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17 avril 2021 6 17 /04 /avril /2021 04:23

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le Titanic

sombrait dans les eaux glaciales de l’Atlantique.

Didier DECOIN : La femme de chambre du Titanic.

Le propre d’un écrivain digne de son métier, de sa vocation, c’est d’absorber, dès les premières pages de son œuvre, le lecteur.

Que celui-ci entre de plain-pied dans l’action et ne relâche plus son attention. Qu’il y ait communion entre le roman et le lecteur. Et c’est véritablement ce qui se produit dès la première page de La femme de chambre du Titanic.

Horty sue sang et eau lors du concours annuel du meilleur docker, ployant sous la charge d’un veau vivant, pendant douze minutes, en courant.

C’est la cinquième année consécutive qu’il remporte ce concours et Zoé a de quoi être fière de son homme. D’autant plus qu’en cette année 1912, les temps sont durs pour le petit peuple, et un veau aide à améliorer l’ordinaire.

Mais les organisateurs en ont décidé autrement et, cruelle désillusion, le premier prix ne sera pas le veau, offert à un quelconque hospice, mais un voyage. L’inauguration à Southampton de la première traversée du Titanic et son premier voyage à New-York. Qu’à cela ne tienne, Horty a gagné et il va profiter de son cadeau.

Et cet homme de cinquante deux ans, marié à la frêle Zoé, va découvrir l’aventure et l’amour dans le port de Southampton. Une rencontre va le marquer à tout jamais.

C’est un brave homme qu’Horty, un être frustre et peu compliqué. Lorsque l’hôtelière lui demande de prêter sa chambre à une jeune femme, tout d’abord il refuse. Puis il accepte, désemparé devant cette jeunette timide, innocente et enrhumée.

Marie Diotret doit le lendemain embarquer en qualité de femme de chambre sur le Titanic. Ils vont passer la soirée ensemble, à manger dans une gargote. Puis ils vont coucher ensemble. Mais attention : dans le même lit, soit, mais en tout bien tout honneur.

De retour chez lui, Horty ne garde de Marie qu’une image, une photographie prise sur le port, au moment du départ. De quoi alimenter les conversations de ses amis au café de La Tête d’écaille.

Jusqu’au jour où Horty apprend que le Titanic a sombré dans l’océan. Dès lors, Horty affabule. Sa nuit d’amour toute platonique avec Marie devient une nuit d’amour extravagante. Lui qui de l’acte sexuel n’a connu avec Zoé, sa légitime, que des étreintes rapides et hygiéniques, invente des jeux qui laissent pantois les habitués de La Tête d’écaille.

Zeppe, un ancien Monsieur Loyal, va même l’exhorter à se produire dans des théâtres, des salles dans lesquelles les spectateurs restent sous le charme. Marie revit pour et par Horty, excitant les jalousies.

 

La femme de chambre du Titanic est un roman d’amour, d’atmosphère, un roman noir également, et Didier Decoin fait vivre sous une plume alerte, légère, parfois humoristique, parfois pathétique, une galerie de personnages hors du commun.

Un paradoxe puisque ces personnages justement font partie de ce que l’on nomme le petit peuple et que théoriquement ils vivent dans un monde clos, fermé, et que rien d’extraordinaire, d’inhabituel ne peut leur arriver.

Tout ça à cause d’un concours gagné dans la sueur, la douleur et la rage de vaincre.

Lorsque j’avais participé comme animateur dans un débat auquel Didier Decoin avait été invité, en mai 1991, il avait déclaré que son souhait serait que La femme de chambre du Titanic soit adapté au cinéma avec dans le rôle principal Gérard Depardieu, un film réalisé par Milos Forman.

Ce projet a avorté. Mais il ne faut pas oublier que Didier Decoin, fils d’Henri Decoin le cinéaste, ne considère pas le film comme une œuvre mineure par rapport au cinéma.

 

Didier DECOIN : La femme de chambre du Titanic. Editions du Seuil. Parution janvier 1991. 334 pages.

ISBN : 9782020129251

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15 avril 2021 4 15 /04 /avril /2021 03:11

Congés payés ou non ?

Zelda POPKIN : Congés pour meurtre.

Phyllis Knight, avocate, n'assiste pas au repas mensuel organisé par Contempora, une association de femmes indépendantes. Son amie Mary Carner, inspectrice dans un grand magasin, s'inquiète.

Struthers, le secrétaire de Phyllis, tout en avouant ne pas avoir de nouvelles de l'avocate, se retranche derrière le secret professionnel. Quant au père de Phyllis, il ne possède guère plus de renseignements sur cette prétendue fugue. Une disparition qui à la limite le réjouit, n'ayant jamais accepté le fait que sa femme soit morte en mettant au monde leur fille.

Il se résigne à faire appel à la police au bout de quinze jours et Mary participe à la conférence de presse en tant qu'amie et enquêteuse. D'après son carnet de rendez-vous Phyllis a reçu le jour de sa disparition Nils Peterson, un petit propriétaire, et Sophie Duda, une jeune femme d'origine polonaise dont les démêlés avec Rockey Nardello, proxénète et organisateur de loteries, avaient conduit l'avocate chez le district attorney.

Phyllis avait également exprimé le désir d'aller au cinéma. Le milliardaire Saxon Rorke, affirme avoir eu rendez-vous lui aussi avec Phyllis, alors qu'elle était soi-disant fiancée à un industriel, Van Arsdale.

Mary fouille parmi les affaires de Phyllis en compagnie de Johnny Reese, un jeune inspecteur familier et sans-gêne. Quelques jours plus tard Rorke et Struthers, en qui Reese reconnait un individu ayant eu maille à partir avec la police, reçoivent une lettre signée Phyllis demandant qu'on cesse de la rechercher.

Le 1er avril de l'année suivante, le cadavre de Phyllis est découvert dans la cave d'un immeuble promis à la démolition. Elle a été tuée d'une balle de revolver et son corps déposé dans une chaudière. Un meurtre qui remonte à plusieurs mois. Les policiers trouvent un pistolet de fête foraine, une paire de lunettes, une torche, une table et quatre chaises, des jeux de cartes et des mégots de cigares dont un taché de rouge à lèvres. Il s'avère que l'immeuble appartient à Nils Peterson mais l'homme a disparu. Quant à l'immeuble contigu, c'est une ancienne maison de passes dirigée par Flo Gordon, une maquerelle de la bande à Nardello. Les soupçons pèsent sur le truand or celui-ci était en prison le jour de la disparition de Phyllis. L'enquête est confiée au commissaire Heinsheimer mais Mary préfère poursuivre ses investigations en solitaire, malgré ou à cause de la présence de Reese.

Un policier du nom de MacKinoy se tire une balle dans la tête et laisse une lettre par laquelle il nie avoir participé au meurtre de Phyllis. Contrairement au commissaire, Mary pense que MacKinoy est effectivement innocent et que sa mort n'est qu'un suicide maquillé. Elle rencontre Rorke bouleversé par l'annonce de la découverte du cadavre de Phyllis. Les pérégrinations de Mary l'amènent à rencontrer Sophie Duda bernée par Nardello et Flo Gordon. Cependant un homme est au dessus de Nardello et si elle ne connaît pas son nom, elle l'a vu aux actualités cinématographiques six mois auparavant. Mary demande à un ami d'organiser une séance de projection privée qui confirme ce qu'elle pensait.

 

L'intrigue construite par Zelda Popkin est conventionnelle et repose trop sur les coups de théâtre.

Ainsi le père de Phyllis s'accuse publiquement d'avoir tué sa fille pour venger la mère décédée en couches. Un faux coupable que le lecteur détecte, il y encore trop de pages à lire !

Et l'on pourrait reprocher également une traduction par trop argotique et elliptique dans certains dialogues sans compter sur les coquilles dues à l'imprimerie ou la photocomposition.

Seulement ce roman désuet et charmant possède un certain attrait dans la description de personnages pour l'époque peu conformistes et le premier chapitre se révèle l'apologie de la liberté de la femme sans que celle-ci tombe dans le travers de la caricature.

Zelda POPKIN : Congés pour meurtre. (Time of murder - 1940. Traduction de Hervé Denès). Collection Troubles. Editions Métailié. Parution février 1993. 262 pages.

ISBN : 9782864241423

Réédité dans la collection Le Masque N°2312. Librairie des Champs Elysées. 1996.

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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 03:32

Un titre de circonstance ?

Jean-François COATMEUR : La danse des masques.

Face aux enjeux économiques, l’avenir de La Source, une communauté de repris de justice fondée par un prêtre quelque peu marginal, se trouve fortement compromis.

Dans ce petit village breton, à mi-route de Quimper et de Lorient, les passions se déchaînent, attisées par le meurtre du propriétaire d’une biscuiterie.

Le fils, névropathe, s’insurgeant contre la férule d’un père trop autoritaire et coureur impénitent de jupons, a minutieusement chronométré son parricide.

Et c’est Roger Malinche, un repris de justice employé comme nettoyeur dans l’usine, qui servira de bouc émissaire. Accusé, Roger a le tort de s’enfuir, drainant derrière lui la maréchaussée.

Vatel, le prêtre responsable de la communauté, et Desforges, le maire du village, se trouvent en butte aux attaques qui fusent de partout. Les apparences sont contre eux et contre leur protégé, et les passions s’exaspèrent.

La vérité toute nue finira bien par sortir du puits mais au prix de nombreuses souffrances et de morts innocents.

 

Il est difficile de vouloir faire œuvre d’humanisme lorsque l’on vit parmi des aveugles et des sourds aux préjugés tenaces.

La vindicte populaire s’acharne surtout sur le pauvre hère qui a fauté une fois. On ne voit en lui qu’un dangereux récidiviste.

Une solution de facilité que dénoncent quelques hommes épris de justice et de liberté. Mais qu’il est donc malaisé de se faire entendre et surtout comprendre.

Jean-François COATMEUR : La danse des masques. Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution octobre 1989. 300 pages.

ISBN : 9782226038326

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13 avril 2021 2 13 /04 /avril /2021 03:56

Quand le Saint naviguait chez les éditeurs !

Leslie CHARTERIS : La tragédie du Louxor

Mollement allongé sur un rocher plat, Simon Templar s’adonne au bronzage intégral sur une plage de la baie de l’île de Tresco.

Il avait reçu quelques temps auparavant une lettre de son ami Smithson Smith, et à sa lecture, Simon avait décidé de quitter Londres engoncée par la chaleur.

Il était notamment question de l’arrivée de deux yachts dont l’un appartenant à Abdul Osman. Or Simon avait déjà rencontré Abdul Osman quelques années auparavant et il lui avait laissé sur le visage deux marques dont l’homme avait eu du mal à se débarrasser. C’est dire si leurs relations n’étaient pas au beau fixe, contrairement au temps.

Soudain Simon aperçoit une jeune fille qui manœuvre telle une débutante son canot et tombe par-dessus bord. Aussitôt il plonge à sa rescousse et sauve Laura de la noyade, la ramenant sur le yacht appartenant à son beau-père, Galbraith Stride. Non loin, il distingue que du yacht voisin, le Louxor, un homme le surveille à l’aide de jumelles. Il s’agit d’Abdul Osman.

De retour sur la terre ferme, Simon se rince le gosier en compagnie de son ami Smithson Smith, qui tient l’auberge locale. Soudain deux jeunes hommes entrent, se désaltèrent aux aussi puis l’un des deux s’en va. Il se blesse à la cheville et son ami le rejoint le ramenant à l’établissement. Cet épisode ne serait qu’une banalité si Simon ne s’était aperçu qu’ils en avaient profité pour lui glisser un poison ou un soporifique dans son verre de bière.

Naturellement Simon n’apprécie pas cette atteinte à son intégrité physique et il se lance dans une enquête qui le ramène à Abdul Osman, son ennemi. Or Galbraith Stride et Abdul Osman sont en cheville, se partageant le marché de la cocaïne et le trafic de Blanches au niveau mondial. Et Abdul Osman souhaite se débarrasser de son soi-disant partenaire dans ces affaires juteuses. Laura ne sait rien des affaires louches que traite son beau-père et encore moins de l’accord conclu entre les deux hommes. Car Osman veut épouser la jeune fille.

Mais Simon Templar est toujours là au bon moment pour remettre les choses en bon ordre et châtier, d’une manière ou d’une autre, légalement ou non, les coupables et les malfaisants.

Simon Templar est surnommé le Saint.

On n’était pas fixé exactement sur l’origine de ce surnom. Etait-ce parce que les initiales de Simon Templar – S.T. – faisaient penser à l’abréviation du mot « saint » : St ? ou bien parce que l’homme laissait toujours derrière lui, son crime accompli, une sorte de signature, un dessin linéaire, tel qu’en pourrait tracer un enfant, représentant un bonhomme dont la tête était surmontée d’une auréole symbolique ?

 

Publié en France par Fayard en 1933 dans le recueil Ici le Saint (The Saint and Mr. Teal ou Once more The Saint), cette nouvelle originellement titrée Galbraith Stride fut pendu, était accompagnée de L'Homme qui pouvait faire de l'or ou Le Secret du Professeur Quell (The Gold Standard) qui parut indépendamment dans la collection Crime et Police N°30 chez Ferenczi, rééditée dans la collection Le Verrou N°9.

Quant au titre ici proposé, il a été recueilli en France dans : Ici le Saint ! en 1933, réédité en 1934 dans la collection Crime et Police N°58 des éditions Ferenczi sous le titre La Tragédie du Louxor puis dans cette nouvelle édition en 1950.

Cette dernière précision est importante aux yeux des chercheurs et collectionneurs pour un raison toute simple : la seconde version parue chez Ferenczi semble avoir été remaniée pour coller à la date de parution.

En effet, on peut lire dans l’ouvrage paru dans la collection Le Verrou :

La maison qu’il avait choisie à son retour en Angleterre était encore aux mains des décorateurs qui réparaient fébrilement les dégâts causés par une puissante bombe explosant dans une pièce contiguë (page 5).

Comme la plupart des habitants du minuscule archipel (Les îles Scilly), il connaissait bien mieux l’Orient et les ports lointains que la moindre ville d’Angleterre. Cela avait frappé Templar dès ses premières visites à l’hôtel Tregarthen. Sur ces écueils, groupés à une quarantaine de milles du cap Land’s End, où l’on pouvait s’attendre à rencontrer des hommes n’ayant jamais quitté leurs îles, il avait retrouvé des gens qui connaissaient par leurs noms les rues de Bagdad et de Damas. Et quand on poussait un peu Mr. Smithson Smith sur ce sujet, il se recueillait un moment, ses yeux semblaient regarder très loin, sa voix s’adoucissait encore comme s’il revoyait plus nettement les déserts d’Arabie que la baie et les flots qui dansaient sous les fenêtres de l’hôtel… Simon sentait que, pour cet homme, tout l’intérêt de la vie tenait dans ces jours passés. La guerre avait pris des soldats dans tous les hameaux du Royaume-Uni pour les jeter à la mort, dans des lieux étranges, à l’autre bout du monde, puis les avait ramenés dans leurs villages endormis où ils se souvenaient (Page 24).

Doit-on attacher ces deux passages à des épisodes de la Seconde Guerre Mondiale ou tout simplement à la Grande Guerre ? Seul un collectionneur possèdant l’édition originale française dans la collection Crime et Police pourrait nous renseigner. Avis aux amateurs.

 

Leslie CHARTERIS : La tragédie du Louxor (The Death Penalty – 1933. Traduction de Claude Merry). Collection Le Verrou N° 5. Editions Ferenczi. Parution 3e trimestre 1950. 128 pages.

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12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 04:43

Écoute dans le vent
Écoute mon ami
Écoute la réponse est dans le vent…

Frédérique TRIGODET : Vent fou.

Elle se prénomme Agnès, mais elle aurait pu tout aussi bien s’appeler Emma, Frédérique ou autre prénom à votre choix. Car dans ces micro-nouvelles, le lecteur ou la lectrice et inversement, peut se sentir concerné, voire s’investir dans l’un des personnages qui gravitent autour d’Agnès.

Des épisodes de la vie courante, de petits faits de tous les jours, des accrocs, de petites joies ou de grandes peines, décrits avec sensibilité, émotion, désabusement, rage, colère, ressentiment, passion, chaleur, bonne et mauvaise humeur, s’entremêlant selon l’état d’esprit de la ou du narrateur et les incidents y afférents.

La première nouvelle du recueil, celle qui lui donne son titre et que le chroniqueur appelle éponyme, met tout de suite dans l’ambiance. On sent par certains aspects, une histoire vécue ou tout au moins ressentie. Une histoire de vent qui emmêle des cheveux en liberté caressant le visage mais qui se montrent exaspérants et désagréables à la longue. Comme une caresse trop insistante que l’on refuserait.

C’est l’occasion pour découvrir ce que contient un sac à main, un baise-en-ville pour certains, une bauge pour la narratrice. Un inventaire à la Prévert, des objets insignifiants mais qui trouveront leur utilité dans des nouvelles qui composent en partie ce recueil.

Si Agnès occupe une place prépondérante dans ces récits, elle n’est pas seule. Des membres de sa famille ou de ses amies interfèrent parfois afin de laisser le lecteur se forger sa propre opinion. Car l’on sait que l’on n’est pas toujours objectif avec soi-même ou envers les autres. Alors parole leur est donnée, dévoilant quelques zones d’ombres ou rétablissant faits, actes et sentiments.

Agnès est une femme d’aujourd’hui, une personne lambda pourrait-on dire, et pourtant, à travers le portrait qui lui est consacré, à travers les portraits qui s’échelonnent au fil des pages, on se sent proche d’elle. Et parfois même, on pourrait avouer qu’entre elle et nous, une ressemblance, une complicité s’établit.

Laissez-vous emporter par ce Vent fou

 

Sommaire :

Vent fou
Une vie en épingles
Un bouton vert
Le petit carnet
Carte postale
Carte postale bis
Du baume à lèvres
Trousseau de clés
Médecin de famille
Une carte d'identité
Une vie de crayon
Choisir un livre
Caillou
Maurice et les chocolats
Le cadeau
Pas pour une fille

 

Frédérique Trigodet possède à son actif de nombreuses nouvelles qui ont été publiées chez SKA, dans des revues ou dans des magazines dont Nous Deux. C’est dire si sa plume affûtée et son regard, parfois d’entomologiste, sait restituer ces tranches de vie qui nous entourent mais auxquelles on ne prête guère attention, en général.

 

Frédérique TRIGODET : Vent fou. Recueil de nouvelles. Editions Zonaires. Parution le 24 mars 2021. 74 pages. 10,00€.

ISBN : 9791094810330

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11 avril 2021 7 11 /04 /avril /2021 03:58

Dérives enfantines ?

Marie LATOUR : Des rives enfantines.

Ce recueil est composé de vingt-cinq nouvelles qui s’articulent autour de deux thèmes l’Enfant et le Double et son contraire.

L’enfant qui est jeté à sa naissance, ou presque, dans le grand bain de la vie, d’où peut-être le titre du recueil. L’enfant est quasi omniprésent dans ces nouvelles, qu’il soit acteur ou jouant les seconds rôles. Mais l’on sait qu’au théâtre ou au cinéma, ces fameux seconds rôles ont souvent une influence prépondérante, permettant aux vedettes de se mettre en avant mais qui sans eux n’existeraient pas.

Le double et son contraire qui joue avec les protagonistes comme des reflets dans une glace et pourrait se décliner en thèmes contradictoires, antinomiques. L’enfant et l’adulte, le Bien et le Mal (sans manichéisme) ou plutôt le Blanc et le Noir, l’attrait et le rejet, la fusion et la dissolution, l’amour et la haine, la douceur et la violence, le rêve et le concret, le réel et le virtuel… Le calme avant la tempête ; Guerre et paix !

Des actions, des faits, des sentiments, opposés, qui se construisent et se détruisent au gré des oppositions qui se développent, consciemment ou inconsciemment.

L’univers de Marie Latour est particulier et le critique littéraire, ou le chroniqueur occasionnel, serait bien en peine à relier ces textes à des auteurs reconnus et renommés. En effet souvent on a tendance à vouloir émettre des comparaisons, à rechercher des références, pour mettre en avant tel ou tel texte, lui fournir une parenté, ne serait-ce que pour appâter le lecteur, et lui démontrer par la même occasion que l’on possède des lettres.

Pourtant la nouvelle qui ouvre ce recueil, La maison de papier, débute un peu comme Pour faire le portrait d’un oiseau de Jacques Prévert. Mais ne vous y trompez point, seul les quelques lignes, car rapidement Marie Latour oriente son intrigue vers une voie totalement différente, personnelle, toujours en relation avec l’enfant, la famille, et le reste. La déchirure.

Ce recueil ne se lit pas comme un affamé se jetterait sur des petits fours. Il faut savoir déguster les nouvelles, les assimiler, les digérer, prendre une pause pour mieux en apprécier la saveur.

 

Sommaire :

La maison de papier

Le chat de Schrödinger

Au nom de la mère

Echec et mat

Grand-père

Aïda

Les 1001 fantômes d'Héline

Harlem Ghetto

Tuer la mère

(Ré)unis

Berlin rouge

L'ombre furieuse

Domus corpus

Humain, trop animal

Nostalgie

Mea culpa

Jusqu'à la mort

L'enfant

Le sergent Bouchard

Grand-mère

Le chiguane

L'absence

Les heures d'Elyranthe

Les escarpins rouges dorés

Marie LATOUR : Des rives enfantines. Nouvelles. Collection Brouillards. Editions Malpertuis. Parution le 15 décembre 2020. 192 pages. 14,90€.

ISBN : 978-2917035863

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10 avril 2021 6 10 /04 /avril /2021 03:10

La vie est un carnaval
Et le monde est un immense bal...

Jean-Hugues OPPEL : Carnaval trois étoiles.

A l’entrée d’un petit village médiéval perché en haut d’une colline, niché dans les vignobles (Tiens, cela me rappelle un Saint quelque chose !) un gendarme, prévenu par talkie-walkie (ils n’étaient pas encore dotés de téléphones portables à cette époque), attend de pied ferme mais aimablement le touriste étranger.

Celle qui se présente, une Italienne sèche, n’a pas grand-chose à craindre. Elle ne se sent pas en infraction et lorsqu’elle ouvre le coffre de son véhicule, rien de répréhensible à l’intérieur. Circulez, lui intime le pandore quelque peu déçu.

Bientôt, une grosse Allemande (la voiture) se profile à l’horizon. A bord un Allemand bien en chair qui s’exécute devant les ordres péremptoires du gendarme, lui proposant de monter jusqu’à la petite cité. Mais auparavant le représentant de la loi, lui a posé des questions, sur sa santé notamment. Et les réponses fournies ont eu l’heur de lui plaire, voire de le rassurer.

La petite ville est bien calme et les habitants du cru (Bourgeois ?) délaissant quelque peu leurs occupations, jaugent le touriste qui se demande bien dans quelle marmite il est tombé. Les joueurs de boules, un homme qui astique soigneusement une batte de base-ball, un autre qui est déguisé en chef cuistot, une véritable réception pour cet Allemand qui ne comprend rien. C’est la fête au village…

M'sieur le maire a décidé
Qu'il fallait s'amuser
Par arrêté municipal…

 

Carnaval trois étoiles joue subséquemment dans l’humour noir, voire macabre, la marque de fabrique d’Oppel, à ne pas confondre avec Opinel, même si cet instrument possède son utilité dans cette intrigue cuisinée aux petits oignons.

Naturellement, toute ressemblance avec des personnages existants serait fortuite, de même que le décor.

Quant à l’épilogue, c’est la cerise sur le gâteau. Et Fredric Brown ne l’aurait pas renié.

Dernière petite précision : Parue dans le numéro 53 de la revue 813 datée d’octobre 1995, cette nouvelle a gardé toute sa saveur en ces temps de confinement et de restrictions.

 

Vous pouvez, si vous le désirez, vous procurer cette nouvelle en cliquant et collectant sur le lien suivant :

Jean-Hugues OPPEL : Carnaval trois étoiles. Nouvelle numérique. Collection Noire Sœur. Editions Ska. 2,99€. 15 pages.

ISBN : 9791023408584

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8 avril 2021 4 08 /04 /avril /2021 04:25

Veuillez la fermer, afin d’éviter les courants d’air !

 

Jean-François COATMEUR : La porte de l'enfer.

S'ils te mordent, mords-les, telle est la fière devise de la bonne ville de Morlaix, dans le Finistère, nichée au fond de l'estuaire du Dossen.

Son précédent roman, dont la cité servait de décor, ayant connu le succès, Gilbert Valois, alerte sexagénaire et auteur renommé de romans policiers, s'est retiré dans la petite cité bretonne pour la seconde année consécutive afin d'y achever son nouveau manuscrit.

Il a lié des amitiés, avec Pierre Le Dérouet notamment ou encore Nathalie la journaliste qui est devenue sa maîtresse. Or Le Dérouet est décédé dans un accident d'auto avec son fils de onze ans dont il avait la garde pour une semaine, fait exceptionnel depuis sa séparation d'avec sa femme.

Même un ancien garagiste, ruiné il est vrai, peut rater une courbe et se planter dans le décor. Mais ce qui choque Valois, ce sont ces divergences qui entourent cet accident. Alors tel un chien de chasse il cherche, glane et accumule les informations, souvent contradictoires.

Le Dérouet parlait, sans qu'on y prêta vraiment attention, de sectes, il avait triché avec sa comptabilité et le reste à l'avenant. Seulement Valois découvre que malgré ses dénégations premières Génia possède un amant, l'énigmatique et cynique baron de Kergloff dont le manoir est situé dans le cœur des marais des Monts d'Arrée, cette Montagne Noire imprégnée de mystère et de légendes. De Kergloff est assisté d'un homme de confiance, un certain Steinert, et de deux Malinois dont les aboiements résonnent la nuit dans les tourbières au grand dam du voisinage.

 

Dans ce roman Jean François Coatmeur nous offre non seulement une histoire à l'atmosphère trouble issue des arcanes de la Bretagne profonde et mystérieuse, mais il s'amuse - ou passe ses états d'âme et ses crispations - avec les affres de l'écrivain lors de séances de dédicaces.

Contrairement au titre de la collection, il n'y a pas de véritable suspense dans ce livre puisque le lecteur se doute dès les premiers chapitres de l'identité du ou des coupables. Mais Coatmeur joue dans le registre du véritable roman noir, le Pourquoi primant sur le Qui et le Comment du roman policier traditionnel.

 

Jean-François COATMEUR : La porte de l'enfer. Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution octobre 1997. 344 pages.

ISBN : 9782226095138

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7 avril 2021 3 07 /04 /avril /2021 03:28

Méfiez-vous des monstres légendaires !

Christian JACQ : Le monstre du Loch Ness.

Après quelques années de mutisme, Nessie vient de faire parler d’elle, et pas en bien.

Deux cadavres ont été découverts sur les berges du Loch Ness, lacérés comme si une bête monstrueuse aux ongles acérés s’était acharnée sur ces profanateurs de son antre liquide.

Pour tout le monde il ne peut s’agir que de l’habitante des profondeurs du lac le plus célèbre d’Ecosse, de Grande-Bretagne, et peut-être du monde. Pourtant cette rescapée antédiluvienne n’avait pas habitué le petit monde des médias, de la police et des autochtones à semblable méfait.

De temps à autre, l’un des habitants de cette région sauvage et aride avait bien affirmé l’avoir aperçue, s’élevant hors des ondes, mais, soit c’était un privilégié, soit il était sous l’emprise du whisky, boisson nationale des Highlanders, une boisson aux vertus thérapeutiques incontestables.

Ces cadavres, cela fait désordre dans une région à vocation touristique, jettent le discrédit sur la population fortement ancrée dans la conservation des traditions et du mysticisme.

Scott Marlow, superintendant à Scotland Yard, est chargé de l’enquête et aussitôt, il s’empresse de solliciter l’aide de son ami l’ex-inspecteur chef Higgins, dont la compétence, les qualités en matière de réflexion, de perspicacité, de pondération, ne sont plus à démontrer.

Les deux policiers vont se trouver confrontés à un mur de silence, et il leur faudra s’infiltrer avec douceur mais détermination dans les failles que présentent chacun des suspects : Tullibardin Zohar, une jeune fille vierge désirant consacrer sa vie au monstre ; Grampian Mac Duncan, le chef du clan local, véritable seigneur despotique ; Mary Kincraig, sa sœur, une sorcière dont l’énorme chien, Lucifer, s’entiche d’Higgins ; Macbeth, le libraire, l’érudit, le gardien des vieux grimoires ; Gwendolin Hosh, le conservateur d’un musée consacré à Nessie ; et quelques autres dont Napton Norbury, un jeune paléontologue qui veut démontrer scientifiquement la présence de Nessie dans le lac ou l’affabulation entretenue par les autochtones.

Higgins enquête, ne se laissant pas démonter ou influencer par les divers témoignages teintés de mensonges. Il va, vient, imperturbable, recueillant dans son petit carnet d’innombrables anecdotes.

 

Une enquête policière qui flirte avec le fantastique, le surnaturel, la magie, mais qui malheureusement s’enlise un peu en cours de route.

Il est vrai qu’il n’y a rien de transcendant pour un enquêteur d’accumuler les versions des différents protagonistes.

Heureusement Higgins sort à son avantage dans ce bourbier et il aura même droit à une agréable surprise.

 

Ce roman a connu une première publication sous le pseudonyme de J.B. Livingstone, avec pour titre Les disparus du Loch Ness, dans la collection Dossiers de Scotland Yard, aux éditions du Rocher, en novembre 1991.

J.B. LIVINGSTONE : Les disparus du Loch Ness. Collection dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher.

J.B. LIVINGSTONE : Les disparus du Loch Ness. Collection dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher.

Christian JACQ : Le monstre du Loch Ness. Collection Les enquêtes de l’inspecteur Higgins N°39. XO Editions. Parution le 11 mars 2021. 242 pages. 13,90€.

ISBN : 978-2374483085

Première édition J.B. LIVINGSTONE : Les disparus du Loch Ness. Collection dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution 5 novembre 1991. 200 pages.

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6 avril 2021 2 06 /04 /avril /2021 03:58

Les histoires d’amour finissent mal, en général !

Guy VANDER : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ?

Cousines, Louise, dix-sept ans, et Madeleine, vingt-deux, ont été élevées par le père de Louise, devenu veuf à la naissance de sa fille. Madeleine est orpheline recueillie par son oncle.

Au moment où nous faisons leur connaissance, elles sont toutes deux excitées car Robert Wall, le fils d’un ami exilé aux Etats-Unis, doit arriver. Enfin Louise va rencontrer pour la première fois celui qui lui est promis depuis des années.

Le mariage est projeté, seulement, comme vous pouvez vous en douter, des interférences amoureuses se produisent. Madeleine est attirée, malgré elle par le beau jeune homme, qui lui aussi se sent aimanté, malgré la présence affective de Louise.

Il va même déclarer sa flamme auprès de Madeleine qui tente de le raisonner. Elle ne veut pas trahir sa cousine.

Le mariage est célébré, Louise nage dans le bonheur, tandis que Robert nage dans les eaux troubles de l’envie. Un jour il soutient avec encore plus de tendresse, plus de chaleur, son amour à Madeleine qui elle aussi ressent la même émotion, tout en essayant de le repousser.

L’oncle de Madeleine, dont les oreilles traînent non loin, est persuadé que les deux jeunes gens sont amants. Il n’accepte pas cette situation et signifie à Madeleine, qui pleure comme une madeleine justement, qu’elle doit quitter la demeure et s’installer ailleurs, hors de sa vue.

Robert n’a pas dit son dernier mot !

 

Dans une intrigue conventionnelle, celle du trio, Guy Vander décrit cette histoire d’amour contrarié avec un côté sentimental larmoyant. Madeleine est confronté à un terrible dilemme, aimer le mari de sa cousine ou se désister. Elle résiste, grâce à son abnégation, mais une faille se produit. Toutefois elle trouvera la force pour résister après avoir succombé.

L’illustration de couverture est trop explicite pour laisser planer le doute sur le dénouement, mais tant pis, la lecture de cette historiette est trop agréable pour la négliger.

 

Guy VANDER : Qu’as-tu fait de ta jeunesse ? Collection Mon livre favori N°601. Editions Ferenczi. Parution 22 octobre 1932. 64 pages.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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