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9 août 2019 5 09 /08 /août /2019 04:17

Attention à la marche !

Peter RANDA : L'escalier de l'ombre.

La veille de Noël 1955 dans la vallée du Vaudois. Deux couples circulant en voiture sont bloqués par la neige sur une route déserte en pleine nuit. Le véhicule est immobilisé non loin du col et de l'autre versant de la montagne, plus abrité. Il ne leur reste plus qu'à essayer de rejoindre le château dont l'aubergiste du village leur a signalé la présence.

Les quatre voyageurs, Jacques, ingénieur, et sa femme Simone, Bernard, professeur de littérature à la faculté de Lausanne et Marthe son amie, sont totalement différents les uns des autres, physiquement et mentalement, mais leur amitié est sincère.

Au bout d'une heure de marche et seulement cinq cents mètres à parcourir, ils parviennent péniblement jusqu'à l'impressionnante bâtisse d'aspect médiéval. Ils sont fatigués et toquent au massif battant de chêne muni d'un judas grillagé. Une voix s'exprime derrière le guichet, ils quémandent asile, mais la réponse est négative. Excédé Jacques lance le heurtoir une nouvelle fois à toute volée, et miracle, les quatre amis entendent le verrou glisser. La voix explique qu'il a frappé trois fois et cela suffit pour ouvrir. Jacques donne une poussée à la porte qui s'entrouvre lentement sans bruit.

Derrière le battant se tient une vieille femme habillée de noir. A leurs questions elle répond de façon sibylline. Oui, il y a un propriétaire, quelquefois, non, il n'est pas là pour le moment.

Enfin ils arrivent, après un long détour dans des couloirs interminables, à la suite de cette personne qui s'éclaire à l'aide d'un cierge, dans une cuisine de campagne. Un feu dans la cheminée diffuse une lumière qui laisse dans l'ombre toute une partie de la pièce. De cette ombre émerge un géant prénommé Guillaume. Il accepte la cigarette offerte mais ne sait pas ce dont il s'agit. Un repas frugal est servi composé de saucisses sèches, de fromage de chèvre et de pain. Mais ce qui inquiète Marthe, c'est la présence de trois gros chiens, sortis de nulle part, des Danois silencieux.

Enfin un homme, vêtu d'une cape noire, sort de la pénombre et se présente : Gilbert Derais, avec toujours des explications sibyllines à la clé. Il leur apprend toutefois qu'il possède un frère, Tristan, mais qu'il était préférable que ce soit lui qui les accueille.

Des chambres sont proposées aux quatre voyageurs. Pour s'y rendre il faut emprunter une nouvelle fois des couloirs mal éclairés qui leur semblent interminables. Un véritable labyrinthe. Une chambre pour Jacques et Simone, et une autre pour Bernard et Marthe, une première ce qui amuse le premier couple. Des chandeliers sont disposés à profusion dans la pièce attribuée à Jacques et sa femme. Ils découvrent sous le lit un coffre, une sorte de cercueil non cloué. A l'intérieur gît le cadavre d'une jeune femme. Simone sort précipitamment dans le couloir, poursuivie par Jacques. Le raffut inquiète Bernard et Marthe qui s'introduisent dans la pièce désertée. Ils découvrent également ce cadavre dont la mort semble récente.

Alors qu'ils regagnent leur propre chambre, une jeune fille en sort. Elle a environ dix-huit ans, se nomme Djalli et affirme que son père n'est autre que Tristan. Marthe ne peut en supporter davantage et s'enfuit, prenant la direction opposée à celle empruntée par Jacques et Simone. Bernard en profite pour discuter avec Djalli mais comme à chaque fois les réponses qu'elle fournit sont tout aussi énigmatiques.

Comme une étrange nuit, celle de l'échange. Une nuit interminable, qui met à vif les nerfs des quatre amis. Séparément ou ensemble, ils assistent à d'étranges événements dont des silhouettes ressemblant à des cadavres se promenant dans le cimetière du château. Ils rencontreront à nouveau Gilbert Derais, son frère Tristan, et d'autres personnages qui semblaient les attendre, puisque c'est la nuit de l'échange.

 

Peter Randa a écrit un roman fantastique, de facture classique, dont le thème est bien l'échange de la vie entre les morts et les vivants, le lecteur le comprendra assez rapidement. L'angoisse monte insidieusement, atteignant son paroxysme avant le dénouement qui oscille entre cartésianisme, avec l'intrusion d'un policier, et illogisme.

Contrairement à la plupart de ses romans policiers, souvent calqués sur le même modèle, écrits à la première personne, les démêlés aventureux, angoissants, fantastiques, subis par notre quatre protagonistes principaux sont narrés à la troisième personne. Ce qui permet de suivre les différents personnages dans leurs évolutions et conversations, offrant ainsi au lecteur des explications que ne possèdent pas les deux couples, lesquels nagent dans l'incompréhension la plus totale.

Sans être un chef-d'œuvre, ce roman propose une histoire bien construite et qui réserve de nombreuses surprises.

Réédition Collection FN Double N°11-12. Editions Fleuve Noir. Parution le 25 mars 1969.

Réédition Collection FN Double N°11-12. Editions Fleuve Noir. Parution le 25 mars 1969.

Peter RANDA : L'escalier de l'ombre. Collection Angoisse N°11. Editions Fleuve Noir. Parution juillet 1955. 224 pages.

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29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 05:34

Laissez glisser, papier glacé
Les sentiments, papier collant
Ca impressionne, papier carbone
Mais c'est du vent

Pascal MALOSSE : Les fenêtres de bronze.

Des petits papiers comme s’il en pleuvait. Et d’ailleurs il en pleut, et Théo, se rendant à son travail comme garçon de café rue du Cherche-Midi, en découvre un sur le bitume.

Une feuille écrite des deux côtés d’une façon malhabile, et il a du mal à déchiffrer les lettres, à reconstituer les phrases et à en comprendre le sens. Et naturellement il perdu du temps et arrive en retard, houspillé par son patron. Peu lui chaut et lorsque d’autres feuillets se mettent à voltiger, il cueille les feuilles volantes comme il cueillerait des pâquerettes.

Rentré chez lui il se met au travail, recopiant péniblement sur son ordinateur ce qu’il décrypte. Cela lui prend du temps, et il prend un congé de maladie, au grand dam de son employeur afin de tout remettre au propre.

Cette lettre, écrite à la première personne, émane d’une jeune fille narrant ses conditions de détention. Sa vie de recluse depuis des années, elle ne se souvient plus depuis quand elle est enfermée dans une pièce dont les ouvertures sont closes à l’aide de volets de bronze. Un ascenseur lui monte sa nourriture. Son seul contact avec l’extérieur. Mais la pièce contient une quantité impressionnante de livres et elle a réussi à apprendre à lire toute seule. S’imprégnant d’un livre relatant la saga des Radziwiscy. Et elle a écrit cette missive envoyée comme on jette une bouteille à la mer par une simple fente dans un des volets.

Naturellement l’écriture est malhabile, reproduisant les lettres en script, comme dans les livres. Touché par les révélations de celle qui signe Elisa, Théo décide de découvrir où est retenue la recluse. Il parvient à situer l’immeuble, une immense maison de ville rue du Cherche-Midi, appartenant à une vieille famille polonaise, les Radziwiscy, qui longtemps a œuvré dans les ombres du pouvoir.

Il se fait embaucher et découvre la pièce dans laquelle vit Elisa. Mais rien n’est jamais facile dans la vie et il lui faudra mettre sa vie en péril pour sauver la jeune fille de ses détenteurs.

 

Montant progressivement en puissance, Les fenêtres de bronze est le roman type du roman d’angoisse, que Boileau-Narcejac et Georges-Jean Arnaud, en tant que romanciers, et Hitchcock, en tant que cinéaste, n’auraient pas désavoués.

Le pourquoi du comment est dévoilé peu à peu, car Pascal Malosse se garde bien de tout divulguer dès le départ. Et les révélations s’effectuent peu à peu, comme un dessin sur le sable à marée descendante. Et la fin est une fenêtre, non pas de bronze, mais ouverte et le lecteur pourra regarder au-delà du balcon, s’imaginer ce qui se cache derrière un voile.

Seul petit reproche, mais tout petit, ce n’est pas la teneur des feuillets qui m’a gêné, car il ne faut pas oublier qu’Elisa elle-même n’est pas en possession de tous les secrets de cette famille, mais dans l’écriture même. Dans le style narratif trop travaillé alors qu’elle s’est forgée à la lecture et à l’écriture en autodidacte. Personne ne lui a enseigné quoique ce soit, or cette narration est digne d’une romancière accomplie (je parle d’Elisa naturellement). A moins que, mais cela l’auteur ne le précise pas, Théo ait corrigé les fautes éventuelles et remplacé un vocabulaire primaire par le sien, réécrivant le texte à sa façon.

 

Pour commander directement cet ouvrage, et d’autres, chez l’éditeur, un seul geste, cliquer sur les liens ci-dessous :

Pascal MALOSSE : Les fenêtres de bronze. Collection Brouillards N°48. Editions Malpertuis. Parution novembre 2018. 184 pages. 15,00€.

ISBN : 978-2-917035-64-1

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27 juillet 2019 6 27 /07 /juillet /2019 07:13

Il s’en passe des choses lors d’une nuit de noces…

Gary DEVON : Nuit de noces.

Jeune actrice en devenir, Callie se marie avec Malcom qu'elle connait depuis à peine trois mois. Ils ont été condisciples au même collège quelques années auparavant mais elle ne s'en souvient pas. D'ailleurs Malcolm est fort discret sur son passé.

Aucun membre de sa famille, aucun ami pour assister à la cérémonie. Le mariage a lieu chez Emery et Dorothy Hudson, des producteurs qui ont recueilli Callie à la mort de ses parents.

L'humeur de Malcolm est changeante et inquiète la jeune femme qui s'interroge à propos de cette attitude, imputée à la solennité de cette journée particulière. Elle sent que l'entretien que les Hudson accordent à un inconnu trouble son mari. Les jeunes époux échappent à la meute des journalistes en empruntant un canot qui doit les conduire de l'autre côté du lac. Personne ne remarque sous le débarcadère les cadavres égorgés des Hudson.

Ils s'installent à l'hôtel et Callie sent son mari anxieux, nerveux, possédé d'une colère latente. Alors que Malcolm est sorti, elle aperçoit de sa fenêtre un inconnu qui la surveille. Elle pense à un journaliste mais peu après l'homme l'aborde. Il déclare s'appeler Hartwood et être le père de Malcolm. Il lui remet un dossier qu'elle compulse. Composé de coupures de journaux et de photos, ce dossier relate une vieille affaire criminelle. Malcolm y est décrit comme le meurtrier de la secrétaire de son père. Il n'avait que treize ans.

 

L'intérêt de ce roman réside dans la montée en puissance de l'angoisse, puis de la chute à double détente.

On ne peut s'empêcher de penser au roman de Robert Bloch, Psychose, sans qu'il y ait pourtant corrélation. Simplement l'histoire d'un enfant meurtrier et des affres qui étreignent peu à peu le personnage féminin. Peut-être parce que l'éditeur fait référence au film qu'aurait pu en tirer Hitchcock s'il avait encore été vivant.

Un bon roman qui fera passer une agréable nuit blanche, à défaut d’une nuit de noces.

Réédition Le Livre de Poche thriller. Parution novembre 1998.

Réédition Le Livre de Poche thriller. Parution novembre 1998.

Gary DEVON : Nuit de noces. (Wedding night – 1995. Trad. de l'américain par Jacqueline Lahana). Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution 30 octobre 1996. 256 pages.

ISBN : 978-2226085993

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20 juillet 2019 6 20 /07 /juillet /2019 04:20

Au menu : poulpes en lévitation et mandragores.

A table !

Brice TARVEL : Les dossiers secrets de Harry Dickson. Tome 3.

Les plus courtes sont les meilleurs affirme un adage. Et il est vrai que l’on prend plus de plaisir à lire ces nouvelles écrites par Brice Tarvel, lequel planche sur un nouveau tome à paraitre à une date ultérieure, qu’à s’attaquer à des pavés poussifs et trop délayés.

Avec Le gouffre des ombres et Le jardin des mandragores, l’auteur retrouve, come s’il l’avait jamais perdu, l’esprit qui animait Jean Ray dans la narration des histoires consacrées à Harry Dickson et son fidèle et jeune assistant Tom Wills.

Alors que le célèbre détective et son assistant prennent pension à l’auberge des Bons pêcheurs près de Scalby, petit cité sise non loin de la Mer du Nord, à la recherche de Black Rat, surnommé l’assassin à la hache, des événements bizarres se déroulent et qui ne manquent pas de les intriguer. En effet un pêcheur retraité est fort intrigué lorsqu’il se rend compte que ses carottes sont aspirées dans son potager. Mais ce brave homme disparait lui aussi.

Tout en enquêtant sur la présence de Black Rat dans la région, présence qui pose problème car pourquoi serait-il venu se réfugier dans ce coin de terre, Harry Dickson et Tom Wills se penchent dangereusement sur ce nouveau problème des carottes aspirées. Ils se penchent même tellement qu’ils se trouvent nez à nez, si l’on peut dire, à des poulpes qui aimeraient les serrer dans leurs tentacules. Je ne dévoile rien, même si c’est l’une des parties de leur enquête, l’illustration de couverture, signée Christophe Alves, étant assez explicite. Et le titre aussi car qui dit gouffre dit exploration souterraine.

 

Dans Le jardin des mandragores, Harry Dickson et Tom Wills sont confrontés à de petits homoncules qui mettent en émoi les quartiers huppés de la capitale de la fière Albion. Des homoncules qui ne reculent devant rien, animés de vindicatives revendications et se montrant pillards et égorgeurs, avec leurs yeux rouges comme des feux de signalisation.

Tom Wills est jeune, entreprenant, insouciant, mais il est doué en dessin. Toutefois, pourquoi laisser derrière lui un énigmatique message représentant un dinosaure ? Et quelles sont ces sœurs Tanner qui élèvent amoureusement dans une serre des plantes exotiques, quel est leur secret inavouable ?

 

Les pieuvres et les mandragores, deux thèmes porteurs de l’imaginaire fantastique que Jean Ray exploitera certes, mais il ne fut pas le seul. Mais plus que la pieuvre, que l’on pourra associer à H.P. Lovecraft, ce sont bien les mandragores qui exercent une fascination par leur ressemblance à un corps humain, à un squelette, offrant des débouchés aussi bien dans l’horreur que dans la narration poétique comme le fit Elizabeth Goudge dans certains de ses romans dits de merveilleux-fantastique.

Du Gouffre des ombres au Jardin des mandragores deux décors, l’un rural et d’apparence bucolique, l’autre profondément attaché à la ville dans une approche urbaine et horticole, c’est la Nature qui parle et revendique ses droits.

L’humidité est partout présente, quelle que soit la forme empruntée, et plus que le fog londonien, c’est le smog qui prédomine. Ce n’est plus uniquement du brouillard, mais un mélange de brouillard et de fumée qui enveloppe tout. Ce fameux smog contraction de fog et de smoke propre à la capitale britannique. Parait-il !

 

Brice TARVEL : Les dossiers secrets de Harry Dickson. Tome 3. Collection Absinthes, éthers, opiums. Editions Malpertuis. Parution 14 février 2012. 132 pages. 11,00€.

ISBN : 978-2917035245

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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 04:42

J’ai la mémoire qui flanche, je m’souviens plus très bien…

Clive BARKER : Cabale

Devant Boone, onze photographies, représentant onze êtres humains sauvagement assassinés.

Boone est-il l’auteur de ces boucheries ? Peut-être, mais il ne s’en souvient pas. Pourtant sur l’insistance du psychiatre Decker, il est prêt à avouer tous ces crimes qu’il ne se rappelle pas avoir commis.

Cette introspection dans une mémoire défaillante l’amène au bord du gouffre et pour échapper à son moi psychopathe, une seule solution : disparaître dans la mort.

Sorti du bureau du psychiatre Decker, il se jette contre un camion mais ce geste ne lui occasionne que quelques contusions. Emmené à l’hôpital il va y trouver son destin en la personne d’un autre blessé qui lui enseigne l’emplacement du Midian.

Midian, lieu mythique, dont il avait déjà entendu parler au gré de ses rencontres mais sans vraiment y attacher une importance énorme.

Midian, c’est une sorte de refuge, un endroit où l’on souhaite être emporté. Un endroit où les péchés, réels ou imaginés, sont pardonnés.

C’est décidé. Boone part pour Midian avec à ses trousses Decker le psychiatre, un personnage malfaisant, et Lori, une jeune femme dont l’amour lui servira de protection et d’antidote.

 

Débutant comme un banal roman policier psychologique, Cabale bien vite se transforme en un véritable roman d’horreur, de terreur, d’épouvante.

La quête d’un homme ayant soif de laver des péchés qu’il n’est pas sûr d’avoir commis, traînant à sa suite le bien et le mal.

Un combat orchestré par des morts-vivants et des démons au milieu d’un cimetière et d’un quartier fantôme.

Le tout conté magistralement par un Clive Barker en pleine possession de son art et démoniaque à souhait, voilà de quoi faire passer une excellente nuit blanche aux lecteurs en mal de frissons.

 

Réédition J’ai Lu épouvante N°3051. Parution juin 1991.

Réédition J’ai Lu épouvante N°3051. Parution juin 1991.

Clive BARKER : Cabale

Clive BARKER : Cabale (Cabal – 1988. Traduction Jean-Daniel Brèque). Collection Blême. Editions Albin Michel. Parution février 1990. 278 pages.

ISBN : 2-226-03932-5

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4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 03:49

Silence ! On tue…

Mildred DAVIS : Crime et chuchotements

Vouloir gagner sa vie comme maître-chanteur, cela comporte bien des aléas, et même cela peut s’avérer dangereux.

Johnny Mac Léod, qui exerçait ses talents dans la petite ville de Highlands, près de New-York, en fera l’amère expérience.

Une main anonyme lui plantera une nuit un pic à glace dans le cœur, genre de traitement auquel un individu résiste rarement. Pourtant Johnny aurait dû se douter que cela finirait mal un jour.

Maman Mac Léod ne peut laisser ce crime impuni et même si son fils était un maître-chanteur, elle estime qu’il ne devait pas périr de cette façon et si prématurément.

Alors elle s’installe, elle s’incruste sans vergogne chez les différents clients de son fils. Bientôt ses soupçons se portent sur Stacy, une jeune fille de bonne famille qui s’est fiancée récemment.

 

De Mildred Davis, on connait surtout La Chambre du haut, roman écrit alors qu’elle n’avait que dix-huit ans, et Trois minutes avant minuit, des romans que l’on peut qualifier de chefs-d’œuvre, sans exagérer.

Crime et chuchotements est de la même veine que ces deux ouvrages mais l’angoisse et le suspense se développent de façon plus insidieuse.

La peur s’instaure parmi les familles incriminées, mais au lieu de resserrer les liens, elle contribue à mettre à nu leurs défauts. Chacun va commencer à se regarder un peu en chien de faïence, cédant à la délation et à l’intolérance.

On se bouffe le nez, on jette en pâture des petits faits, des phrases perfides, en essayant de protéger un semblant de tranquillité. Circulez, y’a rien à voir, c’est chez les autres que ça se passe.

Et comme bien souvent chez Mildred Davis, l’épilogue se concrétise dans la douleur.

 

Réédition Rivages/Mystère. Editions Rivages. Parution le 1er avril 1995. 228 pages.

Réédition Rivages/Mystère. Editions Rivages. Parution le 1er avril 1995. 228 pages.

Mildred DAVIS : Crime et chuchotements (The Sounds of Insects – 1966. Traduction de Gérard de Chergé). Collection Bibliothèque de l’Insolite. Editions Terrain Vague. Parution avril 1990. 242 pages.

ISBN : 2852081180

Réédition Rivages/Mystère. Editions Rivages. Parution le 1er avril 1995. 228 pages.

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15 juin 2019 6 15 /06 /juin /2019 04:47

Et si le passé était devant soi ?

Mildred DAVIS : Passé décomposé

A la suite d’un incendie qui a ravagé un théâtre au cours d’une représentation, Jane Walcutt est soignée dans une clinique située à l’écart de la ville.

Elle vit dans un fauteuil roulant ayant perdu l’usage de ses jambes. Mais, plus grave, elle est devenue amnésique. Sa mémoire s’effiloche. Elle tente bien d’attraper quelques brins mais ceux-ci se dissolvent rapidement, lui glissent entre les doigts comme de la fumée.

Le docteur se montre bon et compréhensif avec elle, tout comme Zee, son infirmière.

Mais une impression diffuse de peur s’installe en elle. Peut-être parce que les autres patients relèvent plus de l’asile psychiatrique que de la maison de repos, de la maison de santé où elle est soignée.

Jane cherche à comprendre, à recomposer ce passé qui s’effrite dans sa mémoire. La visite de son fiancé ne lui fait pas battre le cœur. Elle ne ressent aucune sensation agréable à son contact. De même la présence de son tuteur n’arrive pas à éveiller en elle la moindre joie, à faire vibrer la moindre parcelle de sa mémoire en grève.

Pourtant un visiteur, dont les gestes et les paroles contredisent son apparence de bourgeois riche, ce visiteur laisse planer une menace. Elle ne doit pas recouvrer la mémoire. Elle a oublié certaines choses, certains événements ? Qu’elle ne tente surtout pas de les faire resurgir, cela pourrait lui coûter cher.

Jane sent pourtant qu’elle détient un secret, lié soit à l’incendie du théâtre soit à d’autres événements qui défrayent la chronique.

Zee, l’infirmière qui s’occupait d’elle, l’abandonne et sa remplaçante est toujours là, à la surveiller, à épier ses moindres faits et gestes, ses moindres conversations.

 

Thèmes récurrents dans l’œuvre de Mildred Davis, l’atmosphère qui peu à peu se tend, le danger multiforme, la menace imprécise mais réelle, atteignent un paroxysme poignant dans Passé décomposé.

L’héroïne est confrontée à deux périls : l’un physique clairement exposé par l’inconnu, l’autre plus moral et mental. Elle est amnésique, certes, mais quel secret renferme sa mémoire et celle-ci est-elle à jamais évanouie ?

Mildred Davis, dans ce roman qui date de 1967 et n’est pas à proprement parler d’un roman policier, sait une fois de plus faire monter la tension autour de ses personnages.

L’angoisse qui étreint Jane, Mildred Davis sait nous la faire partager jusqu’au dénouement qui, comme dans la plupart de ses œuvres et plus particulièrement dans Trois minutes avant minuit, se déroule en un crescendo cauchemardesque.

 

Réédition Rivages/Mystère. Parution le 1er septembre 1995. 206 pages.

Réédition Rivages/Mystère. Parution le 1er septembre 1995. 206 pages.

Mildred DAVIS : Passé décomposé (Walk into Yesterday – 1966/1967. Traduction de Gérard de Chergé). Editions du Terrain Vague. Parution juin 1991. 208 pages.

ISBN : 2852081423

Réédition Rivages/Mystère. Parution le 1er septembre 1995. 206 pages.

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12 juin 2019 3 12 /06 /juin /2019 04:57

Miroir, mon beau miroir…

Michael McDOWELL : Toplin

Le héros narrateur oscille entre la schizophrénie et la paranoïa dans un univers trouble. Mais, à moins qu’il ne perçoive le monde dans lequel il évolue comme à travers une glace déformante, les autres protagonistes de cette histoire eux aussi ne sont pas tout à fait nets et sains d’esprit. C’est comme un univers régi par Lewis Carroll revu et corrigé.

Il ne s’agit pas de raconter la quête et l’obsession d’un être perturbé dans un monde normal, mais bien de mettre en présence plusieurs individus qui chacun vivent leurs psychoses personnelles, comme si la normalité n’existait plus.

 

Parce qu’il lui manque une épice essentielle, ou qu’il juge comme telle, pour la confection de son dîner, le narrateur est amené à prendre son repas dans un restaurant dont la serveuse est d’une laideur telle qu’il la considère comme un anachronisme. Il se sent chargé, investi d’une mission : tuer cette malheureuse.

Lui qui aspire à la perfection en toute chose, qui est d’une maniaquerie maladive, considère cet être scrofuleux comme une tare, un abcès répugnant. Il s’érige, je cite, en : Parfait spécimen de l’humanité.

Son appartement est truffé de miroirs :

J’ai des miroirs partout, de toute une gamme de taille, de toutes sortes de formes, et d’un large éventail de cadres. Les miroirs, on l’ignore en général, ont différentes textures. Je suis conscient de cette propriété des miroirs, mais elle ne m’affecte guère. Quand je regarde dans mes nombreuses glaces, elles me montrent toujours des images de ma perfection avec d’infimes altérations. Il n’y a là rien de déconcertant.

Mais ce sont des images en noir et blanc ou plus ou moins grisâtres car à la suite d’un accident, de blessures occasionnées par des sternes, il a perdu la notion des couleurs.

 

Un livre envoûtant où le fantastique cède le pas à la terreur créée par les subconscient mégalomaniaque d’un être perturbé psychiquement.

Mais ce texte peut être également lu comme une parabole, riche d’enseignements pour le lecteur, nous qui nous croyons souvent meilleurs que notre prochain, et pensons détenir la vérité en toute chose.

Cette collection éphémère n’aura connu que trois titres, me semble-t-il, et était dirigée par François Truchaud, le découvreur en France de Graham Masterton.

Michael McDOWELL : Toplin (Toplin – 1985. Traduction de Patrick Marcel). Collection Hantises. Editions Gréco. Parution novembre 1989. 192 pages.

ISBN : 2-7396-0010-0

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11 juin 2019 2 11 /06 /juin /2019 04:34

Troublez-moi ce soir…

David COULON : Trouble passager.

Auteur de deux romans, dont L’invasion des crapauds des profondeurs qui a obtenu un succès d’estime, Rémi Hutchinson galère pour écrire son troisième ouvrage.

Il a quarante ans, une femme, un fils, et avait une fille, Mélissa. Avait, car la gamine a disparu cinq ans auparavant, à la sortie de l’école, montant à bord d’une voiture bleue au lieu de prendre le car scolaire, et depuis le restant de la famille gère le quotidien tout en gardant à l’esprit cette amputation familiale.

Ils vivaient à Caucriauville, sur les hauteurs du Havre et ils ont déménagé près d’Yvetot, non loin de Rouen. Rémi essaie d’avancer sur son nouveau roman tandis que sa femme Lucie enseigne dans un lycée de la Vallée du Cailly. Et comme il faut bien préserver les apparences, Rémi accepte d’accompagner Lucie à une invitation d’année scolaire. Ce n’est pas ce que préfère Rémi, les cocktails guindés, mais bon, pour une fois, il sacrifie à ce qui ressemble à une obligation.

Au cours de cette soirée, Rémi est abordé par une des étudiantes présentes parmi l’assemblée. Et comme elle déblatère sur les profs, sur l’un d’eux principalement réputé comme le Don juan de l’établissement, elle lui propose de s’exprimer par code, comme l’un des protagonistes rédigeait des messages dans le roman L’invasion des crapauds des profondeurs. D’ailleurs elle lui demande de dédicacer l’exemplaire qu’elle possède. Au grand étonnement de Rémi, ce livre est déjà dédicacé, A Marc, ami fidèle parmi les fidèles… Rémi est troublé et Sofia, j’avais oublié de dévoiler son prénom, Sofia lui explique qu’elle l’a trouvé dans une solderie.

Seulement, Lucie les aperçoit ensemble. Pas de crise de jalousie, car depuis cinq ans le couple n’a plus de rapports charnels. Toutefois, Lucie apprend à Rémi, Hutchy pour les intimes, que Sofia n’est pas inscrite comme étudiante à son lycée. Et rentré chez lui, enfin chez eux, il découvre dans la poche de son pantalon un papier sur lequel est inscrit ce petit message : Baltimore. Sof. Yv.

Baltimore, cela ne lui dit rien, sauf une ville des Etats-Unis. Mais en compulsant son ordinateur, il tombe sur un jeu vidéo en ligne auquel il se connecte et s’inscrit sous son pseudonyme de Hutchy. Sofia lui envoie un message signant SOF.YV. 17 ans, par la boîte de conversation du jeu. Puis une sorte d’elfe placé en incrustation, qui prétend savoir ce qu’il vient chercher sur ce jeu, lui donne rendez-vous le lendemain après-midi au lieu dit La Butte au diable. Signé Monica 15 ans.

Rémi alias Hutchy vient de mettre la main et tout le reste dans un engrenage infernal, car il est capturé par les deux jeunes filles, séquestré et enchaîné. Fini la liberté. Ce qu’il ne comprend pas, c’est l’accusation qu’elles portent à son encontre, l’accusant de pédophilie.

 

Roman angoissant, troublant, Trouble passager monte progressivement en pression. La lente dégringolade d’un père qui pleure sa fille disparue dans des conditions étranges, et qui est envahi par des souvenirs de vacances campagnardes, alors qu’il entrait dans l’adolescence, près du lac de Rabodanges dans l’Orne. Et la fuite au Canada de son père, parti chercher il ne sait quoi. Et dans ses rêves la vision d’un homme muni d’un masque bleu s’introduisant dans sa tente.

Aspiré dans une spirale diabolique, Hutchi ne sait pas comment se défendre d’une telle accusation, d’autant que d’autres surprises, pas toujours réjouissantes lui sont réservées. On se souvient de quelques autres romans de séquestration, dont Le Carcan de Bill Pronzini, Mygale de Thierry Jonquet, Séquestrée de Chevy Stevens, la liste est longue, mais le propos n’est pas tout à fait pareil, même s’il s’agit d’une histoire de vengeance. Et pas question de syndrome de Stockholm pour le protagoniste principal.

Le lecteur vibre avec cet homme, cherchant la faille, car bien évidemment il existe une faille dans ce roman, dans cette histoire démoniaque. Mais David Coulon joue avec les nerfs, et lorsqu’on arrive à l’épilogue, on se dit qu’il y a une dichotomie entre le début et la fin. Et en relisant le commencement du récit, on s’aperçoit que non, que l’auteur avait jalonné son intrigue avec un déroulement implacable, pervers, féroce.

 

David COULON : Trouble passager. Collection Angoisse. Editions French Pulp. Parution le 11 avril 2019. 288 pages. 19,00€.

ISBN : 979-1025104699

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1 juin 2019 6 01 /06 /juin /2019 04:19

Une parodie vampirique…

Paul FEVAL : Ann Radcliffe contre les vampires : La ville-vampire.

Dans ce roman paru dans le Moniteur universel du 12 septembre au 25 octobre 1874 et intitulé La ville vampire – Aventure incroyable de madame Anne Radcliffe, Paul Féval retrouve la veine incroyable du délire maîtrisé qui se dégageait déjà dans La fabrique de crimes.

Une parodie du roman noir ou gothique dont une des pionnières fut Ann Radcliffe avec son plus célèbre ouvrage : Les mystères d’Udolphe (ou Udolpho), et auquel Féval se réfère dans ce court ouvrage. Mais afin de donner du crédit à son récit, il se met en scène dans l’entrée en matière de la façon suivante.

 

Mylady, une amie anglaise de l’auteur, propose à celui-ci de l’emmener, en compagnie de sa femme (ouf, l’honneur est sauf !) dans son château sis dans le Shropshire. Elle désire lui faire rencontrer une vieille dame, qui change de nom tous les ans à Noël. Actuellement elle se nomme Mlle 97. Trois ans auparavant, elle était Mlle 94. Pour la petite histoire, signalons toutefois que cette brave dame s’appelle Jebb et vit dans un cottage non loin du château de Mylady. Et vivaient dans cette région M. et mistress Ward, les parents d’Anne Ward, plus connue sous le nom de son mari, William Radcliffe.

Jebb narre alors une aventure extraordinaire survenue bien des années, des décennies même auparavant, à la jeune Anna ou Anne (je respecte l’orthographe des patronymes employé par Paul Féval), qui était amie avec Cornelia de Witt, accompagnée de sa gouvernante, la signora Letizia, et d’Edward S. Barton, lequel était suivi de son répétiteur Otto Goëtzi.

Pour tous, il était évident qu’Anne et Ned Barton allaient unir leur destinée, mais il n’en fut rien. Cornelia et Ned Barton se fiancent tandis que William Radcliffe demande la main d’Anne. Mais en attendant les deux mariages, la signora Letizia a rejoint à Rotterdam où elle tient la maison du comte Tiberio, le tuteur de Cornelia. Rotterdam où devait avoir lieu le mariage entre Ned Barton et Cornelia. Seulement, une mauvaise nouvelle leur parvient. La comtesse douairière de Montefalcone, née de Witt, vient de décéder en Dalmatie et Cornelia en est l’unique héritière d’une fortune immense. Tiberio se trouvant être l’héritier de Cornelia si, éventuellement, il arrivait quelques chose de fâcheux à la jeune fille.

Pendant ce temps Anne prépare activement son mariage, pas seule je vous préviens car il faut du monde pour coudre une robe de mariée, et elle reçoit quelques lettres dont une de son ami Ned. Elle s’endort et elle est la proie d’un rêve, ou plutôt d’un cauchemar. Elle se trouve dans un paysage qui n’est pas anglais, une église et des sépultures, des tombes jumelles sur lesquelles sont inscrites deux noms : Cornelia et Edouard !

Selon les autres missives, les liens qui unissaient Letizia, Goëtzi et leurs supposés protégés sont très distendus. Il se trame une sorte de complot et le mariage de Cornelia et Ned est retardé. D’après Ned, Cornelia a été enlevée par son tuteur et emmenée en Dalmatie, puis il a été atteint d’une fièvre qui lui procurait des hallucinations, à moins que ce ne fût la réalité. Il aperçoit dans le noir des prunelles vertes et des personnages incongrus. Anne décide alors de rejoindre Ned en compagnie de son factotum, Grey-Jack, un véritable hercule, qui déclare que Goëtzi n’est autre qu’un vampire.

Débute alors une course poursuite qui les entraîne jusqu’en Dalmatie où ils vont connaître des aventures effrayantes en compagnie de Cornelia et Ned, des épisodes réglés par Letizia et Goëtzi qui sont en très bon terme, se trouver face à une araignée géante aux yeux verts, jusque dans une ville surnommée la Ville-vampire, une vaste nécropole réservée au repos de légions de vampires.

 

Ce roman, qui débute comme une paisible relation amoureuse ou amicale entre quatre jeunes gens, devient peu à peu une succession d’aventures où l’angoisse se le dispute à une accumulation de péripéties toutes plus ou moins grotesques les unes que les autres, tout en étant périlleuses. La vie de nos principaux protagonistes est très souvent mise en danger à cause des manigances des deux lascars nommés Letizia et Goëtzi.

Dans la dernière partie de l’ouvrage, celle où les protagonistes évoluent en Dalmatie, dans la Ville-Vampire, le lecteur a l’impression de se trouver face à un dessin animé adapté d’après des comics de Marvel, avec une araignée géante, des personnages aux yeux verts qui se dédoublent, et des combats féroces.

L’épilogue pourrait n’être qu’une immense farce, mais Paul Féval s’en sort avec une pirouette, promettant ne pas utiliser un aspect déjà usé jusqu’à la corde, et fournissant une excuse aléatoire.

Dans cette véritable parodie de roman gothique ou roman noir comme étaient définis à l’époque ce genre de romans, La Ville-vampire ou Aventure incroyable de Madame Anne Radcliffe, titre originel de ce texte, Paul Féval accumule des situations que l’on pourrait qualifier de nos jours d’ubuesques, rocambolesques, surréalistes qui rejoignent dans la démesure La fabrique de crime, lui-même roman parodique qui joue dans le cauchemar halluciné et dont l’épilogue propose lui aussi un retournement de situation insensé.

Il innove en quelque sorte le roman loufoque dont Cami, auteur notamment de Loufock Holmès, le détective idiot, ou Pierre Dac et Francis Blanche, avec les Aventures de Furax, en furent les principaux chantres.

Editions Marabout. Bibliothèque Marabout Fantastique N°408. Parution 1972.

Editions Marabout. Bibliothèque Marabout Fantastique N°408. Parution 1972.

Paul FEVAL : Ann Radcliffe contre les vampires : La ville-vampire. Postface d’Adrien Party. Editions Les Moutons électriques. Parution le 7 juin 2018. 144 pages. 13,00€.

ISBN : 978-2361834654

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