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19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 05:22

Allons, les amis, il faut en profiter pendant qu’il est temps. On est plus longtemps mort que vivant !

Dominique ARLY : Plus longtemps mort.

Inspecteur de police en retraite, Emile Delmont profite de son temps libre, et il en a, pour taquiner la truite. Quand il y en a. Et quand on ne vient pas le déranger, comme le fait actuellement le jeune Robert, dix-huit ans, qui le surprend en lui annonçant un accident de circulation.

Delmont n’en a que faire, mais il y a un mort tout de même, alors le mieux est peut-être se rendre sur place en attendant que les gendarmes viennent occuper le terrain afin de procéder aux premières constatations. On ne peut plus rien faire pour la voiture encastrée dans un pommier, ni pour le chauffeur définitivement hors circuit. Il a dû quitter la route tout seul, car il n’y a pas de traces de freinage.

Le père de Robert voudrait que son fils devienne pharmacien, mais le jeune adolescent sent que sa vocation est autre. Il désire devenir policier et veut résoudre cette énigme. Il tanne toutefois Delmont pour que celui-ci, grâce à son expérience, l’aide dans son enquête. Mais il a beaucoup d’imagination Robert, et son esprit échafaude des théories qui ne sont pas si farfelues que cela mais pas toujours bonnes. Mais Delmont est opiniâtre dans sa décision. Il a raccroché son tablier, disons son imperméable d’inspecteur, et ceci ne l’intéresse pas. Sauf que d’autres événements vont l’amener à réviser sa position.

Au café du village, le vieux Ferdinand toujours en quête d’un verre ressasse à satiété comment il a été le premier sur les lieux de l’accident, une véritable litanie qui chauffe les oreilles de Delmont et de ses compères de belote, tous des budgétivores puisque des pensionnés de l’état. Ils n’ont pas tous atteints la soixantaine, alors évidemment aux yeux des habitants du village, obligés de trimer jusqu’à soixante-cinq ans, à l’époque mais on y revient, ce sont des privilégiés.

Ferdinand est retrouvé mort, tabassé, les pieds carbonisés. Immédiatement la relation est faite avec les Chauffeurs de la Drôme qui sévissaient quelques siècles auparavant. Et les Gitans, les Manouches de passage sont sous le feu des projecteurs des rumeurs. Il est si facile d’accuser sans preuve.

Puis Robert, qui aimerait conclure et ne se contente pas de caresses et des baisers de sa petite amie, la fille du cafetier, découvre le cafetier dans un drôle d’état alors que l’établissement est fermé. Ils le soignent et veulent appeler les secours mais le bistrotier refuse catégoriquement que quiconque soit au courant de son agression. Et lorsque quelques soirs plus tard, alors que Robert et Madeleine, qui a enfin cédé à ses avances, des hommes tentent de s’introduire dans le café en passant par la chambre de la jeune fille qui est à l’étage. Robert les met en fuite mais ça ne sent pas bon pour son matricule.

D’autres personnages vont entrer en lice dont l’un des beloteurs dont l’avis de décès paraît dans le journal local. Tout le monde est éberlué car l’homme était parti pour les Landes retrouver un membre de sa famille et il serait décédé d’un arrêt du cœur (en général, c’est comme ça que ça se passe). Sauf que ce budgétivore ne s’est jamais déplacé. Et puis il a confié son chat à Sidonie, qui a plus d’un amant et veut mettre Robert dans sa couche. Et ce chat va offrir une partie de la solution, ce qui explique sa présence sur l’illustration de couverture.

 

Revenons un peu sur les relations (platoniques) entre le jeune Robert, désireux d’intégrer la police, et son retraité de mentor, ancien de la police judiciaire de Lyon. Delmont explique ce qu’était son métier et surtout les circonstances dans lesquelles ses enquêtes évoluaient.

Je ne me suis jamais pointé nulle part à l’instant précis où un assassin était en action. Ni d’ailleurs un voleur. Dans la vie, ce n’est pas comme au cinéma, on ne nous appelle qu’après. Mes seuls flagrants délits, c’était des constats d’adultère… Et encore…

Pourtant Robert revient à la charge un peu plus tard :

J’aimerai vi… vivre des aventures (oui, Robert bégaie un peu)

Alors, fais-toi truand, plaisanta Delmont. Un jour ou l’autre, tu connaitras des émotions fortes et tu verras du pays. Et puis, tu seras du bon côté de la barricade, une majorité de connards admireront tes exploits.

 

Concernant les étrangers, ceux qui sont catalogués à cause de leur faciès ou de leur mode de vie :

Ces sales bohémiens, pourquoi est-ce qu’on les laisse entrer en France ? Chacun sait qu’ils se nourrissent en chapardant dans les vergers, les champs, les clapiers et les basses-cours. Rien que pour ça déjà, on devrait les refouler aux frontières. Mais on les laisse vagabonder Alors ils s’attaquent aux gens.

C’était en 1972, dans le Jura, mais rien n’a changé depuis. Si, cela a changé puisque ça a empiré. Je ne parle pas des Bohémiens, mais de la mentalité.

 

Dernière petite citation pour la route :

Des indices qui mènent tout droit aux coupables, c’est extrêmement rare, croyez-moi. A moins que l’on ait affaire à des maladroits, ou à des amateurs qui aient perdu la tête.

 

 

Dominique ARLY : Plus longtemps mort. Collection Spécial Police N°956. Editions Fleuve Noir. Parution 2ème trimestre 1972. 240 pages.

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18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 05:50

Pourtant, que la montagne est belle…

Henri TROYAT : La neige en deuil.

En ce début du mois de novembre, Isaïe va retrouver sa quinzaine de brebis, plus un bélier, ainsi que quelques agnelets dont un qui n’a pas plus de quelques jours. Tous les mois, il grimpe (Isaïe, pas l’agnelet !) jusqu’à l’alpage, puis redescend jusqu’au hameau des Vieux-garçons où il vit en compagnie de son frère Marcellin dans une vieille maison, héritage familial depuis de nombreuses générations.

Isaïe a cinquante-deux ans tandis que Marcellin n’en a que trente. Et la différence d’âge compte pour beaucoup dans leurs relations. D’autant qu’Isaïe a aidé sa mère lors de la délivrance et qu’il a élevé seul son frère. Le problème réside dans le fait que Marcellin ne travaille pas, ou peu, multipliant les petits boulots. Isaïe s’occupe de ses brebis et de la maison. Auparavant il était guide de montagne, mais depuis les accidents, dont un plus particulièrement éprouvant au cours duquel un des touristes auquel il faisait visiter la montagne s’est tué en escaladant les rochers. Isaïe en a réchappé mais non sans dommage. La tête a été touchée et il en reste des séquelles.

Après avoir logé son petit cheptel dans la bergerie, il descend au village, rejoindre les autres et peut-être retrouver Marcellin. Tout le monde ne parle que de l’accident qui vient de se produire. Un avion, effectuant le vol Calcutta-Londres, s’est écrasé dans la montagne et selon les dernières informations il n’y aurait pas de survivants. Pourtant, des guides confirmés vont se rendre sur place, emportant le matériel, les provisions et médicaments nécessaires au cas où, et récupérer les sacs postaux.

 

Marcellin annonce à Isaïe qu’il va s’associer avec un ami qui possède une boutique d’articles de sport en ville. Mais pour cela il lui faut de l’argent et il a contacté le notaire afin de mettre la maison familiale en vente. Isaïe n’est pas d’accord, il essaie de raisonner son jeune frère avec ses mots, mais peine perdue.

Le guide responsable de la cordée de secours dévisse et ses compagnons se doivent de redescendre dans la vallée. Dans le même temps, Marcellin apprend que l’éventuel acheteur de la masure s’est désisté.

Il convainc son frère Isaïe de se rendre sur le lieu du crash avec en tête l’idée de récupérer les affaires des victimes, montres, portefeuilles, et autres. Isaïe est tout d’abord réticent, mais l’idée de reprendre du service et de grimper par une voie abrupte, plus dangereuse mais plus rapide le séduit. Ce serait une première en hiver !

 

Parfois la frontière entre littérature dite blanche et le roman noir est si mince qu’il est difficile d’en déterminer la frange. Placer ce roman dans telle ou telle collection, sous telle ou telle appellation, relève du bon vouloir de l’éditeur, et de l’impact qu’il pensera que ce livre produira auprès du lectorat.

La seconde partie de La neige en deuil s’inscrit résolument dans le roman noir dramatique sociologique et s’il me fallait trouver une ressemblance, je le mettrai en parallèle avec Des souris et des hommes de John Steinbeck. Deux hommes proches dont l’un est dans la force de l’âge et l’autre perturbé mentalement et qui s’entraident. Mais là s’arrête la comparaison.

En effet Isaïe est l’aîné de la fratrie et le plus souvent il est au service de son frère Marcellin, guère courageux mais qui pourrait s’élever socialement.

Isaïe est dépendant de son frère mais, parfois, il a des éclairs de lucidité qui l’obligent à contrarier les plans négatifs de Marcellin.

Pourtant dans la seconde partie, lorsque les deux frères partent à la recherche de l’avion, et dans l’idée d’Isaïe d’éventuels survivants, il s’agit d’une renaissance de l’ancien guide de montagne qui n’avait plus escaladé sa chère montagne depuis une décennie et les drames qu’il avait subi.

Le lecteur devient le troisième homme de cette équipée et il ne ménage pas ses encouragements mais n’est-ce pas en vain ?

Henri TROYAT : La neige en deuil. Editions J’ai Lu N°10. Réimpression parution juin 1966. 192 pages.

Première édition : Editions Ernest Flammarion 1952.

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17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 04:06

Lorsque l’académicien Pierre-Jean Remy signait des romans policiers !

Raymond MARLOT : Gauguins à gogo.

Longtemps je me suis demandé pourquoi ce pseudonyme car choisir un alias relève de la technique quelque peu ludique. Prendre par exemple le nom de jeune fille de sa mère ou de sa femme, emprunter celui d’un voisin, tout simplement feuilleter un annuaire téléphonique, ou encore s’inspirer du sien en triturant les lettres qui le composent.

Alors pourquoi Raymond Marlot ? Et d’un seul coup, l’illumination ! Bon sang, mais c’est sûr ! Raymond Marlot, c’est un hommage déguisé à Raymond Chandler et à son détective Philip Marlowe en transposant à la française le patronyme Marlowe. Evident, non ?

Et la même année de parution de ce roman, Pierre-Jean Remy recevait le Prix Renaudot pour son roman Le sac du palais d’été.

Ces considérations oiseuses édictées, penchons-nous quand même sur le roman, l’intrigue, sujet principal de cette chronique.

 

Les maisons du petit village des Beaumes, dans le Lubéron, s’étalent le long de la colline, les habitants natifs habitant les vieilles maisons ancestrales dans le bas du bourg, et les nouveaux arrivants, les riches résidents, dans des demeures à étages juchées au dessus de la cité. Plus haut, se dresse la citadelle médiévale.

Parmi ces résidents, Bernard Ancelles, jeune artiste peintre hébergé par Claude Wilmot, critique d’art spécialiste de Gauguin. Ils vivent séparément mais leurs maisons communiquent par un système de cours et d’escaliers. Certaines de ces constructions dominent le vide, séparées par des parapets.

Bernard Ancelles s’acharne à peindre une grande toile qu’il pense devenir son grand œuvre, mais longtemps il a été l’assistant de Wilmot lorsque celui-ci établissait un catalogue consacré à son artiste fétiche. Chez Wilmot, vivent sa mère, la septuagénaire madame Wilmot, et sa jeune femme, la troisième, Joanna qui cultive un penchant prononcé pour la bouteille. Dans un autre pavillon, le jeune Nicholas le nouvel assistant de Wilmot qui travaille lui aussi sur un nouveau catalogue, et sa fiancée la frêle Tessa, deux Anglais. Mais Bernard surprend souvent Nicholas sortir de chez Joanna, au petit matin.

Wilmot reçoit souvent d’autres estivants, dont plus particulièrement Charles Marel, qui habite sur l’autre versant du Ventoux, et professe un goût inconsidéré pour les paradoxes. Et tout ce petit monde vit en plus ou moins bonne intelligence, Wilmot connaissant son infortune matrimoniale mais ne s’en préoccupant guère.

Pourtant le feu couve. Nicholas est découvert mort, étant tombé par-dessus le parapet sur des roches en contrebas. Accident ? Suicide ? Assassinat ? L’harmonie est troublée, Joanna boit encore un peu plus, Wilmot est désemparé, Tessa aussi qui se réfugie dans la maisonnette de Bernard Ancelles.

Pendant ce temps, dans la citadelle, la bande à Frédé, une douzaine de hippies composés de jeunes hommes et de jeunes filles, qui la plupart du temps évoluent nues, restaurent l’édifice à l’aide des pierres éparpillées, et surtout les peignent en un immense damier rouge et noir. Au dessus du donjon flotte un étendard phallique.

Mais un visiteur inattendu se présente chez Wilmot, un marchand d’art marseillais qui veut se passer pour Américain, accompagné de son chauffeur-ami Paulo. Or, Bernard et Paulo semblent se connaître, même s’ils ne le disent pas et tentent de le cacher.

Mais d’autres incidents dramatiques se produisent.

 

Roman policier, Gauguins à gogo est comme un huis-clos ne dépassant pas les limites du village des Beaumes. Seuls quelques personnages évoluent dans ce contexte qui progressivement devient étouffant prenant comme thème principal l’art pictural. Gauguin en est la figure emblématique, et naturellement certains de ses tableaux sont évoqués.

Mais sont-ce des vrais, des faux, tout est dans la nuance. Et le personnage de Bernard devient flou au fur et à mesure que l’intrigue avance. Mais les autres protagonistes cachent certaines fractures, dont, juste pour l’exemple, Tessa qui vivait avec Nicholas pour fuir son entourage mais ne l’aimait pas.

Un bon petit roman policier qui vaut surtout pour les décors et la notoriété de son auteur.

 

Elle avait quarante ans, voulait en paraître trente et son maquillage épais lui en donnait presque cinquante.

Raymond MARLOT : Gauguins à gogo. Collection Super Crime Club N°295. Editions Denoël. Parution 2 octobre 1971. 192 pages.

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16 novembre 2019 6 16 /11 /novembre /2019 05:38

Ce choix d’histoires s’adresse essentiellement à ceux qui trouvent trop fade la saveur

de la télévision.

Alfred Hitchock

Alfred HITCHCOCK présente : Histoires abominables.

Non seulement Alfred Hitchock s’est montré le maître du suspense au cinéma, mais il a œuvré aussi à la télévision dans des séries dont le parfum perdure dans nos souvenirs.

Il a apporté sa caution dans les recueils de compilation à thèmes et dans le magazine portant son nom, auquel il ne participait que comme éditorialiste. Toutefois bon nombre d’auteurs qui souvent étaient inconnus, et le sont encore, du grand public purent ainsi être publiés et traduits en France, grâce à son soutien nominatif.

Mais ce rôle fictif d’anthologiste lui est peut-être venu parce que tout ne peut être adapté.

Ainsi déclare-t-il dans sa préface :

Je suis venu tard à la télévision et d’aucuns ont prétendu que j’attendais que les écrans deviennent assez grands pour que je puisse m’y loger (allégation contre laquelle je proteste de tout mon poids). Toutefois, j’en suis venu à beaucoup aimer ce moyen d’expression et j’espère bien que l’on ne verra pas dans l’existence de ce livre une critique mais simplement la reconnaissance d’un fait patent. A savoir qu’il y a certaines histoires auxquelles la télévision ne peut rendre justice.

 

Dans Histoires abominables, il est intéressant de trouver ou retrouver des auteurs aussi différents que Jérôme K Jérôme, auteur de l’inénarrable Trois hommes dans un bateau, de William Hope Hodgson, auteur des aventures de Carnacki chasseur de fantômes, ou de Robert Bloch dont le roman Psychose fut adapté de magistrale façon par Hitchcock et qui fournit pas moins de dix-sept épisodes pour la série télévisée Hitchcock présente…

 

Loin de moi l’idée de vouloir présenter tous ces textes, ce serait fastidieux aussi bien pour vous que pour moi, mais j’ai pioché au hasard quelques-unes des nouvelles qui la plupart du temps relèvent du surnaturel ou tout au moins du fantastique. Mais pas que, parce que l’horreur et la terreur s’invitent également et l’on retrouvera certains thèmes favoris des auteurs présentés, du moins pour les plus connus.

 

Dans Comment l'amour s'imposa au professeur Guildea, de Robert Smythe Hichens, nous sommes mis en présence de deux célibataires endurcis : le père Murchison, par son statut de religieux, et le professeur Frederic Guildea qui est foncièrement misogyne, voire misanthrope. Ils font connaissance lors d’un sermon de l’un et d’une conférence de l’autre, et le père Murchison est invité chez le professeur. Ce qui constitue presqu’une première. Ils se retrouvent assez souvent chez Guildea, conversent à bâtons rompus devant, éventuellement le majordome du professeur, mais surtout de son perroquet. Jusqu’au jour où Guildea sent comme une présence chez lui et croit entendre son volatile s’exprimer d’une voix féminine.

 

Sortilège de Montague R. James est conforme à son titre. Un certain Karswell n’apprécie pas du tout que son texte La vérité sur l’alchimie soit refusé par une association et il en veut plus particulièrement à celui qui est à l’origine à ce refus. Et pour bien marquer que sa vengeance sera terrible, il placarde ou fait parvenir des affichettes dans lesquelles il invite à se pencher sur le cas d’un critique littéraire qui avait éreinté son précédent ouvrage justement sur l’alchimie.

 

Jérôme K. Jérôme prend pour thème celui de l’automate dans Un cavalier accompli. Ce thème est de nos jours encore souvent utilisé mais lors de sa parution peu de textes mettent en scène ce genre d’automate. C’est en entendant des jeunes filles se plaindre de ne rencontrer dans les bals que des cavaliers aux discours insipides, qu’un fabricant de jouets articulés décide d’assembler ce cavalier qui devrait faire sensation. Et en effet, ce cavalier danse sans monter sur les pieds de sa partenaire mais un couac se produit toujours dans les objets animés. L’on pense naturellement à Collodi et son personnage de Gepetto fabricant une marionnette nommée Pinocchio mais aussi à d’autres textes fondateurs ayant un automate comme personnage principal.

 

Avec Sredni Vashtar, Saki, nom de plume H.H. Munro, livre un texte mettant en scène un enfant de dix ans, Conradin, élevé par sa cousine madame de Ropp. D’après le médecin, Conradin n’a plus que cinq ans au maximum à vivre, mais pour autant entre sa cousine et lui, c’est un peu comme chien et chat. Pire même car parfois ces deux animaux arrivent à cohabiter en bonne intelligence. Alors Conradin reporte l’affection qu’il ne peut exprimer ou recevoir envers une vieille poule et une fouine-putois logés dans une vieille remise au fond du jardin.

 

La voix dans la nuit, de William Hope Hodgson, c’est celle d’un inconnu qui s’adresse aux marins d’un schooner encalminé dans les eaux du Pacifique Nord. Il ne veut pas se montrer, repart même à bord de son embarcation mais le capitaine et ses hommes parviennent à l’apprivoiser. Ils lui promettent des vivres pour lui et sa femme alors il narre, de loin, dans la brume, sa mésaventure. Comment le navire à bord duquel le couple voyageait, et seuls rescapés, comment ils ont abordé une île déserte recouverte d’une étrange végétation.

 

La dame sur un cheval gris, de John Collier, prend pour décor l’Irlande et l’antagonisme entre celtes et saxons, entre natifs de la verte Erin et envahisseurs Anglais, même si ceux-ci sont installés depuis des siècles. Le dernier descendant d’une famille anglo-irlandaise qui apprécie les parties de chasse ou de pêches en compagnie de son ami Bates parcourt la campagne et il apprécie encore plus les bonnes rencontres féminines dans les auberges, sur les chemins, ne s’embarrassant d’aucun principe de courtoisie, de respect, de considération envers celles qu’il juge bon à mettre dans son lit ou sur une botte de paille.

 

Tout un lot de nouvelles dans la forme et dans le fond et qui peuvent se révéler politique, poétique, humoristique, sociologique, horrifique, surnaturelle, fantastique, et que le lecteur avide goutera avec plaisir.

Cet ouvrage a été réédité partiellement et pour certaines nouvelles retraduites. Les titres et noms des auteurs en italiques ne sont pas compris dans la réédition Pocket.

 

Alfred HITCHCOCK, Préface.

Robert Smythe HICHENS : Comment l'amour s'imposa au professeur Guildea (How love came to professor Guildea). Traduction : Jos Ras

M.R. JAMES : Sortilège

Jérôme K. JEROME: Un cavalier accompli

Edward Lucas  WHITE: Lukundoo

Margaret ST CLAIR : Le travail bien fait

Phillip MacDONALD : L'Amour qui saigne (Love lies bleeding. Traduction Odette Ferry

Arthur WILLIAMS : Le Parfait meurtrier (The Perfectionist). Traduction Odette Ferry

C.P. DONNELLE Jr. : Recette de meurtre (Recipe for Murder). Traduction Odette Ferry

RUSSEL John : Le prix d'une tête

SAKI : Sredni Vashtar (Sredni Vashtar). Traduction Odette Ferry

William Hope  HODGSON : La voix dans la nuit

Richard CONNELL : Les Chasses du comte Zaroff (The Most Dangerous Game). Traduction Jos Ras

James Francis DWYER : Le Diplôme de la jungle (Being a Murderer Myself / A Jungle Graduate). Traduction Jos RAS

John COLLIER : La Dame sur le cheval gris (The Lady of the Grey). Traduction Odette Ferry

Robert BLOCH : Une souris et des rats (Water's Edge). Traduction Odette Ferry

Robert ARTHUR : Le Farceur (The Jokester). Traduction Odette Ferry

A. M. BURRAGE : Figures de cire (The Waxwork). Traduction Odette Ferry.

Thomas BURKE : L'Épouse muette (The Dumb Wife). Traduction Odette Ferry

Dorothy Kathleen BROSTER : Tapie devant la porte (Crouching at the door). Traduction Odette Ferry

 

Réédition Partielle : Pocket N°1814. Parution 3ème trimestre 1979. 256 pages.

Réédition Partielle : Pocket N°1814. Parution 3ème trimestre 1979. 256 pages.

Alfred HITCHCOCK présente : Histoires abominables. Editions Robert Laffont. Parution 30 mai 1960. 412 pages.

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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 05:28

Ah si j’étais riche…

Rodolphe BRINGER : Le dépit d’être riche.

Âgé de trente ans, François-Gonzague-Alexis, marquis de Montmeyran, trente-deuxième du nom, n’a pas de soucis financiers. Mais il est toujours célibataire quoiqu’avenant.

Pourtant de nombreuses jeunes filles papillonnent autour de lui, mais il se méfie. Il sait qu’elles ne l’aiment pas ou peu, mais en veulent surtout à son titre ou à son argent.

Alors il décide de tester en se faisant passer pour un nommé Gargagne, représentant de commerce, et comme il a lu quelque temps auparavant une brochure vantant les mérites touristiques d’une petite ville du Tricastin, il part pour Dieulefit, non loin de Montélimar.

Le sieur Gargagne arrive donc en gare par le petit train d’intérêt local qui relie Montélimar à Dieulefit (ah le bon temps des petits trains d’intérêt local !) où il est attendu par Toinou, l’homme de peine des Bermès, qui se propose de le conduire à la pension de famille tenue par Mlle Bénivet avec son charreton à bras. Gargagne n’a d’autre bagage que sa petite valise qu’il préfère garder par devers lui. Le marquis de Montmeyran est vêtu sans la moindre élégance, son statut de représentant de commerce exigeant qu’il se montre sobre dans son habillement et dans ses façons de s’exprimer, et de ne donner que de maigres pourboires, et encore. Bref son attitude ne plaide guère en sa faveur.

La pension Bermès, afin de remplir la totalité des chambres, est bien obligée d’accepter de simples travailleurs, au grand dam de Mlle Bénivet la propriétaire. Parmi les pensionnaires, figurent M. de Chevigny, qui se prétend vicomte, voire comte, Mme Falotte dont le seul sujet de conversation tourne autour de sa fortune, et quelques autres convives dont Mlle Léonce, humble dactylographe vêtue pauvrement. Ce n’est pas la préférée de Mlle Bénivet, au contraire, elle la dédaigne, mais le taux de remplissage de sa pension de famille dépend du nombre de pensionnaires accueillis et non uniquement de ses préférences.

 

Débute alors ce que l’on peut considérer comme un aimable vaudeville, le comte de Chevigny lorgnant sur Mlle Léonce tandis que madame Falotte, la cinquantaine avancée est attirée par le comte trentenaire. Gargagne est subjugué par la belle Mlle Léonce, et comme celle-ci préfère se promener dans la campagne au lieu de jouer au tennis, jeu auquel elle ne comprend rien et ne saurait lui être utile dans sa profession, il l’accompagne dans ses déambulations campagnardes. Peu de choses à dire concernant les autres pensionnaires, sauf peut-être Mlle Chamais, qui fut professeur et passe ses journées à tricoter, et aussi à enquêter sur l’identité réelle de ses voisins de tablée.

Et naturellement, aucun de ceux-ci ne sont réellement ce qu’ils prétendent être, Gargagne en premier lieu. Et un tendre sentiment s’ébauche entre Mlle Léonce et le jeune marquis représentant de commerce, au grand dam du comte.

Une histoire que l’on pourrait croire convenue, mais qui réserve bien des surprises et qui se clôt avec humour. Et la maxime selon laquelle il faut se méfier des apparences prend tout son sens.

Le décor planté par Rodolphe Bringer lui est habituel, étant natif de Mondragon dans le Vaucluse et étant décédé à Pierrelatte dans la Drôme.

 

Rodolphe BRINGER : Le dépit d’être riche. Le roman du dimanche N°40. Librairie contemporaine. Editions Jules Tallandier. Parution 1932. 32 pages.

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12 novembre 2019 2 12 /11 /novembre /2019 05:06

C’est mieux que pas de preuve du tout !

Joseph-Louis SANCIAUME : La preuve sanglante.

En villégiature dans une petite ville du sud de la France, l’inspecteur Lénard se promène nuitamment dans les rues endormies. Il passe devant le musée auquel il a déjà rendu visite dans l’après-midi et est intrigué par la lumière qui brille au rez-de-chaussée. Il aperçoit un homme qui s’enfuit. Et la porte du musée n’est pas fermée. Aussitôt il suppose qu’un vol vient d’être commis.

Arrivé en compagnie de François Séverin, le gardien de l’établissement, l’inspecteur Piton se demande à juste titre ce que fait sur les lieux Lénard et il s’apprête à l’arrêter lorsque l’inspecteur décline son grade.

A l’intérieur, les trois hommes découvrent le cadavre du conservateur, Manuel Desflizes, tué d’une balle dans le cœur, les mains ensanglantées. Et en vérifiant les lieux, le gardien remarque qu’un tableau de Rembrandt, un Paysage, la pièce la plus rare du musée, a été dérobé. Il ne reste plus que le cadre. Peu après ils découvrent qu’un Corot a été déménagé dans un endroit sombre, et qu’il s’agit d’une copie remplaçant l’original.

D’après François Séverin, il n’y a guère que le conservateur adjoint, Auguste Cloche, le secrétaire du conservateur, Morel, qui vient d’être congédié, et Dorothée, la belle-fille du conservateur, et sa bonne Maria, qui vivent dans une dépendance située dans le parc, qui s’occupent du musée. Et encore, il ne faut guère compter sur Auguste Cloche. Quant à Dorothée, c’est une trentenaire au visage peu amène et au caractère acariâtre. Elle reçoit Lénard comme un chien dans un jeu de quilles.

Lénard se retrouve seul avec le mort, en attendant les services de la scientifique, et son regard est accroché par un cadre contenant la photographie d’un chien posé sur le bureau. Mais sous le cliché de l’animal, est glissée une autre photo représentant le visage d’une jeune fille triste. Une inscription précise qu’elle se nomme Laetitia.

D’autres personnages vont bientôt intégrer ce petit comité, dont un spécialiste de l’art pictural. Mais le suspect principal reste Morel, le secrétaire renvoyé par le conservateur. Selon certaines sources, car d’autres affirment, dont le principal intéressé, qu’il s’agissait d’une simple démission et qu’il avait toute la confiance du conservateur. Un voyage à Nice permettra à Lénard d’assembler les fils de cette intrigue et résoudre le meurtre du conservateur.

 

L’épilogue est un peu tiré par les cheveux comme dirait un de mes amis qui est chauve, mais bon, il n’en reste pas moins vrai qu’il s’agit d’un roman d’énigme qui tient à peu près la route malgré les nombreux virages et le manque de signalisation.

A part quelques petites anomalies qui à l’époque ne devaient pas troubler le lecteur. Concernant les anomalies, par exemple, l’inspecteur Piton semble travailler seul avoir les mains libres. Pas de commissaire, de responsable hiérarchique, pas de juge, pas de procureur pour venir lui mettre des bâtons dans les roues. Et certains protagonistes arrivent sur le plateau de tournage comme si l’auteur en avait déjà parlé précédemment. Leurs déclarations sont entachées d’à-peu-près et de mensonges ou d’approximations, ce qui nuit évidemment à l’enquête que c’est approprié Lénard, de façon non officielle.

 

Joseph-Louis SANCIAUME : La preuve sanglante.

Joseph-Louis SANCIAUME : La preuve sanglante. Collection La Cagoule n°18. Editions La Bruyère. Parution janvier 1946

Première édition : Collection À ne pas lire la nuit n°126. Éditions de France. 1939 

Réédition Collection Policière le Glaive 109. Editions du Puits-Pelu. Parution 1955.

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9 novembre 2019 6 09 /11 /novembre /2019 05:49

Il est le seul ?

Georges MOREAS : Le flic qui n'avait pas lu Proust.

A l'école nous jouions aux gendarmes et aux voleurs, et cela ne nous empêchait pas d'être copains. Alors, pourquoi dans la vie, un flic et un truand n'auraient-ils pas une certaine sympathie, une certaine affinité, un certain respect l'un pour l'autre ?

C'est ce qui arrive entre Coppa, le gangster, et Georges Moréas, ou plutôt son double, le narrateur. Spécialiste de l'évasion, Coppa est plus qu'un voleur haut de gamme. C'est aussi un aventurier.

Et les rumeurs, qu'il ne dément pas, circulent parmi les pontifes de la police comme quoi il serait à la tête d'une immense fortune : lors de l'une de ses pérégrinations qui l'avaient mené en Afrique, il se serait approprié le trésor d'un dictateur en fuite.

Coppa lui donne rendez-vous dans un café, mais les deux hommes tombent dans un traquenard. Coppa parvient à s'échapper. Il est à nouveau arrêté alors qu'il s'apprêtait à passer la frontière espagnole sous une fausse identité. Lors de son transfert vers Paris il est abattu ainsi qu'un des inspecteurs qui l'accompagnait.

Le policer remet sa démission et part pour le Kibonda, en compagnie de la fille de Coppa afin d'exécuter ses dernières volontés. Mais il se demande quel rôle il tient dans ce drôle de jeu.

 

Roman policier tout autant que roman d'aventures, Le flic qui n'avait pas lu Proust permet à Georges Moréas de philosopher sur certains événements et sur la condition des flics, ou plutôt de ceux appartenant à certains services. Il entre dans ce roman comme une grande part de désabusement, et l'on n'est pas sans associer le narrateur à l'auteur.

Georges Moréas nous entraîne dans une ronde infernale où la manipulation est reine, mais dans un contexte nouveau, à la frange d’un système politique.

Georges MOREAS : Le flic qui n'avait pas lu Proust. Collection Les Noirs grand format. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1996. 328 pages.

ISBN : 978-2265057173

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8 novembre 2019 5 08 /11 /novembre /2019 05:31

Sous ce pseudonyme se cache Giova Selly, auteur de romans policiers et historiques au Fleuve Noir.

 

Véronica BALDI : Un homme effondré.

Si elle n’a pas le nez de Cléopâtre, Jessica Bower possède un sens olfactif particulièrement développé, indispensable dans son métier.

D’origine française, elle vit aux Etats-Unis de son nez. Elle est chargée de reconnaître les différents composants des parfums qui sont élaborés et alimentent le marché du luxe. Son patron la charge d’aider à sortir du gouffre une distillerie de parfums installée près de Grasse. C’est pourquoi elle atterrit à Nice où elle est accueillie par Gilles Mansour qui se présente comme le demi-frère de Thibault Pérols, le patron de la parfumerie en déliquescence. Dans le même temps son patron a envoyé sur place des experts-comptables chargés d’éplucher les comptes de la société.

Gilles Mansour en est le directeur commercial mais ne possède pas les capacités olfactives de Thibault. Mais si Thibault est à l’origine de parfums prestigieux, son aura a faibli depuis son drame conjugal. Son nez a perdu de son acuité à cause du tabac et de l’alcool qui imprègnent désormais son quotidien.

Jessica sent que la tâche de remonter l’entreprise familiale sera rude d’autant qu’arrivée sur place elle est accueillie fraîchement par une partie du personnel, les anciens, tandis que les plus jeunes sont satisfaits de son partenariat.

Les amis et les membres de la famille Pérols se montrent affables, en apparence, mais sous leurs sourires, Jessica décèle une sombre jalousie. Pourtant elle parvient à apprivoiser Thibault, jusqu’à un certain point, lorsqu’elle démontre ses qualités en matière de parfums, sachant différencier les divers composants. Elle se heurte toutefois à un refus lorsqu’elle exprime l’idée d’ajouter des parfums de synthèse dans l’élaboration de nouveaux produits. Et puis, elle est déçue par l’installation vieillotte de la distillerie, des procédés de distillation par vapeur d’eau.

Ici, rien des laboratoires américains, sophistiqués, à la pointe de la technique. Tout avait l’air assemblé de bric et de broc. Comment pouvait-on fabriquer les plus prestigieux parfums dans ce qui ressemblait à un Meccano géant ?

 

Elle relève des tentatives de sabotage et un peu plus tard un incendie se déclare dans la distillerie.

 

Roman d’amour, collection oblige, Un homme effondré met en avant la lente dégringolade d’un parfumeur célèbre qui n’arrive pas à remonter la pente. Des drames s’ensuivent mettant en péril des vies, sans compter sur l’avenir de l’entreprise familiale.

Si l’histoire est bien amenée, mais il ne fallait pas en douter car Giova Selly a démontré par ailleurs son talent de romancière, aussi bien dans le domaine policier que celui historique, l’intérêt réside surtout sur le travail d’un Nez, et les différentes parties de la naissance d’un parfum inédit.

Une intrigue originale dans un décor et un contexte originaux eux aussi. Comme quoi les petits romans considérés comme des romances faciles peuvent aussi s’avérer intéressants, plus parfois que certains romans qui ont les honneurs de la critique et qui, à mon avis, sont surfaits.

 

Véronica BALDI : Un homme effondré. Collection Nous Deux 2eme série N°80. Editions EMAP. Parution 2 novembre 1999. 128 pages.

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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 05:03

Nos qualités se remarquent plus quand on est mort !

Béatrice NICODEME : La mort au doux visage.

Clouée sur son lit d’hôpital, Laure Favier, pharmacienne de son état, séparée de son mari âgé de trente ans de plus qu’elle, est dans l’incapacité de se rappeler les circonstances de l’accident dont elle est victime. Ce qu’elle déclare aux gendarmes.

Selon le conducteur de la voiture qui l’a heurtée, l’agent immobilier qui lui a vendu sa maison, elle marchait au milieu de la route. Débouchant d’un virage, il n’a pu l’éviter.

L’adjudant-chef Rémi Bechtel et son adjointe Fabienne Robin, ont une autre affaire sur les bras : la disparition du jeune Jan Dobry, dix ans. Quittant précipitamment ses copains de jeux, il était parti en vélo. Sa mère inquiète avait téléphoné chez Laure, chez qui elle effectue des heures de ménage. Selon des témoins, Jan se serait dirigé à vélo vers la maison de Laure.

La jeune femme est en proie à des cauchemars mettant en scène ses parents, son père décédé quelques mois auparavant, ou sa jeune sœur avec laquelle elle s’est brouillée. Célibataire, Laetitia lui avait annoncé qu’elle attendait un enfant alors que Laure lui reprochait ses trop nombreuses frasques.

A sa sortie de l’hôpital, Laure découvre le cadavre de sa sœur dans sa maison. La mémoire lui revient soudain en partie : elle avait trouvé le corps de Laetitia, vision qui l’avait profondément choquée, provoquée son amnésie et l’accident.

Le corps du petit Jan est lui découvert dans la forêt, le jour de l’enterrement de Laetitia, dans une cabane abandonnée. Il y a été déposé après les recherches des gendarmes, avec dans les mains des brins de bruyère blanche de la même espèce que celle poussant dans le jardin de Laure. Son visage a été enduit de poudre de riz et Bechtel trouve près du cadavre un poudrier ayant appartenu à la jeune femme.

Si les soupçons des gendarmes se focalisent sur Laure, ils n’en dédaignent pas moins ses proches : son amie Estelle et son compagnon Jefferson, libraire, Claude son mari qui fut proche de son père, Me Billy un avocat réputé, les employés de la pharmacie et l’agent immobilier.

 

Ce titre La mort au doux visage, que l’on croirait emprunté à un roman de la collection Harlequin ou à un ouvrage de M.H. Clark, n’est cependant pas usurpé car tous les protagonistes, du moins les défunts, possèdent un visage quasi angélique, même Jan, le petit garçon.

Et c’est bien l’enfance qui prévaut dans ce livre : les morts certes, mais également l’origine des drames vécus par Laure qui engendrent des cauchemars dans lesquels se mélangent réel et virtuel, l’annonce de la grossesse de Laetitia, sans oublier l’assassin et les personnages secondaires qui tous ont subi des traumatismes durant leur prime enfance ou le début de leur adolescence.

Le gendarme Bechtel lui non plus n’est pas épargné car sa première femme est retournée au Brésil emmenant leur enfant, et sa nouvelle compagne refuse d’être enceinte pour des raisons qui lui sont propres.

Et si l’identité du coupable intervient un peu comme un cheveu sur la soupe, l’intérêt du livre réside sur la résurgence des drames du passé, et sur la faculté des personnages à s’en accommoder. Les rapports entre Bechtel et son adjointe Fabienne sont assez savoureux et apportent une petite note d’humour.

 

Réédition J’ai Lu N°7314. Parution 1er juin 2004. 510 pages.

Réédition J’ai Lu N°7314. Parution 1er juin 2004. 510 pages.

Béatrice NICODEME : La mort au doux visage. Le Masque Moyen format. Parution 15 octobre 2002. 448 pages.

ISBN : 978-2702479537

Réédition J’ai Lu N°7314. Parution 1er juin 2004. 510 pages.

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5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 04:38

D’admirateurs ?

Yves DERMEZE : Lucette et ses millions.

Timide et rougissant, Jacques Dubreuil, jeune homme bien sous tout rapport physiquement, hèle Lucette qui vient de jouer au tennis et a oublié une de ses raquettes sur le terrain.

Il ne savait pas trop comment l’aborder et il est fort content d’avoir trouvé cette opportunité. Lucette est entourée de quelques jeunes gens, des admirateurs sans nul doute, dont le marquis Hugues de Marchal. Il est vrai que Lucette Vidal est la descendante d’une des plus grosses fortunes de France, et une barrière invisible se dresse en général devant les prétendants possibles mais désargentés.

A la faveur d’une partie de tennis en double, Jacques Dubreuil se lie avec Hugues de Marchal, ce qui lui permet d’être invité au bal du casino le soir même. Il danse avec Lucette, qui est un peu la reine de la soirée, et se présente comme le neveu d’Hervé Kerdrec, lequel dirige la banque Franco-Malgache. Coïncidence ? Le grand-père de Lucette est en relation d’affaires avec le banquier. Au cours des quelques danses que lui accorde la jeune fille, Jacques Dubreuil affirme qu’il ne peut rester longtemps dans cette ville d’eau, le travail l’appelant, et Lucette lui suggère peut-être de se retrouver dans la capitale. Elle est rougissante et ressent un certain malaise en sa présence. Serait-elle amoureuse ?

Cela ne l’empêche pas de partir comme prévu en croisière en Méditerranée, à bord de son yacht, le San Madre. Et justement le capitaine du yacht, Ludovic Hanson étant présent, elle lui présente le jeune homme. Bizarrement, l’ancien radiotélégraphiste du bord doit être remplacé par un certain Dubreuil. Il ne s’agit pas d’une homonymie patronymique. Jacques Dubreuil est bien celui qui est embauché comme radiotélégraphiste.

Mais sur le yacht, qui vogue en pleine mer, des incidents étranges se produisent, dont un vol de bijoux. Et Lucette s’étant renseignée, il apparait que Jacques Dubreuil n’est pas le neveu du banquier. Son nom est inconnu des effectifs. Alors, tout naturellement les soupçons se portent sur ce jeune homme bien sous tout rapport, en apparence !

 

Sous cette histoire d’amour se cache une intrigue policière plaisante. Les personnages sont bien campés et celui de Jacques Dubreuil assez ambigu prête à confusion. Mais l’auteur possède ses raisons pour le décrire ainsi.

On ne peut pas dire qu’il s’agit là d’un grand Dermèze, et ceci indépendamment du nombre de pages, mais cela se lit facilement au retour du travail, entre deux stations de métro. Ce qui était le but de ces petits fascicules : procurer un moment de détente à moindre frais entre deux soucis.

Cette collection ainsi que la collection Haute Police, du même éditeur, furent alimentées principalement par Yves Dazergues sous ses différents pseudonymes, Serge Marèges, Paul Mystère, Steve Evans et même sous son véritable patronyme de Paul Bérato. Mais on retrouve également la signature de Max-André Dazergues sous différents alias.

A noter que la quatrième de couverture proposait le début du prochain roman à paraître. Pour ce numéro, il s’agit de La noblesse d’aimer de Max-André Dazergues justement.

 

Yves DERMEZE : Lucette et ses millions. Collection Amour et Charme N°17. Editions Diderot. Parution juillet 1945. 20 pages.

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