /2016 12:43

Hommage à Noëlle Loriot connue aussi sous le nom de Laurence Oriol, née le 6 août 1925.

Noëlle LORIOT : Meurtrière bourgeoisie.

Laurence Herbault est une jeune visiteuse de prison qui prodigue un réconfort matériel et moral auprès notamment de son frère, jeune délinquant et surtout de François Couderc, accusé d’avoir assassiné son beau-père de banquier et employeur.

François venait d’être licencié, naturellement est-il immédiatement soupçonné et emprisonné. Il possède le profil du coupable idéal. Cependant Laurence, qui vient de divorcer d’avec Jérôme Brochard, procureur adjoint, ne peut s’empêcher de ressentir une certaine attirance envers ce prisonnier qui se défend d’avoir perpétré ce meurtre.

Il est défendu par maître Davioud, reconnu comme l’un des meilleurs de sa profession, mais ce sont ses adjoints qui établissent le dossier avec les moyens du bord.

Persuadée de l’innocence de François, Laurence se jette dans une enquête entraînant avec elle Vincent, un homosexuel dont elle partage l’appartement. Et les faits semblent lui donner raison, puisque malgré la surveillance, François subit une tentative d’empoisonnement et que Vincent est renversé par un véhicule.

Même Jérôme Brochard n’échappe pas à cette vague d’intimidation, sa voiture étant piégée. De plus le défunt naviguait dans les eaux troubles de la pédophilie, ainsi que certaines de ses relations auxquelles, de par leur notabilité, on aurait donné le Bon Dieu sans confession. Cependant il faudra beaucoup de courage et de persévérance de la part de Laurence et de ses amis, occasionnels ou non, pour démêler cet imbroglio.

 

Une histoire narrée avec efficacité par un auteur qui n’en est pas à son premier coup d’essai et qui se complaît à jouer avec les apparences, et démonter avec élégance d’écriture les perversités qui s’épanouissent dans toutes les couches de la société, surtout là où on ne les attend pas.

L’intrigue est bien menée et le suspense entretenu, même si lecteur accroché polar se pose des questions, que je ne révèlerai pas ici car poser la question c’est un peu résoudre l’énigme. J’aurai préféré un autre titre, moins banal, mais bon, ce n’est pas le titre qui fait le bouquin.

Je terminerai par la citation du jour :

Je ne lis plus de romans policiers ; ils sont trop inférieurs à la réalité des faits divers que la presse ose révéler, et à ceux qu’elle n’ose pas révéler parce qu’on ne les croirait pas.

Noëlle LORIOT : Meurtrière bourgeoisie. Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution avril 2004. 320 pages. 19,80€.

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5 août 2016 5 05 /08 /août /2016 15:13

Et de la belle aussi ?

Pierre PELOT : Si loin de Caïn.

Si les personnages de Pierre Pelot sont des marginaux, de doux dingues, des colériques, des brutes, des simples d'esprit, des bornés, mais aussi des hommes et des femmes pour qui la droiture, l'intégrité, la force morale sont des vertus parfois portées à leur paroxysme et qui au moindre accroc perdent la boussole, l'environnement, le paysage sont également des composantes essentielles du roman.

Les Vosges, la région et pas seulement le département, les forêts, la campagne, l'hiver, la solitude forment un décor naturel et intrinsèque au récit. Transposés en Bretagne, en Normandie, ou en toute autre région, auraient-ils la même force, la même impression de détresse poignante, je n'en suis pas sûr.

Comme un coin de terre irréel que l'on découvre avec ravissement, avec une peur rétrospective également. Un coin de terre que l'on sait exister mais que l'on découvre par l'écrit.

Comme dans les récits de Steinbeck, et je pense plus particulièrement à Des souris et des hommes, ou d'Erskine Caldwell avec Le petit arpent du bon Dieu, dont les personnages voient leur avenir déraper à cause d'un rien : une odeur, une senteur, une image, une vision, une pensée, que ne pourraient ressentir le citadin englué dans ses propres problèmes.

 

Si Bibi, le bûcheron que l'on montre du doigt en exemple, si Zuco, le fils du meilleur ami de celui-ci et apprenti bûcheron lui-même, se trouvent entraînés dans un engrenage infernal, impitoyable, c'est à cause d'une effraction et d'un vol.

Mais entre cette effraction et ce vol, qu'est-ce qui a conduit Gamine à les perpétrer ? Pourquoi les Samson, qui vivent dans ce qui ressemble plus à un taudis qu'à une ferme, en sont-ils arrivés à ce point de déchéance ?

Ironie féroce de Pelot qui ose nommer l'un de ses personnages le plus veule, le plus brutal, le plus ignoble, le catalyseur de l'horreur : Parfait Samson !

Parfait Samson, qui dès sa sortie de prison, n'a de cesse de reconquérir une autorité qu'il n'a pas perdue sur le clan déboussolé. Parler des hommes du clan, ce n'est rien, dévoiler leurs fantasmes, leurs lubies, leurs peurs, leurs regrets, c'est simplement soulever un coin du voile tenu à chaque extrémité par les éléments féminins du groupe, avec leur résignation, leur mutisme, leurs secrets, leur sexualité exacerbée, non par un manque d'homme mais par manque de communication, un manque d'amour.

Un roman, comme bien d'autres, écrit avec les tripes, avec le cœur de l'écrivain tout autant sinon plus qu'avec le stylo !

Et pour tous ceux qui ne jurent que par les classiques, lisez Pelot, relisez La Terre de Zola, et dites-vous que les sentiments, bons ou mauvais, sont éternels.

 

Première édition Collection Rue Racine. Editions Flammarion. Parution mars 1988. 284 pages.

Première édition Collection Rue Racine. Editions Flammarion. Parution mars 1988. 284 pages.

Existe en format numérique chez Bragelonne. 2,99€.

Existe en format numérique chez Bragelonne. 2,99€.

Pierre PELOT : Si loin de Caïn. Réédition collection Rivages/Noir N°430. Editions Rivages. Parution avril 2002. 320 pages. 8,65€.

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4 août 2016 4 04 /08 /août /2016 13:09

Vous pouvez remplacer les points de suspension par le vocable qui vous semble le plus approprié...

Stanislas PETROSKY : Je m'appelle Requiem et je t'...

Être curé et s'appeler Requiem, cela pourrait sembler prédestiné, n'est-ce pas ? En réalité notre homme en soutane se nomme Estéban Lehydeux, mais pour un homme du culte, c'est un peu inconvenant de porter un tel nom. Quoique...

Donc Requiem est curé et cumule les fonctions d'exorciste, une activité qui existe dans chaque diocèse, car la sorcellerie est toujours vivante dans les esprits des provinciaux, mais pas que.

Les bigotes du quartier hantent son confessionnal, elles ont toujours quelque chose à se reprocher, mais que Martine vienne le solliciter un matin il ne s'y attendait pas. Faut dire que Martine traîne une drôle de réputation derrière elle. Martine fait son cinéma.

Elle tourne chez elle, ou en extérieur, des petits films jugés X, qu'elle met en ligne sur Internet. Cela intéresse pas mal d'hommes friands de sexe mais ne trouvant pas toujours la satisfaction et l'épanouissement éjaculatoire légitime chez eux. Or elle vient de recevoir un message, photos à l'appui, lui proposant une somme rondelette si elle veut bien participer à des séances spéciales. Avec des enfants. Pour les encadrer une espèce de catcheur ne portant pour tout vêtement qu'une cagoule. Sa virilité est dressée comme le bras de la Statue de la Liberté, et aussi grosse, d'où le surnom dont il est affublé, La poutre de Bamako.

On honore ses saints comme on les aime. Et Requiem les aime beaucoup les... seins de Martine. L'entrée des artistes aussi, mais ne nous aventurons pas plus loin, cela relève du domaine privé. Disons que Requiem et Martine s'adonnent à la pratique du simulacre de la procréation, au grand dam du Patron du curé, celui d'en haut. Dieu si vous voulez que je vous mette les points sur les I.

Ce n'est pas cette séance non prévue dans les missels et les bréviaires qui incite Requiem à s'occuper de cet exorcisme particulier, mais bien parce que des enfants sont en cause.

Requiem propose à Martine de répondre à l'annonce à sa place et comme il manie habilement l'informatique, de suivre son correspondant de son ordinateur, grâce aux codes qu'elle lui délivre. Il se rend fréquemment chez elle, ce qui attise les regards des voisins jaloux et d'une voisine curieuse comme une vieille chatte.

Une partie de l'argent promis est déposée chez la jeune femme, ce qui fait réfléchir notre curé qui n'officie pas forcément chez les nudistes. Celui qui lui a demandé cette vidéo spéciale connait donc l'adresse de Martine. A-t-il péché quelque part ? Il semblerait bien que oui car Martine est retrouvée chez elle, assassinée et ayant subi des tortures avant sa mort et même après. Elle a été crucifiée, et d'autres éléments laissent penser que Requiem est dans le viseur de l'objectif.

Le commissaire Régis Labavure (ça ne s'invente pas !), ami de Requiem, se doute que le curé est au cœur de l'affaire mais pourquoi, comment, jusqu'à quel degré, autant de questions qu'il se pose, et bien d'autres plus tard lorsque des événements mettront l'exorciste en présence d'un des salaces (ça lasse ?) et que l'un des deux restera sur le bitume. Mais s'occuper l'esprit, c'est bien, faut également penser au physique et Requiem va prendre un abonnement dans une salle de fitness.

 

Concentré de Belmondo, Requiem possède la Ford Mustang coupé 1967 qui a servi dans Le Marginal, de Guy Gilbert, le prêtre des loubards avec son perfecto, de San Antonio pour sa verve et ses pointes d'humour assaisonnées d'interpellations au lecteur, et du Poulpe alias Gabriel Lecouvreur, Requiem est un fervent amateur de bières, notre curé atypique se lance dans une aventure à double facette.

Au début, c'est joyeux, mais pas gay, enlevé, saupoudré d'humour parfois potache, puis au fil des lignes et de l'avancement de l'intrigue, l'histoire se pare de couleurs sombres, pessimistes, et la séquence chez le médecin légiste n'est pas une simple documentation puisque l'auteur est lui-même thanatopracteur. Mais chassez le naturel il revient au galop et les références à Frédéric Dard, et à son fils Alix Karol, ne manquent pas, de même que celles destinées à Michel Audiard. Des citations musicales sont également disséminées dans le texte, à rechercher comme s'il s'agissait d'une chasse au trésor de la chanson française.

Après l'émouvant et historique Ravensbrück, mon amour, après le romantique et Au dramatique L'Amante d'Etretat, voici donc le décapant et décoiffant (vous saurez pourquoi en lisant ce roman) Je m'appelle Requiem et je t'...

Stanislas Petrosky est le nouveau Frégoli de la littérature populaire !

 

Stanislas PETROSKY : Je m'appelle Requiem et je t'... Préface de Nadine Monfils. Editions Lajouanie. Parution le 8 juillet 2016. 192 pages. 18,00€.

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3 août 2016 3 03 /08 /août /2016 13:14

Hommage à Phyllis Dorothy James, née le 3 août 1920.

P.D. JAMES : Par action et par omission

Depuis quelques mois, le Norfolk vit son cauchemar.

Un tueur psychopathe, surnommé le Siffleur, attaque des jeunes femmes qui se promènent solitaires la nuit.

Adam Dalgliesh, qui vient de publier un recueil de poèmes, décide de s'octroyer quelques jours de congés dans cette contrée de l'est de l'Angleterre. Officiellement pour prendre possession de l'héritage que vient de lui léguer une de ses tantes, mais pour ses supérieurs, s'il pouvait en même temps fouiner et aider les enquêteurs locaux, cela leur ôterait une grosse épine du pied.

Il fait la connaissance de ses voisins lors d'une soirée et à nouveau le Siffleur se manifeste.

Adam Dalgliesh va même faire une expérience nouvelle pour lui : buter sur un cadavre la nuit, alors qu'en général les policiers laissent ce soin aux pauvres quidams qui dans ce cas deviennent suspects.

Mais ce nouveau crime ne peut être imputé au Siffleur, le redoutable récidiviste venant d'être arrêté quelques heures auparavant.

La nouvelle victime, Hilary Roberts, une jeune femme travaillant à la centrale nucléaire de Larksoken, ne comptait pas que des amis, loin s'en faut.

Les prétendants à ce meurtre sont légion, de Alex Mair, directeur de la centrale nucléaire et ancien amant de la jeune femme, à Neil Pascoe, écologiste convaincu et passionné qui vit dans une caravane en compagnie d'une jeune mère et de son bébé qu'il a recueillis, en passant par Ryan Blaney, artiste peintre alcoolique et père de quatre enfants élevés par l'aînée et locataire de plus en plus indésirable d'un cottage que possédait Hilary Roberts.

Plus d'autres personnes qui ne manquent pas de motifs pour faire disparaître cet encombrant personnage. Hilary Roberts, une femme de caractère, autoritaire, impitoyable, qui ne faisait rien pour s'attirer la sympathie et l'amitié de ses voisins et collègues.

 

Les auteurs britanniques féminins de romans policiers ont la réputation, non dénuée de fondement, de délayer leurs intrigues à l'extrême et parfois de se perdre dans des digressions souvent longues et monotones.

P. D. James ne faillit pas à cette règle mais ses réflexions, souvent justes et douces-amères qui parsèment son récit, ne manquent pourtant d'humour et de réalisme.

Ainsi sur la condition précaire et pas toujours enviable des poètes ou de la gloire éphémère des littérateurs.

Ou encore sur l'opportunité, le bien-fondé, et peut-être les dangers réels ou supposés des centrales nucléaires, ainsi que des comparatifs entre le moderne et le traditionnel.

Un tournant dans l'œuvre littéraire de P.D. James mais il faut avouer que les précédents romans de cette nouvelle Reine du crime peuvent être considérés comme des œuvres de jeunesse, une façon de parler, ou un apprentissage.

Réédité au Livre de Poche, collection Policier N°9542. Novembre 1992 et 2005.

Réédité au Livre de Poche, collection Policier N°9542. Novembre 1992 et 2005.

P.D. JAMES : Par action et par omission

P.D. JAMES : Par action et par omission (Devices and Desires - 1989. Traduction de Demise Meunier). Editions Fayard. Parution mars 1990.

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2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 11:00

Sans lunettes et sans fusil...

Richard MARSH : La femme dans la voiture

Sortant du Climax Club de Londres, vers les deux heures du matin, le colonel Overton raconte à son compagnon de soirée, John Baird, un épisode dont il a été le témoin un peu plus d'une heure auparavant.

En effet il a vu, alors qu'il passait dans Piccadilly, une femme frappant un homme d'un coup de couteau dans le dos. Un événement passé inaperçu jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la foule.

Mais Baird est intrigué par une automobile stationnée de l'autre côté de la rue. Il l'a déjà remarquée une heure plus tôt. Un homme était au volant, semblant dormir. Tout à coup, une jeune femme s'est levée de l'intérieur, l'a dévisagé comme si elle voyait un spectre, puis s'est précipitée dans une ruelle.

Juste à ce moment, un taxi arrive, s'arrête au niveau du véhicule stationné, une femme en sort, se précipite vers l'auto, ramasse quelque chose puis remonte dans le taxi qui s'éloigne à grande allure.

Le chauffeur dort toujours, mais en réalité, les deux hommes vont bientôt s'en rendre compte, il est mort. Il a été assassiné. Baird est persuadé connaître cette jeune femme mystérieuse. D'autant qu'il ramasse subrepticement un mouchoir qu'il examine plus longuement et minutieusement chez lui. L'initiale E est brodée dans un coin. E comme Eleanor, qu'il a fort bien connue quelques années auparavant. Depuis il a parcouru le monde et au bout de cinq ans il est revenu en Angleterre. Eleanor s'est mariée avec le comte de Ditchling, notablement plus vieux qu'elle.

L'inspecteur Hextall de Scotland Yard, procède aux premières investigations et le docteur Leach donne son verdict : l'homme a bien été assassiné mais le plus étonnant c'est qu'il a reçu deux balles, qu'il a été apparemment égorgé mais que son corps comme ses vêtements sont déchiquetés. un collier d'animal est découvert ainsi que d'autres objets. L'homme se nomme Andrew Tozer et il est à bord d'une Rolls-Royce appartenant au comte de Ditchling.

Débute alors une enquête touffue à laquelle participent chacun de leur côté l'inspecteur Hextall et Baird.

Tout semble mener à la comtesse Ditchling, qui interrogée par son mari revenant de Londres, tergiverse alors qu'elle vient le chercher à la gare d'Exeter. Baird retrouve Pauline, la jeune sœur d'Eleanor, toute gamine lorsqu'il est parti et qui depuis est devenue une fort belle et avenante jeune fille. Et qui est cet Andrew Tozer dont ce n'est pas le véritable patronyme ? Bien d'autres personnages, féminins et masculins, se révèlent être le reflet d'eux-mêmes dans une glace déformante. Et pourquoi Eleanor ingurgite-t-elle un poison qui la laisse sans connaissance, affolant sa sœur Pauline, laquelle en informe Baird ?

 

Touffue, complexe, cette intrigue est pourtant méticuleusement concoctée, et les différents épisodes narrés minutieusement. Ainsi le parcours d'une voiture est décrit avec précision par Lewis Kohn, autre inspecteur de police, mais tout ceci n'apporte rien de probant selon Hextall.

Ce qu'il s'est passé, s'il s'est bien passé quelque chose, nous ne pouvons que le supposer; plus nous avançons dans cette enquête, plus les événements nous apparaissent comme inexplicables.

Et comme Hextall n'est pas un policier borné et imbu de lui-même, il déclare peu après :

Mais si les faits sont bien tels que vous les avez décrits, l'objectif de cette manœuvre nous échappe encore. Il se pourrait bien que j'ai pris cette affaire par le mauvais bout.

Si la narration de cette intrigue est fortement ancrée dans son époque, certains épisodes pouvant prêter à sourire, le fond en lui-même était novateur. Bien entendu l'emploi des technologies modernes auraient pu dénouer cette affaire plus rapidement, mais la voiture, en général, joue un rôle fort important, sinon primordial dans cette enquête.

Un roman dont les dialogues sont habilement construits, comme savaient le faire les romanciers à cette époque, parfois un peu longuets j'en conviens, mais dénués de la boue vulgaire qui englobe souvent la production actuelle.

Un roman qu'apprécieront les amateurs d'histoires complexes, bien construites, à l'énigme toujours présente et au suspense psychologique indéniable.

A lire également de Richard Marsh :

 

Richard MARSH : La femme dans la voiture (The woman in the car - 1915. Traduction de Charles Giraudeau, revue et complétée par Jean-Daniel Brèque). Première parution Le Figaro du 2 septembre 1915 au 29 octobre 1915. Collection Baskerville N°30. Editions Rivière Blanche. Parution avril 2016. 352 pages. 25,00€.

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1 août 2016 1 01 /08 /août /2016 08:45

Mais l'aurore d'un nouvel ami ?

François RAHIER : Le crépuscule du compagnon.

Au fin fond de la Galaxie, existe un monde étrange nommé Elettreterre.

Une cité quelque peu médiévale dont le rythme est régi par un soleil au nom d'Aloysius et son satellite Compagnon.

Pendant une certaine durée dans l'année s'installe le crépuscule, sorte d'éclipse qui dure des semaines et pendant lesquelles la liesse populaire s'exprime de façon anarchique.

Un peu comme dans les kermesses de la bière ou le Carnaval de Venise. Tout est permis, même les complots qui agitent la classe dirigeante.

Un jour s'échoue sur la plage d'Elettreterre un étrange naufragé. Il ressemble étonnamment à l'un des meneurs d'une insurrection déroulée quelques vingt-cinq ans auparavant et nommé Sandro Wasani. Il s'appelle Roj Sanders.

Fait prisonnier l'homme est emmené dans les fermes marines d'Anta'ar dirigées par un despote : Damasio.

Il participe à une rébellion et est sauvé par de curieux personnages. Complots, magouilles, dissidences, trahisons se succèdent et personne ne fait plus confiance à quiconque.

Certains redoutent la prise de pouvoir par des morts animés d'une seconde vie. Des morts venus d'ailleurs.

 

Le crépuscule du compagnon est un roman un peu touffu, confus, aux personnages complexes, ambigus, et dont la trame est elle-même complexe et ambigüe. Comme si l'auteur avait été brimé et bridé par la pagination imposée et donc qu'il n'ait pu développer entièrement son propos. Pourtant son style est travaillé et agréable, laissant augurer un avenir prometteur.

François Rahier faisait partie de la nouvelle génération d'auteurs qui firent leur entrée à cette époque dans la collection Anticipation, apportant un souffle de jeunesse et de renouvellement parallèlement aux romanciers déjà bien installés. Cette nouvelle génération avait pour noms : Max Anthony, Laurent Généfort, Bertrand Passegué, Samuel Dharma, Michel Pagel, Roland C. Wagner. Certains ont su tirer leur épingle du jeu, trouvant de nouveaux éditeurs, lorsque le Fleuve Noir abandonna lâchement cette collection mythique, remplacée par une nouvelle collection qui n'obtint pas l'adhésion des lecteurs.

 

François Rahier a également écrit :

L'ouragan des enfants-dieux. Collection Anticipation N°1853. Edtions Fleuve Noir.

Le canevas des dieux. Collection Blanche N°2036. Edition Rivière Blanche.

François RAHIER : Le crépuscule du compagnon. Illustration de couverture Florence Magnin. Collection Anticipation n°1660. Editions Fleuve Noir. Parution décembre 1998. 192 pages.

Disponible en version numérique. 4,49€.

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31 juillet 2016 7 31 /07 /juillet /2016 14:38

Avec un billet d'aller-retour pour le pays

du surnaturel ?

Geneviève STEINLING : Partir pour revenir.

Enfant, j'aimais regarder les flammes dans l'âtre de la cheminée. Cela remplaçait avantageusement la télévision. Une distraction comme une autre.

Mais mon plus grand plaisir, c'était de prendre un livre et de m'enfermer dans mon monde secret, lisant avec voracité romans de cape et d'épée, romans d'aventures et romans ou contes fantastiques. Les aventures concoctées, dans des versions destinées aux enfants et parfois édulcorées, rédigées par Paul Féval, Alexandre Dumas, Michel Zevaco, Jack London, Jules Verne, Charles Perrault, les frères Grimm, Andersen, J.M. Barrie, Hector Malot, Charles Dickens, Erckmann-Chatrian, et bien d'autres, m'entrainaient hors du temps. Il m'arrivait de m'identifier aux héros, partageant avec délices et frayeur leurs aventures.

C'était dans les années 50 (1950, je précise), et depuis mes goûts ont évolués, avec des romanciers plus actuels, mais sans renier les précédents auteurs précités. La soixantaine largement dépassée (mais je ne suis pas en infraction au code de la route) je me régale toujours autant avec les mêmes auteurs et des romanciers ou nouvellistes modernes dans le domaine du fantastique, mais pas que.

Ainsi Geneviève Steinling, auteur de pièces de théâtre pour la jeunesse, a su me captiver avec quatre contes qui n'offrent pas de fées, d'enchanteurs, d'animaux au comportement humain, de manifestations magiques, de diables, de monstres, de spectres, mais offrent des possibilités d'entrer dans la frange du surnaturel tout en restant dans le domaine du quotidien.

Ce recueil est donc composé de quatre contes différents dans leur traitement mais qui abordent plus ou moins les mêmes thématiques.

La poupée qui chantait :

Fonctionnaire de police, Christine vient de cauchemarder. Sa fille en était la protagoniste, et Christine déplore l'absence de Jean son mari. Le lendemain matin, elle se voit confier une mission par son patron le commissaire de police. Alors qu'en général elle est affectée à un travail de bureau, voilà qu'il lui demande d'aller récupérer une lettre chez le nouveau propriétaire d'un domaine situé en dehors de la ville. Seulement Christine avait promis à sa fille qu'elles déjeuneraient ensembles. Tant pis, sur l'insistance de celle-ci, Christine emmène son adolescente avec elle recouvrer la missive qui semble fournir des données importantes pour une enquête pas encore résolue. L'ado veut absolument emmener Pierrot avec elle, Pierrot sa poupée de bois avec une tête en biscuit.

Le cordon est coupé :

Se réveiller dans ce qui semble être une chambre d'hôtel, cela arrive à tout le monde. Mais plus inquiétant c'est de ne se souvenir de rien. Que s'est-il passé la veille, et avant. La femme qui l'a fait émerger du sommeil dit s'appeler Maman Alice et elle l'appelle Zack, lui souhaitant bon anniversaire. Les murs sont blancs, nus, sauf une toile représentant un immeuble, aux multiples fenêtres. Celles-ci sont protégées par des barreaux. Une prison ? Pourtant figure un petit panneau avec un H d'inscrit. Un hôpital ? Le tableau est signé D.I.V.A.D. Qu'est-ce que cela signifie ? La porte est fermée à clef, de l'extérieur. Impossible de sortir. De se renseigner également car le cordon du téléphone est coupé. Pourtant la sonnerie l'a réveillé tout à l'heure, Maman Alice lui a parlé.

Marie-Carotte :

A vingt six ans, Rebecca est auteur d'ouvrages pour des enfants. Son héroïne se nomme Marie-Carotte et elle vit par procuration des aventures imaginées et peut-être vécues par Rebecca.

Dans le petit lotissement où est située sa maison, vivent monsieur et madame Picardo, et d'après cette voisine, le docteur, autre habitant des lieux, est un libertin. Ceci intrigue bien évidemment l'esprit curieux de Rebecca. D'ailleurs, le toubib lui propose de participer à l'une des soirées spéciales qu'il organise, une soirée à thème. Mais Rebecca refuse, n'étant pas intéressée par ce genre de rencontres. Un soir, elle aperçoit une voiture se garant devant la maison du toubib. En sortent une femme portant un loup, tenant en laisse un homme simplement vêtu d'un slip et d'un maillot de corps échancré. Décidément Rebecca préfère se consacrer à son nouveau roman mettant en scène Marie-Carotte. Mais ne voilà-t-il pas que cette jeune enfant envahit l'écran de son ordinateur et l'implore en lui demandant de la laisser grandir.

L'esplumoir :

Curieuse rencontre que celle qu'effectue Victor dans une rue, alors qu'il attend de traverser la rue que le feu tricolore passe au vert. Pour lui bien entendu. En face un homme âgé se démène comme s'il voulait l'interpeller. Une situation qui contente Victor : il est écrivain et il recueille sur des bouts de papier le moindre petit fait susceptible de devenir un épisode pour les histoires qu'il rédige à l'aide d'un stylo-plume intarissable. Lorsqu'enfin il peut traverser, l'homme a disparu mais subsiste de sa présence une montre-gousset. Victor est alors entraîné dans une histoire saugrenue. Un vieillard a investi le studio dans lequel il habite et la montre-gousset qu'il a trouvée fonctionne selon son humeur. Mais peut-être va-t-il avoir l'explication de ce phénomène auprès de déballeurs dans un vide-grenier.

 

Le thème de l'enfant, abandonné, volé, adopté dans des conditions particulière est traité dans les trois premiers textes, mais ce sont bien les interférences temporelles qui guident ces contes. Le retour dans un passé proche ou lointain, imaginé ou réel, comme une réalité virtuelle qui engloutit les personnages, les obligeant à vivre ou revivre des aventures qu'ils ont connues ou subies, à moins que ce ne soient que des cauchemars éveillés.

Un autre thème, sous-jacent celui-ci, s'impose. La solitude des personnages, même s'ils vivent en compagnie, s'ils ont des voisins, avec qui parler, échanger.

Geneviève Steinling nous emmène dans des histoires inquiétantes, de celles que l'on pourrait rêver, mais sans pourtant jouer sur l'épouvante ou la terreur. Tout est diffus et pourtant angoissant. Une conteuse à suivre.

 

Geneviève STEINLING : Partir pour revenir. Editions Mon Petit Editeur. Parution le 10 décembre 2015. 130 pages. 14,95€.

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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 13:09

Une loupiote fragile dans l'obscurité...

Kurt VONNEGUT Jr : Nuit noire

Enfermé dans une geôle de Jérusalem, Howard Campbell Junior revient sur sa vie, son œuvre, et surtout son passé d'espion.

Il est surveillé par quatre matons qui se relaient toutes les six heures, et, s'ils ne sympathisent pas, il parlote toutefois avec certains d'entre eux. Et il rédige ses confessions sur une vieille machine à écrire allemande. La nuit il prononce quelques mots, des prénoms féminins, Helga, sa femme, et Resi, la jeune sœur de celle-ci.

Son crime, avoir été la plume et la parole sur une radio allemande, la langue de la propagande nazie, vitupérant contre les Juifs, les Noirs, l'ennemi en général, et prônant les vertus aryennes. Il était l'homme qui propageait l'endoctrinement insufflé par Goebbels. Mais comment lui, l'américain de naissance, nazi de réputation, apatride par inclination, en est-il arrivé à mettre son talent au service des idées hitlériennes ?

Né à Schenectady, en 1912, dans l'état de New-York, Howard Campbell junior est le fils d'un ingénieur de la General Electric. A l'âge de onze ans il suit ses parents, son père ayant été assigné dans un poste à Berlin. Et c'est ainsi qu'il passe son adolescence dans une atmosphère trouble, connaissant la montée du nazisme. Il devient homme de théâtre et ses pièces sont jouées avec succès. Il fait la connaissance d'Helga, elle-même comédienne, fille du chef de la police de Berlin. Un amour fou les lie et ils se marient. Il n'est pas particulièrement attiré par les idées nazies, mais un jour de 1938 il est contacté par les services de renseignements américains.

C'est ainsi que débute sa carrière d'espion. Il doit, lorsqu'il déclame son texte à la radio, véritable ode au nazisme, fustigeant principalement les Juifs et donc tout ce qui touche à la finance, il doit tousser, émettre de petits bruits, et autres interruptions qui semblent anodines. Mais ces manifestations sont en réalité des messages cachés que seuls peuvent décrypter le service de renseignements. Seulement le major Wirtanen, l'homme qui l'a contacté, qu'il a surnommé Ma bonne marraine la Fée, est inconnu des services américains lorsque Berlin est occupée par les Alliés en 1945.

Howard Campbell est extradé aux Usa où il trouve un petit logement dans Greenwich, tandis qu'Helga est portée disparue, morte en Russie. Helga qui n'a jamais connu ses activités d'espion. Et de 1945 jusqu'en 1961 Howard Campbell va vivre, sous son nom, et faire la connaissance de ses voisins, dont George Kraft, dont ce n'est pas l'identité réelle, et avec lequel il joue aux échecs. Le docteur Epstein, qui le soigne pour un petit bobo au doigt et dont la mère se demande s'il n'est pas le Howard Campbell de sinistre réputation.

Un beau jour il reçoit dans sa boîte aux lettres une missive émanant de l'American Legion, ainsi qu'un journal, le White Christian Minuteman, dirigé par le Révérend Docteur Jones, qui cumule les fonctions de docteur en chirurgie dentaire, et dont le cheval de bataille est la composante d'une haine envers les Juifs, les Noirs et les Catholiques. L'une des formules chocs de sa profession de foi réside en cette phrase lapidaire : La Croix-Rouge met du sang noir dans les veines des Blancs.

Jones et ses séides, dont le Führer Noir ne tarissent pas d'éloges sur les prises de positions antérieures d'Howard Campbell jr et quelques temps plus tard, il rend visite à l'ancien espion en compagnie d'une femme sensiblement âgée, ses cheveux en attestent quoique son visage reste avenant, et qui se présente comme étant Helga. Helga est de retour. Un choc dans la vie d'Howard.

 

Constamment sur le fil du rasoir, ce récit dans lequel le narrateur tente d'expliquer ses faits et gestes, ses prises de position, laisse un goût amer et en même temps explique que des Français pouvaient tout à la fois collaborer et résister, être dans la lumière tout en étant dans l'ombre.

Il montre également que les Etats-Unis, qui se veulent le chantre de la démocratie peuvent aussi constituer un foyer fasciste à travers les nombreuses associations du Nord qui, tout comme le Ku Klux Klan dans le Sud, prêchent pour la suprématie de la race blanche. Les conseils qui sont largement distillés aux autres nations, européennes, africaines ou asiatiques devraient être déjà appliqués à l'intérieur même du pays.

Ce roman écrit en 1961, révisé en 1966, n'a aucune perdu de sa force et de son ambigüité, les hommes politiques actuels le prouvant largement semant dans l'esprit naïf de certaines personnes l'ivraie.

Première édition : Le Sagittaire. Collection Contre-Coup N°7. 1976.

Première édition : Le Sagittaire. Collection Contre-Coup N°7. 1976.

Les éditions Gallmeister rééditent ce roman le 18 août 2016, dans une nouvelle traduction de Gwylim Tonnerre, sous le titre originel de Nuit Mère. Une réédition fort bien venue de ce roman majeur dans l'œuvre de Kurt Vonnegut Jr, mais une nouvelle traduction s'imposait-elle ? Serait-ce à dire que Michel Pétris avait failli, que des coupures de texte avaient été honteusement pratiquées ? Que les éditeurs précédents également avaient absous cette pratique ? Il faudrait comparer les deux textes, ce que je ne ferai pas, n'étant pas anglophile et donc ne pouvant lire ce roman dans la version originale afin de me faire ma propre opinion.

Réédition Editions Gallmeister. Nouvelle traduction de Gwylim Tonnerre. Parution 18 août 2016. 248 pages. 10,50€.

Réédition Editions Gallmeister. Nouvelle traduction de Gwylim Tonnerre. Parution 18 août 2016. 248 pages. 10,50€.

Kurt VONNEGUT Jr : Nuit noire (Mother night - 1961/1966. Traduction de l'américain de Michel Pétris). Série Domaine étranger N°2011. Editions 10/18. Parution février 1989. 286 pages.

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28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 13:41

Dis Tonton, pourquoi tu tousses ?

Samuel SUTRA : Les deux coups de minuit

Se réveiller tout nu, mais pas bronzé, dans la chambre de Donatienne qui cumule les fonctions de bonne et baronne, descendre les escaliers et trouver ses gars dans les bras de l'orfèvre, comme disait San-A, cela dénote que la soirée a due être copieusement arrosée avec moult charrettes à la clé, breuvage inventé par la dite Donatienne.

Seulement deux ombres se profilent devant les rideaux qui ne sont pas tirés. D'abord les valises de billets ardemment et brillamment enlevées au prix d'un rude et louable effort lors d'un marché entre un acheteur et un vendeur d'armes destinées à entretenir une petite guérilla dans un pays démocratique de l'Amérique Centrale, les fameuses valises se sont volatilisées.

Second point qui chiffonne Tonton, le cadavre allongé et qui n'était pas prévu au programme. Et ce n'est pas la peine de demander quoique ce soit à Donatienne, qui doit encore être en train de cuver quelque part et à Bruno qui a bel et bien disparu dans la nature. En additionnant deux plus deux, les neurones de Tonton ne sont pas encore confits dans l'alcool ingéré sans mesure, le malfrat suppute, pute c'est interdit mais suppute non, suppute donc que les unes sont parties aux poignets de l'autre.

Tout a commencé lorsque le baron Edouard de Gayrlasse, le mari de Donatienne, dont il est séparé depuis des années, a souhaité rencontrer Tonton et ses acolytes. Il lui avait proposé de dérober des valises de billets, lors d'une rencontre entre un riche salvadorien et un marchand d'armes. L'idée était née dans la petite tête de Donatienne, qui savait que les finances d'Edouard étaient au plus mal, grâce ou à cause des confidences d'une compagne de casque-séchoir chez le coiffeur. Mais Edouard ne se sent pas assez courageux et intelligent pour perpétrer le vol lui-même, aussi il requiert les bons offices de Monsieur Tonton.

L'opération doit avoir lieu au Royal Monceau et Tonton image un subterfuge pour s'approprier l'argent, assisté de Pierre son neveu à la cervelle d'oiseau, de Gérard guère mieux loti question neurones, de Bruno, de Mamour l'aveugle, et de Donatienne. Le début se déroule presque comme imaginé, sauf qu'une vieille dame veut absolument entrer dans l'ascenseur qui doit les emmener jusqu'à la chambre où doit s'effectuer l'échange.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possible sauf si une échauffourée provoquait quelques victimes et si la police qui n'avait pas été convoquée investit l'établissement. Seulement il faut compter sur les capacités de Tonton à réagir au moindre incident, et enfin tout ce petit monde rejoint Saint-Maur dans la grande demeure du truand. Et bien entendu, comme il faut fêter copieusement cette victoire, les flacons sont rapidement et nombreusement débouchés.

Et donc au petit matin, la tête dans le sac, Tonton s'aperçoit de la disparition de l'argent et de la présence d'un invité qui ne l'était pas à l'origine mais qui ne pourra pas expliquer pourquoi il est mort.

Tonton n'a plus qu'une chose à faire, démêler lui même cette affaire pour le moins biscornue, retrouver son bien, et par la même occasion Bruno et Donatienne qui ne sont peut-être pas innocents dans cette affaire.

 

Indéniablement Samuel Sutra a subi l'influence de Michel Audiard, de San-Antonio, d'Alphonse Boudard, mais il est un autre écrivain dont il ne se revendique pas ouvertement, je pense à Pierre Siniac. En effet si l'écriture de Samuel Sutra rejoint celle des auteurs précités, le style, la démesure dans la narration et les avatars subis par les protagonistes, les descriptions des personnages, les mises en scène, le machiavélisme de l'intrigue nous ramène à Pierre Siniac.

Car il s'agit bien d'une histoire machiavélique qu'a imaginé Samuel Sutra qui nous démontre que le temps, s'il ne fait rien à l'affaire, passe plus vite qu'on serait tenté de le croire, et que les journaux ne mentent pas toujours. Car comme l'affirmait Coluche, La seule chose exacte dans un journal, c'est la date.

Une réussite de plus à mettre à l'actif de Tonton et ses sbires, via l'entregent de Samuel Sutra, et à peine lue, on espère une nouvelle aventure de ce sympathique truand et de ses ineffables séides.

 

Samuel SUTRA : Les deux coups de minuit (Tonton passe aux heurts divers). Editions du Flamant noir. Parution le 1er juillet 2016. 254 pages. 15,00€.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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