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3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 04:02

Qui a volé, a volé, a volé le DVD…

Jeanne DESAUBRY : Super N.

Une adolescente dans un supermarché chourave des bricoles qu’elle place dans la poussette d’un gamin d’emprunt. Des DVD, des bouteilles d’alcool. Elle a quand même placé quelques achats dans le panier sous la poussette. Faut bien justifier son passage en caisse.

Seulement le môme gigote, pleurniche, braille, les conditions requises pour ne pas passer inaperçue. Tt l’un des DVD qu’elle avait caché, épris de liberté, tombe à terre.

Bien obligée de mettre ses achats sur le tapis roulant. Tous ? Non, elle en garde sous sa veste. Mais le vigile, un nouveau, un blanc coriace, qui malmenait un jeune Noir, la convoque dans son cagibi.

Etonnez-vous après que les jeunes deviennent un peu excités !

 

Un petit fait-divers utilisé habilement par Jeanne Desaubry, qui décrit l’affligeante banalité quotidienne avec humanisme et force. Un peu comme un photographe qui fixe sur le cliché une scène prise sur le vif sans vouloir l’atténuer ou la fausser. En laisser la force sans la dénaturer.

Première édition collection Petit Noir N°2. Editions Krakoen. Parution 11 janvier 2012.

Première édition collection Petit Noir N°2. Editions Krakoen. Parution 11 janvier 2012.

Pour acheter cette nouvelle, un lien :

Jeanne DESAUBRY : Super N. Nouvelle numérique. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution 27 avril 2020. 13 pages. 1,99€.

ISBN : 9791023408119

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29 avril 2020 3 29 /04 /avril /2020 04:10

On redécouvre tous les jours Alexandre Dumas !

Alexandre DUMAS : Récits fantastiques. Volume 1.

Ce volume numérique proposé gratuitement par la Bibliothèque électronique du Québec comprend trois nouvelles axées sur le fantastique, le surnaturel, vous l’auriez deviné, parfois réédités dans divers recueils, ou pas. Car il est difficile de s’y retrouver dans la multitude de contes et nouvelles rédigées par Dumas et ses différents collaborateurs. Même le site qui lui est consacré par la Société des amis d’Alexandre Dumas (voir ici) ne les recensent pas toutes.

 

Donc ce volume nous propose de découvrir : Histoire d'un mort racontée par lui-même, Un dîner chez Rossini et Le lièvre de mon grand-père. Ces nouvelles possèdent en commun d’être des histoires gigognes, Dumas se mettant en scène dans diverses situations, lors de ces nombreux voyages, recueillant des historiettes narrées par des convives ou des personnages de rencontres. Mais parfois les préambules sont tout aussi intéressants que les nouvelles en elle-même, car ils offrent une vision de l’auteur et sa façon de travailler.

 

Histoire d’un mort racontée par lui-même.

Auteur réputé, Alexandre Dumas est habitué à recevoir des courriers anonymes ou non. Celui qu’il vient de recevoir émane d’un grincheux qui lui reproche de ne pouvoir trouver les Mémoires de la Fère, ce qui est somme toute normal puisque l’auteur des Trois Mousquetaires avait inventé ce manuscrit. Le soir même, il reçoit un autre courrier lui proposant une histoire, lui intimant d’en disposer à son idée, car de toute façon, lorsqu’il aura réceptionné cette missive, l’auteur en sera mort.

Trois personnages, réunis dans l’atelier d’un peintre, discutent autour d’un pot de punch, et la conversation tourne autour de contes fantastiques et plus particulièrement d’Hoffmann. L’un d’eux narre alors une histoire édifiante dont il fut, sinon le héros, du moins l’un des protagonistes. Médecin, il fut demandé un soir au chevet d’une jeune femme, résidant juste en face de chez lui. Une saignée, pense-t-il, devrait résoudre le problème de la magnifique jeune femme qui se languit dans son lit. Elle est triste et pourtant, se sentant mieux, elle demande si elle pourra danser, devant donner un bal chez elle. Rentré chez lui, le médecin ausculte les fenêtres de sa voisine, des fenêtres qui obstinément restent sombres et silencieuses. Il n’en dort plus, ne mange plus, dépérit et le lendemain il est mort ! Dans la fosse où il a été plongé, un inconnu vient le réveiller. Il s’agit de Satan… qui lui propose de retrouver le soir même cette belle femme à cause de laquelle il est mort d’amour.

 

Un dîner chez Rossini.

En voyage en Italie, Dumas est hébergé par son ami Rossini, et participe à l’un des dîners dont le compositeur est si friand. Il fait même passer les nourritures terrestres avant celles de l’esprit. Lors d’une discussion qui s’ensuit, reproche est fait à Rossini de ne plus composer. En général, un poème est proposé puis la musique est composée. Dumas demande à inverser le cours habituel et Rossini se lance le lendemain dans une improvisation musicale. Seulement il n’inscrit pas ce qu’il joue et alors que l’un des convives avait écrit un texte concernant un épisode survenu à un de ces ancêtres, c’est Dumas qui en hérite.

L’histoire contée se déroule en 1703. Deux étudiants, l’un pauvre et l’autre riche, partagent le même logement car ce qui les lie, c’est une amitié indéfectible. Il est même envisagé que l’un va épouser la sœur de l’autre, sans qu’ils se soient vus, car le frère a été si prolixe envers les deux jeunes gens qu’il est persuadé que sa sœur reconnaîtrait son ami sans qu’ils aient été présentés l’un à l’autre. Or ce frère si aimable reçoit une missive de sa sœur le prévenant que leur père est au plus mal. Il quitte donc Bologne pour Rome, promettant de donner de ses nouvelles, mais au bout de trois jours, son ami s’inquiète. Il sait que la route est peu sûre et il craint pour la vie de celui qui est parti si précipitamment. Avec raison.

 

Le lièvre de mon grand-père.

Lors d’un voyage près de Liège, trois touristes s’arrêtent dans une petite auberge et l’un d’eux est intrigué par tableau représentant un chasseur, un lièvre et saint Hubert. Le chasseur n’est autre que le grand-père de l’hôtelier qui raconte volontiers l’origine de cette peinture. Un épisode qui s’est déroulé quelques cent ans auparavant mettant en scène deux hommes qui se haïrent à cause d’une femme. L’un fut dédaigné, l’autre épousa la belle. L’un devint garde-chasse du prince-évêque et l’autre, grand chasseur se consacra peu à peu à cette passion, devenant braconnier. Le garde-chasse tua un jour, alors que le prince-évêque et ses invités forçaient un dix-cors, deux des chiens du braconnier qui avait eu l’imprudence d’entrer dans le territoire défendu. La vengeance fut terrible et le braconnier, quelques mois plus tard, après bien des vicissitudes, trouva sur son chemin le garde-chasse et l’abattit. Sur le cadavre de celui-ci se jucha un lièvre qui nargua le meurtrier.

 

Mais ce qui importe le plus, à mes yeux, ce n’est point cette nouvelle surnaturelle mais ce qui est développé en préambule.

En effet, Alexandre Dumas n’hésite pas à répondre, avec humour, à quelques critiques qui dénoncent son emploi exagéré d’écrivains fantômes, de collaborateurs, dans ce qui pourrait être la préface du Lièvre de mon grand-père.

 

Causerie en manière d’explication

Chers lecteurs,

Pour peu que vous m’ayez suivi avec quelque intérêt dans ma vie littéraire et dans ma vie privée, je n’ai pas besoin de vous dire que j’ai habité la ville de Bruxelles en Brabant du 11 décembre 1851 au 6 janvier 1854. Les quatre volumes de Conscience l’Innocent, les six volumes du Pasteur d’Ashbourn, les cinq volumes d’Isaac Laquedem, les dix-huit volumes de la Comtesse de Charny, les deux volumes de Catherine Blum, et douze ou quatorze volumes de mes Mémoires datent de là. Ce sera un jour une matière difficile à explorer, un problème difficile à résoudre pour mes biographes, que de découvrir quels collaborateurs anonymes ont fait ces cinquante volumes. Car, vous le savez, cher lecteur, il est connu (des biographes bien entendu) que je n’ai pas fait un seul de mes douze cents volumes.

Dieu fasse paix à mes biographes comme il veut bien, dans sa miséricorde infinie, me faire paix à moi-même ! Aujourd’hui, chers lecteurs, je vous apporte un nouveau conte. La véritable date de celui qui surgit à vos yeux sous le titre un peu excentrique mais qui sera pleinement justifié, du Lièvre de mon grand-père, doit en réalité remonter à la période de ses frères belges. Mais comme je ne veux pas qu’à l’endroit de son véritable auteur plane sur lui la fâcheuse obscurité qui plane sur les autres, j’entreprends de raconter aujourd’hui dans cette causerie-préface la façon dont il voit le jour, et, tout en me réservant le titre du parrain qui le tient sur les fonts de baptême de la publicité, de faire connaître son véritable père. Son véritable père a nom : M. de Cherville.

M. de Cherville pour vous, chers lecteurs Cherville tout court pour moi. Le temps passait vite et doucement, pour moi surtout qui étais exilé volontaire dans cette bonne ville de Bruxelles. Un grand salon situé rue de Waterloo, 73, réunissait tous les soirs, ou à peu près, quelques bons amis, des amis de cœur, des amis de vingt ans : Victor Hugo, – à tout seigneur tout honneur, – Charras, Esquiros, Noël Parfait, Hetzel, Péan, Cherville.

 

Suivent ces quelques lignes qui donnent un éclairage particulier sur la naissance de ce conte :

On restait ainsi jusqu’à une heure ou deux heures du matin autour d’une table à thé, causant, bavardant, riant, pleurant quelquefois. Pendant ce temps, en général, je travaillais ; seulement, deux ou trois fois, d’habitude, dans la soirée, je descendais de mon second et venais jeter un mot au milieu de la conversation générale, comme un voyageur qui arrive au bord d’une rivière jette une branche au courant. Et la conversation emportait le mot comme le courant emporte la branche.

Puis je remontais travailler.

 

Donc, nous connaissons maintenant la provenance de ce conte rédigé par Dumas mais dont la provenance vient de monsieur de Cherville qui lui-même la tient de l’aubergiste cité plus haut.

Et si le site des Amis d’Alexandre Dumas nomme comme collaborateurs de cette histoire, Paul Bocage et Paul Lacroix, c’est parce que ce conte est inclus dans Les mille et un Fantômes. Ce qui est peut-être vrai, sauf que, précision est donnée concernant ce recueil :

Les Mille et un Fantômes, recueil de nouvelles écrit en 1849, constitue l’une des quelques incursions de Dumas dans le registre de la littérature fantastique. Histoires de revenants, damnation d’un chasseur condamné à poursuivre un lièvre géant et immortel, aventures extravagantes d’un marin marié à une sirène : c’est un autre versant de l’imagination de Dumas qui apparaît là.

Collaborateurs : Paul Bocage, Paul Lacroix

Personnellement, je m’en tiens aux propos de Dumas. D’autant que Cherville fut connu pour ses ouvrages de cynégétique mais surtout que Le lièvre de mon grand-père se termine par cette phrase :

Samedi 22 février 1856, à une heure trois quarts du matin.

Etonnant, non ! Qu’un texte soit publié dans un recueil datant de 1849, alors qu’il n’a été écrit qu’en 1856. Ou alors, il y a quelque confusion dans le recensement des Mille et un fantômes.

Que ceci ne nous empêche point de lire, ou relire, ces quelques textes charmants.

 

Alexandre DUMAS : Récits fantastiques. Volume 1. Version numérique. Bibliothèque électronique du Québec. 164 pages.

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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 04:28

Une information chasse l’autre, et le voile de l’oubli tombe dessus inexorablement.

Gérard STREIFF : September. Crime d’états.

Qui se souvient de l’assassinat de Dulcie September le 29 mars 1988 ? Qui se souvient d’ailleurs de Dulcie September, hormis quelques communes qui ont donné son nom à des places, des rues, des établissements publics ?

Chloé Bourgeade s’est reconvertie comme détective privée pour l’agence le Sémaphore, dirigée de main de maître par Marike Créa’h. Deux autres détectives, masculins, complètent l’effectif de l’agence. Des missions lui sont confiées et elle s’en sort toujours à son avantage, ce qui n’est pas étonnant car elle est opiniâtre, réfléchie, rapide et servie par une intelligence qui a déjà fait ses preuves lorsqu’elle était pigiste pour Bergeron et sa revue Les Papiers Nickelés. Plus quelques autres qualités qu’il serait trop long à énumérer ici.

Elle vit toujours dans la péniche l’Andante, mais elle n’est plus seule. Son ami Racine, ex-libraire reconverti comme historien auprès de la capitainerie du port de l’Arsenal, non loin de la Bastille et du canal Saint-Martin, s’y est installé. Mais s’ils se retrouvent de temps à autre dans le même lit, ils possèdent chacun leur chambre, leur cabine plutôt. Ils préservent leur liberté et leur tranquillité.

Racine ne prend pas racine sur la péniche. Il bouge beaucoup, entretient de nouvelles relations avec les autres mariniers, dont un certain Joseph W., un septuagénaire qui pourrait être Hollandais. C’est un peu court comme nom, mais c’est ce qu’il a fourni à la capitainerie, et il aurait bossé à la Scorarm. Chloé éclaire sa lanterne, car la Scorarm est une entreprise basée sur tout un étage de l’Ambassade de l’Afrique du Sud, et donc il se pourrait que ce monsieur W. soit un commercial spécialisé dans la vente d’armes.

Racine remarque un attroupement auprès de l’Uranus, le magnifique yacht de monsieur W. Le commissaire du quartier est là et il apprend à Racine que le navigateur en eaux troubles vient de se faire abattre de cinq balles dans la tête. Un peu plus tard, l’ancien libraire se prend de bec avec un individu qui désire parler à ce mystérieux monsieur W. Alors il enquête en compagnie du commissaire, lequel ne lui cache pas qu’il le soupçonne, on ne sait jamais, et s’incruste sur l’Andante, subjugué par Chloé. Au grand dam de Racine qui sent une pointe de jalousie lui perforer le cœur.

Chloé aussi se met de la partie, en dilettante ou presque, malgré les nombreuses enquêtes dont elle est chargée par sa patronne. Et comme enfin l’identité de Monsieur W. est découverte et que d’autres événements dramatiques se profilent à l’horizon, le mystère s’épaissit, gagnant en intensité.

 

Ce nouvel opus des enquêtes de Chloé Bourgeade, met en relief l’assassinat de Dulcie September, apportant des éléments de réponse à une enquête qui fut rapidement mise sous le boisseau de la part des politiques de l’époque. Mitterrand avait plus à faire avec les élections présidentielles proches et une réélection à la clé.

Cette histoire est émaillée de nombreuses anecdotes qui tournent autour de diverses affaires, des pans de l’histoire de Paris et du port de l’Arsenal, des épisodes non dénuées d’intérêt même si l’on a l’impression que l’auteur joue sur les digressions.

Mais Gérard Streiff n’oublie pas non plus de prendre pour patronyme de ses personnages, celui de personnes existantes ou ayant existé, et certains se reconnaitront, dont un copain qui se prénomme Jean-Noël, et qui est journaliste à Ouest-France. Seul le lieu où il est affecté diffère de la réalité. Et Gérard Streiff n’oublie pas d’entourer son intrigue de notes d’humour, ce qui n’enlève en rien la gravité de l’enquête d’un épisode du passé, passé sous silence.

Les échanges entre Racine et le commissaire Dargenta ne manquent pas de sel comme en témoigne la citation suivante :

 

Le polar ? Bof. Je suis du métier, pourtant, mais c’est bien simple, je n’en lis jamais. Vous savez d’ailleurs ce qu’en disait Paul Claudel : Le roman policier s’adresse aux couches les plus basses de la société. Je suis assez d’accord.

Pauvre Claudel. Remarquez, il en connait un brin en polar avec ce qu’il a fait subir à sa pauvre sœur Camille. Mais passons. Citation pour citation, je préfère celle de Cavanna : J’aime le polar parce que j’aime le roman et que le vrai roman ne se trouve plus guère que dans le polar.

 

Certains hommes politiques, même ceux hauts placés, devraient réfléchir à cette répartie signée Cavanna.

 

Pour en savoir plus sur Dulcie September, cliquez sur le lien ci-dessous :

Retrouvez Chloé dans la chronique ci-dessous :

Gérard STREIFF : September. Crime d’états. Editions La Déviation. Parution le 13 mars 2020. 128 pages. 12,00€.

ISBN : 979-1096373307

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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 08:52

En raison d’un confinement imposé par Facebook durant quelques semaines, la première version de cet article (et d’autres) ne peut être partagée.

Aussi, je me permets de la remettre en ligne et de vous présenter toutes mes excuses pour un éventuel doublon.

Collectif : Dimension New-York 3. Technopolis.

J'ai rêvé New York, New York City sur Hudson...

New-York, ville fantasme pour beaucoup d’entre nous qui ne pourrons jamais nous y rendre sauf en imagination.

Alors, fermons les yeux et laissons-nous porter par les images. La statue de la Liberté en premier, le symbole pas toujours respecté, puis au cours de nos déambulations divagantes, les gratte-ciels, érigés ou tombés sous l’impact d’objets volants bien identifiés, Central Park, havre de calme et sanctuaire des oiseaux migrateurs ou des noctambules, Greenwich Village, Manhattan, le Bronx, Harlem, Brooklyn, Staten-Island, un brassage racial et culturel, tout un imaginaire forgé par nos lectures ou cinématographiques. Rappelez-vous West Side Story et combien d’autres.

Mais les auteurs des nouvelles proposées dans cette anthologie n’empruntent pas toujours les sentiers battus, et nous entraînent dans leurs délires souvent anticipatifs, à moins qu’ils reviennent sur des épisodes plus ou moins marquants du passé.

 

Extrayons quelques aspects de l’univers décrit par ces nouvellistes.

Lou Jan nous permet de visiter New-York à l’envers. Les gratte-ciels sont devenus des grottes-ciels, la population vivant sous terre, dans des immeubles qui reproduisent ou presque à l’identique à ce qu’il y avait avant. Une vieille Chinoise s’est attelée à une tâche rémunératrice dans un but bien précis. Et lorsqu’elle remonte à la surface, près de deux cents marches à grimper, elle doit se munir d’un masque. Mais la nature n’est pas une entité facile à domestiquer.

Nicolas Pagès, avec Sinatra's nightmare s’empare d’un mythe dont Lovecraft conta les exploits maléfiques : Nyarlathothep, le mythe au logis du reclus de Providence. Une déambulation urbaine et nuisible. Il est à la recherche d’un gros poisson susceptible de pouvoir lui permettre de réaliser un projet maléfique et il le trouve en la personne d’un opérateur de marchés boursiers. Celui que l’on appelait dans le temps un courtier et qui par snobisme est devenu un trader.

 

Jean-Hugues Villacampa avec Phenomenae NY nous propose de nous emmener aux Etats-Unis, en compagnie de Randolph Derleth, professeur d’occultisme, qui assiste en compagnie d’une jeune dame, Carmélia, à des événements étranges dans Central Park. Et de fil en aiguille, il va faire connaissance d’autres protagonistes dont le mari de Carmélia, John-Hugues, bouquiniste. Un clin d’œil, pour qui reconnait en ce personnage la figure même de l’auteur, et qui va en amener d’autres. Le thème central est l’annonce de la conjonction de cinq planètes, phénomène rare, en ce mois de juillet 2016, et dont la statue de la Liberté va se trouver comme le clou de cette histoire piquante. Jean-Hugues Villacampa se laisse aller dans un imaginaire débridé et réjouissant.

Pour la forêt de Birnham, allez au 530 W2e rue conseille François Rahier. Le narrateur doit rencontrer le traducteur d’un roman inédit de James Blish, un certain Pierre Normant qu’il connait bien sans jamais l’avoir rencontré. C’est à New-York qu’ils vont pouvoir enfin se rencontrer pour la première fois, mais chaque rendez-vous programmé se solde par une échappatoire rapide de Normant qui pense être suivi par deux individus, à moins qu’il prétexte un entretien ne demandant aucun délai. C’est l’occasion pour le lecteur de se rendre en plusieurs endroits dont Flat Iron ou l’Intrepid Sea-Air-Space Museum où est exposé par la NASA la navette spatiale Entreprise. Star Trek fera toujours rêver.

 

Alain Blondelon nous emmène dans un endroit calme, prisé des amoureux, Westchester Creek. Sabine, qui est une Réceptrice, a rendez-vous avec Joshua, un policier du FBI, et Peter, journaliste et amant de la jeune femme. Ils ont été convoqués pour comprendre ce qui a pu amener un homme à tuer sa femme dans un hôtel. Pourtant il l’aimait. Il semblerait que des êtres maléfiques se cachent dans les eaux de l’East River. Eaux troubles sur Westchester Creek.

En l’an 2066, la Terre est sous une chape de glace, conséquence d’une éruption cataclysmique du supervolcan du lac Toba au centre de l’île de Sumatra, et qui avait suivi celle du supervolcan de Yellowstone, quelques décennies auparavant. L’humanité a presque disparu de la surface du globe. Pourtant dans Central Park, un homme survit en compagnie de son fils. Sa femme vient de décéder. Il creuse la glace à l’aide d’un piolet afin de récupérer des racines qu’il mange crues. Quand à la boisson, il n’en manque pas, se servant dans les caves du Plazza, l’hôtel où il s’est réfugié en compagnie de son gamin. Le réchauffement climatique n’est plus à l’ordre du jour et Oksana et Gil Prou nous délivrent leur vision apocalyptique d’un futur proche dans L'écrin de glace.

 

Je pourrais continuer ainsi en vous présentant d’autres textes issus de cette anthologie, qui telle la palette d’un peintre pessimiste, visionnaire, morbide, dessine un avenir dont le thème central est la Grosse Pomme rongée par les vers. Toutefois au milieu de cette sombre description quelques détails montrent de fragiles lueurs d’espoir.

Mais je vous sens impatient de commander cet ouvrage afin de pouvoir le lire et vous forger votre propre opinion. Ce qui est louable et je vous y encourage fortement.

Philippe Ward a composé subtilement cette anthologie en offrant leur chance à quelques jeunes ou nouveaux auteurs encadrés par des romanciers qui ont déjà fait leurs preuves, aussi bien chez Rivière Blanche que chez d’autres éditeurs.

 

Sommaire :

JAN Lou : Une vieille Chinoise

MAUGENDRE Paul : Agir

LEVEQUE Samuel : Ajaw

GADPY Jean-Christophe : Hypothèse New-York

PAGES Nicolas : Sinatra's nightmare

VILLACAMPA Jean-Hugues : Phenomenae New York

GARCIA Ricardo L. : Le Phénix revient toujours

RAHIER François : Pour la forêt de Birnham, allez au 530 W2e rue

BLONDELON Alain : Eaux troubles sur Westchester Creek

PROU Oksana & Gil : L'écrin de glace

MARGAUX Dando Reyreau : Irish punt

GALLERNE Gilbert : Treizième étage

DURAND Frédérick : Les ombres délivrées

ROSSELET Dola : Devenir gris

UNBEKANNT Artikel : Aux morts

LATOUR Marie : Harlem Ghetto

ZAROFF : Jugement fatal

LAMUR Sylvain : Première classe, tarif éco

HALL Ellen Turner : Les mêmes mains

 

Collectif : Dimension New-York 3. Technopolis. Présentation de Philippe Ward. Préface de Jean-Christophe Gapdy. Collection Fusée N°88. Editions Rivière Blanche. Parution le 1er février 2020. 360 pages. 26,00 €.

ISBN : 978-1612279527

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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 04:27

Frappez avant d’entrer !

Maurice LEVEL : Les portes de l’Enfer. Nouvelles.

Les Français n’aiment pas la nouvelle comme genre littéraire, paraît-il. Maurice Level est l’exemple frappant du nouvelliste dédaigné, plongé dans les oubliettes des bibliothèques, alors qu’à l’étranger, il a été, et l’est toujours, traduit aussi bien en Espagne, en Italie, en Turquie ou encore au Japon.

Des tentatives de reconnaissance sont tentées, notamment par Jean-Luc Buard qui réédite confidentiellement une partie de son œuvre et a dirigé le Dossier Maurice Level pour le numéro 81 de la Revue Rocambole.

Dans l’éditorial de cette revue, on peut lire :

Le fait est là : Level est au cimetière des lettres, sa tombe n’est pas entretenue et les inscriptions en sont effacées, illisibles. C’est un écrivain en déshérence. C’est un échappé par la trappe de l’histoire littéraire. Il a eu un grand tort, celui d’écrire pour les journaux et les magazines ; non seulement ces supports sont dévalués dans la hiérarchie éditoriale, mais ils disparaissent des bibliothèques de conservation.

Il est vrai que les journaux et les magazines ne sont guère collectionnés, et lorsque leurs propriétaires décèdent, la plupart du temps ces vieux papiers finissent dans des déchetteries ou au feu.

Heureusement il existe quelques passionnés qui proposent via des sites de mises en ligne d’ouvrages numériques dont Ebooks Libres et Gratuits, que je ne saurais trop vous conseiller de visiter.

 

Les vingt-six nouvelles qui sont présentes dans Les portes de l’Enfer, reflètent bien cet imaginaire souvent intimiste, dans une plongée sous apnée de l’angoisse, la peur, l’effroi, la frayeur, le frisson, la terreur avec parfois un soupçon de fantastique.

Les personnages sont quasiment tous issus du prolétariat, des ouvriers, des pauvres, des chemineaux, des paysans, des prisonniers ou délinquants, des cabossés et déshérités de la vie. Ils peuvent être jeunes toubibs, comme dans Le droit au couteau, mais ils tirent le diable par la queue et sont inexpérimentés.

Des thèmes reviennent souvent, comme la jalousie, souvent justifiée, la cécité, les drames de la misère, et l’épilogue ne peut qu’être douloureux, même si cela confine à l’humour noir comme dans Mes Yeux, surnom donné à une jeune fille qui veut se rendre sur la tombe de son ami, exécuté car assassin. Et elle vend son corps afin de pouvoir disposer quelques fleurs sur l’emplacement où est enterré son ami, dans le carré des indigents. La dernière phrase que je me garderai bien de dévoiler est assez féroce.

Ce sont les plus pauvres qui sont les plus généreux. Cette assertion trouve son sens profond dans Illusion, alors qu’un mendiant, qui vient de recueillir quelques piécettes, donne un peu d’argent à un autre mendiant qui possède un chien et surtout qui est aveugle. Il va même jusqu’à lui offrir un repas, mais ne mange rien lui-même car il vient de dépenser son dernier sou.

Level est moins connu que Maupassant, et pourtant il a écrit de très belles pages, ne négligeant ni l’humanisme ni l’aspect sociologique. Des nouvelles noires, percutantes car courtes, et qui trottinent dans la tête longtemps après leur lecture.

 

Sommaire :

Sous la lumière rouge

Soleil

Le droit au couteau

Le coq chanta

L'horloge

Le mauvais guide

Fascination

Circonstances atténuantes

Le puits

Le miracle

Le disparu

Le baiser

Le rapide de 10H50

Illusion...

Un savant

Mes yeux

L'encaisseur

Les corbeaux

Un piquet ?

Sur la route

Le coupable

Le mendiant

Confrontation

La maison vide

Un maniaque

Le père

 

Outre le numéro de la Revue Rocambole qui est consacré à Maurice Level, vous pouvez découvrir cet auteur avec le recueil : La Peur et autres contes cruels, fantastiques et terrifiants édité par la clef d’argent.

Maurice LEVEL : Les portes de l’Enfer. Nouvelles. Ebooks Libres et Gratuits. Version numérique gratuite.

Première édition : Edition du Monde Illustré. 1910.

Réédition récente : Collection L’Aube poche. Editions de l’Aube. Parution 15 juin 2006. 218 pages.

ISBN : 978-2752602619

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6 avril 2020 1 06 /04 /avril /2020 04:03

Martine broie du noir…

Jeanne DESAUBRY : La viande hurle.

Comme le chantaient les Poppys au début des années 1970, Non, non, rien n’a changé Tout, tout a continué… et que ce soit dans les années 1980 ou de nos jours, les petits chefs se permettent des privautés sur les pauvres femmes dont le quotidien dépend de leur emploi.

Martine est l’une des nombreuses jeunes filles ou femmes travaillant dans une usine textile du Nord. Seulement, le tissage, ça eut payé, mais ça ne paie plus. L’industrie textile connait un véritable marasme, mais pas les actionnaires, qui sont toujours prioritaires lorsque de l’argent est bon à être distribué. Et pour en distribuer plus, on rogne sur le personnel, quitte à délocaliser.

Martine n’est pas gréviste, contrairement à ses collègues, et à son père syndicaliste. Ce n’est pas par manque de solidarité mais parce qu’elle ne peut pas. Elle est enceinte, et ses parents ne le savent pas. Pas encore.

Et celui qui a mis ses pattes sales et le reste sur et dans son corps, c’est le contremaître qui n’est pas contre les maîtres, au contraire. Et à la moindre incartade de sa part, elle est virée, et ses parents seront embarqués dans la même charrette.

 

On pourrait croire à une nouvelle d’actualité, mais comme l’on sait, l’histoire se renouvelle souvent. Alors que ce soit hier, aujourd’hui ou demain, ce sera toujours pareil et ce seront toujours les mêmes qui trinqueront malgré le désir de changement.

Dans un contexte social, sans trop le développer car nous l’avons tout connu, ou entendu parler, Jeanne Desaubry s’attache au parcours de Martine, une jeune fille un peu perdue parmi ses parents, un père rigide, et un contremaître harceleur.

Juste le temps d’une nouvelle, car trop gloser en ferait perdre la force.

 

Jeanne DESAUBRY : La viande hurle. Nouvelle numérique. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution le 22 mars 2020. 1,99€.

ISBN : 9791023408041

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5 avril 2020 7 05 /04 /avril /2020 04:37

Dans l’enfer du quotidien…

Gaétan BRIXTEL : Deux heures à tuer.

Dans la sphère littéraire des nouvellistes talentueux, Gaétan Brixtel trace son sillon, tranquillement, obstinément, malgré le rejet quasi systématique des lecteurs qui considèrent ce genre comme mineur, ou alors qui se tournent vers les valeurs américaines, supposées plus enrichissantes intellectuellement. Une erreur de plus quand on sait que souvent les pays anglo-saxons se réfèrent à l’un de nos meilleurs représentants, Guy de Maupassant.

L’univers de Gaétan Brixtel est intimiste et au fur et à mesure que Miss Ska (gloire à elle qui sait dénicher les talents hauts) nous invite à lire ses textes, il nous délivre ses angoisses, ses peurs, son stress, adaptés de son quotidien, fictif ou réel.

Deux heures à tuer ne déroge pas à son habitude de se mettre en scène narrativement via l’emploi de la première personne dans son environnement géographique. C’est lui et pas lui à la fois, comme si son double écrivait à sa place, ou le contraire. Comme s’il rédigeait les mémoires de son moi.

 

Le début de ce texte est fort et s’impose telle une image prégnante dans un contexte morbide. Le narrateur déclare qu’à la suite d’un entretien d’embauche avec une directrice des ressources (in)humaines en compagnie du maire, il tranche la tête de cette femme avec ses ongles, sous les rires de l’édile. Trop beau pour être vrai.

L’embauche n’est que fictive. Un rêve ou un cauchemar. Et en attendant de se rendre à la médiathèque, il se prépare. Il est midi et a donc deux heures à tuer. Alors il procède à ses petits rituels, presque comme des troubles obsessionnels compulsifs, sans oublier de prendre son cachet d’anxiolytique.

Puis il part pour la médiathèque en voiture, et connait des déconvenues, des agacements, des contrariétés qui n’arrangent ni son moral ni son comportement.

 

Deux heures dans la vie d’un jeune homme, c’est rien, c’est peu. Et c’est beaucoup aussi, car en deux heures, c’est fou ce que l’on peut faire et ressentir. J’ai écrit fou ? Oui, car en lisant cette nouvelle, je n’ai pu m’empêcher de penser, alors qu’il n’y a aucune corrélation, à la nouvelle de Nicolas Gogol : Le journal d’un fou.

 

Gaétan BRIXTEL : Deux heures à tuer. Nouvelle numérique. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution le 22 mars 2020. 1,99€.

ISBN : 9791023408065

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 03:11

Mais ce n’est pas du cinéma…

Gérard STREIFF : Napalm d’or. Les enquêtes de Chloé Bourgeade.

Chargée par son rédacteur en chef, Bergeron, de rédiger un dossier intitulé La communauté US, réseaux et filières pour Les Papiers Nickelés, la revue pour laquelle elle est pigiste, Chloé Bourgeade lit par hasard un article relatant l’agression d’un Américain à l’Hôtel California.

Ernest Médina était un armurier, un marchand d’armes, et il participait à un dîner organisé lors du Salon Mondial de la Sécurité. Dans les toilettes il avait été agressé par un individu qui lui avait jeté à la tête une sorte de bombe incendiaire. Depuis il est mal en point et il n’est pas sûr qu’il en réchappe. Dans son casier, un petit mot ne comportant que ces deux mots : From Mowgli.

Chloé en fait part à son ami Racine, libraire-expert qui revient de Bruxelles pour le compte de la BNF, lui apprenant qu’elle a déjà entamé ses recherches pour la rédaction de son dossier et que son patron fut marié, il y a déjà un bon bout de temps à Angela Capra, une Américaine reporter indépendante. Et Chloé a décidé de rencontrer cette pointure du journalisme pour récolter des informations de première main.

Or l’entretien dont se réjouissait Chloé tourne court. En effet Angela Capra est retrouvé morte dans la Cathédrale de la Sainte-Trinité, une église américaine (orthodoxe) sise non loin du Georges V. Chloé glane d’autres informations dont le nom du produit qui aurait été balancé sur la tête d’Ernest Médina.

Le restaurant où ils ont pris l’habitude de se retrouver pour déjeuner est tenu par une Asiatique du nom de Cao, et au cours de la conversation ils apprennent que le mari de celle-ci s’est évaporé. Cao est inquiète d’autant qu’Emile Touchet, son mari, est en réalité un déserteur américain, ayant participé à la guerre du Vietnam. Il s’est forgé une identité française et depuis il siégeait en cuisine dans une relative tranquillité.

 

Dans cette histoire, Gérard Streiff place çà et là des références cinématographiques et littéraires, sous l’aile tutélaire d’Ernest Hemingway, et bon nombre de ses personnages sont principalement dotés de noms de personnalités américaines connues et celui d’Angela Capra n’est pas innocent puisqu’on peut le rapprocher d’Angela Davis, de Frank Capra et de Robert Capa.

Mais l’actualité est toujours présente et nous retrouvons les figures emblématiques, à des degrés divers, de Kissinger à la réputation sulfureuse ou le jazzman Archie Shepp. Mais ce qui prédomine en arrière-fond c’est la guerre du Vietnam, d’où le titre, et l’organisme américain dépendant du département de la Défense des Etats-Unis, la NSA, et dont les activités débordent largement du cadre qui lui imparti, pillant sans vergogne les données informatiques des pays et des particuliers, des agissements dénoncés par Edward Snowden.

L’intrigue repose pour beaucoup sur le hasard et les coïncidences, mais cela n’est pas gênant, seul le propos étant de pointer le doigt là où ça fait mal. Et de dénoncer certaines pratiques délétères, d’hier et d’aujourd’hui. Et ce n’est pas fini, la politique et l’angélisme ne faisant pas bon ménage.

 

Les Américains voudraient aimer plus la France.
Et qu’est-ce qui les empêche ?
C’est que les Français ne sont pas assez américains.

Première édition sous le titre Retour de flamme à l’américaine. Editions du Jasmin. Parution 15 avril 2015.

Première édition sous le titre Retour de flamme à l’américaine. Editions du Jasmin. Parution 15 avril 2015.

Gérard STREIFF : Napalm d’or. Les enquêtes de Chloé Bourgeade. Editions La Déviation. Parution le 13 mars 2020. 128 pages. 12,00€.

ISBN : 979-1096373314

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23 mars 2020 1 23 /03 /mars /2020 05:03

Quelques bonnes nouvelles en ces temps

de morosité !

Gilles VIDAL : De but en noir.

Afin passer le temps agréablement, seul et sans importuns près de soi, rien de mieux que de lire un long roman ou une courte nouvelle. Selon l’humeur du moment et du temps qui nous est imparti pour nous adonner à ce plaisir solitaire.

La nouvelle est un genre méprisé en France, parait-il. Pourtant que de nouvellistes de talents ce genre littéraire compte en notre pays attaché à la Culture (si si !). Les lecteurs lambdas, comme nous je précise, pas nos édiles snobinards qui seraient incapables de citer un seul nom d’auteur sans en référer à leur secrétaire ou chauffeur.

Gilles Vidal s’inscrit parmi les écrivains talentueux pouvant tremper leur plume dans n’importe que genre et en retirer une petite perle en quelques pages. Le Noir, l’Erotisme, l’Humour, le Fantastique, l’Anticipation lui vont si bien. A chacun ses goûts, surtout si l’on aime panacher les plats épicés proposés.

Certaines de ces nouvelles ont déjà été publiées par ailleurs, chez Ska éditeur dans des versions numériques, mais, sans vouloir offenser Miss Ska, le papier c’est autre chose. C’est sensuel. Et les chroniques de ces nouvelles, vous pouvez les retrouver sur ce blog, mais ne vous inquiétez pas, je vous fournis gracieusement les liens.

 

Donc parcourons cet ouvrage et attardons-nous sur quelques textes :

Bar Zarb nous suggère de devenir plus vieux de quelques années. Zarb est ce que l’on pourrait qualifier de vieux dégueu à la Reiser. Il vit, si l’on peut appeler cela vivre, dans une bicoque délabrée, au milieu des immondices, avec un chat étriqué, malingre. Mais Zarb n’est pas inactif, surtout lorsqu’il faut dépanner un copain, contre bel argent sonnant et trébuchant. Bien évidemment. Un style littéraire bien de notre époque dans lequel se reconnaitront bien des adolescents mais les vieux comme moi ne s’y retrouvent guère.

Un coup d’essai bien arrosé pour Séverine Bourdin, c’est l’occasion de prendre une autre identité que la sienne. Elle se nomme dorénavant Eléonore Maillard, jeune commissaire de police en proche banlieue parisienne. Mais une affaire la mande en province, du côté de Cognac, car un vol y a été commis. Un vol particulier et l’histoire ne manque pas de saveur.

On part ? C’est l’histoire d’un mec qui fait la connaissance d’une fille magnifique, Dinah, dans une boîte. Elle est belle, Dinah, et elle lui fait tant d’effet qu’au bout de quelques danses il lui propose de sortir. Dinah l’emmène chez elle en voiture, qui n’est pas une Panhard.

De l’autre côté pourrait être une fable pastorale car le narrateur quitte la ville de Markszbourg et ses bas-fonds, après s’être retrouvé à la rue, fuyant un quotidien délétère. Il retrouve goût à la vie dans une campagne apaisante et est surpris par une jeune femme saine, une artiste qui l’invite à admirer ses œuvres en bois flotté.

Enfin Come in terme pourrait n’être qu’une histoire banale n’était que procéder à une simple miction peut simplifier la vie, posséder ses bons et mauvais côtés, selon le besoin et l’exigence des protagonistes.

 

Vous pouvez retrouver au hasard dans ce blog les chroniques consacrée à Maty, Plus mort tu meurs, A la gorge, Revival en cliquant tout simplement sur le titre que vous désirez découvrir.

 

Sommaire :

Maty

Plus mort tu meurs

A la gorge

Bas Zarb

Un coup d'essai bien arrosé

On part ?

De l'autre côté

Revival

Come in terme

 

Et n’oubliez pas : pour lutter contre le connard à virus, mieux vaut lire !

 

Gilles VIDAL : De but en noir. Nouvelles. Editions La Déviation. Parution 20 mars 2020. 126 pages. 12,00€.

ISBN : 979-1096373291

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20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 05:06
Orages, oh des espoirs !
Michel PAGEL : Orages en terre de France.

Et si la révolution de 1789 avait avorté, les guides de la France étant tenues par l’église et les représentants de la religion Catholique ?

Et si la Guerre de Cent ans n’avait jamais cessé d’exister, l’antagonisme franco-britannique perdurant depuis l’an mil ?

Extrapolant sur ces deux hypothèses, Michel Pagel narre quatre pages d’histoire, imaginant notre pays, de l’an de grâce 1991 à l’an de grâce 1995, sous la domination d’évêques, d’archevêques prenant leurs ordres et leurs consignes auprès du Vatican.

Le Roi de France, régnant dans un régime constitutionnel, fait figure de pantin. Les provinces, toujours divisées en comtés, passent successivement de la domination anglaise à l’occupation française, et vice-versa, ce qui engendre moult conflits permanents entre parents et enfants. Selon leur lieu de naissance, sol annexé par l’un ou l’autre de ces deux pays, ils vivent, réagissent en opprimés, en révoltés ou, au contraire, se conduisent en loyalistes.

Les séquelles de l’Inquisition exercent leur oppression sur la population, constituant dans certains domaines scientifiques un frein puissant. L’obscurantisme est lié à de nombreux préceptes et l’application à la lettre des commandements de Dieu, et leur déviance inéluctable, empêchent le développement des moyens de communication. “ Tu ne voleras point ” prends une signification absurde jusqu’au jour où la science est reconnue comme un progrès vital pour les belligérants.

Dans d’autres domaines, au contraire, la technologie est performante et toujours profitable aux stratégies militaires.

 

Dans ce recueil de quatre nouvelles uchroniques se déroulant dans le Comté de Toulouse, le Comté du Bas-Poitou, l’Île de France et le Comté d’Anjou, le fil conducteur est issu d’une rivalité toujours latente, d’une rancune tenace : Jeanne d’Arc et Napoléon servent de référence encore aujourd’hui dans nos récriminations quotidiennes et épidermiques.

Ce roman est la réédition d’un ouvrage paru en 1991 dans la défunte collection Anticipation du Fleuve Noir sous le numéro 1851, version revue et corrigée en 1998 dans la collection SF métal.

Ce qui à l’époque pouvait passer pour d’aimables fabliaux prend aujourd’hui une consistance nouvelle, alors que l’on nous parle de plus en plus d’intégration, de droit du sang et droit du sol, de sans-papiers, d’identité nationale et tout le tintouin.

Michel Pagel qui alterne romans humoristiques et récits plus sérieux, plus graves dans la teneur et le propos, possède plusieurs cordes à son arc. Il construit petit à petit une œuvre solide, et s’inscrit, non seulement comme une valeur sûre de la jeune S.F. française (à l'époque de la première édition de ce roman) mais comme un romancier tout court.

 

Première édition Collection Anticipation N°1851. Parution décembre 1991.

Première édition Collection Anticipation N°1851. Parution décembre 1991.

Réédition Collection S.F. métal, N°48. Fleuve Noir. Parution mars 1998.

Réédition Collection S.F. métal, N°48. Fleuve Noir. Parution mars 1998.

Michel PAGEL : Orages en terre de France. Réédition Collection Hélios. Les Moutons Electriques Editions. Parution 13 mars 2020. 198 pages. 7,90€. Version numérique : 5,99€.

ISBN : 978-2361836511

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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