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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 12:21

Je suis une légende était le titre d'un de ses romans. Aujourd'hui, c'est devenu une réalité puisque Richard Matheson nous a quitté le 23 juin à l'âge de 87 ans.

Je vous propose de revisiter deux de ses ouvrages.

 

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Richard Matheson : Echos (A Stir of echoes – traduit par Jean-Paul Gratias). Clancier-Guénaud, collection Série 33 N°3. (Réédition Editions Rivages, collection Rivages Noir N°217). 248 pages.

Roman fantastique construit avec la rigueur et le suspense qui caractérisent les romans policiers, Echos n'utilise aucun des artifices chers aux romanciers du début du siècle dernier. Sa force réside dans l'écriture et l'atmosphère enserrant les protagonistes.

Tout commence par une banale réunion entre voisins, dans une cité pavillonnaire. Tom Wallace, le narrateur, et son beau-frère Phil s'asticotent comme à l'habitude, passent le temps en joutes oratoires. Mais au cours de cette soirée conviviale vont se dérouler des événements qui vont influer sur Tom et son psychisme.

Malgré ses réticences il va se laisser hypnotiser par son beau-frère. Peu après il sera il sera sujet à des prémonitions, il sentira des présences. Ses nouveaux pouvoirs supranormaux le conduiront à anticiper certains événements, ce qui ne sera pas sans lui causer quelques désagréments non seulement dans sa vie familiale mais aussi auprès de ses relations de voisinage.

Et que vient faire en pleine nuit le fantôme d'une femme qui semble être la précédente locataire du pavillon où vit Tom, son épouse et leur fils.

Ecrit par un spécialiste de la science-fiction et du roman policier - souvenez-vous des "Seins de glace", de "Jour de fureur", de "L'homme qui rétrécit" ou encore de "Je suis une légende" - Echos est un roman dont l'angoisse sourde et diffuse ne cesse de croître à chaque page.

 

 

 

cimetière

 

 

Richard MATHESON : Cimetière Blues. (Traduit de l’américain par Stéphane Bourgoin). Collection Série 33 N°9. Editions Clancier-Guénaud. Juin 1988. 222 pages.

Un journaliste qui découvre qu’une marionnette humaine peut ressentir les effets néfastes des outrages et de la ségrégation comme tout un chacun.

Un homme qui disparait en plein désert alors qu’il s’apprêtait à se rafraîchir dans un bar miteux en compagnie de sa femme ;

La vampirisation des Etats-Unis par une ville devenue tentaculaire ;

Un étudiant qui ressent avec stupeur une attirance sexuelle pour sa voisine ainsi que des fantasmes étrangers à son comportement habituel ;

Des grillons en relation avec les morts et qui complotent en paix ;

Les réactions de trois couples d’amis, vingt quatre heures sur vingt quatre avant la fin du monde ;

Telles sont quelques unes des neuf histoires que Richard Matheson a écrites en 1952 et 1962 et réunies en recueil par Stéphane Bourgoin sous ce titre de Cimetière Blues.

Neuf nouvelles qui traitent du fantastique, de la science-fiction, du policier, mais qui toutes expriment un certain désarroi des personnages devant des événements prévus ou imprévus. C’est le combat en un optimisme mesuré et un pessimisme latent qui ronge les protagonistes malgré leur désir de forcer la fatalité, de dominer un destin qu’ils réfutent.

 

Voir également l'article de Claude consacré à Richard Matheson sur Action Suspense.

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 14:32

Et rien en contrepartie ?

 

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Il parait que le sport, c’est bon pour la santé. Il parait ! Car James Hayman nous démontre le contraire. Suivez le guide !

Ce soir-là, tandis qu’il se rend dans un restaurant italien en compagnie de Kyra sa compagne, le chef de la brigade criminelle de Portland, dans le Maine, Michael McCabe ne pensait pas avoir à son menu du cœur. D’habitude il se régale d’un plat simple, un steak bleu à la new-yorkaise tandis que Kyra se délecte des spécialités du chef. Il est vrai que Kyra est artiste peintre et elle aime les couleurs tandis que McCabe est un intellectuel, détaché des nourritures terrestres. Intellectuel, c’est peut-être dire vite, mais il possède une mémoire d’éléphant, capable de réciter mot pour mot des passages d’un livre lu quelques mois auparavant. Tandis qu’il termine son apéritif, immuablement un whisky, il est appelé au téléphone par son adjointe Maggie. Le corps d’une adolescente a été découvert par un ivrogne dans une décharge de ferraille.

Arrivé sur place, il constate, et cela avant même que la médecin légiste Terri Mirabito soit arrivée, que l’adolescente est décédée et que plus rien ne pourra la ressusciter : son thorax a été ouvert proprement et longitudinalement et son cœur a été extirpé. A quelles fins (non, pas à quelle faim !) ? Il relève d’autres indices, d’absence d’une boucle d’oreille et des traces de brûlures sur la poitrine et les cuisses. Bientôt il a la confirmation que ce cadavre est celui de Katie, une adolescente de seize ans, sportive et joueuse de football, disparue depuis une semaine.

Et comme si cette affaire ne suffisait pas, une autre non moins inquiétante se profile. Lucinda, une jeune femme de vingt-sept ans, s’est fait enlever alors qu’elle effectuait son entrainement matinal, sur un chemin en bordure du fleuve, en compagnie de son chien Fritz, afin de participer sous peu à un dix kilomètres. Pas de témoins, car à cette heure matinale rares sont ceux qui courent dans le brouillard. Sur place McCabe procède, au péril de sa vie, aux premières inspections. Une casquette de base-ball appartenant à la joggeuse est retrouvée ainsi que le cadavre de son animal plusieurs mètres plus bas dans la pente qui rejoint la berge du fleuve.

Un lien pourrait être établi entre ces deux disparitions et McCabe et son équipe espèrent pouvoir retrouver son ravisseur afin que Lucinda ne connaisse pas le même sort que Katie. Opiniâtre McCabe suit plusieurs pistes à la fois. Celle du petit ami de Kate, avec lequel elle s’était disputée, n’est pas à écarter, mais il privilégie toutefois celle d’un spécialiste de la découpe. En premier Spencer, chirurgien spécialisé dans la transplantation cardiaque à l’hôpital de Portland. Il rencontre l’homme de l’art qui lui fait mauvaise impression et remarque accrochée dans son bureau une photo le représentant en compagnie de trois amis. L’attitude de Spencer sur ce cliché regardant l’un de ses compagnons est assez ambiguë. Spencer a du répondant et argue que si McCabe continue à l’importuner, il va en référer à son chef, le commandant Shockley. Tous deux font partie du même club mais cela n’impressionne guère le policier qui en a vu d’autres.


Un petit génie de l’informatique travaillant dans les services de police parvient, en visionnant la vidéo qui surveillait la décharge, à discerner des éléments utilisables pour réduire le champ des possibilités en ce qui concerne la véhicule ayant servi à transporter le corps ainsi qu’à donner un signalement approximatif de l’homme qui a déposé le cadavre de Katie. Ce n’est pas grand-chose mais il faut faire avec. Lors de la conférence de presse organisée par Shockley, en présence de McCabe qui se serait bien passé de cet entracte, l’un des journalistes demande pourquoi le brillant policier qui officiait auparavant à New-York a été muté à Portland. Le genre de question qui fâche. McCabe aurait-il un secret ? La réponse fournie par Shockley semble assez convaincante pour faire taire les curieux. McCabe aperçoit dans la foule une jeune femme qui n’est pas journaliste et profite de la cohue pour s’éclipser. Il la revoit plus tard et elle affirme avoir des révélations à lui faire.

McCabe s’entretient avec l’entraineur de football de Katie qui est aussi son professeur de biologie. Mais il oriente son enquête vers tous les chirurgiens de l’état susceptible de pouvoir extraire un cœur proprement de son enveloppe. Et en compulsant son ordinateur, il dégotte qu’une affaire similaire s’est produite trois ans environ auparavant en Floride. Il téléphone à l’un des policiers qui était en charge de l’enquête et apprend que Lucas Kane, le fameux ami figurant sur la photo était en Floride aussi mais qu’il est mort, assassiné.


Les heures défilent et le temps presse car McCabe espère retrouver saine et sauve Lucinda avant que le chirurgien, ou présumé tel s’occupe de son cœur. Et d’autres affaires semblables refont jour. Or à chaque fois ce sont des femmes blondes, jeunes, sportives qui ont disparu sans qu’on les retrouve.


Démarrant comme un bon roman policier de suspense classique, Donne-moi ton cœur bascule peu à peu dans le frileur (thriller pour les anglophiles). L’angoisse devient de plus en plus oppressante et le lecteur participe à cette course contre la montre tournant fébrilement les pages jusqu’à l’épilogue. Bientôt il possède une petite idée de l’identité du coupable, mais l’auteur, en marionnettiste adroit, a su garder quelques ficelles invisibles dans ses mains, jouant à faire évoluer ses personnages avec dextérité et instillant l’angoisse progressivement. Peu à peu il donne de l’épaisseur justement à ceux-ci, s’attardant sur McCabe, ses antécédents, mais également sur sa vie privée. Le policier est inquiet lorsqu’il laisse Casey, sa fille de treize ans, seule, car sa femme l’a quitté pour plus riche que lui. Les goûts de luxe ont été plus forts que l’amour. D’ailleurs elle se manifeste pour revoir Casey, alors qu’elle n’avait pas donné de signe de vie depuis trois ans. Alors oui, McCabe se demande si c’est pour récupérer Casey ou simplement une tocade. Kyra, sa compagne du moment, effacée dans le récit est toujours présente au bon moment, tandis que Maggie sa coéquipière, il apprend à la connaître et à l’apprécier.

D’autres faits sont également révélés, qu’ils fassent partie du récit ou non, mais qui ne l’alourdissent pas, tout juste un répit dans la progression montante de l’intrigue et de l’angoisse qui la nimbe.


James HAYMAN : Donne-moi ton cœur (The Cutting – 2009. Traduit par Frédéric Brument). Pré-publié chez France-Loisirs sous le titre L’écorcheur de Portland. Editions de l’Archipel. 12 juin 2013. 418 pages. 22,00€.

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 07:45

  Colporter, oui, mais pas n'importe quoi... !


 corde au cou-copie-1

 Si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi, antienne bien connue. C’est un peu ce que fait Roger le colporteur, dans un but pacifique, puisque les ruraux ne pouvant se déplacer pour acquérir ou même découvrir les nouveautés en matière de bimbeloterie, il sillonne la campagne, transportant sur son dos moult objets.

En cette fin d’année 1473, il arrive à Bristol, grelottant de fièvre malgré une robuste constitution, condition sine qua none pour parcourir par tous temps villes et villages. Il est recueilli par Margaret Walker, une veuve, et Lillis, sa fille. Il est soigné, nourri, choyé, plus qu’il n’aurait pu le penser puisque Lillis va jusque dans sa couche afin de lui réchauffer les membres. Lorsqu’il apprend que le père de Margaret est décédé peu de temps auparavant, traînant avec lui une sombre histoire mettant en cause le frère d’un riche bourgeois de la cité, il décide de mettre au service de la veuve ses facultés de déduction dont il a déjà fait profiter un édile de Bristol quelque temps auparavant. Ce qui d’ailleurs lui ouvre certaines portes, lesquelles resteraient en temps normal fermées à un manant tel que lui.

Le père de Margaret, après avoir été tisserand, est devenu l’encaisseur des loyers de Edward Herepath, usant pour cela d’une autorité un peu trop abrupte. Un jour il disparaît. Son chapeau est retrouvé flottant sur les eaux de la rivière. Et bien entendu l’argent collecté a disparu. Immédiatement Robert, le jeune frère d’Edward, un malandrin dont la mauvaise réputation n’est pas usurpée, est soupçonné de s’être emparé de l’argent et d’avoir tué le vieil homme.

S’il reconnaît le vol, Robert se défend d’avoir perpétré un assassinat. Il est toutefois pendu après avoir été jugé. L’affaire se tasse jusqu’au jour où le père de Margaret réapparaît, l’esprit nébuleux, affirmant avoir été enlevé par des marchands d’esclaves Irlandais. Il porte encore les traces de stigmates de coups, des traînées de sang ont été relevées dans la pièce, d’autres subsistent sur ses vêtements. L’opinion populaire, malgré ce retour impromptu, considère que Robert est bien le coupable présumé d’un forfait accompli, le vol d’argent, et d’un autre, la tentative d’assassinat.

Au bout de quelques mois le sexagénaire décède de mort naturelle. Cependant pour certains la culpabilité de Robert est mise en doute. Encore faible, Roger, pour payer sa dette envers ses logeuses, va se mettre en quête d’une improbable vérité. C’est ainsi qu’il est confronté à une secte, ou plutôt à des hérésiarques, les lollards, disciples de John Wycliff, théoricien professant un anticléricalisme virulent et ancêtre spirituel de Luther et Calvin. Ce n’est pas parmi cette congrégation que Roger trouvera le meurtrier, c’eut été trop facile, mais elle lui apportera des éléments de réponse aux nombreuses questions qu’il se pose.

Kate Sedley joue finement l’approche de l’anglicanisme sans le nommer, les rapports déjà tendus entre Anglais et Irlandais, et décrit avec une précision étonnante la vie quotidienne en Angleterre à la fin du XVème siècle sans que l’enquête, noyau du roman, soit occultée. Une plongée dans l’histoire qui met en exergue l’intégrisme, là encore sans le nommer, puisque le christianisme, le catholicisme plus exactement, était religion officielle et qu’il ne fallait surtout pas penser autrement que selon des règles édictées et inviolables. Roger, tout en étant croyant, se montre tolérant. Qualité extrêmement rare; malgré les bonnes volontés d’hier et d’aujourd’hui, car la démagogie veut que la tolérance soit prônée mais pas souvent respectée. Mais ceci est un autre débat.


 Kate SEDLEY : La corde au cou. Collection Grands Détectives N° 2956. 10/18.

 

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 12:48

Mais pas un modèle d'assassin !

 

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Alors qu’elle pouvait espérer devenir dans un proche délai ministre à la tête de l’économie et des finances, la belle Patricia Langford est retrouvée assassinée d’une façon horrible. Un coup dans le bas-ventre et égorgement à l’aide d’un couteau à huîtres. Finies les ambitions pour cette demoiselle de quarante-deux ans « qui passait pour une vipère au sang très froid », particulièrement douée pour l’analyse des finances publiques, et délaissant au profit de sa carrière sa vie privée et sentimentale. Pourtant ce n’étaient pas les charmes physiques qui lui manquaient.

L’idée première qui vient à l’esprit du surintendant Dodson, est qu’il s’agit d’un crime politique. Horreur et scandales se profilent à l’horizon. Il fait appel à Lord Percival, célèbre criminologue écossais, qui ne demande qu’à l’aider dans les enquêtes périlleuses, n’hésitant pas à abandonner son chien Abercrombie, Lady Ophélia, sa maîtresse malgré les tensions séculaires entre leurs clans respectifs, son domaine et Dorothéa qui gère ses actions en bourse.

Mais revenons à Patricia, qui de toute façon n’a plus rien à dire. Son assassinat a été perpétré un lundi, jour faste pour qui veut entamer la semaine d’un bon pied. Le jeudi, quatre autres meurtres sont enregistrés, un homme et trois femmes. Un véritable casse-tête pour notre criminologue et surintendant. Rien ne semble relier ces victimes, hors la méthode employée, pourtant Lord Percival ne part pas battu. D’après la collaboratrice pour l’entretien de l’appartement, autrement dit l’employée de maison pakistanaise de Patricia Langford, l’ex-future ministre avait une liaison avec un homme qui, après recherches et portrait-robot à l’appui, Stephen Palton, s’avère être un peintre renommé.

Stephen est divorcé et fume volontiers le cigare. Ce qui n’a rien à voir. Quoique… En effet des débris de tabac ont été retrouvés chez deux des victimes. Et l’alibi de Stephen n’est guère fameux. D’autres prétendants au crime vont bientôt grossir les rangs, mais comment démêler le vrai du faux dans cet imbroglio ? Après tout c’est le travail de nos deux enquêteurs. Le lecteur, lui, se contente de suivre béatement les deux hommes dans leurs recherches.

La série des enquêtes de Lord Percival, dont un assassin modèle est le troisième volet après Le cheval du crime et Le dernier meurtre d’Agatha Christie, nous entraîne dans l’atmosphère d’une aimable parodie de romans « British » bon chic, bon genre, un peu à la manière des enquêtes de l’inspecteur Buckingham, romans parus aux éditions du Rocher. Un livre dont la seule prétention est de faire passer un moment de détente et qui y réussit, même s’il puise dans l’art rétro.

assassin-modele.jpgCe qui n’empêche pas l’auteur de brocarder gentiment les artistes, ou plutôt une conception de l’art et du spectacle qui, sous couvert de créativité, se permet n’importe quoi et principalement de jouer dans la vulgarité, synonyme pour certains de modernité. L’aspect roman noir et sociologique est édulcoré car seul l’esprit ludique plane sur cette collection, n’en déplaise aux esprits chagrins qui voudraient que tout roman soit axé sur le message politique, social ou autre. Il est bon parfois de se reposer les neurones, d’échapper aux vicissitudes de la vie quotidienne, de se laisser à lire sans réfléchir.

Dernière précision : Si j’ai fait référence à J.B. Livingstone, ce n’est évidemment pas par hasard. Entre ces auteurs les ressemblances sont frappantes aussi bien dans le style que dans leurs personnages. Car tous les deux sont le même romancier, l’écrivain égyptologue Christian Jacq.


Christopher CARTER : Un assassin modèle. Collection Sir Percival. Editions Robert Laffont. Octobre 1998. Réédition Pocket novembre 2002.

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 06:27

Bon anniversaire à Lawrence Block né le 24 juin 1938 !

 

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Matthew Scuder, ex-flic, s’est mis à boire afin d’effacer une vieille histoire. Cela ne l’empêche pas de travailler de temps en temps, pour faire plaisir, aidant des amis lorsque ceux-ci sont dans la panade.

Alors il effectue des recherches, de ci de là, en dilettante, surtout pour arrondir ses fins de mois et pouvoir contenter ses envies de bière et de bourbon.

Accessoirement envoyer un mandat à sa femme, dont il est séparé, afin qu’elle élève dignement ses deux garçons.

Coup sur coup il est chargé, quoi que cela ne l’enchante guère, d’enquêter sur le vol dont ont été victimes les tenanciers d’un bar clandestin, de retrouver les registres d’une comptabilité légèrement falsifiée et d’innocenter un homme accusé d’avoir tué sa légitime. Il passe ainsi d’une enquête à l’autre ou il les conduit de front selon son humeur.

Principale caractéristique de ce privé sans officine : il fait don du dixième de ce qu’il perçoit aux communautés religieuses.

Comme dans Huit millions de morts en sursis Lawrence Block nous dépeint une tranche de vie new-yorkaise avec humour, noir parfois, et les personnages sont profondément humains et vivants.

Les dialogues sont incisifs mais ne tombent pas dans une certaine facilité où la vulgarité est de mise.

 

A lire également mes chroniques sur : Le voleur qui aimait Mondrian, L'amour du métier, Les lettres mauves et Le Blues du libraire

Lawrence BLOCK : Le blues des alcoolos (When the sacred ginmill closes – 1986. Traduit par Daniel Lemoine). Série Noire N° 2106. 318 pages.

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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 07:43

Le libraire voleur et esthète.

 

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Le chat de Carolyn, l'amie lesbienne de Bernie Rhodenbarr, a été enlevé. La ravisseuse, à l'accent allemand, demande en échange un tableau du peintre Mondrian. Bernie qui cumule les activités de bouquiniste et de monte-en-l'air est convoqué par Onderdonk pour estimer sa collection de livres. Il remarque accroché au mur un tableau du peintre. Profitant de l'absence de son client il s'introduit nuitamment dans la résidence. Le tableau a disparu mais Andréa, une jeune femme qui semble apeurée, attend Onderdonk. Bernie la rassure et écoute ses explications oiseuses quant à sa présence.

Ray Kirschmann, policier et ennemi intime de Bernie, l'accuse de la mort d'Onderdonk dont on a retrouvé le cadavre dans un placard de son appartement. Libéré sous caution, Bernie prend un avocat, Hemphill, auquel il est obligé d'avouer qu'il a visité un autre appartement, Onderdonk ayant été assassiné pendant qu'il réalisait son fric-frac.

Elspeth Peters, cliente de la librairie raconte à Bernie que sa jeunesse a été bercée par un tableau de Mondrian, qu'elle a vu accroché deux ans auparavant dans une galerie privée. Tableau qui aurait été prêté, selon Bernie par un certain Barlow, selon Elspeth par Onderdonk. Carolyn entre dans la boutique et dévisage avec insistance cette cliente dont la voix rappelle quelque chose au monte-en-l'air. En fait Elspeth ressemble à Alison, la maîtresse en titre de Carolyn.

Survient Kirschmann qui accuse Bernie d'avoir volé le Mondrian. Il lui propose de le retrouver et de partager la somme offerte par la compagnie d'assurance. Carolyn découvre dans les waters de Bernie le cadavre de Turnquist, un peintre obscur qu'ils avaient croisé au musée Hewlett. Ils transportent le corps dans un immeuble désaffecté et Bernie prévient anonymement la police. Il contacte Denise, une de ses anciennes petites amies qui vit de sa peinture et lui demande de reproduire le tableau de Mondrian exposé au Hewlett. Bernie est soupçonné d'avoir tué Turnquist, dénoncé par un coup de téléphone anonyme. Dans une salle de cinéma où il s'est réfugié, Bernie a une illumination en repassant le film des évènements déroulés durant ces dernières journées. Se faisant passer pour un flic il donne quelques coups de téléphone et fait un petit tour à la morgue reconnaître le corps d'Onderdonk. Des initiatives qui confortent son hypothèse.

A la faveur d'une diversion organisée par le fils de Denise, Bernie vole le Mondrian exposé au musée. Grâce à la complicité involontaire d'une femme en manque de tendresse, Bernie réussit à s'infiltrer une nouvelle fois dans la résidence d'Onderdonk, et téléphone à divers interlocuteurs afin d'organiser la scène finale. Sont convoqués Ray le flic, Carolyn et Alison, Barlow et sa femme, Elspeth Peters de son vrai nom Petrossian, Hemphill l'avocat, quelques autres invités et un tableau de Mondrian. Tout est prêt pour l'emballage final.

Lawrence Block joue, avec ses personnages de Matt Scuder et de Bernie Rhodenbarr au docteur Jekyll et Mister Hyde de la littérature. La saga de Rhodenbarr est humoristique, tirant parfois à la ligne, avec des dialogues à l'emporte-pièce. Mais elle se lit facilement, avec plaisir, et procure ce qu'elle est sensée donner, un bon moment de détente. Ce qui ne l'empêche pas d'asséner par ci par là quelques réflexions bien senties ou des digressions non dénuées de bon sens. Le chat de Carolyn s'appelle Archie Goodwin, comme l'assistant de Néro Wolfe. Une façon comme une autre de rappeler que Lawrence Block a écrit des pastiches de Rex Stout.


Lawrence BLOCK : LE VOLEUR QUI AIMAIT MONDRIAN. (The burglar who painted like Mondrian, 1983) Trad. de l'américain : Daniel Lemoine. Gallimard, Série Noire N°2403.

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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 07:41

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Plus connu sous son véritable patronyme de René Escudié, auteur dramatique, il écrit surtout des romans, des contes et des nouvelles pour les enfants et les adolescents, anime des ateliers d’écriture et participe à des formations d’animateurs et d’enseignants aux pratiques de l’écriture. Il est né le 24 octobre 1941 à Clermont-Ferrand.

Une correspondance personnelle avec l’auteur révèle un peu plus l’auteur : « Je me suis mis à écrire un roman policier à cause de ma maman. Ma mère était un caractère fort et je ne le suis pas moins. Nous avons passé notre vie, jusqu’à sa disparition, à discuter de tout et de rien, l’un ou l’une prenant toujours le contre-pied de l’autre. Quand j’ai décidé de quitter une profession commerciale somme toute honorable pour un emploi de veilleur de nuit dans une station-service, elle n’a rien dit. Elle s’attendait à quelque chose de ce genre depuis qu’à sept ans j’avais décidé de devenir écrivain. Et je pense qu’elle a été satisfaite et peut-être fière de mes premières créations théâtrales. Mais quelque chose la titillait : l’argent. Née fille de fonctionnaire et femme de fonctionnaire, elle avait toujours désiré pour ses enfants la sécurité de l’emploi et la sûreté du traitement. Or les maigres droits d’auteur et la bourse éthique qui me fut alors accordée ne me permettaient pas de quitter mes pompes. Elle commença donc alors à me dire qu’il vaudrait peut-être mieux que j’écrive des choses moins hermétiques mais plus rentables, du boulevard par exemple ou du roman policier. Et moi, je lui rétorquais que ce n’étaient là que propos bourgeois et que j’étais en train de construire une Oeûûûvre ! Et que de toute manière, boulevard et policier étaient des genres trop faciles et que ça ne m’intéressait pas. Jusqu’au jour où maman trouva la réponse magique : Tu dis ça, mais peut-être qu’il faut du talent… Je rentrai chez moi, enfilai deux feuilles séparées par un carbone sur le rouleau de mon amour de petite Olivetti Valentine et commençai à taper. Neuf jours après, je pris une des deux piles de feuilles, la collai et y mis une couverture sur laquelle j’inscrivis ce qui était ma conviction profonde : MINABLES STORY plus un pseudonyme tiré du surnom que me donnait ma grand-mère juste un peu américanisé, le «r’né » devenant Lernay précédé d’un Virgil clin d’œil personnel. Puis je pris une enveloppe et y inscrivis l’adresse du Fleuve Noir. Quinze jours, après je recevais un contrat. Un mois plus tard, un chèque dont je me mis à compter les zéros à plusieurs reprises. Et quelque temps plus tard d’autres qui me permirent d’avoir l’apport personnel à l’achat de ma maison. Ma mère avait raison.

Que s’était-il passé ? D’après ce que j’ai appris plus tard de la bouche de François Richard, directeur littéraire du Fleuve Noir que j’avais invité à la première de ma pièce Gigogne au TEP (où Minables Story fraîchement imprimé trônait dans le décor de Cueco) : Le manuscrit arriva un matin au Fleuve Noir. La fille de Patrick Siry (lui aussi directeur littéraire) avait rendez-vous avec son père, celui-ci étant occupé elle commença à lire Minables Story qu’elle avait emprunté sur le bureau de la secrétaire. Au bout de quelques pas, elle se dit : voilà un sujet pour mon oncle. Son oncle était Georges Roitfeld, producteur de cinéma. Elle prit le téléphone et lui raconta le sujet et Roitfeld dit qu’il l’intéressait pour le réalisateur Raoul André qui était en perte de vitesse. Il prit donc une option sur les droits et le Fleuve Noir s’empressa bien sûr de le publier. Le film ne se fit pas, mais pendant près de deux ans, les chèques arrivèrent régulièrement. Ma mère avait raison… »

Que dire de plus que ce que René Escudié m’écrivit au mois de juillet 2003 ? Qu’il apprécie les feuilletonistes du XIXème siècle. Autre petite anecdote : Il lit n’importe quoi, n’importe qui, étant un lecteur absolu. « Quand j’étais enfant, ma mère se réjouissait que le papier hygiénique ne fut pas imprimé. Nous n’avions qu’un WC ».

 

Voir ma chronique de Minables Story

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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 07:37

Assurance tous risques....

 

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Vincent, démarcheur en assurance vie, tente de placer auprès de Julien, un plombier, et Maryse, sa femme, un contrat. Excédé parce qu’il ne peut regarder la télévision, Julien signe mais Maryse n’est pas tout de son avis. Comment vont-ils payer les traites ? C’est alors que ce forme ce trio de vaudeville. Vincent couche avec Maryse, qui ne demande que ça, à l’insu bien entendu du mari. Comme ils vivotent tous trois et que Maryse possède des goûts de luxe ; ils envisagent de braquer une banque ? L’opération est réussie, sans casse, mais par la radio ils apprennent qu’ils sont passés à côté du pactole. Alors ils recommencent un second hold-up, qui se déroule mal et Vincent est reconnu par une des employées. Sortant de l’établissement bancaire, ils prennent en otages un quinquagénaire plutôt bien de sa personne et une vieille dame marmottant à tout bout de champ. Ils ont été repérés par des flics et l’un d’eux a même réussi à les prendre en photo. De plus comme ils se servent de leur voiture personnelle, ils sont rapidement identifiés. Ce que les apprentis voleurs ne savent pas, c’est que le monsieur cossu n’est autre qu’un truand fiché par la police, Jojo la Seringue. Poursuivis, ils se réfugient chez leur otage masculin. Le comparse de Jojo croit que son pote a voulu le doubler, d’où nouvelle embrouille.

Ecrit sur le mode humoristique, ce seul roman de Virgil Lernay au Fleuve Noir, par ailleurs il signe René Escudié pour des romans destinés à la jeunesse, s’inscrit dans la bonne moyenne de la production de l’époque. Un aimable divertissement comme diraient certains qui pourtant aurait pu connaître des jours meilleurs puisque le manuscrit a été retenu au départ comme possible scénario de film.

 

Voir mon portrait de Virgil Lernay

 

Virgil LERNAY : Minables story. Editions Fleuve Noir, collection Spécial Police n°1232.

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 14:30

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Se retrouver face à un jeune homme, à la peau brune, maigre, vêtu d’un manteau trempé, incite à refermer la porte sur lui plutôt qu’à la laisser entrouverte, ou même l’inviter à entrer. Et Virginia Colar balance entre les deux solutions, l’éconduire ou accéder à sa demande de chambre. Car Virginia loue des chambres, mais l’homme qui se tient devant elle ne l’inspire pas vraiment. Enfin, surmontant sa répulsion, elle accepte de le loger, à condition qu’il ait les moyens de la régler. Il sort des billets froissés et des pièces de monnaie noircies comme s’il les avait gardées des années dans une boîte en ferraille parmi d’autres objets rouillés.

Il prétend se nommer Robert X. à l’instar de ceux qui appartiennent à cette organisation, dont elle ne sait plus trop bien le nom, les Black Panthers ou les Black Muslims. Mais du moment qu’il peut payer d’avance et qu’il ne se montre pas trop dérangeant, pourquoi pas ? Robert X. effectivement sait se montrer discret. Pas de bruit dans sa chambre, tout juste s’il lui répond quand elle lui apporte un bol de soupe pour qu’il se réchauffe. Juste pour savoir s’il y a une église baptiste dans le coin. Par Fletcher, le chauffeur de taxi de Sainte Adrienne, ville située non loin de Bâton rouge en Louisiane, qui voit tout ce qui se passe dans la petite ville, elle apprend que son locataire, qui a dit venir de Chicago, se promène le soir, qu’il déambule ou alors qu’il stationne de longues heures la nuit assis devant la porte de l’église du pasteur Phillip Martin. Un étrange étranger…

Elijah, instituteur à l’école primaire de Sainte Adrienne, habite chez les Martin. Alors qu’il est en voiture, il propose à Robert X. de le déposer en voiture, là où il le désire. Et parvient à le faire parler, un peu. Robert X. déclare vouloir assister à une conférence, la conférence d’un homme noir, sans plus. Sur une impulsion, peut-être parce que l’homme lui est sympathique ou solitaire, il l’invite à une soirée qui doit se dérouler deux jours plus tard, un samedi, lui promettant qu’un couple d’amis, Sheperd et sa copine Beverly tous deux enseignants, viendront le chercher.

Ainsi fut dit, ainsi fut fait.

Le samedi, dans la maison du révérend Phillip Martin, de nombreuses personnes sont présentes, et pas uniquement pour boire un verre. Le pasteur est aussi le président d’un comité de défense des droits civiques, et une action est envisagée afin d’obliger Chenal, le plus gros commerçant de la ville, de payer ses employés Noirs sur le même pied d’égalité que les Blancs. Robert X. refuse d’enlever son manteau, malgré la proposition d’Alma la femme de Phillip Martin, et se tient à l’écart des invités. Lorsque l’archidiacre Mills le remarque, il lui semble bien avoir déjà vu ce visage quelque part. Mais lorsque les yeux du pasteur se posent sur lui, c’est comme s’il voit un fantôme. Et il s’effondre. Ses amis affirment qu’il s’agit d’un malaise, provoqué par la fatigue. L’une des femmes présentes, sourde et donc n’entendant pas les explications, affirme qu’il est ivre. Ah, ces jugements énoncés sans fondement et colportés comme les pistils du pissenlit. Personne ne prend dessus heureusement. Mais Phillip Martin est vraiment mal en point. Il se cloître dans un mutisme qui inquiète Alma et ses amis, ses trois jeunes enfants aussi. Il est déboussolé, sort de sa chambre à l’insu de sa femme, et est en proie à l’incertitude, se posant de multiples questions. Non, pas de doute, ce Robert X. est son fils, l’un des enfants qu’il a eu lors d’une de ses nombreuses relations charnelles avant son mariage quinze ans auparavant avec Alma.

Il le revoit beaucoup plus jeune, mais ne se souvient plus de son prénom. Il lui faut le retrouver, s’expliquer avec lui, renouer qui sait. L’homme fort, digne, droit dans ses bottes, confiant en lui, imbu de ses prérogatives, de son influence, de sa force, de son charisme, n’est plus qu’un homme en proie aux doutes, aux interrogations.

Ernest J. Gaines, le chantre de l’Amérique noire sudiste, ne se contente pas de narrer les retrouvailles difficiles entre un homme et son fils. C’est l’Amérique de la fin des années soixante qu’il décrit, une Amérique rongée encore par le racisme et la ségrégation, mais également les rapports conflictuels en deux générations. La condition des Noirs américains n’a que peu évoluée, et ils sont toujours victimes d’un système de rejet. Vous croyez que la loi, elle devrait s’occuper de la famille à la place du père ? D’après la loi, elle a même pas été violée. Les filles noires, ça se fait pas violer ; elles provoquent leurs violeurs, les filles noires.

Cette Amérique qui est contente de trouver de jeunes Noirs pour combattre et assurer la défense du monde, elle les oublie lorsqu’ils rentrent au foyer. Quand ils rentrent, ils leur donnent rien à faire, ni travail, ni rien du tout. Et quand ils volent de la nourriture pour pouvoir manger, ils les tuent. Dans quel monde est-ce que nous vivons !

Le ressentiment des Noirs envers les Blancs est de plus en plus prégnant et certains envisagent même de tout brûler. Ce pays est la dernière béquille de la civilisation occidentale, du moins de ce qu’eux, ils appellent « civilisation ». En le brûlant, on la détruit, la civilisation occidentale. On remet le monde comme il était et on repart à zéro. Un ressentiment qui envisage un extrémisme parmi les plus exaltés. Mais sur le fond ont-ils vraiment tort ? Et cet esprit de fronde est partagé par de nombreux Noirs, même pacifistes. Y’a que deux choses que le Blanc comprend, m’sieur : les balles et le feu. Ce pays tout entier a été construit par les balles et le feu. Allez demander aux Indiens, aux Japonais ; allez demander aux Coréens, aux Vietnamiens. Rien que des gens de couleur. Même quand il lynche un nègre, il faut qu’il le brûle.

Ernest J. Gaines prenant pour base une histoire simple, un fils prodigue renié par son père et rentrant au foyer pour y accomplir ce qu’il lui semble être un devoir, vis-à-vis de sa mère et de ses deux frère et sœur, trempe peu à peu sa plume dans un encrier où a été ajouté un peu de vitriol, dénonçant les injustices, les inégalités, sachant que ses écrits ne resteront que des écrits, des idées couchées sur le papier pour mieux alerter ses compatriotes des rancœurs qui commencent à bouillonner dans le cœur et l’esprit de ses frères de couleur.

D'Ernest J. Gaines, lire également : Par la petite porte et Colère en Louisiane 


Ernest J. GAINES : Le nom du fils (In my father’s house – 1978. Traduit par Michelle Herpe-Voslinsky et Jean-François Gauvry). Editions Liana Levi. 15 mai 2013. 272 pages. 19,00€.

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 07:29

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Keller est un personnage qui, malgré son statut de tueur, se révèle sympathique. C’est un être solitaire, quelque peu mythomane, qui se fait son petit cinéma à lui, extrapolant des situations tout en sachant qu’elles ne proviennent que d’une imagination fertile parfois un peu envahissante. On l’appelle par téléphone, on lui confie une mission, et il ne se pose pas de questions. Il s’exécute ou plutôt il exécute. Pour la plus grande joie de son patron et de ses commanditaires.

Toutefois il lui arrive de détourner les règles. Quand il tue par exemple le commanditaire d’un meurtre pour faire bonne mesure. Ses relations avec son psychiatre se terminent mal, il s’entiche d’un chien, recueille la jeune fille qui garde le cabot (il l’est un peu lui-même !) lorsqu’il est en déplacement, bref, il a une vie presque normale. Il ne ressent pas d’états d’âme mais parfois des problèmes de conscience le taraudent. Il n’est guère facile de faire un choix entre la victime et le client.

Keller ne devrait pas faire partie de vos relations et pourtant vous l’adopterez. Il n’agit pas en fanatique, en tueur programmé, au contraire. Il lui arrive de réfléchir, de déroger à la règle, de se montrer humain, serviable. Et même de se passionner pour des passe-temps futiles, tels que la collection de timbre-poste.

Un livre qui, découpé en dix chapitres, rassemble autant de nouvelles, tranches de vie d’un tueur payé pour accomplir proprement sa pratique.

Les deux personnages de Lawrence Block, Keller et Rhodenbarr, qui de prime abord, et de par leur statut hors norme, devraient se révéler antipathiques mais, à cause d’une forme d’éthique et d’humanisme qui se dégage de leur aura, ne parviennent pas à susciter le moindre rejet. En réalité on voudrait devenir leur confident, relation privilégiée, rôle que tient le lecteur.


Lawrence BLOCK : L’amour du métier. Editions Points. 336 pages. 6,50€.

 

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  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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