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17 avril 2021 6 17 /04 /avril /2021 04:23

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le Titanic

sombrait dans les eaux glaciales de l’Atlantique.

Didier DECOIN : La femme de chambre du Titanic.

Le propre d’un écrivain digne de son métier, de sa vocation, c’est d’absorber, dès les premières pages de son œuvre, le lecteur.

Que celui-ci entre de plain-pied dans l’action et ne relâche plus son attention. Qu’il y ait communion entre le roman et le lecteur. Et c’est véritablement ce qui se produit dès la première page de La femme de chambre du Titanic.

Horty sue sang et eau lors du concours annuel du meilleur docker, ployant sous la charge d’un veau vivant, pendant douze minutes, en courant.

C’est la cinquième année consécutive qu’il remporte ce concours et Zoé a de quoi être fière de son homme. D’autant plus qu’en cette année 1912, les temps sont durs pour le petit peuple, et un veau aide à améliorer l’ordinaire.

Mais les organisateurs en ont décidé autrement et, cruelle désillusion, le premier prix ne sera pas le veau, offert à un quelconque hospice, mais un voyage. L’inauguration à Southampton de la première traversée du Titanic et son premier voyage à New-York. Qu’à cela ne tienne, Horty a gagné et il va profiter de son cadeau.

Et cet homme de cinquante deux ans, marié à la frêle Zoé, va découvrir l’aventure et l’amour dans le port de Southampton. Une rencontre va le marquer à tout jamais.

C’est un brave homme qu’Horty, un être frustre et peu compliqué. Lorsque l’hôtelière lui demande de prêter sa chambre à une jeune femme, tout d’abord il refuse. Puis il accepte, désemparé devant cette jeunette timide, innocente et enrhumée.

Marie Diotret doit le lendemain embarquer en qualité de femme de chambre sur le Titanic. Ils vont passer la soirée ensemble, à manger dans une gargote. Puis ils vont coucher ensemble. Mais attention : dans le même lit, soit, mais en tout bien tout honneur.

De retour chez lui, Horty ne garde de Marie qu’une image, une photographie prise sur le port, au moment du départ. De quoi alimenter les conversations de ses amis au café de La Tête d’écaille.

Jusqu’au jour où Horty apprend que le Titanic a sombré dans l’océan. Dès lors, Horty affabule. Sa nuit d’amour toute platonique avec Marie devient une nuit d’amour extravagante. Lui qui de l’acte sexuel n’a connu avec Zoé, sa légitime, que des étreintes rapides et hygiéniques, invente des jeux qui laissent pantois les habitués de La Tête d’écaille.

Zeppe, un ancien Monsieur Loyal, va même l’exhorter à se produire dans des théâtres, des salles dans lesquelles les spectateurs restent sous le charme. Marie revit pour et par Horty, excitant les jalousies.

 

La femme de chambre du Titanic est un roman d’amour, d’atmosphère, un roman noir également, et Didier Decoin fait vivre sous une plume alerte, légère, parfois humoristique, parfois pathétique, une galerie de personnages hors du commun.

Un paradoxe puisque ces personnages justement font partie de ce que l’on nomme le petit peuple et que théoriquement ils vivent dans un monde clos, fermé, et que rien d’extraordinaire, d’inhabituel ne peut leur arriver.

Tout ça à cause d’un concours gagné dans la sueur, la douleur et la rage de vaincre.

Lorsque j’avais participé comme animateur dans un débat auquel Didier Decoin avait été invité, en mai 1991, il avait déclaré que son souhait serait que La femme de chambre du Titanic soit adapté au cinéma avec dans le rôle principal Gérard Depardieu, un film réalisé par Milos Forman.

Ce projet a avorté. Mais il ne faut pas oublier que Didier Decoin, fils d’Henri Decoin le cinéaste, ne considère pas le film comme une œuvre mineure par rapport au cinéma.

 

Didier DECOIN : La femme de chambre du Titanic. Editions du Seuil. Parution janvier 1991. 334 pages.

ISBN : 9782020129251

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15 avril 2021 4 15 /04 /avril /2021 03:11

Congés payés ou non ?

Zelda POPKIN : Congés pour meurtre.

Phyllis Knight, avocate, n'assiste pas au repas mensuel organisé par Contempora, une association de femmes indépendantes. Son amie Mary Carner, inspectrice dans un grand magasin, s'inquiète.

Struthers, le secrétaire de Phyllis, tout en avouant ne pas avoir de nouvelles de l'avocate, se retranche derrière le secret professionnel. Quant au père de Phyllis, il ne possède guère plus de renseignements sur cette prétendue fugue. Une disparition qui à la limite le réjouit, n'ayant jamais accepté le fait que sa femme soit morte en mettant au monde leur fille.

Il se résigne à faire appel à la police au bout de quinze jours et Mary participe à la conférence de presse en tant qu'amie et enquêteuse. D'après son carnet de rendez-vous Phyllis a reçu le jour de sa disparition Nils Peterson, un petit propriétaire, et Sophie Duda, une jeune femme d'origine polonaise dont les démêlés avec Rockey Nardello, proxénète et organisateur de loteries, avaient conduit l'avocate chez le district attorney.

Phyllis avait également exprimé le désir d'aller au cinéma. Le milliardaire Saxon Rorke, affirme avoir eu rendez-vous lui aussi avec Phyllis, alors qu'elle était soi-disant fiancée à un industriel, Van Arsdale.

Mary fouille parmi les affaires de Phyllis en compagnie de Johnny Reese, un jeune inspecteur familier et sans-gêne. Quelques jours plus tard Rorke et Struthers, en qui Reese reconnait un individu ayant eu maille à partir avec la police, reçoivent une lettre signée Phyllis demandant qu'on cesse de la rechercher.

Le 1er avril de l'année suivante, le cadavre de Phyllis est découvert dans la cave d'un immeuble promis à la démolition. Elle a été tuée d'une balle de revolver et son corps déposé dans une chaudière. Un meurtre qui remonte à plusieurs mois. Les policiers trouvent un pistolet de fête foraine, une paire de lunettes, une torche, une table et quatre chaises, des jeux de cartes et des mégots de cigares dont un taché de rouge à lèvres. Il s'avère que l'immeuble appartient à Nils Peterson mais l'homme a disparu. Quant à l'immeuble contigu, c'est une ancienne maison de passes dirigée par Flo Gordon, une maquerelle de la bande à Nardello. Les soupçons pèsent sur le truand or celui-ci était en prison le jour de la disparition de Phyllis. L'enquête est confiée au commissaire Heinsheimer mais Mary préfère poursuivre ses investigations en solitaire, malgré ou à cause de la présence de Reese.

Un policier du nom de MacKinoy se tire une balle dans la tête et laisse une lettre par laquelle il nie avoir participé au meurtre de Phyllis. Contrairement au commissaire, Mary pense que MacKinoy est effectivement innocent et que sa mort n'est qu'un suicide maquillé. Elle rencontre Rorke bouleversé par l'annonce de la découverte du cadavre de Phyllis. Les pérégrinations de Mary l'amènent à rencontrer Sophie Duda bernée par Nardello et Flo Gordon. Cependant un homme est au dessus de Nardello et si elle ne connaît pas son nom, elle l'a vu aux actualités cinématographiques six mois auparavant. Mary demande à un ami d'organiser une séance de projection privée qui confirme ce qu'elle pensait.

 

L'intrigue construite par Zelda Popkin est conventionnelle et repose trop sur les coups de théâtre.

Ainsi le père de Phyllis s'accuse publiquement d'avoir tué sa fille pour venger la mère décédée en couches. Un faux coupable que le lecteur détecte, il y encore trop de pages à lire !

Et l'on pourrait reprocher également une traduction par trop argotique et elliptique dans certains dialogues sans compter sur les coquilles dues à l'imprimerie ou la photocomposition.

Seulement ce roman désuet et charmant possède un certain attrait dans la description de personnages pour l'époque peu conformistes et le premier chapitre se révèle l'apologie de la liberté de la femme sans que celle-ci tombe dans le travers de la caricature.

Zelda POPKIN : Congés pour meurtre. (Time of murder - 1940. Traduction de Hervé Denès). Collection Troubles. Editions Métailié. Parution février 1993. 262 pages.

ISBN : 9782864241423

Réédité dans la collection Le Masque N°2312. Librairie des Champs Elysées. 1996.

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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 03:32

Un titre de circonstance ?

Jean-François COATMEUR : La danse des masques.

Face aux enjeux économiques, l’avenir de La Source, une communauté de repris de justice fondée par un prêtre quelque peu marginal, se trouve fortement compromis.

Dans ce petit village breton, à mi-route de Quimper et de Lorient, les passions se déchaînent, attisées par le meurtre du propriétaire d’une biscuiterie.

Le fils, névropathe, s’insurgeant contre la férule d’un père trop autoritaire et coureur impénitent de jupons, a minutieusement chronométré son parricide.

Et c’est Roger Malinche, un repris de justice employé comme nettoyeur dans l’usine, qui servira de bouc émissaire. Accusé, Roger a le tort de s’enfuir, drainant derrière lui la maréchaussée.

Vatel, le prêtre responsable de la communauté, et Desforges, le maire du village, se trouvent en butte aux attaques qui fusent de partout. Les apparences sont contre eux et contre leur protégé, et les passions s’exaspèrent.

La vérité toute nue finira bien par sortir du puits mais au prix de nombreuses souffrances et de morts innocents.

 

Il est difficile de vouloir faire œuvre d’humanisme lorsque l’on vit parmi des aveugles et des sourds aux préjugés tenaces.

La vindicte populaire s’acharne surtout sur le pauvre hère qui a fauté une fois. On ne voit en lui qu’un dangereux récidiviste.

Une solution de facilité que dénoncent quelques hommes épris de justice et de liberté. Mais qu’il est donc malaisé de se faire entendre et surtout comprendre.

Jean-François COATMEUR : La danse des masques. Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution octobre 1989. 300 pages.

ISBN : 9782226038326

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13 avril 2021 2 13 /04 /avril /2021 03:56

Quand le Saint naviguait chez les éditeurs !

Leslie CHARTERIS : La tragédie du Louxor

Mollement allongé sur un rocher plat, Simon Templar s’adonne au bronzage intégral sur une plage de la baie de l’île de Tresco.

Il avait reçu quelques temps auparavant une lettre de son ami Smithson Smith, et à sa lecture, Simon avait décidé de quitter Londres engoncée par la chaleur.

Il était notamment question de l’arrivée de deux yachts dont l’un appartenant à Abdul Osman. Or Simon avait déjà rencontré Abdul Osman quelques années auparavant et il lui avait laissé sur le visage deux marques dont l’homme avait eu du mal à se débarrasser. C’est dire si leurs relations n’étaient pas au beau fixe, contrairement au temps.

Soudain Simon aperçoit une jeune fille qui manœuvre telle une débutante son canot et tombe par-dessus bord. Aussitôt il plonge à sa rescousse et sauve Laura de la noyade, la ramenant sur le yacht appartenant à son beau-père, Galbraith Stride. Non loin, il distingue que du yacht voisin, le Louxor, un homme le surveille à l’aide de jumelles. Il s’agit d’Abdul Osman.

De retour sur la terre ferme, Simon se rince le gosier en compagnie de son ami Smithson Smith, qui tient l’auberge locale. Soudain deux jeunes hommes entrent, se désaltèrent aux aussi puis l’un des deux s’en va. Il se blesse à la cheville et son ami le rejoint le ramenant à l’établissement. Cet épisode ne serait qu’une banalité si Simon ne s’était aperçu qu’ils en avaient profité pour lui glisser un poison ou un soporifique dans son verre de bière.

Naturellement Simon n’apprécie pas cette atteinte à son intégrité physique et il se lance dans une enquête qui le ramène à Abdul Osman, son ennemi. Or Galbraith Stride et Abdul Osman sont en cheville, se partageant le marché de la cocaïne et le trafic de Blanches au niveau mondial. Et Abdul Osman souhaite se débarrasser de son soi-disant partenaire dans ces affaires juteuses. Laura ne sait rien des affaires louches que traite son beau-père et encore moins de l’accord conclu entre les deux hommes. Car Osman veut épouser la jeune fille.

Mais Simon Templar est toujours là au bon moment pour remettre les choses en bon ordre et châtier, d’une manière ou d’une autre, légalement ou non, les coupables et les malfaisants.

Simon Templar est surnommé le Saint.

On n’était pas fixé exactement sur l’origine de ce surnom. Etait-ce parce que les initiales de Simon Templar – S.T. – faisaient penser à l’abréviation du mot « saint » : St ? ou bien parce que l’homme laissait toujours derrière lui, son crime accompli, une sorte de signature, un dessin linéaire, tel qu’en pourrait tracer un enfant, représentant un bonhomme dont la tête était surmontée d’une auréole symbolique ?

 

Publié en France par Fayard en 1933 dans le recueil Ici le Saint (The Saint and Mr. Teal ou Once more The Saint), cette nouvelle originellement titrée Galbraith Stride fut pendu, était accompagnée de L'Homme qui pouvait faire de l'or ou Le Secret du Professeur Quell (The Gold Standard) qui parut indépendamment dans la collection Crime et Police N°30 chez Ferenczi, rééditée dans la collection Le Verrou N°9.

Quant au titre ici proposé, il a été recueilli en France dans : Ici le Saint ! en 1933, réédité en 1934 dans la collection Crime et Police N°58 des éditions Ferenczi sous le titre La Tragédie du Louxor puis dans cette nouvelle édition en 1950.

Cette dernière précision est importante aux yeux des chercheurs et collectionneurs pour un raison toute simple : la seconde version parue chez Ferenczi semble avoir été remaniée pour coller à la date de parution.

En effet, on peut lire dans l’ouvrage paru dans la collection Le Verrou :

La maison qu’il avait choisie à son retour en Angleterre était encore aux mains des décorateurs qui réparaient fébrilement les dégâts causés par une puissante bombe explosant dans une pièce contiguë (page 5).

Comme la plupart des habitants du minuscule archipel (Les îles Scilly), il connaissait bien mieux l’Orient et les ports lointains que la moindre ville d’Angleterre. Cela avait frappé Templar dès ses premières visites à l’hôtel Tregarthen. Sur ces écueils, groupés à une quarantaine de milles du cap Land’s End, où l’on pouvait s’attendre à rencontrer des hommes n’ayant jamais quitté leurs îles, il avait retrouvé des gens qui connaissaient par leurs noms les rues de Bagdad et de Damas. Et quand on poussait un peu Mr. Smithson Smith sur ce sujet, il se recueillait un moment, ses yeux semblaient regarder très loin, sa voix s’adoucissait encore comme s’il revoyait plus nettement les déserts d’Arabie que la baie et les flots qui dansaient sous les fenêtres de l’hôtel… Simon sentait que, pour cet homme, tout l’intérêt de la vie tenait dans ces jours passés. La guerre avait pris des soldats dans tous les hameaux du Royaume-Uni pour les jeter à la mort, dans des lieux étranges, à l’autre bout du monde, puis les avait ramenés dans leurs villages endormis où ils se souvenaient (Page 24).

Doit-on attacher ces deux passages à des épisodes de la Seconde Guerre Mondiale ou tout simplement à la Grande Guerre ? Seul un collectionneur possèdant l’édition originale française dans la collection Crime et Police pourrait nous renseigner. Avis aux amateurs.

 

Leslie CHARTERIS : La tragédie du Louxor (The Death Penalty – 1933. Traduction de Claude Merry). Collection Le Verrou N° 5. Editions Ferenczi. Parution 3e trimestre 1950. 128 pages.

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8 avril 2021 4 08 /04 /avril /2021 04:25

Veuillez la fermer, afin d’éviter les courants d’air !

 

Jean-François COATMEUR : La porte de l'enfer.

S'ils te mordent, mords-les, telle est la fière devise de la bonne ville de Morlaix, dans le Finistère, nichée au fond de l'estuaire du Dossen.

Son précédent roman, dont la cité servait de décor, ayant connu le succès, Gilbert Valois, alerte sexagénaire et auteur renommé de romans policiers, s'est retiré dans la petite cité bretonne pour la seconde année consécutive afin d'y achever son nouveau manuscrit.

Il a lié des amitiés, avec Pierre Le Dérouet notamment ou encore Nathalie la journaliste qui est devenue sa maîtresse. Or Le Dérouet est décédé dans un accident d'auto avec son fils de onze ans dont il avait la garde pour une semaine, fait exceptionnel depuis sa séparation d'avec sa femme.

Même un ancien garagiste, ruiné il est vrai, peut rater une courbe et se planter dans le décor. Mais ce qui choque Valois, ce sont ces divergences qui entourent cet accident. Alors tel un chien de chasse il cherche, glane et accumule les informations, souvent contradictoires.

Le Dérouet parlait, sans qu'on y prêta vraiment attention, de sectes, il avait triché avec sa comptabilité et le reste à l'avenant. Seulement Valois découvre que malgré ses dénégations premières Génia possède un amant, l'énigmatique et cynique baron de Kergloff dont le manoir est situé dans le cœur des marais des Monts d'Arrée, cette Montagne Noire imprégnée de mystère et de légendes. De Kergloff est assisté d'un homme de confiance, un certain Steinert, et de deux Malinois dont les aboiements résonnent la nuit dans les tourbières au grand dam du voisinage.

 

Dans ce roman Jean François Coatmeur nous offre non seulement une histoire à l'atmosphère trouble issue des arcanes de la Bretagne profonde et mystérieuse, mais il s'amuse - ou passe ses états d'âme et ses crispations - avec les affres de l'écrivain lors de séances de dédicaces.

Contrairement au titre de la collection, il n'y a pas de véritable suspense dans ce livre puisque le lecteur se doute dès les premiers chapitres de l'identité du ou des coupables. Mais Coatmeur joue dans le registre du véritable roman noir, le Pourquoi primant sur le Qui et le Comment du roman policier traditionnel.

 

Jean-François COATMEUR : La porte de l'enfer. Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution octobre 1997. 344 pages.

ISBN : 9782226095138

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6 avril 2021 2 06 /04 /avril /2021 03:58

Les histoires d’amour finissent mal, en général !

Guy VANDER : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ?

Cousines, Louise, dix-sept ans, et Madeleine, vingt-deux, ont été élevées par le père de Louise, devenu veuf à la naissance de sa fille. Madeleine est orpheline recueillie par son oncle.

Au moment où nous faisons leur connaissance, elles sont toutes deux excitées car Robert Wall, le fils d’un ami exilé aux Etats-Unis, doit arriver. Enfin Louise va rencontrer pour la première fois celui qui lui est promis depuis des années.

Le mariage est projeté, seulement, comme vous pouvez vous en douter, des interférences amoureuses se produisent. Madeleine est attirée, malgré elle par le beau jeune homme, qui lui aussi se sent aimanté, malgré la présence affective de Louise.

Il va même déclarer sa flamme auprès de Madeleine qui tente de le raisonner. Elle ne veut pas trahir sa cousine.

Le mariage est célébré, Louise nage dans le bonheur, tandis que Robert nage dans les eaux troubles de l’envie. Un jour il soutient avec encore plus de tendresse, plus de chaleur, son amour à Madeleine qui elle aussi ressent la même émotion, tout en essayant de le repousser.

L’oncle de Madeleine, dont les oreilles traînent non loin, est persuadé que les deux jeunes gens sont amants. Il n’accepte pas cette situation et signifie à Madeleine, qui pleure comme une madeleine justement, qu’elle doit quitter la demeure et s’installer ailleurs, hors de sa vue.

Robert n’a pas dit son dernier mot !

 

Dans une intrigue conventionnelle, celle du trio, Guy Vander décrit cette histoire d’amour contrarié avec un côté sentimental larmoyant. Madeleine est confronté à un terrible dilemme, aimer le mari de sa cousine ou se désister. Elle résiste, grâce à son abnégation, mais une faille se produit. Toutefois elle trouvera la force pour résister après avoir succombé.

L’illustration de couverture est trop explicite pour laisser planer le doute sur le dénouement, mais tant pis, la lecture de cette historiette est trop agréable pour la négliger.

 

Guy VANDER : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? Collection Mon livre favori N°601. Editions Ferenczi. Parution 22 octobre 1932. 64 pages.

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1 avril 2021 4 01 /04 /avril /2021 04:00

Dans les plaines du far-west, quand vient la nuit…

BUFFALO Bill : A la rescousse ou Les francs-tireurs à cheval

Un cow-boy parfois se repose, même lorsque l’on s’appelle William Cody, alias Bill Cody, alias Buffalo Bill. Mais il est toujours sur ses gardes et ne dort que d’un œil.

Allongé dans l’immense plaine de l’Arkansas près d’un massif de cotonniers, il entend une galopade dans le lointain. Son fidèle cheval, Bucksin, lui aussi a perçu le bruit émanant de sabots. Un cri de femme résonne ainsi que des coups de feu.

Bientôt une jeune fille juchée sur un petit cheval bai est poursuivie par une bande de brigands. Mais l’animal butte et Alice, c’est ainsi que la nomme le chef de ses poursuivants, se trouve en fort mauvaise posture. Heureusement Buffalo Bill est là, chevalier sauvant la veuve et l’orphelin, et les jeunes filles en péril.

Sans viser, Buffalo Bill tire trois balles avec sa carabine. Bilan, deux hommes à terre, ainsi que le cheval du chef, Jack Corters, qui se prétend colonel et est surnommé le Loup de la prairie. Bravache, il préfère toutefois déguerpir ainsi que ses hommes.

Buffalo reconnait en la jeune fille Alice Enfield, dont le père tient l’Agence indienne, un grand magasin fournissant tout ce dont ont besoin Blancs et Rouges. Alice s’est enfuie, ayant eu des différents avec son père qui l’a élevée. Mais Enfield veut récupérer sa fille, et Buffalo Bill ne peut s’élever contre l’autorité paternelle. Alice dit à Buffalo, avant de le quitter, de se méfier d’un certain Hankins, un sang-mêlé, un fourbe qui fricote avec les Cheyennes mais également avec son père.

Seulement les Cheyennes patrouillent dans la région. Heureusement, quatre hommes, des employés de Buffalo Bill arrivent à la rescousse, mettant en fuite les indiens. Puis Buffalo et ses hommes se rendent chez sa mère où vivent ses deux sœurs et leurs maris, leurs enfants, ainsi que les employés, souvent des amis.

Bientôt un orage suivi d’une tempête éclate et Hankins se présente à la ferme de Ruby Creek, le domaine de la famille Cody. La loi de l’hospitalité prévaut, et il est invité à se restaurer. Blessé, Enfield se réfugie dans la ferme, accusant Jack Corters d’avoir enlevé Alice. Jack Corters revanchard passe à l’attaque avec sa bande. Une des gamines est grièvement blessée. Fourbe, Hankins l’est réellement puisqu’il déclare sa flamme à Lotty, l’une des femmes de la maison. Mais les malheurs de Lotty ne sont pas terminés, car Hankins profite d’un moment où ils sont seuls pour hypnotiser la jeune femme et l’enlever.

Buffalo et ses compagnons se lancent à la poursuite de la bande de Jack Corters qui est allié avec les Cheyennes. Mais Buffalo trouve de l’aide avec une autre ethnie indienne, les Ogallallas, grâce à l’entremise de la reine Allanah qui règne sur la tribu depuis quelques décennies.

Les deux camps s’affrontent dans l’île aux Ours mais leurs déboires ne sont pas terminés. De nombreux combats ponctuent cette intrigue dont le dénouement réserve quelques surprises familiales.

 

L’on retrouve dans cette histoire un Buffalo Bill différent de ses précédentes aventures. Il n’est pas soldat et son combat est axé contre des bandits et des indiens. Plus particulièrement les Cheyennes, considérés comme les mauvais garçons. Mais en contrepoint, les Ogallallas sont eux des bons sujets, de bons indiens, et donc il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. D’ailleurs, la plupart du temps, les indiens incriminés sont mené par des blancs, des hors-la-loi, plus virulents que les autochtones.

En fait, l’Arkansas était alors le rendez-vous d’une quantité de gens sans aveux qui, pour les colons honnêtes du pays, constituaient un bien plus grand danger que les Indiens avec qui les fermiers étaient en lutte perpétuelle. La manière dont les hommes rouges pratiquaient la guerre, tout abondante qu’elle fût en ruses et en traîtrises, pouvait être qualifiée de loyale en comparaison de la lâche et ignoble perfidie que déployaient les voleurs blancs pour arriver à leurs fins.

 

BUFFALO Bill : A la rescousse ou Les francs-tireurs à cheval (Buffalo Bill’s Rifle Rangers – A story of Rough Riding Rescue). Fascicule 3. Parution éditions Eichler 1906-1908.

Réédition : Ebooks libres et gratuits. Parution février 2018. 113 pages.

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31 mars 2021 3 31 /03 /mars /2021 04:35

Meilleur que le bain du même nom ?

Max-André DAZERGUES : Le cocktail de minuit.

La fête bat son plein à l’Elyséeum, un luxueux music-hall de l’avenue des Champs-Elysées, et surtout dans les coulisses. Le spectacle mis en scène par Maxime Frémy, le directeur, vient d’être joué pour la deux-centième fois et la vedette principale, Gladys Damour, est ovationnée. Elle doit se produire pour les Etats-Unis.

Naturellement Maxime Frémy est aux anges, mais il n’est pas le seul. L’amant de la charmante chanteuse, le banquier Abel Berhmann, ne peut que se réjouir, car le succès enregistré par sa maîtresse rejaillit sur lui. Seul peut-être Mimi d’Olso, le chanteur florentin, un individu chafouin, ressent une pointe de jalousie.

Berhmann invite chez lui à une petite fête quelques-uns des participants à cette prestation qui vient de se terminer. En sortant il remarque une des danseuses, une des Darling Girls, et elle lui tape dans l’œil. Et il se renseigne auprès de Mimi d’Olso. Comme à son habitude, à minuit, délaissant ses invités, Berhmann se rend dans son bureau afin de déguster son cocktail de minuit qu’il ingurgite quotidiennement à la même heure.

Ignorant l’attrait qu’elle suscite, Colette Denis rentre chez elle, dans sa mansarde où elle vit avec sa mère souffrante. Leur jeune voisin, Georges Serrières, s’enquiert de leur santé. Il est si prévenant avec Colette.

Dans un journal, il repère une petite annonce dans laquelle il est précisé qu’on recherche un secrétaire particulier. Pas de nom mais un numéro. Il se rend au journal, puis au domicile du particulier qui n’est autre que le banquier Berhmann. Celui-ci engage le jeune homme mais à une condition, que Georges soit à sa disposition vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Comme Georges a besoin de se refaire une santé financière il accepte, mais ne peut prévenir immédiatement son amie Colette.

Berhmann demande à Mimi d’Olso de lui organiser une entrevue avec Colette, et la jeune fille, confiante se présente au domicile du banquier. Elle accepte une coupe de champagne puis Berhmann tente de la prendre dans ses bras. Quoiqu’elle soit un peu grise, Colette se défend. C’est à ce moment que Georges entre inopinément dans la pièce et surprend Colette dans les bras de son patron.

Aussitôt il imagine que son amie cède aux avances de son patron alors qu’il n’en est rien, au contraire. Il coupe les ponts avec la pauvre Colette. Un peu plus tard, la banque Berhmann connait de sérieuses difficultés de trésorerie, mais Berhmann n’en a cure. Il continue à déguster son cocktail de minuit. Jusqu’au jour où il est découvert mort dans son fauteuil. Empoisonné. Crime ou suicide ? Georges est soupçonné de meurtre.

 

Comme souvent, un roman sentimental peut cacher une histoire policière.

Le cocktail de minuit est une œuvre de jeunesse, avec ses défauts et ses qualités, et malgré certaines coïncidences troublantes, l’intrigue tient la route, avec un épilogue dont on se doute mais qui est toutefois bien amené.

Par la suite Max-André Dazergues rédigera des intrigues plus abouties, toujours dans le registre sentimentalo-policier, mais en se renouvelant.

Max-André DAZERGUES : Le cocktail de minuit. Collection Mon livre favori. Editions Ferenczi. Parution 5 août 1929. 64 pages.

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30 mars 2021 2 30 /03 /mars /2021 04:37

Admirez la sobriété de la couverture !

Jo BRIX : Tirez les premiers.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, la vedette allemande S-121 a pour mission de patrouiller en Mer du Nord et de surveiller les déplacements des navires britanniques et les convois américains apportant ravitaillement et matériel aux Russes.

Le capitaine de corvette Karl Winkler est d’abord un soldat allemand, embringué dans une guerre qu’il subit sans partager l’idéologie nazie. Au contraire de l’enseigne de vaisseau Thielen, jeune viking blond aux yeux d’acier, qui lui est résolument nazi.

Ne confondez jamais un soldat allemand et un soldat nazi, lui intime-t-il alors qu’il surveille avec ses jumelles le Heinkel abattu par des Spitfires au dessus de leurs têtes. Mais le brouillard les empêche de distinguer le lieu d’amerrissage des parachutistes.

Deux autres vedettes rapides allemandes sillonnent également la mer. Bientôt la S-121 est engluée dans un des convois. Un destroyer se lance à leur chasse mais ils parviennent à lui échapper. Un cargo lourdement chargé se présente quasiment face à eux mais il est accompagné par un croiseur qui n’hésite pas à lancer des torpilles.

Les deux autres vedettes allemandes arrivent rapidement sur place mais elles sont victimes des tirs nourris des escorteurs allemands. La S-121 parvient à échapper aux navires alliés et retrouve sur sa route le cargo. Le capitaine, après avoir reçu les ordres de l’état-major tranquillement installé à l’abri à terre, fait envoyer des torpilles sur le cargo.

Le bâtiment est touché et ils récupèrent trois naufragés. Un vieil homme grièvement blessé et deux jeunes femmes, des Suédoises, sont recueillies. La Suède est un pays neutre, n’est pas en guerre et donc les naufragés sont étrangers au conflit. Le vieil homme décède rapidement et il est immergé.

La vedette joue au chat et à la souris avec les navires alliés. Le brouillard et le froid s’intensifie et la navigation s’effectue au radar. Elle va rencontrer un navire qui s’avère être un leurre puis plus problématique, un sous-marin.

Mais à bord la tension est vive entre le capitaine, vieux marin expérimenté, et l’enseigne de vaisseau, un jeunot imbu de lui-même, ayant obtenu ses galons sur les bancs de l’école, mais fanatique. Et la présence des deux jeunes femmes n’arrange pas la situation.

 

Ce bon roman consacré à un épisode de la guerre maritime entre l’Allemagne et les Alliés était probablement destiné à la collection Feu lorsqu’il a été écrit. Mais celle-ci fut sabordée en 1975.

Et sous le pseudonyme de Jo Brix se cachait un romancier du Fleuve Noir, Roger Maury, qui eut quelques démêlés avec cette maison d’éditions à cause, notamment, de sa collusion avec Henry Trémesaigues, qui avait fondé la sienne, employant de nombreux auteurs sous divers alias maison.

C’est ainsi que furent publiés, outre Roger Maury, Piet Legay ou encore Roger Vlatimo, un vieux routier du roman populaire souvent sous des pseudonymes conjoints.

Tirez les premiers est solidement charpenté, documenté, seulement, collection oblige, des épisodes érotiques se sont greffés sur l’intrigue. Etaient-ils prévus dès le départ, ou ont-ils été ajoutés pour justifier le titre de la collection Warsex, l’auteur ne nous le dévoilera plus puisque Roger Maury est décédé en 2016.

Toute l’action se déroule sur la vedette, unité de lieu, en une journée et une nuit, unité de temps, avec l’antagonisme entre deux hommes qui se dressent l’un contre l’autre et dont les idées sur la guerre sont diamétralement opposées.

Et dire qu’il y avait toujours quelques idiots pour croire en la valeur des généraux, des amiraux… Des types comme les autres, oui ! Comme les politicards qui menaient le monde. Comme le grand et superbe Reichführer. Des types à qui on élèverait des statues si on gagnait et que l’on vomirait si on perdait. Des types qui retireraient la gloire d’avoir fait tuer des milliers d’hommes sans jamais connaître de la guerre autre chose que ce qu’ils lisaient dans les fameux rapports.

Jo BRIX : Tirez les premiers. Collection Warsex N°017. Editions Promodifa. Parution 2e trimestre 1976. 192 pages.

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26 mars 2021 5 26 /03 /mars /2021 04:50

Sans conservateur !

Henri CHRISTIAN : Sorbet au sang.

Il neige sur Oléron, La Tremblade et Marennes. Un temps peu propice pour sortir en 4L. N’est-ce pas messieurs les gendarmes qui vous retrouvez les roues en l’air, au fond d’un ravin, groggys comme si vous aviez percuté une moissonneuse-batteuse-lieuse. Voiture et, plus embêtant, radio inutilisables.

Que faire dans ce cas ? Tout simplement rentrer à la gendarmerie à pied.

En cours de route nos deux pandores rencontrent bien des motards mais ceux-ci sont également en panne. Ils continuent leur promenade forcée en espérant trouver âme qui vive, mais en hiver, toutes les habitations, essentiellement des résidences secondaires, sont désertes. Pourtant un téléphone serait le bienvenu, afin de prévenir les collègues et sortir de la panade dans laquelle ils sont plongés.

Pendant ce temps, Albert Simin, dit le Cow-boy, procède à une attaque en règle en compagnie d’autres malfrats. Tout avait été pensé, conçu de main de maître et l’attaque de la diligence, pardon, du fourgon blindé, a lieu comme prévu.

Quelques balles sont échangées, des corps restent sur le tapis enneigé, mais ce sont les aléas du métier. Ce qui n’était pas prévu, c’était ce fameux accident qui favorise des rencontres avec la maréchaussée, rencontres non souhaitées.

Ce roman dû à deux journalistes, Henri Bovet et Christian Gonzalès, est mené rondement et se lit rapidement. Un roman au style qui mêle lyrisme d’avant-garde et argot désuet. Déconcertant mais pas dénué d’intérêt.

Henri CHRISTIAN : Sorbet au sang. Collection Beretta 9 mm N°4. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1989. 160 pages.

ISBN : 9782265041783

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