Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 août 2020 7 09 /08 /août /2020 07:00
DPJ6 : Une collection éphémère du Fleuve Noir.

Sous ce nom de code - “ 6ème division de Police Judiciaire ”, en langage clair, - le Fleuve Noir cache une importante opération éditoriale qui lui permet de lancer sur le marché une série policière de choc dont l’auteur n’est autre que le fameux commissaire MOREAS.

MOREAS, créateur de la Brigade Anti-Gang de Nice, patron de l’Office Central pour la Répression contre le Banditisme, déjà fiché à nos services pour ses activités de journaliste et la publication chez “ Edition N°1 ” de “ Un flic de l’Intérieur ”, “ Amour solo ”, Solo meurtrier ”, a proprement été retourné par le FLEUVE NOIR.

Selon nos indics, MOREAS s’apprête à exposer régulièrement au public des affaires traitées par le chef-Inspecteur divisionnaire MORGAIN de la DPJ6. Un flic au profil inhabituel, un complice particulièrement efficace pour MOREAS...

MORGAIN, issu d’un milieu social privilégié, masque sous sa complexité une fêlure liée au drame qui a anéanti sa famille. Ce flic dont l’humour, la tendresse et la générosité ne sont pas les moindres qualités, est toujours prompt à se ranger du côté des victimes, quitte à bousculer la stricte légalité, voire sa hiérarchie. Un personnage déroutant, poussé par un impérieux besoin de justice.

Le tandem MOREAS/MORGAIN, ces “ Flics de l’Intérieur ”, possède indubitablement les moyens de révéler aux lecteurs la véritable identité de la police : hommes, méthodes, dossiers.

DPJ6 : une arme redoutable pour les noirs desseins du Fleuve.

 

Malgré ses belles paroles la collection ne dépassera pas le numéro 6. Pourtant les histoires narrées par Moréas n’étaient pas plus mauvaises que d’autres séries ayant des brigades Antigang, ou assimilées, pour héros. Pas meilleures non plus. Le rythme de parution y est peut-être pour quelque chose, la couverture n’est guère affriolante, et trop de séries nuisent à la longue.

 

1 - Flicxation [jun-88]

2 - Un homme mystérieux [jun-88]

3 - Un été de chien [sep-88]

4 - Black Money [déc-88]

5 - Boule de neige [mar-89]

6 - Le cercueil de verre [sep-89]

Partager cet article
Repost0
8 août 2020 6 08 /08 /août /2020 04:26

Vieille France,

Cher pays de mon enfance…

Roger MARTIN Du GARD : Vieille France.

Dès potron-minet, Joigneau se lève, s’habille en vitesse puis abandonne sa femme Mélie nonchalamment allongée dans le lit conjugal. C’est qu’il a des responsabilités, Joigneau ! Il est le facteur du village de Maupeyrou et sa journée de travail débute par la réception du courrier à l’arrivée du train en gare, sise en dehors du bourg.

En traversant la place, il rencontre Féju, le cantonnier, passe devant la boulangerie tenue par les frères Merlavigne, deux vieux garçons, puis il attend l’arrivée du wagon en compagnie de Flamart, l’homme d’équipe, avec lequel il déjeune de sardines étalées sur un morceau de pain. Et Flamart a un service à lui demander.

Le courrier réceptionné, il faut rentrer à la poste, puis apposer au dos le timbre à date du jour (d’où l’expression le cachet de la poste faisant foi), classer les plis, lettres, journaux et autres, avant de partir en tournée. Mais surtout mettre de côté les lettres dont le contenu pourrait être intéressant. Car il est curieux Joigneau, et il aime s’enquérir des petits secrets de ses concitoyens. Il lui arrive aussi d’écouter les ragots, d’être le confident des uns et des autres, de jouer les entremetteurs dans des conflits délicats, de rendre de petits services. Non sans se faire rétribuer d’une façon ou d’une autre, en piécettes, en liquide ou en nature.

C’est ainsi que nous le suivons tout au long de sa tournée, en savourant une chronique villageoise, avec pour guide touristique, pour conférencier même, ce préposé à la distribution comme l’on appelait encore les facteurs. On fait la connaissance d’Ennberg, l’instituteur marié et père de famille qui cumule la fonction obligée de secrétaire de mairie, de sa sœur qui elle aussi fait la classe, des punaises de tabernacle, du bistrotier, de la femme de Flamart qui tient un petit établissement et qui est réputée pour recevoir des clients particuliers de temps à autres, du curé et de sa sœur, et de quelques autres villageois.

Le vieux débris, officiellement monsieur de Navières, souhaite offrir à un musée ses vieux objets auxquels il attache beaucoup d’importance mais ne sont que des reliques sans valeur. Il lui remet une lettre à poster. Joigneau s’arrange une fois de plus pour récupérer un modeste gain, on n’a rien sans rien. Mais monsieur de Navières est sans le sou, et il rêve à un régime politique comme en Russie. Plus besoin d’argent, l’état pourvoie à tout.

Et puis, pour finir en beauté la journée, ou presque, les gendarmes arrivent pour régler une sombre affaire dans laquelle les Pâqueux seraient impliqués. Il est reproché au frère et à la sœur de séquestrer leur père, à moins qu’ils ne l’aient tout simplement transformé en pâture pour les vers.

 

Une journée dans la vie d’un petit village, tel est le propos de ce roman qui se décline comme des vignettes juxtaposées, le facteur rural servant de trait d’union. Une facétie qui mêle humour et ruralité mais dont le propos est plus profond qu’il y paraît.

Lorsqu’il écrivit ce roman, Roger Martin du Gard était au bord de la faillite, ce qui explique peut-être cette diatribe contre l’argent et en même tant le besoin d’en posséder.

Comme dans toutes les petites communes de France, les idées politiques sont partagées entre réactionnaires, socialistes, voire communistes, bigotes et ce mélange entraîne parfois des tensions, ou à tout le moins des jalousies et des ressentiments. Et souvent tel est pris qui croyait prendre.

 

Contraint par ses fonctions d’être secrétaire de mairie, il se tait, honteux de ce qu’il voit, dégouté de ce qu’on lui fait faire ; mais il en souffre. Ennberg a conservé, en dépit de tout, sa foi de jeune militant. Il croit, de toute son âme, à la dignité humaine, à l’égalité théorique des citoyens, au salut final, par le triomphe de la démocratie laïque, à la souveraineté du peuple, au droit qu’a l’homme de penser librement, de se gouverner, de se défendre en luttant sans répit contre un ancien régime toujours prêt à renaître sous le déguisement républicain des partis capitalistes.

Première édition : Gallimard. Parution 1933.

Première édition : Gallimard. Parution 1933.

Roger MARTIN Du GARD : Vieille France. Collection Folio N°540. Editions Gallimard. Parution 4 février 1974. 160 pages.

Partager cet article
Repost0
6 août 2020 4 06 /08 /août /2020 04:06

Un cavalier, qui surgit hors de la nuit
Court vers l'aventure au galop…

Michael GIBSON : L’auberge du loup blanc

Ce n’est pas une nuit à sortir à cheval, et pourtant, dans la lande qui garnit la route de la corniche, un homme file au galop, au risque de se précipiter du haut de la falaise dans l’océan qui mugit en bas.

Dans ce coin de la Cornouaille anglaise, est niché le petit village de Tregavenney, entre Helston et Penzance, habité principalement par des pêcheurs. Lesquels, le soir se rendent à l’auberge du Loup Blanc, tenue par John Mitchell, le propriétaire, sa femme et ses deux garçons, David et Paul. L’établissement est situé à environ cinq cents mètres de la plus proche maison, un lieu idéal pour qui veut être à l’abri des curieux.

Les deux garçons, âgés respectivement de seize et quatorze ans, se tiennent avec leurs parents près du feu, attendant l’heure proche d’aller se coucher. Soudain, le marteau de la porte retentit. Mitchell sort de la pièce et ils l’entendent parler mais il revient peu après disant qu’il s’agissait d’un voyageur égaré.

David et Paul, qui dorment à l’étage se posent de nombreuses questions, sans pouvoir y apporter le moindre début de réponse. Toutefois ils entendent leur père parler avec quelqu’un puis peu après un individu encapuchonné s’enfuit de l’auberge. Le lendemain matin, ils sont réveillés par des bruits dans la cour. Il s’agit d’un petit groupe de gendarmes avec à leur tête le sergent Bassett.

Il est à la recherche d’un criminel qui vient de s’évader et les deux frères sont fort étonnés d’apprendre que l’homme recherché n’est autre que Kit, leur oncle, le jeune frère de leur père. Il avait été accusé de vol par un seigneur des environs qui lui-même avait hérité des biens et du domaine de son frère, décédé dans des conditions litigieuses.

David et Paul sont persuadés, à raison, que l’inconnu de la veille n’est autre que Kit qui désirait trouver refuge à l’auberge ou tout au moins un endroit où se cacher. Ils entament donc leur enquête en fouillant dans les environs du village, se rendant dans la grotte d’un ermite avec lequel ils ont lié amitié.

La nuit un mystérieux cavalier parcourt la campagne, traînant derrière lui une boule de feu, ce qui ravive la légende qui règne depuis deux cents ans sur la contrée.

Un voyageur s’installe à l’auberge du Loup blanc, un personnage mystérieux nommé Lightfoot, d’une stature imposante le faisant ressembler à un tonneau sur pattes ce qui ne l’empêche pas de démontrer une agilité incroyable et une débauche d’énergie inconcevable aux yeux de des deux gamins. Il est trop souvent sur leur chemin, les obligeant à se méfier. N’est-il point à la recherche de Kit ?

 

David et Paul vont tout faire pour aider Kit afin d’échapper aux recherches de la maréchaussée, mais ils vont devoir affronter moult dangers. Et quand David semble jeter l’éponge, c’est Paul, son jeune frère qui prend la relève, l’invectivant et l’encourageant.

Et surtout ils se mettent en tête l’idée de démontrer que leur oncle est innocent de ce qui lui est reproché. Alors il faut découvrir le véritable coupable et résoudre l’énigme du décès soi-disant accidentel du seigneur du château d’Akin-Tor, sir Brandon Chase. Son frère Barney devenant l’héritier, mais dont le caractère est totalement opposé à celui de son aîné.

 

Ce roman d’aventures historiques, l’histoire se déroule dans les années 1830 en Cornouaille, est l’exemple même du livre pour enfant qui procure découverte et plaisir de lecture.

Il fait partie de ces ouvrages qui enflamment l’imagination, et l’on pourrait le mettre aux côtés des romans de Stevenson, de Walter Scott, et autres auteurs dont certains romans furent adaptés pour les adolescents.

Un personnage mystérieux qui s’installe dans l’auberge, des apparitions nocturnes qui confinent au fantastique, un ermite dont le rôle est mal défini au départ, des grottes qui renferment des secrets, tout concourt à entretenir le suspense. Et pour les plus jeunes, une aura d’angoisse provoquant le petit frisson qui oblige le lecteur à continuer sa lecture au lieu de l’abandonner pour quelques heures.

Michael GIBSON : L’auberge du loup blanc (traduction de Thérèse Lannes). Illustrations d’Henri Dimpre. Collection Rouge et Or Souveraine N°124. Editions G.P. Parution janvier 1958. 192 pages.

Partager cet article
Repost0
5 août 2020 3 05 /08 /août /2020 03:05

Désormais, je ne réponds plus aux invitations, on ne sait jamais…

Christian JACQ : Meurtre sur invitation.

Pour se faire pardonner de quelques indélicatesses perpétrées à leur encontre, le comte Brian de Lechtworth envoie des cartons d’invitations à ses meilleurs ennemis, tous collectionneurs comme lui d’objets hétéroclites mais précieux.

Pourtant l’intitulé et surtout les deux PS ne manquent ni d’originalité, ni d’interrogations. Il promet à ces collectionneurs un cadeau qui devrait les satisfaire et contenter leur soif de recherches, en leur offrant à chacun une pièce rarissime. Seulement, selon le premier PS, ils doivent se présenter avec quelques-unes de leurs pièces de collection, les plus remarquables. Ensuite, dans le petit deux, il précise que cette rencontre sera sans précédent et sera accompagnée d’un meurtre.

Sont donc invités à cette réunion extraordinaire : Lady Jane Berwick, une veuve à laquelle on ne donnerait pas ses soixante printemps, qui collectionne entre autres les canes-épées ; la belle Kathlyn Amwell, qui à vingt-cinq ans s’est forgée une solide réputation de portraitiste et dont la passion se fixe pour les lunettes anciennes et d’ailleurs elle en arbore une paire aux verres teintés en permanence ; Lord Tennyson Buzzard, grand amateur de Bugatti anciennes ; le jeune érudit Emmett Barkway, chercheur scientifique à Oxford, qui s’est entiché de tanagras ; enfin le couple John Kintbury, lui banquier à la collection impressionnante de chaussons de danse, et sa femme Margaret, conseillère conjugale et adepte des bouteilles de vin historiques.

Tous entretiennent une profonde animosité, pour ne pas dire une haine, envers leur hôte qui à un moment donné de leur existence leur a mis des bâtons dans les roues dans leurs quêtes de l’objet convoité. Pourtant l’accueil qui leur est réservé est plutôt chaleureux, surtout de la part de Despina, la jeune et unique domestique du comte. Invité surprise de dernière heure, l’ex-inspecteur chef Higgins, qu’un de ses amis a contacté, lui demandant de veiller sur Emmett Barkway.

Au cours de la séance de remise des cadeaux prévus par Brian de Lechtworth, dans une mise en scène théâtrale, le comte s’excuse des méfaits qu’il a ou aurait pu provoquer à l’encontre de ses invités. Réfutant toutefois d’avoir agi délibérément dans l’intention de leur nuire. Ainsi Lord Tennyson Buzzard a été victime d’un accident de la circulation occasionné malencontreusement par le comte, le privant de compétitions sportives automobiles alors qu’il était un conducteur accompli. Depuis il boîte et porte en permanence un foulard jaune autour du cou afin de cacher une cicatrice. Mais les autres éléments du groupe sont sujets eux aussi à leurs petites manies, à leurs tocs, à leurs défauts et autres problèmes.

Deux tentatives de meurtre à l’encontre du comte Brian de Lechtworth attisent la curiosité de Higgins qui ne peut malgré tout en empêcher une troisième qui elle sera fatidique. Plus de comte à rendre.

Des indices sont disposés à des endroits stratégiques mais il semblerait que ce ne soient que des leurres. Et les motifs pour se venger du comte ne manquent pas chez les uns et les autres. Alors Higgins se résout à demander à son ami le superintendant Scott Marlow de venir le rejoindre au château avec quelques hommes qui procéderont à des perquisitions tandis que le légiste devra examiner le cadavre.

 

Ce roman résolument ancré dans le genre fort prisé durant un certain temps et de nos jours négligé, le roman de détection, fait penser un peu à ce qu’auraient pu écrire Agatha Christie et John Dickson Carr pour l’ambiance et la mise en scène, et à P.G. Wodehouse pour l’humour subtil et toujours présent dans certaines situations, descriptions et dialogues.

Comme souvent la vérité se niche dans le passé et heureux qui comme Higgins a fait de longs voyages, en Inde notamment. Ce qui lui permet de découvrir une partie de la solution et l’identité du ou de la coupable parmi les sept personnes qui gravitaient autour du comte. Car il ne faut pas oublier la jeune domestique Despina parmi les prétendants au meurtre.

Les nombreux couloirs secrets qui mènent d’une pièce à une autre et la disposition des différents bâtiments du château autour d’une cour, le caractère des intervenants, tout est bon pour mener le lecteur dans un labyrinthe énigmatique.

L’on découvre une facette cachée de l’ex-inspecteur-chef Higgins, qui outre ses nombreux voyages à l’étranger, est atteint d’arthrose, ce qui arrive à tout un chacun arrivé à un certain âge mais de plus il n’est pas fier de lui. Il est perturbé et se reproche constamment de ne pas avoir pu éviter le drame. Mais dans ce cas, l’histoire aurait tourné net et n’aurait pu donner lieu à un roman.

L’art des grands criminels, souligna Higgins d’une voix douce, consiste parfois à commettre leur forfait en pleine lumière pour mieux aveugler les témoins.

Première édition : J.B. Livingstone. Meurtre sur invitation. Les dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution 15 mai 1991. 238 pages.

Première édition : J.B. Livingstone. Meurtre sur invitation. Les dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution 15 mai 1991. 238 pages.

Christian JACQ : Meurtre sur invitation. Les enquêtes de l’inspecteur Higgins N°5. Editions XO. Editions Limitée. Parution 2 juillet 2020. 218 pages. 6,90€.

ISBN : 978-2374482507

Partager cet article
Repost0
2 août 2020 7 02 /08 /août /2020 03:44

Plus dure sera la chute ?

Jean-Claude LAMART : Top niveau.

Dans les bas fonds de la ville, vivent les Loques-Traînes, les rebuts de la société, tandis qu’en haut de la tour principale siège le Maître, le Top.

Mais pour s’élever des sous-sols jusqu’au faîte de l’immeuble, il faut se battre, souvent à mort. D’ailleurs, la devise de la cité reprise par tous ceux qui veulent s’élever dans la hiérarchie, vers l’opulence et la reconnaissance de soi en tant qu’être humain, est Vaincre ou mourir.

Big Nurtling, qui se contentait volontiers de son sort, va se trouver obligé de se lancer dans la bagarre, dans la compétition, dans la course au pouvoir.

Il va même y prendre goût, lui qui au départ était un pacifiste convaincu.

 

Etres humains et clones se côtoient dans cette allégorie, dans ce roman parabole où tout nous rappelle que l’ascension d’un être humain dans la hiérarchie s’effectue dans le sang, la bagarre et la douleur.

Les miséreux en bas de l’échelle, les riches, les puissants en haut.

Et pour gravir les degrés, il faut jouer des coudes. Ceux qui parviennent ne sont pas forcément les meilleurs, mais souvent les plus rusés, les plus audacieux, les plus entreprenants, les plus magouilleurs. L’histoire de l’humanité fourmille d’exemples concrets.

Une fable moderne, actualisée et guère optimiste.

 

Jean-Claude LAMART : Top niveau. Collection Anticipation N°1708. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1989. 192 pages.

ISBN : 2-265-04189-0

Partager cet article
Repost0
1 août 2020 6 01 /08 /août /2020 03:33

Un univers fantastique intimiste

Gérard PREVOT : Le démon de février et autres contes fantastiques.

Le fantastique selon Gérard Prévot lorgne vers le surnaturel mais s’inscrit dans le passé-présent comme le souligne Franz Hellens dans sa présentation qui figure en fin de volume, dans la partie dédiée au dossier concernant l’auteur. Mais ce pourrait être dans l’avenir présent.

Ce sont comme des prémonitions d’événements à venir, des images qui s’imposent, conduisant le personnage principal souvent narrateur, à extrapoler des épisodes qui ne sont pas encore réalisés. Exemples en sont donnés dans les deux premières nouvelles, et plus particulièrement dans L’affaire du Café de Paris. Le narrateur aperçoit un soir, en sortant du café où il a ses habitudes, un chat dans une vitrine jouant avec une tête. Pourtant le lendemain, alors qu’il s’attend à ce que des personnages relatent l’événement, personne ne commente cette vision. Et la serveuse du café le soir même avoue qu’il s’agit de son petit chat qu’elle s’empresse d’aller délivrer. Mais aucun incident n’est à signaler. Pourtant c’est un peu plus tard, dans des circonstances étranges, que cette vision se réalisera. Dans Le démon de février, la nouvelle titre du recueil, la vision qu’aurait eu la nourrice du narrateur est quelque peu provoquée.

Ce pourraient être également des divinations, des prédictions annoncées par une cartomancienne qui affirme dans Des lions, un jour, à Louisa accompagnée de son fiancé Julius Pfistermeister qu’elle se mariera avec un bel homme brun. Or Julius est blond. Quant à l’avenir de Julius, elle préfère garder vers elle sa vision. Toutefois, pressée par son interlocuteur, elle avoue peu après qu’il sera dévoré par des lions. Cela se déroulait durant l’Oktoberfest de Munich et Julius avait quelque peu bu.

 

Le coup de pouce du destin, cela existe. Il y a des hasards brusques comme des coups de vent qui peuvent, en quelques secondes, bousculer les vies les mieux établies.

Telles sont les deux premières phrases de la nouvelle intitulée Par temps de pluie et de brouillard, et effectivement, ce coup de pouce du destin est tout simplement une frange qui pourrait confiner au fantastique mais qui n’est qu’une simple étourderie.

Mais le plus souvent il s’agit d’une émanation, d’un état d’esprit plus que d’une manifestation physique. La sensation de fantastique qui en résulte conduit à un transfert de personnalité. Ainsi dans Correspondance, qui comme son titre l’indique est une nouvelle épistolière. Dans La doublure, le fantastique qui régit l’intrigue peut s’expliquer comme mettant en scène une jeune fille atteinte de troubles bipolaires.

Le guitariste de minuit s’inscrit dans la lignée des nombreuses nouvelles mettant en scène des automates. Ici, l’automate est un joueur d’échecs qui ne connait pas souvent l’échec justement. Mais un autre automate lui fait pendant, un joueur de guitare qui ne s’exprime qu’une minute, à minuit, jouant à chaque fois un air différent. Une nouvelle qui s’inspire librement des automates du baron Von Kempelen, ingénieur à la cour impériale de Vienne.

Bien d’autres nouvelles mériteraient d’être légèrement disséquées, mais cette façon de procéder risquerait de trop en dévoiler et détourner l’éventuel lecteur de cet ouvrage qui œuvre dans le feutré, l’indicible, contrairement à certains ouvrages dont l’aspect fantastique se réduit à mettre en scène des monstres issus d’une imagination lovecraftienne ou à débordement sanglant à la manière de Clive Barker.

 

Sommaire :

1 - Le Démon de février, pages 5 à 9, nouvelle

2 - L'Affaire du Café de Paris, pages 11 à 25, nouvelle

3 - Les Amours de Pergolèse, pages 27 à 34, nouvelle

4 - Un jardin dans l'île d'Arran, pages 35 à 41, nouvelle

5 - Les Confidences de Gert Verhoeven, pages 43 à 47, nouvelle

6 - Le Mathématicien, pages 49 à 55, nouvelle

7 - Le Feu purificateur, pages 57 à 63, nouvelle

8 - Le Guitariste de minuit, pages 65 à 74, nouvelle

9 - Correspondance, pages 75 à 81, nouvelle

10 - Par temps de pluie et de brouillard, pages 83 à 87, nouvelle

11 - Des lions, un jour, pages 89 à 93, nouvelle

12 - L'Amnésique, pages 95 à 105, nouvelle

13 - Le Diable dans la forteresse, pages 107 à 110, nouvelle

14 - La Valse interdite, pages 111 à 115, nouvelle

15 - Les Fous de Damme, pages 117 à 121, nouvelle

16 - Le Cadavre de Beachy Head, pages 123 à 126, nouvelle

17 - La Doublure, pages 127 à 132, nouvelle

18 - La Trajectoire, pages 133 à 139, nouvelle

19 - La Petite gare de North Berwick, pages 141 à 151, nouvelle

20 - Étrange éclipse, pages 153 à 157, nouvelle

21 - Le Rapport venu du Rhin, pages 159 à 179, nouvelle

 

Gérard PREVOT : Le démon de février et autres contes fantastiques. Collection Marabout N°369. Editions Gérard. Parution 1970. 192 pages.

Partager cet article
Repost0
30 juillet 2020 4 30 /07 /juillet /2020 03:48

Quand Giova Selly, bien connue des amateurs de la collection Spécial Police du Fleuve Noir, écrivait pour Nous Deux sous un autre pseudonyme.

Véronica BALDI : Souviens-toi.

Dans le quartier de Brixton, au sud de Londres, s’érigent des immeubles industriels reconvertis en lofts, squats et autres. C’est aussi le quartier des musiciens, comme en témoignent les nombreuses scènes musicales qui y proliférèrent et dont Paul Simomon, le bassiste des Clash qui a grandi dans ce quartier, en a fait une chanson revendicative : The guns of Brixton.

Au moment où débute cette histoire, dans Crescent Studios, un jeune groupe de musiciens, Dandelion, répète leurs nouveaux morceaux. Une musique infernale agresse un porteur de dépêches mais le travail avant tout. D’autant qu’il est envoyé par Jupiter Records.

Sont présents dans la pièce Ruppert, aux claviers, Warren, le bassiste, Duncan, le guitariste, et Stella, la chanteuse. Manque le batteur qui vient de partir. Le pli est accompagné d’un paquet contenant une bouteille de champagne. Leur premier disque, tout fraîchement mis en vente, vient d’atteindre la 21e place au Top 75, ce qui est presqu’un exploit pour un groupe encore inconnu du grand public quelques jours auparavant.

Leur maison de disques leur demande instamment d’enregistrer un 33 tours le plus tôt possible c’est-à-dire immédiatement. Seul Duncan est contre, car il n’a pas fini de peaufiner la musique et les textes. Il refuse de se précipiter au risque de faire éclater le groupe. Ce qui d’ailleurs se produit.

Cinq ans plus tard, Duncan qui était parti courir le monde, à la découverte d’autres cultures musicales, rentre au pays. Chez lui, dans la campagne anglaise. Son père se meurt et son frère Malcolm le réceptionne à l’aéroport. Le chauffeur de la vieille limousine familiale, une Daimler, le retrouve avec une joie non feinte. Lord Duncan est de retour au pays et tout le monde apprécie l’arrivée du fils prodigue. En cours de route, il demande au chauffeur de s’arrêter et il court acheter un journal, dont la première page a attiré son attention. Il y est question de Stella, la chanteuse du groupe qui depuis a fait du chemin, enregistrant quelques disques qui ont obtenu un franc succès. Sauf le dernier qui patine dans les profondeurs du classement.

Le journal promet des révélations sur Stella, et pas forcément à son avantage. Le journaliste avec lequel elle a eu un entretien est réputé pour déstabiliser ses interlocuteurs, de plus depuis le départ de Duncan, ses autres anciens compagnons de groupe ont changé de carrière.

Ruppert signe les chansons de Stella tandis que Warren s’est improvisé son imprésario. Mais Ruppert ne possède pas le talent de Duncan, seule la voix, et la beauté de Stella l’ont propulsée au firmament. Or les deux hommes ont fomenté, afin de relancer la carrière de Stella, un coup fourré. Une idée bête qui reste en travers de la gorge de Duncan. Ruppert doit faire publier un ouvrage épicé sur Stella. Une belle mentalité se dégage de ces deux compagnons de partition !

Duncan décide de mettre les pieds dans le plat. Et il va troquer ses habits de Lord pour enfiler les frusques de musicien qu’il portait à Londres et durant son périple. Il ne ménage pas ses effets, ce Lord en barre !

 

Une incursion dans le Londres des musiciens, et dans l’univers des groupes parfois éphémères. La mésentente alliée au comportement délictueux et voraces de quelques membres, et c’est comme ça qu’un groupe promis à un bel avenir se dissous, éclate en pleine ascension vers le succès. Souvent le chanteur se retrouve seul à la barre, les exemples dans la vie réelle ne manquent pas.

Si Véronica Baldi situe le décor de ce roman dans le quartier de Brixton, temple de la musique rock, punk, reggae et autres, ce n’est pas innocent car de nombreux groupes qui y ont éclos. Mais elle a débuté comme artiste lyrique avant de se tourner vers l’écriture et fut directrice artistique des troupes comme le Théacanto à Paris.

 

Véronica BALDI : Souviens-toi. Collection Nous Deux N°53. Editions EMAP. Parution 5 août 1997. 126 pages.

Partager cet article
Repost0
29 juillet 2020 3 29 /07 /juillet /2020 03:47

Ça c'est d'la musique !
De la vraie musique !
Alors là pardon
Moi j'dis chapeau !
Ça c'est champion !...

Sandra SCOPPETTONE : Petite musique de mort

La découverte du cadavre d’une jeune femme dans la piscine du maire de Seaville, Long Island, lors de sa réception annuelle, jette un froid dans l’assistance.

Waldo Hallock, le chef de la police locale n’est pas habitué à enquêter sur des affaires de meurtres et cela le démoralise un tant soit peu. Mais il ne rechigne pas pour autant sur cette enquête, ne sachant toutefois par quel bout commencer. D’autant que d’autres cadavres vont bientôt être semés par un Petit Poucet assassin qui scarifie la poitrine et le ventre de ses victimes d’une sorte de A.

L’antagonisme qui règne entre lui et le maire se solde par la décision arbitraire de la démission de ses fonctions et de son remplacement par un agent spécial aux méthodes très spéciales. Colin Maguire, journaliste dont la carrière continentale a été stoppée par un drame familial et qui doit une fière chandelle à son ami Mark, directeur du journal local, lequel l’a embauché pour le sortir de l’ornière étant conscient de sa valeur professionnelle, Colin tente d’exorciser ses propres démons. Alors lui aussi se lance dans l’enquête tout en trouvant un certain charme à Annie Winters, la “ révérende ” de l’église unitarienne universelle.

 

Un roman épais (un peu plus de 500 pages mais imprimé en gros caractères) à l’intrigue serrée, aux multiples rebondissements, au suspense allant crescendo, et dont les personnages se trouvent confrontés à des problèmes personnels qui les rendent humains, et non pas de simples mécaniques à enquêter, telles sont les clés utilisées par Sandra Scoppettone pour appâter un lecteur qui ne retrouvera pas l’héroïne fétiche (Lauren Laurano) de cet auteur dont personnellement je trouve que c’est le meilleur livre traduit.

Mais cela tient peut-être aussi du fait de la traduction soignée et signée Nathalie Mège. Il faudra que je me penche un peu plus sur les traducteurs et les faire connaître du grand public, car ils participent souvent grandement au succès d’un roman étranger.

Ce roman de Sandra Scoppettone publié en France, Petite musique de mort, a été signé Jack Early en 1985 aux Etats-Unis, pseudonyme qui n’a pas été repris pour la traduction proposée au Fleuve Noir.

 

Sandra SCOPPETTONE : Petite musique de mort (Razzamatazz - 1985. Traduction de Nathalie Mège). Fleuve Noir grand Format. Parution octobre 2001. 518 pages.

ISBN : 9782265070080

Partager cet article
Repost0
28 juillet 2020 2 28 /07 /juillet /2020 04:03

Perry en la demeure !

Félix SALTEN : Perri l’écureuil

Un roman animalier prisé par Walt Disney, tout comme le grand succès de Félix Salten : Bambi !

Aussitôt réveillée, la petite Annette, trois ans, s’habille et s’installe sur son petit banc à l’extérieur de la maison. Elle parle, elle discute, elle converse, elle bavarde avec ses amis les animaux. Elle s’inquiète des uns et des autres et les réconforte.

Ainsi ce matin-là, elle est en compagnie de la pie et du geai et d’une nouvelle invitée, une maman écureuil. L’écureuille (orthographe selon Colette qui dans La paix chez les bêtes fait ainsi la distinction entre mâle et femelle) se plaint. Elle avait cinq enfants et il ne lui en reste plus qu’un. Sa petite Perri. Les autres ont été enlevés par la martre, la chouette et l’épervier. Mais le pinson la rassure, Perri vit.

Lorsque son père, garde-chasse, et son propriétaire reviennent, Annette veut leur raconter sa matinée et ses conversations avec ses petits amis, mais ils ne comprennent rien à ce qu’elle dit. Ce sont des hommes et elle n’est encore qu’une enfant au babillage confus.

Faisons maintenant la connaissance de Perri, la jeune écureuille qui découvre son environnement. Elle sait qu’elle doit se méfier de la martre, toujours à rôder, des corneilles et du renard, son amie la pie l’a mise en garde.

On va la suivre dans ses différentes pérégrinations dans la forêt au cours de la fin d’un printemps jusqu’au début du printemps suivant. Ses retrouvailles avec sa mère, la connaissance de Porro qui devient son ami et avec lequel elle joue dans les arbres, ramassant noisettes et faînes, les cachant puis oubliant où ils ont déposés leurs provisions.

La peur alors que la martre, le renard, les corneilles les surveillent et essaient de s’emparer d’eux, les mises en garde de la pie et du geai, du pivert et du pinson. L’orage qui les surprend et leur fait peur, les feuilles d’automne qui tombent mettant à découvert leurs cachettes sur les branches, les battues des chasseurs, leur surprise en découvrant d’autres animaux tels que lièvres et chevreuils ou encore les fiers cerfs, le contact visuel avec l’Homme, les visites à Annette de temps à autres, la séparation avec la mère, et bien d’autres péripéties comme la neige et la froidure qui font de Perri un animal presqu’adulte.

Et Porro qui s’éclipse parfois, la rencontre d’un écureuil noir, puis les aventures narrées par un écureuil inconnu qui a connu l’enfermement dans une cage grillagée (c’est quoi un grillage ?) et l’obligation qu’il avait pour se défouler et entretenir sa forme de se glisser dans une espèce de rouleau qui fait avancer tout en restant sur place. Des balivernes, des mensonges pour certains des animaux qui écoutent les divagations de cet écureuil qui a vécu bien des avatars qui ressemblent à des inventions de l’esprit, des mensonges, mais qu’il aura pourtant connus. Il a subi les méfaits de l’Homme, mais tous ne savent pas ce dont il veut parler.

Un univers vu et décrit par des animaux en liberté devant affronter moult dangers mais sachant en même temps profiter de la nature, quelle que soit la saison, avec ses bienfaits et ses inconvénients.

C’est également le roman du courage de l’animal, considéré comme sauvage, face à l’Homme supposé civilisé.

Un roman destiné aux filles et aux garçons jusqu’à 14 ans selon l’éditeur. Mais un grand nombre d’adultes devraient lire ou relire ce conte charmant, s’en imprégner et partager les multiples aventures de Perri et vibrer avec elle. Peut-être l’adulte portera-t-il un autre regard sur la Nature après cette lecture.

 

Félix SALTEN : Perri l’écureuil (Die Jugend Des Eichhörnchens Perri – 1938). Texte français de Jacqueline Des Gouttes. Illustrations d’Henri Blanc. Collection Idéal Bibliothèque N°158. Parution 1958. 192 pages.

Première édition : Delachaux & Niestlé à Neufchâtel. 1943. 182 p.

Partager cet article
Repost0
27 juillet 2020 1 27 /07 /juillet /2020 04:17

Animal, on est mal…

Serge BRUSSOLO : Les animaux funèbres.

San Carmino, petite ville qui pourrait se situer en Amérique Centrale ou du Sud, construite sur un terrain arraché à la jungle, face à la mer, n’est habitée que de retraités ou presque. La mort et tout ce qui s’y rattache est tabou.

Les retraités vivent paisiblement, protégés par une police intègre. Seul un ghetto, un bidonville fait ombrage dans cette ville nouvelle, proprette. Un bidonville dont les occupants sont en majeure partie d’anciens ouvriers ayant procédé à la construction de San Carmino, mais qui n’ont pas été payés, certains entrepreneurs ayant fait faillite.

Cette sorte de verrue située entre la ville nouvelle et la jungle qui n’a de cesse de reconquérir le territoire perdu, abrite en son sein une vieille femme, surnommée la Sorcière. Elle prépare divers onguents afin de soulager les maux affligeant les représentants dits du troisième âge.

Autrefois, elle était prêtresse d’une église vénérant les divinités locales. Dans ce bidonville, vivent aussi les frères Zotès, des voyous dont la réputation de cruauté s’amplifie de jour en jour.

Pourtant tout irait bien, malgré les délires du lieutenant de police Corco, malgré les tentatives de la jungle d’annihiler les efforts de débroussaillage. Pourtant un jour les singes font irruption et sèment parmi la population une panique qui va crescendo.

 

La suite de cette histoire est éditée dans le volume n°1594 de cette même collection, sous le titre L’ombre des gnomes.

Uns fois encore, la couverture signée Stuart Hugues n’a rien à voir avec le texte, ce qui ne lui ôte en rien sa beauté. Et de plus en plus la collection Anticipation s’oriente vers le fantastico-policier, s’éloignant de plus en plus de sa vocation première l’Anticipation et la Science-fiction. Mais qui s’en plaindrait ?

Serge BRUSSOLO : Les animaux funèbres. Collection Anticipation N°1572. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1987. 192 pages.

ISBN : 2-265-03676-5

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables