Mais n'est-ce qu'un au revoir ?
Commissaire de police n'ayant pas froid aux yeux, Vergeat dérange les notables du coin et les ex-gauchistes établis en néo-bourgeois.
Sur lui plane une sombre machination de prévarication dont Madame Claude, proxénète, se fait l'écho. Il aurait touché des pots de vin, ce dont il se défend. Il décide de renvoyer la balle à ses détracteurs et avec l'aide, parfois forcée, d'Alget, un truand qui lui doit beaucoup, de Maurat, un de ses inspecteurs, et de Sylvaine, sa maîtresse, il organise la parade.
Il possède des documents qu'il a consciencieusement accumulés au cours de ses enquêtes et de ses passages dans les différents services de police. Mais il lui faut aussi de l'argent. Aussi il propose à Alget d'effectuer un hold-up dans un centre de tri postal et de partager l'argent, et lui suggère également de supprimer quelques indicateurs dont Donnet le garagiste. Ce qui ne l'empêche pas de se consacrer avec bonheur à son métier de flic et d'arrêter des truands en cavale, même si un petit juge lui mène la vie dure.
Les gêneurs ou indicateurs éliminés, Alget recrute pour la deuxième phase, le braquage, Venturi, un malfrat qui ignore que son nouvel employeur est à l'origine du décès de son frère. Vergeat assure ses arrières en s'attaquant aux édiles, ou tout du moins en leur faisant comprendre qu'il possède un moyen de pression à leur encontre. Ainsi il demande à Lardatte, l'adjoint au maire, de lui prêter le cas échéant un avion en échange de quelques papiers compromettants. Il contacte également un syndicaliste CGT et lui fait comprendre qu'il a tout à gagner et rien à perdre à faciliter la tentative de hold-up. Grâce à l'amabilité d'un flic vénézuélien qui lui doit la vie, il est en possession de faux passeports.
Un petit juge l'inculpe et l'incarcère, et Alget en profite pour proposer à Venturi sa part.
Vergeat se vengeait de tous ceux qui abîmaient l'image qu'il se faisait jadis de la société. Le complexe du bon shérif (page 195). Vergeat est un flic qui devient pourri par réaction devant les événements et parce que l'on tente de lui faire porter le chapeau. Ecœuré tout autant par les hommes qui se disent honnêtes et que par ceux qui renient leurs convictions, il s'érige en redresseur de tort. "Les voyous sont partout même dans l'Etat."(Page 204). Raf Vallet se révèle prodigue en axiomes de cet acabit et parfois l'on arrive à se demander si le roman n'est pas prétexte à citations quoique sous l'humour on sent la colère sourde d'un homme exaspéré par les turpitudes des hommes politiques. Si un policier décide de semer la pagaille dans une ville, personne n'est mieux armé que lui (page 230).
Dans le genre Je t'aime moi non plus, Raf Vallet propose des romans aux relents anarchistes. Concurrent dans le style néo-polar institué par Manchette et ADG, il prend pour héros un flic et s'amuse à jeter le trouble sur les représentants de cette corporation. Tout en lui donnant les traits d'un vengeur masqué il le dépeint comme un magouilleur maître chanteur.
Il y a maintenant deux sortes de policiers : ceux qui font de la politique et ceux qui n'en font pas.
Curiosités :
Ce roman inaugurait la nouvelle collection Super Noire, petite sœur de la Série Noire, et a obtenu le Prix Mystère de la Critique 1975. Il a été porté à l'écran en 1975 par Pierre Granier-Deferre, avec dans les rôles principaux : Lino Ventura, Patrick Dewaere, Victor Lanoux, Julien Guiomar, Françoise Brion...
A noter que Vergeat est également un agent des RG dans la série du Poulpe.
Raf VALLET : Mort d'un pourri. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Mais ils ne sont pas tous morts... Député dont le principal souci est d'être un jour nommé ministre, Philippe Dubay tue Serrano, agent électoral, gros entrepreneur d'origine italienne qui doit...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2015/04/raf-vallet-mort-d-un-pourri.html
Raf VALLET : Adieu poulet. Super Noire N°1 - Parution juillet 1974. 256 pages. Réédition Carré Noir N°219. Février 1976.