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27 juillet 2014 7 27 /07 /juillet /2014 08:59

Bon anniversaire à Jack Higgins né le 27 juillet 1929.

 

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Si les Américains et les Britanniques ont choisi la plage de Slapton, dans le Devon, pour simuler un futur débarquement sur les plages normandes, ce n’est pas par hasard.

En effet cette plage qui sert de base d’entraînement rappelle étrangement celle de Sainte-Marie du Mont, dont le nom de code utilisé par les Alliés est Utah Beach.

En ce printemps de 1944, c’est l’effervescence, aussi bien du côté des Alliés que des forces de l’Axe. Les Allemands notamment patrouillent dans la mer de la Manche et les accrochages maritimes sont nombreux. C’est ainsi que lors d’un combat naval plusieurs bâtiments britanniques sont coulés. Les pertes humaines et matérielles sont nombreuses. Le colonel Kelso, un Américain, est porté disparu. Or il détient des renseignements précieux, confidentiels, concernant les dates et lieux du débarquement sur les côtes françaises.

S’il est fait prisonnier par les Allemands, nul doute qu’il parlera, dévoilant la stratégie mise en place. Aussi il faut soit le récupérer, soit l’éliminer purement et simplement. Blessé Kelso parvient à Jersey grâce à un canot de sauvetage et il est recueilli par des insulaires.

Harry Martineau, un agent des services secrets britanniques, ex-professeur de philosophie et d’origine allemande par sa mère, est chargé de cette mission. Il est accompagné de Sarah Drayton, une jeune infirmière de dix-neuf ans qui possède des attaches familiales sur l’île. Jouant le rôle d’un Nazi, Harry Martineau envisage d’assassiner Rommel qui fait une tournée d’inspection, tournée impromptue, sur l’île.

 

higgins1.jpgRoman d’action, roman de suspense, roman d’espionnage, La nuit des loups est tout cela à la fois. Jack Higgins, auteur d’Exocet ou encore de Confessionnal entraîne le lecteur de Londres à Jersey tambour battant, et les Manchots ne seront pas dépaysés puisqu’ils peuvent suivre les différents protagonistes à Granville, Gavray, Fermanville, l’Anse de Brick, ou près de Saint-Lô. Un excellent roman par un auteur qui a du métier et sait raconter des histoires.

De son vrai nom Harry Patterson, mais plus connu sous le pseudo de Jack Higgins, le romancier britannique a également signé sous ceux de Martin Fallon, James Graham ou encore Hugh Marlowe. Certains titres ont été publiés sous ces divers pseudonymes au Masque et dans la collection Agent secret chez Robert Laffont, notamment L'Année du tigre.


Jack HIGGINS : La nuit des loups. Albin Michel. Parution 11 janvier 1989. 326 pages. Réédition Le Livre de Poche. 1er juin 1991. 256 pages.

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 08:37

Bon anniversaire à Virginie Brac née un 25 juillet.

 

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Virginie Brac, qui s’était fait connaître avec Sourire Kabyle chez Engrenage, puis avait publié deux autres romans avant de se consacrer à l’écriture de scénarii, était revenue en force avec Cœur caillou. Elle confirme qu’elle possède une plume n’ayant rien à envier elle non plus à celles d’Outre-Atlantique ou d’Outre-Manche.

Tropique du pervers conte l’histoire de Véra Cabral, une psy qui décide du jour au lendemain de quitter la quiétude de son cabinet pour se consacrer aux naufragés de la vie quotidienne, qu’ils soient preneurs d’otages ou suicidaires. Elle devient membre active du C.I.P., Centre d’Intervention Psychiatrique, sorte de SAMU pour déprimés. Sa première intervention a lieu dans une station sur l’autoroute, où un forcené prend en otage des innocents afin de… les policiers ne savent pas trop puisqu’il n’a rien revendiqué.

Véra s’en sort sans dommage et sa première affaire est une brac3.jpgréussite. Ce qui n’est pas le cas de la deuxième où elle doit dissuader une jeune femme, épouse d’un député, de se jeter du toit de sa propriété. Les affaires se suivent et se ressemblent, tout du moins sur un certain car le capitaine Sedan est omniprésent, se dressant à chaque fois devant elle. Et elle en vient à se demander si certaines de ces interventions ne sont pas des manipulations, s’il n’y a pas autre chose qui se cache derrière, si un homme ne veut forcer la main du destin. Et comme elle même connaît un problème, disons métabolique ou corporel, que sa famille, charmante mais nombreuse la requiert à chaque instant, elle mène une vie sentimentale déserte, à son corps défendant si je puis dire. Parfois c’est elle qui aurait besoin d’un psy pour pouvoir se repositionner dans sa tête.

 

brac2.jpgVirginie Brac nous livre ici un livre puissant, dans lequel l’héroïne, tel le serpent se mord la queue, perdue entre son travail et son “ handicap ”. Les tragédies que Véra est amenée à côtoyer sont quasiment un remède à ses problèmes, d’autant que sa famille, charmante mais encombrante, n’y met guère du sien. Elle est des deux côtés de la barrière et le lecteur est subjugué tout autant par sa personnalité à double facette que par les péripéties auxquelles elle doit faire face. J’avais critiqué l’abandon des petits formats par le Fleuve Noir, mais au moins reconnaissons que pour l’instant la politique éditoriale est de qualité, du moins en ce qui concerne la production française.

 

 

Virginie BRAC : Tropique du pervers. Collection Moyen Format, Fleuve Noir. Parution 9 mars 2000. Réédition Pocket 3 octobre 2002 et 28 mai 2004. 280 pages.


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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 08:06

Hommage à Alexandre Dumas né le 24 juillet 1802.

 

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Auguste Maquet, un des mousquetaires de Dumas.


Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire qu’Auguste Maquet fut un collaborateur efficace, dévoué mais effacé. Jusqu’à un certain point toutefois, car Maquet, s’il fut prépondérant dans l’écriture et le succès des Trois Mousquetaires, Les Quarante Cinq, Le Chevalier de Maison-Rouge, Mémoires d’un médecin (Joseph Balsamo, Ange Pitou, Le Collier de la Reine, La comtesse de Charny) et quelques autres, ce fut aussi et cela est moins connu, un romancier à part entière mais dont les ouvrages sont tombés dans les limbes de l’édition. Le propos de l’auteur n’est pas tant de jeter le discrédit sur Dumas, qui apporta sa touche aux romans évoqués, mais de rendre hommage à ses différents collaborateurs, qui outre Maquet, s’appellent pour les plus connus Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Emile Souvestre (l’un des créateurs de Fantômas), Xavier de Montépin (qui lui aussi eut recours à des collaborateurs) et quelques autres. D’ailleurs Maquet, qui eut lui aussi pour la rédaction de ses drames l’apport de Théophile Gautier, reçut un coup de main de Dumas à ses débuts pour notamment le drame Bathilde. Et son roman Le bonhomme Buvat ou la conspiration de Cellamare publié en 1837 devint Le Chevalier d’Harmental sur une réécriture de Dumas et fut édité de 1841 à 1843 et devint un drame en 1947.

Alexander_Dumas_pere_-1802-1870-_-_Google_Art_Project_2.jpgLa grande différence entre Dumas et Maquet réside en ce que l’un avait besoin d’être publié pour éponger ses dettes, l’autre ne vivait que pour l’écriture. Comme dit Bernard Fillaire « Vous croyez qu’un écrivain vit ? Non, il écrit. Il est maintenu artificiellement en vie par son stylo, qui enregistre ses battements de cœur… Il reste toute sa vie à son chevet ». Alors Dumas signe seul les réalisations des autres, devenant un monstre de la littérature qui sera « panthéonisé » en octobre 2002. Même si lors de ses obsèques certains des auteurs anonymes étaient présents pour manifester leur mécontentement, ce qui est peu dire. Et en 2002, Dumas est le seul à être reconnu même si le coin du voile commence à se lever. Mais « Les critiques, les biographes, les universitaires n’ont aucun intérêt à réattribuer une œuvre à son véritable auteur. Ni palmes académiques ni promotions ne les récompenseront. Et une mise à l’index assurée. Alors que défendre bec et ongles les textes d’un auteur coté sur le marché offre une gratification intellectuelle et commerciale. Et imaginez ensuite que votre auteur entre au Panthéon ! ». Bernard Fillaire effectue un parallèle avec Jarry et Charles Morin, Alphonse Daudet et ses premières Lettres de mon moulin dues à Paul Arène puis l’apport de sa femme Julia, deux autres romanciers et conteurs encensés mais pas forcément les véritables auteurs de leurs écrits ou encore plus près de nous Willy et Colette et Paul-Loup Sulitzer et Loup Durant même si celui-ci n’est pas cité.

Mais Bernard Fillaire se défend de jeter le blâme sur tel ou tel écrivain,Auguste_Maquet_1847.jpg sur telle ou telle attitude. « C’est ainsi qu’il faut comprendre cet ouvrage, un éloge de la collaboration littéraire avouée, et non une critique de négritude littéraire ». Si Maquet était subordonné à Dumas, c’était pour plusieurs raisons qu’explique avec clarté l’auteur de cet ouvrage qui jette un éclairage différent sur la servitude du « nègre littéraire », fonction qui en théorie est abolie depuis 1986, mais il existe encore de nombreuses publications de mémoires signées par des comédiens, des sportifs et autres, sans que le nom de celui qui a aidé à la rédaction soit mentionné soit sur la couverture, soit même à l’intérieur du livre. Il existe aussi d’autres pratiques, par exemple celle du nom-maison, et peu à peu les chercheurs parviennent à discerner qui se cache sous quel nom. Faire le point sur le rôle de l’écrivain avoué et celui qui se terre dans son antre. Celui qui parade et celui qui rédige.

Un ouvrage qui rend hommage donc à Maquet et à tous ceux qui œuvrent dans l’ombre, accompagné de nombreux extraits de lettres de Dumas à Maquet et autres destinataires. Figure également la photo du tombeau de Maquet au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Pour ceux qui auraient envie de s’y rendre : 54e division, chemin Montlouis.

Un livre indispensable devant figurer dans toute bonne bibliothèque dumasienne, et que se doit de posséder tout amateur de littérature populaire.

La première édition de cet ouvrage date de 2002 et était simplement intitulée Dumas et Associés.


Bernard FILLAIRE : Alexandre Dumas, Auguste Maquet et associés. Editions Bartillat. Parution le 14 janvier 2010. 140 pages. 14,20€.

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23 juillet 2014 3 23 /07 /juillet /2014 14:46

Le Poulpe n'aime pas les sectes et il les combat : doit-on l'appeler Un Secticide ?

 

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Ancien papetier, célibataire, libertaire, réfractaire aux innovations, noctambule dérivant dans les rues de son quartier de Ménilmontant, préférant la compagnie des chats à celle des hommes, Jean Dussert en entendant une sorte de miaulement en provenance d'une ruelle pense qu'un félidé est en mauvaise posture. Il s'agit d'une jeune femme salement amochée et pour une fois il ne peut que se féliciter qu'une voiture patrouille de la police passe non loin.

Evidemment ce fait-divers n'échappe pas aux journalistes et Gérard, le patron du restaurant Au Pied de Porc à la Sainte-Scolasse s'empresse, malgré ses soucis (Vlad son serveur l'a quitté sans préavis), de montrer l'entrefilet à son meilleur client et ami, Gabriel Lecouvreur alias Le Poulpe dénommé ainsi à cause de la longueur démesurée de ses bras. Petites précisions utiles pour qui ne connait pas encore le héros de cette série initiée par Jean-Bernard Pouy. Mais revenons à notre Poulpe qui ressent d'un seul coup le besoin de repartir en chasse.

Selon le journaliste, la jeune fille, qui aurait été violée et charcutée entre les jambes, aurait fait partie d'une secte dont les agissements sont bien connus, viols, abus, détournement d'argent de ceux qui y adhèrent, anti-avortement, relations très proches avec des partis d'extrême-droite, et qui prévoit la fin du monde pour 2008 (je précise que ce roman, toujours disponible, a été écrit et publié en 1997). Bref le genre de groupuscule que Lecouvreur abhorre.

Avant de débuter son enquête sur Ambre Solaire, tel est l'intitulé de cette secte, Gabriel Lecouvreur prévient Chéryl, sa chérie, qu'il est obligé de s'absenter, ce qui la défrise (elle est coiffeuse), et mande à son ami Pedro, le vieil anar, quelques vrais faux papiers et des munitions ainsi que des renseignements susceptibles (comme le Poulpe) de l'aider. La victime se nommait Bettina Viral et avait une sœur comédienne, Laure Moureau (ce qui fait mieux sur une affiche que Viral) tandis que le siège officiel de la secte tient ses assises dans un village des Yvelines, non loin de Versailles, du nom de Garpeau, village cher aux magasins ED.

Le Poulpe, qui a pris l'identité de Gilbert Lecoeur, se présente comme journaliste indépendant auprès de Laure d'abord par téléphone puis en son domicile versaillais. Le Poule est subjugué à la vue de la petite Viral qui d'ailleurs n'est pas si petite mais rousse et fort bien garnie du buste mais non poitrinaire, ce qui ne l'empêche pas d'apprendre que Bettina était devenue complètement barjot au contact de la secte. Il fait la connaissance par la même occasion de Serge Froissard, ce qui ne le froisse pas, chirurgien dentiste de profession, qui fait partie d'une association qui combat les sectes en général et Ambre Lunaire en particulier. Son fils est entre les griffes de cette secte depuis deux ans et il en a pris ombrage aussi il a constitué un imposant dossier et informe notre héros qu'une cérémonie doit avoir lieu le dimanche soir. Alors il ne reste plus qu'à passer à l'action.

 

Si l'histoire et l'intrigue qui la compose sont relativement simples, le récit vaut surtout pour l'humour qui l'imprègne. Entre jeux de mots, calembours, à-peu-près, le lecteur a le choix, même si parfois il faut relire par deux fois la phrase afin de l'apprécier à leur juste valeur. D'ailleurs une citation signée de K. Lang-Bourg figure en avant-propos : Quand les troncs pètent sous les vents d'anges, fais gaffe aux verts missels de la Saint Taxe. Ou encore plus loin dans le texte : Et puis c'est bien d'avoir sa piscine à soi. Comme dit K. L.-B., ça évite de faire l'aqueux à l'entrée d'une piscine publique trop polluée pour être eau nette. Les têtes de chapitres n'échappent pas à ces envolées spirituelle. Ainsi : Où six verres sales me sont contés. Peut-être abstrus aujourd'hui mais ceux qui connaissent les films de Sacha Guitry reconnaîtront sans peine Si Versailles m'était conté, ce qui est fort bien vu puisqu'une grande partie de l'histoire se déroule justement à Versailles.

Enfin les amateurs de citations se régaleront à ce duel verbal, cet échange oral entre Froissard et Le Poulpe qui se battent à coups de petites phrases dont les auteurs se nomment entre autres, Hôlderlin, Dickens, Tolstoï, Juvénal...

On se croirait dans une aventure de San-Antonio, mais plus en forme de à la manière de que d'une parodie ou d'un pastiche. Car il ne faut pas se leurrer, jouer ainsi avec les mots n'est pas donné à tous et cela requiert plus de travail de recherches lexicales de la part de l'auteur que de dérouler un roman sans grande imagination, sans verve, sans panache.


Gilles VIDAL : Les deniers du colt. Le Poulpe N°97. Editions Baleine. Parution 15 novembre 1997. 140 pages. 8,00€.

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23 juillet 2014 3 23 /07 /juillet /2014 11:00

Une sauce juvénile ?

 

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Traiter par la dérision, l’ironie, l’humour, un fait de société grave est la meilleure façon de narrer une histoire dramatique mais en même temps de montrer aux lecteurs que ceci, s’il s’agit d’une fiction, pourrait s’inspirer d’une histoire vraie. Ce qui n’est pas impossible comme vous le verrez par la suite.

Tandis qu’Odilon, le patron du café restaurant La Périchole, et Azraël, le directeur d’une petite agence de détectives privés, discutent sur les vertus des boissons capables de remonter le moral et la virilité du second, un individu cagoulé fait irruption dans l’estaminet. Il pointe à travers sa poche ce qui semble être un gros calibre, mais la stupeur passée, ce client inopportun se révèle être Danh, un artiste dont les chansons ont conquis le public français mais surtout un vieux copain d’enfance d’Azraël, perdu de vue depuis la fin de leurs études. Ils étaient inséparables avec Domi la sœur de Danh.

Cette intrusion dans le bar d’Odilon n’est pas due au hasard. Danh recherchait son ami et lui demande de l’accompagner pour un seul et unique spectacle à Hô-Chi-Minh-Ville, anciennement Saïgon, mais surtout parce que Diêm, le prénom vietnamien de Domi, est soupçonnée dans un trafic humain.

Elle est responsable d’Ambre et Jade, une ONG qui dérange, et selon Danh « elle serait impliquée à son corps défendant, dans une affaire de corruption inventée de toute pièce pour l’entraver dans ses actions humanitaires ». Et toujours selon Danh, elle serait la forêt qui cache l’arbre, et non le contraire comme on a l’habitude de dire. Car la traite d’humains existe bien et sous des activités humanitaires s’en cachent d’autres qui n’auraient rien d’humaines. Des affaires d’enlèvements de femmes et d’enfants au Vietnam, au Cambodge, en Thaïlande circulent, mais elles ne sont considérées que comme des rumeurs. Et Long 2, le mari de Diêm, serait impliqué dans ces actions délictueuses.

Long 2 fait partie d’une fratrie comprenant trois frères qui dirigent la Long Brothers Company. Long 1 est à Singapour, Long 3 à Hong Kong, et leurs affaires sont florissantes et variées, concernant de nombreux commerces. Or il se pourrait que les Long Brothers soient engagés dans ce trafic.

Azraël le calmar et son ami Danh vont être confrontés à des dangers en risquant leur vie, tout autant à Ho-Chi-Minh-Ville qu’à Paris où ils reviennent précipitamment. Ils sont invités à déguster des repas présentés dans de petites verrines, des plats composés sous forme de cuisine moléculaire qui possède au moins l’avantage de guérir les ennuis liés à la libido d’Azraël. Mais à Paris, une autre réunion va dégénérer en course poursuite, et l’auteur nous emmène dans un endroit anachronique parisien, la Cité des Fleurs, un passage bordé de petits pavillons qui rejoint la rue de la Jonquière à l’avenue de Clichy.

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Ce roman est une sorte de pastiche du Poulpe, qui fait référence à Jean-Bernard Pouy, et qui met en scène également l’auteure Thanh-van Tran-Nhut. Un roman jubilatoire tout en traitant un registre grave. Evidemment on ne peut pas ne pas penser à la fille adoptée de Johnny Halliday, prénommée elle-même Jade, mais aussi à cette association caritative humanitaire qui connu des déboires au Tchad et en Somalie, l’Arche de Zoé. Un roman agréable à lire qui sert également de poil à gratter.

 

 

 

 

La version numérique de cet ouvrage peut être commandée directement sur le site de Ska librairie


Jan THIRION : Nuoc mâm Baby. Première édition Collection Forcément Noir. Editions Krakoen. 214 pages. 10,00€. Réédition Version numérique éditions SKA. 3,99€.

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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 15:55

Le cimetière des chimères n'est pas celui des indigents, peut-être celui des innocents.

 

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Certains romans, à peine déposés sur l'étal des libraires se trouvent propulsés Meilleures Ventes de Livres. Est-ce grâce à une publicité savamment orchestrée par des éditeurs qui disposent d'assez de fond pour leur promotion ? Grâce à une mise en avant par le libraire et une pile impressionnante d'ouvrages à la disposition des chalands ? A cause de l'aura de l'auteur auprès du public, ce qui n'est pas forcément synonyme de qualité ?

Un peu de tout cela sûrement mais au détriment d'autres romans qui étant publiés par des éditeurs ne possédant pas la force de frappe de leurs confrères se trouvent relégués dans des cachettes, en bas de rayonnages ou en nombre moins conséquent ce qui oblige les éventuels chalands à les commander, ce qu'ils ne font pas toujours.

Mais certains de ces romans discrets parviennent à tirer leur épingle du jeu grâce souvent à des avis élogieux, mais non laudateurs ou flagorneurs, publiés par des fanzines ou sur des blogs tenus par des chroniqueurs amateurs éclairés. Et le bouche à oreille fonctionne ne propulsant pas forcément ces romans en tête des ventes mais leur permettant de vivre plus longtemps et même d'obtenir ou d'être nominés à des prix qui ne sont pas frelatés.

Le cimetière des chimères d'Elena Piacentini fait partie de ces romans sélectionné pour le Prix 813 et je propose donc avec plaisir une séance de rattrapage. A signaler enfin que cet ouvrage a reçu le Prix Calibre 47 de Polar'encontre à Bon Encontre cette année ainsi que le Prix Soleil Noir de Vaisons la Romaine. Allez, encore un petit effort !

 

piacentini1.jpgPlop, plop, plop... Non, ce n'est pas une soupe qui glougloute dans une marmite en ce 13 janvier 2009, alors que la neige tombe sur Lille. Il s'agit de trois coups de feu tirés dans le cimetière de l'Est alors que les Pompes Funèbres procèdent à l'enterrement de Franck Bracco. Sont présents à cette cérémonie des amis du défunt, Vincent Stevenaert riche promoteur immobilier dirigeant d'une entreprise de travaux publics, André Kaas, notaire et président du club Phi 59, une association qui regroupe différents acteurs du monde de la finance locale, et tous deux Franc-maçon. Se tient près d'eux Hervé Podzinsky, rédacteur en chef des Echos du Nord, et une soixante d'autres personnes. Parmi les femmes Christine Bracco la mère et Florence Roussel, avocate pénaliste et compagne du suicidé. Car tout semble supposer que Bracco se soit immolé par le feu.

Hervé Podzinsky recueille deux des balles tandis que la troisipiacentini2-copie-1.jpgème effleure le crâne de Stevenaert. Le commissaire Pierre-Arsène Léoni et sa fine équipe sont immédiatement sur les lieux afin de recueillir les premières dépositions et relever les indices. Sont donc présents sur le site, outre les agents affectés à protéger les environs, l'adjoint de PAL, le commandant Baudoin Vanberghe, renommé plus pour sa gourmandise que pour son affabilité qui pourtant n'est pas de façade, François de Saint Vénan, un habitué des confessions puisque dans une vie antérieure il fut prêtre, le lieutenant Grégoire Parsky ancien militaire au faciès de boxeur et ayant désobéi par humanisme aux ordres de son supérieur lorsqu'il était en poste en ex-Yougoslavie et, enfin, le benjamin de l'équipe Thierry Muissen, qui en dépit des regards énamourés que lui jettent ses collègues féminines reste fidèle à sa femme, elle même lieutenant affectée à la Mondaine.

La localisation du tireur, à défaut de son nom, est facilitée grâce au gardien du cimetière, et une douille est retrouvée. L'homme, à l'allure dégingandée et habillé de bric et de broc, effectue sa tournée tous les matins et tous les soirs et le reste du temps il veille sur ses protégés, des chats. D'ailleurs il en manque un, Kahn, retrouvé un peu plus tard sous des branchages. Le matou est amoché et PAL contacte son amie Eliane, médecin légiste afin d'obtenir l'adresse d'un vétérinaire. Mais l'important n'est pas là. Il faut savoir si Stevenaert était visé et si Podzinsky ne fut qu'une victime collatérale.

Les recherches sont axées sur le journaliste, qui possédait comme passion la photographie, seule chose d'ailleurs en laquelle il excelle. Et PAL et ses hommes remarquent que Podzinsky avait une nette préférence pour les clichés pris en réunion et montrant ses concitoyens en discussion ou autres. L'ordinateur révèle d'ailleurs quelques prises de vue fort intéressantes. L'agent Cimonard, une jeune policière férue d'informatique mais fort timide est chargée de puiser les renseignements à gauche et à droite via la toile. Une plaque a été disposée sur la tombe de Bracco, émanant d'un certain Paulo, Paul Vasseur, le meilleur ami du défunt mais le fameux Paulo n'était pas présent lors de la cérémonie funèbre et il semble s'être évanoui dans la nature. Mais il faut également chercher dans l'entourage plus ou moins proche de ce Bracco pas niais.

A Nanterre la capitaine Maria Galeano, de l'Office central de la répression de la grande délinquance financière, se voit remettre une enveloppe récupérée au courrier par son adjoint un jeune stagiaire. Or cette enveloppe contient des renseignements qui concerne une affaire lilloise et elle se trouvera à collaborer avec Leoni et la procureur Danielle Arzilagne qui, malgré une vue défaillante, ne perd pas des yeux les affaires qui lui sont confiées.

Plus que l'enquête, ce sont les à-côtés qui sont importants dans cette histoire traversée par celle de Nath et de Milutka, deux adolescentes d'une quinzaine d'années et dont le lecteur fait connaissance en été 1989. Elles habitent toutes les deux Lille, fréquentent le même établissement scolaire mais il existe une profonde différence sociale entre les deux amies. Nath est fille d'ouvriers, tandis que Milutka a une père médecin et une mère institutrice. D'ailleurs les deux mères se côtoient car celle de Nath exerce ses talents au ménage et à la cantine de l'établissement où celle de Milutka enseigne. Les deux gamines sont très proches et leur destin va basculer le jour où le père de Nath apprend qu'il va perdre son logement, son propriétaire et patron ayant vendu le terrain sur lequel les habitations de la courée sont disposés à un groupe immobilier. Le père garagiste s'était retrouvé du jour au lendemain à la porte, avec aucun dédommagement, étant payé la plupart du temps de la main à la main et la location étant déduite de la feuille de paie lorsqu'il y en avait une.


Elena_Piacentini.jpgDonc nous suivons les deux gamines de ce terrible été 1989 jusqu'en cet hiver 2009, dans un récit intercalé dans l'enquête. Autre point principal du récit, c'est la focalisation sur certains personnages dont une grande partie est consacrée à PAL. Se retrouver dans un cimetière lui ravive de douloureux souvenirs, sa femme étant décédée en mettant au monde sa fille Lisandra. Lisandra est élevée par la grand-mère Angèle qui elle-même l'avait élevée dans le respect et la dignité. Tous trois habitent ensemble dans la même maison disposée sur plusieurs étages. PAL aime Eliane, la médecin légiste qui prend une part non négligeable dans l'enquête, et la réciproque est réelle. Elle est acceptée par Angèle mais ils ne vivent pas ensemble, partageant parfois une nuit.

 

Un roman qui s'attache plus à l'humain qu'aux actes en eux-mêmes et surtout qui montre les conséquences néfastes de certains décisions prisent dans un esprit mercantile. Et comme le déclare le gardien du cimetière à PAL : Les flics, ça vous pose toujours un tas de questions : quand, comment, pourquoi... Et finalement, ça oublie d'écouter ce qui a vraiment de l'importance.

 

La vérité sortira de la tombe où elle pensait pouvoir se faire oublier.

 

Quant au mobile de ce meurtre, il prend sa source dans le marché de la taxe carbone, et surtout aux arnaques et aux fraudes, mais Elena Piacentini nous en parle beaucoup mieux que je ne saurais le faire dans son annexe fort intéressant placé en fin de volume. Enfin je n'aurai garde d'oublier deux petits clins d'yeux de l'auteur à Maxime Gillio et à l'ami blogueur québécois Richard de Polar Noir et blanc.

 

A lire également d'Elena Piacentini : Carrières noires  chez le même éditeur et Double casquette.

Elena PIACENTINI : Le cimetière des chimères. Editions Au delà du Raisonnable. Parution 27 juin 2013. 344 pages. 18,00€.


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20 juillet 2014 7 20 /07 /juillet /2014 15:45

La fascination selon Stéphane Bourgoin...

 

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Mais qu'est-ce qui pousse Stéphane Bourgoin à s'intéresser aux Serial killers ? Une fascination indéfectible depuis plus de trente ans et qui perdure malgré cette annonce d'une version définitive d'un ouvrage qui a déjà connu quatre précédentes versions depuis la première publiée en 1993.

Dès 1979, Stéphane Bourgoin avait eu l'occasion de rencontrer soixante-dix sept tueurs, de sexe féminin ou masculin, dans des prisons américaines principalement mais également en Europe, Pays de l'Est ou Afrique du Sud grâce à ses relations avec diverses forces de police. On a les relations qu'on veut, ceci ne nous regarde pas. De fil en aiguille, ce magnétisme qui le poussait à rencontrer ces meurtriers s'est étendu aux agents du FBI à Quantico, où se situe l'académie du FBI, que des profilers de toutes nationalités et des psychologues, des rencontres qui se sont traduites ensuite par des conférences, des documentaires, des manifestations diverses et bien entendu la trame de nombreux ouvrages comme Le Cannibale de Milwaukee, L'Etrangleur de Boston, L'Ogre de Santa Cruz, et bien d'autres.

Afin de mieux appréhender ce copieux volume, qui pèse pas mois de 1 kilo 668 grammes, j'ai vérifié, je pense que la déclinaison des premiers chapitres vous en dira plus sur le contenu de cet ouvrage :

1 - Du crime en général et des serials killers en particulier.toole

2 - Naissance d'un criminel sexuel. Il est vrai que les mobiles d'un tueur en série sont difficiles à définir, mais il faut remarquer qu'en général ils réagissent à des pulsions sexuelles à l'encontre de prostituées, Arthur Showcross par exemple qui étranglait des péripatéticiennes, ou d'enfants comme le pédophile sud-africain Stewart Wilken. Mais cet attrait pour la chair peut entraîner des actes de vampirisme, Richard Chase et James Riva notamment, de cannibalisme comme Ottis Toole, ou des nécrophiles. Les exemples ne manquent pas.

3 - Serials killeuses. En effet les hommes n'ont pas l'apanage des ces tueries.

4 - La traque des serials killers. Des enquêtes de longue haleine qui peuvent durer des années.

5 - La détection des tueurs en série. Une existence longtemps niée ou sous estimée, mais qui passionne les foules toujours avides de sensationnel. Témoin le téléfilm consacré à Francis Heaulme et à ses crimes qui a drainé lors de sa diffusion en 2005 pas moins de dix millions de téléspectateurs. Et les journaux, qui aux XIXème et début du XXème siècle ne possédaient pas de concurrence médiatique, enregistraient leurs records de vente lors de la parution d'articles relatant la découverte de cadavres.

6 - Les "tueurs de la route". Un sous-chapitre analyse les mythes et réalités des serials killers.

7 - Le profil psychologique.

8 - Roger Depue : quinze ans à traquer les serials killers pour le FBI.

9 - Profession : profiler. Des psychologues qui dressent les portraits psychiques des criminels et qui travaillent avec les policiers en leur fournissant les profils selon les méthodes employées lors des meurtres.

kumper.jpg10 - Portraits de serials killers. La partie la plus conséquente de l'ouvrage avec dix-huit portraits de tueurs isolés, de couples ou encore la relation du massacre de Matamoros. Voir les portraits de Edmund Emil Kemper et d'Ottis Toole.

XI - Entretiens avec des tueurs en séries, chapitre qui comme son titre l'indique relate les nombreux entretiens que Stéphane Bourgoin a pu obtenir auprès de détenus dans les geôles américaines ou européennes. Stéphane Bourgoin a su assembler auprès de ces hommes leurs témoignages un peu comme un prêtre recueille les confidences de leurs paroissiens dans un confessionnal.

12 - Seuls faces au diable : trois psychiatres témoignent. Des entretiens séparés réalisés en novembre 1991.

 

stephane_bourgoin_2011.JPGEnfin cet ouvrage se clôt avec une imposante bibliographie des serials killers. D'abord une liste consacrée aux ouvrages dits généraux puis le recensement d'une bibliographie dite cas individuels répertoriant quatre cent vingt-trois tueurs en série allant de Charles Albright jusqu'à un tueur inconnu, responsable de quarante-trois meurtres et qui a entretenu une longue correspondance avec la police et les médias de juillet 1969 à avril 1978, en leur fournissant des indices, et qui se présentait sous le pseudonyme du Zodiaque.

 

Un fort et imposant volume (1kg668 !) qui intéressera tous les lecteurs amateurs et curieux de cet aspect de la criminalité mais pas facile à transporter sur la plage dans un sac au milieu des serviettes et des crèmes diverses, et surtout à lire dans de bonnes conditions.

Cet ouvrage est complété par un encart iconographique de vingt-quatre pages.


Stéphane BOURGOIN : Serial Killers. Enquête mondiale sur les tueurs en série. Avec la collaboration d'Isabelle Longuet et Joël Vaillant. Edition définitive. Editions Grasset. Parution le 25 juin 2014. 1104 pages. 27,00€.

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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 14:04

Sur l'écran noir de mes nuits blanches...

 

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Chroniqueur et critique cinématographique spécialisé dans les films d’horreur, pigiste pour un petit magazine parisien, Boris Phécrier est aussi auteur de romans du même genre sous le nom de Julien Gras. Et ce n’est pas parce qu’il habite place du Panthéon qu’il roule sur l’or. Il vivote dans un petit studio de huit mètres carrés, est marié mais sa femme va voir ailleurs si c’est meilleur, et une gamine de douze ans nommée Cuivre. Il a Cuivre en garde de temps en temps, lorsque sa femme est en déplacement charnel, et l’amusement principal entre le père et la fille est de se faire de petits quizz sur des films d’horreur.

En compagnie de son ami Fuchiglia, qui est bouquiniste sur les quais mais également touche-à-tout puisqu’il cumule les emplois de photographe de jazz, d’agent musical, de directeur littéraire chez Dupneu, directeur de la collection qui a accueilli Le rivage des tripes de Julien Gras, Boris se rend à une soirée prétendument littéraire. En réalité il s’agit de fêter la sortie d’un livre géant, texte de Dhûle et dessins de Nick Mégalo, une nouvelle aventure imaginaire de Gary Pinson, le Sherlock Holmes belge. En effet beaucoup de monde se presse dans cette galerie d’art, sise dans une petite rue du XIVème arrondissement de la capitale, le gratin de la littérature populaire, auxquels se sont adjoints quelques pique-assiettes, sans lesquels les soirées parisiennes ne seraient pas ce qu’elles sont, et une jeune femme qui fait du charme à Boris.

Phécrier et Fuchi retrouvent parmi les convives le capitaine Duclos, fervent passionné de Gary Pinson, Le Mosque, ancien directeur de la défunte collection Saignant chez Talbin Michel et agent littéraire et scénariste, JBPP, intellectuel et inventeur de la série La Pieuvre et auteur à la Série Glauque, Faty romancier chez Talbin Michel et directeur de la Série Glauque, ainsi qu’Aldo Selma, le meilleur rital de polars français qui a signé Eviscéré comme une playmate dans le plumard d’un GI. Seul manque à l’appel, pour le moment car il est attendu avec impatience, Dhûle qui devait assister à une séance un peu spéciale avec quelques amis. Selma prend à part Phécrier et lui propose un travail qui devrait être juteux. Un scénario d’horreur déniché par Le Mosque, mais les quatre amis achoppent sur l’épilogue, incapables de terminer le texte sur une scène finale forte. Quatre pages à écrire et un gros paquet de billets à la clé.

Une rumeur circule concernant un film, Au château d’alcool, un film d’horreur dont la projection s’avérerait maléfique et mortelle. Lors d’une première séance privée, des spectateurs, une quarantaine environ, seraient décédés ou devenus fous. Et lors de la fameuse séance spéciale organisée par Dhûle, séance dont quelques uns se gaussaient laissant penser qu’il s’agissait d’une partie fine, quelques-uns des participants dont Dhûle lui-même, décèdent d’une crise cardiaque. L’écrivain s’était procuré une copie de ce film funeste. Duclos, le policier, a récupéré dans le lecteur de DVD l’enregistrement et invite Boris Phécrier et des spécialistes de l’analyse de vidéos à participer à un visionnage de l’objet du délit, en prenant toutefois quelques précautions.

Si la lecture du disque permet de solutionner quelques mystères, l’enquête n’en est pas pour autant close. Qui et pourquoi sont les questions qui restent en suspens, plus quelques autres qui en découlent.

 

alcool01.jpgAvec Au château d’alcool, François Darnaudet nous invite à lire un roman transgenre, qui marie polar, fantastique, gore et suspense, ce qui n’est pas forcément incompatible. La dose entre tous ces éléments est savamment mesurée, pondérée, et chacun pourra y trouver son content. Des passages savoureux où alternent humour, émotion (Ah la petite Cuivre !), petits coups de griffe pas méchants et réflexions pertinentes. Ainsi, Boris Phécrier déclare sans acrimonie aucune, une simple constatation de sa part que se partagent bon nombre de lecteurs de journaux : La critique cinématographique moderne répugne souvent à résumer un film. Il m’arrive parfois de lire des articles dans Libé ou Le Monde en me demandant de quoi parle le journaliste et quel est le thème du film chroniqué. Moi, à 7 jours sur Paris je commence toujours par donner un résumé avant de décortiquer la structure scénaristique et rappeler les principaux titres de gloire du réalisateur et des acteurs. Mais je suis sûrement un tocard puisque je ne suis pas à Libé ou au Monde. Cela sent le vécu…

De plus François Darnaudet, outre l’intrigue resserrée, invite le lecteur à s’amuser et pose des jalons, en incitation à découvrir quels auteurs réels se cachent sous les patronymes des personnages du roman. De même que pour les maisons d’éditions citées ou les titres des romans évoqués. Un des protagonistes qui apparait plus tard dans l’histoire se nomme Piter Surlot. Il compte à son actif plus de cent-quarante titres de romans, vit dans les Vosges et possède un chien qu’il a appelé Gallimard, parce que c’est la seule maison d’édition qui a refusé de le publier. Je suis persuadé qu’avec votre sagacité habituelle vous découvrirez tous ces private-joke, comme l’on dit en bon français, et que vous vous amuserez à la lecture. Je ne vous donne pas d’indice et si vous séchez, vous pouvez toujours me laisser un commentaire afin que j’éclaire votre lanterne.

Au château d’alcool, un livre comme je les aime : divertissant, plaisant, amusant, alerte, prenant, dénué de digressions vaseuses. Une véritable récréation. Une petite citation en passant :

-      C’est quoi un louseure ?

-      Un loser ! Le mot anglais… C’est un soixante-huitard qui a mal digéré l’avènement du socialisme libéral !

A lire également de François Darnaudet, chez Rivière Blanche et chez Actu SF : La Lagune des mensonges.

François DARNAUDET : Au château d’alcool. Collection Noire 34.

Editions Rivière Blanche. 204 pages. 17,00 €. Version E-book chez Actu

SF : 3,99 €.

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18 juillet 2014 5 18 /07 /juillet /2014 14:26

Improvisation ou pas, seul compte le résultat !

 

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Et dans la vie, contrairement au jazz, l'improvisation n'est pas toujours de mise. Par exemple pour Elysée Gaumont qui pensait qu'en cumulant le jazz (il faut du souffle pour jouer du saxophone !) l'alcool et les femmes, c'était la belle vie. Plus belle la vie même puisqu'il est actuellement à Marseille. Mais les abus ont eu raison de sa santé et s'il grimpe à vélo la côte qui mène à Notre Dame c'est afin de se remettre d'un AVC. Cinq frites, pardon cinq fruits et légumes par jour, de l'eau coupée d'eau, voire du thé vert, et de l'exercice physique, tel est le régime auquel il est astreint. Heureusement le toubib ne lui a pas interdit l'usage du saxo. Aussi direction les calanques marseillaises et un petit boulot alimentaire pour lui occuper l'esprit. Il doit mettre en musique des paroles débiles, enfin c'est ainsi qu'il juge la prose d'un chanteur à la mode, au moins cela va l'occuper et garnir son portefeuille.

Pour l'instant il est en train de peiner à gravir la côte qui conduit à Notre-Dame, et en arrivant c'est totalement essoufflé qu'il s'adresse à une jeune fille qui attend, et semble passablement énervée. Elle lui demande de bien vouloir attacher son vélo avec le sien. Que ne ferait-on pas pour une jolie fille ! Elysée accepte et rendez-vous est pris une demie heure plus tard. Mais au bout de deux heures, personne en vue et Elysée doit redescendre. L'abbé auprès de qui il se renseigne affirme ne pas avoir aperçu la vélocipédiste. Alors il laisse le vélo de son inconnue à la garde de son antivol et redescend plus vite qu'il a monté la côte.

Charlie ParkerLe lendemain, après avoir composé quelques petites mélodies alimentaires, Elysée grimpe jusqu'à la basilique et le vélo est toujours là. Un peu plus tard, alors qu'il manque d'être écrasé par un grosse cylindrée, une BMW, il se souvient de quelque chose qu'il avait à peine remarquée mais qui possède son importance. Ce n'est pas un biclou que la jeune fille chevauchait, mais un objet coûteux de même marque que l'automobile qui aurait pu se transformer en hosto mobile. En se renseignant auprès des marchands de vélos susceptibles de vendre une monture de prestige, Elysée apprend que seule madame Escebarria en serait la propriétaire. Or à cette époque de l'année cette gente dame est en voyage.

Elysée décide de prendre contact avec son ami Vauch, trompettiste Miles-Davis 6046de jazz installé dans la cité phocéenne et l'invite à venir prendre un pot en sa modeste demeure. Juste au moment où quelqu'un se présentant comme le propriétaire de la bicyclette lui téléphone, mais il s'agit d'un certain Castagnède, le père de la fille qui lui a confié l'engin. Bizarre autant qu'étrange pense Elysée. Ce qui ne l'empêche pas de se rendre au parking improvisé, de détacher le cadenas, non sans avoir repéré auparavant une petite plaque portant comme inscription L.E. et probablement une date, de récupérer le petit carton où il avait inscrit son numéro de téléphone et l'affaire est bouclée. Presque.

Elysée narre son aventure à Vauch, et celui lui annonce que justement il doit jouer le samedi pour fêter l'anniversaire de mariage, le troisième ou quelque chose comme ça, d'Escebarria. Le trompettiste lui propose de faire partie de son petit groupe et en avant, Elysée reprend du service. Escebarria est un magnat du poulet élevé en batterie, ce qui ne correspond pas dans ce cas aux drums d'un musicien de jazz. Elysée fait la connaissance d'Escebarria, de sa jeune épouse, mais pas de la fille qui est en vacances, et en fouinant un peu dans une remise, retrouve le vélo à l'origine de cette affaire.

Après avoir effectué un petit voyage à Paris afin que son toubib vérifie sa tuyauterie et retrouvé son amie Déborah, contorsionniste et intermittente du spectacle, et un petit voyage en Bretagne, c'est le retour à Marseille. Escebarria a été retrouvé mort dans son poulailler au milieu de ses poux laids, poulets.

Tout en jouant avec Vauch en diverses occasions, et en prenant du bon temps avec Déborah qui se révèle précieuse, en continuant à griffonner ses notes sur ses partitions pour le chanteur poète, Elysée mène sa petite enquête sous les auspices de Charlie Parker et de Miles Davis.


armstrongSur un ton badin et facétieux, ponctué d'airs de jazz, à ce propos j'ajouterai aux noms des deux musiciens précités celui de Louis Armstrong pour sa faconde plus communicative que Parker et Davis, Delphine Solère nous entraîne entre humour et gravité sur les notes d'une histoire qui n'est pas vraiment improvisée car travaillée. Mais il ne faut pas que les lecteurs imperméables à cette musique aussi bien enjouée que mélancolique ressentent un phénomène de rejet car il ne s'agit que d'une musique d'ambiance.


Au passage on notera une petite visite dans un élevage breton de gallinacés qui ne manque pas de piquant. Et puis, la grande force de ce roman, ou plutôt de l'auteur, Delphine Solère, c'est de jouer avec les mots et d'enfiler les métaphores comme un joueur de jazz professionnel (et talentueux) enchaîne les standards sans partition. Et je vous propose même quelques perles, histoire de vous appâter:


Le regard de ce mec était aussi franc que la parole d'un militaire français en Angola.


Je suis ressorti de l'hosto plus remonté qu'un patron du CAC40 à qui on retire ses tickets restaurant.


J'ai ouvert la porte, énervé, mais avec la prudence d'un Arabe invité à une fête du Front National.


Et vous pouvez retrouver la chronique de Yv sur son blog ainsi que celle de Claude Le Nocher sur Action Suspense

 

Delphine SOLERE : Les risques de l'improvisation. Editions Michalon. Parution le 3 juillet. 224 pages. 17,00€.

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17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 09:07

Bon anniversaire à Robert Deleuse né le 17 juillet 1950.

 

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Denis Kajal est détective privé à Marseille (décidément, Marseille devient la ville phare du roman policier !) et il est chargé par le père de retrouver sa fille dont il n’a plus de nouvelles. Elle était venue dans la cité phocéenne afin de suivre les traces d’un peintre décédé dans les années 30.

Dans le même temps, deux serveurs d’un bar, situé Quai du Port, assistent à l’enlèvement d’un conseiller turc sur une goélette amarrée à quai et au meurtre du skipper. “Prélèvement” revendiqué par un obscur commando kurde qui signe “ PK15 ”.

Le commissaire Vivaldi est chargé de l’affaire ainsi que ses adjoints Janval et Ronsard. Toute la brigade est sur les dents, et pourtant les dossiers en instance ne manquent pas. Peu à peu, alors que les meurtres se multiplient, les deux enquêtes, la privée et l’officielle, vont s’emboîter, et devenir affaire d’état, prenant leur source dans le passé sombre de l’occupation, de l’épuration et de la collaboration.

 

Robert Deleuse a écrit un roman qui s’apparente à un rapport de police, dans un style sec, froid, clinique, et dont l’intrigue s’avère alambiquée, à la limite du crédible.

Mais il est prouvé que souvent la réalité dépasse la fiction. De plus Robert Deleuse use avec abondance des parenthèses, là où une virgule suffirait, ce qui hache la lecture et la rend parfois pénible. Mais on ne peut nier une certaine maîtrise du sujet et certains préfèreront justement cette ambiance rigide aux errances poétiques.


Robert DELEUSE : La mante des Grands-Carmes. Collection Points Seuil N° 803. Parution le 4 novembre 2000. 196 pages.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
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