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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 14:06

Et les apparences ne sont pas des appas rances...

Roland SADAUNE : Apparences.

Résider dans une tour de dix-huit étages, n'est pas rédhibitoire. A condition d'être jeune, alerte et d'habiter au premier.

Mais pour l'homme qui se déplace avec difficulté, cela devient plus problématique. Un bruit obsédant l'agace, comme un bruit de crécelle, il sait d'où cela provient, mais il y remédiera plus tard. Peut-être.

Pour l'heure, il vaque à ses petites affaires, sacrifiant à sa passion. La vaisselle une fois de plus est reportée au lendemain, il doit s'atteler à autre chose.

Une revue dont il a marqué la page, une photo de jeune femme, belle comme toutes les jeunes femmes qui figurent sur ce genre de magazine. Bien mieux que Sandra, mais Sandra c'était sa femme, morte dans un accident dont il a réchappé. Il ne s'en remet pas.

Alors il découpe les photos des magazines, photos glacées comme les femmes qui sont dessus, malgré leur galbe et leur sourire.

Alors il les découpe, pas les femmes mais les photos, puis les attache avec un morceau de scotch sur le mur près de son lit. Une véritable collection de portraits. Une exposition de mannequins, des top-modèles... Puis il prend un feutre...

 

Pendant ce temps, un dingue, selon la terminologie de Delmes, le rédacteur en chef du magazine Réalité, se paie le luxe de trucider des jeunes femmes, cinq déjà, des répliques, des sosies des modèles d'une maison de couture. Toutes égorgées dans un périmètre d'un kilomètre autour de la Porte de Clichy. La sixième vient d'être découverte. Delmes est venu sur place, prendre une bouffée d'atmosphère, en compagnie de Lou Rascal, sa jeune collaboratrice photographe. Et Lou se pose des questions. Après tout elle est journaliste, et un journaliste se doit d'être curieux.

 

Une nouvelle intimiste qui permet à Roland Sadaune de mettre en scène la solitude d'un veuf qui n'a plus que ses souvenirs pour vivre, et les illusions cinématographiques pour combler une absence. Celle d'une femme, celle de Sandra.

Un texte tout en pudeur, parfois en non-dits, qui joue sur les contrastes, et laisse le lecteur évasif, s'imaginant les quelques scènes tournées comme un court-métrage.

Mais tout est en trompe-l'œil, c'est la force du peintre qu'est Roland Sadaune de pouvoir jouer ainsi avec ses personnages, jouer sur les situations, sur les apparences. Des détails s'échappent, mis en valeur dans un flou ambiant, des touches de couleurs, du rouge, du noir et surtout du blond.

Roland SADAUNE : Apparences. Nouvelle numérique. Collection Noirceur Sœur. Editions SKA. 1,49€.

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25 février 2016 4 25 /02 /février /2016 13:58

Un flic, même inspecteur de police, est un homme comme un autre.

Gérard DELTEIL : Pièces détachées.

Patrick Ramon le sait bien, lui qui travaille au 36 Quai des Orfèvres sous les ordres de Josiane, une commissaire qui fait tout pour cacher sa féminité.

Patrick ne ressemble en rien aux acteurs de cinéma, aux héros des séries télévisées américaines ou aux flics stéréotypés de la littérature policière. Ses horaires sont élastique, ce qui entraîne souvent de la part de sa compagne Evelyne des remarques désobligeantes et des accès de mauvaise humeur, fragilisant la vie de couple. Le travail d'enquêteur n'est pas une sinécure et parfois il faut être au four et au moulin.

Un jeune Beur est retrouvé égorgé dans la cage d'escalier d'une HLM de Garges-Lès-Gonesse. La vue d'un tel tableau, même lorsqu'on est aguerri, n'est guère propice à faire passer le petit déjeuner dans de bonnes conditions. Et les à-côté ne sont pas plus enthousiasmants. Recueillir les dépositions auprès de locataires hostiles à la police s'avère souvent assez éprouvant.

La découverte d'un second cadavre Porte d'Auteuil, si elle n'est pas réjouissante, sert au moins de dérivatif. Enquêter chez les bourgeois possède quelques avantages. Au moins on risque moins les bavures et les personnes interrogées marquent plus de respect envers les forces de l'ordre, même si ce respect est simulé.

Patrick partage son temps entre ces deux affaires. Le jeune Beur pourrait être impliqué dans une histoire de drogue, d'ailleurs la présence de deux Colombiens incite à une telle hypothèse.

Le cas de Pellegrin lui est plus délicat car le meurtrier a voulu faire croire à un suicide? Mais se suicide-t-on d'une balle dans la nuque, à moins de posséder la morphologie des gymnastes désarticulés. Derrière Pellegrin, un chirurgien propriétaire d'une clinique privée, mandarin médiatique, se profilent quelques magouilles financières. Jusqu'au jour où Patrick Ramon se rend compte que les deux affaires convergent.

 

Le Prix du Quai des Orfèvres 1993 est ce qu'on pourrait appeler une excellente cuvée. On s'étonnerait à moins sachant qu'en cette année 1992, Gérard Delteil possédait déjà à son actif une quarantaine de titres, dont certains avaient été récompensés par des prix. Le Prix Polar de la ville de Reims 1986 pour Votre argent m'intéresse, le Grand Prix de Littérature Policière 1986 pour N'oubliez pas l'artiste, le Prix Moncey 1988 pour Histoire d'os.

Gérard Delteil n'était onc pas un inconnu et il n'a pas eu à forcer son talent pour voir son manuscrit honoré pour être publié. Certains pisse-froids avanceront (et ce fut fait pas Didier Daeninckx) qu'il n'était pas logique qu'un auteur reconnu se prête à ce petit jeu. Pour ma part je donne raison à Gérard Delteil, que j'estime, d'abord parce que le règlement du concours stipule que ce prix est destiné à couronner chaque année le meilleur manuscrit d'un roman policier inédit, et non pas que son auteur soit un parfait inconnu. Ensuite parce que d'autres auteurs ont été également récompensés par ce prix : Pierre Magnan qui publiait depuis 1945 et a obtenu le Prix du Quai des Orfèvres 1978 avec Le sang des Atrides, Maurice Périsset, qui avait débuté en 1950 et s'est vu récompensé en 1983 pour Périls en la demeure.

Curiosité :

L'un des personnages de second plan (faut pas trop en demander non plus) est mon homonyme patronymique.

Gérard DELTEIL : Pièces détachées. Prix du Quai des Orfèvres 1993. Editions Fayard. Parution 2 décembre 1992. 216 pages. 8,90€. Format numérique 6,99€.

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24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 14:52

Il fallait goûter celles à la mode de Caen !

Gaëtan BRIXTEL : Bad Trip.

Quatorze ans, c'est jeune, mais pour un chien, disons que c'est dans la moyenne.

Totor est mort ! Ce cri lancé par Hélène, la mère, refroidit la tablée. Moins que le clébard peut l'être à ce moment, mais quand même.

Alors, même s'il ne faut pas en parler à table, ce n'est ni l'heure, ni le moment, tout le monde en parle quand même. Bon chien Totor, qui s'était échappé. A quatorze ans, avoir des envies de fugue... Mais ce n'était pas la première fois.

Des battues avaient été effectuées, dans les petits chemins, à pied et en voiture, mais pas à cheval.

Et puis Totor a été retrouvé, aplati sur le bitume, les boyaux à l'air. Indécent. Mais qu'est-ce qui lui avait pris à Totor ? L'envie d'aller mourir loin de chez lui, de la maison de ses maîtres quoiqu'il ne fut pas esclave ? Des suppositions échangées, surtout par la mère.

Mais ce que n'avoue pas le narrateur, c'est que c'est de sa faute à lui que Totor n'est plus qu'une galette au goût de caoutchouc et de bitume. Et qui pourrait faire le joint entre la mort de Totor et lui Emeric et sa sortie vespérale et canine en compagnie de son ami Antonin ?

 

En réalité tout ne s'est pas déroulé exactement comme Emeric veut le faire croire. Et tout ça parce qu'Antonin et lui se sont amusés à jouer les herboristes en herbe et les myciculteurs débutants.

Une histoire au quotidien, dont on aimerait qu'elle ne se reproduise pas trop souvent, narrée par un jeune auteur qui a du chien et du mordant.

 

Gaëtan BRIXTEL : Bad Trip. Collection Noire Sœur. Editions SKA. Nouvelle numérique. 1,49€.

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20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 14:57

Ne colle pas aux dents ?

Max OBIONE : Caramel dur.

Dialogue de sourds et de muets dans un établissement hospitalier.

Pas tout à fait vrai, deux voix intérieures qui se catapultent entre un homme allongé sur un lit d'hôpital et une technicienne de surface un peu malhabile qui passe la wassingue et nettoie la chambre.

Des pensées qui se télescopent. La femme parle un peu, pose des questions, même si elle sait que le patient branché de partout ne peut pas répondre. Des clignements d'yeux, peut-être, mais entend-il ?

Oui, apparemment, il cligne de l'œil lorsqu'elle lui demande si c'est un accident de moto.

Elle part mais promet de revenir. Promesse tenue, puisqu'elle arrive et se huche sur un petit escabeau. Elle a de l'humour la gamine, qui a quand même une quarantaine d'années, à vue de nez. Elle le morigène en souriant, lui disant qu'il peut regarder, ses mollets ou plus sait-on jamais, mais qu'il n'a pas le droit de toucher. Elle se moque de lui innocemment alors qu'il ne peut même pas bouger.

Elle est gentille, un peu naïve. Niaise ou perverse. Elle lui offre un caramel, lui qui est trachéotomisé. Elle déplie l'emballage, suce un peu la friandise pour qu'elle glisse mieux et hop, elle lui demande de tirer la langue et il sent le goût du sucré. Point trop n'en faut, il aura le reste le lendemain...

 

Le phantasme de l'infirmière est supplanté par celui de la femme de ménage, pas vraiment belle, mais souriante, et entreprenante. Elle s'est entichée de ce malade, de cet accidenté de la route, c'est vraiment sympathique de sa part. Mais pour quelle raison ?

La morale de cette histoire concoctée par Max Obione : méfiez-vous toutefois des femmes qui veulent vous faire du bien dans un hôpital. On ne connaît jamais leurs intentions, surtout lorsque l'on ne peut pas s'exprimer sauf par les yeux

Un conte moderne habilement écrit par Max Obione qui nous réserve une bien belle surprise finale, même si l'on s'y attend un peu alors que le récit avance tranquillement.

Max OBIONE : Caramel dur. Collection Noire Sœur. Editions SKA. Nouvelle numérique. 1,49€.

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 14:33

Bellami, une référence à Maupassant ?

Malicia JOY : Casanova. Les aventures de Bellami. Episode 1.

Un jour d'entrainement de rugby. Toutes les mères sont là à surveiller et apprécier le jeu de leur progéniture qui se défoulent sur la pelouse.

Seul, un homme détonne et détone parmi cette gent féminine et les langues vont bon train.

Il est vrai que leurs maris respectifs sont si occupés par leur travail, si débordés, qu'ils ne peuvent se déplacer voir évoluer leurs loupiots rugbymen en herbe.

Elles se sentent délaissées et l'une d'elles, Marie-Chantal, se plaint de la fraîcheur. Pas de café en vue pour se réchauffer autour d'une tasse de thé. Qu'importe, elle invite Bellami à la rejoindre dans sa voiture afin d'échapper à la bise. Les gamins vont bien se débrouiller sans elle. Quant aux autres mères, elles sentent une pointe de jalousie les attiser.

Installé confortablement dans la berline, Bellami voit avec stupeur une boule de poils sauter sur les genoux de sa propriétaire. Un yorkshire nommé Casanova.

Non pas à cause d'une supposée origine italienne, précise aussitôt Marie-Chantal, mais de son côté libertin.

 

Classée trois Q, sur une échelle de trois, cette courte nouvelle n'est conseillée qu'aux adultes consentants, et aux amis des animaux.

Quant à vous, messieurs, vous êtes peut-être en droit de vous demander ce que font vos femmes les mercredis après-midi, lors des entraînements de foot, de rugby ou autre sport gratifiant pour les petits muscles de vos enfants, tandis que vous lutinez activement votre secrétaire ou votre collègue de travail.

Malicia, joli prénom plein de malice, pour une histoire elle aussi malicieuse qui met en joie. Mais est-ce vraiment une femme qui narre cette histoire ? Ceci ne nous regarde pas !

 

Malicia JOY : Casanova. Les aventures de Bellami. Episode 1. Nouvelle numérique Collection Cullissime. Editions SKA.. Parution février 2016. 1,49€.

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 09:09

Ce n'est pas parce que je ne suis pas un numérique pratiquant, que je dois passer sous silence des rééditions intéressantes. Dont acte.

Patrick ERIS : Le Chemin d’ombres.

Un coin de verdure dans la campagne anglaise, un manoir d’architecture victorienne, tel est l’endroit rêvé pour accueillir en toute sérénité des congressistes. Loin du tumulte londonien consécutif aux prises de décisions gouvernementales, des restrictions budgétaires imposées par l’ère Tatchero-Blairienne, le climat social est tendu. La sécurité dite sociale est menacée : des fonctionnaires en moins c’est des voix en plus !

Pourtant Marion Darras a préféré exercé son sacerdoce de psychologue dans un immeuble du Welfare, l’aide sociale, plutôt que de s’installer en praticien libre. Elle reçoit une convocation l’invitant à participer à une tentative de thérapie nouvelle sur trois volontaires, des patients qu’elle a déjà eu l’occasion de soigner lors de ses jours de garde à la clinique. Elle retrouve quelques confrères dont David Holder avec lequel elle a vécu des relations charnelles six ans auparavant. Puis ils se sont quittés, en affirmant comme d’habitude qu’ils vont se téléphoner, prendre de leurs nouvelles, le genre de promesses pieuses non suivies d’effet. Elle connait de vue les autres participants mais ce qui la dérange le plus c’est l’expérience tentée sur les patients.

Les trois cobayes, s’ils sont différents physiquement, possède un point commun en dehors d’être soigné pour des raisons mentales. Sandy est grande, mince, filiforme, et sans être belle possède un charme troublant. Marion l’avait surnommée Ophélie en référence au personnage de Shakespeare. Sandy vit dans un monde gothique, entretenu par ses lectures, principalement Les hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. Brian est obèse et quoiqu’il fasse, il ne perd pas un gramme. Une boulimie encouragée et entretenue par sa grand-mère durant son enfance. Kenneth, qui s’était adonné à la drogue, est en période de rémission, mais il est agressif et solitaire. Tous trois ont perdu un ou plusieurs être chers dans des circonstances douloureuses, des événements tragiques qui les ont marqués à vie, créant des fractures mentales.

L’expérience envisagée est de prouver qu’il est possible de pouvoir connecter les rêves de trois personnes en même temps. Il n’est donc pas question de lire les rêves mais de comparer les trois graphiques afin de vérifier s’il y a conjonction. Pour cela les trois patients vont ingurgiter une mixture avant de s’endormir. Ils seront reliés à un écran d’ordinateur par trois encéphalogrammes, des plots étant apposés sur leurs têtes. Mais toute expérimentation nouvelle est par essence sujette à des résultats inconnus et l’on ne peut préjuger des acquis positifs, ou négatifs de ces essais. Or comme dans bien d’autres domaines de la recherche scientifique, cette expérience attise les convoitises des instances militaires, qui peuvent éventuellement adapter les résultats obtenus à des fins belligérantes. Alfred Nobel, en son temps, n’avait pas imaginé que l’invention de la dynamite aurait des répercussions moins pacifiques que celles auxquelles son produit avait été conçu : réduire la pénibilité des mineurs par exemple.

Le roman est axé autour du personnage de Marion, et c’est en sa compagnie que le lecteur suit l’intrigue, sauf lorsque Patrick Eris nous entraine dans l’inconscient, les rêveries ou les cauchemars des trois cobayes.

Mais c’est aussi l’occasion de pointer du doigt la déficience du gouvernement anglais en matière de protection sociale. Londres, la capitale, puis d’autres grandes villes du Royaume-Uni sont en proie à des mouvements sociaux, des émeutes de plus en plus virulentes et violentes. La finance aura toujours le dernier mot, et le service public sera de plus en plus bafoué. Le côté fantastique réside dans le résultat des connections mentales des trois patients, mais sur ce point je n’en dis pas plus, ne voulant pas déflorer l’intrigue. Toutefois on peut supposer d’un jour, les progrès de la science sont tellement rapides et inimaginables sauf pour les scientifiques et pour les romanciers, que ce qui est décrit pourrait en partie se réaliser.

Ce roman a fait l’objet d’une première publication en janvier 1989 sous le titre éponyme dans la collection Anticipation du Fleuve Noir et signé Samuel Dharma. C’était dans une version abrogée et Patrick Eris, qui entre temps a pris ce nouveau pseudonyme, a entièrement revu sa copie, réécrivant son texte, l’enrichissant de nombreux détails et surtout en proposant un début et un fin différentes. A l’époque il n’avait que vingt-trois ans, avec déjà à son actif quatre ou cinq ouvrages publiés, mais la fougue de la jeunesse s’est estompée pour offrir un travail plus rigoureux.

Patrick ERIS : Le Chemin d’ombres. Mythologica. Parution juillet 2015. Version numérique : 2,99€.

Première Edition : Lokomodo. N° 32. Parution Janvier 2013. 256 pages. 6,50€.

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28 janvier 2016 4 28 /01 /janvier /2016 13:55

Lorsque la Terre prend l'eau...

G. Elton RANNE : New-York Underwater.

Après avoir en scène Ange Gabriel, détective amateur, dans Chute libre (collection SF Polar N°20) puis Dan Campbell et Spencer Goren, deux détectives en un, dans Double Jeu (SF Polar N°20) nous retrouvons Alex Green, un policier de San Francisco, chargé d’enquêter dans une cité sous-marine sur les agissements d’une faction terroriste appelée La Terre est à vous.

Vite fait un petit résumé, je sais que vous aimez çà.

Un attentat a été perpétré dans l’un des dômes, provoquant de nombreuses victimes et selon les rumeurs un Hyash, c’est-à-dire un espion, se serait infiltré. Ce qui pourrait amener à d’autres dégradations plus sérieuses encore, préjudiciables à la cité même.

Les Terriens vivent en compagnie d’autres représentants de la galaxie, mais l’osmose n’est pas parfaite. Les jalousies, les récriminations sont légions, bref l’harmonie ne règne pas.

Pour Alex Green, la mission qui lui est confiée est plus que périlleuse.

 

Cette fois le lecteur est plongé plus loin dans le temps puisque l’action se déroule dans les années 2340 et que la Terre est devenue l’une des composantes de la Fédération Galactique. Et faut pas croire. Rien ne s’est arrangé dans les relations entre les différents représentants de cette confédération.

Les Terriens n’apprécient pas, mais pas du tout, ceux qu’ils jugent comme des envahisseurs. Et c’est bien ce qui sous-tend les romans de G. Elton Ranne (et Franck Morrisset) : comment les humains réagissent face à des entités venues d’ailleurs.

Une façon détournée de dénoncer le racisme, le sectarisme, la ségrégation. Et au lieu de placer ce sentiment dans un roman noir actuel, ils ont préféré le support de la S.F. Des romans à découvrir même si vous préférez la littérature policière à la S.F. ou vice-versa.

 

Alex Green est le héros de deux autres romans : La résolution Andromède de... Franck Morrisset (SF N°27) et La mâchoire du dragon de... G. Elton Rannne (Anticipation N°1991).

Un nouvel échange de personnage entre Elton G. Ranne et Franck Morrisset qui avaient déjà procédé avec Ange Gabriel : L'Ange et la Mort de Franck Morrisset (collection Anticipation N°1996). et Chute libre d'Elton G. Ranne Collection SF Polar 20), de même que Dan Campbell et Spencer Goren dans Alice qui dormait de Franck Morrisset (Collection Anticipation N° 1990) et Double Jeu de Elton G. Ranne (Collection SF POLAR N° 3).

Des romans qui seront peut-être réédités chez Multivers, pourquoi pas, et qui ont fait l'objet d'un article plus conséquent dans L'Annonce-Bouquins N°154 de Janvier 1999.

Première édition Collection S.F. N°44. Alien World 3. Editions Fleuve Noir. Parution juin 1998. 250 pages.

Première édition Collection S.F. N°44. Alien World 3. Editions Fleuve Noir. Parution juin 1998. 250 pages.

G. Elton RANNE : New-York Underwater. Editions Multivers. Parution 19 juin 2015. 163 pages. Format ePub, Kindle. 2,49€.

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16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 13:58

Bon anniversaire à Graham Masterton

né le 16 janvier 1946.

Graham MASTERTON : Le portrait du mal

Des cadavres, la police est amenée à en découvrir chaque jour.

Qu'il s'agisse de morts naturelles, de suicides, d'assassinés pour des raisons diverses.

Mais des cadavres dépourvus de leur épiderme, dépiautés littéralement comme des lapins, c'est tout de même plus rare, et, oserai-je dire, incongru.

Un tableau représentant douze personnages, dû à un peintre préraphaélite obscur et médiocre, conservé jalousement par un directeur de galerie de peintures et qui peu à peu se détériore (le tableau, pas le directeur !) est convoité par une femme mystérieuse. Quel peut-être le rapport entre ce tableau et ces cadavres dépiautés ?

 

Le portrait du mal de Masterton est une habile variation du fameux Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, en reprenant les thèmes principaux mais inversés.

Un roman ambitieux écrit de main de maître par un Graham Masterton au mieux de sa forme, dans lequel l'humour y est moins présent que dans certaines de ses productions, mais où, je cite François Truchaud son traducteur, mais où l'horreur y est beaucoup plus sérieuse, plus abominable.

Un tournant dans la carrière de Masterton qui n'est plus considéré par certains critiques comme le successeur de Stephen King, mais bien comme le rival en passe devenir le numéro Un de l'horreur fantastique.

Il faut avouer que dès les premières pages, le lecteur est happé par l'intrigue, englué dans une histoire haletante où les temps morts sont rares.

Chronique écrite en 1989 pour une émission radio.

Editions Pocket, collection Terreur. Parution septembre 1989. 478 pages.

Editions Pocket, collection Terreur. Parution septembre 1989. 478 pages.

Graham MASTERTON : Le portrait du mal (Family Portrait - 1985. Traduction de François Truchaud). Réédition Milady. Parution avril 2010. 475 pages. 7,00€. Version Kindle 5,99€.

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 13:55

Et souvenirs vivants ?

Gilles VIDAL : Mémoire morte.

Ce n’est pas parce qu’il dormait que Carl Frot a rêvé.

Il a perçu des craquements, des frôlements et il est persuadé que quelqu’un s’est introduit dans la maison. Guère rassuré, il se lève quand même et descend à la cuisine, à tâtons, glissant inopportunément sur un objet qui traînait. Il a le temps d’apercevoir une silhouette. Il chute lourdement, ce qui à pour conséquence de réveiller sa femme Diane. Il narre succinctement ce qui vient de lui arriver, dissimulant toutefois l’intrusion d’un personnage d’apparence frêle. Puis ils remontent se coucher et en profitent pour… mais ceci ne nous regarde pas. Ah si quand même, au cours des ébats, Carl a comme une vision, le visage de sa femme se déforme, prend une autre apparence.

Gérant d’une agence d’affacturage dans une cité portuaire, Carl doit le lendemain matin se rendre chez un client potentiel, directeur d’une cimenterie. Lorsqu’il arrive sur le lieu de son rendez-vous des policiers sont déjà en plein travail. Le cadavre, ou ce qu’il en reste, d’une jeune femme vient d’être découvert, à moitié déchiqueté par une machine. Le commissaire Franck Parisot est sur les dents. C’est le deuxième corps féminin ainsi retrouvé en trois semaines. La piste d’un serial killer n’est pas à négliger, d’autant qu’un individu nommé Antoine Merlin avait été soupçonné avant de s’évaporer dans la nature. Mais d’autres affaires attendent Franck Parisot, résolues plus ou moins dans la douleur, avec des cadavres à la clé.

La journée pour Carl non plus n’est pas terminée. Il retrouve coincé sous un balai d’essuie-glaces une feuille de papier sur laquelle est inscrite cette phrase énigmatique : MA VENGEANCE EST PERDUE S’IL IGNORE EN MOURANT QUE C’EST MOI QUI LE TUE.

Dans le même temps Carl se sent épié, un regard qui lui vrille la nuque. Et alors que lui et Diane, laquelle vient de lui annoncer qu’elle est enceinte de deux mois, ce qui réjouit le couple, passent leurs temps à effectuer quelques emplettes en prévision de l’heureux événement, un individu s’est infiltré dans leur domicile. Les vêtements de Diane, du plus intime au plus épais, ont été lacérés, alors que le coffret à bijoux n’a pas attiré la convoitise de leur visiteur (visiteuse ?) indélicat. C’est le bouquet, et Carl détaille alors à Diane par le menu l’infiltration nocturne. Plus tard il reçoit à son bureau un petit colis contenant une poupée, vieillotte, amochée, cabossée, lacérée, l’expéditeur restant anonyme bien évidemment. Ils se décident à contacter le commissaire Franck Parisot.

Pendant ce temps Parisot et ses hommes ne sont pas restés inactifs. La piste gothique semble la seule probable. Les deux premières victimes étaient adeptes de ce mouvement tout comme Antoine Merlin, leur façon de vivre, de se vêtir, de décorer leurs chambres, de se connecter sur Internet le confirmant. Les deux premières à laquelle s’ajoute une troisième disparition. Une jeune fille dont le père est un peintre universellement reconnu. Parait-il. Et bien entendu le procureur s’attache à ses basques comme une colonie de morpions sur un pubis broussailleux.

 

Entre les affaires dont s’occupe Parisot et les tracas endurés par Carl Frot existe-t-il un lien ? Et si oui lequel ? Des éléments de réponse sont apportés à Parisot par Murielle, une psy qui travaille dans une clinique non loin de Gramont, ville dans laquelle se déroule cette histoire. Quant à Carl, il est aux quatre-cents coups lorsqu’il apprend que Diane est à l’hôpital, accidentée après avoir été probablement poussée dans un escalator. Et que vient faire cette personne qui se surnomme Le Lémure dans cet imbroglio ?

Après la pluie qui se fait de plus en plus insistante, la tempête prend la relève et se conjuguent alors dans une sorte de cataclysme les quatre éléments : l’eau, l’air, la terre et le feu.

 

Un roman qui débute par des scènes d’action très puissantes qui s’enchainent les unes aux autres dans un rythme infernal jusqu’à l’épilogue où enfin le lecteur peut souffler.

Tout comme chacun de nous, les protagonistes possèdent une fêlure, une fracture, ancienne ou récente, oubliée ou non, méconnue, qui influe sur leur vie quotidienne, leur moral, leurs agissements, parfois inconsciemment. L’auteur se permet quelquefois de digresser, mais sans appesantir le texte. Ainsi ces quelques lignes empreintes de bon sens, bon sens que ne possèdent pas toujours nos politiques, une réflexion pensée par Carl lors d’un incident dans un supermarché.

Il avait encore en tête ce qu’il avait lu il y avait quelque temps dans la presse, à savoir que le PDG du groupe qui détenait cette chaîne de supermarchés touchait un salaire colossal, des primes mirobolantes, sur les bénéfices et des stock-options honteuses, et qui, de surcroît, bien qu’il eut tout récemment été élevé en toute impunité au grade de chevalier de la Légion d’Honneur, résidait depuis deux ans à l’étranger, dans un ersatz de paradis fiscal, afin d’échapper au fisc.

Première édition : Collection Zone d’ombres. Editions Asgard. 384 pages. 18€.

Première édition : Collection Zone d’ombres. Editions Asgard. 384 pages. 18€.

Gilles VIDAL : Mémoire morte. Editions Multivers. Parution 18 décembre 2015. Formats ePub et Kindle. 3,99€.

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14 décembre 2015 1 14 /12 /décembre /2015 08:40

Le poète a toujours raison...

Gilles VIDAL : La fatalité est la poésie du monde.

Est-ce un recueil de nouvelles, de poésies, une compilation de brèves de comptoir, une succession d'anecdotes et de réflexions, des pensées profondes, philosophales, des billets d'humeur et d'humour...?

C'est un peu tout cela et beaucoup plus à la fois. Car l'esprit d'un littérateur ne se repose jamais. Il fourmille d'idées que son propriétaire doit coucher sur le papier, quel que soit l'endroit où il se trouve, sous peine qu'elles s'évanouissent à jamais dans les limbes de l'oubli.

 

Il est donc difficile de résumer cet ouvrage, qui d'ailleurs est la réédition de quatre livres parus chez divers éditeurs, dont Hors Commerce, dans les années 1990 et 2000, aujourd'hui épuisés. Autant les livres que les éditeurs d'ailleurs.

Des textes plus ou moins longs, comme peut l'être une courte nouvelle, d'une demi-page ou d'une trentaine, selon l'inspiration et le besoin de la chute, qui nous plongent dans un univers onirique trempé dans le quotidien d'un monde pessimiste teinté de nostalgie, d'humeur vagabonde, de dérision, d'envies, de besoins, de souhaits, de regrets, et une pointe (?!) d'érotisme coup de blues. Le spleen cher aux poètes suinte de ces lignes comme une rédemption, une panacée peut-être à effet placebo pour un esprit torturé et fébrile, le cynisme parfois cachant la timidité ou la gaucherie.

J'aurais aimé pouvoir vous donner en pâture quelques extraits, de courts textes de quelques lignes, un poème jeu de mot comme j'affectionne, mais sortir des lignes d'un contexte chimérique ou réel, résultat d'un besoin de s'exprimer, de se soulager, de s'épancher, me semble aller au-delà du souhait de l'auteur.

Pourtant les titres peuvent parler d'eux-mêmes :

Je te meurs; Courage, survivons; Pourtant, tous les espoirs semblaient permis; Je te crève tu me tues (poème); Exister relève du prodige...

 

Mais pour bien en comprendre le sens, la finalité, l'amertume qui se cache sous l'ironie, ou le contraire, l'humour désabusé, alimenté de fantasmes au charme vénéneux, il faut se plonger dans ces écrits comme on décortique un calendrier de l'Avent.

Seulement, si au début on se dit qu'on ne va en lire que quelques pages par jour, en dégustateur avisé et sage, on se prend au jeu et bientôt on se rend compte qu'on engloutit le tout en véritable affamé, avide de littérature proche de nous, que l'on ne peut s'empêcher d'avaler les textes les uns à la suite des autres, quitte à revenir en arrière afin d'en savourer tous les parfums qui se dégagent lentement dans nos petites cellules grises.

Ce recueil est composé de

Hymnes urbains; Angles d'attaque; L'endroit le plus fragile du corps de l'homme; Exister relève du prodige.

Hymnes Urbains. Hors commerce

Hymnes Urbains. Hors commerce

Angles d'attaque. Méréal

Angles d'attaque. Méréal

L'endroit le plus fragile du corps de l'homme. Hors commerce.

L'endroit le plus fragile du corps de l'homme. Hors commerce.

Exister relève du prodige. Atelier de Presse

Exister relève du prodige. Atelier de Presse

Quleques chroniques de lecture :

Gilles VIDAL : La fatalité est la poésie du monde. Hors collection. Multivers Editions. Parution décembre 2015. Format ePub et Kindle. 420 pages environ. 4,49€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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