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24 février 2020 1 24 /02 /février /2020 05:08

Curiosité ou supercherie littéraire ?

L’énigme Janet Lee BEATON.

De nombreux auteurs, pour des raisons différentes liées à des contrats éditoriaux, à des demandes pour étoffer les catalogues, pour éviter de mélanger les genres, pour changer de registre et pour certains, s’immiscer dans la littérature populaire alors qu’ils sont déjà reconnus dans d’autres domaines, ont emprunté des alias.

On se souvient de Boris Vian qui signait des romans pseudo-américains sous le nom de Vernon Sullivan, traduits par lui-même, ou encore Romain Gary qui obtint le Prix Goncourt deux fois sous son nom et sous celui d’Emile Ajar. Et la liste pourrait s’échelonner ainsi sur des pages.

 

Alors qui est Janet Lee Beaton, romancière prétendument américaine ?

Penchons-nous sur le descriptif de la quatrième de couverture :

Confessons notre embarras : le mystère dont s’est entouré l’auteur du Pêcheur de Miracles, nous ne pouvons pas le dévoiler ici. Tout ce qu’il nous est permis de dire, c’est que Janet Lee Beaton est une grande, une très grande romancière, qui, un jour, avec une volonté de vérité entière, a décidé de raconter sa propre histoire. Mais cette histoire était si riche, si vivante, elle comportait tant d’acteurs divers, dont quelques-uns étaient si célèbres que, malgré les précautions qu’elle avait prises pour brouiller les pistes, Janet Lee Beaton n’a pas cru pouvoir révéler sa véritable identité.

Elle ne s’oppose pas, pour autant, à ce que l’on dise que ce roman est, pour une bonne part, autobiographique ; qu’elle a, comme Laura Nelson, son héroïne, passé son enfance et une partie de son adolescence dans une petite ville américaine ; qu’elle s’en est enfuie pour « vivre sa vie » et surtout pour écrire ; qu’elle a fait dix métiers avant de pouvoir enfin terminer, et qu’elle a été mêlée aux aventures les plus déconcertantes de la « bohème » qui hante les ateliers d’artistes de Greenwich Village.

Janet Lee Beaton, malgré son importante production littéraire a quand même trouvé le temps de faire aussi de la peinture, de se marier et d’avoir un enfant. Elle dit volontiers que, de toutes ses œuvres, c’est encore son fils qu’elle préfère.

 

C’est beau ! Comme un conte de fée ! On y croirait presque.

Mais continuons notre découverte en nous intéressant aux premières pages. On apprend que ce roman s’intitule à l’origine The Beachcomber et que la traduction est due à Michel Saint-Loup. On avance.

Car pour les curieux, les traqueurs de pseudonymes, les amateurs de littérature populaire, il s’agit bien d’un cas d’école.

En effet, sous les noms de Janet Lee Beaton et de Michel Saint-Loup, par ailleurs auteur dans la même collection Grand Roman, se cachait un romancier qui changeait d’identité selon les collections, et les éditeurs, pour lesquels il fournissait des ouvrages, seul ou en collaboration.

Ainsi pour la collection L’aventurier, on le trouve sous le nom de Jérôme Belleau ou Steve Stork. Dans la collection Feu, il signe des romans sous l’alias de Mark J. Trennery. Seul ou en collaboration avec José-Louis Lacour, il signe dans la collection Anticipation sous le pseudonyme de Christopher Stork et dans la collection Espionnage sous celui de Marc Avril. En compagnie de Claude Joste, toujours dans la collection Espionnage, sous celui de Marc Revest. Enfin il se cache sous le pseudonyme collectif de Benoît Becker en compagnie de Jean-Claude Carrière, José-André Lacour et Christiane Rochefort. Et dans la collection Femme Viva, publiée au début au Fleuve Noir, puis aux Presses de la Cité, deux romans sous les noms de Boris Ouravel

Est-ce tout ? Que nenni ! Puisqu’il a également utilisé pour divers éditeurs les noms de Claude Eymouche, de Dominique Jourier, d’Emmanuel Eyries ou encore de Michel Sernoz. Peut-être en oublie-je… Et enfin au début des années 50, sous son presque nom, il publie des romans signés Stéphane Jourat. D’ailleurs il reçoit le prix Victor Rossel en 1958 pour Entends, ma chère, entends, signé Stéphane Jourat et publié chez Julliard.

De son vrai nom Stéphane Jouravleff, cet auteur protéiforme est né le 4 décembre 1924 à Liège (autre natif de cette ville belge : Simenon) et est décédé le 8 avril 1995.

 

Mais l’accumulation de ces pseudonymes n’est pas vraiment une supercherie, puisque toutes les maisons d’éditions populaires pratiquaient ce subterfuge pour augmenter leur catalogue en nombre d’auteurs. Ferenczi, Tallandier, et bien d’autres pratiquaient ce stratagème et on ne le leur jamais reproché. Sauf les chercheurs de pseudonymes naturellement.

Et à l’époque, les lecteurs des diverses collections du Fleuve Noir et des divers éditeurs populaires, achetaient, lisaient, oubliaient souvent, ne s’intéressant guère aux noms des auteurs. Encore moins à celui des traducteurs. Nombreux sont ceux qui ne souvenaient avoir lu tel livre populaire que grâce à l’illustration de couverture, étant souvent incapable de se rappeler du nom des auteurs, et encore des titres de leurs romans. Sauf les passionnés, évidemment.

 

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23 février 2020 7 23 /02 /février /2020 05:11

Méditerranée
Aux îles d'or ensoleillées
Aux rivages sans nuages
Au ciel enchanté…

François DARNAUDET : Le Minotaure d’Atlantide.

Mais nos héros auront-ils le temps et le loisir d’admirer ces magnifiques paysages, du sud de l’Espagne jusqu’en Turquie d’Europe ?

Le jeune Sandro Maltese est dépité. Sa mère, d’origine parisienne, l’avait inscrit comme étudiant à Rome et il passe ses vacances chez son père à Venise. Mais ses notes de Français ne correspondent pas à ses attentes. 11 à l’écrit et 11 à l’oral, une claque alors qu’il pensait obtenir au moins 15. Heureusement, la lecture d’un mail dans sa boîte de réception lui donne du baume au cœur.

Le comité de lecture des éditions de la Sérénissime lui demande de se présenter en leurs bureaux sur l’île de Torcello. Il avait envoyé un scénario de son manuscrit Le Minotaure d’Atlantide dans l’espoir d’être édité, et il semblerait bien que son rêve se réalise.

Puisque faculté nous en est donnée, plongeons-nous dans le début de cette histoire intrigante qui ne manquera pas de péripéties.

L’histoire débute en novembre 1452, en terres italiennes. Depuis plusieurs semaines, les présences du seigneur Minos et de son compagnon le titan Arinordoquy ont été signalées au doge Foscari. Minos est affublé d’un heaume représentant une tête de taureau, mais il s’avérera par la suite qu’il s’agit bien d’une réalité et non d’un masque. Ils se rendent en la cité de Venise afin de convaincre le doge d’envoyer des troupes en renfort à la faible garnison de Constantinople. Les Turc, ou Ottomans, ont décidé d’annexer cette cité qui est pour l’heure propriété des Byzantins, habitants de l’ancienne Byzance.

En cours de route ils aident une jeune femme vêtue de bleue, et aux cheveux bleus, aux yeux bleus dépourvus de sclérotique blanche, à se débarrasser de rufians. Elle est jeune et s’appelle Mélina Mussuros, mais elle avoue ne pas avoir d’âge. C’est la Sorcière. Elle vient du Pirée et se rend sur l’île de La Giudecca. Un étrange cortège se forme ainsi se dirigeant vers la Sérénissime. Leurs missions se rejoignent.

 

Retour justement dans les bureaux de la Sérénissime en ce mois de juillet 2012, à Torcello.

Le jeune Sandro attend l’arrivée du directeur de collection, après avoir été couvert d’éloges par la jeune secrétaire prénommée Sofia. Soudain, une ampoule explose au plafond, un hologramme se précise au milieu de la pièce représentant un des personnages, pas le plus sympathique, de son roman. Khanuas l’immortel le bombarde de questions lui demandant entre autres où il est allé recueillir toutes les précisions concernant la prise de Constantinople décrites dans son manuscrit. Soudain, un être énorme s’introduit par la fenêtre et repart par le même chemin emportant Sandro sous son bras. Il s’agit du Minotaure qui emmène le jeune romancier en herbe dans un dédale le conduisant jusqu’à une clairière. Une étrange porte délimitée par un trident en métal, entre les trois griffes une flamme mauve en forme de 8 et Sandro ne peut s’empêcher de s’écrier :

Ce huit, c’est un anneau de Möbius !

Et le voilà transporté au XVe siècle, à Gênes, lui annonce Minos, comme dans son livre.

Sans vergogne, j’ai recopié deux ou trois passages du roman, mais personne ne m’en voudra car je suis allé au plus pressé afin de ne pas m’éterniser sur des descriptions oiseuses. Enfin quand j’écris oiseuses, ce ne pourraient qu’être les miennes, car l’auteur (Lequel : Sandro Maltese ou François Darnaudet ?) l’explique mieux que je ne saurais le faire, avec plus de précisions, de vivacité, de réalisme et de lyrisme que si c’était ma plume qui les rédigeaient.

Et nous voilà plongés dans une histoire gigogne, une intrigue avec mise en abyme, contant les pérégrinations de Minos, le Minotaure, d’Arinordoquy, le titan, de Mélina, la sorcière, de Sandro l’auteur, et de quelques autres éléments, des mutants, qui ne sont pas dénués d’intérêts et vont évoluer de Venise à la région marécageuse du Bétis, ou Tartessos ou encore de nos jours du Guadalquivir. Puis ce sera Le Pirée jusqu’à Constantinople, par mer et par terre, à cheval ou en trirème, ou en empruntant les Portes du temps, avec combats, duels, affrontements, guérillas et guerre, s’enchaînant sans relâche pour corser le tout. Et on pourrait comparer cet ouvrage au serpent qui se mord la queue, sans vouloir se montrer trivial.

 

Sandro grimaça.

Aïe, si mes souvenirs d’auteur sont bons, nous avons beaucoup d’adversaires à vaincre.

Tu as trop d’imagination, mon ami ! dit le Minotaure en mettant son cheval au galop.

 

De nombreuses références, voulues ou non, mais je pense que François Darnaudet s’est amusé sciemment, sont dissimulées plus ou moins dans le texte. Ainsi Sandro Maltese fait immédiatement penser à Corto Maltèse, le héros imaginé par Hugo Pratt. Mais un titan nommé Arinordoquy m’a renvoyé quelques années en arrière lorsqu’un Basque prénommé Imanol et surnommé le Basque bondissant, jouait au rugby. Enfin, l’Homme d’orichalque, un alliage métallique légendaire qui est composé de cuivre et de zinc, ou plus communément du laiton, m’a immédiatement remis en mémoire le fameux bûcheron en fer-blanc, personnage d’un roman pour enfant de Lyman Franck Baum, adapté au cinéma sous le titre du Magicien d’Oz. Mais l’identité de cet Homme d’orichalque nous vient de la mythologie grecque et il fallait y penser.

 

Le Minotaure d’Atlantide est le quatrième volet du cycle des Passages Paris Venise. Les premiers volumes étant Les Dieux de Cluny précédé du Fantôme d’Orsay, du Papyrus de Venise et du Möbius Paris Venise. Tous se lisent indépendamment mais il existe un lien entre les quatre volumes qui composent ce cycle de Venise, parfois ténu. Ainsi dans Le Papyrus de Venise, une jeune femme prénommée Sofia office à Venise, et un érudit du nom de Mussuros est également évoqué.

Un roman virevoltant, épique, empruntant à la mythologie, s’inspirant d’épisodes historiques réels, mais baignant dans une atmosphère qui confirme le talent de François Darnaudet, même si celui-ci n’est pas reconnu à sa juste valeur. Quand les bonnes fées se pencheront-elles sur l’auteur et son œuvre ? Ce n’est pas à moi de donner des conseils à Madame Folio, à Madame Pocket ou Monsieur Le Livre de Poche, mais je pense qu’ils commettent un monumental oubli, un ostracisme littéraire qui touche également Brice Tarvel, Philippe Ward et quelques autres, alors que le bon goût est de s’approvisionner de l’autre côté de l’Atlantique. On sait ce qu’il en résulte, des poulets au chlore et de la viande nourrie aux OGM.

 

François DARNAUDET : Le Minotaure d’Atlantide. Collection Fractales/Fantasy. Editions Nestiveqnen. Parution le 18 octobre 2019. 252 pages. 19,00€.

ISBN : 978-2915653991

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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 05:39

Joueurs de blues
On est des joueurs de blues…

Paul COUTURIAU: Blues pour Mary Jane.

De la Grosse Pomme à la Cité du Croissant, il n’y a qu’un pas que Jason Nash a allègrement franchi, désirant changer de vie, d’atmosphère, de lieu, de travail.

Ex-flic à New-York, Jason Nash s'est reconverti comme musicien, saxophoniste ténor à La Nouvelle-Orléans, berceau du Jazz, et occasionnellement comme détective privé.

Par Sam, son amie avocate, il rencontre Mary Jane, une jeune fille à l'esprit en cavale, qui s'accuse d'avoir tué un homme. Il n'y pas, ou plus, de cadavre dans la baignoire lorsque le lendemain Jason se rend en compagnie de Mary Jane chez elle. Par contre un homme fraîchement assassin‚ gît dans le salon et Mary Jane a disparu.

La présence de Gerry Cramer, un flic, près de la maison n'est qu'un pur hasard. Entre les deux hommes la méfiance prend le pas sur l'amitié. Sam a effectué sa petite enquête de son côté : Mary Jane habite une maison appartenant à Malcolm Laird, le gouverneur de la Louisiane et son oncle par la même occasion.

Hank le père de Mary Jane, est foncièrement égoïste, Loretta, la mère, déteste tout ce qui dérange ses petites habitudes, quant à Alan, le fiancé, c'est un escroc qui a su séduire la fille et les parents. Malcolm Laird, inquiet par la fugue de Mary Jane, avait fait surveiller sa maison de Bayou road par Earl Blythe, un lieutenant de la Criminelle qui, apercevant des ombres et un inconnu s'échapper, était entré dans la maison et a procédé au déménagement du cadavre.

Le corps découvert par Jason est un policier quant au cadavre baladeur, retrouvé à la morgue, ce n'est autre que le père de Mary Jane. Jason confie Mary Jane, qui s'était réfugiée chez sa mère, à ses voisins et amis Dalt et Joséphine. Alors que Cramer l'attend chez lui, Jason est invité à rencontrer Alan. Perplexe, le détective musicien se demande qui de Malcolm, Blythe ou Cramer a pu renseigner l'escroc.

 

Placé résolument sous l'influence du Jazz, ce qui devrait séduire les amateurs, ce roman est construit en deux parties: la première relève de l'énigme tandis que la seconde s'intègre profondément dans le roman noir. Le titre est emprunté à un morceau de Stan Getz, Blues for Mary Jane, Stan Getz qui vient de décéder le jour où débute cette histoire.

Hommage au Jazz donc mais surtout à Stan Getz, décédé le 6 juin 1991 à Malibu, en Californie.

Un roman à placer entre Mercredi des Cendres de Bill Pronzini et Docteur Jazz de Jacques Sadoul, entre autres, ces romans ayant comme point communs La Nouvelle Orléans.

 

Réédition version numérique : Editions Otago. 9,99€. En attendant la version papier…

Réédition version numérique : Editions Otago. 9,99€. En attendant la version papier…

Paul COUTURIAU: Blues pour Mary Jane. Editions du Rocher. Parution 16 novembre 1993. 158 pages.

ISBN : 9782268016016

 

Réédition version numérique : Editions Otago. 9,99€. En attendant la version papier…

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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 04:55

Cela doit résonner à l’intérieur !

Alain PARIS : Les hérétiques du Vril. Série Le Monde de la Terre creuse Tome 4.

Quatrième volet du cycle du Monde de la Terre creuse, Les Hérétiques du Vril est moins d’inspiration Heroïc-Fantasy ou d’Anticipation que les précédents volumes, mais nettement plus orienté vers le genre dit de Cape et d’épées.

Un genre qui m’a toujours fasciné. Que voulez-vous, quand on a eu une enfance bercée par les œuvres de Paul Féval, d’Alexandre Dumas, de Michel Zévaco, il en reste quelque chose.

Tout ça pour dire que l’ambiance décrite dans Les Hérétiques du Vril, une ambiance médiévale à souhait, avec complots, intrigues, sectes secrètes, traquenards, guet-apens, sorcellerie, envoûtements, m’a tenu en haleine et que j’ai dévoré ce roman d’une traite, de la première à la dernière page.

 

Je ne reviendrai pas sur les précédents épisodes de la saga d’Arno Von Hage, ils sont chroniqués ci-dessous, mais disons simplement que ce héros doit convoyer certains documents de la plus haute importance. Des documents qui infirment les thèses édictées par la Sainte-Vehme et ce depuis quelques huit-cents ans, depuis que l’Allemagne a gagné la Seconde guerre mondiale.

Mais le peuple gronde, se révolte, brisant les chaînes de l’asservissement. Pendant ce temps à la tête du royaume, du Reich, la favorite de l’empereur Manfred complote dans le but de fonder une dynastie.

 

Cette saga comporte dix volumes, de quoi se faire plaisir, et qui ont été rééditées chez L’Ivre-Book, non pas que je sois un fanatique des versions numériques, mais afin que ces histoires ne tombent pas dans l’oubli.

 

Alain PARIS : Les hérétiques du Vril. Série Le Monde de la Terre creuse Tome 4. Collection Anticipation 1645. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1988. 192 pages.

ISBN : 2-265-03963-2

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19 février 2020 3 19 /02 /février /2020 05:16

En route vers la Géorgie !

Mais pas celle des Etats-Unis !

Les MARTIN : Indiana Jones Jr et la princesse fugitive

Juillet 1913. Comme il le prévoyait, Indy s’ennuie dans le train. Il voyage en compagnie de son père, le professeur Henry Jones, qui l’oblige à lire un ouvrage sur l’histoire des Etats-Unis d’Amérique alors qu’il préférerait se plonger dans Règlements de compte à O.K. Corral, un roman qu’il a emmené en cachette.

Ils se rendent en Géorgie, à la demande d’un mystérieux correspondant qui leur paie leur voyage et leurs frais occasionnés par ce déplacement jusqu’au bout de l’Europe. Mais d’abord ils doivent se rendre à Saint-Pétersbourg et enfin Indy trouve un intérêt à ce voyage ferroviaire. Une diversion leur est proposée car ils doivent changer de train.

En effet l’écartement des rails en Russie est différent de celui du reste de la ligne qu’ils viennent d’emprunter. Et, au grand plaisir d’Indy, ils vont finir le reste du trajet séparément et jouir chacun d’un compartiment. Seul ! Indy en salive d’avance. Il va pouvoir se plonger dans son livre préféré sans recevoir de réflexions désagréables de la part de son père. Sur le quai, des policiers demandent à vérifier le contenu des malles des voyageurs, quitte à les démolir si personne n’est là pour obtempérer.

Seulement, lorsqu’il veut s’assoir sur son lit, il réveille un jeune garçon qui s’était déjà installé. Des explications s’imposent et naturellement le jeune Ivan, qui semble effrayé, va pour entamer son récit alors qu’un policier est chargé de vérifier les passagers et leurs passeports. Heureusement le contrôleur qui le précède sauve Indy et son compagnon des griffes policières en précisant qu’il est le fils du professeur Henry Jones. Le célèbre professeur Henry Jones. Cela vaut mieux qu’un passeport.

Alors Ivan narre son épopée. Il étudiait en Suisse, et parle couramment le Français, l’Anglais et d’autres langues. Son père fait partie d’un groupe d’opposants au Tsar Nicolas II, un tyran, mais il a été arrêté, dénoncé par une taupe infiltrée dans l’organisation. Indy explique que lui et son père se rendent en Géorgie, après une courte étape à Saint-Pétersbourg. Au nom de Géorgie, Ivan se trouble.

Indy propose alors à Ivan de l’aider jusqu’à leur destination russe, et son père, toujours plongé dans ses grimoires et autres lectures, accepte d’autant que la courte conversation qu’il a avec Ivan l’amène à penser que la présence de ce compagnon qui est fort éclairé sur la Russie ne pourra qu’être bénéfique à l’édification de son fils.

A Saint-Pétersbourg, Indy décide de visiter la ville en compagnie d’Ivan mais bientôt ils se rendent compte qu’ils sont suivis par deux barbus. Ils parviennent à leur échapper non sans mal et Ivan rejoint son lieu d’hébergement.

Le professeur Henry Jones a rendez-vous avec un nommé Kipiani, son généreux correspondant qui doit le conduire jusqu’à Tiflis voire plus loin, afin que le professeur Henry Jones puisse effectuer des recherches historiques et rédiger un livre. C’est là qu’Indy est confronté à la surprise de sa jeune existence. En effet Kipiani leur présente une jeune fille qui doit effectuer le voyage en leur compagnie. Elle s’appelle Tamara, en référence à Tamar, une ancienne reine de la Géorgie. Or, Tamara n’est autre qu’Ivan !

 

Naturellement Indy va vivre des aventures palpitantes, périlleuses, en Géorgie et jusqu’à Bakou, en compagnie de Tamara. Car Tamara est destinée à régner de par son ascendance.

Roman d’aventures dont le jeune Indiana Jones, dit Junior par son père, appellation qui ne lui convient guère et le hérisse parfois, est le héros, mais également roman historique

En effet, Les Martin, qui a écrit de nombreux romans dans la série Indiana Junior ainsi que pour la série juvéniles X-Files, ne se contente pas d’écrire les péripéties subies par son jeune héros, mais il revient souvent sur l’histoire de la Russie, de la Pologne, de la Géorgie et de l’Azerbaïdjan, notamment la révolte de 1905, et sur les différentes religions de ces pays, dont le Zoroastrisme.

Plaisant et didactique mais sans être pour autant d’une pédagogie barbante, Indiana Junior et la princesse fugitive est une plongée intéressante dans la jeunesse d’Indiana Jones dont la vocation est déjà d’être archéologue. Cette histoire a été publiée en 1991, soit quelques mois après la démolition du mur de Berlin et au moment de la dissolution de l’URSS, revenant sur quelques faits marquants. Ce qui constitue l’une des missions du professeur Henry Jones, sur les instances du Géorgien Kipiani :

 

Le gouvernement russe, qui nous a annexés voici un siècle, s’acharne à nous faire oublier notre passé. Il veut nous persuader que nous sommes des Russes et non des Géorgiens. Il nous ment sur ce que nous sommes, et il veut nous faire vivre dans le mensonge ! C’est pourquoi je tiens à ce que vous découvriez la vérité, et je compte sur vous pour l’écrire dans un livre. Que notre peuple retrouve la mémoire de son glorieux passé !

 

Une demande, un souhait qui animent encore aujourd’hui de nombreux pays de par le monde, ayant eu à subir invasions, annexions et colonisations.

 

Les MARTIN : Indiana Jones Jr et la princesse fugitive (Indiana Jones and The Princess of Peril – 1991. Traduction de Stanislas de Thou). Illustrations d’Erik Juszezak. Collection Bibliothèque Verte Série N°582. Editions Hachette. Parution février 1992. 160 pages.

ISBN 9782010188381.

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18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 05:33

Une enquête en deux temps…

Ellery QUEEN : Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur

Le mythe de Jack l’Eventreur, et surtout le secret de son identité, aura fait, et continue encore de nos jours, fantasmer bon nombre de romanciers, d’écrivains de littérature policière. La tentation de proposer à Sherlock Holmes de résoudre ce problème étant un attrait supplémentaire.

Aussi pouvoir incorporer le détective américain Ellery Queen à la geste holmésienne fut un pas que franchirent allègrement les deux cousins, Frédéric Danay et Manfred B. Lee qui signaient leurs œuvres du nom de leur héros, et inversement.

Une rencontre qui s’effectue par manuscrit interposé et qui permet à Ellery Queen, le héros détective, de compléter et d’élucider l’enquête menée à l’origine par Sherlock Holmes lui-même.

Un manuscrit parvient donc anonymement à Ellery et, oh stupeur et jubilation, celui-ci s’aperçoit qu’il s’agit d’une aventure inédite du célèbre détective britannique relatée par son fidèle biographe, le bon docteur Watson.

Déchiré par son envie de découvrir cette enquête tumultueuse et historique et son devoir de rédiger un nouveau roman, Ellery Queen passe de l’un à l’autre, en privilégiant toutefois la lecture du manuscrit.

Tout à fait le genre d’enquête qui a le don d’exciter ses neurones, et dans laquelle il se délecte.

Il y apportera même la touche finale en clôturant l’enquête menée par Sherlock, celui-ci n’ayant pas tout révélé à Watson.

Un pastiche savoureux qui ne déparerait pas parmi les aventures rédigées par Conan Doyle.

 

Double pastiche même, car si ce roman porte le label Ellery Queen, le véritable auteur serait Paul W Fairman avec la collaboration des deux cousins ci-dessus nommés.

Ellery Queen était devenu une véritable entreprise, publiant le magazine Ellery Queen’s Mystery Magazine et qui vécu de longues années en France sous le nom de Mystère Magazine, une revue de référence pour tous les amateurs.

Et Ellery Queen, auteur, embaucha quelques romanciers célèbres pour proroger les aventures d’Ellery Queen, héros de romans. Ainsi des romanciers, issus de la littérature populaire, policière et de science-fiction, se cachèrent-ils sous cet alias et l’on pourrait signaler : Jack Vance, Theodore Sturgeon, Stephen Marlow, Richard Deming ou encore Avram Davidson. Tous auteurs possédant par ailleurs une bibliographie imposante et digne d’intérêt.

Ellery QUEEN : Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur (A Study in Terror – 1966. Pas de nom de traducteur). Présentation de Maurice Renault. Collection J’ai Lu Policier N°2607. Editions J’Ai Lu. Parution 10 mai 1989. 192 pages.

ISBN : 9782277226079

Première édition : Editions Stock. 1968

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17 février 2020 1 17 /02 /février /2020 05:28

Le Chaos, c’est pour demain ?

Maurice LIMAT : Les enfants du chaos.

L’entente cordiale ne règne pas à bord du Spationef 27. Le point de divergence entre le capitaine Hugues, le commandant du vaisseau spatial, et Patrice Marcus, le chef de la mission scientifique, réside en un immense maëlstrom qui vient de surgir devant leurs yeux.

Ils sont aux confins de l’infini, non loin de Volune-la-morte, et après il n’existe plus rien. Le vide qui se concrétise par un immense puits dont ils ne savent rien. Ce qui est normal puisque théoriquement ils ont atteint la dernière constellation. Le bout du Monde.

Le capitaine Hugues veut savoir ce qu’il y a après ces soleils morts et dans ce puis sans fond. L’attrait de l’inconnu, du vide, du néant peut-être. La direction du Spationef ne répond plus malgré les efforts de l’équipage qui ne contrôle plus rien. C’est un peu le début de la panique à bord. Seul Dorian, l’Artiste chargé de relever en reliefcolor les divers aspects des planètes visitées, n’a pas l’air affolé. Il est un peu dans les nuages.

L’engin s’enfonce dans le vide, inexorablement. Les membres de l’équipage, ainsi que Hugues et Pat, sombrent dans un évanouissement dont ils ne sortent que péniblement. Pendant ce temps les robots du spationef ont suppléé la défaillance humaine. Pat suggère de mettre en action les fusées, avec le risque de tout faire exploser, ou de projeter le vaisseau spatial hors du gouffre.

L’expérience avorte mais ils ne savent plus où ils se trouvent. Peut-être dans le puits de l’espace. Toutefois Pat se rend compte que ce que ses compagnons voient à travers les hublots ne correspond pas forcément à ce que lui distingue. Alors il décide de sortir seul dans l’espace à bord d’une soucoupe et d’abord il aperçoit d’autres soucoupes évoluant au loin. Puis ce sont d’autres images qui se présentent à ses yeux ébaubis.

Bientôt il se rend compte que ces images ne sont que le reflet de sa pensée. Il prélève un peu d’atmosphère dans une éprouvette et rentré à bord, il confie ses impressions ainsi que son prélèvement. L’un des scientifiques embarqués parvient à produire une sorte d’algue dans un bocal !

Dans la seconde partie de ce roman, sur Volune qui n’est plus la morte mais la vivante, des androïdes évoluent. Ils sont asexués et ne ressentent aucun sentiment, au début. Car bientôt ils perçoivent une forme de monstre qu’ils sont incapables de définir. Ils ont peur. Ils attendent impatiemment la venue de Dieux qui pourraient résoudre leur problème.

Ceux-ci arrivent et ce ne sont autres que le capitaine Hugues, Pat Marcus et leurs compagnons qui ont réussi à créer ces androïdes.

 

Ce roman qui soulève l’éternel problème que celui qui de la poule ou de l’œuf s’est manifesté en premier, est une parabole sur l’infini et s’il existe un fin, qu’existe-t-il après. De même qu’après le Zéro, on peut décliner une suite, on peut pareillement calculer ce qui est avant le Zéro. Mais jusqu’où ?

L’infini cosmique n’a pas de barrière, et ce qui intrigue les Hommes, c’est de savoir quand ça finit, comment, et ce qu’il se cache derrière. Mais ce n’est pas uniquement ce sujet qui préoccupe Maurice Limat. En effet la conception de la création de l’Homme est un sujet qui dépasse les scientifiques et dont la Bible tente d’offrir une explication pas convaincante mais absorbée par tous ceux qui ont suivi au départ le catéchisme et qui est prolongée par la rhétorique religieuse.

Les Voluniens, des androïdes identiques ne se distinguent que par la fonction qu’ils occupent dans la hiérarchie sociale et leur nom n’est composé que de chiffres, éventuellement associés à des lettres. Les dirigeants sont les Technocrates et portent le numéro 1 et la suite. Mais tous se conduisent en zélateurs de cette religion nouvelle qu’ils se sont imposés en désignant leurs créateurs comme des Dieux.

Pour son deuxième roman dans la collection Anticipation du Fleuve Noir, Maurice Limat aborde un sujet sensible, tout en restant dans le cahier des charges de la collection à l’époque : les voyages interplanétaires. Outre cette histoire d’infini qui ne se termine jamais, il y a l’aspect, souvent développé en littérature populaire : la création d’humanoïdes. L’homme devenant un Dieu auprès de ses créations, et comme dans le poème de Goethe, mis en musique par Paul Dukas, puis adapté notamment par Walt Disney dans une séquence du film Fantasia, mais se conduisant en Apprenti sorcier.

Un livre beaucoup plus profond, presque philosophique et métaphysique, que ceux auxquels Maurice Limat nous avait habitués dans ses productions en petits fascicules. Le lecteur assiste à la naissance d’un nouveau Limat, plus sérieux, plus proche des préoccupations, plus littéraire presque. Et si ce roman avait été signé par l’un des romanciers américains ou britanniques qui sont reconnus comme des maîtres de la science-fiction, nul doute que bon nombre d’intellectuels auraient crié au chef d’œuvre. Ne poussons pas le bouchon si loin, mais Maurice Limat offre des perspectives de réflexions intéressantes.

Maurice Limat reste lucide et humble en ce qui concerne la littérature populaire, et dans ce cas en littérature de science-fiction, dans ce roman qui date de 1959 :

 

Ils se demandaient si c’était un conte de fée, un de ces romans poético-fantaisistes qui sévissaient encore, relents d’une littérature dite d’anticipation et que le mouvement de l’Univers avait depuis longtemps rejeté à la poussière des bibliothèques.

 

Réédition : collection Les Maîtres français de la science-fiction N°19. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1989. 192 pages.

Réédition : collection Les Maîtres français de la science-fiction N°19. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1989. 192 pages.

Maurice LIMAT : Les enfants du chaos. Collection Anticipation N°141. Editions Fleuve Noir. Parution juillet 1959. 192 pages.

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16 février 2020 7 16 /02 /février /2020 05:18

Y’a pas photo !

John LEE : Pris sur le fait

Un journaliste se doit d’être toujours au bon endroit, au bon moment !

Se réveillant d’une mémorable cuite, Brian Douglas, photoreporter américain en poste à Madrid, décide de combattre son mal de cheveux en ingérant un cognac, ou plusieurs, au bistrot de son ami Pablo.

Il n’est pas en fonds, comme à son habitude, et déguste son breuvage en examinant les consommateurs. Dont trois attablés un peu plus loin. Un homme maigre et âgé, un gros à lunettes noires, et un jeune homme à qui sont remis deux enveloppes. Une blanche contenant de l’argent, et une bistre plus épaisse. Malgré son handicap éthylique, Doug, qui ne se sépare jamais de son matériel photographique dissimulé sous sa veste, fixe sur la pellicule ces drôles de paroissiens. Puis les consommateurs se séparent et peu après Doug entend le bruit caractéristique de coups de revolver.

Immédiatement il se rend sur le lieu à l’origine des bruits et aperçoit un homme à terre, abattu par des policiers, et un autre, tout aussi mort, dans une voiture. Naturellement il veut savoir ce qu’il s’est passé et raconte grosso modo à un policier les événements précédents. Aussitôt il est emmené au poste, en présence de policiers et du capitaine Marroquin. La garde à vue se prolonge car il est obligé de raconter à multiples reprises ce qu’il a vu et entendu, le cas échéant, dans le bistrot.

Au bout d’un long moment qui se décompte en heures, il est mis en présence de l’un des consommateurs, l’homme à lunettes noires, qui accompagne le capitaine Marroquin. Les deux hommes semblent être de mèche. Alors Doug décide de leur fausser compagnie, en s’aidant de son appareil photographique qui lui sert d’arme improvisée, s’empare du pistolet de Marroquin, et parvient à s’échapper.

Il rentre précipitamment chez lui pour développer ses photos puis décide de joindre téléphoniquement son responsable d’agence mais celui-ci est en déplacement dans le sud de l’Espagne, à Malaga. Dépité il informe un de ses collègues, qu’il n’apprécie guère, mais tant pis. L’info prime avant tout.

Deux hommes veulent s’introduire chez lui mais il parvient à leur échapper grâce à un voisin compatissant, sans oublier son matériel, puis il demande à un ami de lui prêter son véhicule. Direction Malaga mais tout ne se passe pas comme il l’aurait souhaité.

Des hommes l’attendent déjà, les mêmes que ceux qui voulaient l’appréhender chez lui. C’est le début d’une course infernale afin de leur échapper et alors qu’il fait du stop il est pris en charge par une jeune femme, un Française qui habite une maison cachée dans la nature. Léa, c’est son nom, vit seule avec une servante, et entre deux amants de passage, et une relation épisodique avec son vieux propriétaire, elle occupe son temps à peindre. Mais c’est son problème. Elle se conduit un peu comme une infirmière mentale envers Doug qui lui narre ses ennuis.

Elle décide de l’aider mais les reîtres qui poursuivent Doug sont toujours sur leurs traces. D’Algésiras à Madrid en passant par Cordouan et autres étapes, en voiture puis en train, Léa va servir de mentor, d’accompagnatrice, de soutien moral, charnel aussi. Les deux fuyards accumulent les péripéties et les dangers. Mais Doug a réussi toutefois à glaner quelques informations en s’introduisant chez l’un des protagonistes et en dérobant quelques documents compromettants. Doug a mis les pieds dans le plat d’une association qui se nomme la Nouvelle Phalange.

 

De John Lee, l’auteur, on ne sait que peu de choses. La quatrième de couverture précise qu’il est né en 1931 dans l’Oklahoma Diplômé en journalisme par l’Université du Texas, il devient professeur de l’Université Américaine de Washigton. Il travaille aussi comme rédacteur et photographe pour des journaux de Fort Worth et Denver et ses photos ont paru dans des centaines de magazines et des milliers de quotidiens partout dans le monde. Il a aussi passé un an comme reporter-photographe indépendant en Espagne et c’est évidemment ce séjour qui donne à son roman Pris sur le fait son inimitable accent de vérité.

Faut-il se fier à ces informations ? Personnellement je n’ai rien trouvé concernant John Lee sur la toile, mais après tout a-t-il pris un pseudo pour rédiger son roman.

A moins que ce soit un romancier français qui a écrit ce livre, et pourquoi pas Bruno Martin lui-même, car ou c’est un ajout personnel, ou c’est un auteur français qui se cache sous le nom de John Lee, mais que penser de cette phrase ?

Quatre lettres, S.P.Q.R. Je connaissais ce symbole. Il me rappelait l’école, et ces bêtises, « La Gaule est divisée en trois parties… » S.P.Q.R. Senatus Populusque Romanus.

Ah bon ? Les jeunes élèves Américains apprennent l’histoire de La Gaule ?

Sinon, l’intrigue se déroule à la fin des années 1960 et le Caudillo fait figure de personnage emblématique sans apparaître. Il ne s’agit pas d’une diatribe ou d’un constat politique, seulement d’un prétexte. L’auteur ne prend pas partie et il ne se pose pas en censeur du Franquisme. Il met juste en situation la Nouvelle Phalange, une organisation qui veut combattre Franco et ses amis, mais dont on ne connait ni les tenants ni les aboutissants.

Mais, soit l’auteur est réellement photographe et il décrit son parcours professionnel, soit l’auteur s’est renseigné sur la technique du développement des clichés, et c’est convaincant. Mais ça, c’était avant, du temps de l’argentique, une période quasiment révolue.

John LEE : Pris sur le fait (Caught in the Act - ? Traduction de Bruno Martin). Collection Grand Roman. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1970. 316 pages.

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15 février 2020 6 15 /02 /février /2020 05:26

En route vers le Grand Nord !

Brice TARVEL : Astar Mara. Les chemins d’eau

La jeune Nalou s’est enfuie du château des de Kydd, prenant l’apparence d’un jeune garçon, tentant d’échapper aux serviteurs du comte qui la poursuivent. Elle s’est emparée d’un curieux bijou appartenant à la comtesse, une femme qui selon les dires, serait une sirène.

Ce bijou en or est un gros médaillon attaché à une chaîne et qui contient trois écailles de Thélès, une authentique sirène réputée comme la Lorelei des rivages de l’île de Skarlum. C’est ce que lui apprend un regrattier de la petite ville de Tolldubh à qui elle pensait pouvoir vendre sa relique. Selon l’homme, qui refuse d’acheter cet objet, les écailles qu’il contient auraient un pouvoir maléfique.

Nalou est originaire de l’île de Paxanie et elle était partie à la pêche en compagnie de son père à bord d’un léger esquif. Mais sous l’action conjuguée du vent et des vagues, l’embarcation a chaviré. Elle s’est retrouvée comme bonne à tout faire, misérable Cendrillon au château du comte de Kydd, une condition qui lui pesait et a dicté son geste.

La figure de proue d’un navire représentant un aigle prenant son envol l’attire. L’aigle d’écume ressemblance plus à un derelict pirate qu’à un navire fendant fièrement les flots mais à défaut de grives, on mange des merles comme l’affirme un dicton populaire. Alors elle décide de monter à bord et de se cacher dans l’une des cales. Elle est découverte par Pinoche, le maître-queux qui la prend sous sa protection et se rend vite compte qu’il n’est pas en face d’un moussaillon. Et afin de la faire passer pour un adolescent, il lui colle sous le nez une fausse moustache fabriquée à l’aide de poils de chèvre.

La frégate est sous les ordres du capitaine Robuck, surnommé Blanc d’œuf, dont la particularité est d’être albinos. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir ses hommes à l’œil. Nalou, devenue Nalim grâce à Pinoche, est présentée au capitaine. Elle ne met longtemps à se faire accepter car une petite voix résonne dans sa tête. Elle signale des rochers dans les eaux de la Mer Grise, ce qui aurait occasionné sinon un naufrage au moins des dégâts importants au navire. Ces rochers sont connus et donc cette information n’est guère nouvelle, mais elle signale également un autre bâtiment dans leur sillage. Il s’agit du Flamboyant, la goélette du comte Cormag de Kydd, avec la comtesse-sirène à bord.

L’aigle d’écume vogue vers les îles Crève-cœur. Selon une légende maritime, une portion de la Lune se serait décrochée, s’enfonçant dans les eaux froides, possédant la particularité d’être un gisement d’or. Nalou se fait des amis à bord, dont le mousse, et plus particulièrement Gowan, un gabier intrépide. Mais d’autres marins ne prisent guère, sauf leur tabac, la présence à bord d’une femme, d’une pisseuse, et l’animosité se fait jour même en pleine nuit.

Les aventures ne vont pas manquer de se manifester au cours de ce voyage périlleux. Selon toujours une légende, des navires à vapeur, des reliques qui sillonnaient les mers avant le Grand fracas qui s’est produit des décennies auparavant anéantissant la plus grande partie de cette terre, seraient toujours en exercice, de même qu’un mystérieux paquebot transportant des centaines de passagers.

Les rencontres inopinées, à commencer par la vieille Lettice, la mère de Blanc d’œuf, pardon, du capitaine Robuck, qui ne quitte pas la cale dans laquelle elle survit, celle de celles des trois sœur Virebotte recueillies sur une île, ne manquent pas, et les dangers s’enfilent comme les grains sur un chapelet, provoquant des remous et même un début de mutinerie. Et le Flamboyant est toujours dans leur sillage !

 

Roman d’aventures maritimes, Astar Mara nous transporte dans une époque qui loin d’être révolue pourrait bien devenir notre avenir. Celui du Grand Fracas, une forme d’apocalypse qui s’est produite dans des conditions non élucidées mais qui est toujours prégnante dans les esprits.

Mais Brice Tarvel joue avec le lecteur, l’entraînant dans le sillage de la pétulante Nalou, et propose des images venues d’ailleurs et d’hier.

Comme cette apparition détectée par Nalou. Celle du Paquebot avec ses passagers riant, chantant, dansant, que l’Aigle d’écume évite grâce au don et à la breloque de Nalou, puis cet iceberg qui se dresse à la proue de la frégate. Ceci me rappelle quelque chose, mais il y a si longtemps.

 

Astar Mara, c’est une succession ininterrompue d’épisodes tragicomiques dont l’eau, élément naturel récurrent dans l’œuvre de Brice Tarvel, une obsession qui se décline roman après roman. La pluie, les marais, la mer, sont présents dans chacun de ses ouvrages, et Brice Tarvel n’a pas peur de se mouiller car à chaque fois il se renouvelle. Et quelque chose me dit que nous retrouverons Nalou dans de nouvelles aventures. Quand ? Seul Brice Tarvel le sait…

 

Je dois avouer que je peine à le croire, poursuivit-il, mais, en déchiffrant des fragments de textes antérieurs au Grand Fracas, on apprend que les hommes avaient la possibilité de voyager jusque dans les airs, et cela à une vitesse inimaginable. A quoi leur a servi tout cela, puisque la haine, la détestation des uns et des autres, a fini par réduire à néant leur prodigieuses inventions ?

 

Brice TARVEL : Astar Mara. Les chemins d’eau. Collection Bibliothèque Voltaïque. Editions Les Moutons électriques. Parution le 22 août 2019. 240 pages. 19,90€.

ISBN : 978-2361835804

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14 février 2020 5 14 /02 /février /2020 05:26

Parce qu’Alain Paris mérite plus d’un hommage, après Svastika et Le Seigneur des Runes, voici la suite des aventures d'Arno von Hagen.

Alain PARIS : Sur l'épaule du Grand Dragon. Le Monde de la Terre Creuse 3.

Résumé des épisodes précédents :

Parce qu'il a refusé ses faveurs à Asbod, la maîtresse de son père, Arno von Hagen, de jeune seigneur riche et puissant va devenir esclave et toute sa famille est décimée, périssant sous la hache du bourreau à la suite d'un horrible complot.

C'est l'an 800 du Reich et l'Allemagne étend sa puissance, sa domination sur pratiquement toute l'Europe. Mais une Europe qui est redevenue médiévale, superstitieuse, livrée aux mains de sectes secrètes et jalouses les unes des autres.

Parmi ces sectes avides de pouvoir, la Sainte-Vehme, qui ressemble à s'y méprendre à l'Inquisition espagnole.

Existe également le Vril, société composée de savants et d'astrologues, et la Fraternité Runique, confrérie guerrière.

Arno von Hagen est engagé par la Fraternité Runique et grâce à sa valeur guerrière, sa bravoure, son courage, son esprit d'initiative, il monte aussi bien dans l'estime de ses nouveaux maîtres que dans l'échelle sociale.

Mais le désir de venger sa famille le taraude.

Le Vril et les Runes mettent leurs forces en commun pour lutter contre la Sainte-Vehme.

Envoyé en mission, Arno fera la rencontre en cours de route d'une jeune femme, Adallinde, qui appartient au groupe Stern. Est-elle amie ou ennemie ? Quel est ce mystérieux groupe Stern ?

 

Ce roman plein de fureur, de combats, d'actions, d'épisodes mouvementés fait penser aux bons vieux romans de cape et d'épées, avec justement ses combats, ses traquenards, ses sociétés secrètes, ses héroïnes mystérieuses.

Un roman fort, bien enlevé, rapide, et qui ne laisse qu'un regret : attendre quelques semaines ou mois pour connaître la suite des aventures du jeune Arno et de ses compagnons.

Un roman, ou plutôt une série au souffle épique, digne des grands feuilletonistes des siècles derniers, disons du XIXe siècle.

 

Alain PARIS : Sur l'épaule du Grand Dragon. Le Monde de la Terre Creuse 3. Collection Anticipation N°1640. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1988. 192 pages.

ISBN : 2-265-03887-3

Réédition Collection Imaginarium. Editions Livre-Book. Version numérique. Parution 6 août 2016. 2,99€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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