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11 novembre 2017 6 11 /11 /novembre /2017 11:19

La Superwoman ligérienne !

Jean-Pierre SIMON : L’héritage mortel de la Vouivre.

La Vouivre est un animal mythique merveilleux ou maléfique que l’on retrouve dans les contes et légendes de la plupart des provinces françaises et même en Europe.

Mais celle qui évolue dans ce roman est une femme, une vraie, originaire de Russie, championne olympique de natation, ayant subi des traitements des expérimentations biologiques afin d’améliorer ses performances puis qui a été exfiltrée par le général Loiseau. Il l’a incorporée dans les Services Spéciaux. Ils se sont mariés, il l’a entraînée, elle est devenue le commandant des nageurs de combat interarmes, elle a subi des améliorations biologiques (encore !), elle a été manipulée (son mari était un drôle de Loiseau !), elle est encore porteuse d’un, je cite : d’un dispositif expérimental d’optimisation de ses capacités subaquatiques, offrant l’apparence d’une gemme sertie dans le nombril.

Loiseau de mauvais augure est décédé, et Oxana, devenue Roxane Maujard, s’est remariée avec quelqu’un de simple, qui a connu quand même des déboires et quelques avatars dans sa jeunesse, et depuis elle vit dans les environs de Gien, mais ayant gardé par devers elle les Dossiers rouges de Loiseau. Elle est âgée de cinquante-quatre ans mais en paraît à peine quarante, et c’est une athlète accomplie. Mais lorsqu’elle est en colère, comme dans ce qui va suivre, ses yeux d’un bleu très délavé deviennent d’un blanc laiteux, sa pupille se réduit à un minuscule orifice, ses traits se contractent.

Cette présentation rapide effectuée, retrouvons Oxana dans une banque de Gien où elle a placé dans un coffre les fameux dossiers. Elle vient d’en compulser un, a prélevé quelques feuillets ne prêtant pas à conséquence, le principal étant dans sa tête grâce à une mémoire infaillible, suite à un message sibyllin reçu par la poste et comportant quatre vers d’un poète ami (l’auteur !).

Trois jeunes voyous ont investi l’agence et tiennent en respect les quelques clients. Oxana ne perd pas le nord et la combattante qui demeure en elle agit immédiatement. Seulement, dans la bagarre, si deux des voleurs sont rapidement annihilés, le troisième profite de ce qu’elle lui a lancé son document afin de l’assommer pour s’en emparer et fuir avec. Il saute d’un pont où il est accueilli par un complice qui l’attendait dans un canot à moteur.

Les gendarmes et la procureure la mettent en garde à vue, ne croyant pas à son histoire et, comme elle est douée, quand elle est en colère, d’une force prodigieuse, elle parvient à s’échapper avant le terme de sa résidence d’une geôle de dégrisement. Elle prévient aussitôt son ami Guy Tournepierre, qui fut son second dans les Services Spéciaux et a pris la succession de Loiseau, et elle lui narre ses démêlés. Nul doute que les malandrins en avaient après les fameux Dossiers rouges.

En y réfléchissant bien, ils arrivent à la conclusion que ce n’est qu’un épisode d’une affaire qui s’est déroulée dix ans auparavant, une nouvelle preuve de l’esprit manipulateur de Loiseau. Je ne vous raconte pas tout, cela enlèverait du charme à cette histoire, mais je ne suis pas loin d’adhérer à la version de cet épisode par l’auteur, une hypothèse littéraire qui en vaut bien d’autres et n’est peut-être pas bien loin de la réalité et de la vérité dans l’accomplissement de certains faits mais dont la relation est déformée auprès des médias afin de ne pas choquer le bon peuple qui serait écœuré par la politique. Il y a déjà assez de couleuvres à avaler.

Nonobstant, Tournepierre et Oxana sont persuadés que les braqueurs recherchent une valise dans laquelle sont soigneusement rangés des lingots d’or, le prix d’une mission confidentielle effectuée dix ans auparavant.

Et c’est ainsi qu’elle va devoir mener à bien quelques travaux d’Hercule dont le premier consiste à débloquer un bateau-moulin encastré entre deux piles du Pont Royal d’Orléans, avec l’aide quand même d’un matériel technique de haute qualité et sous le regard d’hurluberlus portant uniforme, tout en sachant qu’à tout moment tout peut exploser. Tout ça à cause de lingots d’or trop bien cachés et d’énigmes à résoudre.

Le pont sauvé des déferlantes de la Loire et des assauts du navire, les missions continuent, avec Tournepierre en qualité de second et de bouclier, au barrage de Villerest, non loin de Roanne, dans une centrale nucléaire, le genre de monument qu’en général on ne visite pas, ou le pont de Saint-Nazaire qui enjambe la Loire sur une longueur de 3356 mètres, pour ceux qui aiment les précisions.

 

Pont Royal d'Orléans

Pont Royal d'Orléans

Un roman ébouriffant avec comme héroïne une super combattante aux pouvoirs sinon exceptionnels, au moins surdéveloppés. Oxana ne déroge pas à l’image qui reste gravée de ces nageuses olympiques russes aux muscles de déménageurs. Mais il existe un petit plus, celui de rester jeune physiquement, et quelques aménagements biologiques affectant une personnalité complexe. Le type même du super héros dans la lignée des Superman, Spiderman, Batman et autres mais dont seuls le regard et le visage changent lorsqu’elle se met en colère. Et comme déguisement, une combinaison de plongée.

Pourtant toutes les missions, tous les actes de bravoures, toutes les séquences dangereuses auxquels elle participe, tout est narré avec une rigueur technique qui fait indéniablement penser aux romans de Jules Verne mais sans pour autant entrer dans une science-fiction anticipative.

Dans le même temps, on ne peut s’empêcher de se remémorer  tous ces romans qui galvanisent le héros contre des empêcheurs de tourner en rond. Le combat du bon, avec quand même quelques restrictions, contre les méchants. Oxana est le contraire de Furax, de Fu-Manchu, de Zigomar, de Fantômas, et pourtant dans le déroulement des épisodes, il existe une certaine corrélation.

Une véritable jubilation, car le lecteur retrouve ce souffle qui imprégnait les romans-feuilletons populaires, le côté littéraire résidant dans les dialogues léchés, presque trop « littéraires » justement pour être véritablement naturels. Mais bon, on ne reprochera pas à l’auteur de se démarquer de ses confrères qui emploient de l’argot, du verlan, des incongruités à chaque phrase pour faire « jeune ».

Et c’est une belle balade que le lecteur effectue sur la Loire, ou le long de ses berges, découvrant ce fleuve cher à Maurice Genevoix dans toute sa splendeur et ses nombreux visages.

Jean-Pierre SIMON : L’héritage mortel de la Vouivre. Corsaire Editions. Parution le 15 septembre 2017.

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10 novembre 2017 5 10 /11 /novembre /2017 08:58

Hommage à André Ruellan, alias Kurt Steiner, décédé le 10 novembre 2016, à l'âge de 94 ans. L'une des figures marquantes des collections Angoisse et Anticipation du Fleuve Noir.

Kurt STEINER : Le prix du suicide.

Agée de vingt-quatre ans, Catherine vient d'enregistrer une désillusion qui la laisse désemparée. Joël, son amant artiste-peintre lui a signifié que leur liaison est terminée. Son emploi de laborantine n'est plus à la hauteur de ses espérances et de son ambition, lui dont l'avenir est prometteur.

Heureusement pour elle, elle avait gardé le petit logement qu'elle habitait avant de s'installer chez Joël. Elle tergiverse, indécise sur son avenir. Elle choisit le suicide, et comme elle travaille dans un laboratoire d'analyse médicale, elle possède sous la main tout ce qu'il lui faut pour quitter la vie. Toutefois, avant de procéder à l'acte ultime elle attend un appel téléphonique de la part de son ancien amant. Résignée, elle s'injecte une dose concentrée de penthotal pur. C'est alors que le téléphone sonne. Elle décroche et entend Joël s'excusant pour son geste. C'est trop tard.

Joël se rend immédiatement chez Catherine, en compagnie d'un médecin et d'un serrurier. Ils ne peuvent que constater le décès.

Rentré dans son atelier à Montparnasse, Joël est perturbé par la présence de portraits de Cathy qu'il a réalisés et accrochés au mur. Il les retourne contre les parois et décide toutefois de peindre un dernier visage de Catherine, celui de son souvenir. Or il a beau faire, y passer des heures, le résultat n'est pas celui qu'il espérait. Alors qu'il voulait la représenter telle qu'elle était au début de leur liaison, il ne parvient qu'à mettre sur toile une Cathy morte. Cela ne lui convient pas et la pose à terre, à l'envers contre le mur.

Alors que d'habitude ses nuits étaient peuplées de cauchemars, cette nuit-là se passe sans anicroche. Sauf qu'au réveil il s'aperçoit que la toile a été retournée et que Catherine le regarde. Il a beau la remettre à l'envers, la toile n'en fait qu'à sa tête et il la retrouve dans des endroits où il est sûr de ne pas l'y avoir entreposée. Il en vient à se demander si ce tableau ne possède pas une vie propre, si le fantôme de Catherine ne joue pas avec ses nerfs.

Il décide d'entreposer la peinture dans un placard mais au cours de la nuit, il entend la voix de Catherine s'échappant du réduit. Il n'en peut plus et fuit avec sa Jaguar vers la Bretagne, pensant ainsi échapper à ses tourments. En cours de route, le visage de Catherine lui apparaît sur le pare-brise. Il s'affole et l'accident est inévitable. Il continue son périple en train puis en car jusqu'à Kerguillou, petit village sis non loin de Quimper.

Sur place, Joël retrouve d'anciennes connaissances qu'il n'avait pas revu depuis trois ans et plus. Le père Le Hermeur, un marin qui vient d'acheter un navire neuf et embaucher un équipage, sa femme, et surtout sa fille Anaïk. Il a du mal reconnaître en cette belle jeune fille de dix-neuf ans, la gamine qu'il avait connu quelques années auparavant.

Il retrouve également Kermadec, un ancien avocat à la réputation sulfureuse. Il fréquente selon les rumeurs les korrigans, ces lutins qui peuvent se montrer bienveillant ou malveillant.

Le problème pour notre peintre, réside en cette faculté délétère de superposer Cathy à AnaïK et bien entendu il tombe amoureux de la jeune fille. Seulement celle-ci disparaît.

 

Ce roman justifie amplement le titre de la collection. L'auteur ne joue pas sur le registre du fantastique, tout au plus en parsème-t-il son texte d'une petite couche légère, mais c'est bien l'angoisse qui prédomine.

Catherine n'apparaît que peu dans le récit, juste au début, mais sa présence est insistante et perturbe le peintre. Il a quasi assisté à sa mort en direct et il tente en vain de l'oublier. D'abord chez lui en conjurant le sort par une nouvelle peinture, puis en essayant de les cacher et enfin en fuyant vers une région qui lui semble-t-il sera propice à l'oubli. Mais c'est l'angoisse qui sournoisement l'étreint.

Catherine s'insinue dans son esprit, le harcèle, le broie, et Joël est obnubilé par cette présence fantomatique qui lui fait perdre le sens des réalités. Et lui qui se jouait des femmes, grâce ou à cause de sa gloire naissante, devient le proie d'une morte et éventuellement d'une vivante.

Un roman qui est plus axé sur le côté psychologique du personnage principal que sur l'action. Et, si ce titre n'avait pas été classé Angoisse, il aurait figurer dans des séries romantiques, comme les collections des années 1950, Nous-Deux, Intimité, Stella et autres, en proposaient, alternant aussi bien roman dit à l'eau de rose, angoisse et policier ou le tout conjugué.

La femme délaissée qui se venge post-mortem par imprégnation dans l'esprit d'un homme égoïste. Le roman du remord.

 

Réédition Super luxe N°108. Editions Fleuve Noir. Parution juillet 1981. 192 pages.

Réédition Super luxe N°108. Editions Fleuve Noir. Parution juillet 1981. 192 pages.

Kurt STEINER : Le prix du suicide. Collection Angoisse N°48. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1958. 222 pages.

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9 novembre 2017 4 09 /11 /novembre /2017 10:40

Un écrit de jeunesse de Conan Doyle !

Arthur Conan DOYLE : Alabama Joe

Prononcer le nom de Sir Arthur Conan Doyle, s’impose immédiatement à l’esprit celui de Sherlock Holmes, ce qui est, vous en conviendrez, restrictif.

En effet, le célèbre détective n’est que la partie émergée de l’œuvre littéraire en forme d’iceberg du grand conteur qu’est ce médecin écossais né à Edimbourg en 1859.

Le Récit de l’Américain, ou Alabama Joe, fait partie d’un ensemble n’ayant pas de définition exacte, regroupé sous Autres contes, aux côtés des Contes de mystère, Contes de médecins, Contes du ring, Contes d’autrefois, Contes du camp, Contes de pirates, et quelques autres recueils possédant une thématique précise.

Ce conte, paru anonymement début 1880, pour un numéro spécial de Noël de la London Society, est ce que l’on peut appeler une œuvre de jeunesse, puisque l’auteur à l’époque n’a que 21 ans et n’a pas encore mis les pieds en Amérique, et plus précisément aux Etats-Unis. Il est en 3e année de médecine et le 28 février 1880 il embarque comme officier de santé à bord d’un baleinier pour une campagne de chasse au phoque et à la baleine qui durera jusqu'au 11 août 1881 et emmènera le navire au Groenland, au Spitzberg et aux Îles Féroé.

 

Alors que l’auteur, du moins c’est ce que Doyle laisse entendre, pénètre dans la pièce dans laquelle se tient une réunion d’un cercle mi-social mi-littéraire, un homme tient en haleine les personnes présentes par la narration d’anecdotes qu’il a vécues ou entendues raconter.

Jefferson Adams est un Yankee et après quelques préliminaires consistant à démontrer que les gens de peu et sans véritable instruction ont souvent plus de faits vraiment intéressants à raconter que tous les scientifiques possédant une érudition sans faille, quelque soit leur domaine de connaissance, débute son témoignage censé être véridique en affirmant qu’il fit partie des flibustiers de Walker. Et c’est en Arizona, où il a vécu quelques années, qu’il a approché une plante dite piège à mouche, une plante carnivore dont un membre présent donne son nom latin, ce dont se moque complètement le narrateur qui poursuit.

Et il en vient à l’objet de cette histoire, la mort Joe Hawkins, dit Alabama Joe, un bon garçon très soupe-au-lait, vindicatif, qui prend justement la mouche au moindre propos qui lui semble déplacé ou à la vue d’un Anglais. Alabama Joe, ainsi que d’autres vauriens de son acabit, leur en veut à mort pour des raisons qui leur sont propres et arrive alors ce qui devait arriver, lorsque, bien éméché, il est mis en présence, dans un bar du Montana, d’un consommateur représentant la fière et perfide Albion.

 

Dans ce court récit, Conan Doyle démontre toutes ses capacités littéraires, instillant l’angoisse et le suspense comme un vieux routier. Histoire inventée de toutes pièces ou entendue alors qu’il travaille au cabinet du Dr Reginald Ratcliffe Hoare à Birmingham, fréquenté par une clientèle considérable composée de petites gens (Sources : La vie de Sir Arthur Conan Doyle par John Dickson Carr, Editions Robert Laffont, 1958), nul ne pourrait le dire, mais cela sonne juste, même si une incohérence géographique apparait dans le récit. Mais, toujours d’après John Dickson Carr, son esprit est préoccupé par le comique et l’horrible et il se délecte dans les deux. Et il est vrai que ces deux thèmes apparaissent dans ce court texte prometteur. D’ailleurs, parmi les nombreuses nouvelles qu’écrivit Conan Doyle à cette époque et envoyées à divers journaux, celui-ci fut l’un des rares a être retenu. Ce qui ne l’empêcha pas par la suite de connaître gloire et consécration.

 

Arthur Conan DOYLE : Alabama Joe (The American’s Tale – 1880). Autre titre : Le récit de l’Américain. Préface de John Moodrow. Collection Noire sœur Perle noire. Editions Ska. Parution 12 décembre 2016. 21 pages. 2,99€.

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8 novembre 2017 3 08 /11 /novembre /2017 09:00

Je suis partie un soir d'été

Sans dire un mot, sans t'embrasser

Sans un regard sur le passé…

Oh Mamy ! Oh Mamy, Mamy blue

Oh Mamy blue

Marie-Claire BOUCAULT : Aigre doute.

Se retrouver sans mère à quatorze ans, c’est dur, mais les semaines passant, Tom commence à oublier son visage. Cela fait un peu plus d’un an que sa mère n’est plus au foyer, et elle a disparu dans des conditions mal définies.

D’ailleurs à la maison, ni son père Eric, plombier, puis électricien et maintenant réparateur électronicien, ni son aîné Gabriel, n’en parlent plus. Ses effets personnels ont été enlevés, tout a été débarrassé, livres, photos, objets, ordinateur… Eric s’occupait principalement des deux garçons car leur mère Karine, beaucoup plus jeune que lui, vivait dans son monde, souvent recluse dans son bureau, à lire ou à tapoter sur son ordinateur.

Parfois elle avait des gestes de tendresse, épisodiques et dans ce cas elle était assez expansive, mais le reste du temps, elle était comme absente. Et puis un jour, elle a été véritablement absente, physiquement absente, alors que les deux garçons étaient en vacances chez leurs grands-parents en Vendée, tandis que le père était resté avec Karine à Blois.

Une enquête a eu lieu, des policiers sont venus chez eux, et des traces de sang ont été retrouvées dans la salle de bain. Le corps de Karine a été recherché dans le jardin, dans la Loire, et même en l’absence de cadavre, le père fut accusé d’assassinat. Les témoignages de la sœur de Karine, Emeline, et des voisins, n’ont pas plaidé en sa faveur. Grâce à son avocat, Eric a été relaxé à l’issue du procès et c’est ainsi que la mère est devenu un sujet tabou.

Jusqu’au jour où, Emeline se présente à la sortie du collège, arguant qu’elle aussi pleure sa sœur, qu’elle est toute seule maintenant, qu’elle n’a qu’eux comme neveux. Gabriel est furieux et la repousse, mais ça cogite dans l’esprit de Tom. Et c’est ainsi qu’il décide de rechercher des affaires, des photos, des preuves de l’existence de sa mère, avant sa disparition. Qu’il va rencontrer aussi Emeline qui après tout est aussi sa marraine. Qu’il va en apprendre un plus sur la jeunesse des deux sœurs, et surtout qu’il va dénicher une nouvelle écrite dans l’ordinateur de sa mère, rangé dans l’atelier du père.

 

Aigre doute est une nouvelle gigogne, puisque le texte écrit par Karine s’inscrit dans le récit, mais en même temps, ce sont les doutes, les tourments d’un gamin qui se pose les questions naturelles concernant la disparition de sa mère. Meurtre, suicide, départ volontaire ? Pourquoi et dans quelles circonstances ? Volonté de récupérer une partie de son enfance, de retrouver des racines coupées trop jeune, un besoin de souffler puis de refaire une vie peut-être gâchée ? Ou tout simplement l’abominable ?

Avec subtilité, jusque dans l’épilogue, Marie-Claire Boucault nous entraîne dans les affres du garçon qui entre dans l’adolescence et se pose des questions naturelles mais pas existentielles. Le désir de savoir et surtout de comprendre.

Ne pas avoir de mère, cela arrive, quelques soient les circonstances dans lesquelles cette absence intervient, mais que ce soit délibérément, suite à une séparation, un accident, une maladie, en général le corps est là, présent. C’est comme si Tom avait été amputé et que la douleur se réveillait par une manifestation extérieure alors qu’il avait tout fait, et on l’avait aidé, pour oublier.

Un court roman pour adolescent, mais qui n’est pas confiné dans une tranche d’âge, car ce genre de situation, tout le monde un jour peut la vivre, si ce n’est déjà fait.

 

Marie-Claire BOUCAULT : Aigre doute. Collection Noire Sœur Polarado. Editions Ska. Parution le 1er mars 2017. 89 pages. Version numérique. 3,99€.

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7 novembre 2017 2 07 /11 /novembre /2017 09:12

Dans le bout court aussi, d’ailleurs !

Cicéron ANGLEDROIT : Tout est bon dans l’boulon.

Après deux mois et demi de chômage technique forcé, suite à l’hospitalisation du commissaire Saint Antoine, Cicéron Angledroit, auxiliaire officieux du patron du commissariat de Vitry, va pouvoir reprendre du service.

Le remplaçant du commissaire a tout réorganisé dans le service, une lubie et une spécialité de ceux qui prennent un intérim alors qu’on ne leur demande rien. Et lorsqu’il réintègre, après un triple pontage, ses locaux, Saint Antoine a perdu quelque peu de sa superbe et de son embonpoint. Il suffit d’une bonne petite affaire à se mettre sous la dent, et par la même occasion sous celle de Cicéron, pour que tout redevienne comme avant, ou presque.

Donc, Cicéron est mandé par le commissaire car celui-ci vient de perdre un ami, enfin une ancienne connaissance, un condisciple avec lequel il a usé ses fonds de culotte courte sur les bancs de l’école, et il est bien embêté. Alors qu’il se dirigeait tranquillement vers des études de droit, Bruno Bonichon devenait un industriel reconnu, reprenant la petite entreprise familiale de boulonnerie, et en serrant la vis, avait réussi à s’imposer, grâce à une main de fer et des idées en acier. Et il se serait suicidé d’une balle dans la tête.

C’est en dégustant leurs têtes de veau, oui au pluriel il y a deux assiettes, tandis que Vanessa se contente d’une pintade, non je n’ai pas écrit qu’elle était une pintade même si elle travaille comme poulette, que Saint Antoine narre cette malheureuse destinée à Cicéron qui n’en perd pas une bouchée.

En effet, sur les conseils avisés et les renseignements obligeamment fournis par le commissaire, Cicéron rencontre les deux enfants du défunt. Lequel n’était pas indéboulonnable, pour preuve il avait confié ses affaires à Blondeau, le fils nommé directeur technique, et Isabelle, la fille promue directrice générale. Ou quelque chose comme ça. Si Blondeau est souvent à l’extérieur comme prochainement en Corée afin de vanter et vendre par la même occasion les produits de la firme Au boulon qui dure, Isabelle s’occupe activement du déploiement et de la vie de la Société qui n’est pas en péril.

Le plus intéressant réside dans les renseignements qu’elle fournit à Cicéron. Un père bricoleur, qui se promenait souvent en bicyclette, d’ailleurs il s’en était fait faire une, sur mesure, ainsi qu’un van capable de servir de transporteur pour son engin, d’atelier et de chambre à coucher afin de se reposer le cas échéant. Ce n’est pas tout. Il avait trafiqué l’arme à feu qu’il possédait, un Glloq 7,65 en version 9mm, les spécialistes apprécieront, et donc les balles, et non les trous, utilisées devaient également être modifiées. Enfin, dernière précision de taille, l’enveloppe contenant l’annonce de son suicide avait été déposée dans une sacoche du caddie du notaire alors que celui-ci jouait au golf.

Bizarre, vous ne trouvez pas ?

Malgré un appel téléphonique du ministre de l’Intérieur, qui est à l’extérieur, Saint Antoine propose à Cicéron d’enquêter, car son petit doigt lui dit que tout n’est pas clair. Le dossier est mince, mais cela va évoluer. Mais comme l’affaire a été remisée au placard, Cicéron va devoir reprendre l’enquête, qui a été bâclée, et la jouer en solo. C’est-à-dire sans les renforts des forces de l’ordre, car ses amis Momo et René, dont l’un vend le Belvédère, journal pour les sans-abris, et l’autre est employé à l’Interpascher à ranger les chariots, vont s’immiscer dans son entreprise. Le père Boulon, pardon Bonichon, et ses enfants, dont principalement la fille Isabelle, ne sont pas bégueules, et il leur arrivait souvent de les rencontrer.

Est-ce une relation de cause à effet, l’alliance de l’écrou et du boulon, que l’on pourrait définir comme les organes mâles et femelles d’un assemblage, mais le père Bonichon entretenait de nombreuses relations avec des personnes du sexe opposé au sien.

Bon je ne vais pas tout vous dévoiler, de toute façon ce n’est pas mon rôle mais celui de l’auteur-narrateur, de cette enquête qui sillonne la banlieue sud-est de Paris, mais attardons nous un peu, sans jouer aux voyeurs, sur les à-côtés de l’intrigue. Ainsi les différentes relations féminines de Cicéron, et ses problèmes d’agenda afin de les rencontrer sans s’emberlificoter et commettre des impairs. Il a le choix dans la date, il lui suffit de bien gérer ses rendez-vous avec Vanessa, la policière métisse, avec Brigitte la préparatrice en pharmacie dont le mari s’envoie en l’air très souvent au Qatar, pour des raisons professionnelles, avec Monique, une de ses anciennes maîtresses reconvertie dans le culte de Lesbos et qui attend un heureux événement, plus Jocelyne, la femme de son père récemment décédé, mais qui n’est pas sa mère. C’est un peu compliqué comme cela de prime abord mais Cicéron décrit tout en long en large et en travers, souvent des lits qu’il fréquente, mieux que je saurais le faire, mais il est vrai qu’il est le premier intéressé dans ces parties de cache-couche.

Mais Cicéron semble s’assagir, non pas du côté des relations épidermiques, mais dans son comportement langagier. Toujours ironique, humoristique, il se perd un peu moins dans les jeux de mots, et regarde d’un air détaché, on le surnomme K2R, ses nouveaux rapports avec son banquier, ou avec la vie en général et les travers de ses concitoyens, les bêtises des administrations et de ceux qui les servent aveuglément. Et plus ça ira, pire ce sera, car allez raisonner un outil informatique qui n’accepte que Monsieur et Madame, mais plus Mademoiselle, ce qui engendre quelques anomalies, ou ne reconnait pas un prénom masculin parce qu’il a été programmé comme prénom féminin. Je digresse.

Un excellent Cicéron qui prend de la maturité sans pour cela devenir ennuyeux. Au contraire. Cicéron, le bons sens près de chez vous.

 

Cicéron ANGLEDROIT : Tout est bon dans l’boulon. Les enquêtes de Cicéron N°7. Editions du Palémon. Parution le 20 octobre 2017. 256 pages. 10,00€

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6 novembre 2017 1 06 /11 /novembre /2017 09:11

On trouve de tout sur les marchés aux puces…

Marie-Claire BOUCAULT : Le mystère de la tombe Gaylard.

Ses parents sont divorcés et pour des raisons pratiques Sybille Mercier a préféré vivre chez sa mère non loin de la porte de Vanves. Chez son père, avenue de Villiers, ce n’est pas mal non plus, mais elle s’y sent moins à l’aise.

En fin de semaine sa mère, ancien mannequin reconvertie dans les magazines de mode se rend chez son nouvel amant, son patron, quant à son père, célèbre animateur à la télévision, il ne peut la recevoir tout le temps. Alors elle passe son temps à chiner dans les brocantes, les marchés aux puces notamment celui de Vanves et souvent elle découvre son bonheur. Ce ne sont que des bricoles mais cela lui fait plaisir.

C’est ainsi qu’elle tombe un jour devant un objet insolite qui ne devrait, en théorie, ne pas se trouver au milieu d’un ramassis de bricoles usagées. Un album photos, pareil à celui que possédait sa grand-mère, ouvert sur un cliché représentant une tombe sur laquelle figure l’inscription Gaylard. Elle ramène l’album chez elle et découvre sur la face intérieure de la couverture, un nom et une adresse. Germaine Turpin, avenue de Villiers. La rue où elle a vécu et où réside encore son père.

Elle décide de rendre l’album à sa propriétaire et pour cela elle se renseigne auprès de la concierge de l’immeuble. Hélas la propriétaire est décédée, ne restent que quelques héritiers. La bignole lui fournit, après avoir été amadouée par la jeune Sybille, l’adresse du fils de Germaine, antiquaire dans le XVIème arrondissement. L’antiquaire ne se montre pas si heureux que ça de recevoir l’album, qu’il garde néanmoins. Puis c’est le petit-fils, Pierre, qui contacte Sybille.

Mais elle aimerait bien percer le mystère de la tombe Gaylard, qui selon les renseignements qui lui sont fournis serait la sépulture d’un ami de la famille. Mais l’enquête ne s’arrête pas là, car elle a gardé par devers elle un cliché qui est doublé d’un fort carton. La réapparition de cet album n’a pas l’heur de plaire à certains descendants de la famille Turpin, tout du moins cela sème quelque peu la zizanie et Sybille est au cœur du conflit.

 

Dans cette histoire bon chic bon genre, enfin serait-on tenté d’écrire, les protagonistes ne se livrent pas à une débauche de grossièretés, de vulgarité. Il faut dire que les lieux décrits ne sont pas propices à ce genre de débordements.

Le personnage de Sybille est touchant. Elle est esseulée, ne possédant que peu d’amis, tout au plus Charles son confident, ce qui lui suffit amplement, même si parfois elle aspire à autre chose. Lucide, elle avoue être d’un naturel réservé et d’une intelligence moyenne. Alors aller fouiner dans les affaires des autres ce n’est pas vraiment son style. Ce qui l’amène à rechercher la propriétaire de l’album photos, c’est que justement celui-ci ressemble à un objet semblable ayant appartenu à sa grand-mère, elle aussi décédée depuis peu. Et c’est en souvenir de son aïeule qu’elle va entamer ses démarches. Dans le but de faire une bonne action sans en tirer le moindre parti. Elle le fait gratuitement, mais cela lui permettra de découvrir en certains personnages, l’âme noire qui se cache sous des apparences trompeuses.

Marie-Claire BOUCAULT : Le mystère de la tombe Gaylard. Collection Syros Noir. Editions Syros. Parution le 25 novembre 2010. 82 pages. Existe en version numérique 5,99€. A partir de 12 ans.

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5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 10:57

Une incursion à la Foire du Trône et ses baraques de saltimbanques…

Fortuné du BOISGOBEY : Le Pouce crochu.

Dans le boulevard Voltaire, sis dans le XIe arrondissement parisien, non loin de la place du Trône, se dresse une maison, entourée d’un jardinet. Cette demeure ne paie pas de mine de l’extérieur, mais l’intérieur est confortable, douillet.

Vivent dans cette maisonnette, le père Monistrol, mécanicien et chercheur dont la femme est décédée lors l’accouchement, et sa fille de vingt ans, Camille, qui travaille à une tapisserie. Il vient de mettre au point un condensateur qui devrait équiper des machines à vapeur. Un associé vient de lui remettre vingt-mille francs, une somme qui devrait lui permettre de débuter la fabrication. Cette somme il l’a gardée par devers lui, mais il affirme que dès le lendemain il la déposera à la banque.

Seulement, il n’en aura pas la possibilité. Camille aperçoit une main derrière les rideaux, avec un pouce griffu d’une longueur démesurée, puis comme un éclair d’argent, et un homme surgit, étrangle Monistrol et le bouscule, s’empare des billets et s’enfuit. Le père Monistrol reste à terre après s’être cogné la tête à un angle.

N’écoutant que son courage, et non la voix de la raison, Camille s’élance sur les traces de l’inconnu, jusqu’à la place du Trône qui est en pleine effervescence. En effet c’est l’époque de la fameuse Foire du Trône et l’individu se glisse dans l’une des baraques foraines.

Elle choque quelque peu les badauds, habillée en négligé, certains pensent même qu’il s’agit d’une fille, d’une coureuse, mais elle n’en a cure. Elle s’intéresse au spectacle qui se déroule sur les planches, car démunie elle a pu entrer grâce à un jeune homme qui lui a payé sa place. Elle pense reconnaitre en Zig-Zag le clown son voleur, mais il est masqué et ses bras sont enfermés dans une sorte de sac qui lui couvre le corps.

Elle fait le foin, importune les spectateurs, et se retrouve à la porte de la baraque où les saltimbanques continuent leurs exhibitions. Son bienfaiteur financier qui est accompagné d’un ami, se présente. Il se nomme Julien Gémozac et n’est autre que le fils de l’associé du père de Camille. Heureuse coïncidence. Camille narre ses déboires et Julien lui propose de la raccompagner chez elle, tandis qu’Alfred de Fresnay préfère se rendre à son cercle où ils ont l’habitude de rencontrer des horizontales et jouer à quelques parties de cartes, enjeu sur table.

Le père Monistrol est décédé et ils font appel à des policiers qui soupçonnent la jeune fille. Celle-ci tombe en syncope et ne se réveillera que quelques jours plus tard. Zig-Zag est passé devant la justice et a été libéré, faute de preuves. Camille décide donc de se venger elle-même et déclare qu’elle épousera l’homme qui l’aidera. Julien se met sur les rangs, mais il ne l’aide pas beaucoup. Comme elle se retrouve sans ressources Gémozac père lui offre une belle somme d’argent, un acompte sur l’argent qu’elle doit percevoir en guise d’héritage, l’invention de son père s’avérant plus que rentable.

Camille se rend donc à la Foire aux pains d’épices, seulement il ne reste plus devant la baraque des saltimbanques que le pitre, du nom de Courapied, qui est accablé et son fils Georget, âgé d’une douzaine d’années. Le patron a fait faillite et a préféré partir sous d’autres cieux. Amanda, qui n’est autre que la marâtre de Georget, les a plantés là, s’enfuyant en compagnie de Zig-Zag. Vigoureux, le chien de Zig-Zag arrive en courant, et commence à fouiner dans une cache, ressortant avec une cassette dans la gueule. Courapied et son fils parviennent à l’attraper et lui mettent autour du cou une laisse. L’animal tire sur son collier improvisé et repart, entraînant derrière lui l’homme et l’enfant suivis de Camille, jusque dans les terrains vagues de la Plaine Saint-Denis. Ils aperçoivent une maison délabrée où vit Amanda et ils veulent pénétrer dans la bicoque. Malheureusement Courapied et son fils tombent dans la cave et Camille pense qu’ils sont décédés lors de leur chute. Deux malfrats s’en prennent à elle, tentant de la détrousser, et elle est sauvée par un hobereau de province, Georges de Menestreau, qui va la ramener chez elle, puis l’aider dans ses recherches.

Pendant ce temps, Julien et son ami Alfred font la connaissance dans un café-concert d’une jeune femme rousse, la comtesse de Lugos, d’origine hongroise, communiquant par signes avec un homme qui pourrait être Zig-Zag. Alfred rencontre également une femme aux mœurs légères et tireuse de cartes, entre autres. Alfred va même jusqu’à installer la prétendue comtesse dans ses meubles, dans une petite maison qu’il a reçu en héritage. Julien essaie de renouer avec Camille, dont il est tombé amoureux, mais la jeune fille le dédaigne, monsieur de Menestreau lui semblant plus fiable dans ses démarches et dans sa volonté de l’aider.

 

Fortuné du Boisgobey fait paraître ce roman en 1885, et il évoque quelques-uns de ses confrères romanciers, incidemment lors des conversations entre protagonistes. De Gaboriau et ses romans criminels ou d’Adolphe d’Ennery et de ses romans mettant en scène des orphelines. Mais le style de Fortuné du Boisgobey est plus vivant, plus actuel que celui de ses confrères, même si Gaboriau est plus souvent réédité que lui et par ce fait plus connu.

Ce roman est intéressant à plus d’un titre, même s’il existe des coïncidences heureuses, des hasards inexpliqués, car il permet de retrouver un mode de vie parisien lors de la fin du XIXe siècle, avec ses cabarets, ses bourgeois et hobereaux dépensant leur argent dans des cercles de jeux, et ses femmes de petite vertu, entretenues mais libres.

C’est le plaisir de découvrir comment Paris et sa proche banlieue ont bien changé depuis des décennies, remplaçant les bidonvilles qui proliféraient par des immeubles. Il est à noter, que ces bidonvilles s’appelaient alors des cités et de nos jours ce mot a été remplacé par jungle. Vivaient là toute une faune hétéroclite, marlous et gens honnêtes. Principalement les biffins ou chiffonniers et pauvres hères. Et les maisons, ou plutôt les baraques et bicoques, étaient construites à l’aide de boîtes de sardines emplies de terre et jointes par du plâtre.

S’élevaient aussi les fortifications ou Enceinte de Thiers, les Fortifs chers à quelques romanciers dont Auguste Le Breton, et qui ont disparu peu à peu remplacées par le Périphérique. Sans oublier les postes de l’Octroi, la douane qui vérifiait surtout les entrées de voyageurs et de marchandises. Mais s’agit bien d’une photographie instantanée de Paris et ses environs, et non pas une reconstitution aléatoire par un romancier moderne. De même la narration est fluide, et les dialogues ne sont pas ampoulés, relevant d’un langage argotique populaire de l’époque, sans pour autant que ce soit vulgaire. Certaines scènes sont décrites avec réalisme sans violence inutile.

Bref, un roman policier, même si les représentants des force de l’ordre ne sont que des personnages évanescents sans réelle consistance, agréable à lire, élégant, plus contemporain que l’on pourrait penser, qui n’a pas vieilli, mais dans lequel on retrouve quelques thèmes qui à l’époque étaient abondamment développés, mais qui ne tombe pas forcément dans le misérabilisme, entre Victor Hugo et ses Misérables et Eugène Sue et ses Mystères de Paris.

 

Fortuné du BOISGOBEY : Le Pouce crochu. Avant-propos de Franq Dilo. Collection Noire sœur, Perle noire. Parution 20 juillet 2017. 230 pages. 3,99€.

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4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 08:56

Sous la houlette du Chien de Montargis.

Armelle GUEGANT et Daniel DAIX : Crime à la Société d’Emulation.

Arriver à son travail un lundi matin, vaillante et reposée, et découvrir un cadavre, voila de quoi fiche en l’air un début de semaine qui semblait tout ce qu’il y a de plus ordinaire.

Un épisode de la vie montargoise que lit Guy dans le journal local tout en dégustant son café matinal dans le petit bar où il se rend quotidiennement. Selon le canard, la femme de ménage de la bibliothèque Durzy, autrement dit la bibliothèque de Montargis, a découvert le corps inanimé de William Husley, professeur d’anglais au Lycée en forêt et membre de la Société d’Emulation de Montargis.

Cet érudit, qui était venu des Etats-Unis et s’était intégré dans la petit communauté, aurait heurté de la tête un coin d’armoire métallique, décédant de ses blessures. Mais la porte du bureau où son corps a été retrouvé était fermée à clé, et la clé posée sur une table. De plus ses mains portaient des traces de morsures ainsi que des traces d’encre.

Un mystère de meurtre en chambre close, voilà qui n’est pas pour déplaire à Guy ce qui va le changer de ses habitudes de vieux garçon. Il arrondit ses fins de mois en bricolant par-ci par-là, remplaçant par exemple l’antiquaire lorsque celui-ci par en vacances, mais ce n’est qu’un pis-aller. Or donc, il lit l’article et en discute avec Dédé le Tatoué, un petit malfrat qui pourtant est ami avec Marco, un policier.

Puis il se rend à la bibliothèque, où il possède ses habitudes, malgré la foule qui se presse dans les locaux, des badauds attirés par ce fait-divers. Virginie, la préposée aux prêts d’ouvrages, en est toute chamboulée. Elle ne se fait pas prier pour narrer la soirée du samedi, alors que sa patronne, la directrice de la bibliothèque, mademoiselle Lenoir, avait rendez-vous avec le sieur Husley à un concert de musique baroque donné en l’église de la Madeleine. Elle l’avait vue inquiète de la non-présence de l’érudit.

Dans un nouvel article de la Nouvelle République, la journaliste est plus prolixe concernant Husley, ses antécédents, et surtout les dernières heures avant son arrivée à la bibliothèque pour effectuer de nouvelles recherches. Il se serait rendu dans l’après-midi à Cortrat, objet d’une possible communication à la SEM. Guy fréquente également un bouquiniste qui apporte quelques renseignements sur cette société ainsi que sur le site de Cortrat.

Une piste possible que va remonter Guy. Alors il se rend sur place et admire le porche d’une vieille église, proche sur lequel sont gravés des sortes de hiéroglyphes, découvre un souterrain, puis près du cimetière Lète, il aperçoit un grand chien noir, perdu sans collier, qu’il va adopter et affubler du nom de Clovis.

Guy rencontre le président de la Société d’Emulation de Montargis, une société savante crée en 1853 et publiant une revue d’études historiques, scientifiques et littéraires, comme il en existe beaucoup en France. Mais le docteur Garnier, psychiatre, était en froid avec Husley, comme l’apprend Guy de la bouche même de l’intéressé. Husley, vice-président, voulait devenir président à la place du président. Guy va rencontrer d’autres personnages évoluant au sein de cette société, qui devaient assister eux-aussi au concert, dont un baron dont il ne lui reste que la particule en guise de fortune, et quelques personnages hauts en couleurs, par exemple Régis Mougin, employé municipal à la retraite et ufologue, persuadé que des extraterrestres, des petits gris, vivent parmi nous.

Guy randonne dans la région à bord de son vélo Solex, vestige qu’il entretient amoureusement, et lorsque son engin ne peut l’emmener dans des endroits qui exigent un peu plus d’ardeur motorisée, c’est Huguette, sa bonne amie Huguette, la gironde Huguette, qui va conduire notre « héros » par vaux et par monts. Huguette est très gentille, bourrue mais gentille, et elle lui offre souvent le couvert, à défaut du gîte. Mais elle le réprimande à l’occasion, il n’existe pas d’entente parfaite.

 

Armelle GUEGANT et Daniel DAIX : Crime à la Société d’Emulation.

Ce roman est placé sous le signe du chien. Le chien de Montargis, célèbre figure locale, honoré de nos jours par ses crottes, dites crottes du Chien, un praliné noisette dans une coque de nougatine entourée de chocolat noir ou encore Clovis, véritable estomac sur pattes.

Ce roman aborde également plusieurs thématiques de la littérature policière sans vraiment les exploiter à fond. Ainsi le meurtre en chambre close, le fantastique avec les petits gris chers à Régis Mougin, des extraterrestres selon son idée fixe, alors que tout réside dans une intrigue dont l’épilogue est relativement simple et cartésienne.

Mais les auteurs se sont amusés dans cette intrigue à suspense érudite, dont l’approche tourne autour de Cortrat et de sa chapelle, à tourner autour du pot, et laisser Guy mijoter durant quelques semaines avant qu’il découvre la solution à cette énigme, une solution en cascade.

Armelle GUEGANT et Daniel DAIX : Crime à la Société d’Emulation. Collection Polars du Gâtinais N°1. Editions de l’Ecluse. Parution 1er novembre 2009.

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2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 07:14

Comme celui de tomber du lit ?

Marie-Bernadette DUPUY : Nuits à haut risque.

Ce volume contient trois historiettes, courts romans ou longues nouvelles selon les appréciations, de 140 pages environ chaque. Il s’agit de L’enfant mystère des terres confolentaises, de Maud sur les chemins de l’étrange et de Nuits à haut risque qui donne son titre à ce volume.

 

L’enfant mystère des terres confolentaises :

Brigueuil, 2 juin 1998.

C’est bientôt l’heure pour Irwan Vernier, inspecteur divisionnaire au commissariat d’Angoulême, de Maud Delage, inspectrice principale et accessoirement amante du susdit Irwan, et de Xavier Boisseau, inspecteur principal aussi et ami des deux précités, de boucler la journée. Il est vingt-deux heures et un repas et une bonne nuit de sommeil ne seraient pas de refus. Sauf qu’un accident de la route vient de se produire et qu’ils doivent immédiatement se rendre sur place. Normalement le SAMU devrait suffire dans ce cas d’intervention banale, mais si l’homme est blessé, c’est d’une balle dans le ventre. Et le revolver gît sur le siège passager.

Il leur faut prévenir la femme de ce Flavien Rousselot, VRP de profession, seulement personne ne répond au bout du fil. Alors Irwan et Maud se rendent à Brigueuil, dans la région de Confolens, au nord du département de la Charente, tandis que Xavier est chargé de nourrir et éventuellement rassurer Albert, le chat persan blanc de Maud.

Or cette brave épouse répondant au doux prénom de Michèle, ne se résout à leur ouvrir la porte qu’après plusieurs appels et déclinaisons d’identité. Elle est choquée car elle pensait son mari à Limoges. Il donnera une explication, valable, plus tard, ne nous attardons pas, car Michèle, ma belle, est dans tous ses états. Depuis quelque temps, elle reçoit des appels téléphoniques mais personne ne lui parle, ainsi que des lettres anonymes dont le texte est composé de lettres découpées dans des journaux. Et elle a peur pour sa fille Raphaëlle, bientôt treize ans, qui dort chez une amie.

Une enquête qui va se régler assez rapidement mais pas sans dommages, mésaventures, ni sans révélations qui confinent au drame familial. Une belle opportunité pour Xavier de démontrer ses connaissances d’historien amateur éclairé, mais qui parfois se fait damer le pion par la jeune Raphaëlle. Le plaisir de la découverte de la région par la description de vieux quartiers, de maisons anciennes et de monuments, sans pour autant que cela relève d’une déclinaison sèche d’un guide touristique, et un thème social et familial comme support de l’intrigue. L’intrigue est gentiment développée, sans pathos, mais assez révélatrice de drames et tensions dont parfois les médias se font l’écho et qui sont plus dramatiques dans la réalité que dans les romans.

 

Maud sur les chemins de l’étrange :

Bonnes 6 novembre 1998.

Comme son titre l’indique ce texte est ancré dans le paranormal. Alors que Maud et Irwan se prélassent au lit, il faut bien décompresser un peu de temps en temps, les assassins eux ne prennent pas de repos. En attendant qu’Irwan prépare le petit-déjeuner, Maud lit le journal. C’est ainsi qu’elle apprend qu’un homme a été retrouvé dans la Dronne, à Aubeterre, le corps lardé de coups de couteau. Elle regrette que cette affaire ne dépende pas de leur circonscription.

C’est à ce moment que le téléphone sonne, comme toujours au mauvais moment. Une certaine Jasmine Corvisier la contacte, ayant entendu parler de ses dons de médium, et elle souhaite la rencontrer chez elle au manoir de Bellevigne, à Bonne, non loin d’Aubeterre. Elle affirme être victime de phénomènes paranormaux.

Maud refuse tout d’abord, car elle doit partir en Bretagne en compagnie de son amant et supérieur. Mais voilà, l’attrait d’une nouvelle enquête, qui plus est requérant son don, est plus fort. Ce qui occasionne une brouille avec Irwan qui refuse tout net de reporter leurs vacances en famille.

Si tu m’aimais vraiment, tu viendrais, tu m’accompagnerais là-bas, ose-t-elle lui répliquer, un chantage qui met en fureur Irwan.

Maud décide toutefois de se rendre chez Jasmine, en compagnie de Xavier qui est toujours prêt à lui rendre service. Lors de la conversation qui s’ensuit avec Jasmine, Maud apprend non seulement que cette belle femme est importunée par des bruits à l’étage, des coups sur les murs comme si quelqu’un frappait avec une masse, son chien est lui aussi perturbé, grognant,qu’elle se réveille avec dans la tête des images horribles, et surtout un homme lui apparait, et pourtant ce n’est qu’une ombre, une vision. Arrive sur les entrefaites, Amélie, une amie chère, c’est ainsi que Xavier va tomber amoureux de cette jeune personne au corps sculptural. Mais Maud distingue elle aussi, et elle est la seule, cet homme évoqué par Jasmine.

Une enquête à la rencontre d’un fantôme, plaisante à lire pour le lecteur, mais déplaisante à vivre pour Maud et Irwan. Mais ils s’en remettront, heureusement sinon il n’y aurait pas une troisième intrigue en commun développée ci-dessous.

 

Nuits à haut risque.

Angoulême 22 mai 1999.

Une série de meurtres secoue la bonne ville d’Angoulême, qui n’en demandait pas tant pour se réveiller de sa torpeur pré-estivale.

A une heure d’écart deux corps sont découverts, morts par strangulation. Une infirmière et un docteur, qui tous deux exerçaient leur art dans la clinique des Ajassons située dans la commune de La Couronne, célèbre pour sa papeterie et sa cimenterie. Bientôt la découverte par la femme de ménage du docteur Dhuillier, des cadavres de ses patrons et de leurs enfants, sans oublier le chien, est enregistrée au commissariat. Tous ont été étranglés, sauf le chien qui lui a été égorgé. Dhuillier travaillait également à la clinique des Ajassons, mais faut-il parler d’épidémie ? Xavier remarque qu’ils vont manquer de personnel à force.

Alors Maud, Xavier et Irwan décident de se rendre à l’établissement qui perd ses employés comme si un raz-de-marée mortifère venait de se produire, et rencontrent la docteur Eléonore Bonnel, psychiatre, mais elle ne peut leur apporter aucun élément de début de réponse à cette hécatombe. Une protection rapprochée lui est proposée, mais pour Irwan, cette enquête ne devrait pas trop poser de problèmes. Pour le commissaire non plus, puisqu’il les enjoint de résoudre cette affaire pour le lundi.

Or le couple Dhullier avait reçu à dîner toutes ces personnes, plus un artiste mais celui-ci reste introuvable. Il ne figure nulle part. Dans aucun registre. Probablement un nom d’emprunt. Mais autre chose se profile à l’horizon, et qui n’est pas du goût de Maud. Son Irwan semble plus qu’intéressé par la belle Eléonore, amoureux même. Et il n’apprécie pas la jalousie qui étreint Maud. Maud qui la nuit fait des cauchemars, avec une araignée comme protagoniste.

Parmi les personnages qui évoluent dans cette enquête, on remarquera la présence d’une femme romancière qui signe ses ouvrages M.B.D.

 

Des histoires simples, charmantes, prenantes, parfois un peu naïves, et qui s’intéressent tout autant à une énigme dont le thème n’est jamais le même, qu’à une région, l’Angoumois, géographiquement et historiquement, ainsi à la personnalité des protagonistes et les aléas subis principalement pas Maud et Irwan, et surtout leurs rapports parfois tendus.

Xavier est un historien amateur qui connait fort bien la région, les vieilles maisons et les monuments intéressants mais il trouve en Raphaëlle, la gamine de L’enfant mystère des terres confolentaises, un interlocuteur qui lui arrive non seulement à la cheville, mais lui apprend quelques anecdotes.

Quant à Maud et Irwan, leurs relations sont parfois sur la corde raide. Ils vivent séparément, même si l’inspecteur principal se rend souvent à Gond-Pontouvre chez Maud. Maud dont on apprend dans la première de ces historiettes qu’elle est enceinte.

Et l’évolution de leurs rapports se montre plus souvent intéressante que les intrigues policières en elles-mêmes.

Autre édition : JCL Editions (Chicoutimi – Québec - Canada). Décembre 2013.

Autre édition : JCL Editions (Chicoutimi – Québec - Canada). Décembre 2013.

Marie-Bernadette DUPUY : Nuits à haut risque. Les enquêtes de Maud Delage. Editions de l’Archipel. Parution le 7 juin 2017.  Pages. 19,50€.

Autre édition : JCL Editions (Chicoutimi – Québec - Canada). Décembre 2013.

Première édition : L’enfant mystère des terres confolentaise. Editions Le soleil de minuit 1998. 10,00€.

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1 novembre 2017 3 01 /11 /novembre /2017 09:14

Hommage à André Lay décédé le 1er novembre 1997.

André LAY : Le Diable est au fond du sac.

Le Diable est au fond du sac ressemble à l'univers des romanciers noirs américains.

La ville est anonyme, même si l'on sait qu'il s'agit de Paris, et le héros se conduit un peu en imbécile, gardant par-devers lui des informations et des objets, se refusant de les communiquer au policier.

Expert en automobiles, Devers est dépêché par son patron sur les lieux d'un accident mettant en cause deux véhicules. Arrivé sur place il apprend que la conductrice d'une des autos a été transportée à l'hôpital, les occupants de l'autre engin s'étant enfuis.

Judith, la blessée, lui demande de récupérer un sac. Il découvre dans le réticule des diamants qu'il empoche. Coincé entre policiers et truands, il pense pouvoir mener sa barque seul, et lorsqu'il sera aux abois, il se retrouvera avec sur le dos quelques meurtres. Il est emprisonné, malgré ses dénégations, et promis à l'échafaud.

L'épilogue joue avec les nerfs. Au moment où l'on pense qu'il va enfin pouvoir s'en sortir, le couperet est déjà tombé.

 

C'est dans l'écriture de ses romans noirs qu'André Lay s'est montré le plus convaincant. Il n'a pu toutefois échapper à une mode de personnages récurrents, à la limite de la parodie. C'est ainsi qu'il mettra en scène le commissaire Vallespi, dans une série de dix-neuf tribulations loufoques et contera les aventures de Helmet Straders et du shérif Garrett dans vingt et un romans.

Malgré le peu de cas suscité auprès des critiques par son œuvre, André Lay est un “ petit maître ” de la littérature policière, dont les ouvrages tiennent la route, le but principal, faire passer un bon moment au lecteur, étant atteint.

André LAY : Le Diable est au fond du sac. Collection Spécial Police N°88. Editions Fleuve Noir. Parution 1er trimestre 1956. 224 pages.

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