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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 08:51

Un bandit manchot...

Tedd THOMEY : La machine à sous.

John Rennick est vraiment en mauvaise posture : attaché par des menottes à une machine à sous, elle-même scellée à une table, il attend les flics. A son corps défendant. Et le spectacle qu'il peut contempler du haut de la terrasse de l'immeuble où il se trouve prisonnier n'est guère réjouissant. Le cadavre d'un policier gît dans le cocktail-bar, à quelques mètres de lui.

Il sait que les collègues du défunt ne vont pas tarder à rappliquer aussi il se démène comme un beau diable. Toujours enchaîné à sa machine à sous - la table a crié grâce - il se réfugie dans une chambre occupée par une jeune femme. Celle-ci le cache et lui sauve la mise. Le problème de Rennick est d'abord de se débarrasser de l'objet par trop encombrant et ensuite de retrouver deux salopards qui l'ont attaché ainsi qu'une jeune femme blonde. Il tient le rôle du traqueur traqué.

Un véritable course contre la montre qui permettra à Rennick de faire la connaissance de nombreuses blondes plus ou moins nymphomanes tandis que des tueurs sont lancés à ses trousses. Un chassé-croisé entre lui et ses deux poursuivants qui se déroule principalement dans l'hôtel résidence Le Charlemagne de Los Angeles et verra son apogée en mer à bord d'un bateau de plaisance. Quant à la machine à sous elle parait jouer un rôle capital dans cette intrigue.

 

Pourquoi et comment Rennick s'est fourvoyé dans ce méli-mélo, le lecteur ne le sait qu'à la page 141. Ce qui entretient certes le suspense, mais en même temps irrite et agace, ce suspense n'étant pas vraiment nécessaire. De même le lecteur ne perçoit la véritable signification de l'obsession de Rennick envers la mort d'un personnage nommé May qu'à la fin du roman.

 

Curiosité :

ce roman noir est une véritable symphonie en jaune. Le blond et le jaune prédominent aussi bien lorsqu'il s'agit de femmes que d'objets divers : papier-peint, chaussettes, enseignes, divan, semelles, corsage...

 

Citation :

- J'ai remarqué que les hommes sont menteurs, en général.

- Ça dépend de la femme.

 

Tedd THOMEY : La machine à sous. (And dream of evil - 1954. Traduction de H. Collard et Y. Viglain). Série Noire N°229. Parution décembre 1954. 254 pages.

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 08:00

 

...de vous connaître !

William Campbell GAULT : Le suaire enchanté

Sonné au cours du 7ème round, Luke Pilgrim ne reprend vraiment conscience qu'au petit déjeuner. Max Freeman, son manager, 1ui apprend qu'il a gagné son combat contre Charley. Après, ils sont allés en boîte. Luke a fait connaissance d'une superbe rouquine, Brenda Vane, un mannequin ex entraineuse. Ils ont raccompagné Max à l'hôtel puis Luke a passé une bonne partie de la nuit chez Brenda. Mais de tout cela Luke n'a aucun souvenir.

Ce qui est pour le moins désagréable la lecture des journaux lui apprenant le décès de Brenda assassinée par la main brutale d'un tueur sadique et vicieux. Luke est-il responsable de ce meurtre, 1ui qui dans un combat de boxe se conduit parfois comme un tueur ? Pour prouver son innocence, ou sa culpabilité, il lui faut rétablir son emploi du temps depuis ce fameux 7ème round jusqu'à son réveil du petit-déjeuner.

Malgré les conseils de Max, Luke ne veut pas abandonner la boxe sur une victoire au rabais. Luke se sent frustré, depuis quelques temps il ne combat que des tocards.

Il veut prouver sa valeur en se mesurant à Giani Patsy, un jeune loup aux dents longues tenu en laisse par des truands magouilleur. Luke prend des nouvelles de Charley à la clinique Drinkwater puis se rend au commissariat où il est reçu par le sergent Sands afin d'y faire sa déposition. Avec Sally, sa fiancée arrivée récemment de Chicago, il refait en voiture le trajet supposé de la veille. De l'endroit où Sam Wald a organisé la soirée jusqu'à chez Brenda puis retour à l'hôtel. En cours de route il aperçoit une enseigne publicitaire reproduisant un petit moulin qui lui rappelle de vagues réminiscences.

De l'appartement de la jeune femme ils se rendent au Harry's Hoot 0wl Club tenu par Harry Bevilaqua, un ancien boxeur ayant connu Brenda. Alors qu'ils discutent près d'une consommatrice, entre un chauffeur de taxi de nom de Noodles. Celui-ci après avoir été quelque peu malmené reconnait avoir ramené Pillgrim à son hôtel le soir du meurtre, l'ayant pris en charge sur le trottoir. Sam Wald accompagné de deux truands, Paul D'Amico et Johnny, un tueur, propose au boxeur un combat truqué contre Patsy, leur poulain devant gagner le match. Luke accepte, flairant le chantage, pour mieux les doubler et prévient Sands. Prétextant des achats, Sally rencontre seule Ruth, la petite amie de Noodles, qu'elle avait aperçue dans le bar d'Harry mais celle-ci ne peut lui fournir que de maigres renseignements.

Max loue une maison à Malibu afin que Luke puisse s'entrainer dans le calme. Suite à un message téléphoné de Noodles qui leur donne rendez-vous, Sally et Luke découvrent le chauffeur de taxi assassiné, sa concubine comme en transes. Nolan, un inspecteur de police rouquin qu'ils ont croisé à plusieurs reprises lors de leurs pérégrinations, arrive sur les entrefaites ce qui leur sauve la mise. Luke retourne s'entrainer à Malibu en compagnie de Tony Scarpa, un ancien boxeur, et de Charley. De plus en plus il pense que Bevilaqua est au centre de l'affaire el joue un rôle prépondérant.

 

William Campbell Gault joue sur l'association d'idée, d'images, mais également sur la similitude des mots puisque Drinkwater et Bevilaqua signifient tous deux Buveurs d'eau. Sans vouloir se montrer par trop moralisateur, W. C. Gault énonce dans ce roman quelques valeurs concernant la déontologie sportive, les vertus de la lecture - Luke par exemple doit s'enrichir intellectuellement grâce aux livres conseillés par Sally - et l'emploi de mots à connotation raciste.

- Il ne faut pas s'attaquer à Patsy Giani et sa bande de Ritals.

Je le corrige:

- D'Italiens. Sally prétend qu'il ne faut pas dire Rital.

 

Citation:

- Il y a un poste de télévision, si vous vous ennuyez tous les deux. Il y en même quatre !

- Il y a peut-être aussi une bibliothèque, dit Sally.

Pas de bibliothèque.

- Quatre postes de télévision, à cinq cents dollars pièce, à peu près, dit Sally. Ça fait deux mille dollars. Pour trois dollars quatre-vingt-dix, il pourrait y avoir les œuvres complètes de Shakespeare. Mais il préfère dépenser deux mille dollars pour voir des âneries.

 

William Campbell GAULT : Le suaire enchanté ( The canvas coffin- 1953 - traduit de l'américain par Henri Robillot). SN°189. Parution février 1954. 254 pages.

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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 09:18

Y'a plus de saison mais toujours des bourreaux  !

M.E. CHABER : La saison du bourreau.

Milo March, enquêteur à Denver, n'est guère emballé d'effectuer une mission près de Los Angeles, mais il faut bien obéir à son patron, n'est-ce pas ?

Il rencontre donc dans la bonne ville d'Aragon Linn Willis, ingénieur, propriétaire d'un journal, d'usines d'aéronautiques et président du Comité Civique de redressement moral de la Cité. A l'en croire la bonne ville est sur la pente descendante et sombre dans le crime : enfer du jeu, de la drogue, de la prostitution. Les responsables de ces délits sont connus de tous mais inattaquables, sinon intouchables : Jan Lomer, la tête et Johnny Doll, les jambes. Là où le bât blesse, c'est que l'un des membres de la municipalité, et pourquoi pas du Comité, agit en sous-main pour protéger les deux malfrats. Afin de pouvoir enquêter en toute tranquillité et en toute légalité, Milo March est affublé d'une couverture : adjoint au district attorney.

Un appartement, une voiture et un numéro de téléphone figurant sur la liste rouge lui sont généreusement octroyés. Le secret n'est pas si bien gardé : successivement une prostituée puis deux flics s'introduisent chez Milo March. Deux flics, genre Laurel et Hardy mais en plus méchant, que Milo rencontrera souvent en travers de sa route, bleus et contusions seront là pour en témoigner. Ils s'introduisent chez Milo March qui est convoqué successivement chez Johnny Doll et Jan Lomer à qui il explique que son travail est de démasquer celui avec qui les truands sont en affaire, et non à traquer les truands eux-mêmes. Il rencontre une vieille demoiselle, Elisabeth Saxon, instigatrice de sa venue à qui il demande quelques précisions sur les membres du Comité : Linn Willis, le président, Georges Stern, avocat, Donald Reid, banquier, Sherman Marshall, Haut-commissaire des Parcs Nationaux, le docteur David Jilton et Miss Véga Russell, vedette de cinéma.

De retour à son appartement une surprise de taille l'attend : Mickie, la prostituée, git sur le lit, nue, assassinée. Harry Fleming et Gene Grant, les deux flics, font irruption et l'embarquent au commissariat. Le capitaine Logan, soupçonné d'être aux ordres du mystérieux commanditaire, le fait transférer d'un commissariat à un autre tout en se défoulant sur March par un passage à tabac en règle.

A la suite d'un appel téléphonique March est relâché. Martin Yale le District attorney qui s'inquiétait l'attend à la sortie du poste de police et se défend d'être l'auteur du coup de fil libérateur. Après une journée passée à se reposer de ses émotions et des coups reçus, March se rend au Cassandra Club. Il aperçoit Betty, une rouquine splendide employée comme secrétaire par le comité. Ensuite il a une discussion qui tourne à l'orage avec Véga Russell; enfin il est abordé par Janet, la fille de Sherman Marshall. Elle propose de continuer la conversation chez l'enquêteur. Après un intermède amoureux elle charge son père de tous les maux d'une façon apparemment naïve mais March réalise qu'en fait elle hait son géniteur. Le lendemain après un réveil en douceur de la part de Betty il rencontre Miss Saxon.

 

Première aventure de Milo March La saison du bourreau est un livre sans prétention, à l'intrigue linéaire et guère complexe. Peut-être est-ce pour cela que ce roman accroche dès le début et se lit sans ennui. Si le roman policier français s'exporte mal, le cognac lui ne souffre pas de cet ostracisme: March en fait une consommation effrénée.

 

Curiosité:

L'on peut être truand et amateur d'art : Jan Lomer possède une coupe d'argent authentique réalisée par Benvenuto Cellini.

 

Citation :

- Dites-moi, me lance-t-elle, vous avez couché avec Véga Russell ?

- Une femme intelligente devrait trouver la réponse sans avoir besoin de poser la question.

 

M.E. CHABER : La saison du bourreau. (Hangman's harvest - 1952. Traduit de l'américain par J.G. Marquet). Série Noire N°168. Parution juillet 1953. 254 pages.

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4 janvier 2015 7 04 /01 /janvier /2015 08:55

C'est vrai quoi ! Ils sont toujours pressés !

Lee HERRINGTON : Minute, fossoyeurs !

Truand notoire, Malcom Portman a décidé d'acheter une conduite irréprochable.

Il contacte Barney Moffatt, adjoint du district attorney, désirant soulager sa conscience au sujet d'un cambriolage chez un certain Gillson. Il demande quelques heures pour régler ses affaires personnelles et donne rendez-vous à Moffatt au Pilgrim, l'hôtel où il loge. Moffatt s'y rend en compagnie de Sam Kincheloé, un ami policier.

Kincheloé abat Portman qui commet la faute de menacer les deux hommes avec un revolver. Gillson nie avoir été cambriolé mais il est impliqué dans une autre affaire: deux jeunes gens se sont tués au volant de sa voiture. Banal accident de voiture semble-t-il. Quant à Miss Zelma Daley, la fiancée de Portman, elle se plaint du vol d'une boîte à musique. Si Moffatt ne peut guère compter sur Gérard Frontenac, son soulographe de patron et district attorney à ses heures, il obtient une aide efficace en la personne de Patsy Delgado, son amie attachée au bureau de la circulation.

Gillson et Stella, la femme de Frontenac, rentraient d'une boîte de nuit, en voiture, ayant proposé aux jeunes de les raccompagner, l'adolescent conduisant la voiture. Homer Lane, détective privé véreux arrivé peu après sur les lieux de l'accident intervertit la position des corps. Il prend des photos et fait chanter Gillson. Lane engage Portman pour cambrioler le coffre-fort de Gillson et voler 10 000 dollars. Gillson se confie à Dee Knight, capitaine de la police, qui soupçonne immédiatement Portmann. Mais celui-ci et, Zelda décident de restituer l'argent et le petit truand prend rendez-vous avec Moffatt. Auparavant il met au clou la boite à musique contenant l'argent et les photos, sans prévenir son amie, d'où la plainte pour vol de la part de celle-ci. En coulisse cependant un inconnu tire les ficelles, maniant les personnages comme des pantins, dans le seul but de s'approprier la galette.

 

Ce roman, dans lequel plusieurs faits apparemment sans liens, convergent, traite de la guerre sourde des polices, mêlant histoires de chantage, de corruption, de magouilles et autres délits mineurs. Malheureusement si l'intention est bonne le reste ne suit pas. Les dialogues pas assez incisifs la complexité de la trame et un manque chronique d'action alourdissent la narration. Un récit classique dans la forme mais soporifique dans le fond.

 

Curiosité:

Lee Herrington décéda d'une crise cardiaque peu de temps après la publication de Minute, fossoyeurs son unique roman.

 

Lee HERRINGTON : Minute, fossoyeurs ! (Carry my coffin slowly - 1952.  Traduit de l'américain par Alex Grall). Série Noire N°126. Parution mai 1952.

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3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 08:34

Non, ce n'est pas de moi qu'il s'agit... !

James CURTIS : Poids lourd

On aurait dit à Tout p'tit Matthews Tu fais un jour de plus en tôle, il aurait sûrement rué dans les brancards. Une remise de peine de sept jours, cela ne se refuse pas !

Mais sortir de prison et découvrir raide morte dans son lit son amie Alice, une prostituée qui met vraiment du cœur à l'ouvrage, cela signifie la pendaison à court terme. Une seule solution, fuir.

Alf, un camionneur, accepte de le prendre à bord de son poids lourd. La police de la route arrête le routier et Matthews ne doit son salut qu'à un moment d'inattention de son gardien. Il fausse compagnie aux flics en volant leur propre véhicule. S'arrêtant dans un bar pour se restaurer, il rencontre Molly, une gagneuse itinérante avec qui il continue sa cavale. Mais la lecture de journaux incite Molly à plaquer son indésirable et recherché compagnon à Sheffield. Un chassé-croisé s'engage entre Alf, Molly et Tout p'tit Matthews, chacun subissant les contrecoups de cavale dans la pluie et le froid.

Pendant ce temps à Londres, un psychopathe schizophrène qui se surnomme Le Loup Solitaire continue son épuration chez les prostituées. Queenie, amie d'Alice, la dernière victime, remarque le tueur qui s'éclipse dans la foule. Molly est prise en stop par deux hommes qui bien vite se montrent entreprenant. Ils tentent de la violer dans un champ. Heureusement Tout p'tit Matthews passant par là réussit à assommer les deux agresseurs, et le couple repart dans le véhicule des deux indélicats. A Nottingham ils prennent le train pour Grantham. Molly, fatiguée, faible, découragée, n'aspire plus qu'à se ranger. Elle ne veut plus passer ses nuits sur le bitume, ne plus être obligée à se méfier des policiers, des hommes trop entreprenants et des mauvais payeurs.

 

Malgré certaines longueurs, notamment les passages dans lesquels l'auteur s'efface, laissant libre court aux pensées de ses personnages, Poids lourd s'inscrit dans la catégorie très bon roman. Si la conduite des camions et quelques péripéties datent un peu, on retiendra toutefois les problèmes actuels des routiers toujours confrontés aux mouchards et aux impératifs horaires.

N'est pas vraiment représentatif d'une poids lourd !

N'est pas vraiment représentatif d'une poids lourd !

Curiosités :

Lors d'une "visite" d'une maison en pleine campagne, Matthews fauche trois bouteilles de whisky, mais il n'aura pas l'occasion d'y toucher. Si les différents protagonistes s'arrêtent fréquemment dans les bars et les cafés, c'est pour ingurgiter une quantité impressionnante de thé.

Poids lourd a été adapté au cinéma en 1938 par Arthur Wodds, un film inédit en France. A ne pas confondre avec le film homonyme tourné en 1940 par Raoul Walsh avec Humphrey Bogart et George Raft dans les principaux rôles et qui se déroule également dans le milieu des camionneurs.

 

Ce roman a été réédité dans la collection Carré Noir, N°75 le 23 aout 1972.

 

James CURTIS : Poids lourd (They drive by night - 1938. Traduction de François Grommaire et Henri Robillot). Série Noire N°111. Parution 1er décembre 1951. 254 pages.

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 08:46

Il faut toujours se méfier des couteaux, et même des seconds couteaux...

Richard Scott PRATHER : Un strapontin au Paradis

Dans le métier de détective privé, on en voit de toutes les couleurs. On peut s'attendre à effectuer toutes sortes d'enquêtes, mais Sheldon Scott n'aurait jamais imaginé qu'une jeune femme puisse requérir ses services pour la sortir, l'emmener danser et dîner en ville. Une proposition de travail assez bizarre mais Shell Scott a l'habitude de recevoir des clients déboussolés pour comprendre que ce genre de demande cache quelque chose de plus grave, de plus sérieux.

Georgia Martin est inquiète, sa jeune sœur Tracy a disparu depuis la veille et elle se doute d'un coup fourré. Pourtant elle ne peut avertir la police ni en dire plus à Shell. Ne peut ou ne veut.

Après une soirée mouvementée au El Cuchillo, une boîte de nuit dans laquelle se produisent des attractions dont un lanceur de couteaux, Shell et sa cliente sont pris en chasse par une voiture. Une poursuite qui se termine mal pour Georgia puisque celle-ci décède d'une indigestion de pruneaux. Avant de trépasser elle a néanmoins réussi à chuchoter quelques mots dont Narda et Tué.

Scott, désormais sur un terrain plus familier, sait maintenant ce qu'il lui reste à faire. Découvrir pourquoi sa cliente a été assassinée et retrouver Tracy. Il remonte la piste Narda, grand-prêtre d'une des nombreuses sectes qui fleurissent en Californie. Alors qu'il interroge Narda, deux tueurs, des jumeaux, font irruption et le séquestre dans une maison isolée où est déjà détenue Tracy. Ils réussissent à d'enfuir, tuant l'un des deux frères, et Tracy rentre chez son père.

Au El Cuchillo Lina est blessée par Miguel, le lanceur de couteaux et partenaire. Shell la recueille alors chez lui. Il repère un jeune homme sortant du temple u Monde Intérieur où officie Narda. Il s'agit d'un obscur écrivain qui, pour se faire de l'argent, rédige les sermons enflammés du grand-prêtre. Shell s'introduit subrepticement dans la chambre de Narda et subtilise les registres sur lesquels figurent les noms des fidèles ainsi qu'un verre à dent qu'il confie à son ami Sam, un policier, afin de procéder au relevé d'empreintes. Lors d'une nouvelle visite dans la boîte de nuit, Shell tue le second jumeau mais se fait blesser à la main par Miguel. Celui-ci, apparemment sous l'emprise de la drogue réussit à sa fondre dans la nuit. Shell trouve du réconfort auprès de Lina.

D'après le empreintes, figurant sur le verre, Narda et un certain Walter Press, truand notoire, ne font qu'un. Théoriquement l'escroc est décédé depuis un an et le signalement entre les deux hommes ne correspond pas.

 

Une histoire fort agréable à lire et menée rondement, par l'un des petits-maîtres méconnus du roman noir américain. A noter que les problèmes liés au trafic de la drogue et des sectes restent toujours d'actualité.

 

Curiosité :

Un strapontin au Paradis est le premier roman écrit par Richard S. Prather, le premier à être traduit en France et donc à la Série Noire et le premier dont Shell Scott est le héros. Malgré une quarantaine d'aventures et quarante millions de volumes vendus au Etats-Unis, Shell Scott et son père spirituel n'ont jamais eu les honneurs d'une adaptation télévisée ou cinématographique.

 

Richard Scott PRATHER : Un strapontin au Paradis

Réédition Carré Noir N°105. Parution le 15 février 1973. 3,80€.

 

Richard Scott PRATHER : Un strapontin au Paradis (Case of the vanishing beauty - 1950. Traduction de Maurice Tassart). Série Noire N°105. Editions Gallimard. Parution le 1er octobre 1951.

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 09:09
Jimmy STARR : Ma tête à couper.

A ne pas prendre au pied de la lettre...

Jimmy STARR : Ma tête à couper.

Organiser une réception au Palais du rire dans le parc d'attraction de Santa Monica, voilà qui n'est pas banal, mais peut se comprendre de la part d'une vedette de cinéma en quête de publicité, en l'occurrence Wilma Castle.

Mais que Joe Medford, le journaliste chargé de rendre compte de cette soirée tombe nez à nez avec un cadavre débouchant d'un toboggan à l'entrée même de la baraque foraine, voilà qui est pour le moins original. Curieux cadavre en effet que celui de la belle Lana Sutton, actrice de second plan, dont la tête décapitée a été rattachée à l'aide d'agrafes.

L'enquête est menée conjointement par Joe Medford et Harry Powell, dit Fer à cheval, agent de la brigade criminelle, malgré quelques dissensions entre les deux amis. Dolly Beal, journaliste au Tribune, Gene Gates, détective féminin de San Francisco, Gran Sutton, la grand-mère de la victime, octogénaire pleine de charme et de vivacité, riche qui plus est, croiseront le chemin parsemé d'embûches de Koe Medford dans cette enquête qui s'avère périlleuse pour le journaliste. Guy Sutton, père de la décapitée, personnage guère sympathique, Ransome, le fiancé, Malcolm Boyd, avoué, Puggy Black propriétaire du Palais du rire, complètent, entre autres, cette galerie de portrait.

Outre quelques bijoux, un saphir est particulièrement convoité par les différents protagonistes auxquels Joe est amené à se mesurer. La découverte dans le port d'une guillotine servant à la prestidigitation lui permet de reconstituer le puzzle.

 

Après un début prometteur et rapide, ce roman sombre quelque peu dans un ronron verbal, et certaines répliques supposées humoristiques et hilarantes tombent à plat. Heureusement le dénouement est rondement mené malgré certaines invraisemblances.

 

Citations :

 

Son expression est aussi neutre que celle d'une pucelle qui n'arrive pas à se décider.

 

Je trouve que les automobilistes mâles devraient se munir de pistolets à eau. Les cinglées du volant craindraient pour leur maquillage et se tiendraient plus tranquille.

 

Jimmy STARR : Ma tête à couper. (Heads you lose - 1950. Traduction de Maurice Tassart). Série Noire N°104. Editions Gallimard. Parution le 1er octobre 1951.

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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 13:31

Bon anniversaire à Guy Charmasson, né le 31 décembre 1947.

Guy CHARMASSON : L'incroyable odyssée.

La Roue, astronef géant qui comporte en son sein quelques deux mille personnes, vogue depuis deux siècles dans l'espace. Deux mille migrants qui ont pour but de coloniser Aldéba, l'une des planètes d'Aldébaran.

En deux siècles bien des transformations, des mutations ont eu lieu dans ce navire interstellaire, mais surtout il fallait aux dirigeants exiger une discipline, sinon de fer, du moins assez stricte afin de pourvoir canaliser les besoins, les revendications, les humeurs de cette population de colons.

Gérard Fabre, jeune adolescent indiscipliné, oscille entre deux tendances, deux avenirs : celui de voyou et de la marginalisation, l'isolement, ou le statut de futur conseiller, de futur dirigeant.

Et l'on suit le parcours de cet adolescent qui s'emballe, se cabre assez facilement, mais possède certaines dispositions intellectuelles et morales. Proche du but, La Roue est soudainement plongée au cœur d'une pluie d'astéroïdes, de météorites.

Et alors que tout danger semblait écarté, un de ces astéroïdes percute l'astronef, l'endommageant, le déviant de sa trajectoire. C'est la confusion, la déception aussi parmi ce peuple qui avait placé toutes ses espérances dans une arrivée prochaine sur la terre promise. Mais pour Gérard Fabre, quelques chose cloche dans cette collision qui n'aurait jamais dû se produire.

Roman enlevé, jamais ennuyeux, L'incroyable odyssée s'inscrit comme une réussite dans la fidèle tradition des opéras de l'espace (space opera), et qui traite avec bonheur de la difficulté d'adaptation et de cohabitation d'une communauté en vase clos.

Guy CHARMASSON : L'incroyable odyssée.

Guy CHARMASSON : L'incroyable odyssée. Collection Anticipation N°1611. Editions Fleuve Noir. Parution Février 1988.

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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 10:10

Hommage à Louis C. Thomas, né le 27 décembre 1921.

Louis C. THOMAS : Télé-scoop.

Philippe Caudry, ex-reporter de talent, adulé du public, ne survit que grâce à de minables cachetons que lui rapportent des rôles dans de petits films publicitaires.

S'il est tombé si bas, c'est à cause de l'alcool. Pourtant il veut s'en sortir, retrouver une certaine dignité, ainsi que du travail. Pour cela il frappe à la porte de Fontanés, le directeur des programmes de Canal 100. En vain. Pas tout à fait cependant car Juliette Chazeuil la productrice de l'émission de Télé-Scoop l'a remarqué et lui propose d'effectuer un reportage assez difficile. Dangereux même.

Caudry donne son accord et part enquêter à Toulon et sur la côte, sachant que ce ne sera pas une partie de plaisir. Sa mission : découvrir qui a intérêt à allumer des incendies dans les pinèdes qui longent le bord de mer. Le pourquoi n'étant qu'un écran de fumée bien vite dissipé.

En réalité il prend la relève de Laurent Peillon qui a péri dans un incendie l'été précédent. Laurent Peillon qui justement était prêt à dénoncer certaines magouilles, certains agissements, avec noms des coupables et preuves à l'appui. Philippe Caudry pourra compter sur l'appui désintéressé de Casta, journaliste localier imbibé d'alcool la plupart du temps, et de Lilou, adolescent passionné d'appareils vidéos.

 

Une fois de plus Louis C. Thomas nous livre un excellent roman, fort bien ficelé. Ce que Michel Lebrun nommait Le Label France.

Louis C. Thomas campe merveilleusement décors et personnages, et ses intrigues à défaut d'être complexes sont efficaces. A son actif de nombreuses réussites littéraires, sanctionnées pas le Prix du Quai des Orfèvres en 1957 pour Poison d'avril, et le Prix Mystère de la Critique pour La place du mort.

Il fut également le scénariste de quelques épisodes de la série télévisée Les cinq dernières minutes.

A noter aussi que certaines de ses nouvelles, extraites du recueil Crimes parfaits et imparfaits, paru dans la même collection Sueurs Froides chez Denoël, ont été adaptées pour la télévision dans une série intitulée Sueurs Froides justement.

Louis C. Thomas est décédé le 12 mai 2003.

 

Nota : Le prix de ce livre est affiché en euros, car il reste quelques exemplaires disponibles.

 

Louis C. THOMAS : Télé-scoop. Collection Sueurs Froides. Editions Denoël. Parution 22 mars 1988. 228 pages. 10,95€.

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26 décembre 2014 5 26 /12 /décembre /2014 07:48

Les lettres anonymes ne sont pas adressées au Père Noël !

Henri CATALAN : Sœur Angèle et les roses de Noël.

Dans le train qui l'amène de Toulouse à Saint-Pied, non loin de Carcassonne, Sœur Angèle est dévisagée par son voisin, un bel homme qui aussitôt entame son repas, pain, saucisses et bouteille de vin rouge. Il la reconnait, c'est la fille du Marquis Hersent d'Erigny, surnommé le Marquis Rouge. Il est vrai qu'avec ses yeux dorés, sa peau très blanche criblée de taches de rousseur, Sœur Angèle ressemble fortement à son défunt père.

Sœur Angèle a été mutée afin de remplacer la mère supérieure de la maison de retraite de Saint-Pied, mais son interlocuteur qui est maréchal-ferrant et maire de la commune l'avait deviné. Il est vrai que plus que son physique, c'est la vêture de la religieuse qui l'a mis sur la voie. Avec sa robe bleue ardoise et de sa cornette des Sœurs de la Charité, elle ne passe pas inaperçue. Complètent sa panoplie, un parapluie et un grand cabas qui ne la quittent jamais.

Le maire n'a pas sa langue dans sa poche et il lui narre ce qui bouleverse le village, une affaire dont se sont emparés les journaux, toujours à l'affût de détails croustillants. Depuis une quinzaine de jours, des habitants de Saint-Pied reçoivent des lettres anonymes accompagnées de fleurs d'hellébores, ou roses de Noël, séchées. Parmi ces victimes, la concierge de la maison de retraite. La missive l'accuse d'avoir eu sa fille avec un gros propriétaire, lequel en décédant, naturellement, l'aurait couchée sur son testament. Ce qui ne perturbe pas plus que cela son mari jardinier de l'établissement. Et c'est ainsi que la belle jeune fille est devenue une riche héritière convoitée, notamment par deux jeunes de la région. L'un est apprenti boulanger tandis que l'autre travaille comme secrétaire de l'industriel local. Les différents destinataires de lettre anonymes sont également accusés de coups de canifs dans les contrats de mariage et autres gentillesses.

Le commissaire Ribeire de Carcassonne, un lieutenant de gendarmerie, l'inspecteur principal Hermancourt, qui a déjà participé à quelques enquêtes en compagnie de Sœur Angèle, et un inspecteur des Postes spécialiste des lettres anonymes, sont préposés à l'enquête, mais les deux derniers intervenants ne feront que de la figuration.

Sœur Angèle, visite ses pensionnaires puis se rend chez le curé du village, un homme simple qui entraîne l'équipe de rugby. Il est ami avec un braconnier qui lui fournit le vin de messe, conseiller municipal, émargeant au parti communiste et correspondant de l'Humanité. Il est vrai qu'ils se sont connus durant la Déportation. L'industriel à la tête d'une fabrique de biscuits, dirige également la chorale du village, la Cécilia. Entre les deux hommes, s'est établie une guerre froide et chacun d'eux possède ses partisans.

- Depuis longtemps, une sorte d'animosité existe entre le président de l'union paroissiale, M. Durand-Fargette, et le curé!

- Mais je croyais que M. Durand-Fargette était un catholique militant !

- Justement, trop militant. De plus, les partisans du curé - car le village est partagé en deux clans : celui du curé et celui de l'industriel - accusent ce dernier d'avoir plus d'hypocrisie que de piété véritable. Par contre, les partisans de M. Durand-Fargette prétendent que le curé est anticlérical.

C'est dans cette ambiance que Sœur Angèle rencontre les divers personnages, de même que des cousins, le comte et la comtesse de La Rochetaillée qui ont perdue leur fille de nombreuses années auparavant lors d'un voyage. Malgré ses malheurs, la comtesse arbore un visage souriant, cachant peut-être sa détresse sous un masque d'amabilité. Leur gouvernante, qui sert de chauffeur, est l'antithèse de cette brave personne. Acariâtre, elle n'attire guère la sympathie.

Sœur Angèle sillonne les environs, sur son vélomoteur, toujours accompagnée de son cabas et de son parapluie. Elle aide également le curé à installer sa crèche, car Noël approche. Les lettres continuent d'arriver dans les boîtes, mais un certain jour celle destinée à l'épicière est postée du village même. Une première. De plus ce poulet serait plutôt aimable envers cette personne au physique ingrat, ce qui change des habitudes. Une surveillance nocturne est organisée, mais les esprits sont chauds, malgré la neige qui commence à tomber.

Henri CATALAN : Sœur Angèle et les roses de Noël.

Contrairement à ce que l'on pourrait craindre, il n'y a pas de prosélytisme dans ce roman. Parfois même des échanges musclés entre les différentes parties se déroulent, lors notamment lors d'un match de football - eh oui, l'auteur a changé négligemment le sport pratiqué quoique lorsqu'un joueur marque, il ne s'agit pas d'un but mais d'un essai - les interprètes de la chorale Cécilia jetant la perturbation pendant le déroulement de cette manifestation sportive. Ce roman a été publié en 1954, et les intégristes existaient déjà.

Evidemment on ne peut s'empêcher de penser à Don Camillo, personnage de fiction créé par Giovanni Guareschi en 1948 et immortalisé au cinéma par Fernandel dès 1952. A la différence près que dans ce roman, curé et communiste vivent en bonne intelligence. Les tracasseries proviennent surtout de la part de l'industriel qui se déclare plus catholique que le curé. On peut également penser à Père et maire, la série télévisée créée par Christian Rauth et Daniel Rialet en 2001, soit cinquante ans après ce roman, dont les deux protagonistes sont le maire du village et le curé, amis depuis toujours mais dont les idées diffèrent. Et on pense aussi à Sœur Thérèse.com, incarnée par Dominique Lavanant, ancienne policière devenue religieuse, mais souvent amenée à apporter ses connaissances à son ancien mari joué par Martin Lamotte.

Sœur Angèle est une aimable série, légèrement parodique du roman policier, un peu ancrée dans son époque, mais qui se lit avec plaisir.

 

La série Sœur Angèle a été publiée sous le patronage du Masque et comporte 12 volumes édités entre 1952 (Le cas de sœur Angèle) et 1959 (Sœur Angèle et le redresseur de torts).

 

Henri CATALAN : Sœur Angèle et les roses de Noël. Collection Sœur Angèle. Editions Librairie des Champs Elysées. Imprimé le 20 février 1954. 260 pages.

 

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