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12 juin 2019 3 12 /06 /juin /2019 04:57

Miroir, mon beau miroir…

Michael McDOWELL : Toplin

Le héros narrateur oscille entre la schizophrénie et la paranoïa dans un univers trouble. Mais, à moins qu’il ne perçoive le monde dans lequel il évolue comme à travers une glace déformante, les autres protagonistes de cette histoire eux aussi ne sont pas tout à fait nets et sains d’esprit. C’est comme un univers régi par Lewis Carroll revu et corrigé.

Il ne s’agit pas de raconter la quête et l’obsession d’un être perturbé dans un monde normal, mais bien de mettre en présence plusieurs individus qui chacun vivent leurs psychoses personnelles, comme si la normalité n’existait plus.

 

Parce qu’il lui manque une épice essentielle, ou qu’il juge comme telle, pour la confection de son dîner, le narrateur est amené à prendre son repas dans un restaurant dont la serveuse est d’une laideur telle qu’il la considère comme un anachronisme. Il se sent chargé, investi d’une mission : tuer cette malheureuse.

Lui qui aspire à la perfection en toute chose, qui est d’une maniaquerie maladive, considère cet être scrofuleux comme une tare, un abcès répugnant. Il s’érige, je cite, en : Parfait spécimen de l’humanité.

Son appartement est truffé de miroirs :

J’ai des miroirs partout, de toute une gamme de taille, de toutes sortes de formes, et d’un large éventail de cadres. Les miroirs, on l’ignore en général, ont différentes textures. Je suis conscient de cette propriété des miroirs, mais elle ne m’affecte guère. Quand je regarde dans mes nombreuses glaces, elles me montrent toujours des images de ma perfection avec d’infimes altérations. Il n’y a là rien de déconcertant.

Mais ce sont des images en noir et blanc ou plus ou moins grisâtres car à la suite d’un accident, de blessures occasionnées par des sternes, il a perdu la notion des couleurs.

 

Un livre envoûtant où le fantastique cède le pas à la terreur créée par les subconscient mégalomaniaque d’un être perturbé psychiquement.

Mais ce texte peut être également lu comme une parabole, riche d’enseignements pour le lecteur, nous qui nous croyons souvent meilleurs que notre prochain, et pensons détenir la vérité en toute chose.

Cette collection éphémère n’aura connu que trois titres, me semble-t-il, et était dirigée par François Truchaud, le découvreur en France de Graham Masterton.

Michael McDOWELL : Toplin (Toplin – 1985. Traduction de Patrick Marcel). Collection Hantises. Editions Gréco. Parution novembre 1989. 192 pages.

ISBN : 2-7396-0010-0

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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