Bon anniversaire à Virginie Brac née un 25 juillet.
Virginie Brac, qui s’était fait connaître avec Sourire Kabyle chez Engrenage, puis avait publié deux autres romans avant de se consacrer à l’écriture de scénarii, était revenue en force avec Cœur caillou. Elle confirme qu’elle possède une plume n’ayant rien à envier elle non plus à celles d’Outre-Atlantique ou d’Outre-Manche.
Tropique du pervers conte l’histoire de Véra Cabral, une psy qui décide du jour au lendemain de quitter la quiétude de son cabinet pour se consacrer aux naufragés de la vie quotidienne, qu’ils soient preneurs d’otages ou suicidaires. Elle devient membre active du C.I.P., Centre d’Intervention Psychiatrique, sorte de SAMU pour déprimés. Sa première intervention a lieu dans une station sur l’autoroute, où un forcené prend en otage des innocents afin de… les policiers ne savent pas trop puisqu’il n’a rien revendiqué.
Véra s’en sort sans dommage et sa première affaire est une réussite. Ce qui n’est pas le cas de la deuxième où elle doit dissuader une jeune femme, épouse d’un député, de se jeter du toit de sa propriété. Les affaires se suivent et se ressemblent, tout du moins sur un certain car le capitaine Sedan est omniprésent, se dressant à chaque fois devant elle. Et elle en vient à se demander si certaines de ces interventions ne sont pas des manipulations, s’il n’y a pas autre chose qui se cache derrière, si un homme ne veut forcer la main du destin. Et comme elle même connaît un problème, disons métabolique ou corporel, que sa famille, charmante mais nombreuse la requiert à chaque instant, elle mène une vie sentimentale déserte, à son corps défendant si je puis dire. Parfois c’est elle qui aurait besoin d’un psy pour pouvoir se repositionner dans sa tête.
Virginie Brac nous livre ici un livre puissant, dans lequel l’héroïne, tel le serpent se mord la queue, perdue entre son travail et son “ handicap ”. Les tragédies que Véra est amenée à côtoyer sont quasiment un remède à ses problèmes, d’autant que sa famille, charmante mais encombrante, n’y met guère du sien. Elle est des deux côtés de la barrière et le lecteur est subjugué tout autant par sa personnalité à double facette que par les péripéties auxquelles elle doit faire face. J’avais critiqué l’abandon des petits formats par le Fleuve Noir, mais au moins reconnaissons que pour l’instant la politique éditoriale est de qualité, du moins en ce qui concerne la production française.
Virginie BRAC : Tropique du pervers. Collection Moyen Format, Fleuve Noir. Parution 9 mars 2000. Réédition Pocket 3 octobre 2002 et 28 mai 2004. 280 pages.