Y'a plus de saison mais toujours des bourreaux !
Milo March, enquêteur à Denver, n'est guère emballé d'effectuer une mission près de Los Angeles, mais il faut bien obéir à son patron, n'est-ce pas ?
Il rencontre donc dans la bonne ville d'Aragon Linn Willis, ingénieur, propriétaire d'un journal, d'usines d'aéronautiques et président du Comité Civique de redressement moral de la Cité. A l'en croire la bonne ville est sur la pente descendante et sombre dans le crime : enfer du jeu, de la drogue, de la prostitution. Les responsables de ces délits sont connus de tous mais inattaquables, sinon intouchables : Jan Lomer, la tête et Johnny Doll, les jambes. Là où le bât blesse, c'est que l'un des membres de la municipalité, et pourquoi pas du Comité, agit en sous-main pour protéger les deux malfrats. Afin de pouvoir enquêter en toute tranquillité et en toute légalité, Milo March est affublé d'une couverture : adjoint au district attorney.
Un appartement, une voiture et un numéro de téléphone figurant sur la liste rouge lui sont généreusement octroyés. Le secret n'est pas si bien gardé : successivement une prostituée puis deux flics s'introduisent chez Milo March. Deux flics, genre Laurel et Hardy mais en plus méchant, que Milo rencontrera souvent en travers de sa route, bleus et contusions seront là pour en témoigner. Ils s'introduisent chez Milo March qui est convoqué successivement chez Johnny Doll et Jan Lomer à qui il explique que son travail est de démasquer celui avec qui les truands sont en affaire, et non à traquer les truands eux-mêmes. Il rencontre une vieille demoiselle, Elisabeth Saxon, instigatrice de sa venue à qui il demande quelques précisions sur les membres du Comité : Linn Willis, le président, Georges Stern, avocat, Donald Reid, banquier, Sherman Marshall, Haut-commissaire des Parcs Nationaux, le docteur David Jilton et Miss Véga Russell, vedette de cinéma.
De retour à son appartement une surprise de taille l'attend : Mickie, la prostituée, git sur le lit, nue, assassinée. Harry Fleming et Gene Grant, les deux flics, font irruption et l'embarquent au commissariat. Le capitaine Logan, soupçonné d'être aux ordres du mystérieux commanditaire, le fait transférer d'un commissariat à un autre tout en se défoulant sur March par un passage à tabac en règle.
A la suite d'un appel téléphonique March est relâché. Martin Yale le District attorney qui s'inquiétait l'attend à la sortie du poste de police et se défend d'être l'auteur du coup de fil libérateur. Après une journée passée à se reposer de ses émotions et des coups reçus, March se rend au Cassandra Club. Il aperçoit Betty, une rouquine splendide employée comme secrétaire par le comité. Ensuite il a une discussion qui tourne à l'orage avec Véga Russell; enfin il est abordé par Janet, la fille de Sherman Marshall. Elle propose de continuer la conversation chez l'enquêteur. Après un intermède amoureux elle charge son père de tous les maux d'une façon apparemment naïve mais March réalise qu'en fait elle hait son géniteur. Le lendemain après un réveil en douceur de la part de Betty il rencontre Miss Saxon.
Première aventure de Milo March La saison du bourreau est un livre sans prétention, à l'intrigue linéaire et guère complexe. Peut-être est-ce pour cela que ce roman accroche dès le début et se lit sans ennui. Si le roman policier français s'exporte mal, le cognac lui ne souffre pas de cet ostracisme: March en fait une consommation effrénée.
Curiosité:
L'on peut être truand et amateur d'art : Jan Lomer possède une coupe d'argent authentique réalisée par Benvenuto Cellini.
Citation :
- Dites-moi, me lance-t-elle, vous avez couché avec Véga Russell ?
- Une femme intelligente devrait trouver la réponse sans avoir besoin de poser la question.
M.E. CHABER : La saison du bourreau. (Hangman's harvest - 1952. Traduit de l'américain par J.G. Marquet). Série Noire N°168. Parution juillet 1953. 254 pages.