Ah ces mariages arrangés qui n’arrangent personne, ou presque !
Devenu le cinquième marquis de Strafford, grâce ou à cause des décès accidentels de son père et de son frère, Justin Faversham se retrouve à la tête d’un héritage en déliquescence. Et il va devoir hypothéquer quelques biens afin de régler les dettes et factures en souffrance.
Ayant perdu sa mère tout jeune, il a été élevé par sa tante Henriette Faversham, tandis que son père et son frère, des noceurs, dilapidaient la fortune familiale dans des bouges et au jeu. Afin de se refaire une santé financière, il se trouve dans l’obligation de se séparer de quelques propriétés, dont le Prieuré de Strafford. Il est célibataire et sa tante lui souffle qu’il devrait se marier et lui indique le nom de quelques jeunes femmes qui pourraient lui convenir. Cependant, il courtise la belle Amelia Winch mariée à un riche noble beaucoup plus âgée qu’elle. Mais elle n’était pas la seule dans ce cas à cette époque, et il n’est pas interdit de penser que ce genre d’union hors lit conjugal perdure.
Justin, qui n’en vaut pas deux, est contacté par un acteur déchu, ayant contracté une maladie de peau lors d’une tournée, et père d’une adolescente miséreuse. Barrington signifie a Justin qu’il accepterait de lui rendre une dette de jeu contractée par son père et concernant le Prieuré s’il accepte d’épouser sa fille Valerie qui, à seize ans, n’en paraît que douze. Barrington préfère dépenser ses maigres subsides en liquides alcoolisés que la nourrir et lui offrir un logement décent.
Justin accepte ce marché qui est en réalité un chantage, et le mariage est célébré en petit comité. Puis aussitôt la cérémonie terminée, Justin emmène sa nouvelle épouse au Prieuré, et lui signifie que dès le lendemain il embarque pour le continent. Une mise au point qui se termine chacun dans ses draps, chacun dans sa chambre.
Deux ans plus tard, Justin retrouve à Paris Robert Parish qui fut son témoin à son mariage. Son ami lui précise que la chrysalide miteuse est devenue un papillon magnifique qui se rend régulièrement à Londres en compagnie de tante Henriette. Et que Valerie ne manque pas de prétendants dont un certain Hugh Goddard.
Jaloux, Justin revient à Londres et au Prieuré et ce qu’il voit confirme les dires de Robert. Valerie est devenue une véritable marquise et est fort courtisée. De plus elle s’est liée d’amitié avec Amelia Winch ce qui énerve Justin. Et la présence continuelle de Hugh Goddard près de Valerie, son empressement le taraude. Une gifle ressentie lorsque son épouse lui annonce qu’elle veut se marier avec ce joli-cœur qui, selon Justin, ne lui arrive pas à la cheville.
Cette histoire qui se déroule en 1780 est tout autant un roman de mœurs, d’amour, une étude de la société anglaise, et le portrait de deux personnages qui sont réunis à cause d’une dette de jeu alors que tout devrait les séparer.
Justin Faversham se montre arrogant, jaloux, autoritaire, orgueilleux et, en même temps, ce n’est qu’un homme fragile qui se donne une contenance afin de se prouver qu’il existe. Valerie a vécu dans des taudis depuis que sa mère est décédée et que son père s’est adonné au jeu et à la boisson. Elle se montre forte, mais ce n’est peut-être qu’une apparence trompeuse.
C’est l’opposition entre la noblesse et le monde des miséreux qui est ici décrite à travers deux personnages qui se montrent tout à tour attachants et maupiteux.
Tout sépare ces deux êtres et pourtant tout les relie. Il suffit juste d’un peu de compréhension, de discernement, de tolérance, d’adaptation vis-à-vis l’un de l’autre, mais le chemin est long à parcourir et il n’est pas sûr qu’ils parviennent à emprunter la bonne voie.
Malgré la présence d’un titre en anglais, il me semble que cet ouvrage soit l’œuvre d’un ou d’une romancière française. Pas de nom de traducteur, pas de copyright, sauf celui de Rachelle Edwards et Editions Mondiales 1976. De plus les quelques notes en fin de page ne comportent pas la mention Note du traducteur, comme il est de coutume lors de traduction. La Mésalliance est le seul roman de Rachelle Edwards au catalogue de la collection Modes de Paris et des autres collections des Editions Mondiales, c’est-à-dire Intimité, Nous Deux et Floralies.
Rachelle Edwards explore la psychologie de ses deux personnages principaux et l’on peut affirmer qu’elle n’en est pas à son premier roman. Donc il s’agit d’un auteur, probablement féminin, qui possède à son actif déjà plusieurs romans. Et, mais peut-être me trompé-je, je pense fortement à Françoise d’Eaubonne qui a écrit sous de nombreux pseudonymes dont celui de Nadine de Longueval au Fleuve Noir pour la collection Grands Romans et Présence des Femmes. Et elle a débuté en écriture sous des alias collectif comme Diego Michigan.
Rachelle EDWARDS : La mésalliance (An Unequal Match). Collection Modes de Paris N°78. Les Editions Mondiales. Parution 1er juillet 1976. 222 pages.
ISBN : 2707440787
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