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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 04:23

La poésie est la parente pauvre de la littérature…

Chantal ROBILLARD : Dentelles des reflets de Venise.

Pourtant que de grands poètes la littérature française peut s’enorgueillir !

Et souvenons-nous, lorsque nous étions adolescents, nous aimions coucher sur le papier nos espérances, nos sentiments, nos regrets, nos amours, nos déclarations, nos envies. Ecrire était un exutoire, et il ne nous venait pas à l’idée d’être publié, connu, sauf certains qui véritablement possédaient ce talent inné et entrevoyaient une sorte d’idéal à atteindre.

Nous n’étions pas des Victor Hugo en puissance, des Verlaine, des Rimbaud, des Jacques Prévert dont les poèmes se transmettent, sur papier ou de bouche à oreille, pour le plus grand plaisir des amateurs de mots. Et il faut compter sur ceux, et celles, qui prennent la relève, livrant leurs impressions, leurs émotions, leurs visions, et les partageant.

Toutefois, si nous nous sentons parfois l’âme d’un poète, il faut avouer que nous ne lisons guère de textes qui faisaient le bonheur des lecteurs des siècles précédents. Peut-être par rejet de ces poèmes écrits par Charles d’Orléans, Ronsard, et tous les autres dont nous devions apprendre lors de notre vie scolaire les poèmes par cœur, les analyser, les disséquer, les expliquer.

 

Heureusement, il existe encore de nos jours de grands poètes, malheureusement méconnus, dont l’ami Guy Allix, un poète local. Sans oublier Céline Maltère et Chantal Robillard, qui font parties de mon Panthéon.

Chantal Robillard, nous offre de découvrir Venise autrement qu’à travers les guides, la petite fûtée, ou redécouvrir pour qui a, contrairement à Ulysse, n’a pas fait un beau voyage, ou alors en canapé.

Mais Chantal Robillard ne s’est pas contentée d’écrire des bouts rimés, elle s’est imposée des contraintes, jouant sur les mots et les sonorités, déclinant en début de phrases l’alphabet, mêlant assonances et allitérations, en un jeu de construction syllabique, en acrostiches, haïkus en 357, par exemple, et autres formes modernes.

Les photographies de Chantal Robillard viennent en appui de ces/ses textes, les enluminant, leur conférant une saveur particulière. Comme des cartes postales véritablement personnalisées, sortant de l’ordinaire.

En tout, quarante-cinq poèmes écrits avec ce regard énamouré que seule peut partager une amoureuse d’un lieu emblématique.

Et comme le précise la quatrième de couverture :

Chantal Robillard est une poétesse, inconditionnelle de Venise, où elle se rend toujours hors-saison. Elle nous offre ici ses poèmes sur le difficile vie quotidienne des Vénitiens, qui doivent tout se faire livrer par voie fluviale, nourriture ou objets usuels, et sont obligés d’écoper inlassablement l’eau sournoise à chaque acqua alta. Nous découvrons avec elle une Venise vivante et frémissante, lors de nos flâneries au long des canaux, dans les ruelles labyrinthiques, les petites places à puits centraux…

Vous pouvez acquérir cet ouvrage directement chez l’éditeur en pointant le curseur de votre souris sur le lien ci-dessous :

 

Chantal ROBILLARD : Dentelles des reflets de Venise. Poèmes. Photographies de l’auteur. Préface de Françoise Urban-Menninger. Editions Astérion. Parution 6 décembre 2020. 92 pages. 12,00€.

ISBN : 9781716384400

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4 janvier 2021 1 04 /01 /janvier /2021 05:42

2020 est mort, vive 2021 !

VŒUX 2021

L’année 2020 aura marqué les esprits mais nous sommes tous contents de la savoir enterrée. Mais Il court, il court le virus…, comme dans la chanson enfantine.

Il ne s’agit pas de ressasser tout ce qu’il s’est déroulé durant cette année écoulée, et je ne garderai que deux événements survenus les deux derniers jours de l’année. La disparition de deux personnages, deux artistes, un musicien et un homme de théâtre, qui sont devenus célèbres grâce à leurs talents multiples : Claude Bolling et Robert Hossein.

Dont un petit hommage leur sera rendu très prochainement.

 

En 2019, j’écrivais : Cette année, j’ai décidé de prendre ma retraite de chroniqueur (n’applaudissez pas trop vite !) de nouveautés, et de me consacrer à tous les romans populaires que je possède et n’ai pas encore eu le temps de lire depuis plus de soixante ans.

Il y a de la place pour tout le monde, mais il me semble que les blogs consacrés aux nouveautés font florès alors que l’on écrit peu sur tout ce qui a été publié depuis des décennies. Souvent les auteurs sont oubliés, perdus dans la jungle des étagères. Ce qui est fort dommage car des romanciers de talent mériteraient souvent qu’un œil, voire les deux, relisent leurs écrits. Nostalgie quand tu nous tiens !

Une façon comme une autre également pour ne pas vieillir. Retrouver les livres de son enfance, de son adolescence, de sa maturité, ce n’est point régresser, mais entretenir la mémoire littéraire. Et, avouons-le, c’est également se faire plaisir.

Comme les bonnes résolutions que l’on prend tous, ou presque, à la même époque tous les ans, j’espère les tenir. Et les jours défilent comme les pages d’un livre qu’on lit avec avidité.

Alors quelques nouveautés quand même de temps à autre, mais point trop n’en faut.

Je reprends ma liberté de lire ce que j’ai envie, quand j’ai envie, et d’écrire ou non des chroniques… 

Sur ce, je me replonge dans ma bibliothèque, des livres m’attendent…

 

Meilleurs vœux à tous et à chacun en particulier !

 

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1 novembre 2020 7 01 /11 /novembre /2020 08:39

Un roman, deux couvertures.

Serge LAFOREST : L’ange infernal.
Serge LAFOREST : L’ange infernal.

Les rééditions sont souvent les bienvenues quelques décennies après la première parution d’un ouvrage.

Seulement, il ne faut pas pour autant berner le lecteur.

Pour preuve cet Ange infernal de Serge Laforest qui, édité au cours du deuxième trimestre 1955 sous le numéro 74 de la collection Spécial Police du Fleuve Noir, bénéficia d’une réimpression-réédition dans la même collection sous le numéro 1149 au cours du quatrième trimestre 1974 avec une nouvelle couverture signée Gourdon, lequel Gourdon était à l’origine de celle de la première édition.

Traitée légèrement différemment, cette couverture comporte néanmoins deux éléments essentiels : la jeune femme et les ampoules.

A priori, pas de quoi fouetter un chat, penserez-vous.

Seulement, là où le bât blesse, réside dans le fait que la réédition de 1974 ne précise en aucun cas qu’il s’agit d’un roman précédemment publié. Pas de date de copyright, pas de mention de réédition. Le lecteur qui à l’époque achetait les ouvrages du Fleuve Noir un peu au hasard, sans tenir de fiches, de recensement de collection, y a vu peut-être du feu. Il faut avouer que la production était abondante.

Par la suite le Fleuve Noir réédita au début des années 1980, d’autres romans de la collection Spécial Police dans une nouvelle présentation, mais en précisant bien cette fois la provenance de l’ouvrage.

La pratique de rééditer un livre, parfois en changeant le titre, sans préciser la provenance ou le copyright, n’est pas nouvelle. Cela dure depuis des décennies, et il n’y a pas de raison que cela change. Pour les éditeurs naturellement. Mais pour les lecteurs avertis, cela ressemble à une tromperie mesquine.

Serge LAFOREST : L’ange infernal. Collection Spécial Police N°74 et 1149. Editions Fleuve Noir.

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24 février 2020 1 24 /02 /février /2020 05:08

Curiosité ou supercherie littéraire ?

L’énigme Janet Lee BEATON.

De nombreux auteurs, pour des raisons différentes liées à des contrats éditoriaux, à des demandes pour étoffer les catalogues, pour éviter de mélanger les genres, pour changer de registre et pour certains, s’immiscer dans la littérature populaire alors qu’ils sont déjà reconnus dans d’autres domaines, ont emprunté des alias.

On se souvient de Boris Vian qui signait des romans pseudo-américains sous le nom de Vernon Sullivan, traduits par lui-même, ou encore Romain Gary qui obtint le Prix Goncourt deux fois sous son nom et sous celui d’Emile Ajar. Et la liste pourrait s’échelonner ainsi sur des pages.

 

Alors qui est Janet Lee Beaton, romancière prétendument américaine ?

Penchons-nous sur le descriptif de la quatrième de couverture :

Confessons notre embarras : le mystère dont s’est entouré l’auteur du Pêcheur de Miracles, nous ne pouvons pas le dévoiler ici. Tout ce qu’il nous est permis de dire, c’est que Janet Lee Beaton est une grande, une très grande romancière, qui, un jour, avec une volonté de vérité entière, a décidé de raconter sa propre histoire. Mais cette histoire était si riche, si vivante, elle comportait tant d’acteurs divers, dont quelques-uns étaient si célèbres que, malgré les précautions qu’elle avait prises pour brouiller les pistes, Janet Lee Beaton n’a pas cru pouvoir révéler sa véritable identité.

Elle ne s’oppose pas, pour autant, à ce que l’on dise que ce roman est, pour une bonne part, autobiographique ; qu’elle a, comme Laura Nelson, son héroïne, passé son enfance et une partie de son adolescence dans une petite ville américaine ; qu’elle s’en est enfuie pour « vivre sa vie » et surtout pour écrire ; qu’elle a fait dix métiers avant de pouvoir enfin terminer, et qu’elle a été mêlée aux aventures les plus déconcertantes de la « bohème » qui hante les ateliers d’artistes de Greenwich Village.

Janet Lee Beaton, malgré son importante production littéraire a quand même trouvé le temps de faire aussi de la peinture, de se marier et d’avoir un enfant. Elle dit volontiers que, de toutes ses œuvres, c’est encore son fils qu’elle préfère.

 

C’est beau ! Comme un conte de fée ! On y croirait presque.

Mais continuons notre découverte en nous intéressant aux premières pages. On apprend que ce roman s’intitule à l’origine The Beachcomber et que la traduction est due à Michel Saint-Loup. On avance.

Car pour les curieux, les traqueurs de pseudonymes, les amateurs de littérature populaire, il s’agit bien d’un cas d’école.

En effet, sous les noms de Janet Lee Beaton et de Michel Saint-Loup, par ailleurs auteur dans la même collection Grand Roman, se cachait un romancier qui changeait d’identité selon les collections, et les éditeurs, pour lesquels il fournissait des ouvrages, seul ou en collaboration.

Ainsi pour la collection L’aventurier, on le trouve sous le nom de Jérôme Belleau ou Steve Stork. Dans la collection Feu, il signe des romans sous l’alias de Mark J. Trennery. Seul ou en collaboration avec José-Louis Lacour, il signe dans la collection Anticipation sous le pseudonyme de Christopher Stork et dans la collection Espionnage sous celui de Marc Avril. En compagnie de Claude Joste, toujours dans la collection Espionnage, sous celui de Marc Revest. Enfin il se cache sous le pseudonyme collectif de Benoît Becker en compagnie de Jean-Claude Carrière, José-André Lacour et Christiane Rochefort. Et dans la collection Femme Viva, publiée au début au Fleuve Noir, puis aux Presses de la Cité, deux romans sous les noms de Boris Ouravel

Est-ce tout ? Que nenni ! Puisqu’il a également utilisé pour divers éditeurs les noms de Claude Eymouche, de Dominique Jourier, d’Emmanuel Eyries ou encore de Michel Sernoz. Peut-être en oublie-je… Et enfin au début des années 50, sous son presque nom, il publie des romans signés Stéphane Jourat. D’ailleurs il reçoit le prix Victor Rossel en 1958 pour Entends, ma chère, entends, signé Stéphane Jourat et publié chez Julliard.

De son vrai nom Stéphane Jouravleff, cet auteur protéiforme est né le 4 décembre 1924 à Liège (autre natif de cette ville belge : Simenon) et est décédé le 8 avril 1995.

 

Mais l’accumulation de ces pseudonymes n’est pas vraiment une supercherie, puisque toutes les maisons d’éditions populaires pratiquaient ce subterfuge pour augmenter leur catalogue en nombre d’auteurs. Ferenczi, Tallandier, et bien d’autres pratiquaient ce stratagème et on ne le leur jamais reproché. Sauf les chercheurs de pseudonymes naturellement.

Et à l’époque, les lecteurs des diverses collections du Fleuve Noir et des divers éditeurs populaires, achetaient, lisaient, oubliaient souvent, ne s’intéressant guère aux noms des auteurs. Encore moins à celui des traducteurs. Nombreux sont ceux qui ne souvenaient avoir lu tel livre populaire que grâce à l’illustration de couverture, étant souvent incapable de se rappeler du nom des auteurs, et encore des titres de leurs romans. Sauf les passionnés, évidemment.

 

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31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 03:14

Quand Max-André Dazergues recyclait ses romans…

Ernest ANDOLLY : Un drame au Labrador.

Ce phénomène courant dans la première moitié du XXe siècle, voire plus tard peut-être, on ne sait jamais, était la réédition d’un roman, réécrit, amélioré, revu et corrigé, éventuellement, sous un titre et un pseudonyme différents est difficilement traçable et décelable.

Il suffit parfois d’un peu de chance, de curiosité, d’un hasard heureux pour trouver deux romans identiques publiés chez deux éditeurs, sous des titres et des pseudonymes d’auteurs différents.

Ainsi ce Drame au Labrador dont dès la première page il me semblait déjà avoir lu un roman similaire. Et bingo, la notion de Maison du Caribou, le nom d’un bar à Fort Hamilton, provoqua le déclic en mon esprit enfiévré. N’ayons pas peur de la grandiloquence, style propre à bon nombre d’écrivains à cette époque.

Or donc, cette Maison du Caribou déclencha en moi la réminiscence d’un roman de Max-André Dazergues, lu il y a à peine cinq mois, titré L’homme du Grand Nord et signé André Mad, paru en 1947 dans la collection Globe-trotter aux éditions du Puits-Pelu devenue par la suite éditions Jacquier.

Un drame au Labrador n’est donc pas un roman recyclé mais recyclable, et peut-être y en a-t-il eu d’autres dans la production foisonnante de Max-André Dazergues, André Compère de son véritable patronyme. Et des Compères il en a eu : André Mad, André Star, André Madandre, Paul Madandre, voire quelques autres.

 

Il faut de la chance, la provoquer aussi parfois, pour dénicher ces recyclages dont l’importance n’intéresse personne sauf les amateurs des rayons populaires, les traqueurs de pseudonymes, de textes oubliés, les rats de bibliothèques.

Juste un petit plaisir personnel !

 

Ernest ANDOLLY : Un drame au Labrador.
Quatrième de couverture de Un drame au Labrador.

Quatrième de couverture de Un drame au Labrador.

Ernest ANDOLLY : Un drame au Labrador. Collection Printemps N°238. Editions de Montsouris. Parution en 1938. 96 pages.

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3 janvier 2019 4 03 /01 /janvier /2019 05:17

Ou comment les éditeurs nous faisaient prendre des vessies pour des lanternes !

Jaquette du roman d'André Laurie datant de 1946

Jaquette du roman d'André Laurie datant de 1946

Couverture du même roman

Couverture du même roman

Page intérieure du roman

Page intérieure du roman

Edifiant, non ?

C'était un petit jeu gratuit, sans obligation d'achat, et sans récompense, proposé par l'Oncle Paul qui commence à dépoussiérer sa bibliothèque.

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8 octobre 2017 7 08 /10 /octobre /2017 08:03

Un compromis entre les nourritures terrestres et les nourritures spirituelles.

Mark CRICK : La soupe de Kafka.

Un menu à la carte qui ne manque pas de saveur. La carte elle-même est à la hauteur du menu proposé. Livre avec couverture cartonnée rigide, relié avec jaquette, pages papier glacé, et illustrations ad hoc (et non haddock comme le capitaine) pour chaque recette proposée.

Au piano, ce qui en langage culinaire signifie un fourneau, Mark Crick adapte quelques recettes, à la manière littéraire de dix neuf auteurs mondialement connu mais que l’on n’a pas forcément lus. Je parle pour moi, évidemment.

Des pastiches qui ressemblent à s’y méprendre à des textes que ces auteurs auraient pu écrire, mais non des parodies qui grossiraient le trait et en dénatureraient le goût. Des recettes de cuisine constituées comme on prépare des paupiettes, un emballage viandeux et une farce à l’intérieur.

Un exercice de style enjolivé par des dessins, peintures ou photographies de l’auteur, puisque celui-ci est photographe, peintre et dessinateur, en plus d’être un maître-queue littéraire.

Mark Crick nous propose donc de retrouver en cuisiniers avertis ou du dimanche, des auteurs tels que Jane Austen, Virginia Woolf, Raymond Chandler, Le Marquis de Sade, Charles Dickens, Graham Greene, Gustave Flaubert, Homère, Italo Calvino… dans leurs œuvres.

Se mettant dans la peau d’Italo Calvino, par exemple, il écrit :

Par bonheur, les recettes ne sont pas aussi périssables que les plats ou les écrivains, bien que celles d’Aristophane, si toutefois il en a laissé, ne semblent pas s’être aussi bien conservées que ses pièces.

Ne croyez pas que les recettes, avec la liste des ingrédients plus ou moins indispensables pour élaborer un plat, soient développées comme un cours de cuisine. Elles s’intègrent dans un texte, plus ou moins long, donnant lieu à des réminiscences familiales, des préparations à la vite fait pour contenter des amis, à des recherches dans des manuels qui encombrent des étagères mais qui ne sont jamais ceux que l’on voudrait compulser, à des recettes faciles ou élaborées que vous pourrez toujours essayer de réaliser chez vous. Des recettes qui parfois ne sont qu’un alibi pour développer une histoire dans laquelle le cuistot, amateur ou non, démontre ses défaillances ou au contraire son savoir-faire.

Les soles à la dieppoise de José Luis Borges débute ainsi :

L’histoire que je vais vous raconter concerne un incident qui a eu lieu à Londres, au début de l’année 1944. Bien que sn protagoniste ait été considéré comme un héros par les deux belligérants, les conséquences de son acte ne favorisèrent que l’un d’eux et précipitèrent la chute d’un tyran à l’appétit insatiable et dont l’invincibilité n’était qu’illusoire.

Une excellente mise en bouche qui incite à continuer la lecture de cette recette, à mon avis. Je ne vais pas vous dévoiler tout ce que ce recueil recèle et le mieux est peut être de vous en lister le sommaire.

Un dernier conseil :

Cet ouvrage est trop précieux pour le laisser traîner dans votre cuisine, victime de taches de graisse et d’auréoles jaunâtres de muscadet.

 

Menu :

Agneau à la sauce à l’aneth, à la Raymond Chandler. Traduction de Patrick Raynal.

Œufs à l’estragon à la Jane Austen. Traduction de Geneviève Brisac.

Soupe Miso express à la Franz Kafka. Traduction d’Eliette Abécassis.

Gâteau au chocolat à la Irvine Welsh. Traduction d’Alain Defossé.

Coq au vin à la Gabriel Garcia Márquez. Traduction de Claude Durand.

Risotto aux champignons à la John Steinbeck. Traduction de Frédéric Jacques Temple.

Moules marinières à la Italo Calvino. Traduction de Patricia Reznikov et Gérard de Cortanze.

Poussins désossés et farcis à la Marquis de Sade. Traduction de Patrice de Méritens.

Clafoutis Grand-mère à la Virginia Woolf. Traduction d’Anne Freyer-Mauthner.

Fenkata à la Homère. Traduction d’Isabelle D. Philippe.

Tiramisu à la Marcel Proust. Traduction d’Alain Malraux.

Poulet vietnamien à la Graham Greene. Traduction de François Rivière.

Sole à la dieppoise à la Jorge Luis Borges. Traduction de Patricia Reznikov et Gérard de Cortanze.

Pain grillé au fromage à la Harold Pinter. Traduction de Jean Pavans.

Rösti à la Thomas Mann. Traduction d’Anne Freyer-Mauthner.

Tarte à l’oignon à la Geoffroy Chaucer. Traduction d’André Crépin.

Plum pudding à la Charles Dickens. Traduction d’Yves Sarda.

Pain perdu à la François de la Rochefoucauld. Traduction de Julie Maillard-Pujos.

Gâteau breton à la Gustave Flaubert. Traduction d’Yves Sarda.

 

Cet ouvrage est la réédition d’un livre paru en 2008 chez Flammarion, mais enrichi de trois nouvelles recettes pastiches.

 

Bon appétit, bien sûr !

Mark CRICK : La soupe de Kafka. Une histoire complète de la littérature mondiale en 19 recettes. Editions Baker Street. Parution le 8 septembre 2017. 176 pages. 17,00€.
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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 10:06

En 1969, le Fleuve Noir passe en mode Tête-bêche. Erotique, non !

Une collection : FLEUVE NOIR DOUBLE

Cette collection, appelée aussi “ Tête Bêche ” de par sa présentation originale - deux romans en un seul volume reliés en tête bêche - n’aura rencontré que peu de succès. Pourtant l’initiative était intéressante en elle-même car elle avait l’avantage de rééditer des ouvrages anciens parus dans les principales collections du Fleuve Noir, avec toutefois une prépondérance pour les reprises d’Espionnage et de Spécial Police, et de faire découvrir les différentes collections proposées par l'éditeur

Sur les douze volumes parus en 1969 il y eut 10 Espionnage, 8 Spécial Police, ceux-ci étant plus souvent couplés, 2 Angoisse, 2 Aventurier et 2 Anticipation extraits du fond des années 50 avec quelques romans représentatifs de cette période. A noter toutefois que si le nom de Paul Kenny, l’auteur vedette en Espionnage, n'est pas présent, ses auteurs sont représentés de façon détournée puisque Graham Livandert (2 fois) et Jack Murray (2 fois), deux autres pseudonymes de l’auteur bicéphale, ont été sélectionnés. Quatre titres de Serge Laforest sont réédités. Le reste étant représenté par Peter Randa, M.G. Braun, Alain Page, Adam Saint Moore Jimmy Guieu, André Lay, J.B.Cayeux, D.H. Keller et Richard-Bessière.

Serge Laforest, qui s’inscrit ici un peu comme une locomotive sera quelques années plus tard mis sur la touche, et coïncidence, cela correspondra au début du déclin du Fleuve Noir.

On ne peut pas dire que le choix des titres fut malheureux ni heureux, mais si l’entreprise avorta, c’est bien parce que l’amateur pouvait encore trouver facilement chez les bouquinistes, à des prix très abordables, ces titres souvent réimprimés dans leurs collections respectives et que la production du Fleuve Noir commençait à devenir inflationniste. Alors le lecteur, qui recherchait l’inédit, ne voyait pas forcément l’avantage de telles rééditions. Les couvertures, qui figurent elles aussi en tête-bêche, ne sont pas des dessins dus à Gourdon.

 

1 - Livandert Graham : Prison à vie  Rééd. Esp. 58

2 - Laforest Serge : Une poigne de fer  Rééd. SP 60

 

3 - Cayeux J.B. : Aveux spontanés  Rééd. Esp. 37

4 - Lay André : Je condamne et j'oublie  Rééd. SP 103

 

5 - Braun M.G. : Jeux sans loi Rééd. Esp. 47

6 - Page Alain : L'Ombre joue à cache-cache  Rééd. Avent. 21

 

7 - Laforest Serge : Choc sans merci Rééd. Esp. 39

8 - Randa Peter : Le libéré Rééd. SP 105

 

9 - Murray Jack : Justice à minuit  Rééd. Esp. 72

10 - Saint-Moore Adam : La mort sort de l'ombre  Rééd. SP 94

 

11 - Richard-Bessiere  : Croisière dans le temps Rééd. Ant. 6

12 - Randa Peter : L'escalier de l'ombre Rééd. Ang 11

 

13 - Laforest Serge : Mort en vue Rééd. Esp. 57

14 - Braun M.G. : Le chemin du couteau  Rééd. SP 65

 

15 - Livandert Graham : Terre brûlée  Rééd. Esp. 44

16 - Randa Peter : Impasse à la dame  Rééd. SP 96

 

17 - Braun M.G. : Route suicide Rééd. Esp. 78

18 - Page Alain : L'Ombre gagne la belle Rééd. Avent. 26

 

19 - Murray Jack : Réseau secours Rééd. Esp. 84

20 - Laforest Serge : Du sel dans la plaie Rééd. SP 66

 

21 - Cayeux J.B. : Activités suspectes  Rééd. Esp. 33

22 - Saint-Moore Adam : Corrida en musique  Rééd. SP 99

 

23 - Guieu Jimmy : Le pionnier de l'atôme  Rééd. Ant. 5

24 - Keller D.H. : L'aile de l'abîme  Rééd. Ang. 9

Un autre essai de relance ou de mise en vente des invendus par des volumes doubles, sous couvertures neutres et qui ne se présentaient pas tête bêche comme dans la collection décrite ci-dessus fut tenté.

Une collection : FLEUVE NOIR DOUBLE
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12 juillet 2016 2 12 /07 /juillet /2016 13:50

Polar mode d'emploi et une enquête brillamment construite.

Paul FOURNEL : Avant le polar.

Le lieutenant Maussade ne l'est pas tant que ça, ce qui n'est pas un anachronisme comme le fait remarquer justement, finement et aimablement l'auteur puisque la corpulence du commissaire Maigret n'était pas en adéquation avec son patronyme.

Une gamine est retrouvée morte dans le parc Montsouris, dans le quatorzième arrondissement parisien, avec une mise en scène macabre dont je passe les détails puisque tout est précisé dès les premières pages. Un meurtre non signé, même si une culotte Petit-Bateau blanche avec des cœurs roses est retrouvée non loin.

La démarche consistant à recueillir les premières informations sur la jeune Clémentine auprès des parents d'icelle revient à Maussade. Il rencontre donc la mère qui répond volontiers à ses questions. Le père ? Parti depuis trop longtemps. Ils ne se parlent plus. Clémentine était, je cite, une jeune fille très régulière, bonne élève, travailleuse, sans histoire. Donc rien de spécial à signaler, sauf qu'elle regardait depuis un certain temps plus souvent la photo de son père bien mise en évidence, se renseignait sur son mode de vie, qu'elle n'allait plus à la messe depuis quelques semaines, qu'elle connaissait un garçon plus vieux qu'elle et qui lui écrivait des poèmes. Bref une petite vie d'adolescente de treize ou quatorze ans que connaissent bon nombre de jeunes filles de son âge.

Il ne reste plus à Maussade qu'à enquêter justement auprès des fréquentations de Clémentine, le jeune homme, ses copines d'école, le collège La Bruyère Sainte Isabelle, et quelques autres. Et la sage Clémentine était-elle si sage qu'il y paraissait ?

 

L'intérêt de cette intrigue ne se niche pas dans le déroulement de l'enquête menée par Maussade, de sa déception du départ de Mathilde, celle qui partageait sa vie avant de vivre ailleurs, de sa relation avec la mère de Clémentine. Non, car ceci n'est pas qu'un roman c'est un mode d'emploi.

Polar, mode d'emploi pourrait être le sous-titre de cet ouvrage, car l'auteur, qui est le troisième président de l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), met en place les principes qui régissent à la construction d'un roman policier sous forme de notes.

Ainsi peut-on lire en début de la Note 1 : Trouver une entame. Placer le crime. Après avoir longuement regardé la scène, le lieutenant Maussade ferma les yeux comme pour l'imprimer.

Note 2 : Fixer le héros. Le lieutenant Maussade. Brun, grand, la trentaine, plutôt élégant.

Note 4 : Un peu de documentation. Sous son aspect domestiqué, le parc Montsouris est le territoire des ombres.

Et ainsi de suite jusqu'à la Note 99, chaque note équivalent à un chapitre plus ou moins court.

Des conseils qui se résument à comment aborder un roman, mettre en place les personnages, laisser planer le doute, et éventuellement réfléchir à un avenir possible en adaptation télévisée :

Note 16 : Si ce polar doit faire un téléfilm un jour, ou mieux encore une série ("Lieutenant Maussade") il est indispensable de mettre un personnage noir ou handicapé.

Donc des notes utiles à un débutant désirant se lancer dans l'écriture d'un roman policier, lui fournissant des conseils, des trucs et astuces, des balises, tout en racontant sous forme d'exemple l'enquête de Maussade et ses différentes interventions. En laissant soin au lecteur parfois de combler quelques trous, de lui suggérer certaines scènes, de l'amener à participer lui aussi.

Un exercice de style réjouissant qui ne pourra laisser indifférent.

Paul FOURNEL : Avant le polar. 99 notes préparatoires à l'écriture d'un roman policier. Editions Dialogues. Parution 19 mai 2016. 78 pages. 15,00€.

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12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 11:13

Aucun rapport avec la Pop-star britannique !

Elton JONES : Tu vas payer !

Vous ne savez pas qu'il ne faut jamais rien dire aux journalistes... surtout quand ce sont des femmes ?

L'homme qui rabroue ainsi Bob Jozan n'est autre que son patron, Raymond Lacy, un détective privé qui commence à avoir une certaine notoriété.

Bob Jozan, gamin mi-Irlandais mi-Français, est bavard, gaffeur. Et s'il possède des intuitions étonnantes, il lui arrive de saboter les enquêtes de Lacy, tout en lui fournissant des révélations qui au bout du compte se révèlent payantes.

Lacy doit quitter Nice, après avoir effectué avec réussite la mission qui lui avait été confiée, et regagner Londres, mais Bob interrompt son travail de rangement vestimentaire dans les valises adéquates, lui annonçant qu'il vient de lui prendre un rendez-vous pour une affaire importante. Lacy se méfie, Bob a l'habitude de lui dégoter des affaires qui sont toujours importantes mais se révèlent banales. Pourtant lorsqu'il apprend le nom de son futur client, le détective décide de sursoir à son départ et d'écouter les desiderata de son assistant.

Le beau-père d'Hervé, un des copains de Bob, a reçu des lettres de menace de la part d'un de ses anciens employés. Il n'en sait guère plus aussi le mieux pour Lacy est de se rendre à Grasse rencontrer Marcellini-Diaz, le destinataire des missives, qui dirige une grosse usine de parfumerie. Comme Lacy ne refuse jamais une possible rentrée d'argent, dès le lendemain direction la ville des parfums à bord d'un autocar. Mais auparavant il se renseigne auprès d'un inspecteur de police et d'un rédacteur en chef d'un journal local.

Roger Téry, condamné à quinze ans pour le meurtre de sa femme en 1947, vient d'être libéré. Il était l'inspecteur des ventes de Marcellini-Diaz mais il a toujours nié être le meurtrier.

Bob, insouciant, ne peut s'empêcher de faire la cour à deux jeunes filles qui voyagent en leur compagnie. Sido est reporter aux Nouvelles Niçoises et sa compagne, âgée de seize ou dix-sept ans, est présentée comme photographe. Elles doivent effectuer un reportage sur les vieux moulins à huile. Sido en profite pour leur demander s'il serait possible d'écrire un papier sur l'usine de parfumerie.

Marcellini-Diaz donne toutes les explications possibles, du moins ce qu'il en sait vraiment, sur cette affaire et sur Roger Téry, un homme aimable, leur montre également les lettres de menaces, et surtout avoue qu'il était l'amant de la femme du meurtrier présumé.

 

Une histoire simple, sans chichis, qui tourne autour d'un drame familial, comme souvent, avec des rebondissements et une chute logique mais pas téléphonée. Pourtant l'auteur, outre la déclaration émanant de Lacy, placée au début de cet article, procède avec un humour involontaire.

Ainsi Sido, la jeune journaliste, à la question de Bob leur demandant :

Votre journal ne vous donne pas de voiture ?

Sido répond en toute ingénuité :

Il faut se mettre à genoux devant le rédacteur en chef, l'administrateur et les chauffeurs pour en avoir une. Nous préférons prendre le car.

Une réponse pour le moins ambigüe qui ferait gloser dans les chaumières de nos jours.

 

Mais qui est cet Elton Jones qui ose mettre de telles réparties dans la bouche de jeunes filles ?

Un écrivain qui a produit de nombreux romans policiers et sentimentaux, sous les pseudonymes de Tony Guilde, Patrick Regan ou encore Gilles Grey, et qui s'appelait Gilette Ziegler, décédée en1981.

Archiviste-paléographe et historienne, cette Niçoise qui fit partie de la Résistance, commença à écrire en 1941 pour diverses maisons d'éditions en zone libre puis chez Ferenczi, Jacquier ou encore Julliard. Son dernier roman policier connu, Le bois du silence parait chez EFR en 1963 puis elle revient à la rédaction d'ouvrages historiques dont Les coulisses de Versailles et Les Templiers.

Malgré son prénom, les romans de Gilette Ziegler n'étaient pas rasoir.

Elton JONES : Tu vas payer ! Collection Mon Roman Policier N°519. Editions Ferenczi. Parution 1er trimestre 1958. 32 pages.

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