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26 octobre 2016 3 26 /10 /octobre /2016 09:49

Quand personnages réels et de fiction jouent aux gendarmes et aux voleurs...

Frédéric LENORMAND : Madame la Marquise et les gentlemen cambrioleurs.

Vous connaissez tous Arsène Lupin, aussi je ne vais pas m'étendre sur ce héros littéraire. Mais saviez-vous qu'il possédait un frère, prénommé Alfred ?

Il fut même surnommé l'Ennemi public N°2. A son actif, quelques bricoles qui, comme pour son illustre frère, ne portaient guère à conséquence, du moins au quidam lambda. A quelques fieffés coquins possédant pignon sur rue peut-être. Pour la plus grande joie du lecteur.

Mais c'est bien la Marquise Casati, Luisa de son prénom, qui tient le rôle principal dans leur rencontre, leurs au pluriel devrais-je écrire, et qui est dessinée en scénettes indépendantes et pourtant qui sont reliées l'une à l'autre par un fil rouge, une chaînette d'or serait plus juste comme comparaison, pour constituer un tout enchâssé dans un écrin de souvenirs.

dévoile sa véritable nature : du plâtre. Et c'est de cette manière que le photographe et la marquise se lient et qu'il va recueillir les confidences de l'Italienne à la jeunesse tumultueuse.Stampa di Soncino, est toujours aussi extravagante vestimentairement. Ce qui attire immédiatement l'œil du photographe. Mais le spectacle auquel il assiste le laisse pantois. La marquise sort de son sac une pomme, symbole du péché quoique fruit du pommier, lance le projectile vers une statue de bronze qui se casse et Détaillons en premier l'écrin avec la complicité du narrateur photographe qui fait la connaissance de la marquise en 1951 à Londres. Agée de soixante-dix printemps mais ne les paraissant pas, Luisa Casati

L'arrivée de la jeune femme au Ritz en 1908 ne passe véritablement pas inaperçue. Par son allure excentrique et vestimentaire, d'abord. En effet elle est attifée d'affutiaux et d'habits qui ressemblent plus à des haillons en lambeaux qu'à une robe nobiliaire, et aux nombreux bagages qui bientôt encombrent le vaste hall. Elle a le visage blafard, comme enduit de plâtre, les yeux soulignés de khôl et une tignasse rousse ébouriffée. Elle est accompagnée d'une suite composée de Noirs, d'une femme de chambre, d'un secrétaire, l'homme pas le meuble, et d'un chauffeur allemand.

Des cages renferment un guépard et d'autres animaux de compagnie tous aussi doux que le félin tels que perroquet, singe, et un vivarium dans lequel se prélasse un boa. Le directeur de l'établissement est époustouflé mais il doit faire fasse à cette intrusion avec dignité et effarement, cette apparition ayant réservé la suite royale et les appartements pour son personnel.

Mais pour autant la marquise n'est pas une tête-en-l'air, une évaporée, une foldingue. Les apparences sont trompeuses. Elle est observatrice et déductive. Et elle se rend compte qu'il se passe des choses, des événements guère catholiques tout autour de la place Vendôme. Elle n'est pas la seule évidement de s'apercevoir des vols ou des meurtres qui sont perpétrés soit les fameux bijoutiers Van Cleef & Arpels ou qu'un homme a été assassiné sur le toit du Ritz. Le policier Galuchard, du Quai des Orfèvres, est toujours aux premières loges pour enquêter. Et il n'est pas loin de penser que l'arrivée de la trop voyante marquise pourrait signifier une relation de cause à effet. Mais soit un bristol ou autre moyen pour signer le forfait est toujours découvert avec les initiales A.L.

La marquise Casati est également audacieuse, courageuse, voire téméraire, comme lorsqu'elle explore les caves de l'établissement à la recherche d'un hypothétique trésor. Son excentricité est sans borne. Ainsi elle fait teindre en or son petit personnel Noir lors de réception, ce qui ne manque pas d'attirer l'attention et la curiosité.

Seulement dans ces différentes péripéties qui s'enchainent comme des diamants sur une rivière porté autour d'un cou aristocratique, Alfred Lupin n'est pas toujours le coupable. Il faut se méfier des imitations.

Frédéric LENORMAND : Madame la Marquise et les gentlemen cambrioleurs.

Frédéric Lenormand, délaissant pour le temps d'un roman ses personnages fétiches, le Juge Ti et Voltaire, nous invite à découvrir une nouvelle héroïne qui fit parler d'elle en son temps, mais est toujours présente dans certains esprits.

Elle a marqué de son empreinte le début du XXe siècle mais ses falbalas ont fait et font encore rêver. De grands couturiers, dont dernier en date John Galiano, se sont emparés de sa façon de se vêtir, imposant un style et une mode. Mais insidieusement la rue s'accapare de l'engouement provoqué par une façon de porter les vêtements, et il est sûr que de nos jours Luisa marquise Casati pourrait revendiquer les jeans effrangés, effilochés, scarifiés, aux genoux ou aux cuisses, et délavés artificiellement comme si le temps ne pouvait se charger de tels outrages.

En mettant en scène cette marquise et en la faisant revivre avec à ses côtés des personnages qui ont réellement existés, comme Gabriele d'Annunzio qui fut son amant, et en en inventant, Frédéric Lenormand nous offre un roman composé de scénettes qui se suivent et ne se ressemblent pas mais possèdent un lien pour former un tout agréable.

Comme une récréation pour le lecteur qui veut changer d'ambiance littéraire et se plonger dans une fausse futilité.

Frédéric Lenormand emprunte son ironie parfois grinçante dans l'humour des caricaturistes du début du XXe siècle, lorsque les amuseurs publics savaient distiller leur causticité avec élégance. Une caractéristique qui de nos jours est bien oubliée, la vulgarité prenant le pas sur la raillerie bon enfant et pourtant efficace.

- J'ai remarqué que ce sont souvent les pauvres qui volent les riches, rarement l'inverse !
- Je vois que vous ne lisez pas la presse de gauche, mon cher, dit le comte.

Ce volume est complété de repères biographiques ainsi qu'une sélection intitulée : La marquise Casati vue par ses contemporains.

Frédéric LENORMAND : Madame la Marquise et les gentlemen cambrioleurs. Policier. Editions City. Parution le 5 octobre 2016. 272 pages. 17,90€.

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