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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 03:32

Un titre de circonstance ?

Jean-François COATMEUR : La danse des masques.

Face aux enjeux économiques, l’avenir de La Source, une communauté de repris de justice fondée par un prêtre quelque peu marginal, se trouve fortement compromis.

Dans ce petit village breton, à mi-route de Quimper et de Lorient, les passions se déchaînent, attisées par le meurtre du propriétaire d’une biscuiterie.

Le fils, névropathe, s’insurgeant contre la férule d’un père trop autoritaire et coureur impénitent de jupons, a minutieusement chronométré son parricide.

Et c’est Roger Malinche, un repris de justice employé comme nettoyeur dans l’usine, qui servira de bouc émissaire. Accusé, Roger a le tort de s’enfuir, drainant derrière lui la maréchaussée.

Vatel, le prêtre responsable de la communauté, et Desforges, le maire du village, se trouvent en butte aux attaques qui fusent de partout. Les apparences sont contre eux et contre leur protégé, et les passions s’exaspèrent.

La vérité toute nue finira bien par sortir du puits mais au prix de nombreuses souffrances et de morts innocents.

 

Il est difficile de vouloir faire œuvre d’humanisme lorsque l’on vit parmi des aveugles et des sourds aux préjugés tenaces.

La vindicte populaire s’acharne surtout sur le pauvre hère qui a fauté une fois. On ne voit en lui qu’un dangereux récidiviste.

Une solution de facilité que dénoncent quelques hommes épris de justice et de liberté. Mais qu’il est donc malaisé de se faire entendre et surtout comprendre.

Jean-François COATMEUR : La danse des masques. Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution octobre 1989. 300 pages.

ISBN : 9782226038326

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8 avril 2021 4 08 /04 /avril /2021 04:25

Veuillez la fermer, afin d’éviter les courants d’air !

 

Jean-François COATMEUR : La porte de l'enfer.

S'ils te mordent, mords-les, telle est la fière devise de la bonne ville de Morlaix, dans le Finistère, nichée au fond de l'estuaire du Dossen.

Son précédent roman, dont la cité servait de décor, ayant connu le succès, Gilbert Valois, alerte sexagénaire et auteur renommé de romans policiers, s'est retiré dans la petite cité bretonne pour la seconde année consécutive afin d'y achever son nouveau manuscrit.

Il a lié des amitiés, avec Pierre Le Dérouet notamment ou encore Nathalie la journaliste qui est devenue sa maîtresse. Or Le Dérouet est décédé dans un accident d'auto avec son fils de onze ans dont il avait la garde pour une semaine, fait exceptionnel depuis sa séparation d'avec sa femme.

Même un ancien garagiste, ruiné il est vrai, peut rater une courbe et se planter dans le décor. Mais ce qui choque Valois, ce sont ces divergences qui entourent cet accident. Alors tel un chien de chasse il cherche, glane et accumule les informations, souvent contradictoires.

Le Dérouet parlait, sans qu'on y prêta vraiment attention, de sectes, il avait triché avec sa comptabilité et le reste à l'avenant. Seulement Valois découvre que malgré ses dénégations premières Génia possède un amant, l'énigmatique et cynique baron de Kergloff dont le manoir est situé dans le cœur des marais des Monts d'Arrée, cette Montagne Noire imprégnée de mystère et de légendes. De Kergloff est assisté d'un homme de confiance, un certain Steinert, et de deux Malinois dont les aboiements résonnent la nuit dans les tourbières au grand dam du voisinage.

 

Dans ce roman Jean François Coatmeur nous offre non seulement une histoire à l'atmosphère trouble issue des arcanes de la Bretagne profonde et mystérieuse, mais il s'amuse - ou passe ses états d'âme et ses crispations - avec les affres de l'écrivain lors de séances de dédicaces.

Contrairement au titre de la collection, il n'y a pas de véritable suspense dans ce livre puisque le lecteur se doute dès les premiers chapitres de l'identité du ou des coupables. Mais Coatmeur joue dans le registre du véritable roman noir, le Pourquoi primant sur le Qui et le Comment du roman policier traditionnel.

 

Jean-François COATMEUR : La porte de l'enfer. Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution octobre 1997. 344 pages.

ISBN : 9782226095138

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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 04:21

Je ne sens plus
Ma différence
Quelque chose me drape
Quelque chose me tue
Quelque chose m'attaque
Je ne la sens plus
Ma différence…

Daniel CARIO : Le sourire du lièvre.

Leur première rencontre, c’était dans la cour de l’école privée de Saint-Mériac, dans les environs de Quimper, en cours préparatoire.

Pourtant c’était comme si elles s’étaient regardées dans une glace, seule la couleur de cheveux les différant l’une de l’autre. Sinon on aurait pu dire qu’elles étaient jumelles, tellement elles se ressemblaient. Jusqu’au bec-de-lièvre qui ornait leur lèvre supérieure.

Marie est la fille adoptive d’un riche notable, qui dirige une entreprise de pompes funèbres, qui ne connait pas la crise, vivant dans un grand manoir situé à la lisière de Saint-Mériac. Hubert Lesvêque et sa femme ont un fils âgé de quatre ans de plus que Marie. Maurice est un fourbe, un être chafouin, qui n’a de cesse d’importuner Marie. Hubert est colérique tandis que sa femme se laisse embobiner par son mari. Marie a été adoptée par madame Lesvêque, malgré l’avis de son mari, parce qu’ils ne pouvaient avoir d’autres enfants, mais elle est un peu la souffre-douleur du foyer. Elle a été recueillie alors qu’elle n’avait que quelques jours, n’ayant pas été déclarée, et ne possède que pour seul bagage une petite médaille en argent qu’elle garde précieusement par devers elle.

Jeanne est la fille d’un vannier qui vit seul dans une maison isolée, dans les bois, mais assez proche toutefois du manoir des Levesque. La mère est décédée trop tôt, et le vannier a reporté toute son affection et son amour sur sa fille. Il n’est pas riche même s’il a trouvé un petit pécule caché dans cette fermette.

Entre les deux gamines, aussitôt, s’élève comme une bulle dans laquelle elles sont enfermées, n’écoutant pas les railleries des autres élèves. Seule leur institutrice les affectionne, ainsi que la directrice dans un moindre sentiment toutefois. Elles deviennent deux sœurs inséparables, au grand plaisir du vannier, tandis que le père Lesvêque et sa femme s’offusquent de cette alliance qu’il juge hors norme. Sa fille ne doit pas frayer avec la fille d’un romanichel, ainsi considère-t-il le vannier. Tandis que Maurice continue à taquiner, à harceler Marie. Les Lesvêque préférant ne rien voir, le gamin ayant toujours raison selon eux.

Jusqu’au jour où le père Lesvêque, dont l’entreprise de pompes funèbres prend de plus en plus d’importance, décide de séparer les deux gamines, envoyant sa fille dans un institut privé catholique dans une ville voisine. En réalité il s’agit d’une usine à fabriquer des religieuses. Les deux fillettes correspondent et les années passent jusqu’au jour où Marie s’évade de cette institution qu’elle exècre, six ans après y avoir été enfermée.

Marie et Jeanne, qui ont alors treize ans, vont pouvoir se retrouver mais le drame éclate, d’une part à cause d’une ronce enfoncée dans la main de Jeanne, et d’autre part par un nouvel harcèlement de Maurice, qui à dix-sept ans veut se prouver qu’il est un homme auprès de Marie.

Marie est portée manquante et Lesvêque, qui n’est pas charitable, accuse le vannier de cacher sa fille. Les années passent, la guerre est déclarée et la soldatesque nazie envahit la Bretagne. Le petit village n’est pas épargné et le manoir de Lesvêque sert alors de quartier général.

 

Ce roman, qui comprend cinq parties, aurait pu être scindé en deux tomes, tellement la première partie, axée sur l’amitié des deux gamines, aurait suffit pour alimenter l’intrigue. La seconde partie, qui est plus orientée sur les démêlés du vannier et de sa fille face à la haine qu’entretient Lesvêque qui s’adonne de plus en plus à la boisson, plonge le lecteur dans les affres de la guerre, l’Occupation et la Résistance.

La première partie est titrée La rencontre, la troisième et la quatrième L’Occupation et La Résistance, et la dernière La révélation. Et la deuxième me demanderez-vous ? Son titre est trop révélateur pour que je le dévoile, mais vous pouvez toujours compulser cet ouvrage chez votre libraire préféré, puisqu’il est considéré, et ce n’est que justice, comme commerce essentiel.

Certains passages sont poignants, notamment lorsque la Résistance entre en conflit avec l’Occupant, des hommes considérés comme des terroristes par les Nazis, des Résistants par les Bretons, du moins la plupart, car d’autres trouvent leur compte dans la présence de la soldatesque allemande. Comme quoi les actions sont interprétées différemment selon que l’on se place d’un côté ou de l’autre des belligérants. Et la versatilité des individus est conditionnée par les avis des uns et des autres.

Si ce roman est l’éloge de l’amitié et du droit à la différence, sociale et physique, c’est aussi celui du secret qui souvent prévaut dans les campagnes profondes. Secret familial évidemment avec l’origine indéterminée des enfants abandonnés. S’y ajoute un petit côté fantastique lorsque la fille du vannier est reconnue comme une guérisseuse par l’imposition des mains. Mais il est vrai que l’influence des guérisseurs, des rebouteux, était forte dans la population, à tort ou à raison.

Un roman que l’on ne peut lâcher en cours de lecture tant l’intrigue est habilement élaborée, réservant de nombreuses surprises et sautillant de rebondissement en rebondissement.

Daniel CARIO : Le sourire du lièvre. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution le 11 mars 2021. 542 pages. 21,00€.

ISBN : 9782258192829

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26 mars 2021 5 26 /03 /mars /2021 04:50

Sans conservateur !

Henri CHRISTIAN : Sorbet au sang.

Il neige sur Oléron, La Tremblade et Marennes. Un temps peu propice pour sortir en 4L. N’est-ce pas messieurs les gendarmes qui vous retrouvez les roues en l’air, au fond d’un ravin, groggys comme si vous aviez percuté une moissonneuse-batteuse-lieuse. Voiture et, plus embêtant, radio inutilisables.

Que faire dans ce cas ? Tout simplement rentrer à la gendarmerie à pied.

En cours de route nos deux pandores rencontrent bien des motards mais ceux-ci sont également en panne. Ils continuent leur promenade forcée en espérant trouver âme qui vive, mais en hiver, toutes les habitations, essentiellement des résidences secondaires, sont désertes. Pourtant un téléphone serait le bienvenu, afin de prévenir les collègues et sortir de la panade dans laquelle ils sont plongés.

Pendant ce temps, Albert Simin, dit le Cow-boy, procède à une attaque en règle en compagnie d’autres malfrats. Tout avait été pensé, conçu de main de maître et l’attaque de la diligence, pardon, du fourgon blindé, a lieu comme prévu.

Quelques balles sont échangées, des corps restent sur le tapis enneigé, mais ce sont les aléas du métier. Ce qui n’était pas prévu, c’était ce fameux accident qui favorise des rencontres avec la maréchaussée, rencontres non souhaitées.

Ce roman dû à deux journalistes, Henri Bovet et Christian Gonzalès, est mené rondement et se lit rapidement. Un roman au style qui mêle lyrisme d’avant-garde et argot désuet. Déconcertant mais pas dénué d’intérêt.

Henri CHRISTIAN : Sorbet au sang. Collection Beretta 9 mm N°4. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1989. 160 pages.

ISBN : 9782265041783

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4 mars 2021 4 04 /03 /mars /2021 04:27

En français, Cow-boy veut dire bouvier ou garçon vacher.

James HOLIN : Pleine balle.

Pourquoi a-t-on affublé de ce terme certains policiers particulièrement virulents ? Parce qu’ils sont souvent prompts à dégainer leur colt ? Peut-être.

C’est le cas de Camerone, commissaire à la Police Judiciaire de Creil, que l’idée vengeance taraude depuis trente ans. Il vit seul, sa femme ayant préféré le quitter pour ne plus subir son caractère acrimonieux, emmenant avec elle leur fille. Et il fait partie de ces nombreux policiers cabossés (il n’y a plus que ça en littérature noire !) avec sa main droite inexistante, sauf lorsqu’il enfile une réplique en résine.

Un vendredi en fin d’après-midi, à quelques jours de Noël, alors que le froid règne en maître sur la cité, Camerone, descendant de Kabyle aux yeux bleus, vitupère. Il est convoqué à Beauvais à une réunion de travail organisée par le directeur de cabinet du préfet, et à laquelle participent également quelques huiles qu’il n’apprécie guère. Seule la colonelle de gendarmerie trouve grâce à ses yeux, à cause de son humour et de son détachement envers ces réunionites qui ne servent à rien.

Quelques affaires sont évoquées, des incivilités affublées d’un nom anglo-saxon, ce qui leur confère probablement plus d’intérêt qu’elles n’en valent. A un moment la colonelle évoque des attaques de distributeurs de billets à la bonbonne de gaz. Aussitôt Camerone établit un lien avec le Blond, un spécialiste de ce genre de braquage qui n’a plus fait parler de lui depuis un bout de temps.

Rentrant à Creil, il est informé qu’un véhicule vient d’être découvert calciné. Il se rend immédiatement sur place, puisque c’est sur son chemin. La plaque d’immatriculation a été volée sur un autre véhicule. Et une concession de voitures allemandes, située près de Chantilly, a été braquée la nuit même. Les indélicats sont repartis avec une grosse cylindrée en brisant la vitre du magasin. Comme personne ne l’attend chez lui, il décide d’aller faire une petite visite chez le concessionnaire afin de visionner les enregistrements des caméras de surveillance.

Il assiste en différé à l’attaque de la concession et du départ précipité de la salle d’exposition (Showroom pour les snobs) de la voiture volée. Un épisode parmi tant d’autres à mettre à l’actif des cambrioleurs. Il s’agit de trois hommes cagoulés et il lui semble reconnaître à l’apparence physique, à sa façon de procéder, à une gourmette, celui qu’il traque depuis des années. Celui qui est surnommé le Blond, ou encore le Manouche.

Par un indicateur qui vit lui-même dans une caravane, il parvient à engranger quelques éléments concernant les trois malfrats et localiser l’endroit où se terre le Blond. Mais il veut le surprendre en flagrant délit. Alors il appelle à la rescousse ses hommes, dont une femme. Débute alors une course poursuite nocturne entre le Blond et ses deux compagnons, et les deux voitures banalisées de la police, avec à bord Bernard, son adjoint, Leila, la capitaine de la PJ avec laquelle il entretient une relation épisodique et en dents de scie, Martoche, le brigadier pas très finaud ainsi que Testo, un petit nouveau qui est un adepte de la musculation. En salle ou ailleurs.

Débute une longue nuit de poursuite sur les routes départementales de l’Oise, avec une incursion dans la Somme, les policiers assistants à quelques effractions de la part du Blond et de ses compagnons. Et dans le froid et l’humidité, Camerone pourrait fredonner La nuit est chaude, elle est sauvage…, mais il n’est pas un amateur de chansons populaires. Il préfère la musique dite classique.

 

Le lecteur suit cette équipée sauvage tout en découvrant au cours des chapitres ce qui motive cette vindicte qui anime Camerone. Pour autant, et ce n’est que mon avis personnel, je n’ai guère ressenti de compassion, d’empathie, ni même de sympathie envers ce flic obnubilé par une affaire dramatique qui remonte à trente ans auparavant.

Certes, James Holin joue dans le registre de l’émotion, mais cela ne suffit pas pour faire vibrer. Certes il existe des épisodes épiques, très cinématographiques, avec un policier qui se prend pour l’inspecteur Harry Callahan, plus connu sous le surnom de Dirty Harry. Les différents protagonistes de cette intrigue menée en quatrième vitesse, ils passent même la sixième en certains endroits, ne sont pas lisses. Ils possèdent tous un profil atypique, une psychologie très marquée devenant presque des caricatures de personnages sortis d’une bande dessinée. Et parfois la tension monte entre eux dans une ambiance de jalousie, de déception, de rancœur. Mais il faut préciser que Camerone y est pour beaucoup dans ce climat délétère.

D’autres épisodes sont humoristiques, notamment la conférence de presse organisée par le procureur d’origine alsacienne surnommé Kouglof. Un personnage imbu de sa petite personne et qui ramène à lui les succès enregistrés par les policiers.

Autre moment de détente, lorsque les policiers empruntant un chemin forestier tombent sur des amatrices de glands dans une forêt de chênes. Si je puis m’exprimer ainsi.

 

James HOLIN : Pleine balle. Collection Polar en France N°32. Editions du Caïman. Parution 23 février 2021. 268 pages. 13,00€.

ISBN : 978-2919066872

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2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 05:12

Quand un gendarme rit, dans la gendarmerie…

Henri CHRISTIAN : Lame louche pour un Manouche.

Encore une collection éphémère !

Cette nouvelle collection éditée par le Fleuve Noir et écrite par deux journalistes se veut fort sympathique car elle met en scène des personnages que l’on a plus l’habitude de remarquer les jours de week-end, le long des routes, surveillant la circulation en verbalisant les chauffards imprudents et trop pressés.

C’est oublier un peu vite que les gendarmes, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, jouent un rôle prépondérant dans le monde rural et qu’ils sont à même de mener des enquêtes souvent ardues dans un contexte pas toujours bon enfant.

Foin donc des super-héros, mais un hommage rendu à des hommes qui tentent de faire leur métier le mieux possible. C’est le travail de toute une équipe qui est mis en valeur, et cette série, sans prétention, a le mérite de montrer les difficultés que rencontrent des hommes sur le terrain.

 

Lame louche pour un Manouche nous entraîne dans une communauté que peu de gens connaissent vraiment et sur laquelle, pour d’obscures raison, plane une aura de méfiance et de maléfice. Les gens du voyage, les Bohémiens, réputés à tort souvent comme des voleurs de poules et d’enfants, les Manouches, mot employé comme un qualificatif de dénigrement et de rejet. Devenu souvent synonyme de voyou.

Dans la région d’Angers, en une nuit, sept châteaux ont eu droit à la visite de cambrioleurs qui ont dérobé des pendules, des meubles.

Chez le marquis de Gerbeau ce sont des tabatières qui ont disparu. Le marquis a reçu une décharge de chevrotines dans l’épaule. Le crime semble signé, pourtant les deux communautés de Manouches qui vivent dans la région, et qui sont à couteaux tirés entre elles, n’ont jamais eu maille à partir avec les forces de l’ordre, ou si peu. Dans le même temps, la fillette de l’expert chargé d’évaluer les dégâts est enlevée.

Ces deux affaires échouent dans les mains des gendarmes, plus particulièrement dans celles de Guérin, ancien aide de camp du marquis de Gerbeau.

 

Une série reposante qui change de celles consacrées aux brigades mais n’aura pas connu le succès puisque seuls quatre titres seront proposés. Peut-être la présence des gendarmes aura-t-elle nui à cette collection dont les couvertures, il faut bien l’avouer, n’étaient guère affriolantes.

Sous le pseudonyme de Henri Christian, se cachent deux journalistes, Henri Bovet et Christian Gonzalès.

Henri CHRISTIAN : Lame louche pour un Manouche. Collection Beretta 9mm N°1. Editions Fleuve Noir. Parution mars 1989. 192 pages.

ISBN : 9782265040007

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25 février 2021 4 25 /02 /février /2021 04:24

Un auteur bicéphale

Pierre MAËL : Fille de rois.

En ce mois de janvier 1641, partie de la région de Quimperlé, la jeune Jeanne de Plonay, comtesse de Blois et de Poher, treize ans, surnommée Jeanne la Pâle à cause de son teint de porcelaine blanche, se rend à Rennes. Elle désire rencontrer les Messieurs du Parlement afin de plaider sa cause dans une affaire de spoliation d’héritage que c’est approprié un sien parent.

Elle est accompagnée de huit personnes : son cousin Hervé de La Ville-Rouault, le sire de Kerbullic son oncle maternel, le majordome Anthelme Bullic plus deux serviteurs, Hugon Bohec et Yves Kemener. Dans le fiacre qui l’emmène, siègent Anne de Plonay, une parente, et Reine Bohec la première de ses suivantes, et la petit Aloyse Kemener, sœur du serviteur.

Sa requête n’ayant pu aboutir, Jeanne de Poher décide d’en référer plus haut auprès du cardinal Mazarin mais avant de rejoindre la capitale, elle se rend à Blois où siègent quelques membres de la famille royale.

En cours de route, cet équipage s’installe pour une nuitée dans une auberge. Mais celle-ci est attaquée par des brigands de grands chemins, et Hervé de La Ville-Rouault, dix-neuf ans, et ses compagnons ainsi que l’aubergiste et ses valets, se montrent intrépides, refoulant les assauts. Une bataille bientôt couronnée de succès. Surtout pour Hervé qui est amoureux de sa jeune cousine.

Puis il aura encore l’occasion de démontrer son courage lorsque des loups affamés par la rigueur de l’hiver attaquent eux aussi le convoi. Non sans mal encore une fois, il réussira à mettre en fuite les canidés.

Arrivée à Blois, Jeanne de Poher est reçue comme il est dû à son rang, mais la jeune Anne Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, fille de Gaston d’Orléans et cousine germaine du futur Louis XIV, lui bat froid car toutes deux possèdent le titre de comtesse de Blois. Pourtant Jeanne de Poher n’usurpe pas son titre puisqu’elle est la petite fille d’Oliver de Bois, duc de Penthièvre. Une mise au point nécessaire qui attire les bonnes grâces de celle qui deviendra la Grande Mademoiselle. Les deux adolescentes sont à peu près du même âge et bientôt elles deviendront amies.

Tandis que Jeanne de Poher reste à Blois en compagnie de sa jeune compagne mademoiselle de Montpensier, Hervé de La Ville-Rouault se rend à Paris où il est présenté au cardinal de Richelieu, par l’entremise de son oncle Geoffroy de Kerbullic et d’un ancien compagnon d’armes de celui-ci attaché au service du prélat ministre.

Il est affecté au service du maréchal de La Meilleraie puis à celui de Louis de Bourbon, duc d’Enghien, un général de vingt-deux ans. Il se distingue lors de la bataille de Rocroy contre les Espagnols.

 

Ce roman se déroule de 1641 jusqu’en 1652, à la fin de cette période qui vit la révolte des Princes, déclenchée par la haine de Condé et quelques autres envers Mazarin et contre la royauté en général depuis Henri IV et Louis XIII. La fameuse Fronde ou Guerre des Lorrains qui ébranla le pouvoir royal.

Un épisode trouble au cours duquel Hervé de La Ville-Rouault saura se mettre en valeur, tandis que La Grande Mademoiselle participera activement à cette révolte, contre le jeune futur Louis XIV né en 1638.

Trempant sa plume dans l’encrier d’Alexandre Dumas, Pierre Maël, pseudonyme collectif de Charles Causse (1862-1904) et Charles Vincent (1851-1920), fait revivre cette période agitée avec verve.

Fille de rois est tout autant un roman historique, qu’un roman sentimental, malgré le jeune âge des deux principaux protagonistes. Surtout Jeanne de Poher qui n’a que treize ans au début du récit mais dont l’émoi amoureux s’intensifie au fur et à mesure de la déclinaison de cette intrigue, un élan amoureux qui toutefois reste chaste (y’en a qui ont eu peur, l’époque actuelle fustigeant les amours enfantines).

Malgré leur jeune âge, treize ans et un peu plus, Jeanne de Poher et Anne Marie Louise d’Orléans sont déjà matures. Jeanne la Pâle est déterminée, courageuse, et Anne Marie Louise est déjà rebelle, indépendante et dotée d’un fort caractère. Ce qui les a divisé au départ et a forgé leur amitié par la suite. Deux figures féminines loin des clichés de soumission de l’époque. Mais les autres protagonistes eux aussi possèdent un caractère trempé.

Les romans d’aventures, historiques et sentimentaux de Pierre Maël étaient destinés à la jeunesse et furent souvent associés comme livres d’étrennes et prix scolaires. Ils connurent le succès jusque dans les années 1950 et si leurs auteurs, tous deux d’origine bretonne, étaient catholiques fervents et légitimistes, n’en font pas étalage dans leurs écrits. A noter que Charles Causse est le père de Jean d’Agraives, lui-même auteur fort reconnu

Pierre MAËL : Fille de rois. Collection Bibliothèque de la Jeunesse. Editions Hachette. Parution 1948. 256 pages.

Première publication : Hachette. 1902.

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24 février 2021 3 24 /02 /février /2021 05:39

L’Ardennais pratique l’art des niais !

Franz BARTELT : Les bottes rouges.

Correspondant local du quotidien L’Est pluvieux, le narrateur vit tranquillement sa petite vie tranquille. Sa philosophie se résume en ces quelques mots : pas d’ambition, pas d’effort, pas de soucis ! Et pour évacuer un stress toujours possible, il épluche des pommes de terre, essayant d’obtenir des pluches de plus en plus fines.

Cela fait dix ans qu’il est installé dans cette petite ville du nord-est de la France et son emploi de localier est une véritable sinécure. Il a tout compris. Il suffit de brosser dans le sens du poil le rédacteur en chef, les édiles, les lecteurs. Et il utilise, réutilise lors de la rédaction de ses articles, d’anciennes notules parues les années précédentes. Il lui suffit de changer la date, le lieu, le nom des protagonistes, et ce qui a plu une fois plaira l’année d’après. Il lui faut également aller sur les lieux des diverses manifestations qui rythment la vie d’une petite commune, assemblées générales des associations par exemple, mais pour ne pas encombrer les salles, il ne se présente qu’au moment du vin d’honneur.

Il est ami avec Basile, son voisin, et vide consciencieusement avec lui quelques chopes de bière, mais pas tout le temps. Chacun a ses obligations, le localier à repomper ses articles et à se déplacer pour faire acte de présence, Basile exerçant fièrement sa fonction de magasinier dans une fabrique de jouets en matière plastique. Il prend son travail à cœur, et lorsqu’une stagiaire lui est confiée, il lui montre toutes les ficelles du métier afin qu’elle puisse obtenir un contrat à durée indéterminée.

Il s’accomplit si bien de sa mission, et Marise, une jeunette de vingt ans, est si réceptive, si déterminée à se glisser dans l’organigramme de la société, qu’ils en arrivent à batifoler. Basile trompe Rose, sa femme dépressive, au grand dam de celle-ci car elle s’aperçoit tout se suite de sa situation d’épouse trompée.

Il n’aurait pas dû Basile, mais c’est une fois qu’on a mis le doigt, et le reste, dans l’engrenage et ailleurs, que les remords viennent tenailler un homme. Bref Basile est fort marri de cette situation et veut reconquérir sa femme en appelant le docteur, en allant chercher les médicaments, en se mettant en quatre pour satisfaire les moindres désirs de Rose, et il s’aperçoit alors que les Rose ont des épines. Il est malheureux Basile. Et il se confie à notre localier qui ne trouve pas matière à écrire un article à cet événement.

Reconquérir une femme trompée n’est guère aisé, et Rose se montre agressive tout en soignant sa dépression en se rendant en ville à de mystérieux rendez-vous. Elle va même jusqu’à se montrer langue habile auprès du narrateur. Le scandale éclate lorsque Marise est retrouvée noyée.

 

Dans ce roman humoristique, Franz Bartelt se montre parfois cynique, voire caustique dans ses nombreuses digressions qui sont le sel de cette histoire. Quant aux bottes rouges du titre, le lecteur ne comprendra leur signification qu’à la fin du roman.

Contrairement à certains romans, ici les digressions sont jouissives, et l’auteur égratigne ici et là. Les localiers et leur implantation dans une communauté villageoise sont décrits avec verve. Ils n’apportent guère d’informations mais pourtant les lecteurs des quotidiens ou hebdomadaires aiment leurs chroniques, puisque l’on parle d’eux et qu’ils figurent souvent en bonne place dans les colonnes consacrées au canton. Les photographies remplacent souvent les textes qui se répètent tous les ans. Ce que l’on appelle des marronniers. D’ailleurs la définition du marronnier est assez explicite pour que je ne m’étende pas davantage sur le sujet :

Un marronnier en journalisme est un article ou un reportage d'information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible. Les sujets « débattus » dans un marronnier sont souvent simplistes, parfois mièvres.

Bien d’autres thèmes sont développés comme le théâtre municipal, les poètes locaux, ou encore l’infidélité qui génère le trou de la Sécurité Sociale.

 

Florilège :

 

Quand on n’a envie de rien, on met la télé.

 

Le meilleur moyen d’être tranquille, c’est de ne pas dire ce qu’on pense, surtout aux femmes.

 

Les flics brandissaient leur arme en direction de la fenêtre. Ils étaient une demi-douzaine, pas très héroïque, des pères de famille, un peu soiffards et qui s’étaient engagés dans la police non par vocation mais pour la sécurité de l’emploi. Je les connaissais tous. J’ai vidé, en leur compagnie, sans procès-verbal, et pour des motifs professionnels, d’ébahissantes quantités  de produits fermentés, j’admets qu’ils m’imposent leur respect : il n’est de bonne descente qu’une descente de police.

 

Mais d’abord un journal est fait pour être vendu. Lu c’est l’important. Vendu, c’est l’essentiel. Informer, c’est le prétexte. La priorité des priorités, c’est la survie de l’entreprise. Tout le reste est secondaire. Quant à l’information, elle n’est que la cerise sur le gâteau.

Franz BARTELT : Les bottes rouges. Editions Gallimard. Parution 25 août 2000. 208 pages. 18,50€.

ISBN : 978-2070759132

Réédition Collection Piment. Editions France Loisirs. Parution février 2001. 224 pages.

Prix de l’Humour noir 2001.

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22 février 2021 1 22 /02 /février /2021 05:40

Mariage foutu ?

Pierre LAVAUR : Fiançailles rompues.

A la veille du grand jour, Emmeline et Amélie, la gouvernante, papotent à propos de littérature. Il est vrai qu’Amélie est une lectrice compulsive, mais c’est son domaine réservé. Depuis plus de quarante ans elle est au service de la famille Brémont, et jouit d’une existence paisible et régulière.

Presque, car le lui rappelle Emmeline, un drame s’est déroulé dans cette honorable famille aisée d’armateurs près de dix-huit ans auparavant. Mais revenons sur ces épisodes, avec l’assentiment des protagonistes.

Trois épisodes qui se sont enchaînés dramatiquement. Jeune marié, Gérard Brémont se rendit en Indochine pour des affaires, laissant seule sa jeune épouse. Raymonde s’ennuie bien un peu de son mari absent pourtant lorsque ses amies désirent qu’elle participe avec elles à un bal donné sur l’Alcyon, un trois-mâts basé en rade du Havre, elle refuse. Il fallut que ce soit son père qui insista pour qu’elle accepte d’y participer. Seulement un incendie se déclare à bord du bâtiment, et elle en réchappe miraculeusement. Mais son père et sa sœur n’ont pas eu cette chance.

Devenue dépressive, Raymonde est soignée par Amélie. Un jour Raymonde décida de quitter la demeure de Sainte-Adresse pour s’installer seule au château d’Ormesson, près de Montivilliers. Parfois elle revenait à Sainte-Adresse, mais pour un laps de temps très court. Les mois s’écoulent puis enfin Gérard Brémont revient au port. Raymonde, prévenue, est revenue au domicile conjugal mais elle est pâle, en pleurs. Gérard attribue cette tristesse à la perte de ses parents et n’osent pas interroger sa femme qui dépérit.

Un jour une villageoise de Montivilliers portant un poupon demande à s’entretenir avec Raymonde. Il s’ensuit que Raymonde demande à son mari de tenir lieu de père à l’enfançon, prénommée Emmeline, et qui est orpheline. Quelques jours plus tard, Raymonde décède sans avoir fourni plus d’explication quant à son geste concernant la petite Emmeline.

Les années ont passé et dix-huit ans plus tard, au moment où nous faisons la connaissance de la jeune fille, celle-ci doit se marier le lendemain avec son protecteur, le quadragénaire Gérard Brémont. Mais cette journée est particulière, et pas uniquement à cause des préparatifs de la noce. Et tandis qu’Amélie remémore ces événements, ces épisodes douloureux à Emmeline, surgit un invité, Richard Noisy, un vaudevilliste optimiste.

Le jeune André Chazel, amoureux d’Emmeline lui donne un rouleau de documents secrets la concernant de la part de son employeur, le notaire familial, documents qui devaient lui être remis la veille de son mariage. Puis il lui annonce son départ pour Paris. Il trouvera facilement du travail dans la capitale et ne veut pas empiéter sur la décision d’Emmeline et de son bienfaiteur, Gérard Brémont, qui s’est occupé de lui tandis que son père veuf parcourait le monde à bord d’un navire. D’ailleurs Firmin Chazel, l’ami de la famille, et dont il a fait la connaissance en Indochine dans des circonstances qui auraient pu lui être fatales, est attendu pour le lendemain.

Emmeline laisse le soin à Gérard Brémont de s’enquérir du contenu des documents dont l’enveloppe est scellée. Brémont tergiverse, n’osant décacheter le rouleau, puis il monte dans sa chambre, les fameux papiers à la main. Il est bientôt l’heure pour le notaire de procéder à l’établissement du contrat de mariage, et les témoins se pressent dans la pièce où se tenaient au début du récit Emmeline et Amélie. Seulement Gérard Brémont se fait attendre. Et lorsqu’il redescend enfin, il prie tout le monde dégager et de le laisser seul.

 

Fiançailles rompues, comme son titre l’indique, est un roman sentimental mélodramatique, doublé d’un suspense psychologique.

L’auteur, avec malice, nous met en condition afin d’anticiper les événements qui vont se dérouler dans la journée et le lendemain, avec quelques retours en arrière fournis par les différents protagonistes.

Le lecteur est persuadé qu’un coup de théâtre va se dérouler, ce qui ne manque pas de se produire, que la naissance d’Emmeline est l’un des ressorts de ce mélodrame, mais l’épilogue déjoue tous les pronostics.

Un bon roman écrit par un romancier dont on parle peu de nos jours. Né le 2 novembre 1865 à Bordeaux, décédé à Paris le 6 juin 1943, Pierre Lavaur, de son vrai nom Henri Gibert (est-il apparenté au fameux libraire du Quartier Latin ?), utilisa de nombreux pseudonymes dont Claude Syrvall, Pol Ternoise, Gille Cordouan, Paul de Calonges.

Des romans sans prétention, parfois un peu naïfs, mais charmants, et à l’écriture soignée, agréable, peut-être ampoulée penseront certains, mais il s’agit bien du reflet d’une époque et du respect des auteurs envers les lecteurs. Que demander de plus pour occuper ses soirées et ses dimanches, sans se prendre la tête ?

Pierre LAVAUR : Fiançailles rompues. Collection Le Livre de Poche N°324. Editions J. Tallandier. Parution octobre 1933. 64 pages.

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19 février 2021 5 19 /02 /février /2021 05:55

Avec ses pépins…

Amédée ACHARD : Le Clos Pommier.

Le Normand n’est point pingre ni avare, il est économe.

Le père Glam, garde-champêtre à Varaville près de Cabourg et de Dozulé dans le Calvados, pourrait être riche mais il a trop bon cœur, et ses économies se sont envolées afin de permettre à des membres de sa famille, à des voisins, à des amis de ne pas se retrouver ruinés. Du coup, c’est lui qui se retrouve presque sur la paille. Heureusement, sa fille Catherine fait bouillir la marmite grâce à ses travaux domestiques et les dentelles qu’elle tisse infatigablement.

Le père Glam est veuf et il a eu le malheur de perdre son fils Fulgence de l’autre côté des océans, péri en mer. Jean Simon, pêcheur et qui était aux côtés de Fulgence lors de sa disparition, a ramené les quelques effets filiaux. Le père Glam les garde précieusement dans un coffre dans l’ancienne chambre de Fulgence, une pièce dédiée à son fils.

Simon et Catherine s’apprécient et envisagent même de se marier. Seulement le père Hennebaut, riche propriétaire local, aimerait pouvoir annexer à son domaine les quelques terres et la maison dite du Clos Pommier à cause de l’arbre qui trône dans la cour. Et Pacôme, le fils Hennebaut, se verrait bien marié à cette fille courageuse et travailleuse. Et comme le père Glam est redevable de quelques dettes qu’il ne peut honorer, une forme de chantage s’exerce sur lui.

En bon Normand qu’il est, il tergiverse puis signifie son refus à cette union, ce qui l’entraîne dans des complications sans fin. Un huissier de Dozulé est mandaté pour réquisitionner le Clos Pommier, au grand dam de Catherine et de Simon. Les deux amoureux se sentent contraints d’accepter la proposition de Pacôme mais auparavant ils contactent quelques membres éloignés de la famille, et l’huissier ému prélève même sur sa cagnotte quelques pièces blanches afin de rembourser la dette. Même les édiles et les notables des alentours se cotisent pour arrondir la somme. Mais cela ne suffit pas. Têtu, comme tout bon Normand qui se respecte, le père Glam ne veut pas donner la main de sa fille à n’importe qui, surtout à Pacôme. Seulement, ses vieux démons d’aider son prochain se réveillent et l’argent récolté est offert à un voisin qui est encore plus dans la dèche que lui.

 

Auteur du XIXe siècle, Amédée Achard est bien dédaigné de nos jours. Seuls survivent dans la mémoire littéraire deux romans, Les Coups d’épée de M. de La Guerche et Envers et contre tout. Pourtant il a écrit plus d’une soixantaine de romans d’inspiration diverse.

Roman de l’amour et de la jalousie, de l’honneur et de la cupidité, de la prodigalité et de la convoitise, de l’abnégation et de la concupiscence, Le Clos Pommier met en scène deux types de personnages aussi différents l’un de l’autre qu’un arbre vert qu’un arbre mort. L’un donne ses fruits à profusion, l’autre est un cœur desséché.

Dans ce roman datant de 1858, nous découvrons les prémices des thèmes que développeront plus tard Hector Malot, Emile Zola, Guy de Maupassant et quelques autres. L’argent, le terroir, le naturalisme, l’adversité à toute épreuve, le don de soi, le sacrifice et le dévouement, et une forme d’accumulation d’épreuves sentimentales et financières en sont les ressorts inépuisables.

Une étude des mœurs paysannes décrites avec justesse placées dans un quotidien séculaire, car ce qu’il se déroulait hier ou avant-hier se passe encore de nos jours malgré la libération des traditions ancrées dans les esprits. Presque car le poids des habitudes et des conventions régit souvent encore le parcours sentimental devant les exigences capitalistes.

Amédée ACHARD : Le Clos Pommier. Collection Dauphine N°63. Editions de Montsouris. Parution 2e trimestre 1947. 96 pages.

Première édition 1858.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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