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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 06:32

Il y a ceux qui ont une double casquette et ceux qui retournent leur veste...

 

double-casquette.jpg


Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Elena Piancentini, voici une possibilité de découvrir cette romancière via le truchement d'une nouvelle poignante.

Revenir au village natal quinze ans après l'avoir quitté, ce pourrait être une fête, le plaisir de retrouver la famille et les amis. Pour la narratrice, il en va autrement. Elle assiste à l'enterrement de sa mère, et se console dans les bras de sa grand-mère Mina. Mais le temps presse, car elle n'a que trois jours à consacrer à ce retour à l'enfance, à se replonger dans les senteurs et les visions d'un passé déjà loin, d'une nature sauvage. Puis c'est la remontée vers la capitale. Au revoir le petit bourg corse d'Obisu

La narratrice est directrice commerciale et marketing (ce qui est presque pareil à la différence près que le marketing équivaut quasiment à de la vente forcée mais comme c'est dit en anglais, cela choque moins) dans un laboratoire pharmaceutique. Son esprit est ailleurs, encore plongé dans ses souvenirs d'enfance, et elle écoute plus ou moins distraitement en compagnie de ses collègues le Directeur Général énoncer chiffres, historiques, produits nouveaux, le blabla habituel énoncé lors des réunions de travail.

Elle est assise à côté de Paul, son supérieur hiérarchique et celui l'entend proférer une remarque désobligeante. Le D.G. n'avait pas à affirmer non plus que l’innovation est dans notre ADN. Elle n'a pu s'empêcher de penser jamais rien entendu d’aussi con. Seulement elle l'a pensé un peu trop fort. Et pendant que le D.G. continue à débiter ces lieux communs et autres âneries du genre : Nous offrons du bonheur... Les enfants et les adolescents AUSSI ont droit à du mieux-être... Notre société ne doit plus tolérer que quiconque soit malheureux ce qui bien entendu relève de la pure démagogie. Elle prend un cachet, puis deux ou trois afin d'évacuer son stress. Et bien entendu Paul la convoque dans son bureau à la fin de la réunion. Un entretien qui oscille entre remontage de bretelles et ton paternaliste faussement apitoyé.

 

C'est tout en douceur qu'Elena Piacentini débute son récit qui conjugue nostalgie et chagrin. Mais bien vite on entre dans un autre domaine qui s'érige comme une cage aux fauves. La narratrice n'a pas eu le temps de se remettre de ses émotions que déjà elle doit affronter la dure réalité des réunions de travail tenues par un patron pontifiant. Elle n'est plus dans le système du Tout le monde il est beau, il est gentil, elle s'est déconnecté de ce séminaire lénifiant et elle prend conscience de l'aberration de son travail et surtout des conditions d'exploitation des produits qu'elle est chargée de promotionner. Le rythme va crescendo, et le lecteur arrivé à l'épilogue ne peut que se poser moult questions sur l'efficacité et la légitimité de certains médicaments. De toute façon l'actualité est là pour nous le rappeler.


A lire également :  Carrières noires.


Et n'oubliez pas de visiter le catalogue des éditions SKA.


Elena PIACENTINI : Double casquette. Editions SKA, collection Noire Sœur. 0,99€.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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