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2 octobre 2019 3 02 /10 /octobre /2019 04:43

L’univers littéraire de Clive Barker est à nul autre pareil.

Clive BARKER : Apocalypses. Livre de sang 4.

Tout d’horreur, d’épouvante, de frissons, de démons et de folie. Un univers dans lequel Herbert-George Wells et Stephen King, entre autres, se seraient télescopés, amalgamés, auraient fusionné, unissant en symbiose leurs univers délirants de savants fous, de névrosés, de personnages dépassés par leur propre corps, de créatures hybrides, mi-humains mi-démons.

Au sommaire de ce volume, cinq nouvelles pleines de fureur, véritable bouquet vénéneux au parfum tenace. Si efficaces qu’elles laissent le lecteur groggy et pantois devant tant d’ingéniosité.

 

Dans Le corps politique, ce sont des mains qui revendiquent leur liberté. Les mains de Charly George parlent entre elles, la nuit, fomentant une rébellion à l’insu de leur propriétaire légitime. Elles désirent leur autonomie. Leur complot réussi, elles entraînent d’autres mains dans leur évasion. Une histoire à ne pas mettre entre toutes les mains, on ne sait jamais.

Dans La condition inhumaine, quatre jeunes voyous s’en prennent à un malheureux clodo, lui vident les poches à la recherche d’argent, d’objets possédant une quelconque valeur. Le plus jeune de la bande, Karney, se désintéresse de ce qu’il se passe lorsqu’il aperçoit, parmi les détritus résultant de la fouille, un morceau de corde. Ce bout de ficelle est noué en trois endroits. Karney, qui adore les puzzles, les problèmes concrets, n’a plus qu’une idée : défaire ces nœuds inextricables. Mais il délivre une entité qui va provoquer des ravages et des meurtres.

Que ce passe-t-il lorsqu’un évangéliste, intégriste, intolérant, trop imbu de sa personne, imprégné de l’Apocalypse, s’arrête dans un motel avec sa femme et son chauffeur à cause de la pluie, et leur reproche quelques futilités, leur manquement à la foi et à la ligne tracée par la Bible ? Que se passe-t-il lorsque les fantômes d’une femme et du mari qu’elle a assassiné viennent effectuer un pèlerinage sur le lieu de leur dispute meurtrière ? C’est ce que vous saurez en lisant cette nouvelle qui donne son titre au recueil : Apocalypse.

Rétro-Satanas, la plus courte nouvelle du volume, est un peu comme la parabole du Diable construisant l’Enfer.

Enfin, dans Le siècle du Désir, Clive Barker exploite à sa manière l’une des préoccupations millénaires de l’être humain : comment exacerber au maximum sa libido. Un savant fou, l’un des thèmes porteurs de la littérature fantastique, met au point un nouvel aphrodisiaque, plus puissant mais plus dangereux que toutes les recettes supposées efficaces issues des croyances populaires de par le monde.

 

Clive Barker allie le machiavélisme, le scientifique, la démonologie pour écrire des histoires terrifiantes, dans lesquelles seules l’horreur, le diabolisme et la violence ont le droit de cité.

La petite part de poésie que l’on trouve parfois chez ses confrères ici n’existe pas.

Quant à l’humour, c’est véritablement une denrée rare.

 

Réédition : J’Ai Lu épouvante 4008. Parution septembre 1995. 256 pages.

Réédition : J’Ai Lu épouvante 4008. Parution septembre 1995. 256 pages.

Clive BARKER : Apocalypses. Livre de sang 4. (Clive Barker's Books of Blood, volume 4, 1985. Traduction Hélène Devaux-Minié). Collection Blême. Editions Albin Michel. Parution février 1991. 264 pages.

ISBN : 2-226-05230-5

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1 octobre 2019 2 01 /10 /octobre /2019 04:01

Sous l’intrigue se cache un humanisme qui n’est pas de façade…

Sandra SCOPPETTONE : De peur et de larmes.

Etre shérif n’est pas une sinécure mais lorsque c’est une femme qui en assume la charge, cela lui pèse sur les épaules.

Pourtant ce ne sont pas les difficultés qu’elle pourrait rencontrer auprès de ses administrés, le travail de policier surchargé de travail, qui la démotive. Au contraire. Elle craint de s’enliser dans une routine, ce qui n’est pas son tempérament.

C’est pourquoi Lucia a décidé de ne pas renouveler son mandat, pourtant il lui faut assurer jusqu’au bout ce qu’elle considère comme un sacerdoce. Un événement bouleverse cette routine dans laquelle elle s’englue.

Julie Boyer, une gamine du coin, disparaît. Une fugue ? Une hypothèse vite démentie par la découverte du cadavre, atrocement mutilé, de l’adolescente. Et ce n’est que la première représentation d’une macabre série.

Ce fait divers remue les trippes de la shérif. Elle même a perdu quelques années auparavant sa fille, noyée dans un puits.

Entre Lucia et son adjoint, le Lieutenant Jack Fincham, se tissent des liens sentimentaux qu’ils n’osent s’avouer. Le travail avant tout. Le travail et l’apparition impromptue d’un personnage dont Lucia se serait bien passée.

Mike Mc Quigg, enquêteur du FBI, est affecté sur cette affaire. Ce n’est pas tant son appartenance à cette police fédérale qui enquiquine Lucia que leurs relations précédentes. Mc Quigg n’est autre que l’ancien mari de Lucia.

 

L’épilogue convenu et la découverte du meurtrier s’imposent peu à peu au lecteur qui ne s’en laisse pas conter.

Pourtant Sandra Scoppettone parvient à rendre cette histoire non seulement crédible mais qui plus est émouvante. Peut-être à cause de l’enfant omniprésent, des relations adultes-adolescents, maris et femmes, couples en devenir.

Sous l’intrigue se cache un humanisme qui n’est pas de façade. Peut-être le meilleur roman de Sandra Scoppettone jusqu’à ce jour parce qu’il se démarque de sa production habituelle et de son personnage récurrent de Lauren Laurano.

 

Réédition Pocket 4 avril 2005.

Réédition Pocket 4 avril 2005.

Sandra SCOPPETTONE : De peur et de larmes. Collection les Noirs, Moyen Format. Editions Fleuve Noir. Parution 12 juin 2003. 296 pages.

Réédition Pocket 4 avril 2005.

ISBN : 978-2265075092

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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 04:25

Ah ces mariages arrangés qui n’arrangent personne, ou presque !

Rachelle EDWARDS : La mésalliance

Devenu le cinquième marquis de Strafford, grâce ou à cause des décès accidentels de son père et de son frère, Justin Faversham se retrouve à la tête d’un héritage en déliquescence. Et il va devoir hypothéquer quelques biens afin de régler les dettes et factures en souffrance.

Ayant perdu sa mère tout jeune, il a été élevé par sa tante Henriette Faversham, tandis que son père et son frère, des noceurs, dilapidaient la fortune familiale dans des bouges et au jeu. Afin de se refaire une santé financière, il se trouve dans l’obligation de se séparer de quelques propriétés, dont le Prieuré de Strafford. Il est célibataire et sa tante lui souffle qu’il devrait se marier et lui indique le nom de quelques jeunes femmes qui pourraient lui convenir. Cependant, il courtise la belle Amelia Winch mariée à un riche noble beaucoup plus âgée qu’elle. Mais elle n’était pas la seule dans ce cas à cette époque, et il n’est pas interdit de penser que ce genre d’union hors lit conjugal perdure.

Justin, qui n’en vaut pas deux, est contacté par un acteur déchu, ayant contracté une maladie de peau lors d’une tournée, et père d’une adolescente miséreuse. Barrington signifie a Justin qu’il accepterait de lui rendre une dette de jeu contractée par son père et concernant le Prieuré s’il accepte d’épouser sa fille Valerie qui, à seize ans, n’en paraît que douze. Barrington préfère dépenser ses maigres subsides en liquides alcoolisés que la nourrir et lui offrir un logement décent.

Justin accepte ce marché qui est en réalité un chantage, et le mariage est célébré en petit comité. Puis aussitôt la cérémonie terminée, Justin emmène sa nouvelle épouse au Prieuré, et lui signifie que dès le lendemain il embarque pour le continent. Une mise au point qui se termine chacun dans ses draps, chacun dans sa chambre.

 

Deux ans plus tard, Justin retrouve à Paris Robert Parish qui fut son témoin à son mariage. Son ami lui précise que la chrysalide miteuse est devenue un papillon magnifique qui se rend régulièrement à Londres en compagnie de tante Henriette. Et que Valerie ne manque pas de prétendants dont un certain Hugh Goddard.

Jaloux, Justin revient à Londres et au Prieuré et ce qu’il voit confirme les dires de Robert. Valerie est devenue une véritable marquise et est fort courtisée. De plus elle s’est liée d’amitié avec Amelia Winch ce qui énerve Justin. Et la présence continuelle de Hugh Goddard près de Valerie, son empressement le taraude. Une gifle ressentie lorsque son épouse lui annonce qu’elle veut se marier avec ce joli-cœur qui, selon Justin, ne lui arrive pas à la cheville.

 

Cette histoire qui se déroule en 1780 est tout autant un roman de mœurs, d’amour, une étude de la société anglaise, et le portrait de deux personnages qui sont réunis à cause d’une dette de jeu alors que tout devrait les séparer.

Justin Faversham se montre arrogant, jaloux, autoritaire, orgueilleux et, en même temps, ce n’est qu’un homme fragile qui se donne une contenance afin de se prouver qu’il existe. Valerie a vécu dans des taudis depuis que sa mère est décédée et que son père s’est adonné au jeu et à la boisson. Elle se montre forte, mais ce n’est peut-être qu’une apparence trompeuse.

C’est l’opposition entre la noblesse et le monde des miséreux qui est ici décrite à travers deux personnages qui se montrent tout à tour attachants et maupiteux.

Tout sépare ces deux êtres et pourtant tout les relie. Il suffit juste d’un peu de compréhension, de discernement, de tolérance, d’adaptation vis-à-vis l’un de l’autre, mais le chemin est long à parcourir et il n’est pas sûr qu’ils parviennent à emprunter la bonne voie.

Malgré la présence d’un titre en anglais, il me semble que cet ouvrage soit l’œuvre d’un ou d’une romancière française. Pas de nom de traducteur, pas de copyright, sauf celui de Rachelle Edwards et Editions Mondiales 1976. De plus les quelques notes en fin de page ne comportent pas la mention Note du traducteur, comme il est de coutume lors de traduction. La Mésalliance est le seul roman de Rachelle Edwards au catalogue de la collection Modes de Paris et des autres collections des Editions Mondiales, c’est-à-dire Intimité, Nous Deux et Floralies.

Rachelle Edwards explore la psychologie de ses deux personnages principaux et l’on peut affirmer qu’elle n’en est pas à son premier roman. Donc il s’agit d’un auteur, probablement féminin, qui possède à son actif déjà plusieurs romans. Et, mais peut-être me trompé-je, je pense fortement à Françoise d’Eaubonne qui a écrit sous de nombreux pseudonymes dont celui de Nadine de Longueval au Fleuve Noir pour la collection Grands Romans et Présence des Femmes. Et elle a débuté en écriture sous des alias collectif comme Diego Michigan.

Rachelle EDWARDS : La mésalliance (An Unequal Match). Collection Modes de Paris N°78. Les Editions Mondiales. Parution 1er juillet 1976. 222 pages.

ISBN : 2707440787

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29 septembre 2019 7 29 /09 /septembre /2019 04:45

Ah, les belles américaines !

Roland SADAUNE : Eva.

Ce n’est pas son prénom, Samo, mais son surnom qui lui a été attribué par dérision par ses potes. Parce que Samo aime les voitures, les puissantes, les Américaines au châssis qui en jette, les grosses, les vieilles bien conservées, aux rondeurs souples, et la vitesse, il adore. Jusqu’à plus faim. Comme j’aime. Alors comme ils disent, Samo trace. Une blague grecque, que pour une fois il a comprise.

Car ce n’est pas un intellectuel Samo, les bouquins il en lit jamais. Son copain Clint, lui, possède des références littéraires, et si sa copine Evelyne est appelée Eva, c’est en mémoire d’un roman de James Hadley Fauteuil, non, je me trompe, James Hadley Chase. De toute façon qu’il se nomme Fauteuil ou Tchaize, cela n’influe pas sur l’histoire que Samo dit comme M. M le maudit pour les cinéphiles. D’autant qu’il préfère la môme Capsule à Eva. C’est la même, sous un autre nom.

Bref, Samo est livreur et il parcourt les rues de New-York afin d’approvisionner en divers produits illicites les clients en manque. Et parfois, il y a des dégâts de la narine.

Mais Samo, c’est un rêveur. Il a le droit, faut rêver dans la vie, c’est le meilleur moyen de s’évader. Surtout quand des imbéciles, des imbus de leur fonction se permettent de venir vous déranger dans vos déambulations urbaines et motorisées façon bagnoles rétro.

 

Véritable catalogue de modèles anciens de voitures américaines, Eva est une nouvelle à chute, et plus dure sera la chute pour le narrateur.

Le lecteur se laisse embarquer dans un circuit infernal façon Indiana-police, sans panne des sens.

Pour acheter cette nouvelle, une seule adresse :

Autres titres de Roland Sadaune dans la même collection :

Roland SADAUNE : Eva. Collection Noire sœur. Nouvelle numérique. Editions Ska. Parution 24 septembre 2019. 11 pages. 1,99€.

ISBN : 9791023407846

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28 septembre 2019 6 28 /09 /septembre /2019 03:59

Et les feuilles mortes se ramassent à la pelle, comme les cadavres…

Alexis AUBENQUE : Un automne à River Falls

A trente cinq ans, le déjà célèbre et brillant avocat Robert Gordon, philanthrope à ses heures, était promis à un bel avenir. Etait, car Samantha, sa jeune maîtresse, le découvre électrocuté dans sa salle de bain. Quelle idée aussi de se baigner seul dans une baignoire immense, un sèche-cheveux non loin.

Pour Mike Logan, le shérif de River Falls, la semaine commence mal, et il sent que les ennuis vont s’accumuler sur sa tête. Il se rend en compagnie de Portnoy, un de ses sergents, immédiatement dans les beaux quartiers de la ville où est située la demeure de feu l’avocat. Samantha ne peut guère lui fournir de précisions. Elle dormait et n’a rien entendu.

Il prévient aussitôt l’équipe du FBI de Seattle, dont il a fait partie quelques temps auparavant. Blake, le légiste, et ses deux comparses, Moore et Freeman, sitôt arrivés se mettent à relever des indices éventuels. Le corps embarqué à la morgue parle. Enfin, je veux dire que Blake se rend compte que l’homme a été chloroformé dans son sommeil, de même que Samantha d’ailleurs, ce qui explique son réveil tardif et profond.

Mais près du corps de Gordon, repose à la morgue celui d’un clochard, qui apparemment a subi des sévices. Il a été retrouvé sur les berges de la rivière, mais il n’est pas mort noyé. De nombreuses traces de coups sont relevées ainsi que des lésions internes, comme si son agresseur s’était acharné dessus. Un appel téléphonique anonyme précise que le cadavre a été balancé du haut du pont.

Le fondé de pouvoir de Gordon, notaire, se présente chez celui-ci et sans demander l’autorisation des policiers, ouvre le coffre-fort de l’avocat, y prélève un dossier bleu, laissant à l’intérieur une grosse somme d’argent, et prétend partir comme il est venu. Une façon de procédé qui ne plait guère à Mike Logan, qui arrête le nommé Hilton, et le défère en geôle. Au grand dam du maire qui n’apprécie pas les initiatives de Logan, mais il se pourrait que ce dossier recèle des pièces compromettantes, car aussi bien Hilton que Gordon investissaient beaucoup dans l’immobilier.

Un avocat influent parvient à faire libérer Gordon seulement le dossier bleu a disparu. Ce qui ne semble pas affecter Hilton. Si Gordon ne sait pas comment ce dossier s’est envolé dans la nature, le lecteur lui est au courant. En effet, Spike, un ancien policier mis sur la touche, exerce un chantage sur un vieil agent qui subtilise les documents et les lui remet. Jessica Hurley a bien reconnu dans la rue l’ex-policier véreux en compagnie d’un vieil homme mais ce n’est qu’après qu’elle relie cet épisode. Le vieux policier se suicide lorsque Logan et ses hommes investissent son appartement.

Leslie Callwin, la journaliste qui est partie à Seattle et tente de se faire une place au soleil, enquête, et comme elle est amie avec Jessica Hurley, elle parvient à lui soutirer des informations. Jessica obtient l’enquête sur le meurtre du clochard et en compagnie du lieutenant Blanchett, Tania de son prénom, se rend sur les lieux du drame. Elles repèrent un individu qui les surveille, mais il sera un peu plus tard arraisonné. Et il faudra beaucoup de patience et de psychologie pour qu’il narre ce qu’il a vu.

Jessica, qui est en congé sabbatique, ressent le besoin de reprendre ses fonctions de profileuse au sein du FBI de Seattle, la présence de ses collègues influant pour beaucoup dans son envie et sa décision. Ce qui n’a l’heur de plaire à Mike Logan, mais après tout ils vivent ensemble mais ne sont pas mariés.

Pendant ce temps, nous suivons les aventures et mésaventures de Kyle et Stuart, deux faux jumeaux qui viennent d’entrer à l’Université de River Falls. Le problème de Stuart est qu’il est en surcharge pondérale, et il se désole de ne pas attirer les filles. Enfin, il se fait une raison en lisant des Comics. Kyle est d’une toute autre constitution physique, et sa réputation d’excellent receveur au football à Seattle l’a précédé. Kyle et Stuart intègrent les Fraternités Alpha et Delta, à leur plus grand plaisir après avoir subi un bizutage en règle dégradant. Stuart a la chance d’être remarqué par Judith, la plus belle fille de l’université, alors que des condisciples chatouillent son orgueil et sa corpulence. Tandis que la belle Cheryl s’entiche de Kyle.

 

Mais que viennent faire ces adolescents dans cette histoire, et pourquoi Judith se dresse devant les étudiants pour sauver la mise à Stuart ? Quel point de jonction réunit ces deux affaires, le meurtre de Gordon, bientôt suivit d’un autre assassinat, et de celui du clochard et la découverte d’un jeune homme qui a des difficultés d’élocution. C’est ce que nous saurons en lisant la suite de ce roman qui reprend bon nombre de personnages du précédent épisode : 7 jours à River Falls.

Ce roman est agencé un peu comme un feuilleton télévisé, de Dallas à Plus belle la vie en passant par Santa Barbara. Des personnages apparaissent, dont on ne connait pas la signification première de leur intervention, disparaissent, pour revenir plus tard. Un fil conducteur qui laisse à penser qu’il y a deux ou trois romans en un.

Mais plus que les séries télévisées, ce roman est la continuation des feuilletons des XIXe et XXe siècles dont les principaux représentants littéraires se nomment Eugène Sue, Ponson du Terrail, Charles Mérouvel, Pierre Decourcelle ou encore Marcel Priolet. Des auteurs parfois méprisés par des critiques, qui eux-mêmes étaient des littérateurs probablement jaloux, car ils connurent non seulement le succès mais enchantèrent des millions de lecteurs par la force de leurs écrits. Des romans qui ne se contentaient pas d’une simple intrigue mais jetaient un regard parfois acerbe sur la société bourgeoise qui se comportait en délinquants, bafouant sans vergogne les petites gens du peuple.

Alexis Aubenque possède l’art de promener le lecteur à sa guise, empruntant des chemins détournés, le conduisant par la main, ou les yeux en une sorte de rallye avec bon nombre de fausses pistes, d’éléments placés comme des embûches, des digressions qui semblent incongrues mais qui pourtant possèdent leur charme et leur intérêt.

Des beaux quartiers de River Falls jusque dans les endroits glauques et les bars mal famés de la cité, en passant par la forêt et les anciennes scieries et les pavillons de l’université, on passe par tous les étages de la société, côtoyant les bourgeois et leur progéniture souvent détestable, et les rejetés de la société vivant de rapines et de braconnages mais pour qui le mot entraide possède un sens humaniste.

 

Ce livre a reçu le Prix POLAR 2009 lors du 14e Salon POLAR & CO de Cognac (16/10/2009)

Première édition : Calmann-Lévy. Parution le 3 juin 2009. 462 pages.

Première édition : Calmann-Lévy. Parution le 3 juin 2009. 462 pages.

On ne juge jamais un livre à sa couverture.

La police existait avant tout pour aider les faibles, croyait-il.

Il n’avait rien à proprement parler contre les puissants de ce monde, cependant il ne pouvait s’empêcher de penser que l’on n’arrivait jamais au sommet sans avoir magouillé à un moment ou à un autre.

Alexis AUBENQUE : Un automne à River Falls (Saison 1. Tome 2). Collection Thriller. Editions Bragelonne. Parution 12 juin 2019. 528 pages. 7,90€.

ISBN : 979-1028107703

Première édition : Calmann-Lévy. Parution le 3 juin 2009. 462 pages.

Réédition : France Loisirs. Juillet 2010. 560 pages.

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26 septembre 2019 4 26 /09 /septembre /2019 03:59

Elle atteint toujours son but…

Robert-Louis STEVENSON : La Flèche noire

Entre 1455, soit peu après la fin de la guerre de Cent ans, et 1485, deux clans royaux, le duc d’York et le duc de Lancastre, revendiquent la succession au trône et s’affrontent pour s’emparer de la couronne royale anglaise.

C’est dans ce contexte que nous faisons la connaissance du personnage principal de ce roman historique, Richard Shelton dit Dick. Âgé d’à peine dix-huit ans, il vit à Tunstall, et est le pupille de Sir Daniel Brackley. Ce jour là l’effervescence règne, les hommes d’arme sont sur les dents et leurs chevaux.

Une attaque se prépare et sir Daniel est momentanément absent. Or personne n’est capable de dire pour qui se bat sir Daniel. Pour Lancastre ou pour York ? Une véritable girouette qui tourne dans le sens du vent. Mais des outlaws, des hors-la-loi, se manifestent en envoyant des flèches et tuant les principaux proches de Sir Daniel. Les carreaux sont noirs et portent en suscription de la part de Jean Punit-Tout. Certains pensent qu’il s’agit d’une bande commandée par Ellis Duckworth, même si le déclare Benny Hatch :

La révolte ne vient jamais d’en bas, croyez-moi. Derrière le vilain qui brandit la hache, il y a toujours le noble qui le dirige.

 

Selon les rumeurs Sir Daniel et ses affidés, Sir Olivier, un ancien moine et quelques autres, seraient à l’origine de la mort par assassinat du père de Dick qui s’est donc retrouvé orphelin. Car sir Daniel désirait faire main basse sur l’héritage de Dick et il projette un mariage arrangé.

Pour l’heure, Dick est chargé d’une mission et il part en compagnie de quelques hommes d’arme munis d’arbalètes, d’arc et de haches. On n’est jamais trop armé. Il remet une lettre émanant de sir Olivier à Sir Daniel qui vitupère car une jeune fille Joanna ou un jeune garçon répondant au prénom de John, vient de s’enfuir à cheval.

Les embûches se dressent sur le chemin de Dick qui va faire la connaissance d’un jeune garçon, Jack Matcham âgé probablement de douze ans. Peut-être un peu plus, il est incapable de le définir. Ils vont toutefois pérégriner ensemble et leurs relations connait des hauts et des bas. Souvent Jack se rebiffe, à moins que ce soit Dick.

Leurs chemins se séparent puis vont se retrouver au hasard des événements, jusqu’au moment où Dick se rend compte que Jack est une jeune fille, qu’elle se prénomme Joanna, qu’elle était promise à un mariage fomenté par sir Daniel. Dick en tombe amoureux.

 

Il est dommage, même si ce roman est destiné aux jeunes de onze à quatorze ans, que le texte soit amputé, le rendant parfois incompréhensible. Les manques obèrent l’intrigue et le lecteur passe parfois d’un épisode à un autre avec le sentiment d’être frustré car une partie de l’histoire est occultée.

Ainsi alors que quelques mois se sont déroulés depuis le début de l’histoire, que Dick se trouve à Shoreby, un port non loin de Tunstall, mais en ce temps là la distance n’était pas ressentie de la même façon, à cause du temps mis à voyager, il doit échapper à des hommes en armes. Des partisans de Lancastre. Il parvient à embarquer à bord de La Bonne espérance, puis au chapitre suivant le navire subit un naufrage. Que s’est-il passé entre temps ? Le capitaine est souvent sous l’emprise de la boisson, mais tout n’est pas clair d’autant que le voici affublé d’un chien qui le suit partout alors qu’auparavant il n’était accompagné que d’un seul matelot, Tom.

Ceci n’est que l’une des nombreuses ellipses qui dénaturent quelque peu ce roman dont les épisodes s’enchainent comme les grains d’un chapelet. Toutefois, il est étonnant dans ce contexte que les scènes violentes, les pendaisons par exemple, subsistent alors qu’elles auraient pu être édulcorées.

L’édition de 1901, traduction de E. La Chesnais, à la Société du Mercure de France, comporte 384 pages.

Pour ceux qui désireraient lire cet ouvrage en entier, il leur est possible de le télécharger gratuitement et légalement sur le site Ebooks libres et gratuits dont l’adresse figure ci-dessous :

De Robert-Louis Stevenson, on peut également lire :

Robert-Louis STEVENSON : La Flèche noire (The Black Arrow: A Tale of the Two Roses – 1888. Traduction de H. Rouillard). Collection Bibliothèque Juventa. Editions Delagrave. Parution 24 novembre 1965. 160 pages.

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25 septembre 2019 3 25 /09 /septembre /2019 04:37

Elle est à cheval sur les principes…

Georges BAYARD : Cécile prend le mors aux dents.

En stage d’équitation chez le maître de manège Max Lonzac, Cécile et ses amies Juliette dite Juju et Laure, ainsi qu’avec sa grand-mère Herminie, se familiarisent avec les équidés durant les vacances. Des chevaux dociles leurs sont réservés, mais Lonzac en possède d’autres qui participent à des concours de sauts.

Les séances, ou reprises, se font le matin et l’après-midi, dans une bonne ambiance. Seule Laure ne participe pas, préférant s’occuper du standard. Elle est gourmande, manchonnant sans cesse des bonbons, ce qui lui occasionne une surcharge pondérale préjudiciable.

Si Cécile a été amenée à effectuer ce stage, c’est grâce à Herminie qui, ancienne enseignante, avait gardé d’excellentes relations avec bon nombre de ses élèves, dont Geneviève la sœur de Max Lonzac.

Lors d’une reprise, au cours de laquelle participent d’autres élèves, dont monsieur Daronval, un notable de la ville voisine, Cécile est quelque peu intriguée par deux spectateurs qui se tiennent dans les tribunes en compagnies de mères de stagiaires. Un jeune garçon aux cheveux longs et bruns, qui auparavant portait une casquette en sortant de la sellerie. Et surtout Jef Sicar, le conseiller technique d’un autre manège, le club hippique Centaurus situé à l’autre extrémité de la ville. Suite à un accident, Jef Sicar ne peut plus monter à cheval, ce qui ne l’empêche nullement de prodiguer ses conseils.

Cette reprise est assez particulière car un incident rare se produit. Herminie est éjectée de son cheval. La selle avait été mal sanglée selon les premières estimations. Mais Cécile, en examinant la courroie, s’aperçoit qu’il s’agit d’un sabotage. Herminie s’en sort avec une clavicule en vrac, et son stage se termine bêtement. Et par un fait exprès, ou n’est-ce qu’une coïncidence, un agent immobilier signale à Lonzac qu’un acheteur potentiel est prêt à acquérir L’étrier d’argent, son manège dont il n’est possesseur que depuis trois mois. Il est vrai que l’emplacement du manège est intéressant pour un promoteur, mais quand même il ne faut pas abuser de la situation. Et le journaliste localier s’enquiert de cet accident malheureux, ce qui met encore plus en colère Lonzac.

Mais les incidents provoqués sciemment se répètent. Un inconnu se réclamant des Compagnons de l’Avenir, un groupuscule inconnu, lui ordonne de « renvoyer ses bougnoules dans leur pays ». Insistant sur le fait qu’il y a assez de chômeurs en France pour ne pas employer des étrangers, des Algériens qui plus est.

En effet, Lonzac possède à son service un couple d’Algériens et leur fils de quinze ans. Auparavant ils travaillaient pour son concurrent, mais étaient payés au compte-gouttes. Tandis que Lonzac les rétribuent selon les tarifs en vigueur, et leur a promis de régulariser leur situation en effectuant une demande de papiers.

Les événements s’enchaînent et Cécile se réveille une nuit, incommodée par la fumée. Elle et ses amies dorment au dessus d’une grange, et celle-ci est en feu. Elles parviennent à s’extirper des flammes sans dommage mais pendant ce temps Gerda, le cheval de Lonzac avec lequel il devait participer à un concours d’équitation dans le but de se qualifier pour les Jeux Olympiques, a disparu. Les gendarmes sont prévenus mais Cécile et ses amies enquêtent de leur côté, bientôt aidées par un jeune cyclomotoriste qu’elles ont sorti d’un buisson épineux dans lequel il s’était empêtré à cause d’une chute malencontreuse.

 

Ce ne pourrait être qu’un aimable roman pour adolescents, avec le thème porteur du cheval et du monde de l’équitation. Mais le passage sur l’intimidation effectuée par un inconnu à l’encontre de trois pauvres réfugiés algériens, dont le travail donne toute satisfaction à l’écuyer, n’est pas innocent. Et cette déclaration est répétée deux ou trois fois, mais ne se décline que sur quelques paragraphes. Priorité à l’intrigue, mais le message est énoncé clairement.

Pour autant Lonzac ne croit guère à cette menace. Il sent que derrière cet effet d’annonce, c’est son manège qui est en jeu, et surtout le rachat par une tierce personne. Il gêne.

Ce roman date, déjà, de 1984. L’on se rend compte de l’engagement social de l’auteur, mais dans le même temps, que depuis, non seulement rien n’a changé, mais que cela a empiré.

Un message destiné aux jeunes, et peut-être aux adultes qui suivaient depuis des années l’autre série de Georges Bayard, Michel, mais comme souvent, ce ne fut qu’un coup d’épée dans l’eau. Pourtant, et peut-être peu le savent, Georges Bayard fut enseignant et je suppose que dans ses classes, la morale n’était pas aux abonnés absents et qu’il luttait contre le racisme et la ségrégation raciale.

Georges BAYARD : Cécile prend le mors aux dents. Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Parution octobre 1984. 160 pages.

ISBN : 9782010102523

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24 septembre 2019 2 24 /09 /septembre /2019 04:10

D’accord, mais par qui ?

René ERBE : Le crime est signé.

Depuis leur création, les Galeries Rivoli n’ont pas changé leur politique commerciale. Seulement, au risque de déplaire à leur clientèle, âgée le plus souvent, le conseil d’administration se résout à accepter et mettre en œuvre les propositions Raoul Déchaux, le conseil en publicité.

Chassagny, l’administrateur délégué depuis 1888, soit plus de trente ans d’exercice, se soumet, non sans rechigner, à remplacer le gaz par l’électricité, à installer des ascenseurs, des machines à calculer. A adopter le modernisme dont se sont déjà inspirés ses concurrents. Car la courbe des ventes dégringole dangereusement, et si un sursaut n’est pas envisagé, c’est la fin des Galeries Rivoli.

Dessinateur en publicité, Alain Ménard est reçu par Charmont, le chef de la publicité des Galeries Rivoli, un ami intime. Ils discutent de l’innovation sensationnelle qui devrait redonner du lustre à ce grand magasin. Une collection d’été, quatre-vingts modèles présentés par les plus élégants mannequins de Paris, dans une ambiance musicale sous le patronage d’un orchestre de jazz dirigé par Fred Sparton, est organisée. Une salle de spectacle a été édifiée à l’intérieur du hall central, avec un immense écran blanc dressé pour la projection des décors, une passerelle suspendue permettant aux mannequins de défiler en sortant des pièces aménagées. Le début de la représentation est imminent.

Un premier incident se produit lorsque les clichés qui devaient être projetés sont retrouvés brisés. Soudain, l’assistant de Charmont leur apprend qu’un meurtre perpétré dans la cabine des mannequins vient d’être découvert. C’était la pause, et seule Raymonde Rouleau ne s’était pas jointe à ses collègues pour se rafraîchir durant l’entracte. Ils croisent Michel de Lapelle, le directeur général, tandis que Mareuil, le chef de la police privée du magasin, les rejoint. Raymonde est affalée sur sa table de maquillage, qui sert aussi de table de démaquillage, un poignard dans le dos. Dans la pièce attenante, la chef habilleuse qui reprise une robe légèrement déchirée, et la femme de ménage, chargée de nettoyer entre les deux représentations, n’ont rien vu. Elles ont juste entendu un petit cri, puis un bruit sourd et une sorte de roulement. C’est la technicienne de surface, qui n’était pas ainsi dénommée à l’époque, qui a découvert le corps.

Alain Ménard est intrigué, et se sent pousser une vocation de détective. D’ailleurs il a l’intention d’ouvrir une agence, mais pour cela il lui faut trouver assez d’argent pour réaliser son entreprise. Quelques soupçons se portent sur Lapelle, qu’il a croisé, mais également sur Fred Sparton, le chef d’orchestre, qui avait rendu visite à Raymonde peu avant. Ils étaient fiancés mais ils ne s’aimaient pas. Pas assez pour se marier, du moins c’est se qui ressort de l’entretien qu’Alain Ménard et son ami Charmont ont avec lui, en compagnie du commissaire de police arrivé sur les entrefaites. Un nouveau personnage s’immisce dans l’enquête, Louvel, l’un des plus anciens clients des Galeries Rivoli, qui durant des années fut détective privé d’une banque importe en Extrême-Orient, et qui parfois aide Mareuil de ses judicieux conseils. Il s’est reconverti comme romancier de littérature policière.

 

Une enquête classique, avec de petits indices placés ça et là, surtout à l’attention de Ménard qui découvre une petite boule de poussière, un mouton, alors que le ménage venait d’être fait.

Mais ce qui ressort principalement de ce roman, ce sont les antagonismes entre anciens et modernes dans la conception de la vente et de l’agencement des magasins.

Pour ne pas avoir voulu évoluer, le responsable des Galeries Rivoli (une enseigne qui ne manquera pas de raviver des souvenirs) se trouve confronté au dilemme d’une régression des ventes. Et lorsqu’il envisage des transformations, c’est le conseil d’administration et les anciens clients qui poussent les hauts cris.

Même si l’on ne peut admettre le modernisme à tout prix, il faut bien avouer que des transformations sont parfois nécessaires, ne serait-ce que pour appâter le chaland.

 

Les habitudes font partie des choses que les gens défendent avec le plus d’âpreté et d’est légitime, répondit en souriant monsieur Louvel. A partir d’un certain âge, on ne conçoit même plus la possibilité d’en changer. Ce qui explique l’obstination farouche que mettent certains vieillards à ne rien modifier aux détails souvent les plus futiles de leur existence.

 

La technique du roman policier demeure toujours identique à elle-même : recommencer l’histoire à l’envers en essayant de camoufler l’assassin.

René ERBE : Le crime est signé. Collection du Dragon vert. Editions Littéraires et Artistiques. Parution 1945. 48 Pages.

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23 septembre 2019 1 23 /09 /septembre /2019 04:45

Une plongée dans le Londres de Jack l’Eventreur…

René REOUVEN : Les grandes profondeurs.

En cette fin d’année 1918, les Londoniens sont en liesse. Ils fêtent la défaite de l’Allemagne, brûlant l’effigie de l’Empereur Guillaume II. Les rues sont encombrées et le véhicule qui transporte Sir William Crooke, un célèbre et vieux savant physicien, a du mal à se frayer un passage jusqu’à un quartier déshérité de la capitale.

Il entre dans une bâtisse où un peu plus de trente ans auparavant il avait installé une sorte de laboratoire et récupère au premier étage, cachés sous le plancher, des carnets intimes.

Ce sont ces carnets qui nous sont proposés à la lecture et qui débutent le 2 septembre 1885 pour se terminer le 4 décembre 1888.

William Crooke, qui à l’époque n’avait pas encore été anobli, est persuadé qu’un quatrième état existe, l’état radiant, différent et complémentaire des états solide, liquide et gazeux. De plus il se pique d’occultisme et de spiritisme, une étude fort à la mode.

Pour cela il a aménagé dans un entrepôt du quartier de New Nicholl, un quartier dans lequel devaient être construits des logements sociaux mais qui est rapidement tombé dans l’abandon car les pauvres auxquels étaient destinés les bâtiments ne pouvaient se permettre de payer de tels loyers.

Il est déjà reconnu par ses pairs comme un excellent physicien, et est président de bon nombre d’associations et de sociétés scientifiques. Il possède à son actif de nombreuses inventions et découvertes mais il existe une fracture dans sa vie familiale. Son frère Crooky, le benjamin de la fratrie est décédé d’un accident de bateau. Et les liens avec son autre frère Walter se sont resserrés.

Or donc il installe des appareils complexes, dont un convecteur, un tube à vide et autres instruments dont il pense qu’ils vont lui permettre de capturer l’âme ou la présence de l’ectoplasme de Crooky.

Dans le même temps, il fréquente ou fait la connaissance des représentants majeurs de la littérature et de leurs œuvres, Henry James, Robert-Louis Stevenson, Oscar Wilde ou encore Guy de Maupassant. Le Horla de Maupassant et L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Stevenson seront ses lectures. Sa femme Nelly le soutient dans son entreprise, même si elle reste à la maison et ne participe pas à ses recherches hors de la résidence familiale.

Il s’investit de plus en plus dans ses démarches et ses recherches et un jour une image fixée sur son convecteur l’interpelle, tandis que le tube à vide contient une légère lueur verte. Crooky lui apparait comme sur un écran, et il le voit enjamber la rambarde d’un navire. Son frère ne serait donc pas décédé accidentellement mais se serait suicidé.

Walter lui précise qu’en effet Crooky était malade, atteint de la vérole contractée par la fréquentation de prostituées, mais il ne connaissait pas les finalités de ce drame.

Entre temps dans Londres débute une période de terreur. Des prostituées sont attaquées et tuées par un garçon-boucher malade mentalement. Il est arrêté mais ceci n’est que le prélude à d’autres assassinats envers ces pourvoyeuses de plaisir et de maladies.

 

Le lecteur se doute à un certain moment, je ne précise pas quand volontairement, de l’identité du coupable, du meurtrier des prostituées. Mais ce n’est pas le plus important de cette histoire, même si elle fait partie intégrante de l’intrigue.

Ce sont les préparatifs puis la mise en œuvre de la part de Crooke de l’installation des appareils destinés à capter il ne sait pas trop quoi au départ. Ce sont grâce à des réminiscences et des parcelles de vérité, de la part de Walter notamment, mais également des différents échanges verbaux avec Oscar Wilde et Henry James, que les fuligineuses apparitions vont se concrétiser.

René Reouven est plus précisément passionné par la littérature et l’histoire du XIXe siècle ayant pour décor l’Angleterre sous le règne de la Reine Victoria, et il nous restitue avec précision cette période. La présence de nombreux littérateurs de l’époque offre cette part de véracité qui imprègne la plupart de ses romans consacrés à ce thème si souvent exploité mais qui recèle toujours une part d’ombre.

L’auteur aborde également l’un des thèmes récurrents en littérature, populaire ou autre, celui de l’affrontement, pour ne pas dire plus, entre rationalistes et occultistes. L’aspect scientifique des uns pour servir l’aspect spirite des autres.

Et c’est cette dualité qui mène l’intrigue, tout en puisant dans l’univers littéraire de l’époque, et la confrontation du Bien et du Mal personnifié par le roman de Stevenson, L’étrange cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde.

 

Réédition : Présence du fantastique N° 38. Editions Denoël. Parution janvier 1995.

Réédition : Présence du fantastique N° 38. Editions Denoël. Parution janvier 1995.

Dans le volume Crimes apocryphes 2. Collection Lune d’Encre N°71. Editions Denoël. Octobre 2005.

Dans le volume Crimes apocryphes 2. Collection Lune d’Encre N°71. Editions Denoël. Octobre 2005.

René REOUVEN : Les grandes profondeurs. Collection Présences. Editions Denoël. Parution août 1991. 240 pages.

ISBN : 2-207-23893-8

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22 septembre 2019 7 22 /09 /septembre /2019 03:38

Dans les couloirs de la politique, il s’en passe de drôles de choses…

Fabrice LEUWEN : Meurtre en Balladurie.

Au cours d'une réception organisée en faveur de Jean Claude Barreau à l'occasion de la parution de son nouveau livre, le Ministre de l'Intérieur Charles Pasqua est pris d'un malaise après avoir ingurgité un verre de whisky. Il est transporté d'urgence au Val de grâce mais les médecins ne peuvent que constater son décès. Un bulletin laconique et officiel annonce un arrêt cardiaque.

Dans les sphères gouvernementales on pare au plus pressé. Le Premier Ministre Edouard Balladur nomme Nicolas Sarkozy en remplacement du Corse et Patrick Devedjian hérite du Budget. Un Groupe Armé des Musulmans de France revendique aussitôt le meurtre de Pasqua tandis qu'Action Directe informe qu'il est à l'origine de ce décès. L'autopsie révèle que Charles Pasqua a été victime d'une dose mortelle de poison.

Les deux premiers communiqués sont pris au sérieux mais les soupçons se portent également sur le Front National de Libération Corse. Une quatrième piste se dessine lorsque Jacques Chirac révèle que Pasqua lui avait écrit une lettre l'assurant de son soutien lors des prochaines élections présidentielles. Un règlement de compte politique est alors envisagé. Les Socialistes sentant la majorité s'entre-déchirer se réunissent, et élaborent une tactique devant leur permettre de gagner la bataille.

 

Dans ce roman purement fictionnesque, à l'épilogue un peu tiré par les cheveux quoique la fin reste ouverte à cause des allusions prononcées par les différents protagonistes, l'auteur, ou plutôt les auteurs qui se cachent sous le pseudonyme stendhalien de Fabrice Leuwen, nous plonge dans l'univers secret des rouages de la machine gouvernementale.

Crocs en jambe et sourires font bon ménage. Si Pasqua fait figure de personnage privilégié de par son décès prématuré et de l'encensement qui s'ensuit, personne, aussi bien journalistes que personnel politique, n'échappe aux coups de griffes de l'auteur.

Seul reproche que je formulerai, le manque d'humour dans un ouvrage qui, à moins que je me trompe, n'a été écrit que pour divertir le lecteur.

 

Fabrice LEUWEN : Meurtre en Balladurie. Collection Les lieux du crime. Editions Calmann-Lévy. Parution 8 janvier 1995. 216 pages.

ISBN : 9782702124000

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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