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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 10:51
Carter BROWN : La tournée du patron

Si c'est gratuit, autant y aller tous...!

Carter BROWN : La tournée du patron

Au cours d'une soirée organisée par Moyra, l'avocat Marc Whitman fait la connaissance de sa meilleure amie Theresa Van Clune, fille d'un célèbre industriel pétrolier.

Celle-ci l'invite à son anniversaire et au cours de la petite sauterie, ils approfondissent leurs relations plus intimement. Parallèlement Big Joe, un truand, demande à plusieurs reprises à Whitman, qui refuse, de retrouver Waldo Malone libéré de prison depuis peu.

Van Clune reçoit un billet anonyme réclamant 200 000 dollars de rançon en échange de sa fille, billet stipulant que Whitman doit servir d'intermédiaire. L'avocat ne remet aux ravisseurs que le dixième de la somme, exigeant une preuve par laquelle Theresa est en vie et en bonne santé.

Dans la cabane où Theresa est détenue, Whitman reconnait en l'un des kidnappeurs le fameux Waldo. Mais surtout il se rend compte que cet enlèvement n'est qu'une mise en scène permettant à la jeune fille de ponctionner son père. Whitman indique où trouver Waldo, en échange Big Joe doit délivrer Theresa. Content du bon tour qu'il pense avoir joué, l'avocat retourne à la cabane pour n'y découvrir que le corps d'un comparse. La police intervient en la personne du Lieutenant Bryant qui n'est pas au courant de l'enlèvement.

Moyra relance Whitman et lui apprend que Theresa était en relations avec Waldo depuis plusieurs semaines et l'engage pour surveiller l'héritière. Sur ses indications, Whitman se rend au Styx Club, repère de Big Joe et Buno. Big Joe n'a trouvé à la cabane que le cadavre de Fats. Pensant que l'avocat connait la cachette de Waldo et Theresa, il lui fait subir le supplice de l'eau dans une version améliorée, l'alcool remplaçant l'inoffensif liquide.

Lors d'un nouveau rendez-vous, Whitman remet l'argent à Theresa et Waldo mais il est suivi par Big Joe qui s'empare de la rançon, avouant être le meurtrier de Fats. Il kidnappe Theresa et précise que celle-ci ne sera rendue qu'en échange de la concession Sorrienta, terrains pétrolifères dont Van Clune est propriétaire. Aussitôt les soupçons se portent sur Hilton, le rival en affaires de Van Clune.

Whitman découvre chez lui le cadavre de Waldo et nouvelle intervention du Lieutenant Bryant qui se contente de mettre en garde l'avocat sans procéder à une fouille de l'appartement. Après un intermède langoureux avec Moyra et une conversation avec Buno, entretien qui s'avère funeste pour celui-ci, Whitman retourne à la cabane, abat un ravisseur et délivre Theresa.

Nouvelle apparition de Bryant en compagnie de Big Joe. Bryant se démasque avouant être aux ordres d'un caïd. Whitman réussi à leur fausser compagnie et, quoique blessé, récupère Theresa. Il la reconduit chez son père qui s'apprêtait à remettre le dossier Siorrenta au Sénateur Bridges, désireux de servir comme médiateur auprès des ravisseurs.

 

Comme dans la plupart de ses romans, Carter Brown utilise l'humour trop souvent facile pour faire passer une intrigue un peu faible.

Cependant la causticité de Whitman et ses jeux de mots laids (comme disent les coureurs cyclistes) s'étiolent au fil du roman. La seconde partie du roman se lit avec plus de plaisir que la première.

Le whisky et le martini dry coulent à flot et pour ne pas déroger à ses principes, Carter Brown met en scène la Blonde, Theresa, la Rousse, Moyra, et la Brune, Jane, secrétaire de Hilton à qui Whitman ne peu s'empêcher de conter fleurette.

 

Un avocat qui se conduit comme un vulgaire privé de roman populaire, faut le voir pour le croire.

Curiosité :

A l'origine ce roman était signé Peter Carter Brown.

Carter BROWN : La tournée du patron

Carter BROWN : La tournée du patron (Stripper You've sinned - 1957. Traduction de Henri Collard). Série Noire N°615. Parution janvier 1961. 192 pages. Réédition Carré Noir N°101. Parution janvier 1973.

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14 avril 2015 2 14 /04 /avril /2015 13:07

S’il faut en croire l’auteur dans sa préface, chaque chapitre de ce court roman contiendra soixante-treize assassinats !

Paul FEVAL : La fabrique de crimes.

Evidemment, ceci n’est qu’une accroche propre à méduser, surprendre et estomaquer le futur lecteur. Car il ne faut pas oublier que les romans en ce XIXème siècle paraissaient en priorité en feuilletons, et Paul Féval savait que pour appâter le lecteur, le début se doit d’être assez mystérieux et surprenant. Aussi, l’écriture de la préface n’est pas confiée à un spécialiste, un confrère ou un critique littéraire, mais il se charge lui-même de la rédiger, annonçant la couleur :

Nous aurions pu, imitant de très loin l’immortel père de Don Quichotte, railler les goûts de notre temps, mais ayant beaucoup étudié cette intéressante déviation du caractère national, nous préférons les flatter.

C’est pourquoi, plein de confiance, nous proclamons dès le début de cette œuvre extraordinaire, qu’on n’ira pas plus loin désormais dans la voie du crime à bon marché.

 

Nous savons tous que les records sont faits pour être battus, et le bon Paul Féval s’il vivait aujourd’hui verrait ses cheveux se dresser sur sa tête s’il lisait certaines productions. Pourtant, toujours dans sa préface, ne seront pas comptés les vols, viols, substitutions d’enfants, faux en écriture privée ou authentique, détournements de mineures, effractions, escalades, abus de confiance, bris de serrures, fraudes, escroqueries, captations, vente à faux poids, ni même les attentats à la pudeur, ces différents crimes et délits se trouvant semés à pleines mais dans cette œuvre sans précédent, saisissante, repoussante, renversante, étourdissante, incisive, convulsive, véritable, incroyable, effroyable, monumentale, sépulcrale, audacieuse, furieuse et monstrueuse, en un mot Contre nature, après laquelle, rien n’étant plus possible, pas même la Putréfaction avancée, il faudra, Tirer l’échelle !

 

Mais avant d’aller plus loin dans cette mini étude, je vous propose de découvrir l’intrigue dans ces grandes lignes.

Dans la rue de Sévigné, trois hommes guettent dans la nuit la bâtisse qui leur fait face. Ce sont les trois Pieuvres mâles de l’impasse Guéménée. Ils ont pour crie de ralliement Messa, Sali, Lina, et pour mission de tuer les clients du docteur Fandango. L’un d’eux tient sous le bras un cercueil d’enfant. Un guetteur surveille les alentours, placé sur la Maison du Repris de Justice. Ils ont pour ennemis Castor, Pollux et Mustapha. Ce dernier met le feu à une voiture qui sert à transporter les vidanges des fosses dites d’aisance et derrière laquelle sont cachés les trois malandrins. Sous l’effet de la déflagration, les trois hommes sont propulsés dans les airs, mais le nombre des victimes de l’explosion se monte à soixante-treize. Le docteur Fandango s’est donné pour but de venger la mort d’une aristocrate infidèle, homicidée par son mari le comte de Rudelane-Carthagène. Les épisodes se suivent dans un rythme infernal, tous plus farfelus, baroques, insolites et épiques les uns que les autres. Tout autant dans la forme que dans le fond, dans l’ambiance, le décor, les faits et gestes des divers protagonistes.

Ce malfaiteur imita le cri de la pieuvre femelle, appelant ses petits dans les profondeurs de l’Océan. Avouez que ceci nous change agréablement de l’ululement de la chouette ou du hurlement du loup, habituellement utilisés par les guetteurs et par trop communs. Et puis dans les rues nocturnes parisiennes, au moins cela se confond avec les bruits divers qui peuvent se produire selon les circonstances.

 

Paul Féval ironise sur les feuilletonistes qui produisent à la chaîne, lui-même en tête. Derrière eux venait le nouveau mari de la jeune Grecque Olinda. Nous ne sommes pas parfaitement sûrs du nom que nous lui avons donné, ce doit être Faustin de Boistord ou quelque chose d’analogue. Il est vrai que parfois les auteurs se mélangeaient les crayons dans l’attribution des patronymes de leurs personnages, rectifiant après coup sous les injonctions des lecteurs fidèles, intransigeants et attentifs.

Le sensationnel est décrit comme s’il s’agissait de scènes ordinaires, mais qui relèvent du Grand Guignol : Bien entendu, les malheureuses ouvrières, composant l’atelier des Piqueuses de bottines réunies, avaient été foulées aux pieds et écrasées dès le premier moment ; elles étaient maintenant enfouies sous les cadavres à une très grande profondeur, car le résidu de la bataille s’élevait jusqu’au plafond et les nouveaux venus, pour s’entr’égorger, étaient obligés de se tenir à plat ventre… Le sang suintait comme la cuvée dans le pressoir.

 

Tout cela est décrit avec un humour féroce, débridé et en lisant ce livre, le lecteur ne pourra s’empêcher de penser aux facétieux Pierre Dac et Francis Blanche dans leur saga consacrée à Furax ou à Cami pour les aventures de Loufock-Holmès, ainsi qu’à Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain. A la différence près que Paul Féval fut un précurseur, et ces auteurs se sont peut-être inspirés, ou influencés, par cette Fabrique de crimes. Nous sommes bien loin de l’esprit du Bossu et autres œuvres genre Les Mystères de Londres, Alizia Pauli, Châteaupauvre, ou encore Les Habits Noirs, Les Couteaux d’or ou La Vampire. Quoi que…

Paul FEVAL : La fabrique de crimes. Editions SKA. version numérique. 3,99€.

(Précédente édition Collection Labyrinthes. 160 pages. Volume offert pour l'achat de trois ouvrages dans la collection Labyrinthes. Parution juin 2012).

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14 avril 2015 2 14 /04 /avril /2015 10:50
Erle Stanley GARDNER : Le témoin en colère

Trois nouvelles par le créateur de Perry Mason !

Erle Stanley GARDNER : Le témoin en colère

Le témoin en colère ( The case of the irate witness - 1953 ).

La chambre forte de la Jebson Commercial Company a été forcée durant la nuit et la paye bimensuelle des ouvriers, soit 100 000 dollars, a été dérobée. Perry Mason qui se rendait à une partie de pêche est amené à défendre le principal suspect à cause d'un policier qui interprète mal ses réponses à un contrôle routier. Corbin, outre le fait qu'il a un casier judiciaire, possède des billets provenant du vol. Bergal, directeur de la compagnie depuis un an, malgré les conseils et le rapport de Nesbitt le comptable n'a pas changé le coffre jugé désuet. Il a procédé à quelques améliorations, ajoutant une alarme et demandant à la banque livrant l'argent de la paye deux fois par mois de relever les numéros des billets de 20 dollars.

 

Une histoire courte qui met en valeur les talents de Mason sans s'encombrer de fioritures descriptives ou de dialogues oiseux.

 

La chasse au papillon ( The jeweled butterfly - 1952 ).

Secrétaire de direction d'une compagnie d'assurances et responsable des potins et cancans dans le journal de l'entreprise, Peggy Castle reçoit une missive anonyme l'informant que Don Kimberley, l'un des pontes du contentieux, a rendez-vous dans une boîte de nuit avec une employée, Stella Lynn, surnommée Miss Lolo. Stella ne vient pas et Don, inquiet, demande à Peggy de l'accompagner chez la jeune fille. Ils la découvrent morte, empoisonnée au cyanure avec posée sur une de ses jambes une broche représentant un papillon, broche faisant partie d'un lot de bijoux volés et assurés par la compagnie d'assurances. Peggy trouve des morceaux de verre dans le bac à douche et une pellicule photo parmi les affaires de bureau de Stella. Elle demande à Don de la faire développer chez lui. C'est le moment choisi par l'inspecteur Nelson de faire son entrée en compagnie de Fran Bushnell qui déclare avoir connu Stella en même temps que Peter son mari et d'un autre homme Bill Everett. L'un des flacons de son labo contenant du cyanure, Don est arrêté au grand dam de Peggy qui se promet de l'innocenter. Stella était enceinte et grâce au talent de déduction de son oncle Bénédict et aux photos développées, Peggy retrouve la trace de son amant qui n'est autre que Peter Bushnell. Celui-ci avoue même s'être marié avec Stella au Mexique, mais selon Fran le divorce n'aurait pas été prononcé.

 

Une histoire un peu tirée par les cheveux et qui met en scène un personnage assez sympathique malgré ses antécédents. L'oncle Bénédict en effet est un ancien bonimenteur, charlatan, et escroc à ses heures. Il philosophe volontiers sur la femme, et pour lui il n'en existe que deux sortes, incompatibles entre elles: les séductrices et les intelligentes. Peggy démontrera qu'elle est l'une et l'autre en même temps.

 

Une femme, expliqua Peggy, remarque naturellement certains détails qui échapperaient à un homme. (page 130).

Cherchez la dépouille (The vanishing corpse - 1931, revu en 1959).

Au cours de sa tournée de surveillance sur la partie du port qui lui est dévolue, l'agent O'Hara entend un cri et aperçoit la silhouette d'un fuyard. Il s'élance et est aidé dans sa poursuite par Sidney Zoom, dilettante habitant un bateau, et son chien policier qui accule le quidam. La, plutôt, car il s'agit d'une jeune femme en possession d'un revolver dont deux balles ont été tirées. Le sac à main de Mildred, nièce du collectionneur excentrique Stanwood, contient entre autre un diamant. La maisonnée du collectionneur est composée de Wetler, le secrétaire, de Shinahara, le domestique japonais, de Rabb, un assistant et de Buntler, un vieil ami. Le bureau de Stanwood a été dévasté, une mare de sang s'étale sur la table mais le maître des lieux a disparu, laissant un testament léguant la moitié de sa fortune à sa nièce, le reste à la maisonnée, et un message selon lequel on l'aurait drogué et enlevé. Bostwich, un ami de Stanwood, qui revient d'une croisière maritime, prétend l'avoir vu assassiné à l'aide d'une dague, dans sa voiture fermée à clé, sur une jetée. Arrivés sur place les policiers découvrent une voiture vide. Une semaine plus tard le corps est découvert dans une décharge, une balle dans l'épaule, et tué à l'arme blanche. Zoom, qui aime aider son ami le lieutenant Mahoney, ne croit pas en la culpabilité de Mildred mais soupçonne l'un des familiers de Stanwood. Il suppute que le cadavre dans la voiture n'était qu'un mannequin de cire..

 

Une fois de plus Erle Stanley Gardner s'amuse à dévoiler l'identité du coupable comme le prestidigitateur sort le lapin de son chapeau. Les explications sont habiles mais aucune piste ne permet au lecteur de résoudre l'énigme par lui-même.

Erle Stanley GARDNER : Le témoin en colère. Recueil de trois nouvelles traduites par S. Hilling. Série Noire N°1604. Parution juillet 1973. 192 pages.

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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 12:12

Le faon et l'enfant.

Daniel CARIO : Petite Korrig.

Abandonnée à sa naissance par son père, c'est Francine, sa mère, qui va l'élever toute seule. Mais ce ne sera pas tous les jours facile.

Car Violette n'est pas tout à fait comme les autres enfants du Faouët. Et comme tous ceux qui possède une particularité physique, elle est la cible et la risée de ceux qui ne souffrent pas d'anomalies. C'est une naine !

Elle a été surnommé Korrig, qui signifie lutin, naine, petite, par sa mère et cela lui est resté. Korrig fréquente jeune l'école sous l'impulsion de la maîtresse d'école, et comme elle possède déjà des rudiments, notamment en lecture, elle devient rapidement la meilleure élève. Et quand on est meilleur que les autres et qu'on est handicapé, on se retrouve vite la tête de Turc de certains élèves et de leurs parents.

Elle accompagne sa mère au lavoir, mais trop petite avec des bras trop courts, elle ne peut pas l'aider comme lavandière. Pourtant elle est tenace, courageuse, pugnace. Francine, afin de mettre du beurre sur les crêpes, travaille aussi le soir et même la nuit. Elle repasse, amidonne, répare des coiffes de dentelles du pays d'Aven. Korrig, puisqu'elle ne peut aider sa mère au lavoir va prendre sa succession dans ce travail minutieux. Et elle excelle au plus grand plaisir des clientes. Jusqu'au jour où accaparée ailleurs elle oublie le fer sur une coiffe. Pas de panique, elle va en confectionner une qui sera semblable, mais en mieux, à celle qui a subi les assauts du fer.

Un faon égaré se réfugie dans le jardin de leur chaumière et la mère et la fille nourrissent au biberon le futur cervidé. L'appel de la forêt bientôt se fait sentir, mais Mabig, ainsi qu'elles ont appelé l'animal, revient de temps à autre pour une visite amicale. Elle ne le savent pas encore, mais Mabig sera à l'origine des malheurs de Korrig. Nous n'en sommes pas encore là, le temps s'écoule, tout irait pour le mieux si Francine n'avait eu une altercation avec l'une des lavandières. Elle tombe à l'eau, prend froid et décède.

Korrig se retrouve seule, mais elle est courageuse et à dix-sept ans elle a tout l'avenir devant elle. Elle a décroché son certificat d'études, haut la main, avec un an d'avance, quelques années auparavant, ce qui a bouché le bec à bien des commères et attisé encore plus les jalousies, mais ce diplôme ne lui sert à rien dans son métier de fabricante de coiffes à domicile.

Mabig vient la voir de temps à autre mais ce jour-là le chevreuil est traqué par des chasseurs accompagnés de chiens, hargneux comme il se doit. Mabig se réfugie chez Korrig qui le cache mais les chasseurs émoustillés à la vue de la naine, et bien chargés d'alcool changent leur fusil d'épaule. Ils sont quatre, trois vont la tenir, les jupes sur la tête, et le quatrième se conduit comme une bête en rut. Un événement qui va se décliner par une double conséquence, mais Korrig ne livrera qu'une moitié de son secret. Elle n'a pas vu le visage de son agresseur.

 

Quelques semaines plus tard, Korrig ne peut que constater les dégâts : elle est enceinte. Et dans le bourg, ça jase. Korrig se tait, laissant les commères extrapoler sur l'identité du père. Commères qui vont rabattre leur caquet plus tard, lorsque l'enfant naitra.

Korrig n'a pas cherché à avorter, et elle met au monde Justin seule. Justin qui est bien portant, mange comme deux, et n'est pas atteint de nanisme comme sa mère. Justin, dont le prénom a été donné par confusion, mais il lui va bien. Enfin presque. Le secret de Korrig réside justement en Justin, mais jusqu'à sa mort, elle le gardera en elle. Et Justin n'apprendra le nom de son père que plus tard, beaucoup plus tard, à l'occasion d'une noce de mariage.

 

La mutation de la Bretagne s'étale tout au long du début du XXe siècle avec la naissance de Korrig en 1900, son enfance, son adolescence, son viol et la naissance de Justin en 1920 et le dénouement durant les années de la Seconde Guerre Mondiale.

Mais outre cette mutation, cette transformation qui se décline socialement avec les progrès et les techniques nouvelles, c'est l'antagonisme entre les citadins et les ruraux qui est analysée. Des citadins arrogants, les chasseurs notamment venus de Lorient, imbus de leurs prérogatives, des notables pour la plupart, qui prennent les ruraux pour des arriérés. Et les ruraux matois ne s'en laissent pas compter, se moquant de ces citadins qui sont tournés résolument vers le modernisme en bradant les traditions. L'incompréhension et les difficultés d'établir un dialogue, chaque groupe s'enfermant dans ses certitudes.

De petites joies, de bonheurs fugaces, en drames et mélodrames, la vie de Korrig et celle de Justin, juste un, défilent au Faouët et ses environs, dans les bois, la chaumière natale convoitée par une Parisienne héritière, les voisins, la petite Violette qui porte le même prénom que Korrig, une muette qui a l'âge de Justin et est nantie d'un père ivrogne, Juliette, la fille du boulanger dont les premiers émois amoureux dépassent Justin, et bien d'autres événements qui se télescopent dont une nouvelle fois l'arrivée impromptue de Mabig pourchassé encore une fois par des chasseurs.

 

On ne peut s'empêcher en lisant ce roman de penser à des auteurs qui ont décrit l'âpreté de la vie rurale et les secrets qui entourent des familles, secrets jalousement gardés à cause des conséquences que cela pourrait entraîner sur la vie même de ces familles, mais aussi par orgueil et honte. Alors comparer Daniel Cario à Emile Zola, Hector Malot, Xavier de Montépin, pour des scènes dures, violentes, représentatives de l'âme humaine, une certaine forme de misérabilisme également, et plus près de nous à Hervé Jaouen, ou chez les Américains, Ron Rash, John Steinbeck ou d'autres, cela serait malvenu, car l'auteur possède sa propre identité, son talent de conteur et de raconteur, mais il peut être placé sur le même piédestal.

Il sait émouvoir le lecteur avec des personnages attachants. Aujourd'hui Korrig ne se conduirait peut-être pas comme elle l'a fait en ce début de vingtième siècle, mais demeurent les jalousies, la méchanceté, la bêtise de villageois, mais ceci pue être également porté au crédit des citadins et des banlieusards, qui n'ont de cesse de dénigrer ceux qui ne vivent pas comme eux. Korrig restera une figure marquante par son abnégation et sa dignité dans les épreuves.

Daniel CARIO : Petite Korrig. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution le 19 mars 2015. 480 pages. 20,00€.

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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 08:07
Raf VALLET : Adieu poulet.

Mais n'est-ce qu'un au revoir ?

Raf VALLET : Adieu poulet.

Commissaire de police n'ayant pas froid aux yeux, Vergeat dérange les notables du coin et les ex-gauchistes établis en néo-bourgeois.

Sur lui plane une sombre machination de prévarication dont Madame Claude, proxénète, se fait l'écho. Il aurait touché des pots de vin, ce dont il se défend. Il décide de renvoyer la balle à ses détracteurs et avec l'aide, parfois forcée, d'Alget, un truand qui lui doit beaucoup, de Maurat, un de ses inspecteurs, et de Sylvaine, sa maîtresse, il organise la parade.

Il possède des documents qu'il a consciencieusement accumulés au cours de ses enquêtes et de ses passages dans les différents services de police. Mais il lui faut aussi de l'argent. Aussi il propose à Alget d'effectuer un hold-up dans un centre de tri postal et de partager l'argent, et lui suggère également de supprimer quelques indicateurs dont Donnet le garagiste. Ce qui ne l'empêche pas de se consacrer avec bonheur à son métier de flic et d'arrêter des truands en cavale, même si un petit juge lui mène la vie dure.

Les gêneurs ou indicateurs éliminés, Alget recrute pour la deuxième phase, le braquage, Venturi, un malfrat qui ignore que son nouvel employeur est à l'origine du décès de son frère. Vergeat assure ses arrières en s'attaquant aux édiles, ou tout du moins en leur faisant comprendre qu'il possède un moyen de pression à leur encontre. Ainsi il demande à Lardatte, l'adjoint au maire, de lui prêter le cas échéant un avion en échange de quelques papiers compromettants. Il contacte également un syndicaliste CGT et lui fait comprendre qu'il a tout à gagner et rien à perdre à faciliter la tentative de hold-up. Grâce à l'amabilité d'un flic vénézuélien qui lui doit la vie, il est en possession de faux passeports.

Un petit juge l'inculpe et l'incarcère, et Alget en profite pour proposer à Venturi sa part.

 

Vergeat se vengeait de tous ceux qui abîmaient l'image qu'il se faisait jadis de la société. Le complexe du bon shérif (page 195). Vergeat est un flic qui devient pourri par réaction devant les événements et parce que l'on tente de lui faire porter le chapeau. Ecœuré tout autant par les hommes qui se disent honnêtes et que par ceux qui renient leurs convictions, il s'érige en redresseur de tort. "Les voyous sont partout même dans l'Etat."(Page 204). Raf Vallet se révèle prodigue en axiomes de cet acabit et parfois l'on arrive à se demander si le roman n'est pas prétexte à citations quoique sous l'humour on sent la colère sourde d'un homme exaspéré par les turpitudes des hommes politiques. Si un policier décide de semer la pagaille dans une ville, personne n'est mieux armé que lui (page 230).

Dans le genre Je t'aime moi non plus, Raf Vallet propose des romans aux relents anarchistes. Concurrent dans le style néo-polar institué par Manchette et ADG, il prend pour héros un flic et s'amuse à jeter le trouble sur les représentants de cette corporation. Tout en lui donnant les traits d'un vengeur masqué il le dépeint comme un magouilleur maître chanteur.

Il y a maintenant deux sortes de policiers : ceux qui font de la politique et ceux qui n'en font pas.

Raf VALLET : Adieu poulet.

Curiosités :

Ce roman inaugurait la nouvelle collection Super Noire, petite sœur de la Série Noire, et a obtenu le Prix Mystère de la Critique 1975. Il a été porté à l'écran en 1975 par Pierre Granier-Deferre, avec dans les rôles principaux : Lino Ventura, Patrick Dewaere, Victor Lanoux, Julien Guiomar, Françoise Brion...

A noter que Vergeat est également un agent des RG dans la série du Poulpe.

Raf VALLET : Adieu poulet.

Raf VALLET : Adieu poulet. Super Noire N°1 - Parution juillet 1974. 256 pages. Réédition Carré Noir N°219. Février 1976.

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 15:27

Bon anniversaire à Achille F. Ngoye né le 12 avril 1944.

Achille F. NGOYE : Yaba Terminus.

Yaba Terminus, c’est le nom de la longue nouvelle qui donne son titre à ce recueil de nouvelles. C’est aussi un hôtel minable situé dans un quartier déshérité de Lagos, l’ancienne capitale du Nigéria.

Dans cette “ résidence ” pour réfugiés, pour immigrants congolais. Midy pensait pouvoir, avec l’argent récupéré sur le dos de sa parentèle, un lopin de terre vendu pour quelques dollars, partir en Europe, comme bon nombre de ses voisins.

Mais c’est sans compter sur les mauvaises surprises, meurtres, mensonges, trafics et désirs en tous genres.

Au sommaire 10 nouvelles toutes plus noires les unes que les autres, écrites avec un humour féroce, caustique, par un auteur qui pose aussi bien son décor sans complaisance pour décrire les misères subies par ses compatriotes, ou les Africains en général, que ce soit en Afrique ou en banlieue parisienne.

D’Achille F. Ngoye, on connaissait déjà Agence Black Bafoussa et Sorcellerie à bout portant, parus à la Série Noire. Il démontre ici dans ses nouvelles sa force d’écriture dans la peinture sociale d’une époque charnière, qui n’est plus le colonialisme tout en l’étant encore sous une autre forme.

Achille F. NGOYE : Yaba Terminus. Collection Serpent Noir N°9. Editions Serpent à Plumes. Parution 1999. 182 pages.

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 15:18

Bon anniversaire à Achille Ngoye né le 12 avril 1944.

Achille F. NGOYE : un portrait-entretien.

Achille Ngoye est né le 12 avril 1944 au Zaïre, dans une cité minière du Haut-Katanga, près de Likasi, d’une famille nombreuse et catholique fervente.

Après des études chez les Bénédictins et les Jésuites, Achille Ngoye se lance dans le journalisme travaillant à l’hebdomadaire Afrique Chrétienne, de 1966 à 1969 et crée parallèlement une revue de bandes dessinées “ Jeunes pour Jeunes (1968) et “ Likembé ” revue musicale.

Il devient chroniqueur, domaine musical, de “ Salongo ” de 1972 à 1982, année où il part pour Paris où il est pigiste et travaille régulièrement pour le magazine “ Actuel ”, le mensuel “ Afrique-Elite ”, assure des pages culturelles à Libération, participe à l’émission Découvertes de Radio-France Internationale. Il est également assistant au mensuel Latitudes ou encore rédacteur au département audiovisuel du service d’information et de diffusion du Premier Ministre (Janvier 1986 à Janvier 1991). Il participe à la rédaction du guide Afrique à Paris (éditions Rochevignes – 1984) à l’almanach Banlieue du mensuel Actuel en 1985, à la réalisation du film Black Mic Mac de Thomas Gilou toujours en 1985, à la rédaction de deux éditions du guide Sans Visa (1991 et 1995) des musiques vivantes de l’espace francophone (Ass. Zone franche), à l’officiel 93 (ex Officiel du Rock, Centre d’information du rock et des variétés, 1992), enfin à La voiture est dans la pirogue, nouvelles d’un collectif d’auteurs pour la revue Encres Vagabondes (2000).

 

Sa bibliographie se compose notamment de Kin-la-Joie Kin-la-Folie aux éditions de L’Harmattan (collection Encres Noires - 1993), de deux Séries Noires : Agence Black Bafoussa (1996) et Sorcellerie à bout portant (1998) et de Yaba Terminus aux éditions du Serpent à Plumes (1999). Sont en préparation Ballet noir à Château Rouge (Série Noire) et Treich Abobo, un recueil de nouvelles pour Le Serpent à Plumes dans la collection Serpent Noir.

Mais cette présentation ne serait pas complète sans les réponses aux quelques questions désordonnées posées par un amateur en fringale.

 

Pourquoi écrire des romans noirs ?

Primo : dans la littérature africaine, c’est un créneau inexploité, d’où son irruption – calculée – dans ce domaine. Deusio : c’est un genre plus ou moins léger. Par le coût abordable de sa production, il permet d’atteindre un public assez large et de passer des messages, sans pour autant mettre des gants comme dans le roman classique. Tertio : la vie n’est pas aussi rose qu’on a tendance à la présenter. (notes du scripteur impertinent : Ah bon, parce qu’il faut calculer maintenant les irruptions et se demander si elles sont cutanées ou pas ? Et pas d’accord sur le coût abordable puisque la plupart des maisons d’éditions préfèrent se lancer dans le grand format en abandonnant progressivement le format style poche moins cher pour l’acheteur, mais moins rentable apparemment pour les éditeurs. Quid du lecteur ?)

 

Quelle est la littérature qui se rapproche de votre sensibilité ?

Le roman historique et le roman policier (Note du scripteur toujours aussi impertinent : ouf, on a eu chaud. Et si le policier n’était pas sa littérature de prédilection, que ferait l’auteur de rompols ?)

 

Ecrivez-vous par désir de montrer une autre facette de l’Afrique que celle décrite par les médias ?

Oui. Cfr première question à tertio. (Note du rédacteur : cela ressemble furieusement à un questionnaire en boucle genre jeu de passer par la case départ sans toucher les vingt mile $)

 

Où puisez-vous vos histoires ?

Je ne me casse pas la tête à imaginer des trames complexes. Mes histoires sont vécues, puisées autour de moi ou dans ma communauté. (Note du scripteur désabusé : A question passe-partout, réponse passe-partout. Bien fait pour le scripteur ).

 

Ecrivant en France, voyez vous l’Afrique avec le cœur, les entrailles, en avez vous une image fidèle et non idéalisée ?

Je ne suis pas un rêveur. Ni un poète. L’Afrique, je la prend telle qu’elle est, avec ses tares et ses problèmes, et les traite crûment, sans états d’âme, laissant au lecteur le soin d’apprécier. Mon regard sur l’Afrique n’a pas changé parce que je suis en France. Au contraire, la distance (le recul) me permet d’être encore plus lucide, d’autant que je ne vis pas les pressions (surtout morales) ni ne me laisse attendrir par la susceptibilité des miens. Comme Woody Allen avec les Juifs, je crois qu’une bonne critique se fait à l’intérieur même de la communauté. (Note du scripteur rassuré : il fallait poser la bonne question pour que l’auteur s’épanche. La suite sera-t-elle aussi intéressante ?)

 

Pensez-vous qu’un écrivain, lorsqu’il met le doigt où ça démange, peut changer l’ordre des choses ?

Changer, non, mais influer. Sur la perception et les réactions futures du lecteur. Mes écrits sont ethnologiques. Je décris la face cachée, ou plutôt non connue, des miens afin de permettre aux gens de l’extérieur de mieux les connaître. (Note du scripteur de plus en plus intéressé : justement le roman noir moderne a été inventé pour extérioriser ce que chacun, les hommes politiques en général mais aussi les petites gens, ressentent en face d’une inconnue qui lorsqu’elle apparaît au grand jour s’appelle racisme, ségrégationnisme, corruption, prévarication, et autres joyeusetés.)

 

Ecrivez-vous pour vous faire plaisir ou êtes-vous un témoin de votre époque ?

Les deux. Même si, pour "bien écrire, je peine au point de me demander pourquoi je me fais souffrir". (Note du scripteur qui devrait aller voir son dentiste : c’est comme lorsque le trou dans la molaire ressemble de plus en plus à un garde-manger qu’on l’explore, quitte à rester sur sa faim).

 

Jetez-vous un regard dénué d’à priori sur ce qui se passe dans les banlieues ou en Afrique ?

J’habite la grande banlieue et suis d’origine africaine, donc… L’objectivité veut que l’on soit honnête avec soi-même quand on doit rendre compte. Les a priori faussent les regards, par conséquent, la prise de vue. (Note du… : Aurais-je dû poser ce genre de question ?)

 

Quelles sont vos passions ?

Je fais plein de choses, mais n’ai pas de passions particulières. Peut-être ce que je fais en ce moment. Ecrire. Mais est-ce une passion quand on écrit depuis longtemps ? (Ultime note : écrire en ce moment ? Est-ce à dire répondre à mes questions plus ou moins tirées par les cheveux, ou ciseler la mouture du dernier roman ? Peut-être aussi que la passion s’émousse avec le temps !).

 

Le scripteur caustique s’excuse auprès de Achille Ngoye et pour se faire pardonner vous propose de vous replonger dans Yaba Terminus, Collection Serpent Noir N°9, éditions Serpent à Plumes.

Entretien réalisé en 1999.

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 11:11
Cleve Franklin ADAMS : L'arme à gauche

et Larme à l'œil ?

Cleve Franklin ADAMS : L'arme à gauche

La débauche, le vice règnent sur la ville. William Rock, à qui Mac Leod le district attorney accorde une confiance sans borne, est chargé par celui-ci d'effectuer une épuration.

Pat Corrigan, journaliste et beau-frère de William, et O'Melveny, directeur du Journal, ne sont pas étrangers à cette incitation à l'épuration.

Rock obtient par papier interposé un rendez-vous avec Laura, l'une des danseuses du Frolic's, boîte de strip-tease et de variétés minables. Hélas Rock arrive trop tard, Laura a été assassinée et il est arrêté par des policiers indisposés envers son patron.

Bill Rock, qui ne veut rien devoir à son patron Mac Leod, s'évade tout en continuant son enquête. Une cavale pour la bonne cause, mais tout s'effrite sous ses pieds. Le meurtre de Mullins, le patron du Frolic's, lui est imputé.

Karen, la secrétaire de Mac Leod, dont la naissance est entourée de mystère, Gerry, sa propre sœur, Pat Corrigan sont tout à tour impliqués dans cette enquête. Comme amis ou ennemis ? Comme partenaires ou adversaires ?

Les imbrications entre le vice et la vertu sont nombreuses, souvent en surface, mais Rock est un impulsif qui réfléchit après avoir agi. Une façon de procéder qui lui vaut non seulement des inimitiés mais également de nombreuses occasions de se fourvoyer, mettant les innocents et les coupables dans le même panier.

 

L'arme à gauche est un roman sans prétention. Il met en avant le problème souvent évoqué de la guerre sourde des polices : entre la Criminelle, les Mœurs, et le district attorney, c'est un peu à qui tirera à soi les couvertures.

Cependant le personnage de Rock est attachant. Il fonce dans le brouillard, il effectue des déductions hâtives, mais il reste fidèle à sa ligne de conduite, à son idéal :l'honnêteté. Des plus les scènes décrites par Cleve F. Adams sont très visuelles, très cinématographiques, bourrées d'humour.

 


... une jambe sans bas, c'est comme du champagne éventé.

Curiosité :

Dernier roman de Cleve F. Adams paru dans la Série Noire, L'arme à gauche a été édité aux Etats-Unis sous le nom de Franklin CHARLES, un pseudonyme sous lequel se cachaient Cleve F. Adams et Robert Leslie Bellen.

Ce roman n'a aucun lien avec le film éponyme de Claude Sautet sorti en 1965, avec Lino Ventura, et qui est l'adaptation d'un roman de Charles Williams.

 

Cleve Franklin ADAMS : L'arme à gauche (The vice czar murder - 1941. Traduction de J. G. Marquet). Sérine Noire N°154. Parution mars 1953. 254 pages.

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11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 09:48
Mark SADLER : Je te plumerai...

Alouette, gentille alouette...

Mark SADLER : Je te plumerai...

Joanna Cardle, la fille du trésorier de l'équipe municipale de Derry City (New-Jersey) fait appel à Paul Shaw afin de réhabiliter son père accusé cinq ans auparavant de prévarication.

Le soir de l'arrivée de Shaw, la jeune fille ne se présente pas au rendez-vous convenu, et le détective découvre le cadavre de David Tromp, fils de l'ancien maire et fiancé de Joanna. Tout accuse Joanna d'être la meurtrière. La nouvelle équipe municipale, composée de Byron Cole, homme de paille de Victor Gasset, gros entrepreneur de la région et propriétaire de nombreux night-clubs, et d'Alex Kirov, ne semble guère plus honnête.

Le Professeur Hallberg, désigné comme procureur, a l'intention de se présenter aux prochaines élections afin de faire le ménage, s'érigeant comme un candidat providentiel et probe. Sa secrétaire, Sheila, la fille de Thomas Burke qui faisait partie de l'ancienne municipalité et avait dénoncé ses amis sous la torture, désire que la mort de David Tromp, qui lui faisait la cour, soit élucidée ainsi que le meurtre de son frère survenu lors de l'éclatement de l'affaire de corruption.

Joanna possède un document accablant Cole, mais le document s'avère être un faux. Alex Kirov s'est marié avec la veuve de l'ex-maire et ne pense qu'à se propulser au premier rang. Shaw est enlevé par Minger et Dimitri frère d'Alex, des anciens du Vietnam, mais les deux hommes ne font aucun mal au détective. Engagé pour défendre la mémoire d'un édile, Shaw se retrouve avec deux meurtres sur les bras et il se sent manipulé dans imbroglio politique et familial.

Tout ce petit monde ne pense qu'à trahir afin de prendre les rênes du .pouvoir. Alex mène sa barque contre Cole et Gasset, aidé en cela par Casey Meade, homme de main et confident de l'entrepreneur. Hallberg est soumis à un chantage et Sarkel , un petit truand propose ses services à Shaw en échange de sa protection. Il a caché chez la mère des Kirov un film amateur montrant le procureur au cours d'ébats amoureux. Le film aurait été tourné à l'insu de celui-ci à moins qu'il ne fut contraint d'y participer en compagnie de sa femme, elle-même maîtresse d'Alex.

La mère des Kirov et Sarkel sont abattus en sortant de l'immeuble et Shaw ne doit la vie sauve qu'à sa présence d'esprit.

 

L'intrigue trop complexe, trop alambiquée de ce roman lui ôte l'essence même de son propos et le lecteur perdu au milieu de ce dédale de trahisons politiques ou sentimentales a du mal à suivre le déroulement des évènements.

A se demander si Sadler ne s'est pas mélangé un temps les stylos, se rétablissant sur une pirouette. A tel point que Joanna Cardle n'est plus si catégorique dans ses dénégations concernant le meurtre de son fiancé.

L'idée de départ était bonne mais à trop vouloir jouer la complexité, Sadler s'embrouille et l'épilogue n'est peut-être pas celui auquel il pensait lors de l'élaboration de son roman. Toutefois quelques personnages attachants apparaissent au cours de ce roman pour disparaître peu après. Ainsi Sadie Kirov avec laquelle Shaw aura une aventure éphémère. Quant à Maureen, elle aide un fois de plus son mari de détective, malgré sa répugnance et ses occupations cinématographiques.

 

Au Vietnam, j'ai appris qu'il n'y a pas une seule guerre, il y a plusieurs guerres particulières. Chacun a la sienne. Pour survivre, il faut mener sa propre guerre.

 

Curiosité :

Mark Sadler est l'un des pseudonymes de Dennis Lynd qui signa également Michael Collins, William Arden, John Crow ou encore Maxwell Grant. Ainsi que des ouvrages sous le nom maison de Nick Carter et des romans destinés pour les adolescents publiés en Bibliothèque Verte sous le nom générique d'Alfred Hitchock.

Mark SADLER : Je te plumerai... (Mirror image - 1972. Traduction de Philippe Marnhac). Série Noire N°1592. Parution juin 1973. 256 pages.

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10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 16:15

Bon anniversaire à Lalie Walker née le 10 avril 1964.

Lalie WALKER : Pour toutes les fois.

Il pourrait s’agir d’une banale histoire de tueur en série mais le propos va plus loin, avec la décortication d’une famille bourgeoise provinciale et des autres personnages gravitant autour d’une dynastie en déliquescence.

Laure est psychologue travaillant sur les rêves. Elle a effectué des études aux Etats-Unis et est revenue à Caen avec dans ses bagages une machine expérimentale. Tous les vendredis soirs elle dîne en compagnie de ses parents et de ses deux frères et sœurs. Une réunion qui invariablement est ponctuée de propos aigre-doux avec ses parents. Quant aux jumeaux, ils sont en proie à des comportements psychotiques. Seul trouve grâce à ses yeux son oncle Michel, lequel est découvert assassiné.

Jeanne est inspecteur de police, assistée de quelques éléments qui, tout comme elle, recèlent des cadavres dans leurs placards intimes. Pendant ce temps un tueur en série, obsédé par des femmes aux yeux verts et des voix dans sa tête qui lui ordonnent de tuer, perpètre des meurtres sur de parfaites inconnues dans leur appartement. Il a toutefois une manie, celle de laisser les endroits propres derrière lui, ce qui constitue une énigme aux yeux des policiers.

 

Un roman envoûtant, proche d’un univers de science fiction, dont l’intérêt réside plus dans la description des personnages et surtout de leurs comportements, de leur passé, de leurs antécédents, que dans la résolution des énigmes (le meurtre de l’oncle Michel et l’identité du tueur en série), énigmes qui ne sont que des faire-valoir, de qualité certes, d’une introspection dans la classe bourgeoise d’une grosse ville de province tiraillée entre urbanisme moderne et ruralité profonde.

Avec en point de crête des participants incongrus mais qui ont leur place dans la mise en scène tels que les Jinx, groupe nocturne de rollers, ou des Rédempteurs qui sillonnent la France et dont le mot d’ordre est “ Mort aux exploiteurs ”. Tout un programme.

 

Lalie WALKER : Pour toutes les fois.

 

Lalie WALKER : Pour toutes les fois. Collection Hors Noir 28. Editions Hors Commerce. Parution octobre 2001.

Réédition Folio Policier. Parution avril 2005. 416 pages.

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