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14 mai 2019 2 14 /05 /mai /2019 04:27

Et pourtant, il n’avait pas une dent contre elle !

Patrick S. VAST : Duo fatal.

Quinquagénaire, Geneviève vient de prendre sa décision. Elle va donner sa démission comme secrétaire médicale, profession qu’elle exerce depuis trente ans auprès de Francis Lesigne, dentiste sexagénaire exerçant à Lambersart et dont le cabinet dentaire (je précise car cabinet seul peut parfois être interprété de façon triviale) est situé dans la maison familiale. Elle va partir pour Grasse, se marier avec Norbert, lui aussi sexagénaire. Ils se sont connus par un réseau social, se sont vus durant une quinzaine de jours, et ont décidé de vivre ensemble dans le Midi de la France.

Seulement c’est un coup dur pour le dentiste qui prend le mors aux dents. Il n’accepte pas cette désaffection, et afin de la garder près d’elle, il imagine un moyen radical. La tenir captive dans l’abri antiatomique qu’avait construit son père en 1962. Abri qui depuis a été grandement amélioré, possédant toutes les commodités modernes. Seulement, ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que Geneviève doit prendre impérativement tous les soirs un médicament, son cœur flageolant.

Mais c’est qu’il y tient à Geneviève ! Alors Francis sort son ordonnancier et prescrit de sa plus belle plume illisible la panacée adéquate puis se rend dans une pharmacie. Seulement le potard ne peut lui délivrer le médicament requis pour moult raisons alors Francis se résout à demander à son ami Gérald, médecin généraliste, de lui établir une ordonnance officielle.

Norbert, l’ami de Geneviève, s’inquiète car le soir avance et elle ne rentre pas au bercail. Il prévient la police, et le jeune lieutenant Jimenez est chargé de procéder aux premières recherches. Ce qu’il effectue en dilettante. Le lendemain matin, un journal local relate cette disparition, une fugue peut-être, mais pour l’ancien commissaire Georges (les noms de famille importent peu, donc on s’en passera), donc pour l’ancien commissaire Georges c’est le prélude à une nouvelle affaire d’enlèvements.

Une enquête qui l’a tellement traumatisé cinq ans auparavant que depuis il s’est réfugié dans l’alcool et que sa femme a préféré le quitter en bouclant ses valises. Il se rend devant chez le dentiste et fait connaissance avec Géo (oui, je sais, réminiscences Mickeyennes) un saxophoniste trentenaire et aveugle qui vit seul avec sa chatte Bessie et habite juste en face du cabinet dentaire. Pendant ce temps, Gérald et Richard, autre ami de Francis, se posent des questions. Ils ont vaguement entendu parler d’un abri souterrain chez le dentiste, et ils se demandent si, des fois, leur copain ne détiendrait pas la charmante (si, si…) secrétaire médicale.

 

Avec ce roman de suspense, où la tension monte progressivement, où l’intrigue est machiavélique et habilement maîtrisée, où sans grands effets de manches, sans violence (si un peu quand même lors d’une extraction dentaire et deux ou trois épisodes nécessaires pour entretenir le suspense), le récit se déroule entre Lille et Lambersart avec une incursion à Hardelot, Patrick S. (Pour Samuel) Vast se place entre Georges-Jean Arnaud et le duo infernal Boileau-Narcejac.

Une intrigue à la facture classique, simple et pourtant dans laquelle l’auteur manipule le lecteur, rafraîchissante, qui nous renvoie au bon vieux temps des auteurs précités mais également à Louis C. Thomas (ceci n’est pas anodin car ce romancier était aveugle) et quelques confrères qui respectaient le lecteur en lui offrant une œuvre de qualité sans esbroufe.

Et on retiendra principalement le personnage du saxophoniste aveugle qui joue dans un cabaret lillois, et possède une chatte, Bessie (mais si, je vous l’ai déjà dit) dont le comportement me fait penser à Koko, le chat héros des romans de Lilian Jackson Braun.

Quant à l’univers musical qui se dégage de ce roman il évolue entre jazz et musique classique. Tout pour plaire !

 

Vous pouvez commander cet ouvrage chez votre libraire en indiquant le numéro d'ISBN signifié ci-dessous, ou en vous rendant directement sur le site, pas besoin de prendre le train, ci-dessous :

Patrick S. VAST : Duo fatal. Editions Le Chat moiré. Parution le 2 mai 2019. 256 pages. 9,50€.

ISBN : 978-2956188322

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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 04:18

Les Ecossais ne sont pas avares… de morts !

Gilles BORNAIS : Le sang des Highlands.

En ce mois de février 1892, les corps de deux Anglais sont retrouvés attachés sur un rocher près du Loch Ness. Les membres supérieurs ont été découpés sauvagement, et les cadavres portent des traces d’entailles, de morsures. Comme si on s’était acharné dessus. C’est un braconnier qui les a découverts et a alerté immédiatement les policiers.

Le chef constable Thaur d’Inverness est en charge de l’enquête en compagnie du superintendant Calum McHendrie, du sergent-chef Abernathy et de quelques policiers. Thaur est un ancien militaire, qui raisonne comme tel, muni d’une canne d’ébène et divorcé. Il est de caractère acrimonieux et d’un physique volumineux. Le genre d’homme qu’il ne faut pas chatouiller.

Après une rapide enquête, l’identité des deux cadavres révèle qu’il s’agissait d’un photographe et sa femme, Victoria Brown, une paléontologue de renommée internationale. Seul le fils Cédric, qui probablement les accompagnait, a disparu. Wilma McSwann, une pianiste du village d’Eigemore, là où ont été découverts les corps mutilés, déclare la disparition de son fils de douze, Ervin. Elle donne des concerts et des cours à quelques gamins des environs, et vit seule avec son fils, séparée de son mari.

Le détective inspecteur Joe Hackney, du département d’investigation criminelle de Londres est envoyé sur les lieux afin d’apporter son aide à Thaur. Il vit à Londres dans un appartement vétuste. C’est un homme solitaire qui n’a que pour amie Millie, une femme qui a largement oublié sa jeunesse depuis longtemps, serveuse dans un pub plus ou moins mal famé et qui sert parfois d’exutoire sexuel.

Un gamin est découvert pendu, mort dans les mêmes conditions que les adultes et la mère d’Ervin est soulagée. Elle ne reconnait pas en ce cadavre son gamin. Peu après les enquêteurs apprennent qu’il s’agit de Cedric, le fils des Brown qui avait bien accompagné ses parents. Le problème réside dans le fait qu’il jouait souvent dans la forêt en compagnie d’Ervin.

Selon le braconnier, cinq ou six hommes traînaient dans les bois. Il les aurait aperçu, planqué derrière un arbre, s’affairer puis partir à bord d’une barcasse. Seul détail qu’il peut apporter, c’est que le chef supposé était coiffé d’un glengarry, ce calot traditionnel écossais muni d’une plume. C’est peu.

Seulement, cela remémore à Calum McHendrie, dont le père fut également responsable de la police d’Inverness, une affaire similaire remontant à vingt ans environ. Il est chargé de retrouver ce fait divers dans les archives, ce qui n’est pas une mince affaire.

 

Une enquête qui va durer un mois environ, avec un nouveau cadavre, histoire de gonfler les statistiques, et des prises de bec entre le policier du cru et l’envoyé de Londres.

De nombreux événements tragiques vont ponctuer ces quelques semaines dont l’internement d’une femme dans un asile psychiatrique, ou dénommé comme tel, avec un médecin-chef et quelques gardiens abrutis qui se conduisent comme des porcs.

Mais le lecteur suit en parallèle le pauvre Ervin échappant à la meute de bandits partis à sa recherche et ne voulant laisser aucun témoin en vie. Il se réfugie dans des caches plus ou moins inaccessibles, se nourrissant de poissons qu’il pêche à la main, de baies, et allumant du feu avec les moyens du bord, à la façon des hommes préhistoriques et des trappeurs. De plus il a une cheville en capilotade.

Sont décrits également, comme des interludes, des événements qui se sont déroulés deux cents ans auparavant, à la même époque, lors de la guerre entre Ecossais indépendantistes et troupes anglaises.

Bref un roman historique qui ne manque pas de saveur (le fameux haggis n’est pas évoqué, je vous rassure) ni de dépaysement. La neige, la pluie, le brouillard freinent parfois l’enquête, et surtout les enquêteurs, dont certains possèdent des genoux en ruine. D’ailleurs, c’est un point commun à de nombreux protagonistes, et quand ce n’est pas un genou, c’est une cheville, pas forcément ouvrière.

L’aspect poignant est bien la course du gamin dans les bois alors qu’on ne ressent pas la même compassion envers les adultes même s’ils la mérite. Joe Hackey, ancien malfrat reconverti en policier, un peu comme Vidocq, ne ménage pas sa peine, et ses idées sont parfois en contradiction avec celles du chef constable local. L’effet Je t’aime moi non plus.

Et Nessie là-dedans me demanderez-vous avec justesse. Vous avez raison de vous poser la question, les monstres ne sont jamais bien loin.

 

Gilles BORNAIS : Le sang des Highlands. Editions City. Parution le 13 mars 2019. 384 pages. 18,50€.

ISBN : 978-2824614250

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16 avril 2019 2 16 /04 /avril /2019 04:52

Cette lune rousse n’est pas celle redoutée par les jardiniers !

Alain DEMOUZON : Lune rousse.

Après avoir débuté comme romancier de littérature policière, dans des tendances aussi diverses que le roman d’atmosphère, d’énigme, politique ou humoristique, tels que Mes crimes imparfaits, Le premier né d’Egypte, Section rouge de l’espoir, Adieu, La Jolla etc. Demouzon s’est tourné vers la littérature dite blanche avec La Perdriole, remarquable vision d’un provincial monté à Paris lors des émeutes estudiantines de mai 68 et qui découvre les joies de l’éducation sentimentale.

Avec Lune rousse, Demouzon aborde un nouveau genre, appelé par son éditeur Gothique moderne et qui est un subtil mélange de rêverie, de fantastique, de noirceur, d’épouvante, de tendresse, de raillerie.

A ses débuts, une publicité par voie d’affiches présentait Demouzon comme le successeur de Balzac et de Chandler. Il faut dire qu’une certaine ressemblance caricaturale et balzacienne s’y prêtait fort bien. Si les lazzis jaloux ne manquèrent pas, essayant de démolir cette assertion, il fallut reconnaître que les écrits de Demouzon ne manquaient ni de force ni de talent.

Une forme d’évocation alliée au talent d’une écriture travaillée, fouillée, excluant la vulgarité et la facilité. Le choix du mot juste, la rigueur dans la construction, avec toujours le souci de se dépasser, de faire mieux à chaque ouvrage.

 

Lune rousse, c’est le retour du merveilleux dans un monde rigoriste. Un rien peut faire basculer une vie toute droite tracée vers un avenir sans futur sur un monde où le surnaturel côtoie inlassablement le naturel, où la différence est si ténue qu’elle en est quasiment inexistante.

Roch Laugier fait le mur du collège la nuit, lorsque la lune rousse éclaire d’une lueur incertaine et magique les maisons endormies d’une bourgade recroquevillée sur elle-même. Roch s’est découvert des pouvoirs nocturnes. Il peut entrer dans les maisons avec une facilité déconcertante. Les serrures ne résistent pas à sa main ferme et silencieuse. Les habitants endormis perdus dans leurs rêves n’y voient que la manifestation d’un fantôme quelque peu familier.

L’aboutissement de ces sorties nocturnes se réalisera lorsque Roch rencontrera Iphigénie, une jeune orpheline. Un homme étrange, le Juge, surveille l’adolescent dans ses pérégrinations. Un jour Roch disparaît et c’est Octave qui réapparaît, le tout dans d’étranges circonstances.

Le Juge recueille les deux jeunes gens, Iphigénie et Octave. Il enseigne la musique à ce dernier qui se révèle être un élève particulièrement doué. Mais Iphigénie et Octave ne sont-ils pas manipulés comme des pantins, des marionnettes, par ce Juge qui tout en semblant obéir au destin tire les ficelles en coulisses.

De quel côté du miroir vont se perdre et de retrouver Octave et Iphigénie ? Et Iphigénie n’est-elle qu’un mirage, un ersatz d’elle-même ?

Lune rousse, un roman troublant de Demouzon dont la plume démoniaque griffe, au passage, certaines pratiques réelles enrobées de faux semblants.

 

Alain DEMOUZON : Lune rousse. Editions Flammarion. Parution mai 1988. 214 pages.

ISBN : 9782080661715

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9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 04:30

Un roman solide, qui n’est pas construit de briques… et de broc !

Georges-Jean ARNAUD : Le Néant des pierres.

Imaginez une bicoque, à l’écart de la ville, non loin d’un super marché. Imaginez une maison dont le rez-de-chaussée sert de rendez-vous à des toxicomanes, à de jeunes voyous, à des adolescents qui découvrent le simulacre de la reproduction, simulacre tarifé ou non. Imaginez au premier étage une famille qui vivote avec un téléphone qui ne communique avec l’extérieur que dans un sens, celui de la réception, du minimum électrique, pas d’eau chaude sinon le compteur disjoncte. Imaginez cette famille composée d’une mère dont le cerveau est en berne vingt deux heures sur vingt quatre, un fils, Tony, qui assure l’essentiel grâce à de petits boulots et de rapines, une fille, Julie, un peu naïve, une peu simplette, un peu amoureuse de son frère aîné, déboussolée quoi. Et le père, Germain, qui traîne derrière lui des espérances de fortune, des cadavres, des regrets, des espérances qui tournent en eau de boudin. De l’argent, ils en ont eu, mais acquis par quel mystère, et dilapidé dans quelles conditions ?

Imaginez plus loin, une sorte de ferme perdue entre vignoble et garrigue, habitée par une vieille mais robuste femme, hommasse dans son comportement, frustre et madrée, fusil en bandoulière quelle que soit la saison, chassant malgré les interdits, amassant le pécule sans vergogne.

Le trait d’union entre Lucrèce, prénom de cette baroudeuse anachorète, et Germain (et sa famille) réside en une simple histoire de parentèle. Ce fut sa belle-mère, c’est toujours sa belle-mère, mais il la fuit, comme on fuit le diable, personnification du remords. Car un autre lien les attache, depuis dix-sept ans, l’enlèvement sur la plage de Leucate d’une gamine de cinq ans, la rançon encaissée, et la disparition de la fillette. Depuis, Germain et sa famille errent de ville en ville, dix sept ans de vagabondages et de déménagements, avec toujours au bout du compte Lucrèce qui réclame de l’argent, encore de l’argent, une rente qu’il fournit jusqu’à épuisement. Epuisement financier mais également moral.

Imaginez cette famille traquée, au bout du rouleau, vivant d’expédients, dans une atmosphère lourde, compressée, étouffante, oppressante, angoissante, obsédante, vivant au jour le jour, avec comme phare une génitrice confondant les prénoms d’une fille qu’elle tarabuste et de sa mémoire surgissant par à-coups celui d’une gamine source de richesse dix sept ans auparavant.

Imaginez cette Lucrèce sangsue accueillant un Germain trop confiant dans son rôle d’acteur de seconde zone animé de componction, secouant une faiblesse collée à sa peau comme une carcasse de crocodile dont les larmes affaibliraient, amolliraient une marâtre haïe.

Imaginez cette ambiance suffocante, traumatisante, avec en silhouette obsédante, une jeune femme qui dix sept ans après un événement oublié de tous, sauf les parties concernées, c’est à dire les familles ravisseuses et les familles spoliées, se met à la recherche de l’ombre d’une sœur vomie, encombrante, adulée par une mère méprisante qui reportait l’affection qu’elle aurait dû vouer à son aînée sur une cadette qui ne la méritait pas. Point de vue tout à fait personnel qui ronge la mémoire de la rescapée d’une famille qui a vécue durant des années dans la mémoire d’une disparue quasiment sanctifiée.

Imaginez un univers confiné entre trois points d’ancrage qui peu à peu se rejoignent inexorablement, attirés par l’âme, la présence indéfectible d’une absente minant les esprits.

Imaginez, non n’imaginez plus mais laissez-vous porter dans ce nouvel opus du géant de la littérature populaire, qui se dresse tel un roc, un menhir à six faces, du haut de cinquante ans de carrière, et qui ne s’érode pas. Trois larges pans représentant l’espionnage, le policer, la science-fiction, et trois autres plus réduits symbolisant l’angoisse, l’érotisme, l’historique.

 

Dans sa postface, Serge Perraud annonce que ce titre est le 401ème roman écrit par cet auteur prolifique, le deuxième publié aux éditions du Masque. Pour la bonne bouche comme disent les gastronomes en culottes longues qui se délectent de lectures saines, j’ai choisi une citation extraite de ce nouveau roman, qui j’en conviens, placée hors contexte peut paraître anodine mais prend toute sa signification à la lecture du texte.

Tu ne sais pas ce qu’est une jeune fille, tu as toujours été vieille.

Georges Jean Arnaud signe ce nouveau roman qui le confirme comme auteur hors normes. Il s’inscrit comme l’auteur majeur, pour ne pas dire plus, du dernier demi siècle passé et il entame le XXIème siècle en fanfare. Certains diront qu’il y a eu aussi Simenon, mais je leur ferai remarquer humblement que ce fut un Belge même s’il vécu longtemps en France et que sa production, sauf peut-être les romans dits noirs et qu’il considérait comme littéraires, sont datés, tandis que ceux d’Arnaud, Georges Jean de ses prénoms, restent de petits chefs d’œuvre.

Georges-Jean ARNAUD : Le Néant des pierres. Grand Format. Editions du Masque. Parution 10 octobre 2001. 310 pages.

ISBN : 978-2702479902

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6 avril 2019 6 06 /04 /avril /2019 07:16

Vertiges ou vestiges de l’amour ?

Michel BUSSI : J’ai dû rêver trop fort.

Continuant sa série de romans aux titres empruntés à des chansons, Un avion sans elle, Maman a tort, On la trouvait plutôt jolie, le nouveau livre de Michel Bussi nous invite à revisiter le succès d’Alain Bashung. Il nous incite surtout à prendre l’avion en compagnie de son héroïne, Nathalie dite Nathy, hôtesse de l’air quinquagénaire sur des vols longs courriers, qui a une hirondelle tatouée sur l’épaule.

Elle est mariée avec un menuisier-ébéniste qui se prénomme Olivier, un prénom de circonstance, possède deux filles, Laura et Margot, et vit en Normandie à Porte-joie, une ancienne commune de l’Eure qui jouxte la Seine. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si une succession de coïncidences ne venaient interférer avec son prochain déplacement prévu pour Montréal, du 12 au 13 septembre 2019.

Mais sur sa liste des prochains vols prévus à la suite les uns des autres, outre Montréal, figurent Los Angeles et Jakarta. Commence un calcul de probabilités difficile à résoudre. Car c’est exactement le parcours qu’elle a eu à effectuer vingt ans auparavant. Mais avant de partir, elle se rend compte que son tiroir secret a été fouillé, ses papiers et une pierre du temps qu’elle garde précieusement depuis cette date, chamboulés. Une chanson est diffusée par son autoradio, Let it be. Et lorsqu’elle se positionne devant la porte d’embarquement, la M, comme par hasard, elle retrouve son amie Florence, hôtesse de l’air elle aussi, qui va voler en sa compagnie, de même que le commandant de bord, Jean-Max Ballain, qui approche de la retraite et est connu pour ses nombreuses conquêtes féminines. D’ailleurs de petits malins ont quelque peu détourné son patronyme en Jean Ballain Max !

Bref, la petite équipe est reconstituée comme vingt ans auparavant. C’est tout ? Non, se rendent également à Montréal Robert Smith et ses musiciens. Le groupe The Cure qui vingt ans auparavant avait fait frissonner Flo, toute pétillante de côtoyer de telles célébrités.

Parmi le personnel navigant, Nathy retrouve deux autres collègues qu’elle connait bien et Charlotte, une stagiaire. Manque à l’appel Ylian, le musicien à la guitare et à la casquette écossaise dont elle avait fait la connaissance à cette même porte M et avec lequel elle avait découvert Montréal, puis qu’elle avait retrouvé à Los Angeles puis à Barcelone et enfin à Jakarta. La première fois était un hasard mais pas la suite. C’était l’appel du cœur et des sens qui la poussait à le retrouver ou à le rechercher.

Non franchement, il y a trop de coïncidences, car à Montréal, d’autres faits se produisent, comme si quelqu’un s’attachait à vouloir lui faire remonter le passé du cœur dans la tête. Elle revit des événements, des émotions qui l’avaient bouleversée vingt ans auparavant, qui ne s’étaient jamais vraiment effacés mais seulement dilués au cours des années et de la vie familiale.

 

Toutes ces coïncidences mises bout à bout ne relèvent pas du hasard, mais elles ont été programmées par une main malveillante, Nathy s’en persuade de plus en plus. A moins qu’en présence d’un puis deux faits qui nous ramènent en arrière, on a le sentiment d’être assailli par des coïncidences, alors qu’inconsciemment on crée, on recherche des concordances. Et ceux-ci passeraient peut-être inaperçus dans d’autres circonstances. Non, ça ne marche pas comme ça se dit-elle.

C’est à elle personnellement que cette main manipulée par une tête pensante diabolique en veut. Elle s’en persuade et bientôt toutes ces concordances lui donnent raison. Pour quelle raison ? Dans quel but ? Et comment interpréter cette agression à San Diégo alors qu’elle venait de visiter Tijuana, comme elle l’avait fait vingt ans auparavant. De même qui peut s’amuser à lui prendre et remettre sa pierre du temps qu’une commerçante inuite lui avait donné à Montréal alors qu’elle parcourait la ville lors de son précédent voyage avec Flo et Jean-Max Ballain ?

Un manipulateur malin (ou une, il ne fait exclure personne) qui s’arrange pour perpétrer ses forfaits à son insu et le lecteur tente de mettre un nom sur cette personne malveillante. Mais celui ou celle auquel il peut penser ne se trouve pas forcément à l’endroit où elle évolue. A moins de posséder des accointances, des complices, mais comment étayer ces suppositions, ces conjectures ?

Et lorsque, enfin, le lecteur, moi le premier, découvre la vérité, il se dit que Michel Bussi une fois de plus nous a entraîné dans une histoire qui n’a rien de fantastique, que tout est logique, et particulièrement bien construite. Avec son lot de surprises et un retournement final particulièrement détonant, comme un déferlement.

Un roman musical, qui nous transporte au-delà de nos rêves, en compagnie d’Alain Bashung, des Beatles, des Cures et de combien d’autres.

Un roman d’amour et de passion, émouvant, qui prend aux tripes, et qui démontre que le don de soi n’est pas un vain mot.

Un roman qui se décline entre hier et aujourd’hui, entre 1999 et 2019. Et le lecteur ne peut se perdre dans les dates, entre ces différents chapitres, car un repère distingue, sur le haut des pages de droite, les deux périodes. Une hirondelle pour 1999 et un petit empilement de galets pour 2019. Mais chut, je ne vous ai rien dit.

 

Quand on enterre un être, combien d’amours secrètes enterre-t-on avec ? Combien de passions jamais avouées, happées par le néant, disparaissent comme si elles n’avaient jamais existé ?

 

Michel BUSSI : J’ai dû rêver trop fort. Editions Presses de la Cité. Parution le 28 février 2019. 480 pages. 21,90€.

ISBN : 978-2258162839

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5 avril 2019 5 05 /04 /avril /2019 07:03

Tu veux qu'j'te chante la mer
Le long, le long, long des golfes
Pas très clairs

Alain BERNIER et Roger MARIDAT : Pièges dans le Golfe.

Anna Verdon ne supporte plus la vie étriquée qu’elle mène entre ses parents, l’un alcoolique et chômeur patenté, l’autre se plaignant sans cesse et se reposant sur sa fille en toutes occasions.

Seul trouve grâce à ses yeux son jeune frère, Jean-Charles, un mou qui a besoin du soutien permanent de sa sœur, laquelle va même jusqu’à payer ses études. Ambitieuse, Anna aspire au confort matériel, à une situation professionnelle élevée, à la reconnaissance de ses capacités professionnelles.

Elle décide donc de quitter le foyer familial entraînant avec elle Jean-Charles. L’opportunité de se faire une place au soleil lui est offerte par une de ses anciennes camarades qui se marie.

Laurence travaille chez Gallouédec, le parfumeur bien connu, mais elle envisage de quitter son emploi, aussi Anna pense pouvoir, grâce à ses compétences se faire embaucher. Elle imagine un stratagème qui devrait lui apporter tout rôti le patron susceptible de reconnaître ses capacités. Elle feint une noyade alors que Gallouédec (quarante ans de plus aux artères) se baigne dans l’océan, et l’accroche dans ses filets.

Seulement au lieu de trôner derrière un bureau, la voilà lascive (pas trop quand même) dans un lit. Avec un mariage à l’horizon. Elle qui se croyait devenir directrice, pourquoi pas P.D.G., de l’entreprise, ne règne que sur la maison.

Piètre avenir qu’elle résoudra en poussant son mari un peu plus tôt que prévu dans le vide. Youpi se dit-elle, enfin je règne et je procure à mon petit frère une place digne de lui. Sauf que c’est un incapable et que les ennuis financiers se pointent à l’horizon.

 

Roman policier que l’on pourrait cataloguer rétro, Pièges dans le Golfe (je n’aime pas trop le titre qui induit en erreur même si l’histoire se déroule dans les environs du Golfe du Morbihan) ravira les amateurs de suspense, même si l’histoire, et donc l’épilogue, semble issu d’un moule maintes fois utilisé.

Bernier et Maridat, qui produisirent d’excellents romans au Fleuve Noir sous le pseudonyme d’Eric Verteuil, n’en sont pas à leur coup d’essai et sous couvert de gentillette romance visitent d’un œil acéré quelques travers de la France profonde (ce qui ne veut pas dire que la capitale est exempte de tout vice, mais les relations entre personnages se révèlent parfois différentes de la province).

Anna s’érige en femme ambitieuse, désireuse d’assumer une volonté de réussite en utilisant en priorité son intelligence, sa culture, ses qualités intrinsèques, et mettant au rencart ses fesses et ses sentiments sauf si les premiers ingrédients se révèlent inopérant. Et encore !

Mais il faut prévoir le retour de bâton et l’épilogue ne manque ni de charme, ni de morale. Selon le point de vue où l’on se place.

 

Alain BERNIER et Roger MARIDAT : Pièges dans le Golfe. Liv Poche Suspense n°57. Liv’Edition. Parution 9 mars 2004. 244 pages.

ISBN : 978-2844970572

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25 mars 2019 1 25 /03 /mars /2019 05:09

Il est vrai qu’il y verra mieux !

William IRISH : La Liberté éclairant le mort.

Bien connu en France pour au moins deux de ses romans adaptés au cinéma, La mariée était en noir et La sirène du Mississipi, William Irish de son véritable patronyme Cornell Woolrich, fut un insatiable et infatigable rédacteur de nouvelles dont l’un des aspects principaux résidait dans le suspense et l’angoisse qui englobaient pratiquement tous ses textes.

Et quand j’écris bien connu, ce sont surtout les films, les réalisateurs et les interprètes des films qui sont connus, car le nom de William Irish ne dit presque plus grand-chose sauf à quelques vieux routiers de la littérature policière américaine de suspense. La mariée était en noir par exemple, film de François Truffaut en 1968 avec Jeanne Moreau, et La sirène du Mississipi du même François Truffaut avec Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve et Michel Bouquet. Mais pour vous rafraîchir la mémoire, le mieux est peut-être de vous rendre sur un site qui lui est consacré.

Ce recueil, composé de quatre nouvelles, est presque la quintessence de son œuvre, ou plutôt de l’esprit qui anime son œuvre. Un suspense habilement ménagé avec une dose d’humour sous-jacent, et dont l’épilogue laisse parfois au lecteur le soin d’imaginer certains aspects de l’histoire. En dire trop, de la part de l’auteur, aurait effacé les parts d’angoisse et de suspense, qui imprègnent ses nouvelles.

 

La Liberté éclairant le mort (The Corpse in the Statue of Liberty – Traduction de M. B. Endrèbe) :

Accusé par sa femme de trop regarder la télévision et de boire des bières en rentrant du travail, ceci après sept mois de mariage - au lieu de se cultiver, lire par exemple, d’aller dans des musées ou autre - un jeune policier décide de visiter la statue de la Liberté. Il prend le bateau qui rejoint l’île sur laquelle est érigée la statue en compagnie de quelques passagers puis grimpe jusqu’au faite. A mi-montée, il aperçoit un homme, en surcharge corporelle, qui se repose sur un banc disposé exprès, entame une conversation, puis continue son ascension. En haut il peut découvrir New-York et l’océan, mais surtout une jeune femme inscrivant quelque chose sur le montant des vitres, comme bien des visiteurs le font. Il redescend, ne retrouve pas l’inconnu sur son banc puis interroge le liftier qui dirige l’ascenseur situé dans le socle de la statue. L’employé n’a pas vu l’inconnu aussi notre policier remonte jusqu’au banc pour découvrir le cadavre dans une sombre anfractuosité menant au bras de la statue. Le travail d’un policier ne s’arrête jamais. C’est également un bon moyen de visiter cette statue comme si vous y étiez.

 

Entre les mots (Murder Obliquely – Traduction de M.B. Endrèbe: cette nouvelle, la plus longue du recueil, met en scène quelques personnages, dont Dwight Billings, un homme riche qui envoie un jour une nouvelle policière. Annie Ainsley, la directrice d’un périodique consacré à la publication de nouvelles policières, et son assistante, Joan, ne sont pas vraiment emballées par ce texte mais comme il faut boucler le magazine et qu’il y a une place à combler, elles le corrigent et en informent l’auteur avant de le publier. Annie est agréablement surprise lorsque ce trentenaire se présente au bureau, elle une quadragénaire qui n’a jamais eu d’amoureux dans vie. Ils font plus ample connaissance, elle se rend chez lui, un appartement luxueux qu’il a reçu en héritage, et prennent un verre ensemble. Seulement la petite amie de Dwight arrive en compagnie d’un bellâtre, et repart, après une altercation, en laissant sur place, manteau et vêtements, quasiment nue. En réalité Dwight est toujours marié et Annie se trouve entre deux feux. Une étude psychologique sur deux personnages, Dwight et Annie, qui à l’évidence s’aiment mais ne peuvent conclure. C’est également une leçon d’écriture destinée aux lecteurs qui se piqueraient de rédiger des nouvelles.

 

Le mari de Miss Alexander (Murder Obliquely – Traduction M.B. Endrèbe) : Vétéran de la dernière guerre, ayant perdu une main dans un combat, Blaine Chandler attend le retour de sa femme, chez lui seul, non, pas seul puisqu’il est en compagnie de son chien. Elle n’a pas déserté le foyer conjugal miss Alexander, mais elle fréquente les tournages cinématographiques. Elle est devenue une vedette fort demandée et souvent les correspondants au téléphone ont la mauvaise habitude d’oublier son nom de Chandler, pourtant connu en littérature, au profit de celui de sa femme. Sa main manquante est un handicap qui le gêne dans certaines démarches même s’il parvient sans difficulté, ou presque, à allumer ses cigarettes avec une allumette d’une seule main. Mais le tournage d’un film est parfois dangereux et il apprend que sa femme vient d’être victime de brûlures. Elle n’est pas décédée, heureusement, mais il en résultera toutefois quelques conséquences.

 

Pour acquit (I.O.U.- 1938. Traduction de G. Sollacaro) : Jeune inspecteur de police, Clinton regagne sa demeure là-haut sur la colline, à bord de son antique véhicule. Sa délicieuse femme et sa non moins délicieuse fille de sept ans l’attendent et ils doivent aller cinéma. La gamine s’engouffre dans le véhicule alors que Clinton et sa femme finissent de se préparer. Hélas, le frein à main a peut-être été mal mis ou la gamine a joué avec, le véhicule commence à descendre la rue. Clinton a beau courir, il ne peut empêcher sa voiture de basculer par-dessus le parapet et tomber dans la rivière. N’écoutant que son courage, Clinton se jette à l’eau, oubliant qu’il ne sait pas nager. Heureusement, un automobiliste passant par là sauve d’abord le père, puis la fille. Tout est bien qui finit bien. L’inconnu repart sans attendre de remerciements. Cinq ans plus tard, il demandera à Clinton de faire un geste en sa faveur, accusé qu’il est de meurtres. Un cas de conscience se présentera alors à Clinton.

 

Quatre nouvelles d’inspiration différente mais qui mettent en avant tout le talent de William Irish, et jouent sur le côté psychologique des personnages.

 

William IRISH : La Liberté éclairant le mort. Recueil de nouvelles. Collection Un Mystère N°419. Editions Presses de la Cité. Parution 26 juin 1958. 192 pages.

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24 mars 2019 7 24 /03 /mars /2019 05:43

Minuit, l’heure du crime…

Jean-Christophe PORTES : Minuit dans le jardin du manoir.

Nous ne sommes pas à l’époque de la Révolution Française, quoique, mais bien au début du XXIe siècle. Pourtant une pique surmontée d’une tête dont les orbites sont garnies d’écus en métal doré est dressée dans le parc d’un manoir normand dont la construction remonte à 1562.

Le jeune homme qui a découvert cette tête, qui apparemment ne lui revient pas, à minuit et quelques minutes, en profite pour la photographier et divulguer sur les réseaux sociaux sa trouvaille. Naturellement les journalistes et les policiers de Rouen sont rapidement sur les dents.

Ce manoir appartient à Colette Florin - un rapport avec les écus en métal doré ? – une vieille dame quelque peu excentrique. Son petit-fils, Denis, a repris l’étude notariale familiale, mais c’est un homme réservé, un peu gauche, célibataire, et auprès de la population locale il passe pour un benêt, pour ne pas dire un attardé, dont la principale occupation est de reconstituer dans l’une des pièces de cette demeure, la bataille de Marignan, petits soldats de plomb amoureusement peints par lui-même et décors reconstitués fidèlement.

Evidemment, il est en première ligne des soupçons portés sur lui. L’inspecteur Trividec, le beau gosse de la brigade infatué de sa personne est chargé de l’enquête policière, et que ferait ce prétentieux s’il n’avait comme adjointe Miss Je-Sais-Tout, laquelle est nettement plus érudite que lui.

Nadjet Bakhtaoui, une journaliste grand-reporter qui revient du front moyen-oriental, est dépêchée sur place. C’est une accrocheuse qui sait se débrouiller pour s’infiltrer au nez et à la barbe de ses confrères et des policiers dans le parc et prendre des photos. Elle aime son travail et ne néglige aucune piste.

La grand-mère Colette est considérée comme une vieille folle par ses concitoyens, mais elle est loin de ce qu’elle paraît. Elle tient un blog, organise des réunions costumées, elle est riche et s’oppose à certaines décisions municipales ou préfectorales, n’hésitant pas à s’enchaîner aux grilles de la préfecture rouennaise. Et elle possède assez de bagout et de charisme pour amener une certaine partie de la population à la suivre dans certaines batailles contre les élus assujettis aux multinationales.

Denis, malgré son air distrait mais timide, est un brillant adversaire aux échecs, se confrontant via Internet, n’ayant plus d’adversaires proches à sa taille. Et il serait un expert en cryptogrammes selon le libraire. Et comble d’imbécilité, ou de naïveté, excédé par les journalistes, il les provoque sabre au clair afin de les empêcher d’investir le parc.

Et voilà pour les personnages principaux. Ah, j’allais oublier Monroy, richissime homme d’affaires dont la présence est quelque peu énigmatique. Plus quelques cadavres qui seront retrouvés non loin.

 

Une enquête particulièrement réjouissante qui emmènera le lecteur jusque dans le sud de l’Espagne, avec un côté social puisque des réfugiés africains feront de la figuration plus qu’intelligente au fort de Gibraltar, découpée en chapitres courts, accentuant la vivacité et la complexité de l’intrigue, mettant en scène chacun des protagonistes.

De plus se greffe, en intercalaires, un épisode historique avec la conquête du Mexique par Hernán Cortés, une chasse au trésor, et quelques épisodes qui remontent à la guerre d’Algérie.

Un roman sandwich, composé d’éléments nutritifs intellectuellement, une diversité qui se complète admirablement. Une nouvelle facette, du talent de conteur de Jean-Christophe Portes, qui comporte quelques anomalies, dans les dates et les âges, je ne peux m’empêcher de les relever, c’est un peu un TOC, Trouble Obsessionnel Comparatif, mais qui par ailleurs est un regard acéré, aiguisé, sur notre société, surtout sur les chaînes d’info en continu, les journalistes et chroniqueurs qui s’estiment des spécialistes mais ne sont que des masturbateurs de l’esprit en se concentrant sur des détails sordides et futiles, et les débats télévisés où l’on parle de tout et de rien, uniquement pour occuper l’espace-temps et se faire voir.

Un roman enlevé (à plusieurs titres !), virevoltant, amusant et précis, jouant sur le sensationnel, moins académique et didactique que la saga révolutionnaire de Victor Dauterive et donc plus passionnant.

 

Jean-Christophe PORTES : Minuit dans le jardin du manoir. Editions du Masque. Parution le 13 mars 2019. 380 pages. 19,90€.

ISBN : 978-2702449141

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13 mars 2019 3 13 /03 /mars /2019 05:57

Attention aux éclaboussures !

William P. McGIVERN : La nuit de l’égorgeur

Le lieutenant Tonnelli, de la police de New-York a une hantise : le 15 octobre. Date fatidique qui s’approche à pas de géant. 15 octobre. Depuis quatre ans, un 15 octobre, une jeune fille est assassinée, égorgée. Aucune piste ne permet de cibler l’Egorgeur malgré toutes les recherches effectuées, soit à partir d’archives de la police, soit de documents de presse. Rien. Et le 15 octobre qui arrive inexorablement. Une autre jeune fille est probablement en danger, mais l’Egorgeur ne doit à aucun prix accomplir son forfait.

Pendant ce temps dans un immeuble banal dont les fenêtres donnent sur Central Park, se déroule un drame familial. Luther Boyd est un militaire en retraite qui aime à se retremper dans cette atmosphère si particulière des casernes et des camps d’entrainement. Lubie ou besoin que n'apprécie pas particulièrement sa femme Barbara. Ce qui est l’une des causes de leur séparation. Entre eux deux, Kate fillette de onze ans qui se raccroche à ses parents et dont la maturité précoce lui fait comprendre bien trop de choses.

Kate possède un petit chien qu’elle promène en début de soirée, avec interdiction formelle de traverser la rue. Kate est une petite fille obéissante nais il existe dans la vie des impondérables et inexorablement le plus obéissant des enfants déroge toujours à cette règle de conduite.

En cette fin d'après-midi, un chaton et une dame chargée de bagages feront que Kate se retrouvera seule dans Central Park. Seule, pas tout à fait, puisque l’Egorgeur est là, prêt à bondir sur sa proie.

Aussitôt la disparition de Kate signalée, son père puis la police dirigée par Tonnelli, vont, séparément ou main dans la main, selon les circonstances, vont effectuer des recherches qui au fil des heures semblent de plus en plus hypothétiques.

 

Après une mise en place un peu laborieuse de tous les éléments et les acteurs de ce drame, William P. McGivern nous entraine dans une chasse à l’homme frénétique, haletante, menée tambour battant. L’épilogue reste constamment incertain.

Dans ce roman efficace une place prépondérante est accordée au lieu : Central Park. Central Park qui depuis quelques années devient le lieu de prédilection de bon nombre d’écrivains.

La personnalité de l’Egorgeur, ses particularités physiques, ne sont pas rappeler le personnage frustre de Steinbeck dans son roman Des souris et des hommes. Comme Lennie, l’Egorgeur fait pitié mais ce n’est pas pour autant que ses gestes sont excusables.

Réédition dans le volume Paniques, les thrillers des années 80. Editions Omnibus.

Réédition dans le volume Paniques, les thrillers des années 80. Editions Omnibus.

William P. McGIVERN : La nuit de l’égorgeur (Night of the juggler – traduction de France-Marie Watkins). Collection J’ai Lu Thriller N°6005. Editions J’ai Lu. Parution le 21 décembre 1987. 256 pages.

ISBN : 2277060054

Première édition : Collection Paniques. Editions Presses de la Cité. 1984.

Réédition dans le volume Paniques, les thrillers des années 80. Editions Omnibus.

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10 mars 2019 7 10 /03 /mars /2019 04:57

L’alter ego de Jack l’Eventreur ?

Jean RAY : Jack de Minuit.

Jean Ray restera à jamais pour tous ceux qui le connaissent le créateur d’Harry Dickson, même si certains aujourd’hui contestent cette paternité, avec juste raison. Mais comme il a tout réécrit, qu’il a imaginé des aventures à partir des couvertures originales, Harry Dickson, c’est bien Jean Ray.

Jean Ray c'est également l’auteur de ces chefs-d’œuvre immortels que sont Malpertuis, La Cité de l’indicible peur, Les contes noirs du golf, ou encore Les contes du whisky. Des romans imprégnés de fantastique et de policier, dans lesquels l’atmosphère joue un rôle prépondérant.

Mais Jean Ray a écrit bien d'autres œuvres méconnues, oubliées, perdues, disparues jusqu’à aujourd’hui. Ainsi ce Jack de Minuit, plus policier que fantastique mais dans lequel on retrouve la patte, le style du grand maître. Un roman qui reprend les thèmes chers à l’auteur : la mer, l’exotisme, mais également les sociétés secrètes, Londres et son smog, les bouges, le mystère sous toutes ses formes. Des thèmes qui firent les délices de nos lectures enfantines et dans lesquels puisèrent abondamment les écrivains populaires.

 

Rowland Harleyson, de retour d’Australie, voyage à bord du Jurvis Bay, et regagne l’Angleterre. Au cours d’une escale à Aden il manque d’être assassiné par deux voleurs. Il est sauvé in extrémis par un mystérieux chinois, Mr Wang qui lui fait promettre de fui rendre le même service le jour où il en aura besoin.

Sur ce bateau, il tombe amoureux de la belle Betty, nièce du richissime lord Elmsfield. Mais celle-ci se montre coquette et frivole envers Rowland, et le dédaigne. Rowland sauve de la noyade Nancy Ward, une stewardesse embauchée à Aden, un acte de bravoure qui lui vaut la reconnaissance de la jeune femme.

D'autres petits faits parsèment le voyage houleux de Rowland. Une nuit ses cheveux changent de couleur. Une adresse londonienne lui est imposée. Etc. Pendant ce temps, à Londres sévit un mystérieux tueur surnommé Jack de Minuit, qui, comble de l’horreur, décapite ses victimes. Rowland Harleyson est vite soupçonné par la police d'être le fameux Jack de Minuit. Emprisonné, il risque de terminer son existence au bout d’une corde. Mais un individu, rebut de la société nommé Sol Perlmutter a décidé de venger la mort de l'unique ami qu’il ait jamais eu.

 

Jack de Minuit est un livre foisonnant de mystères, de péripéties, d’aventures, d’énigmes, de substitutions, d’actions d’éclat dans lequel l’amour et l’amitié font également parties du voyage. Une cure de nostalgie et de jouvence littéraire.

Réédition Collection Terres Fantastiques. Editions Terre de Brume. Parution le 24 novembre 2017. 174 pages. 18,00€.

Réédition Collection Terres Fantastiques. Editions Terre de Brume. Parution le 24 novembre 2017. 174 pages. 18,00€.

Jean RAY : Jack de Minuit. Préface d’Henri Vernes. Couverture de René Follet. Collection Attitudes. Claude Lefrancq Editeur. Parution 1991. 160 pages.

ISBN : 2-87153-046-7

Réédition Collection Terres Fantastiques. Editions Terre de Brume. Parution le 24 novembre 2017. 174 pages. 18,00€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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