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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 13:54

Bon anniversaire à Olivier Thiébaut né le 21 septembre 1963.

Olivier THIEBAUT : Larmes de fond.

Enfermé dans un hôpital psychiatrique pendant sept ans, Alex retrouve une liberté qu'il respire goulûment.

Il s'installe dans un appartement meublé dans une cité où il ne connaît personne et se retranche entouré de ses souvenirs.

Remontent à la surface ses premiers émois sexuels avec Sylvie, sa première relation charnelle, et le dépit, la colère qu'il a ressentis en la voyant avec son père. Il est devenu assassin par chagrin.

Sept ans de sa vie passés derrière les barreaux d'un hôpital et lorsqu'il ressort, il n'a que vingt-cinq ans. Il reçoit la visite d'une assistante sociale, Laure, mais il l'éconduit. Il s'entiche d'un jeune blondinet et lui offre un vélo, rouge. Rouge comme le sang de l'enfant que l'on retrouve dans un terrain vague.

Il est accusé de meurtre par ses voisins et Laure pense lui sauver la mise en lui fournissant un alibi. Seulement cet alibi fait long feu et Alex est emmené manu militari dans un commissariat où il subit la pression d'un policier tenace et agressif.

Il prend en otage son tortionnaire et parvient à s'enfuir en compagnie de Laure dans une maison du Perche dont a hérité la jeune femme.

 

Deuxième roman d'Olivier Thiébaut, Larmes de fond est singulièrement proche de son précédent ouvrage, L'enfant de cœur paru à la Série Noire. L'on ne peut s'empêcher de penser aux romans de Robert Bloch Psychose et Psychose 2.

Olivier Thiébaut met en scène deux personnages différents mais ce pourrait être le même qui traverse deux conflits en continu. En cause, les relations familiales et les traces laissées par une enfance houleuse et une adolescence perturbée. Une constante qui laisse penser que l'auteur est particulièrement attaché à ce problème sans pour cela l'avoir vécu.

Mais il faudrait qu'Olivier Thiébaut qui a toutefois peaufiné son personnage central et imposé celui de Laure, lequel s'avère tout à la fois simple et complexe dans le rôle de détonateur, qu'Olivier Thiébaut change de registre pour confirmer son talent. Ou tout du moins son imaginaire personnel.

 

Olivier THIEBAUT : Larmes de fond. Instantanés de Polar. Editions Baleine. Parution novembre 1995. 182 pages. 9,00€.

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19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 12:46

Bon anniversaire à Jean-Pierre Andrevon né le 19 septembre 1937.

Jean-Pierre ANDREVON : L’amour, comme un camion fou.

L’angoisse, c’est délicieux. Surtout lorsque ce sentiment nous est procuré à la lecture d’un livre d’où surgissent les fantasmes de la peur.

Avec L’amour, comme un camion fou, Jean-Pierre Andrevon continue son exploration de l’angoisse ordinaire.

François Valmont, la quarantaine assurée - il va fêter ses quarante-deux balais - passe quelques jours chez sa mère. Un courrier reçu de son ami Xavier, qu’il n’a pas vu depuis des années, lui sauve ses vacances. C’est ce qu’il pense car arrivé à Caussac, au fin fond de la campagne auvergnate, les déboires commencent.

Des rêves, des apparitions nocturnes étranges qui le réveillent en pleine nuit, des fantômes qui s’obstinent à venir entretenir des cauchemars dont il se passerait bien - mais sont-ce vraiment des cauchemars ou une réalité changeante - perturbent ce séjour qu’il regrette peu à peu, les réminiscences se ressentant plus vives d’heure en heure, la mémoire défaillante dont il est affligé se réveillant peu à peu transformant son univers en catastrophe.

 

Roman noir, roman d’angoisse, L’amour, comme un camion fou est précédé d’une courte préface signée Serge Brussolo. Andrevon reste un maître angoisseur, quel que soit le domaine littéraire dans lequel il évolue. Un domaine bien particulier, étrange, parsemé de petites touches comme une composition à la Vasarely, partant du noir le plus sombre pour aboutir au blanc le plus éclatant, en passant par toutes les gammes du gris mais qui par un effet d’optique inverserait les couleurs.

 

Jean-Pierre ANDREVON : L’amour, comme un camion fou. Moyen Format. Le Masque. Parution décembre 2001. 282 pages.

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 13:16

Hommage à Loup Durand né le 18 septembre 1933.

Loup DURAND : Le seigneur des tempêtes.

Etre traqué, poursuivi, chassé, à la fois par des policiers et des truands, je ne veux pas dire que c'est un cas banal, ni courant, mais quoi, cela arrive encore assez souvent.

Règlement de comptes d'un côté, justice de l'autre, les journaux relatent souvent ce genre de fait-divers. Mais ne pas connaître les causes de cette traque parce que l'on se réveille amnésique, voilà de quoi pimenter la situation.

C'est ce que pense Luis Sahagun en se réfugiant dans une propriété privée du Dauphiné. Avec la complicité d'une jeune femme, Luis Sahagun - mais est-ce véritablement son nom ? - parvient à déjouer les barrages mis en place. Jusqu'à un certain point !

D'abord arrêté par des gendarmes, il ne doit son salut qu'à la complicité d'un policier. Ensuite les truands qui le traquent lui annoncent qu'en fait ils le protègent.

Une cavalcade qui le conduit du Dauphiné en Provence en passant par la France profonde et Paris.

Luis Sahagun, appelons-le ainsi puisque c'est son nom jusqu'à preuve du contraire, se sent l'objet d'une vaste manipulation. Mais de la part de qui ?

Des truands qui essaient de l'occire tout en le protégeant, ou des policiers qui semblent débordés tout en le suivant à la trace ? Si seulement il pouvait se raccrocher à un petit bout de mémoire. Mais non, rien de rien. Pas le moindre fil conducteur malgré les repères qu'obligeamment ses complices lui dévoilent. Complices ou ennemis?

Une question parmi tant d'autres qui taraudent notre héros.

 

Une histoire rocambolesque écrite à cent à l'heure, sans limitation de vitesse, et qui se lit de même.

Loup Durand possède un parcours d'écrivain peu ordinaire. Après avoir écrit sous le pseudonyme de H.L. Dugall pour l'ouvrage La porte d'or, prix du Quai des Orfèvres 1967 (roman coécrit avec Henri Gallissian) puis sous celui de Loup Durand (ce roman date de 1983) on n'en entend plus parler. Puis d'un seul coup c'est la résurgence avec Daddy et Le Jaguar. Pourtant entre deux, il a continué à écrire, mais en homme invisible puisqu'il a collaboré avec Bernard Lenteric pour La nuit des enfants-rois et La gagne, avec Pierre Rey pour la série des TNT sous le pseudonyme de Michael Borgia, ou encore avec Sulitzer mais sans jamais que son nom apparaisse.

Loup Durand est décédé en 1995.

Réédition collection Sueurs Froides; Denoël. Parution mai 1990. 216 pages.

Réédition collection Sueurs Froides; Denoël. Parution mai 1990. 216 pages.

Loup DURAND : Le seigneur des tempêtes. Collection Sueurs Froides. Editions Denoël. Parution avril 1983.

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16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 13:11

Tous les trains mènent en Allemagne....

Maurice GOUIRAN : Train Bleu, train Noir.

Marseille, 23 janvier 1943 : le quartier du vieux port de Marseille est investi par les policiers français fidèles collaborateurs officiels de l’armée allemande, une opération surveillée par les SS.

Théoriquement cette intervention musclée et nocturne était destinée à procéder à l’arrestation des truands locaux, caïds de la pègre notoirement connus, mais les membres du Service d’Ordre Légionnaire, qui deviendra la Milice, et les GMR encadrés par les SS, forcent une à une les portes des maisons, des immeubles et arrêtent tout le monde, Juifs principalement, mais ne s’embarrassant pas de détails, et embarquent leurs proies sans distinction, sans ménagement.

Les malheureuses victimes de la rafle seront dirigées à la gare d’Arenc, puis vers Compiègne, ou vers Fréjus, en attendant mieux, ou pire. Parmi les milliers de personnes arrêtées, Robert qui n’a plus de nouvelles de sa femme et de sa fille et Michel accompagné de sa mère. Georges lui a réussi à échapper à la nasse tendu par les policiers français en se cachant dans un placard. Fourrant une valise quelques affaires et l’argent économisé par son père. Mais il est pris lors d’un coup de filet et évite d’être embarqué dans le train maudit en soudoyant un policier. Son nom est biffé et ce seront deux autres personnes qui seront emmenées en captivité. Si Robert est dans la fleur de l’âge, à peine la trentaine, Michel et Georges ne sont encore que des gamins. Robert et Michel et une centaine d’autres sont parqués dans un wagon, l’un des nombreux wagons qui constituent le train noir.

Au cours du voyage, Michel et un autre enfant, aidés par Robert, parviennent à s’échapper en se faufilant par un orifice et rentrent à Marseille à pied. Robert lui sera consigné, anonyme parmi les anonymes, à Royallieu près de Compiègne puis direction le camp de Sobibor. Un camp qui n’était pas de concentration mais d’extermination.

 

50 ans plus tard, le 25 mai 1993, Robert, Michel et Georges prennent le train bleu en compagnie de milliers de supporters de l’O.M., direction Munich, afin d’assister à la finale de la Coupe de football contre le Milan AC. L’atmosphère n’est plus la même. Ça crie, ça hurle, ça chante, c’est la liesse générale, c’est la fête. Les conditions du voyage non plus. Ils ont droit à une couchette et à des provisions. Celles-ci sont cachées dans les toilettes, derrière une plaque de tôle qu’il suffit de dévisser pour les récupérer. Trois P38 qu’ils pourront récupérer, sans inquiétude, à la fin de leur voyage. Car leur but, ce n’est pas la finale, mais la rencontre avec un personnage du nom de Horst, un nom et un visage gravés à jamais dans leurs souvenirs.

 

Les dérives de la Seconde Guerre Mondiale, ces faits passés sous silence ou évoqués avec parcimonie parce que honteux, alimentent depuis quelques décennies les romans noirs car ils est juste, légitime, obligatoire de démontrer les travers d’une frange de la société, affiliée aux idéologies nazies.

Mais Maurice Gouiran, en humaniste lucide, ne s’en tient pas à ce simple bilan, à ce regard porté en arrière, à constater. Il nous propose de mettre en parallèle, comme les protagonistes de sa fiction, deux époques distantes d’un demi-siècle et plus. Un parallèle édifiant. Tout un quartier du vieux port fut démoli, rasé, sous prétexte de purification, d’un nettoyage visant le grand banditisme, un leurre. Comme il se plait à le noter, aujourd’hui on parle de « karchérisation ». Mais derrière ces démolitions à la dynamite, se profilaient les profiteurs immobiliers, français. Des actes qu’il était de bonne guerre d’imputer aux Nazis, cela arrangeait tout le monde, surtout à la Libération.

Maurice Gouiran décrit également les affres des prisonniers dans leur périple, l’angoisse, la fatigue, la faim, l’horreur, ressenties par ces hommes et ces femmes parqués pis que des animaux.

Un roman fort, un roman juste, qui devrait être étudié dans les écoles, et servir de base à des sujets de philo. Et qui devrait être lu aussi par les hommes politiques, lesquels réfléchiraient peut-être (mais est-ce trop leur demander ?) avant de faire des déclarations fracassantes, malvenues, démagogiques, ou énoncer un bon mot pour amuser la galerie, juste pour gagner des électeurs. Et nous en avons malheureusement des preuves quotidiennes proférées par des personnages dont il serait malvenu de citer les noms, ce serait leur faire de la publicité.

A noter ces quelques réflexions pleines de bon sens

Les vaincus n’ont pas besoin d’avoir une histoire, les vainqueurs leur impose toujours la leur.

Quand on voit le fanatisme et la haine que peut déclencher un simple match de foot, on ne s’étonne plus de la stupidité et de la cruauté des guerres.

Maurice GOUIRAN : Train Bleu, train Noir. Collection Polar Jigal Poche; Editions Jigal. Réimpression septembre 2015. 248 pages. 9,50€.

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15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 13:20

Un manuscrit retrouvé dans une bibliothèque de l'Université de Yale, ça fait désordre non ?

Nicholas MEYER : Sherlock Holmes et le Fantôme de l'Opéra.

Ayant quitté Londres pour se consacrer à sa nouvelle passion l'apiculture, Sherlock reçoit de temps à autre la visite de son ami Watson. L'amitié qui lie les deux hommes n'empêche pas Watson de tarabuster le détective à la retraite. D'autant qu'il n'apprécie guère que des contradictions ou des imprécisions figurant dans la rédaction de leurs aventures fassent l'objet de moqueries. Ceci est surtout flagrant durant la période 1891/1894 et Watson désire ardemment savoir quelles furent les occupations de Sherlock à ce moment charnière et nébuleux du détective.

Alors Sherlock consent à lui narrer une de ses péripéties, celle qui s'est déroulée à Paris après son passage à Milan. Muni de faux papiers établis au nom d'Erik Sigerson, citoyen d'Oslo, Sherlock s'établit donc dans la capitale française et afin de subsister il s'installe comme professeur de violon. Au grand dam de ses voisins et colocataires.

Il se promène également dans le Paris en transformation, et un soir il décide de se rendre au Palais Garnier afin d'assister à une représentation du Prophète de Meyerbeer, quoiqu'il n'apprécie pas vraiment ce compositeur. Mais il tombe sous le charme de la jeune soprano Christine Daaé, et surtout de sa voix.

En sortant de l'édifice, il est témoin d'un incident provoqué par l'un des violoniste de l'orchestre. L'homme très remonté vitupère contre les agissements d'un supposé fantôme et déclare donner sa démission. Sherlock pense alors qu'il pourrait sacrifier à sa passion, le violon, tout en étant rémunéré. Il s'inscrit au concours d'entrée mais les candidats ne manquent pas. L'audition s'effectue à l'aveugle. Trois jurés sont attablés mais ce ne sont pas eux qui décident. Un homme à la voix bourrue se cache derrière un paravent, et c'est lui qui procède à l'engagement. Le talent de Sherlock s'exprime de façon fort honorable et l'homme lui signifie son embauche. Il s'agit de Gaston Leroux, le directeur musical de l'Opéra de Paris.

Son engagement signé, Sherlock participe aux répétitions et s'entretient avec ses voisins de pupitre lesquels certifient la présence d'un fantôme. Ce ne sont pas les seuls à l'affirmer car les petits rats du corps de ballets sont toutes énamourées rien que d'en parler, et la direction confirme cette présence qui ne semble pas les gêner. Certains entendent des voix tandis que des événements étranges se produisent, des accidents surviennent. Sherlock discute, converse, papote avec les uns et les autres, le régisseur, les machinistes, les musiciens, les danseuses et les chanteuses...

Sherlock remarque qu'une loge, la numéro 5, est souvent vide. Elle serait louée à l'année, selon son nouvel ami le violoniste Ponelle, par le fantôme. Une surprise de taille attend Sherlock. La cantatrice Emma Calvé étant indisponible suite à un malaise, son rôle est repris au pied levé par La Femme, Irène Adler en personne ! Ceci est confirmé par le maître, Gaston Leroux.

Le chef-machiniste, Busquet, est retrouvé pendu. Enfin presque. Ce qui est sûr c'est qu'il est mort de la suite d'une pendaison. Car un bout de corde s'est volatilisé, et Sherlock sent renaître en lui le démon de la détection. Or Busquet était amoureux de la belle et jeune Christine Daaé laquelle est également courtisée par un vicomte. Un des nombreux points à éclaircir pour Sherlock qui s'attelle à une enquête surprenante ne manquant pas de péripéties.

 

Nicholas Meyer nous entraîne dans une intrigue aux nombreux clins d'œil et truffée de références. Outre l'enquête, c'est un voyage dans les arcanes de l'Opéra Garnier qu'il nous propose avec virtuosité. Les parties visibles par tous mais également les coulisses, les sous-sols, le réservoir ou lac intérieur, sont décrits avec recherche mais sans que le lecteur se sente en train de lire une brochure d'architecte. D'ailleurs des plans dus à Garnier et à l'un de ses adjoints sont au cœur de l'action, car ils se révèlent indispensables à Sherlock lors de son enquête.

Le mystère rôde et Sherlock Holmes va se trouver à plusieurs reprises dans des situations périlleuses. Par exemple l'épisode renversant et détonnant avec le lustre de cristal. Mais les scènes d'action, d'émotion, de réflexion, entrecoupées de la petite histoire du Palais Garnier et des innovations dont il fut l'objet, des modifications du quartier et des nombreux accidents qui s'y sont déroulés, s'enchaînent avec bonheur, sans répit.

L'auteur lui-même, afin de mieux perturber le lecteur, s'amuse à écrire des approximations, des erreurs, dans le texte, qu'il corrige par la suite sous forme de notes. Ce qui donne un sentiment de véracité quand à la découverte d'un manuscrit inédit.

Le souffle des grands romanciers populaires anime Nicholas Meyer qui nous livre un roman épique, pur moment de plaisir.

Première édition Editions de l'Archipel 1995.

Première édition Editions de l'Archipel 1995.

Nicholas MEYER : Sherlock Holmes et le Fantôme de l'Opéra. D'après les mémoires du Dr John Watson. (The Canary trainer - 1993. Traduction de Pierre Charras). Réédition Archipoche N°122. Parution janvier 2010. 256 pages. 6,50€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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