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28 mars 2019 4 28 /03 /mars /2019 05:57

Malgré les recommandations parentales, il y en aura toujours qui écouteront les beaux parleurs !

Charles EXBRAYAT : Des demoiselles imprudentes...

A quelques jours de la retraite, le vieil inspecteur Toone de Vos pense en avoir fini avec les enquêtes, même si le commissaire de Conninck possède en instance, voire en souffrance, un dossier épineux. Des jeunes filles de Gand et de sa région retrouvées en Argentine, travaillant dans des clubs réservés aux hommes.

Toutefois il est contrarié quand il apprend que son fils, jeune policier qui travaille également dans le même commissariat de l’Houtdoklaan, dans le quartier populaire du Muide à Gand, que son fils Jef va retrouver Siska, laquelle était partie depuis un mois. Toone préférerait que son fils se fiance avec l’aimable Greta, la fille de l’épicier.

Siska avait gagné un radio-crochet de village et elle avait suivi un beau parleur. Seulement au bout d’un mois, elle s’est rendu compte que les promesses de l’homme n’étaient que du vent. Jef accepte de la rencontrer vers vingt-deux heures dans un parc, malgré les recommandations paternelles.

Peu après le cadavre de Siska est découvert et naturellement Jef est soupçonné. Il préfère s’enfuir que de se rendre à ses collègues policiers. Toone va donc entreprendre une enquête en marge puisque c’est son fils qui est en cause. Officiellement, c’est son collègue Piet qui est chargé par le commissaire de résoudre cette affaire. Mais les relations entre Toone et Piet sont équivalentes à celle d’un chien avec un chat. Un relent de jalousie de la part de Piet.

Jef fait sa réapparition, et Toone obtient, puisqu’aucune preuve probante n’est retenue contre son fils, que celui-ci réintègre le domicile familial. Toone pense qu’un petit malfrat du nom de Deeske, un pilier de bar un voyou affublé d’une sœur qui n’a de cesse de le défendre, pourrait être à l’origine de ce meurtre. Une autre jeune fille est également assassinée, et à nouveau Jef est soupçonné, puisqu’elle aurait affirmé l’avoir aperçu peu auparavant dans le parc en compagnie de Siska. Alors que Jef avait juré n’avoir trouvé qu’un cadavre.

Edmond Maes, l’oncle de Jef et beau-frère de Toone, ainsi que sa femme sont souvent présents à dîner chez les de Vos. Si Edmond est un homme effacé, représentant de commerce et donc souvent en déplacement, sa femme Justine, sœur de celle de Toone, ne passe pas inaperçue avec toutes les breloques qu’elle porte aux poignets et autour du cou.

Dans le quartier du Muide, les langues vont bon train, surtout chez les commerçants. Certains défendent avec acharnement Toone et son fils, tandis que d’autres n’hésitent pas à propager des rumeurs et même accuser de tous les maux Jef. Toone est un vieux policier apprécié de la plupart de ses concitoyens, mais quelques-uns d’entre eux lui vouent une rancune tenace pour de petits faits qui prennent des proportions lors des discussions et des échauffourées. Enfin, il y a ceux qui tergiversent, changeant d’opinion et se rangeant auprès de ceux qui étalent leurs affirmations fallacieuses sans vergogne.

 

Dans ce roman, qui pourrait être un clin d’œil à Simenon, l’auteur joue entre roman policier et roman noir classique, mais souvent avec cet humour qui le caractérisera la plupart du temps dans ses romans dits humoristiques.

On retrouve bon nombre de scènes dont il usera, aussi bien dans les séries du policier italien Tarchinini, père de famille un peu bonasse, et la volcanique et caractérielle Imogène. Les confrontations entre les habitants du Muide sont hautes en couleurs, chacun défendant sa position avec plus ou moins d’hypocrisie et de ressentiment.

Les dialogues sont savoureux ce qui n’empêche pas que la construction de l’énigme policière est imparable, même si le lecteur en vient à deviner l’identité de la ou du coupable. Et les relations entre Toone et son collègue sont également décrites avec réalisme, justesse, mais là encore avec cette pointe d’humour dont Exbrayat raffolait.

Exbrayat savait regarder son entourage, ses concitoyens, les brocardant parfois mais toujours avec tendresse. Et sous des dehors humoristiques, il mettait en scène, sous couvert d’un roman d’énigme, un fait de société dont on ne parle plus guère mais qui dans les années 1950 et suivantes, était dénoncé dans les médias sous l’appellation de traite des blanches.

Le métier des policiers n’est pas de poursuivre des innocents !

Réédition Le Livre de Poche

Réédition Le Livre de Poche

Réédition Le Club des Masques

Réédition Le Club des Masques

Charles EXBRAYAT : Des demoiselles imprudentes... Roman policier classique. Le Masque Jaune N°721. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution 2e trimestre 1961. 254 pages.

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23 janvier 2018 2 23 /01 /janvier /2018 09:55

Mais ils ne sont plus secrets, puisque vous pouvez les découvrir !

June THOMSON : Les dossiers secrets de Sherlock Holmes

Si Sherlock Holmes a suscité l’écriture de nombreux pastiches et parodies, rares furent les romancières féminines à s’attaquer à ce mythe de la littérature policière. June Thomson en est une représentante de qualité.

Après une préface signée Audrey B. Watson, qui n’a aucun lien de parenté avec le célèbre docteur Watson, et dans laquelle elle narre dans quelles circonstances elle a été amenée à se trouver en possession de manuscrits inédits découverts dans une malle, sept nouvelles sont ainsi proposées au lecteur holmésien averti ou non.

Ces affaires s’inscrivent dans le Canon, soit parce qu’elles ont été évoquées, soit parce qu’elles possèdent un rapport direct ou non avec d’autres aventures narrées par John H. Watson.

 

L’affaire du millionnaire persécuté se situe le 21 avril 1895, juste quelques jours avant les singulières aventures de Violet Smith qui ont été narrées dans La Cycliste solitaire. Un millionnaire, John Vincent Harden, originaire des Etats-Unis, vient de s’installer dans le quartier de Belgravia, à Londres, et a également loué une propriété à la campagne. Il doit rester en Angleterre durant un an environ dans le but de présenter sa fille Edith à la bonne société britannique. Seulement il a reçu quelques lettres le menaçant de mort et jugeant la gendarmerie locale incompétente il a préféré faire appel à Holmes.

Dans La démence du colonel, le docteur Watson précise que Pour des raisons qui apparaîtront ultérieurement, il ne sera pas possible de publier un compte-rendu de cette affaire du vivant des principaux intéressés. Or Watson est le premier intéressé dans cette affaire puisqu’une dame se présente à son cabinet et s’enquiert s’il est bien Le docteur Watson ayant servi dans le 5e régiment d’artillerie du Northumberland. Devant l’approbation de celui-ci, elle lui demande s’il a bien connu le colonel Harold Warburton. Quelle n’est pas la stupéfaction de Watson à l’énoncé du nom d’un vieil ami connu quelques années auparavant en Inde, posté près de la frontière afghane, un affrontement au cours duquel Watson fut blessé. Il pensait que Warburton était parti pour la Nouvelle-Zélande, mais il n’en est rien et la dame qui est en face de lui n’est autre que l’épouse du militaire. Elle lui narre dans le détail les raisons pour lesquelles Warburton s’est installé en Angleterre, mais plus grave il semblerait que depuis peu le militaire est atteint de démence et a demandé à être enfermé dans un asile à Guilford. Une affaire qui intéresse au premier chef Watson et il en fait part à son ami Sherlock Holmes. Pourquoi cette démence, d’autant que d’autres personnes semblent atteintes du même mal ? Une visite à l’asile s’impose.

L’histoire suivante, La tragédie Addleton, débute ainsi : Comme je le mentionnais dans Le Pince-nez en or, mon vieil ami Sherlock Holmes se pencha sur un si grand nombre d’affaire, au cours de l’année 1894, qu’en compulsant les trois gros volumes contenant mes compte-rendu manuscrits, j’eu beaucoup de mal à décider lesquels valaient la peine d’être publiés.

Une entrée en matière qui justifie toutes les histoires qui ressortent sous la plume de romanciers apocryphes, et qui s’insèrent judicieusement dans le Canon. Et Miss Addleton, qui s’adresse à Holmes, fait partie de ces nombreuses requérantes dont on n’aurait pas connu les déboires, et ceux de son père, si ces manuscrits n’avaient pas été exhumés.

Cette jeune personne n’est autre que la fille du professeur Addleton qui enseigne à Oxford et a écrit un ouvrage de référence sur les Monuments et sites mortuaires préhistoriques en Grande-Bretagne, ouvrage que possède naturellement Sherlock Holmes. Le professeur Addleton a reçu par courrier provenant d’un archéologue amateur des reliquats de poterie ancienne découvert dans un tumulus non encore recensé, dans les Cornouailles, non loin d’un lieu nommé Minions. Or depuis la réception des trois bouts de terre cuite, le professeur se comporte de façon étrange, et cela lui était déjà arrivé quelques années auparavant. Sherlock Holmes examine les trois objets de taille réduite, puis lorsque Miss Addleton repart, il montre à Watson quelques anomalies. Chaque morceau possède une trace de colle, comme si de minuscules étiquettes avaient été apposées. Naturellement la curiosité est la plus forte et l’attrait de la recherche conjuguée à la mise en cause d’un professeur dont il reconnait les mérites font que Sherlock Holmes et Watson vont se rendre sur place afin d’enquêter sur la provenance de ces reliquats de poterie.

 

En tout sept nouvelles composent ce recueil, aux titres incitant à la lecture, les autres étant Le brocanteur terrorisé, La rixe à bord du Friesland, La succession Smith-Mortimer, Le scandale Maupertuis.

Enfin ce volume se clôt par un appendice intitulé Hypothèse concernant l’identité de la seconde Mrs Watson. Un mariage évoqué par Sherlock lui-même dans Le soldat blanchi, dont il est le narrateur, et qui date de janvier 1903. Une hypothèse et des suppositions étayées par la lecture attentive de nombreuses aventures dont Watson fut le héros par procuration. Et cette hypothèse est écrite par le docteur en Philosophie, John F. Watson, l’homonyme du docteur John H. Watson, le compère de Sherlock Holmes.

Et c’est ce même docteur John F. Watson qui ayant découvert la malle contenant les manuscrits du docteur John H. Watson a entrepris de les recopier afin qu’ils puissent passer à la postérité. Une prémonition heureuse, puisque la malle et les manuscrits originaux avaient été mis en lieu sûr dans un coffre de banque. Seulement nul ne pouvait prévoir les bombardements de 1942 sur Londres.

Un nouvel épisode des aventures de Sherlock Holmes convainquant, respectant fidèlement l’esprit de Conan Doyle, et qui complète Les Carnets secrets de Sherlock Holmes, ouvrage publié dans la même collection sous le numéro 2153 et par un roman sobrement intitulé Watson et Holmes qui se veut être la biographie de nos deux héros, Le masque numéro 2292.

June THOMSON : Les dossiers secrets de Sherlock Holmes (The secret journal of Sherlock Holmes – 1993. Traduction de Catherine Richard). Le Masque Jaune N°2213. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution janvier 1995. 288 pages.

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30 novembre 2016 3 30 /11 /novembre /2016 13:36

Hommage à John Dickson Carr, né le 30 novembre 1906.

John Dickson CARR : Patrick Butler à la barre

Lorsqu'Helen Dean, la fiancée de Hugh Prentice, du cabinet d'avoués Prentice & Vaughan, se moquait de celui-ci parce qu'il lisait en cachette des romans policiers, elle était à cent lieues de se douter que la phrase qu'elle venait de prononcer allait devenir réalité quelques instants plus tard.

D'un ton emphatique et dramatique, la jeune fille déclamait : Du brouillard épais surgit un inconnu au visage basané et à l'accent étranger qui déclare : Je suis Omar d'Hispahan. Il te parle d'un cadavre dans une pièce hermétiquement close...

Quelques minutes plus tard, alors que Londres en cette fin d'après-midi du mois de novembre est noyée dans le brouillard, entre dans l'étude un mystérieux inconnu qui dit s'appeler Abu d'Ispahan. Stupeur des protagonistes.

Hugh Prentice qui a rendez-vous avec Patrick Butler, un éminent avocat corpulent dont le point faible est le sexe, justement dit faible, et dont la devise est : Je ne me trompe jamais, Hugh Prentice donc consulte son associé et presque beau-frère James Vaughan.

Pendant ce temps Abu d'Ispahan se fait trucider d'un coup de poignard par... par... par qui au fait ? puisque les deux seules personnes qui se trouvaient dans l'étude à ce moment-là étaient en train de deviser.

 

Si la traduction en Français de ce roman favorise la découverte de l'assassin, sinon le comment tout au moins le par qui, ce roman de John Dickson Carr n'en est pas moins excellent, humoristique en diable et légèrement coquin, style quelque peu inhabituel à l'auteur.

 

En fait le mystère de la chambre close, thème trop cher à J.-D. Carr pour qu'il ne nous livre pas un roman comportant un meurtre apparemment insoluble, n'est que prétexte à une suite d'avalanche de gags, d'aventures loufoques, farfelues, avec un personnage haut en couleur, Patrick Butler, mais aussi quelques jeunes filles dont le moins que l'on puisse dire est qu'elles cachent bien leur jeu.

Le jeu de l'amour et du falzar en quelque sorte !

 

Réédition collection Le Club des Masques no 636. 1994. 220 pages.

Réédition collection Le Club des Masques no 636. 1994. 220 pages.

John Dickson CARR : Patrick Butler à la barre (Patrick Butler for the Defense - 1956. Traduction de Jean-André Rey). Le Masque Jaune N°1926. Librairie des Champs Elysées. Parution juillet 1988.

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 13:04

Bon anniversaire à Simon Brett né le 28 octobre 1945.

Simon BRETT : Les coulisses de la mort

Simon Brett, auteur de Le théâtre du crime, paru dans la même collection sous le numéro 1787 cette même année 1985 mais qui a été publié en Grande-Bretagne en 1983, soit un an après Les coulisses de la mort (ironie de l'édition française qui publie des romans dans le désordre !), Simon Brett met en scène un acteur de théâtre vieillissant dont la carrière n'est en réalité qu'une succession de ratages.

Pourtant Charles Pris, tel est son nom, y croit encore, espérant décrocher un jour un premier rôle qui le rendra riche et célèbre. Ce rêve va peut-être se concrétiser à l'occasion de la représentation en province d'une pièce de théâtre écrite par un jeune auteur.

D'autant que le producteur est confiant et qu'au loin se profile la perspective de se produire à Londres, dans le West-end, le quartier des spectacles.

Pour cela faut-il encore récolter des critiques élogieuses.

Mais Charles Paris, ce héros qui a connu bien des vicissitudes tout au long de sa carrière se méfie. Il a la nette impression qu'une magouille se profile. Impression qui se verra confortée en de nombreux points, le moindre n'étant pas un coup de revolver incongru et intempestif.

 

Satire des milieux théâtraux Les coulisses de la mort est autant un reportage qu'un roman policier. A conseiller aux acteurs débutants qui aspirent à une gloire rapide.

Charles Paris est le héros de dix-huit romans, dont le dernier publié en Grande-Bretagne en 2012, mais dont seules trois aventures auront été traduites en France.

Simon Brett, qui a connu le succès dans les années 80/90 semble aujourd'hui ignoré, méprisé, des éditeurs français, et c'est dommage, mais c'est le lot de bon nombre de romanciers honnêtes, de bons artisans reconnus comme tels, qui sont délaissés au profit d'auteurs plus en vogue mais pas forcément intéressants. A mon avis.

Simon BRETT : Les coulisses de la mort

Simon BRETT : Les coulisses de la mort (Murder unpromted - 1982. Traduction Jacques Satori); Collection Le masque N°1813. Librairie des Champs Elysées. Parution 1985. 156 pages.

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27 février 2016 6 27 /02 /février /2016 15:07

Hommage à John Dickson Carr décédé le 27 février 1977.

John Dickson CARR : Service des affaires inclassables

Les aventures, ou plutôt les enquêtes du colonel March, enquêtes pour la plupart traduites en France dans diverses revues, entre 1958 et 1973, enfin réunies en un volume.

Le colonel Perceval March fut interprété à la télévision britannique dans les années 1956/1957 par Boris Karloff pour vingt-six épisodes de vingt-six minutes chacun. La plupart de ces épisodes ont été diffusés sur les petits écrans durant l'année 1961. Des petits films, dont leur petit air désuet, qui seraient les bienvenus en rediffusion, le samedi ou dimanche soir par exemple, sur la Trois, en remplacement de Zorro dont les aventures tournent en boucle depuis des années et deviennent répétitives.

Pour en revenir au Service des Affaires Inclassables, ces nouvelles sont toujours agréables à lire ou à relire, car contrairement aux adaptations télévisées, elles n'ont pas pris une ride, ou presque.

L'écriture magique de John Dickson Carr probablement.

John Dickson CARR : Service des affaires inclassables

Le colonel March est le responsable d'un service spécial, une section à part dans Scotland Yard : le département des causes bizarres.

Lorsqu'une enquête piétine, car la solution en est particulièrement difficile à résoudre, le colonel March est appelé à la rescousse. Et il faut l'esprit subtil de ce policier pour découvrir le mystère des empreintes de pas sur une haie qui supporterait difficilement le poids d'un chat, ou encore comment a pu être réalisé un meurtre par des mains sans corps, ou même découvrir la cachette renfermant vingt-trois mille livres sterlings, alors que tout a été passé au peigne fin.

En prime aux sept enquêtes du colonel Marche, le recueil renferme quatre autres nouvelles, dont une inédite en français, ainsi qu'une postface fort intéressante de l'érudit Roland Lacourbe, spécialiste de John Dickson Carr et de son œuvre, et des textes de mystères en chambres closes en général.

John Dickson CARR : Service des affaires inclassables (The Department of Queer Complaints - 1940) Le Masque N°1919. Librairie des Camps Elysées. Parution mai 1988. 288 pages.

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21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 10:44

Hommage à Paul Gerrard né le 21 février 1908.

Paul GERRARD : La chasse au dahu.

Comme c'est dur d'être une garde d'enfant et de se faire kidnapper à la barbe et au nez le bambin dont on a la charge.

Ainsi mademoiselle Lincke, pour qui le petit Mick est un rayon de soleil dans une vie éprouvée, ne peut empêcher l'enlèvement de celui-ci dans l'immeuble même de ses parents.

A l'origine un couple qui a minuté de façon minutieuse ce rapt qui devrait rapporter beaucoup d'argent. Le père, gros industriel lyonnais, ne se fait pas tirer l'oreille pour le paiement de la rançon.

Au lieu de rendre le bébé, pourquoi ne pas exiger une nouvelle dose d'argent frais ? C'est ce que se disent Vicky et Carlo, les ravisseurs, mais pour cela, il faut brouiller les pistes. A bord d'une 2CV, véhicule banal s'il en est (à l'époque), ils parcourent la Haute-Savoie. Mais ce qui n'était qu'une balade devient vite une cavalcade puis une fuite.

Un autre couple de malfrats, qui ont flairé une occasion d'empocher facilement de l'argent, se lance à leur poursuite. Le drame couve avec pour enjeu le petit Mick.

 

Dans La chasse au dahu, ou encore La javanaise, c'est un enfant qui est au centre du récit, rendant celui-ci bouleversant et au combien toujours d'actualité.

Paul Gerrard décrit des faits réels, ne s'embarrassant pas de fioritures fantaisistes.

Comme l'a si bien écrit Gilles Costaz dans un article consacré à Paul Gerrard, pour celui-ci la vie et les romans policiers sont des jeux d'adultes. Ce sont des textes noirs dont la force tient dans la sobriété du style.

Première édition collection Un Mystère N°526. Presses de la Cité. Parution 1960.

Première édition collection Un Mystère N°526. Presses de la Cité. Parution 1960.

Ayant connu son heure de gloire dans les années 1950/60, aussi bien sous ce nom que celui de Paul Berna, pseudonyme utilisé pour rédiger des livres pour enfants et adolescents, Paul Gerrard était revenu en grâce à la fin des années 1980, grâce à la réédition de ses romans soit en format poche, soit en Intégrales. Aujourd'hui il est à nouveau retombé dans l'oubli, mais un véritable romancier ne meurt jamais, et il est à parier que dans quelques années il reviendra sur les étals des libraires.

 

Paul GERRARD : La chasse au dahu.

Paul GERRARD : La chasse au dahu. Collection le Masque Jaune N°1945. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution février 1989. 186 pages.

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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 10:08

Tant qu'il y aura des pommes...

Peter LOVESEY : Cidre brut

Octobre 1964.

Theo Sinclair, la trentaine, célibataire, professeur d'histoire à l'Université de Reading, n'apprécie guère l'intrusion d'une jeune fille américaine dans sa vie. Une vie calme et tranquille jusque là. Une vie rangée, consacrée à son travail, à la lecture et quelques sorties en compagnie de sa petite amie.

Le tout ponctué du bruit caractéristique de l'embout de sa canne sur le sol lors de ses déplacements. Faut dire que Theo Sinclair est quelque peu handicapé à la suite d'une polio contractée à l'âge de treize ans.

Mais Alice Ashenfelter, cette jeune Américaine délurée et entreprenante, si elle lui fait revivre sa jeunesse, le ramène bien avant cette maladie, lorsque le jeune Theo, à l'âge de neuf ans, est le catalyseur et le témoin d'une tragédie déroulée durant la Seconde Guerre Mondiale.

Evacué de Londres pilonnée par des bombes, et placé dans une famille de fermiers du Somerset, le jeune Theo va se prendre de passion pour la jeune fille de sa famille adoptive. Barbara a dix-neuf ans et Theo la vénère, lui voue un culte inconscient. Dans le village et à l'école, il fait un peu office de bête curieuse. Son parler n'est pas le même, et puis il a connu de près les bombes, la mort, la guerre mais aussi les soldats US. Justement un détachement de G.I. vient de se baser non loin du village et sous prétexte de chewing-gum, Theo va faire la connaissance de Donovan et de Harry, des militaires américains.

Alice Ashenfelder possède une bonne raison d'importuner Theo. Donovan, son père, a été accusé de meurtre et a été exécuté loin de sa famille, en partie à cause du témoignage de Theo. Elle ne croit pas ce que les journaux de l'époque ont relaté. Donovan tuant par amour de la belle Barbara.

Alice va donc obliger Theo à remonter le passé, à revivre une époque de sa jeunesse, une époque dont il n'est pas particulièrement fier et à enquêter sur les lieux même de la tragédie, retrouvant les personnages qui y ont participé.

 

Encore un excellent roman de Peter Lovesey qui s'affirmait comme l'un des tous premiers auteurs britanniques dans les années 1980 et 1990 mais qui est depuis oublié des éditeurs français.

 

Peter LOVESEY : Cidre brut

Peter LOVESEY : Cidre brut (Rough Cider - 1986. Traduction de Jean-Michel Alamagny). Collection Le Masque N°1933. Librairie des Champs Elysées. Parution novembre 1988.

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8 janvier 2016 5 08 /01 /janvier /2016 14:40

Viens dans mon joli pavillon...

Fred KASSAK : Une chaumière et un meurtre.

Il n'est guère aisé de travailler dans une ambiance dans laquelle le bruit est roi.

C'est ce que déplore Lionel Fribourg, égyptologue distingué, qui aimerait pouvoir écrire un mémoire sur les religions de l'Egypte ancienne d'après les tonnes de notes qui s'entassent dans un appartement exigu et réceptif à toutes sortes de sons discordants, cacophoniques et assourdissants.

Un mémoire qui lui entrouvrirait les portes du Collège de France et lui apporterait la consécration, et peut-être l'opulence.

Une rencontre inopinée avec Agnès, jeune femme naïve, très naïve, pour ne pas dire plus, lui fait miroiter ce qu'il n'osait plus espérer : un havre de paix dans un pavillon de banlieue.

Ah le calme, la tranquillité !

C'est sans compter sur le destin malin qui semble jouer comme au ludion inaccessible avec ce pavillon tentateur.

 

Fred Kassak est un auteur de roman policiers et romans noirs et, outre une ingéniosité perverse dans ses intrigues, il allie à une trame solide une écriture humoristique très travaillée, proche de celle de Wodehouse ou de Dickens dans les Papiers Posthumes de Monsieur Pickwick ou encore Charles Exbrayat.

L'humour est présent d'une façon sobre, apparemment facile, excluant toute vulgarité. C'est un humour axé sur le descriptif et la situation des personnages.

Ce roman a été adapté en 1963 par Pierre Chenal sous le titre L'assassin connait la musique. Avec dans les rôles principaux Paul Meurisse, Maria Schell (que j'aime) et Jacques Dufilho.

Fred KASSAK : Une chaumière et un meurtre.
Première édition Collection Un Mystère N° 570. Presses de la Cité. 192 pages.

Première édition Collection Un Mystère N° 570. Presses de la Cité. 192 pages.

Réédition format Kindle avril 2015. 4,49€.

Réédition format Kindle avril 2015. 4,49€.

Envie de connaitre Fred Kassak ? Cliquez sur le lien ci-dessous :

 

Fred KASSAK : Une chaumière et un meurtre. Collection Le Masque jaune N°1981. Librairie des Champs Elysées. Parution décembre 1989.

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2 janvier 2016 6 02 /01 /janvier /2016 14:14

Pour vérifier qu'il est bien vivant ?

Alexandre TERREL : Le Croque-mort s'en mord les doigts.

Mon travail est d'offrir un service déterminé à la collectivité, pas d'interférer dans la vie privée de mes clients.

Cette phrase, cette déclaration, est due à Antoine Chabrier, croque-mort de son état, et exerçant ses talents à Balançon-les-Bains.

Pourtant, lorsque quelques chose va de travers, c'est vers Chabrier que l'on se tourne. C'est Chabrier que l'on consulte. C'est Chabrier qui recueille les confidences, plus ou moins explicites, plus ou moins approfondies, de ses concitoyens en mal de vivre.

Par exemple ce brave docteur Surepoix, gynécologue, qui sentant sa mort prochaine, il a déjà échappé à trois attentats, lui demande d'organiser ses prochaines funérailles d'une façon discrète. Madame la future veuve Surepoix ne devant en aucun cas être mêlée à des tracasseries administratives ou autres.

C'est bien joli tout ça, mais si le docteur Surepoix se montre un brin défaitiste, notre thanatopracteur aimerait bien comprendre le pourquoi du comment.

Que diable, on veut attenter à la vie d'un homme et celui-ci accepte son sort dans rechigner, sans regimber, sans vouloir connaître l'auteur et les motivations qui vont le conduire au cimetière de Balançon ? Chabrier, soupçonne, à juste titre, une entourloupette.

D'autant plus que ses rapports avec le juge Jeanne de Festui-Poupard, dite Fesse de Poupée, et quelques autres notables de la cité thermale, sont assez tendus et, que pour une fois, il aimerait bien qu'on lui fiche la paix.

Mais une fois de plus, et malgré lui, Chabrier se retrouve embringué dans une histoire de meurtre et il ne reste plus qu'à effectuer lui-même sa propre enquête.

 

Dans ce roman, et dans les précédents qui mettaient en scène Antoine Chabrier, liste ci-dessous, Alexandre Terrel, plus connu sous l'alias d'Alexis Lecaye, se délecte dans la description des mœurs d'une petite sous-préfecture de la France profonde, et ce pour la plus grande joie de ses lecteurs.

Cette série était comme une distraction dans l'œuvre de Terrel/Lecaye, qui comporte de nombreuses réussites, dont Marx et Sherlock Holmes, Einstein et Sherlock Holmes, La dissolution, Le Bagnard, la voyante et l'espion, Les Chemins de Sigmaringen, et bien entendu sa série des Dames.

Liste des romans mettant en scène Antoine Chabrier :

Le Croque-mort de ma vie, Le Masque no1792, 1985

Le Croque-mort s'en va-t'en bière, Le Masque no1801, 1985

Le Croque-mort et les mort vivants, Le Masque no1822, 1986

Le Croque-mort et sa veuve, Le Masque no1867, 1987

Enterrez le Croque-mort, Le Masque no1904, 1987

Le Croque-mort a croqué la pomme, Le Masque no1925, 1988

Le Croque-mort s'en mord les doigts, Le Masque no1997, 1990

 

Alexandre TERREL : Le Croque-mort s'en mord les doigts. Le Masque N°1997. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution Mars 1990.

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 08:07

Le rêve de tout romancier...

Julian SYMONS : Un manuscrit en or massif

Cantonné depuis longtemps dans le rôle de Sherlock Holmes, un peu à cause de son physique et beaucoup grâce à la qualité de son interprétation, Sheridan Haynes, qui possède les mêmes initiales que son personnage, Sheridan Haynes se morfond quelque peu dans l'attente de la pièce de théâtre ou du film qui le fera renouer avec le succès.

Pourtant le travail ne manque pas, même si parfois il est confidentiel. Ainsi il doit donner une représentation au Château de Baskerville au profit d'un seul spectateur : le richissime et énigmatique Warren Waymark.

Les rumeurs ne manquent pas de circuler à propos de ce personnage excentrique qui collectionne tout ce qui est en rapport avec le mythe de Sherlock Holmes.

L'une d'elle, tenace et invérifiable, prétend que Warren Waymark n'est plus de ce monde et qu'un imposteur, ou tout du moins un figurant, tient le rôle du milliardaire.

Sheridan Haynes est convié dans la même période à procéder à quelques lectures au Danemark, invité par la Silver Blaze Society, une association qui emprunte son nom à une nouvelle écrite par Conan Doyle. Sheridan Haynes y retrouve l'un de ses anciens condisciples scolaires qui lui propose d'acheter, ou de trouver un éventuel acheteur et dans ce cas pourquoi pas Warren Waymark, un manuscrit inédit et incomplet dû à la plume du père de Sherlock Holmes.

Les transactions s'engagent et entraînent l'acteur du Danemark à Amsterdam. Les morts commencent à tomber comme à Gravelotte autour de Sheridan Haynes qui se demande si, primo, le manuscrit proposé est authentique, et si, secundo, le milliardaire cloîtré est l'original.

 

Entraîné à son corps défendant dans cette histoire, Sheridan, dont on a fait la connaissance dans une précédente aventure publiée au Masque sous le titre La peau du rôle, Sheridan pourra remercier sa femme et son frère de le sortir de ce mauvais pas, même s'il n'en recueille pas toute la gloire dont il pouvait être en droit de prétendre.

Un roman dont l'action traîne quelque peu en longueur et Julian Symons nous avait habitué à mieux.

Julian SYMONS : Un manuscrit en or massif (The Kentish Manor Murders - 1988. Traduction de Jean Esch). Le Masque N°2048. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution mai 1991. 224 pages.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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