C’est contraire au principe du covoiturage !
En cinq ans, cinq disparitions de jeunes femmes ont été perpétrées dans la plaine de la Beauce, entre Chartres et Orléans. Seules des voitures vides marquent l’emplacement du délit. La gendarmerie patauge, au propre et au figuré, car les crimes ont été commis durant les mois d’hiver, sur de petites routes départementales entourées de champs de betteraves ou de céréales.
Comme souvent l’affaire échoit au commissaire divisionnaire Lediacre qui a déjà étudié le dossier. Il s’est même rendu à l’endroit où s’est produit l’un des derniers enlèvements, avec la capitaine Hélène Vermeulen, son adjointe. Ils s’installent avec un autre collaborateur, Pommerieux qui possède de nombreuses accointances parmi les informateurs, dans une petite brigade de gendarmerie, au grand dam de la maréchaussée locale.
Tous des cruchots comme les surnomme avec mépris Pommerieux. Seul trouvent grâce à leurs yeux le capitaine Treille et la jeune gendarmette Christine Herbin. Hélène se voit confier la mission de sillonner la campagne, à bord d’une voiture banalisée, portant perruque, afin d’attirer le chaland éventuel. Elle participe à une simulation de tentative d’enlèvement et les trois compères déduisent que l’agresseur, appelé par les médias Le Tueur de la Beauce, ne peut réaliser son rapt seul.
De même les enlèvements ayant toujours eut lieu durant l’hiver, il se pourrait que les ravisseurs seraient non seulement des gens du cru, mais des agriculteurs qui du haut de leur tracteur établiraient une sorte de repérage durant l’été.
Hélène va ainsi parcourir les routes départementales, réduisant peu à peu son rayon d’action. Un aller retour par jour, le matin et le soir, de nuit, aux mêmes heures et, entre deux farfouiller, les environs en compagnie de Lediacre et de Pommerieux, rencontrer des maires de petits villages, des autochtones.
Des soupçons se portent sur des communautés de gitans, mais la piste est vite abandonnée. Des gamins issus de l’immigration, d’origine maghrébine, tentent d’envoyer Hélène dans le bas côté de la route, mais ce n’était qu’un jeu de mauvais goût.
C’est au moment où elle s’y attend le moins qu’Hélène est agressée. Elle parvient à mettre ses assaillants en fuite mais ne peut délivrer que peu d’indices à Lediacre. Le soir même, en dormant, un fait surgit dans son esprit et elle est persuadée d’avoir déjà croisé un de ses agresseurs. La façon dont il est descendu du véhicule lui rappelle un débile travaillant avec son père dans une ferme. La même manière de sauter d’un tracteur. Elle fait part de son impression à Lediacre qui organise aussitôt l’arrestation des deux hommes par un peloton de gendarmerie.
Le commissaire Lediacre est un policier atypique, sachant qu’un jour les affaires non résolues par les forces officielles, policiers ou gendarmes, viendront échouer sur son bureau. Pour cela il prend les devants avec force repérages afin de ne pas être pris au dépourvu.
C’est un être courtois, calme, posé, pondéré, parfois rêveur, qui sait faire fonctionner ses petites cellules grises, et oblige ses partenaires à en faire autant. Il méprise ceux qui ne réfléchissent pas, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, et le leur fait sentir par des paroles acerbes tout en restant courtois.
Le narrateur de cette histoire est Hélène Vermeulen, qui peut donc parler de son patron en toute objectivité, même s’il la malmène parfois. Le lecteur se doute de l’identité de l’assassin, mais cette révélation n’est pas vraiment l’épilogue. L’important est de savoir pourquoi le meurtrier a agi ainsi et surtout comment Lediacre et ses collaborateurs vont dénicher les preuves qui leur manquent pour pouvoir l’inculper.
Un livre plaisant, mené rondement, avec un personnage d’enquêteur qui se démarque de ses congénères.
Réédition Pocket le 15 janvier 2009.
ISBN : 978-2265086487
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