Athées moi d'un doute...
Lorsque les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et Israël se coalisent pour décréter que les non-pratiquants d'une religion monothéiste seraient désignés à la vindicte des religieux, prônant que seule la Foi dominerait le monde, remplaçant les gouvernements laïques, voici ce que cela pourrait donner.
Et les mécréants, les athées, partent en masse, s'enfuient en de longues cohortes, s'exilent, reproduisant un exode de sinistre mémoire.
Aux abords de la gare, la foule immense se presse pour tenter de partir à bord du train à destination du Sud. Parmi ces voyageurs potentiels, Boris, vêtu en clergyman, parvient à monter dans le wagon muni de son billet et à trouver une place de libre.
Boris est recherché par les policiers suite, entre autres, à des articles qu'il a écrit et notamment des dénonciations de prêtres pédophiles, ou sur le caractère sanglant des conquêtes du prophète Mahomet, et naturellement cela n'a pas plu au nouveau gouvernement dirigé par des religieux, et plus particulièrement un évêque actuellement ministre et autres représentants de religions admises. Ce qui explique son déguisement et sa nouvelle identité, désormais il se prénomme William, ce qui ne veut pas dire que c'est une bonne poire, et il possède en outre un passeport pour son amie Soledad qu'il doit rejoindre à Avignon.
Boris est installé près d'une jeune femme enceinte, et lorsqu'un policier, ou un douanier, leur demande leurs papiers, Boris prétend que la parturiente est sa femme. La photo sur la pièce d'identité n'est guère ressemblante mais un léger incident détourne l'attention du policier, ou du douanier.
Elle se nomme Anissa, et au début la fille-mère est réticente, très réticente même, mais les événements et la force de persuasion de Boris opèrent une inversion dans sa décision de voyager seule et que la proximité d'un membre du clergé ne peut que lui être profitable et salvatrice. Boris lui propose de descendre à Avignon et de rejoindre en sa compagnie son amie Soledad, une amie d'enfance qui habitait juste à côté de chez ses parents.
Soledad héberge Boris et Anissa, et tandis qu'elle vaque, Boris répond à un appel téléphonique. Au bout du fil Gladys. Elle pensait que ce serait Soledad qui lui répondrait, mais lorsqu'elle reconnait la voix de Boris, elle ne peut que dire : Barre-toi, vite.
Gladys Le Querrec est inspectrice de police, adjointe du capitaine Merrilloux, et ils devaient se rende ensemble à Avignon. Mais l'évêque ministre n'aime pas les femmes, surtout dans les forces de l'ordre, alors Merrilloux est parti comme un grand. Gladys, qui connait Boris voulait prévenir Soledad que quelque chose se tramait, et elle avait raison.
C'est le début d'une longue cavale pour Boris, Anissa et Soledad, rejoints bientôt par Pablo un petit braqueur. A leurs trousses, outre Gladys, qui finalement ne leur veut pas de mal, Abdelmalek Chaambi, un tueur recruté par le ministre évêque, ou l'évêque sinistre.
Avec ce roman Tito Topin forge, sous forme de parabole, une satire féroce contre l'emprise de la religion, et de ceux qui s'en font les hérauts, dans la vie politique française en particulier, et mondiale en général.
La religion qui prend de plus en plus de place dans les débats politiques, qui impose ses règles et ses lois, au mépris de la liberté de penser. Une résurgence de l'Inquisition, qui pourrait sembler fictive, chimérique, mais qui pourtant devient de plus en plus prégnante. Sans citer de nom de religion, on peut penser à ce qu'il se passe dans quelques pays du Moyen-Orient, sous l'impulsion d'intégristes, mais il ne s'agit pas d'un leurre car en France, certains hommes (et femmes) politiques aimeraient réduire quelques acquis sociaux.
Ceci n'est qu'une anticipation proche, mais il n'est pas exclu que cela n'arrive pas un jour, si l'on n'y prend pas garde. Restons vigilants.
Tito TOPIN : L'exil des mécréants. Editions La Manufacture de livres. Parution le 9 février 2017. 192 pages. 15,90€.
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