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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 13:09

 B.-Nicodeme.jpgNée à Versailles le 26 novembre 1951, dernière d’une famille de six enfants, elle passe son Bac C puis une préparation HECJF parce qu’elle ne savait quoi faire et que ce concours abordait toutes les matières. Seulement les matières étudiées - gestion, marketing, comptabilité - sont aux antipodes de ce qu’elle avait aimé en préparation : littérature, culture générale, etc. Au bout d’un mois d’école, une grippe miraculeuse lui permet de prendre du recul et, après une licence d’allemand et un passage à l’institut des techniques documentaires au CNAM, elle échoue comme secrétaire dans un journal d’informatique où elle découvre le travail de maquettiste. Après un licenciement pour raisons complexes, elle entre comme maquettiste dans le groupe de preNicodeme-Beatrice-Inconnu-De-La-Terrasse-Livre-852999799_ML.jpgsse qui édite "Le Journal de Mickey", "Picsou Magazine" et autres publications destinées à un public juvénile. Sa passion pour le roman policier date de septembre 1964 en lisant Le chien des Baskerville. Elle se souvient encore du vertige ressenti en découvrant les premières déductions époustouflantes de Sherlock Holmes, un mélange de raison et de fantastique, qui donne de la vie une double lecture en apportant à la prosaïque réalité de la vie une dimension imaginaire.

Elle s’’intéresse à la musique, à la cartomancie et à l’irrationnel. Ce n’est donc pas étonnant si l’on retrouve ces thèmes dans ses romans ni si elle invente de nouvelles aventures à son détective préféré. De son premier ouvrage L’inconnu de la terrasse (Editions de l’Instant) elle reconnait qu’elle était "encore bien agrippé à une structure classique que je trouve aujourd’hui un peu figée". Après cette enquête classique au style marabout-de-ficelle, Terreur blanche (Sueurs Froides – Editions Denoël) lui permet de se plonger dans une atmosphère d’angoisse latente, de se renouveler, de peaufiner son écriture et nicodeme.jpgson imaginaire, mais c’est avec Meurtres par écrit puis Défi à Sherlock Holmes (Fleuve Noir) qu’elle trouve définitivement son amplitude.

Outre Conan Doyle et Agatha Christie, elle avoue avoir été influencée, dans le désordre, par Pierre Magnan, L.C. Thomas, Boileau-Narcejac, P.D. James, Ruth Rendell, Patricia Highsmith. Entre autres. Béatrice Nicodème a obtenu le prix du premier concours organisé par la ville de Dinard et le magazine Bonnes Soirées lors des journées littéraires 1996 consacrées à Agatha Christie.

Ensuite elle se tourne vers un autre genre littéraire qu’elle affectionne : le roman historique. Parmi les romans publiés au Masque : Les Loups de la Terreur, La mort du Loup blanc, Le Chacal rouge, La conspiration de l’Hermine ou L’envol de l’Aigle (Collection Labyrinthe). Le suspense est également présent dans ses romans, avec une dose d’intimisme, deux ingrédients que l’on retrouve dans les ouvrages parus dans la conicodeme3.jpgllection Grands Formats du Masque : La tentation du silence, La mort au doux visage ou encore Le venin du pouvoir.

Parallèlement, et peut-être est-ce la prolongation de son travail de maquettiste dans les magazines dits juvéniles, elle écrit des romans pour enfants et adolescents dont la série des Wiggins, le gamin gavroche qui aide Sherlock Holmes dans la résolution de quelques affaires, chez Syros. Elle écrit aussi quelques romans chez Hachette dans la Bibliothèque Mini Rose, dont la série des Enigmes de Futékati, des romans destinés aux lecteurs débutants et dont le principal intérêt est de développer le sens de l’observation. Depuis quelques années elle a produit chez Gulf Stream des romans destinés aux adolescents comme Wiggins et la nuit de l’éclipse, Les gentlemen de la nuit, mais elle est publiée également chez Nathan. Elle est aussi l’auteur en compagnie d’Eric Biville, d’un dictionnaire du roman policier destiné aux enfants, et qui a été édité au Livre de Poche Jeunesse. Un ouvrage de référence qui permet de découvrir l’univers de la littérature policière d’une façon attrayante, comportant de multiples entrées, des auteurs comme Conan Doyle et Agatha Christie, Maurice Leblanc et Emile Gaboriau bien évidemment mais aussi Léo Malet, Didier Daeninckx, James Hadley Chase, Alexis Lecaye, Jean-Patrick Manchette, Ed McBain, et bien d’autres thèmes ayant un rapport avec le roman policier et ses ressorts.

 nicodeme5.jpg

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 11:16

De son vrai nom Constant Pettex, Dominique Arly est né le 08 novembre 1915 à Flumet (Savoie), et de parents qui avaient réalisé l’Europe ou presque avant l’heure. Si ses grands parents paternels sont Français, sa grand-mère maternelle est italienne et son grand-père Anglais. Il manifeste tout jeune son goût pour l’écriture. Il remporte à huit ans un concoursarly1.jpg de poésie organisé par Franc-Nohain dans le magazine L’écho de Paris. Son premier titre de gloire consistera en la rédaction d’une composition française en vers lorsqu’il passe son certificat d’études. Non seulement il obtiendra un dix sur dix, mais l’Académie lui décernera pour l’occasion un prix départemental. Tout en continuant ses études au collège à Chambéry, il participe à des concours de poésie, compose des paroles de chanson et rédige son premier ouvrage, un essai, à vingt ans, dont le titre est pour le moins revendicatif : Je veux vivre. Ouvrage signé sous le pseudonyme de Dominique Egleton du nom de grand-père. Il entre à l’Ecole Normale d’Albertville et deviendra tout naturellement instituteur et terminera sa carrière directeur d’école en 1970, à Saint Genix-sur-Guiers, fonction qui était à l’époque nettement plus honorifique que maintenant. Concomitamment à sa carrière d’enseignant, il poursuit une carrière d’écrivain, et après guerre il publie deux romans, toujours sous le pseudonyme d’Egleton, Neige en 1946 et Les feuilles du matin en 1947 aux éditions Lire de Chambéry ainsi qu’une quinzaine de livres pour enfant comme Michou et les carottes,Michou et les épinards ou encore Zoupette et les coquillettes au début des années 1950. Puis il collabore au quotidien Le Progrès, signant de très nombreux reportages et un billet quotidien en première page. Infatigable, débordan

t d’énergie, il est à la même époque lauréat du concours du Meilleur billet littéraire, concours organisé et décerné par l’Education Nationale. Comme si cela n’était pas assez, il s’adonne à quelques passe-temps originaux, comme la construction d’une lunette astronomique afin de pouvoir observer à loisir le ciel. Plus original, il réceptionne des émissions de télévision provenant d’une vingtaine d’émetteurs européens grâce à un appareil multistandard équipé d’un pré-ampli qu’il règle attentivement. Et l’une de ces expériences lui fournira le thème de son roman L’image fantôme dans lequel un homme voit apparaître sur l’écran de son téléviseur l’image de sa femme défunte.

arly2.jpgL’année 1964 s’avère cruciale pour la continuation de la carrière littéraire de Constant Pettex. Il est chargé d’interviewer Frédéric Dard qui est en vacances au bord du lac d’Aigue-Belette et la conversation early6.jpgntre les deux hommes déborde largement du cadre de l’entretien. Ils sympathisent et Frédéric Dard conseille à celui qui va devenir Dominique Arly d’écrire des romans policiers. Un conseil avisé qui ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd et en 1966 c’est la parution du premier roman

signé Dominique Arly dans la collection Angoisse : Les revenantes. La même année parait Meurtre en Eurovision dans la collection Spécial Police.

Jusqu’en 1980, Dominique Arly sera l’un des petits maitres du Fleuve Noir, rédigeant quarante-sept romans pour Spécial Police et dix-neuf pour Angoisse. Soit une moyenne de quatre romans par an ! En 1971 et 1972 sa production annuelle sera même d’un roman tous les deux mois. Sa production littéraire ne s’arrête pas au Fleuve Noir car il signe aussi u ne dizaine de romans feuilletons policiers pour des hebdomadaires parisiens, des livres pour enfants comme Un chant dans la forêt, Quelques brins d’edelweiss ou Le Maître de la foudre paru aux éditions GP en 1970. En 1980, alors qu’il quitte le Fleuve Noir (remercié ?), il se tourne vers la littérature érotique et prend un nouveau pseudonyme pour une douzaine d’ouvrages édités chez Phénix (collection Alcôve) puis Eurédif (collections Alcôve et Frivole). Il signe Dominique Egly, contraction de Arly et Egleton. Un autre ouvrage sera signé François Domy chez Eurédif en 1982 (collection Aphrodite). Sa carrière littéraire se clôturera dans le milieu des années  80. Il décède le 8 novembre 2009 à Aoste (38).

Dans un courrier daté de juillet 1972, il précisait : J’ai écrit par goût et pour gagner de l’argent. Depuis quelques années mes ressources supplémentaires n’ont pas été négligeables ; actuellement elles sont évidemment plus importantes que ma pension de retraite. Je travaille méthodiquement, selon des plans, en utilisant aussi bien mes souvenirs personnels arly12.jpgque des documents. J’écris toujours, pour le moment, avec plaisir et facilité. Je ne sais si cela durera. Je suis bien assez occupé et je ne songe pas au cinéma, ni à la télévision où d’ailleurs les portes sont étroites.

Il faut préciser que trois de ses romans, publiés dans la collection Angoisse, ont été adaptés en Bandes dessinées chez Artima/Arédit : Les ailes de flamme, Les revenantes et Comme un sépulcre blanchi.

 

Angoisse 

126 - Les Revenantes

132 - Comme un sépulcre blanchi

145 - Leur âme au Diable

153 - L'Image fantôme  

157 - Le Montre de Green Castle

 164 - Les Grelots de la folie

172 - La Dernière sorcière

 180 - Les Pistes maudites

187 - Les Ailes de flamme

193 - L'Immonde banshee

200 - Maléfique Hermès 

208 - Les Abominables

 215 - Ecrit de l'au-delà

220 - Tout ce qui tombe

224 - La Chair du démon 

236 - La Prison de chairarly8

245 - Le Manuscrit maudit

250 - Perfide Asmodée

258 - Au-delà du cauchemar

  

Spécial Police

556 - Meurtre en eurovision

604 - Les Ficelles du pantin

660 - La Menteuse

692 - Feu l'ami Pierrot

717 - Celle qui expia

755 - Votre sale vérité

789 - Crime sous le Mont-blanc

819 - Au bord du vide

861 - Un Guide pour la mort

880 - Adieu, Isola bella

916 - Chacun sa musique

 932 - Si petite

956 - Plus longtemps mort

981 - La Fille dans le trou

1010 - Faites-moi une fleur

1024 - L'Etoile dans le brouillard

1045 - La Nasse

1059 - Funèbre cavalcade

1079 - Les Nerfs en boule

1097 - Les Créanciers

arly9.jpg

1110 - Le Soleil et la mort

1129 - Une Blonde en noir

1142 - Nouées d'un ruban noir

1156 - Chambre à gaz

1164 - Fugue à Lesbos

1176 - Froide comme du marbre

1199 - Isabelle et la bête

1207 - Les Moulins de Letea

1228 - Le Dernier chèque

1249 - Une Si jolie majorette

1259 - L'Ombre d'Elsa

1275 - On demande un minable

1296 - Drôlement rétro

1312 - Délices au kirsch

1331 - Un Si brave hommearly13.jpg

1354 - Dix filles dans un pré

1367 - Le Forcené

1401 - La Honteuse blessure

1420 - La Grillade du chef

1436 - Les Raisins de la mort

1455 - Une Môme à dessaler

1466 - Un Bon jus bien chaud 

1477 - Le Poignet tailladé

1501 - Une Fleur en hiver

1516 - Les Vieux coffiots

1539 - Stop-bar

1554 - Le Vin mauvais

 

Sous le pseudo de Dominique Egleton :

Editions GParly5

Michou et les carottes (1952)

Zoupette et les coquillettes (1952)

Michou et les épinards (1954)

 

Société Nouvelle Des Éditions G.P.

Collection super 1000 N°40

Un chant dans la forêt (1966)

 

Presses de la Cité

Quelques brins d’edelweiss (1967

 

Sous le pseudonyme de Dominique Egly :

Editions Phénix :

Elles disent toutes oui (Alcôve N°206)arly4

La perverse inconnue (Alcôve N°207)

Adorables patineuses (Alcôve N°213)

Une si belle envie (Alcôve N°214)

De brûlants souvenirs (Alcôve N°217) 

 

Editions Eurédif :

Créatures de rêve (Alcôve N°220)

L’auberge rose (Alcôve N°224)

L’innocent aux mains pleines (Frivole N°129)

Une belle menteuse (Frivole N°132)

Un amour tout nu (Frivole N°136)

Les chichiteuses (Frivole N°141)

Bonne à tout faire (Frivole N°144)

Péchés cachés (Frivole N°147)

 

Si vous désirez découvrir quelques-uns des romans de Dominique Arly, vous pouvez vous rendre sur Action Suspense de l'ami Claude Le Nocher

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 11:06

philippe_ward.jpgPhilippe Ward est né à Bordeaux le 13 Juillet 1958. Il a rejoint l’Ariège, la patrie de ses ancêtres, en 1982 et depuis il habite Pamiers. Derrière ce pseudonyme se cache un fan et un collectionneur de tout ce qui touche à la littérature de l’imaginaire. Sa bibliothèque comporte plus de 10 000 ouvrages qui témoignent de cette passion. Outre le fait d’écrire, Philippe Ward a commis une monumentale bibliographie d’un de ses auteurs fétiches : H.P. Lovecraft.  Son premier roman, Artahé est paru en 1997 raconte l’histoire du Dieu-Ours dans un petit village des Pyrénées. Irrintzina, thriller fantastique se déroulant dans le milieu basque est son deuxième roman, édité en 1999 aux éditions Naturellement et réédité en 2009 chez Aitamatxi sopus le titre Mascarades (voir la chronique ci-dessus) . En 2000, ce roman a reçu le Prix Masterton du meilleur roman fantastique et le prix Ozone des lecteurs de SF Magazine. En 2001 sort Le Chant de Montségur aux éditions Cylibris, coécrit avec Sylvie Miller. Noir duo, un recueil de nouvelles,  parait en 2009 chez Rivière Blanche et écrit par les deux mêmes auteurs, soit séparément soit en collaboration. Depuis 2005, Phillipe Ward dirige la collection Rivière Blanche aux Editions Black Coat Press. Il a en outre trouvé le temps de publier en 2007 un roman policier Meurtre à Aimé Giral chez Mare Nostrum, genre qu’il aborde pour la première fois. Sans oublier La fontaine de Jouvence en 2004, Les soucoupes de Mme Atomos, d’après André Caroff, en 2008 et 16 rue du repos en 2009 chez Rivière Blanche, ouvrage chroniqué ici. La collection Rivière Blanche publie de jeunes auteurs en devenir comme Laurent Whale, Alain Blondelon, Sellig, mais donne une nouvelle vie aux auteurs du Fleuve Noir de la première génération  par exemple André Caroff, Gille Morris-Dumoulin, Daniel Piret, Maurtice Limat, P.J. Hérault, Piet Legay, Louis Thirion, et dernièrement Kurt Steiner, avec des inédits ce qui n'est pas négligeable, ou de la dernière comme François Darnaudet ou Gilles Bergal alias Gilbert Gallerne.

Pour retrouver le catalogue Rivière blanche, positionnez le pointeur de votre souris ici

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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 14:59

Vaxberg.jpg

En octobre 1989, lors du voyage à bord du Train Noir qui transportait de Paris à Grenoble auteurs et journalistes, dont je faisais partie étant accrédité par une radio locale, j’eus le plaisir de pouvoir m’entretenir dans un compartiment spécialement aménagé, plusieurs romanciers dont Michel Lebrun, Jacques Mondoloni et quelques autres. Mais le souvenir le plus vivant reste ma rencontre avec un écrivain russe, Arcady Vaxberg, qui était, et l’est toujours, totalement inconnu en France. Nous avons conversé de littérature mais aussi de bien autre chose comme vous pourrez vous en rendre compte en lisant l’article ci-dessous. Un entretien qui a pris toute sa saveur puisque quelques semaines plus tard tombait le mur de Berlin.

Je vous livre in extenso l’article rédigé en rentrant du festival international du roman et du film policier de Grenoble, le troisième et dernier du nom, qui se tint du 18 au 22 octobre 1989. Un entretien réalisé au débotté comme on dit, les questions n’étant pas préparées comme elles le sont souvent lors de rencontres avec auteurs.

 

L’un des avantages de la prolifération de festivals, de salons consacrés à laGrenoble1.jpg littérature, que ce soit dans le domaine du roman policier ou autre, est de pouvoir non seulement approcher les auteurs invités à ces fêtes du livre, mais de discuter en toute liberté. Et l’opportunité de rapporter un entretien avec un auteur russe n’est jamais négligeable. Evidemment le journaliste pour qui les mots de Glasnost et de Pérestroïka sont familiers à cause de la couverture médiatique sur les nouvelles tendances politique de ce pays immense, souvent méconnu et pour certains mythique, ne va pas se cantonner à demander à l’auteur ce qu’il recherche dans la littérature, mais bien à tenter de comprendre, à appréhender l’énorme phénomène qui agite ce pays de façon plus ou moins sporadique mais irréversible. Chance m’était donc donnée d’interroger Arcady Vaxberg sur sa production littéraire mais également sur l’avenir de la littérature en Union Soviétique. Ecrivain de romans policiers, de récits, d’essais, de scénarios de films, de documentaires, de séries télévisées, de pièces de théâtre et d’articles publiés dans La Gazette littéraire (tirage 7 500 000 exemplaires) Arcady Vaxberg côtoie toute l’intelligentsia littéraire de ce pays en pleine ébullition, en pleine révolution. Arcady Vaxberg commence à être célèbre hors des frontières soviétiques, en Allemagne et au Japon notamment, et peut-être un jour verra-t-il ses ouvrages traduit en France.

 

Oncle Paul : Arcady Vaxberg, existe-il une littérature policière russe ?

Arcady Vaxberg : Oui, ça existe, mais je dois vous dire ouvertement que, jusqu’à présent, cela portait le même signe que les autres genres de la littérature de l’époque stalinienne, brejnévienne, etc. J’espère qu’elle va évoluer avec la transformation de notre société. Si la Pérestroïka dure ! Et j’espère qu’elle va durer, bien sûr et qu’elle sera prolongée. Je pense que malgré le succès de certaines œuvres de ce genre policier bien aimé par notre public, elle porte aussi le signe du dogmatisme et de l’époque de la guerre froide, tout ce qui est connu en France et dans le monde entier.

O.P. : C’étaient surtout des livres qui glorifiaient le parti. Va-t-il y avoir une véritable littérature libre ?

A.V. : Hélas, jusqu’à présent je pense que non, malgré que dans le domaine du roman policier et autres, il y avait certaines œuvres qui étaient honnêtes et portaient le signe de la vérité. Pour l’instant, depuis le début de la Perestroïka, malheureusement je ne peux vous citer d’œuvres qui véritablement ne portent pas le signe du dogmatisme, du conformisme, de la propagande très très élémentaire. Mais je suis sûr que dès l’année prochaine nous pourrons avoir des œuvres qui seront traduites même en langue étrangère parce qu’elles pourront nous faire découvrir beaucoup de choses concernant l’époque brejnévienne surtout, et stalinienne bien sûr.

O.P. : Non seulement les Russes, mais également les Hongrois, les Tchécoslovaques, les Polonais peuvent se faire connaître du monde occidental ?

A.V. : Oui, mais je pense qu’il faut un peu attendre. Vous savez, pour les auteurs, pour les écrivains soviétiques, ce qui se passe actuellement dans notre société, toutes ces transformations dans notre politique, je peux dire que c’était inattendable. Ils n’étaient pas prêts pour écrire ce dont ils avaient envie d’écrire. Il faut patienter encore un peu et je suis sûr qu’ils obtiendront un très grand succès, non seulement auprès du public soviétique, mais également à l’étranger.

O.P. : La reconnaissance de l’écrivain Boris Pasternak par l’appareil gouvernemental soviétique réjouit-elle les écrivains russes. Maintenant peut-on parler de Boris Pasternak en Union Soviétique ?

A.V. : Pas seulement le nommer. On l’édite dans des tirages auxquels il n’aurait jamais pu imaginer du temps qu’il vivait. J’ai connu un peu Boris Pasternak, c’est le meilleur souvenir de ma vie, je garde même trois livres qu’il m’a dédicacés. Vous savez, j’ai eu quelques rencontres avec lui et je voudrais bien écrire mes mémoires, consacrées à nos rencontres, à nos conversations. Et je suis sûr qu’il n’aurait jamais imaginé être édité à des millions d’exemplaires et malgré ces tirages énormes, il n’y a aucun livre de Pasternak dans les librairies. Ils peuvent être édités à dix millions, à vingt millions, et ce sera pas suffisant pour satisfaire la demande du public. Maintenant, je dois vous dire sincèrement que je ne peux pas nommer un seul écrivain qui peut être interdit chez nous. Même Soljenitsyne, et tous ceux qui étaient interdits, sont les bienvenus, même auprès des éditeurs et du public aussi. Voilà, les changements sont extraordinaires je dois vous dire !

O.P. : La littérature russe a-t-elle un bel avenir ?

A.V. : Oui ! Maintenant oui ! Il faut profiter de cette occasion heureuse et je sais que beaucoup de mes amis, des écrivains travaillent dans différents genres, préparent des romans, des nouvelles, des poésies, des pièces de théâtre, etc. Et je sais que nous pouvons nous attendre à une renaissance excellente de notre littérature. Mais il faut un peu attendre. Il faut garder la patience. Lorsque l’on me demande « mais où sont passés ces romans, pourquoi il n’y a rien de nouveau, pourquoi éditer seulement les romans écrits il y a vingt ou trente ans » je dis il faut survivre cette période. Il faut attendre un peu et tout va venir.

O.P. : Pouvez-vous nous parler de vos romans ?

A.V. : Je viens de terminer, il y a quelques semaines, un documentaire politique de plus de cinq-cents pages sur le procureur général de l’époque stalinienne, Andreï Wichinsky. Ce n’est pas un roman mais il peut être lu comme tel. C’est un livre fantastique sur la vie réelle et terrible de ce personnage. C’est un sujet pour beaucoup de romans policiers. Et maintenant je prépare, j’écris un roman fondé sur un documentaire réel mais je change les noms. Mais je suis sûr que le public, que les lecteurs reconnaitront les personnages réels. Cela me donne beaucoup plus de liberté pour présenter des situations de maquillages de haut niveau de l’époque brejnévienne. Alors bien sûr des personnages comme Koniev, Cholokhov et les autres ne portent pas dans mon roman ces noms propres mais je suis sûr que le public comprendra très bien de quelle façon concrète je révèle leur vie, leurs crimes.

O.P. : Verra-t-on bientôt un échange littéraire américano-russe ? C'est-à-dire que des romans russes seront-ils traduits aux Etats-Unis et vice versa ?

A.V. : Oui, beaucoup de romans américains commencent à être traduits en Union Soviétique, mais aussi français, allemands, anglais… Il y a un très grand intérêt pour les auteurs étrangers et d’après la tradition russe, les romans les plus intéressants, avant de paraître en livres sont publiés dans des revues littéraires. Ces revues ne s’adressent pas uniquement à une élite, mais à un très large public car elles sont tirées à un million d’exemplaires.

O.P. : Les romans français, américains, allemands sont-ils censurés ?

A.V. : Maintenant non. Malgré que la censure est-elle-même une institution officielle jusqu’à présent, elle ne joue aucun rôle. Je ne peux pas vous donner maintenant un seul exemple de pressing de la censure, pas uniquement de la littérature étrangère. C’est exclu absolument même en ce qui concerne la littérature russe. La censure officielle existe toujours, mais ni moi-même, ni mes collègues ne pouvons donner un exemple de refus de la part des censeurs de publier ce que nous voulons.

O.P. : Qui est Arcady Vaxberg ?

J’ai 55 ans, je suis docteur en droit et ancien avocat. J’ai travaillé beaucoup dans l’enceinte du barreau de Moscou, j’ai participé à beaucoup de procès criminels célèbres et depuis plus de vingt ans je travaille comme journaliste, comme écrivain. A ce jour j’ai écrit vingt-sept livres, romans et essais, je suis l’auteur de quatre films de fiction, sept films documentaires et deux séries télévisées et quelques pièces de théâtre.

O.P. : Vous avez été avocat. L’avocat joue-t-il un rôle véritable au cours d’un procès ou n’est-ce qu’un personnage qui figure pour la galerie ?

A.V. : Il commence à jouer un rôle. Avant non ! C’était une décoration, hélas ! Malgré que parmi tous ces avocats il y en avait beaucoup de très honnêtes qui auraient voulu jouer un rôle réel mais pas décoratif. Mais les juges prononçaient leurs verdicts non pas d’après les argumentations de la défense mais d’après les ordres reçus comme on dit chez nous par téléphone. Le terme droit téléphonique est le terme le plus populaire en Union Soviétique. On dit toujours qu’il faut en finir avec le droit téléphonique. Le droit téléphonique n’existe pas. Seuls existent le droit criminel, civil et international. Le droit téléphonique c'est-à-dire les ordres reçus de certaines personnes du parti, des hautes autorités. Mais c’est fini et c’est pourquoi les avocats commencent à jouer un rôle réel dans notre procédure. Et il va jouer un rôle encore plus prépondérant, plus important après l’adoption d’une nouvelle législation qui est déjà préparée. Les projets sont publiés, on en discute, et je pense qu’ils seront adoptés dans un ou deux mois par le conseil suprême. Les avocats auront beaucoup plus de droits, le droit de la société civilisée comme on dit chez nous.

O.P. : Arcady Vaxberg est-il heureux ?

A.V. : Si je suis heureux ? Je suis heureux maintenant, parce que je vois de mes propres yeux de grands changements dans la société ! Je dois vous dire que je n’attendais pas ça ! J’étais pessimiste et je suis heureux de m’être trompé !

 

***

Arcady Vaxberg m’a accordé cet entretien avec beaucoup de gentillesse et je puis dire que j’ai eu de la chance d’avoir en face de moi un interlocuteur parlant français. Aussi j’ai essayé de garder dans cet article le fond et la forme de notre conversation, ce qui explique certaines fautes, certaines erreurs de syntaxe. L’important résidant dans la réponse. Un dialogue plein de chaleur, de spontanéité et il est difficile de reproduire l’ambiance de décontraction, de sincérité, de sérénité qui régnait dans le compartiment. Nous aurions pu discuter plus longtemps, mais le temps qui était imparti à chaque journaliste pour effectuer leurs reportages était limité, afin de permettre à tous de profiter des compartiments dédiés à ces entretiens.

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 07:57

 

gabriel janDe son vrai nom Jean Demont, Gabriel Jan estné le 31 octobre 1946 à Valhuon  dans le Pas de Calais. Ses parents, père mineur et mère au foyer, s’installent peu après sa naissance à Calonne-Ricouart. Son univers, c’est le jardin qui entoure le baraquement où il grandit, regardant vivre les animaux, principalement les insectes. Il lit également beaucoup de bandes dessinées, de romans d’aventures. A onze ans il entre au lycée de Béthune. Ses domaines de prédilection sont les Sciences et les Arts et Lettres. Il découvre la Science Fiction et écrit de courtes histoires et des poèmes. Conseillé par ses professeurs il envisage d’entrer aux Beaux Arts, possédant un talent de peintre. Il pense peindre des décors de théâtre et d’illustrer des livres pour enfants ou faire de la bande dessinée.

Mais le manque d’argent le pousse à entrer aux PTT où il travaille d’abord comme auxiliaire au central téléphonique de Béthune. En 1966 c’est l’armée. Il est muté à Paris en 1968. Il se promène sur les quais, ses pas le portant vers les bouquinistes. Seul dans une chambre de bonne, il écrit le soir des nouvelles dont deux sont publiées. Le déclic qui l’encourage à s’attaquer au roman, rédigeant à la lueur d’une bougie, les plombs ayant sauté et le tableau électrique chez son propriétaire hospitalisé. En septembre 1969 il est muté dans le Nord, à Fretin. Il essuie de nombreux refus de la part des éditeurs mais il ne se décourage pas et en 1972 il entre au Fleuve Noir dans la collection Angoisse, puis revient à la Science-fiction.

A Frédéric Aligon, qui dans Vortex n°4 lui demandait de définir la SF. ; Gabriel Jan répondit : “ Définir la S.F. est une entreprise suicidaire mais je ne crois pas me tromper en disant qu’elle regroupe, ou plutôt qu’elle contient tous les genres de littérature, et c’est sans doute pourquoi elle est si mal connue… Sous l’étiquette SF se cache la sociologie, la philosophie, l’humanisme, la politique, les problèmes de notre monde actuel, les inquiétudes de l’homme face à l’avenir, etc. Mais il y a une grande place pour l’aventure, le rêve, l’évasion, le merveilleux, l’horreur, le fantastique, la science réelle ou extrapolée voire même inventée… On ne s’improvise pas écrivain, et encore moins écrivain de Science Fiction ”.

Si sa première démarche consiste à distraire le lecteur, Gabriel Jan met engabriel-jan3.JPG avant l’écologie, les dangers du nucléaire, de la pollution comme dans Concentration 44 ou Planète des Anges. Il laisse place également à la réflexion de ce que pourrait être notre futur, la communication entre les êtres : Les robots de Xaar, Pandemoniopolis. Il aime également l’Héroïc-Fantasy pour son côté initiatique, métaphysique : Enfants d’univers, L’homme Alphoméga. Mais il n’apprécie pas beaucoup le Space Opéra, parce qu’il est trop souvent violent et facile dans la destruction. Ses romans sont aussi construits comme des satires, ce que n’ont pas toujours compris les critiques, ce qui lui a valu d’être pris pour un fasciste, un nazi ou même d’appartenir à l’extrême droite. Ce dont il se défend : Il est vrai que je préfère l’ordre au désordre… Mais de là à mériter ces noms, il y a au moins 50 années-lumière ! Comme la majorité des gens j’ai les nazis en horreur. Ma mère a souffert de leurs persécutions, c’est tout dire ! … (Et] qu’est-ce que la politique vient faire dans mes romans ? Ce n’est pas parce que je ne me conforme pas au ”conformisme de l’anticonformisme gauchiste ” que je suis à droite ! J’éprouve simplement une répulsion pour tout ce qui est extrême et pour tout ce qui est franchement dégueulasse. Bien sûr, dans mes romans, j’ai tendance, parfois, à exagérer. Mais j’estime qu’un défaut grossi est mieux visible (La Palice !). N’oublions pas que j’écris des romans de fiction et que, par définition, les textes sont un produit imaginaire. Pas des Evangiles ! (FNI 129 07/77). Son rêve était d’écrire un roman historique, rêve concrétisé au bout de plusieurs années par la parution de Un fils de Salomon, édité par le Foyer de Cachan, foyer réservé aux orphelins des PTT. L’histoire se déroule après Waterloo, une étude de mœurs du petit peuple sous la Restauration. En 1975 Gabriel Jan reçoit le prix Nostradamus au festival international de la S.F. de Salon de Provence pour L’an 22074 des Wans. Le prix Gil Roc lui est attribué en 1985 pour La guerre de la lumière.

Après un temps de latence et ayant été comme bon nombre de ses confrères écarté du catalogue du Fleuve Noir, le directeur pensant renouveler l’engouement pour la maison d’édition en proposant une nouvelle ligne éditoriale, Gabriel Jan revient avec un roman plus ambitieux chez Rivière Blanche :

Par le rêve et la ronce.

Angoisse :
238 : Au seuil de l'enfer 
255 : La main du spectre

Anticipation 

648 : La Planète aux deux soleils

679 : Pandémoniopolis

690 : Les Zwuls de Rehan

720 : La chair des Vohuz

740 : Terreur sur Izaad

751 : L'an 22704 des Wans

766 : Enfants d'univers

786 : Maloa

801 : Les robots de Xaar

830 : Concentration 44

849 : La forêt hurlante

868 : Les maîtres verts

885 : Reviens, Quémalta

906 : Impalpable Vénus rééd. en mai 2003 sous le titre Le réveil des menhirs chez Liv’éditions.

920 : L'homme Alphoméga

972 : Planète des anges

984 : Dingue de planète

1020 : Rêves en synthèsegabriel-jan-2.JPG

1042 : Tamkan le Paladin

1057 : Etoile sur Mentha

1069 : Un Drahl va naître

1102 : Sheena

1123 : Nadar

1141 : Tu vivras, Céréluna

1153 : Le voyage de Baktur

1195 : Brigade de mort

1205 : Les jardins de Xantha

1216 : La grande prêtresse de Yashtar

1268 : Un jeu parmi tant d'autres

1285 : On ne meurt pas sous le ciel rouge

1334 : La guerre de la lumière

1350 : La troisième puissance

1450 : Le feu du Vahad'Har

1494 : Cacophonie du Nouveau-Monde

1598 : Les élus de Tôh

Super luxe

74 : Ballet des ombres

Les Maîtres de la S.F.

3 : Pandémoniopolis (rééd. de Ant. 679)

20 : La planète aux deux soleils (rééd. de Ant. 648)

26 : Les Zwuls de Réhan (rééd. de Ant. 690)

33 : La chair des Vohuz (rééd. de Ant. 720)


Autres publications : Un fils de Salomon (Cachan Le Foyer des PTT – 1996). Corvailhac, cette année là (Cachan Le Foyer des PTT – 1999) Sous le pseudonyme de Yann Delmon : L’étrange Eliphas (éditions Roger Garry – 1979. Collection Mémoires d’Outre-ciel n°4) Chasse au serpent (Garry – 1982, roman policier)

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 08:07

maurice-gouiran.jpg

Pourriez-vous vous présenter : date de naissance, lieu, profession, parcours…

Je suis né le jour du printemps de 1946 au Rove. J’ai gardé les chèvres jusqu’à l’âge de 11 ans avant de rejoindre l’internat d’un lycée marseillais. Ensuite, les études m’ont mené jusqu’à un doctorat de mathématique. Sur le plan professionnel, j’ai choisi très tôt l’informatique - c’était l’époque des gigantesques calculateurs qui avalaient des tonnes de cartes perforées – et j’ai suivi depuis le début cette extraordinaire aventure qui a bouleversé notre société. J’ai eu l’occasion également de mener quelques missions pour le compte de la FAO et de beaucoup voyager. 

Bon nombre de romanciers, quelque soit leur domaine, avouent être entrés en littérature en se faisant la main d’abord en écrivant des poèmes. Est-ce votre cas ?

Certainement. Mes origines pastorales étaient empreintes de poésie. Dans ma famille, on était berger, conteur ET poète, mais on ne se prenait pas la tête avec les alexandrins et les envolées lyrique. La poésie était simple et cela m’a donné le goût des mots et des histoires.

Si je pose cette question c’est parce que vous faites souvent référence à des poètes locaux comme Louis Brauquier. L’avez-vous personnellement connu, puisque ce poète dont le thème de prédilection était le monde maritime ?

Je n’ai pas connu Brauquier, mais il donne une image du port de Marseille un peu nostalgique et populaire. J’aime bien, également, Victor Gélu mais ses poèmes en provençal seraient plus difficiles à « placer ».

Ce n’était qu’un interlude. Comment vous est venue cette envie d’écrire, et surtout d’écrire des romans noirs de la mémoire, et avez-vous eu du mal à trouver un éditeur ?

L’envie d’écrire a toujours existé en moi, mais ma formation scientifique ne me nuit.jpgprédisposait pas à cet exercice. Avec la maturité, cette envie est devenue nécessité, mais j’ai compris qu’il s’agissait avant tout d’écrire des histoires. Je crois que les lecteurs demandent avant tout qu’on leur raconte des histoires. Le style que j’utilisais dans mes ouvrages de vulgarisation était bien adapté au type de romans que je voulais écrire. Mon attrait pour les quartiers de Marseille et pour les non-dits de l’Histoire a fait le reste. Mon ambition initiale n’était pas du tout d’être édité. C’est lorsque j’ai fait lire mon premier manuscrit à mon entourage que cette idée bizarre m’est venue. J’ai arrosé quelques maisons d’édition avec « La nuit des bras cassés », puis Jigal m’a répondu au début 2000. Et tout a commencé…

Si je parle de romans noirs de la mémoire, c’est parce que tous vos romans, du moins ceux que j’ai lus, s’inspirent d’événements historiques souvent oubliés, méconnus, ou même dissimulés. Je suppose que si vous avez choisi ces thèmes littéraires, c’est parce qu’ils vous ont marqué ?

Je suis d’une génération qui a grandi dans une France qui se glorifiait en réduisant son rôle dans la seconde guerre mondiale à la seule et héroïque Résistance. Puis il y a eu « Les sentiers de la gloire », « Le chagrin et la Pitié » et bien d’autres œuvres qui ont cassé le mythe et montré que l’Histoire officielle cachait des petites lâchetés et des grandes trahisons, que des millions d’hommes sur cette terre en avaient souffert. Puis, en approfondissant, je me suis rendu compte que le monde était loin d’être manichéen. Ça m’a donné envie d’en parler.

Par exemple dans Train bleu, train noir, vous placez deux « reportages » à cinquante ans de distance. L’arrestation supposée de truands locaux marseillais mais qui s’avérera une rafle déguisée des Juifs. Cinquante ans après, en 1993, quelques amis se rendent à Munich en compagnie de supporters de l’OM afin d’assister à la finale de la coupe de football entre les Marseillais et le Milan AC. Est-ce justement ce match qui vous a donné le point de départ, ou au contraire n’était-ce qu’une situation qui tombait à pic ?

train.jpgNon, c’est le prix polar SNCF (pour lequel j’étais le lauréat de l’été 2005) qui a tout déclenché. Lors de mes rencontres dans les CE, j’avais promis aux cheminots d’écrire un polar sur les trains. Alors les images tournées par la propagande allemande lors de l’embarquement sur le quai de la gare d’Arenc, en 1943 me sont revenues à l’esprit. 1943-1993, ça tombait à pic avec l’ambiance déjantée de la finale de la Coupe d’Europe. Le contraste fort m’a séduit, mais je craignais qu’on me reproche le rapprochement de deux événements très différents. Et puis parler de foot lorsqu’on veut mettre en lumière les dérives de l’Histoire n’est pas forcément bien vu par le microcosme cultureux marseillais !

Dans Franco est mort jeudi, vous partez d’un fait-divers, presque banal, une lettre adressée à une vieille dame par une journaliste demeurant en Espagne, lui demandant d’établir une analyse ADN afin de démontrer ou non une filiation avec un Républicain disparu lors de la guerre civile. Là encore le lecteur voyage entre deux ou trois périodes ?

Il y a trois périodes. Aujourd’hui avec le fils. 1975 (la mort de Franco) avec la mère. 1939 (la Retirada) avec les réfugiés républicains. La guerre d’Espagne m’a toujours marqué et fasciné car c’était une guerre civile qui a déchiré les familles, les amis, un conflit qui a laissé des plaies profondes et qui a marqué le monde artistique avec « Guernica » de Picasso bien entendu, mais aussi avec des films comme « Viva la muerte » d’Arrabal. Très jeune, j’ai rencontré des républicains espagnols anarchistes et communistes qui avaient parfois des langages différents. Mais je ne pouvais guère écrire sur la guerre d’Espagne sans apporter des éléments nouveaux aux lecteurs. Deux découvertes m’ont incité « d’y aller » : celle des fosses communes (à partir de 2000), celle du camp de Karaganda en URSS. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, le film « Les chemins de la mémoire » de José-Luis Peña est sorti simultanément. J’ai d’ailleurs participé à des soirées où j’ai présenté mon bouquin et animé des débats illustrés par ce film.

Dans Sur nos cadavres, ils dansent le tango, vous faites revivre des heures noires de la fin de la guerre d’Algérie et le régime des militaires en Argentine. Pourquoi avoir conjugué au présent plutôt qu’au passé composé le verbe Danser ?

Parce que cela donne plus de force au titre.

Dans Qui a peur de Baby Love, l’axe central est un institut catholique favorisant les idées extrémistes et les amitiés particulières au début des années 70. Là encore on retrouve l’ombre de l’OAS. Un thème que l’on pourrait qualifier de récurrent et que vous avez du mal à évacuer ?

Je ne suis pas obnubilé par l’OAS qui apparait dans 3 ou 4 de mes bouquins franco.jpg(sur les 19 polars publiés), mais force est de constater que ses résurgences sont encore vives. Référez-vous aux polémiques autour de stèles honorant les membres de l’OAS (Marignane, Perpignan, Béziers, …). Le problème aujourd’hui est moins l’activité passée de l’OAS que la persistance de ses idées dans le monde actuel. Enfin, mon petit doigt me dit qu’on en entendra encore parler prochainement dans mes bouquins…

Je continue avec Les vrais durs meurent aussi. Cette fois ce n’est plus l’Algérie qui sert de décor ou de support, mais le Vietnam, ou plutôt ce qui était l’Indochine. Et les réfugiés asiatiques, qui comme les Harkis ont été des laissés pour compte.

J’ai découvert le camp de Sainte-Livrade lors d’un salon du livre à Villeneuve-sur-Lot. La vision de ces vieilles indochinoises au regard vide et la découverte d’un camp de concentration dans la France du XXIème siècle m’a profondément ému et choqué. Le thème de « Les vrais durs meurent aussi » m’est alors apparu comme une évidence. Restait à inventer l’histoire qui allait avec…

Enfin, j’en arrive à Putains de pauvres, qui aurait pu n’être qu’une simple histoire de SDF victimes d’individus circulant en 4X4 et de l’épidémie de Chicungounia. Mais vous glissez insidieusement dans votre intrigue un poilu de la guerre 14/18.

On sortait de l’hiver 2007 et j’avais besoin de parler des pauvres, ou plutôt de l’image qu’en ont les politiques, les médias mais aussi – et surtout - l’homme de la rue. On sortait aussi de l’épouvantable épidémie de grippe aviaire, causé par le virus H5N1, qui avait décimé 2 poules et 3 canards. Le thème d’un roman basé sur une épidémie qui ne tuerait que les pauvres s’est imposé. J’avais les pauvres, restait à trouver l’épidémie. Je ne voulais pas du H5N1 dont on avait trop parlé, donc j’ai trouvé son cousin, le H1N1, le virus de la grippe espagnole, que tout le monde avait oublié mais qui avait causé la mort de 50 millions de personnes en 1918. D’ailleurs, le H1N1 a eu son heure de gloire par la suite sans que mon bouquin y soit pour quelque chose. Et comme vous connaissez ma perversité dès qu’on aborde l’Histoire, j’ai planqué un poilu de 14-18, apparemment mort de cette infection, dans une armoire !

baby.jpgIl existe donc des constantes dans ces romans : des références aux guerres coloniales, aux dictateurs, et je suppose que vous ne traitez pas ces sujets sans arrière-pensée ?

En fait, je traite ces faits parce qu’ils ont une étrange résonance dans le monde d’aujourd’hui. Prenez « Train bleu, train noir ». Au-delà du périple de ces deux trains, c’est bien le problème de la spéculation immobilière qui est visé. Si l’on considère que Marseille a perdu toutes ses industries (raffineries de sucre, tuileries, huileries, réparation navale, etc.…) et que la seule richesse de cette ville semble être actuellement l’immobilier, on voit que ce thème est très actuel. De même, les dissensions internes qui ont été fatales du camp républicain espagnol, dès 1936, ne vous rappellent-elles pas quelque chose ? 

Cela demande une grosse documentation, afin que le lecteur pointilleux et historien quel que soit le côté politique où il se place, ne puisse pas dire qu’il ne s’agit que d’affabulations ?

Effectivement, l’écrivain n’a pas de légitimité historique. On écoutera plus facilement un agrégé d’Histoire négationniste qui possède, lui, cette légitimité. Mon travail m’incite donc à être pointilleux, vigilant, exigeant, à puiser des sources et à les vérifier constamment. En annexe de certains polars (« Marseille, la ville où est mort Kennedy », « Franco est mort jeudi », …), j’ai même ajouté des références bibliographiques). Il s’agit d’un travail long et délicat, mais d’autant plus nécessaire que j’aborde toujours des sujets polémiques qui contredisent parfois l’Histoire officielle. Il s’agit également d’un devoir de respect envers le lecteur. Je voudrais cependant préciser que le statut d’auteur nous donne un avantage sur les historiens, celui de mettre de la chair sur des événements. Les rencontres avec des témoins de faits que je raconte sont pour cela primordiales. Car elles vont générer des personnages, des gens comme vous et moi, plongés dans le drame. Dire que 1640 Marseillais ont été déportés un petit matin de janvier 1943, vers Compiègne, Drancy, puis Sobibor est un fait historique. Raconter le périple de six ou sept d’entre eux - des hommes, des femmes, des enfants, des vieux - dans le wagon à bestiaux donne au récit une toute autre dimension, très éloignée de la sécheresse des chiffres.

Pour quel ouvrage que vous avez écrit va votre préférence ?

Dans la mesure où je ne suis pas astreint à une quelconque productivité, je fournis les manuscrits à mon éditeur lorsque je les estime terminés, c'est-à-dire corrects. Je ne proposerai jamais un roman insatisfaisant à mes yeux ou qui ne serait pas marqué de ma sueur ou ma rage. Les 19 polars que j’ai écris sont, de ce point de vue, un peu mes enfants. Chacun a sa spécificité et son caractère. Je les aime tous, de manière parfois différente, mais je serai incapable d’en privilégier un par rapport aux autres. Celui qui m’importe le plus est celui que je suis en train d’écrire, celui que je conçois, l’enfant à venir. Ses grands frères vivent leur vie, bien ou mal, mais toute mon attention est concentrée sur le prochain. NB. Je remarque d’ailleurs que mes lecteurs ont des goûts différents lorsque je les interroge sur leur préférence.

Quel est celui qui vous a donné le plus de mal et pourquoi ?

Tous m’ont demandé beaucoup de travail, de documentation notamment mais aussi de lectures et de relectures incessantes. Si les auteurs étaient payés au SMIC pour les heures qu’ils passent sur un bouquin, ils gagneraient beaucoup plus que ce que leur rapportent leurs droits d’auteurs ! Je peux vous donner l’exemple de deux romans qui ont nécessité des attentions particulières et une refonte partielle. D’abord, « Train bleu, train noir » que j’avais commencé à écrire à la troisième personne du singulier et au passé et que j’ai repris sous la forme des trois récits au présent. Ensuite, « Qui a peur de baby Love ? », lorsque, le roman terminé, j’ai décidé de transformer le lieutenant de police – un gars dont j’ai oublié le nom - en fille sous les traits d’Emma Govgaline. Je peux vous assurer que, dans ce dernier exemple, il ne suffit pas de remplacer « il » par « elle » dans le traitement de texte !

Clovis est un personnage récurrent mais parfois en retrait comme dans « Sur nos cadavres, ils dansent le tango ». Une façon de laisser vos autres personnages prendre de l'ampleur, je pense à Emma Govgaline ? 

Clovis apparait pour la première fois en 2003 dans mon 5ème roman,nuit-copie-1.jpg « Les martiens de Marseille », mais il n’est pas systématiquement le personnage central de tous mes romans depuis. Ainsi, il n’est qu’une ombre fugitive dans « Train bleu, Train noir » ou dans « Sous les pavés, la rage » qui se déroulent respectivement en 1993 et 1968. Je le trouvais alors un peu jeune et sans expérience pour y jouer un grand rôle. Je me méfie toujours un peu des personnages récurrents qui finissent par manger le cerveau de leurs auteurs-créateurs (cf Conan Doyle, Izzo ou Mankell). Je suis bien conscient des attentes du lecteur en ce domaine (j’ai reçu de sévères critiques pour « Sous les pavés la rage » parce que, pour la première fois depuis 2003, Clovis n’était pas le personnage central), mais je n’entends pas, pour autant, être pieds et poings liés avec mon personnage central. C’est pour cela qu’il laisse un peu la place à Emma dans le dernier opus, alors que son âge aurait pu l’autoriser à occuper le devant de la scène. Emma prend ainsi de l’épaisseur et reste, comme disent les politiques, « en réserve de la République » !

Dans ce roman il est à New-York et n'intervient que de manière subreptice.  Une façon détournée pour lui proposer une enquête aux Etats-Unis ?

Pourquoi pas ? Honnêtement, je n’ai de bien concret en tête, mais j’y ai déjà pensé. New York est une ville qui me fascine et qui apparait déjà dans de nombreux romans. C’est, comme Marseille, une cité d’immigration qui gère les flux différemment de la cité phocéenne. A NYC, l’immigré évolue dans des quartiers bien délimités du Bronx, du Queens ou de Brooklyn où il retrouve une population de la même origine, avant de s’installer, en cas de réussite, à Manhattan. Les Italiens à Little Italy, les asiatiques dans Chinatown, etc … A Marseille, c’est plus diffus, c’est la ville qui évolue au rythme des flux d’immigration, c’est la ville, son langage, sa musique, ses habitudes, qui changent.

Enfin, cela fait trois questions en réalité, quel sera le thème de votre prochain roman ?

Je viens de terminer un roman qui risque d’être le prochain et dont je ne vous dévoilerai pas le thème car rien n’est encore figé et que je ne connais pas l’accueil que lui réservera mon éditeur. Est-ce une stupide superstition ? Why not… Devrais-je encore travailler sur ce roman ? Je n’en sais rien. J’ai hâte de le voir éclore, mais je sais aussi qu’un roman efface le précédent. J’aurais voulu communiquer davantage sur Franco que Videla projette dans l’ombre, et sur Videla que le prochain effacera des gondoles. Sachez seulement que Clovis redeviendra le personnage central de cette histoire et que cela se passera à Marseille au début des années 70. Ce choix marque, en quelque sorte, la distance que je prends avec la règle qui voulait que, jusqu’ici, Clovis n’apparaisse que dans des romans qui se déroulent de nos jours. Je peux seulement vous affirmer que le thème est fort et toujours très actuel.

 

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 09:45

bauduret

Après avoir débuté sous la signature de Samuel Dharma, au Fleuve Noir, tu as repris ton nom de Thomas Bauduret, et depuis quelques années tu signes Patrick Eris. Pourquoi ces changements de pseudonymes ?

Je n’ai jamais signé de romans Thomas Bauduret, uniquement mon guide vidéo, qui risque bientôt de se retrouver sur le web. Dharma était un peu gag, donc après un long hiatus sans publier (mais pas écrire) j’ai voulu repartir à zéro. Il faut reconnaître que les romans signés Dharma étaient en général pas très bon… On m’a proposé d’en reprendre certains, mais j’ai dit non ! Et pour certains, avoir écrit au Fleuve est une sorte de péché originel. Dès le départ, je comptais écrire sous pseudo pour des raisons familiales. Ça m’a parfois desservi, mais dharma.jpgtant pis ! Reprendre mon "vrai" nom à ce stade serait un brin ridicule !

 

Quel souvenir gardes-tu de ton passage au Fleuve Noir, et cela t’a-t-il apporté quelque chose ?

Ça m’a permis d’apprendre les galères inhérentes à l’édition… C’était aussi étrange, parce que c’était vraiment une impression de n’avoir aucun retour. Je ne sais s’il y avait déjà des festivals comme celui d’Epinal, mais le Fleuve ne faisait aucune promo, donc les lecteurs restaient virtuels, on avait l’impression d’écrire dans une bulle, sans contact avec l’extérieur, sans dédicaces. Cela dit, ça m’a empêché de mourir de faim !

 

Tu œuvres en littérature populaire mais plus spécifiquement en fantastique. Un goût naturel ou tu as trouvé ta voie en lisant, et éventuellement chez quels romanciers ?

Naturel dès le départ, et je suis fier de l’étiquette "roman populaire" ! Je suis fan de fantastique depuis toujours. Cela dit, c’est plutôt un genre de nouvelles. On peut citer des paquets de nouvelles marquante du genre, de Lovecraft à Jean Ray (voire Maupassant), et peu de romans. Contrairement au polar, plutôt un genre à romans. Donc, passer de l’un à l’autre ne me gêne pas. J’ai aussi un projet de roman historique, comme quoi… Et puis, le lectorat semble plus ouvert au mélange de genres aujourd’hui, ce qui me ravit. Sinon, j’ai toujours été un lecteur boulimique, et ça n’a pas changé. Je dirais que tout ce que je lis me sert, tout en sachant qu’on peut beaucoup apprendre d’un roman raté ou à moitié réussi. D’un autre côté, je donnerais beaucoup pour avoir le don des intrigues du Brussolo des grands jours alors qu’on ne peut vraiment dire que ce soit une "influence" ! De même, le cinéma, la musique que j’écoute, tout peut resservir. Dans un de mes romans, j’ai même un clin d’œil au jeu "Silent hill" !

 

Traqueur-Livre-847310361_ML.jpgTu es également traducteur, sous ton nom de Thomas Bauduret. Un choix alimentaire ou le plaisir de faire découvrir autre chose ? Par exemple est-ce toi qui propose les manuscrits aux éditeurs ?

Les deux, puisque maintenant, il est illusoire de vouloir vivre de sa plume. Je me verrais vraiment mal arrêter la traduction, que je considère comme mon métier ! Sinon, oui, il m’est arrivé de proposer des textes, comme le génial "Stone baby" de Joolz Denby, ou Graham Joyce, que j’avais présenté au regretté Patrice Duvic à l’époque de la collection "Terreur". A vrai dire, on m’a proposé bien des fois de prendre des directions de collection, et ça a toujours fini par capoter pour une raison ou pour une autre, et comme je me fiche pas mal d’avoir mon nom sur la porte d’un bureau — ou un bureau, d’ailleurs — c’eut été un bon moyen de faire de la prospection. Cela dit, j’ai été lecteur pendant des années pour diverses maisons d’éditions, donc c’est un prolongement naturel. Si je conseille un titre et qu’on me laisse le traduire, je suis content. Quoique, j’ai aussi recommandé des manuscrits d’auteurs français juste parce qu’ils me semblaient dignes d’être publié. Tant que je peux faire en sorte que de bons romans trouvent les bonnes personnes, ça me va !

 

En parlant de traduction, tu rédiges actuellement des romans dans la série Blade. Et comme la plupart de ces séries américaines, aujourd’hui ce sont des inédits français mais l’éditeur préfère mettre traduit et adapté par… Crois-tu que le public est naïf au point de croire cette annonce ?

 

Dès que je suis revenu aux Blade, j’ai demandé si on maintenait cette fiction, et on m’a répondu que non, ce qui me permet de signer Patrick Eris et d’avoir parfois ces romans en dédicace, plus aussi de toucher certains sites qui suivent mon travail. Et comme nous avons mis sur place un Facebook avec l’autre auteur, mon collègue Arnaud Dalrune, et le nouvel illustrateur Nemo Sandman, on ne cherche plus à tromper qui que ce soit ! D’ailleurs, maintenant, il y a une synergie très agréable entre nous trois : il arrive que je m’inspire carrément des superbes couvertures de Nemo, et la série y prend une continuité d’un épisode à l’autre qu’elle avait perdu. Et je pense que la qualité s’en ressent également, c’est intéressant de s’approprier un personnage comme Blade tout en restant dans la continuité de la série : dans mon idée, c’est plus un survivant qu’un bourrin et un diplomate cherchant autant que possible à éviter le pire. De même, c’est des romans que je cherche à écrire le plus vite possible pour garder une tension, un sentiment d’urgence, de rythme. Au passage, nous avons eu quelques surprises, comme de découvrir qu’un des premiers auteurs de Blade, Ray Nelson, est le scénariste de "Invasion Los Angeles" de Carpenter et que le papa de Blade, celui qui eut l’idée d’un homme voyageant d’un monde à l’autre par le biais d’un ordinateur, venait d’un auteur légèrement connu, un certain Philip K. Dick… Qui malheureusement, n’en a pas écrit ! Je comprends que certains auteurs n’aiment pas travailler sur des univers mis en place, mais moi, cela m’éclate. Comme me disait Christopher Golden, qui a écrit pas mal de romans dérivés en univers partagés, c’est comme lorsque gamin, on donnait à ses soldats jouets l’identité de ses héros préférés et leur inventait des aventures ! Par exemple, j’ai traduit récemment un roman de la série "Predator" d’après les films, j’adorerais en écrire !

 

Pour cette série, comme pour le Poulpe, mais dans ce cas il s’agit de ce que blade.jpgl’on appelle un nom maison, les différents auteurs étant plus ou moins masqués, y a t’il un cahier des charges ?

Pas pour Blade. Par conscience professionnelle, j’ai dû me plonger dans le travail des petits camarades pour voir ce qu’il fallait faire ou ne pas faire. Par contre, pour Le Poulpe, il y avait sinon un cahier des charges, du moins ce qu’on appelle une "bible" parfaite : juste assez de détails pour ne pas se tromper et avec pas mal de libertés. En fait, Jean-Bernard Pouy m’a dit après avoir lu le manuscrit qu’il aimait le fait qu’encore une fois, je me sois approprié le personnage pour l’envoyer dans un univers très "gothique" qui m’est personnel !

 

Je reviens au travail de traducteur : il te faut combien de temps pour traduire un ouvrage (évidemment en fonction du nombre de pages) ?

Difficile à dire, cela dépend de la longueur, mais aussi de la difficulté. Cela dit, ayant travaillé sur des novelizations où les délais sont du genre quinze jours, j’ai appris à travailler vite ! Disons qu’un roman comme "Stone Baby", qui n’était pas vraiment facile, m’a pris dans les trois mois ; les Pendragon que je traduis pour Le Rocher, beaucoup plus épais, dans les six mois. Sachant que j’y intercale les bandes dessinées Warner que je traduis pour Panini ! Là, c’est de la presse, les délais sont plutôt du genre "pour avant-hier" et je m’y tiens, ce qui est également une bonne école. J’ai aussi traduit des novélisations, et là, les délais sont cadrés au jour près pour coller aux sorties des films. Sinon, un rythme raisonnable peut être de vingt feuillets dactylographiés par jour.

 

N’est-ce pas parfois un travail frustrant en te disant personnellement je n’aurais pas écrit ça comme ça, ou tiens cela me donne une idée ? Restes-tu fidèle au texte et dans ce cas ce n’est pas forcément bon, ou seulement à l’idée d’ensemble et tu as latitude pour édulcorer ?

Heureusement, j’ai rarement eu à traduire de mauvais bouquins ! Une fois seulement en fait, la résolution était particulièrement nulle (du genre le criminel diabolique et tout qui se fait prendre par une erreur de débutant !) Cela dit, mon travail n’est pas de me substituer à l’auteur. Je relis beaucoup, et le stade final est justement de trouver de la texture au texte, de réfléchir au ton que voulait prendre l’auteur et de tenter de le retranscrire. Comme tous les traducteurs, ils m’est arrivé de corriger des erreurs de continuité qui prouvent que les éditeurs Anglo-Saxons dont on nous rebat les oreilles pourraient parfois se payer des relecteurs… Mais comme il paraît qu’ils font tout tellement plus mieux que tout le monde tant qu’on corrige leurs erreurs…

 

Tu es depuis peu coéditeur. Un travail qui demande du temps mais également peut-être te trouves tu en porte à faux : les relations que tu as avec tes “ auteurs ” sont-elles en contradiction avec tes relations d’auteur avec des éditeurs ?

Malpertuis est plutôt de la micro-édition, ce n’est jamais que du fanzinat glorifié. Pour l’instant, je n’ai vu ni problèmes, ni contradictions. En plus, on sait que je fais de mon mieux pour faire un travail correct et que je ne fais pas de coups fourrés aux auteurs, donc… De plus, je n’ai malheureusement pas d’éditeur "permanent", alors. On verra si cela change !

 

Tu es passionné de cinéma. As-tu déjà écrit des scénarii ?

Oui, des traitements, des synopsis… J’ai deux projets assez avancés avec le cinéaste Nemo Sandman, chacun tiré d’un de mes romans, "La première mort" et un inédit que j’espère mettre en téléchargement gratuit. Cela change agréablement de faire partie d’une équipe, du moins lorsqu’elle est bonne et que les idées fusent. J’adorerais faire partie d’un "pool" créatif comme ça se fait maintenant. Enfin, ça dépend avec qui ! Mais ce n’est pas un aboutissement pour moi. Ce qui me choque un brin, et je l’ai vu lors des "Seigneurs des Anneaux", on dirait qu’être adapté au cinéma est le Saint Graal pour un roman…

 

autobus-de-minuit.jpgQuels sont tes projets ?

Houlà ! Sortant d’une période assez dure, c’est un peu la boulimie de projets, puisque j’ai retrouvé la pèche ! En écriture : un thriller fantastique un peu dans la continuité de "L’autobus de minuit" sans en être la suite, toujours sur le thème du Paris mystérieux, un éditeur est intéressé, mais rien de définitif. Un roman jeunesse dont je vais bientôt commencer la documentation. Entamer une série de fantasy en collaboration avec Nemo, puisque je prends goût à l’écriture à quatre mains. Comme les Blade m’ont remis le pied à l’étrier de l’écriture, je compte bien en profiter. Sinon, la première antho annuelle Malpertuis ne devrait pas tarder, le sommaire définitif est fait. Mettre mon guide vidéo sur le web, ce qui pourrait se faire assez vite. J’ai aussi à écrire les paroles du second album d’Evolvent, un groupe composé d’amis, et je risque moi-même de passer en studio cette automne avec d’autres amis qui m’ont débauché ! Et bien d’autres choses, c’est un peu une période charnière en ce moment et il faut voir ce qui va en déboucher, surtout que, comme je l’ai dit, je suis un boulimique de travail. Dans ce métier, tout peut basculer très vite, pour le meilleur ou pour le pire… et parfois les deux !

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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 10:27

JIMMYGALLIER.jpg

Préalablement à la mise en lignes de mes chroniques sur les nouveautés (et pourquoi pas quelques anciennes parutions) des éditions Jigal, il m’a semblé intéressant de réaliser un petit entretien avec le créateur de cette maison d’éditions.


Avant Polar Jigal, les éditions Jigal existaient déjà. Quel était leur cheval de bataille et depuis quand existent-elles ?

- En effet, nous avons eu une autre vie avant le Polar. Les Éditions Jigal ont été créées en 1989 par Véronique Gisz et moi-même. Et nous nous occupions alors tout particulièrement de musique, tout d’abord avec l’édition (pendant vingt ans) du Guide de la Musique, la bible du showbiz, puis avec la création de delamusic.com — un site internet pour tout savoir et tout trouver facilement sur la musique. J’ai également été attaché de presse et me suis alors occupé de la promotion de nombreux artistes, chanteurs et groupes.

 

Comment est venue cette idée de créer une collection spécifique ?congre

- A la fin des années 90, j’avais envie de changer d’air, de voir autre chose, de construire une autre histoire… Lecteur boulimique depuis toujours, et conforté par notre première expérience de l’édition, l’envie d’éditer des romans faisait son chemin depuis déjà un moment, il me fallait juste trouver le bon moment, le bon déclic… Ce qui fut fait en 98 quand nous est arrivé un manuscrit sur lequel nous avons eu envie de foncer avec beaucoup d’enthousiasme et de naïveté… C’était « Le Baiser du Congre » et le début de la collection polar.

 

Quelle est votre production annuelle ?

- Comme vous le savez, nous sommes un éditeur indépendant et ne souhaitons ni ne pouvons lutter avec les mastodontes du secteur en terme de quantité de bouquins édités. Nous apportons plutôt notre pierre à l’édifice… avec notre particularisme, notre manière de faire et nos envies… Pour cela nous essayons d’optimiser… nos choix éditoriaux, nos auteurs, nos relations — avec la presse, avec les libraires —, bref tout ce qui à terme et a posteriori va construire une ligne éditoriale cohérente. Actuellement nous publions environ une dizaine de formats « nouveauté » et 3 ou 4 poches par an. C’est suffisant pour occuper pleinement nos journées et même un peu plus !

 

paradoxe.jpgQuestion indiscrète : quel est le tirage moyen d’un roman ?

- Suivant les titres et les auteurs, nous imprimons en général et pour un premier tirage environ 1500 ou 2000 exemplaires… Ensuite…  et ben tout dépend… de l’actualité, des réactions de la presse, de l’emballement parfois des prix littéraires et des libraires… Il faut être réactif. Nous l’avons récemment vécu avec le Prix SNCF du Polar 2011 que nous venons de recevoir avec le roman de Philippe Georget. Heureusement la technologie a aujourd’hui du bon et permet une grande souplesse et une grande réactivité si nécessaire. Comme vous le savez, nous avons comme (autre) particularité de nous distribuer nous-mêmes. Ce qui est à la fois une force et un challenge, mais nous demande en permanence d’être au four et au moulin. Ainsi va la vie de l’éditeur…

 

Vous possédez un fond d’auteurs fidèles, comme Gilles Del Pappas, Serge Scotto, Maurice Gouiran, André Fortin, qui possèdent leur propre sensibilité et leur univers. Comment arrivez-vous à les gérer malgré leur succès ?

- Tout d’abord, on ne peut pas être éditeur sans auteurs… Ensuite une boîte comme la nôtre, indépendante donc, doit savoir optimiser et concentrer ses forces. Et pallier également à nos faiblesses — le manque de moyen bien sûr. Donc nous avons eu envie depuis le début de ne publier que les romans pour lesquels on avait vraiment envie de se défoncer… Il suffit de rentrer dans une grande surface spécialisée livres, une Fnac par exemple — pour ne pas la nommer — qui représente une sorte de cauchemar d’éditeur vu le nombre hallucinant de romans présentés… Comment faire pour que nos romans non seulement y soient représentés, mais surtout vus et achetés… Bref, un long et long combat mélange de travail de titan, de moine et de fourmi… un vrai boulot d’éditeur en quelque sorte… ! Bref tout ça pour dire, qu’une des forces potentielles d’un éditeur indépendant, c’est les auteurs. Nous ne sommes sûrement pas parfaits — quoique ;-) —, mais mon équipe et moi-même avons à cœur de « mettre le paquet » sur chacun des titres que nous éditons. Cela se sent et se voit, je pense ! Ça ne fonctionne évidemment pas à 100% ni pour tous les titres malheureusement, mais ça nous a permis malgré tout d’avoir quelques belles réussites et de nombreuses récompenses… D’autre part, n’oublions pas que le livre est un produit lent. Lent dans sa création, lent dans sa promotion, lent dans sa durée… Et comme nous ne publions que des auteurs inconnus au départ (ou presque pour la plupart), il nous faut du temps. Pour peaufiner le manuscrit, le publier, pour faire connaître l’auteur, pour l’inscrire dans la durée, pour le faire participer à quelques salons, etc. etc. … Plusieurs romans sont parfois nécessaires… Même s’il n’y a pas de règle. Et que parfois certains titres décollent plus vite que d’autres… !

 

Quoique basée à Marseille, votre production déborde souvent du cadre.priere.jpg Vous n’êtes donc pas un éditeur régionaliste ?

- Avant d’être basées à Marseille, les Éditions Jigal ont été basées à Paris XIV pendant plus de 15 ans… Et nous éditions déjà (et entre autres) des polars ayant des saveurs du sud… Tout cela pour dire, que non, nous n’avons pas vocation à publier des romans et des auteurs régionalistes. Même si plusieurs de nos auteurs — et non des moindres — sont originaires du sud, nous avons également publié des auteurs en provenance d’Algérie (avec Adlène Meddi), du Maroc (Pierre Boussel) et même du Gabon (avec bien sûr Janis Otsiemi). Plus que le sud au sens strict, nous sommes à l’évidence davantage attiré par LES suds. Et j’en profite pour lancer un appel à tous les auteurs de polar du pourtour méditerranéen, la Grèce, la Lybie, la Syrie, toutes ces régions… Qu’ils n’hésitent pas à me contacter… Mais ceci dit, tout cela ne nous empêchera pas de déroger à cette règle si un auteur venu d’ailleurs nous envoie un gros coup de cœur…

 

Parmi vos auteurs, vous publiez un auteur Gabonais, Janis Otsiémi. Qu’est-ce qui vous a plu dans son écriture ? Comment l’avez-vous connu ?

sale-boulot.jpg- Janis Otsiémi, nous nous sommes « rencontrés » par Internet… J’étais tombé lors de mes multiples recherches concernant les auteurs des « suds » sur un article vantant ses premiers écrits. Et j’ai immédiatement craqué à la lecture du premier manuscrit qu’il m’a proposé. C’était « La vie est un sale boulot ». Déjà le titre… ! Depuis ce roman a reçu le Prix du Roman Gabonais, pas mal pour un début. Bien qu’un peu éloigné des rives méditerranéennes, j’ai eu la sensation que ce titre était très proche de notre ligne éditoriale. Et puis… quelle écriture, quelle verve, quelle langue… ! J’adore. Nous venons cette semaine de sortir son troisième polar, « Le Chasseur de lucioles » Et je suis très heureux de voir que pas mal de monde commence à s’intéresser à lui et à ses romans… Il a, l’année dernière, été invité au Festival Étonnants Voyageurs de Bamako puis à celui de Saint Malo… Et je pense que ce n’est que le début et que Janis Otsiémi est un des talents les plus prometteurs du polar africain actuel.

 

Vous recevez comment de manuscrits par mois ?

- 50, 60, 80… Je ne sais plus, je ne compte plus… — quand on aime… — Ce que je sais c’est que cela représente pas mal d’heures de lecture…  et de nuits blanches ! Mais quel plaisir quand (parfois) on « tombe » sur quelques lignes superbes… sur une histoire qui accroche, sur un bouquin qu’on n’arrive pas à lâcher… et qu’on se dit : « wao, super, j’adore… pourvu que cela dure tout au long du récit… ». Ce qui est (parfois) le cas… et qui se traduit (parfois) et beaucoup plus tard par la parution d’un roman, et d’un nouvel auteur jusqu’alors inconnu… E la nave va… !

 

Comment s’effectue votre choix ?

- Au coup de cœur, à l’intuition et au plaisir, uniquement ! C’est probablement partial ou injuste, mais le seul choix qui nous permette — à mes collaborateurs et à moi-même — de mettre la gomme sur un nouveau titre ou un nouvel auteur… ! Et puis comme je le disais plus haut, quel plaisir d’essayer de faire partager nos coups de cœur, de faire exister de nouveaux auteurs, et de constater quelque temps plus tard que l’on est pas tout seul à apprécier… !

 

Faites-vous retravailler les manuscrits en profondeur par les auteurs, ou leur faites-vous confiance ?

- Là encore, pas de règles pré établies… Certains romans ne demandent qu’un œil averti et une correction classique de base. Une vraie chance. Mais parfois, c’est plus complexe et tous les cas de figure peuvent se poser… Parfois une grosse réécriture s’avère nécessaire — c’est arrivé —, parfois il faut couper une centaine de pages — c’est également arrivé — et ce n’est ni simple ni évident. Mais ça fait partie des choix d’édition, des paris, des risques, des intuitions, des « trucs » que l’on sent et que l’on a envie de mener à bien et au mieux… !  L’écriture n’est pas innée… et ce n’est pas non plus une science exacte. Il nous faut là-dedans, nous auteur et éditeur associés, trouver la bonne formule, le bon tempo, la bonne histoire… La concurrence est rude comme vous pouvez le constater… il est donc indispensable de proposer le meilleur pour avoir une chance d’être présent sur les étals de toutes les bonnes librairies… et d’y rester !

 

Basées en province, les éditions Jigal peuvent-elles concurrencer les maisons dites parisiennes ?

- Euh… qui ça… ? ;-) Plus sérieusement, Jigal ne concurrence personne… Jigal suit sa voie et essaie d’apporter quelques bons bouquins à la pyramide. Nous avons eu le plaisir, ces dernières années, de découvrir et de faire apprécier quelques auteurs de talent qui font aujourd’hui partie du sérail… et nous espérons bien continuer à faire quelques belles découvertes et surtout à les faire partager. N’oublions pas la finalité dans tout cela — et c’est un lecteur qui vous parle — le plaisir des lectures… ! Le reste, ici ou ailleurs, cela n’a finalement pas vraiment d’importance. D’autant qu’encore une fois la technologie nous permet bien des audaces… un imprimeur quelque part en Europe, une graphiste en région parisienne, un photographe ailleurs, un stock à la campagne, un bureau près du Vieux Port, des journalistes et des libraires aux 4 coins de la planète … Et une bonne connexion Internet qui permet de faire le lien !

 

Le succès d’un livre ou d’un auteur passe aussi par la traduction à l’étranger. Qu’en est-il pour Jigal ?

- Nous travaillons depuis quelques années avec Pierre Astier de l’Agence Pierre Astier & Associés, un des agents les plus pointus sur la place de Paris. Et qui fait un boulot exceptionnel vers l’étranger. Nous avons déjà vendu grâce à lui plusieurs titres en Allemagne, en Italie, en Grèce et venons tout récemment de vendre les droits des romans de Philippe Georget non seulement en Italie (d’autres pays sont en cours de négociation), mais également dans une prestigieuse collection « poche » en France. Et il y a fort à parier qu’il y aura d’autres cessions de droits cette année… Mais là encore, il est nécessaire d’être patient.

 

Vos projets ?

- L’édition, c’est un métier de fous et de passionnés… Mais comme disait Audiard « Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière… ». Alors nos projets… ? Continuer… chercher… lire… trouver encore quelques perles… et le moyen de les partager avec davantage de lecteurs… Avec passion et détermination !

  Et pour prolonger votre plaisir, pourquoi ne pas visiter le site des éditions Jigal et découvrir leur catalogue !JIMMYGALLIER2.jpg

 

Jimmy Gallier / Marseille le 16 février 2012.

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 15:56

De 1952 à 1959, le couple Borel-Rosny a fourni dans diverses collections borel-rosny.jpgchez Ferenczi vingt-quatre romans policiers qui furent salués favorablement par les critiques de l’époque, notamment par Maurice-Bernard Endrèbe dans Détective, et Igor Maslowski dans Mystère Magazine. Après la disparition des éditions Ferenczi, plus rien. Fin d’un mythe, d’une époque, d’une conception de l’édition, fin des fascicules populaires.

Mais qui étaient R. & R. Borel-Rosny ?

Raymonde Jardé, épouse Borel-Rosny, née le 29 mars 1907 à Sèvres (Hauts de Seine), fut la secrétaire de Rosny Aîné de 1937 à 1940, tache qu’effectuera durant quelques mois son futur mari en remplacement de Marie Borel décédée en 1936 et qui appartenait à une famille d’éditeurs. Auparavant elle collabora dès 1933 dans diverses revues telles que Marianne, Ciné-France, Ciné-Miroir… produisant contes, nouvelles, chroniques. Elle fut également un temps secrétaire de Madame Frédéric Joliot-Curie dans le cadre de l’Amitié Franco-polonaise. Et elle appartint aux Brigades internationales durant la Guerre d’Espagne.

Robert Borel-Rosny est né le 18 janvier 1912 à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), de son vrai nom Zdislas Henri Robert de Kalinowski. Son père était un architecte polonais. Il prend le pseudonyme de Borel-Rosny en hommage à sa grand-mère dont le nom de jeune fille était Borel, et à son grand-père Rosny aîné qui s’appelait en réalité Henri Boex. Petit-fils donc de Rosny aîné, il fut recueilli par celui-ci en 1914 et demeura auprès de lui jusqu’à son décès en 1940, tout en travaillant comme pigiste à Hebdo, Le Journal de la Femme, La Semaine à Paris, La Revue belge. Rosny aîné reste d’ailleurs très présent dans le souvenir de Robert Borel-Rosny qui le définit comme le plus merveilleux des grands-pères, et auquel il doit son initiation littéraire. A Paris, rue de Rennes, du vivant de ses grands-parents il côtoie des personnages de renom, les physiciens Paul Langevin et Jean Perrin, le mathématicien Emile Borel, des hommes de lettres comme Roland Dorgelès ou Jean Rostand.

Raymonde et Robert se sont mariés le 6 novembre 1937 à Paris, dans le 6ème arrondissement, avec pour témoin Jean Perrin, Président de l’Académie des Sciences et Prix Nobel de physique en 1926.

Rosny.jpgEn 1952, parution du premier roman signé R. & R. Borel-Rosny Demandez la dernière sportive, dans la collection Le Verrou. M.B. Endrèbe écrivait alors dans Détective : les Borel-Rosny ont un sens du dialogue qui est certainement leur meilleur atout. Suivra La mort se fait les ongles, toujours dans la collection Le Verrou, accueilli par M.B. Endrèbe comme suit : La verve et l’originalité de ces auteurs nous avaient frappé dans Demandez la dernière sportive. Nous les avons retrouvées inchangées dans ce romans. En 1959 parution de Ma haine pour toi, leur dernier livre, dans la collection Feux Rouges.

Entre temps, outre la production romanesque, ils se livrent à quelques participations pour des pièces radiophoniques Rosny-1.jpgdont Une place au cimetière, diffusée le 26 juin 1953 dans le cadre de l’émission Le jeu du mystère et de l’aventure et en 1958 La fin des hommes, inspirée du roman fantastique La mort de la Terre de Rosny Aîné. De 1960 à 1975 ils écrivent des scénarios de bandes dessinées, des adaptations de nombreux romans de J.H. Rosny aîné ainsi que des romans-photos et des bandes filmées. Raymonde Borel-Rosny signe également des romans sentimentaux sous son nom de jeune fille.

Depuis leur installation en 1977 dans le bocage bas-normand, entre Bayeux et Saint-Lô, Robert Borel -Rosny donne annuellement des conférences, qu’il nomme pudiquement des causeries, à la Société des arts, sciences et belles-lettres, dont il est vice-président, fournissant parfois également des contes, nouvelles, aux journaux locaux et revues diverses.

La production romanesque du couple Borel-Rosny se compose essentiellement de romans noirs, question de tempérament précisent-ils, dont la rédaction est surtout élaborée par Raymonde. Robert Borel-Rosny signale d’ailleurs que leur collaboration a été aussi libre que possible. Il ajoute : le plus grand mérite en revient à mon épouse. Seule maître d’œuvre en ce qui concernait la rédaction et le développement de l’intrigue. Je jouais le rôle de critique ou de conseiller, mais jamais d’arbitre. Je n’avais pas à trancher. L’ouvrage devait se fabriquer selon son inspiration personnelle. Nous pensons qu’écrire un roman noir ou policier exige un seul rédacteur. Le reste, c’est une question de détails.

Rosny2.jpgCertains des personnages reviennent dans plusieurs romans. Notamment l’inspecteur Tiburce et son inséparable ami Fredy dont les traits et attitudes ont été empruntés par Raymonde à un journaliste que le couple connut avant la seconde guerre mondiale.

Plus prolixe sur les autres que sur lui-même, Robert Borel-Rosny met l’accent sur les travaux littéraires effectués par sa femme, et devient intarissable lorsqu’il parle de son grand-père, ou des nombreux journalistes et écrivains qu’il a fréquentés avec sa femme avant et après la guerre. Une liste non exhaustive qui va de Francis Carco à Philippe Bouvard en passant par Collette, Jean Dutourd, Simenon, Sartre, Elsa Triolet, Jean Cocteau, Auguste le Breton, Boris Vian… Il faut dire qu’habitant le Quartier Latin et le café de Flore n’étant pas loin, certaines de ces rencontres étaient inévitables et inexorables.

Cet article est une version enrichie de celui publié en juillet/aout 1987 dans la revue Encrage N° 14 et écrit après de longues heures de discussions et papotages avec Robert et Raymonde Borel-Rosny dans leur petite maison appelée La Caverne du Félin géant.

Raymonde Jardé est décédée le 1er mars 1993 au Tronquay (Calvados) et Robert Borel-Rosny le 11 aout 1998 à Carentan (Manche).


Bibliographie :rosny3.jpg
Contes et nouvelles
 :
Une place au cimetière (Mystère Magazine N°65. Juin 1953)
Sous le vieux Pont-Neuf (Fiction N°76. Mars 1960)


Romans : tous publiés chez Ferenczi.

Demandez la dernière sportive(Le Verrou N°35. 1952)
La mort se fait les ongles (Le Verrou N°52. 1952)
La mort a les mains propres (Mon roman Policier N°269. 1953)
La borne au diable (Le Verrou N° 61. 1953)

T’as vu ça d’ta fenêtre(Le Verrou N°69. 1953)
Bonjour toubib de mon cœur (Le Verrou N°77. 1953)

La mort se fait la paire (Le Verrou N°83. 1954)
On te coupera la tête (Le Verrou N°93. 1954)
La peau d’un autre (Le Verrou N°100. 1954)
Un sacré turbin (Le Fantôme N° 20. 1954)
Fameux alibi (Police & Mystère N°73. 1954)
La rouquine se met la ceinture (Le Verrou N°124. 1955)
Ces demoiselles de bonne famille (Le Verrou N°127. 1955)rosny5.jpg
Ne riez pas mesdames (Police & Mystère N°78. 1955)
C’est pour ce soir (Police & Mystère N°93. 1956)
La mort est dans les cartes (Police & Mystère N° 97. 1956)
Si vous passez par là (Le Verrou N° 142. 1956)
Mort aux mariées (Police & Mystère N°104. 1957)
Dix millions comme un sou (Le Verrou N°160. 1957)
La mort gagne le gros lot (Le Verrou N°178. 1957)
Qui les tuait ? (Le Verrou N)192. 1958)
La rouquine au tapis (Feux Rouges N°8. 1958)
Poison pour tous (Feux Rouges N°24. 1959)
Ma haine pour toi (Feux Rouges N°38. 1959)

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 13:31

Vous pouvez retrouver la première partie de cet entretien Ici.
On ne peut pas évoquer le nom de Max Obione sans parler de Krakoen.

Comment est née cette entreprise, une coopérative d’auteurs, et comment cela marche-t-il ?
À plus de soixante ans, (je suis né sous Pétain, je sais, ça fait drôle, dit comme ça !)Max_seine_nb.JPG j’avais besoin d’aller vite et comme les portes des maisons d’édition à qui j’avais adressé mes tapuscrits étaient restées closes, j’ai donc décidé d’exister en créant avec deux amis une coopérative d’édition. Car la liberté d’expression est un concept creux, un leurre, sans l’accès à l’édition.
Pour expliquer Krakoen, j’évoque souvent l’organisation des coopératives vinicoles en particulier. Outre que nos auteurs ne sont pas les derniers à cracher sur le jaja, je crois que l’image colle assez bien à la réalité. Comme les vignerons apportent leurs raisins à la coopérative du village afin que celle-ci les vinifie, des auteurs apportent leurs tapuscrits à Krakoen pour en faire des livres. Mais Krakoen n’est pas une auberge espagnole, n’y rentre pas qui veut, ne devient pas micro éditeur qui veut. C’est ce qui fait l’originalité de la formule. Krakoen n’est pas non plus une officine déguisée qui vend du compte d’auteur. Car Krakoen sélectionne la vendange, il ne prend ni les textes trop verts, ni ceux de mauvaises qualités. Si le cépage est noble, on améliore le jus, on retravaille la mouture… et au final on colle l’étiquette sur la bouteille. En cette occurrence, le micro éditeur, auteur du texte, c’est le vigneron, la coopérative rend tout cela possible en mutualisant son savoir faire dans le cadre de l’autoproduction éditoriale. Je rappelle que Krakoen ne poursuit aucun but lucratif.


N’importe qui peut-il faire partie de Krakoen ?
Pour faire partie de Krakoen, l’auteur choisit de devenir micro éditeur acceptant le principe de la coopération et de l’autoproduction éditoriale ; pour ce faire, il doit être coopté par le groupe au vu de son projet. Cela étant, ma voix dans ce concert est prépondérante et au sein du collectif d’auteurs, j’assume le rôle du boss. De surcroît, le nombre de coopérateurs ayant une production régulière ne saurait grandir indéfiniment. Une vingtaine d’auteurs est un nombre optimal. Les adhésions à l’association coopérative ne sauraient dépasser cet effectif, au gré des arrivées et des départs, afin de préserver le caractère particulier de cette "maison" qui sort huit à douze polars par an. Actuellement, le plan de charge de Krakoen est rempli jusqu’en 2013. Face au succès de la formule, on n’accepte plus d’auteur jusqu’à nouvel ordre. Le but de la manœuvre est de maîtriser l’outil en restant modeste dans notre organisation, de recourir au bénévolat autant que faire se peut dans un esprit autogestionnaire (oh ! un gros mot de soixante-huitard, excuse-moi !), tout en revendiquant un professionnalisme des plus exigeant. Krakoen est une utopie en action qui ne fonctionne que grâce au bon esprit régnant entre ses membres (le gang) et à l’enthousiasme qui les anime.


pauletlestaff.JPGMais existe-t-il une ligne éditoriale propre à Krakoen ?
On n’a pas de ligne éditoriale précise, au sens de politique littéraire avérée et assumée, puisque les titres vont du noir radical au roman procédural de facture classique. Ce qui ressort de l’ensemble, c’est l’absence de formatage qu’on constate assez fréquemment dans le polar aujourd’hui. Presque tous les manuscrits édités sous l’égide de Krakoen ont été considérés au départ soit comme atypiques, soit comme inaboutis. Nous, on sort plutôt les impubliables par les maisons classiques, considérant que ce sont ceux qui rendent le genre vivant. Le côté atypique n’est pas pour nous un handicap, car il introduit de la diversité, le côté inabouti non plus, car on ne rechigne pas à accomplir une mise au point avec l’auteur qui de cette manière va progresser. Ainsi, le polar ancré dans l’Histoire côtoie-t-il le polar au style social déjanté ; le roman noir revisitant les archétypes comme Amin's blues fraye avec le roman à trame whodunit. Pour plus de détails notamment sur nos collections, je renvoie au site http://krakoen.net


Est-ce difficile de se faire une place sur la place éditoriale lorsqu’on est un nouvel et atypique éditeur ?
Nous avons eu du mal à nous faire reconnaître par les professionnels du livre qui nous renvoyaient dans l’enfer de l’autoédition. La bagarre pour se faire référencer sur la base professionnelle Electre fut épique et a duré plusieurs années. Un seul bastion résiste encore : le Centre National du Livre, toujours en retard sur l’évolution des technologies et du droit intellectuel. Il y a bien encore des petits sourires entendus ou condescendants de la part de quelques membres de la profession (éditeurs, libraires, auteurs, organisateurs divers), attestant que notre formule serait toujours sujette à caution à leurs yeux. Nous, on les laisse digérer leurs certitudes. Un contrat à compte d’éditeur serait-il une meilleure garantie littéraire contre l’invasion des auteurs médiocres qui s’éditent sans le filtre d’un vrai éditeur ? Quand on lit le nombre de daubes éditées sous l’empire de ce type de contrat, on se bidonne ! Notre réponse, elle est simple : lisez nos ouvrages et on discute après. Certes on peut se tromper de temps en temps, mais pas tout le temps, et les échos favorables donnés à nos publications suffisent à notre bonheur. Krakoen, la petite fabrique de polars, s’est progressivement imposée.


Quel est le rythme de parution annuel ?
Entre 8 à 12 ouvrages par an.


Tu as un collectif d’auteurs qui te sont fidèles. Il s’agit d’une bande de Herve-Sard.JPGcopains qui s’est formée au fil des publications, ou les connaissais-tu auparavant ?
Tout a commencé dans les années 2005 grâce au forum de Pol’art noir tenu par l’ami Patrick Galmel, sur lequel je participais aux échanges en parlant notamment de Krakoen qui venait d’être créé et des difficultés générales d’accès à l’édition pour les auteurs. Cela a intéressé quelques forumeurs dont Jeanne Desaubry, Franck Membribe, Zolma, Hervé Sard, Jan Thirion, Paul Colize pour ne citer qu’eux. Rapidement ceux-ci ont constitué un noyau dur qui est venu s’agréger aux trois membres fondateurs (Obione, Hubel et Feeny). Puis, le tamtam a résonné dans le petit landernau du polar, nos publications ont commencé à avoir de la lisibilité, et quelques bons papiers aidant, c’est ainsi que nous sommes apparus comme une alternative sérieuse et professionnelle à l’édition classique.


Certains des auteurs, je pense à Jan Thirion par exemple, sont édités par ailleurs. Parce que les ouvrages ne correspondent pas à ta ligne éditoriale ?
Non, parce que les membres de Krakoen sont entièrement libres de se faire éditer par d’autres maisons d’édition. Pas d’exclusivité chez Krakoen. Certains souhaitent n’être édités que sous le label Krakoen, d’autres proposent leurs nouveaux manuscrits à des maisons classiques. Thirion, Zolma, Membribe, Laurent, Vix, Vindy, Colize et Gillio sont (ou vont l’être prochainement) édités chez d’autres éditeurs, mais ils ont toujours la possibilité de continuer d’éditer, le cas échéant, de nouveaux manuscrits chez Krakoen. De toute façon leurs livres figurant à notre catalogue les rattachent à Krakoen. Il faut considérer que Krakoen a rempli son objet quand un auteur ayant édité chez Krakoen qui lui a donné la possibilité d’exister dans le monde des livres a été remarqué par la critique, le lectorat et qu’il commence à faire valoir son talent ignoré jusqu’alors. Dans ce cas, on peut utiliser l’expression « mettre le pied à l’étrier » pour qualifier cette autre mission de Krakoen.


lemystererkrakoen.jpgReçois-tu beaucoup de manuscrits ?
Très peu aujourd’hui, pour la simple raison que figure sur notre site la mention selon laquelle nous n’acceptons plus de nouveaux manuscrits ni de nouveaux auteurs. Gérer l’afflux de manuscrits est un travail important pour une petite structure qui souhaiterait ne pas snober les auteurs en ne répondant pas ou de manière stéréotypée. Notre effectif, limité à 20 auteurs, est complet. Malgré l’avertissement, des manuscrits nous parviennent encore. La manière d’accéder à Krakoen est plus subtile, ce sont les contacts directs, les échanges sur la formule d’édition, l’adhésion à celle-ci, à l’esprit du groupe, qui forment le préalable à toute éventuelle adhésion à Krakoen. Et bien évidemment, sera prise en compte une qualité littéraire et d’imagination de l’impétrant, que notre comité de lecture saura détecter.


Tes projets, car il me semble que l’édition t’accapare et que tu négliges un peu l’écriture ?
Oui, l’édition me dévore mais c’est passionnant ! Effectivement, le temps pour mes écritures est réduit d’autant. Je trouve encore quelques plages de temps libres durant lesquels je suis en mesure d’écrire une nouvelle, de travailler un chapitre. Gérer le temps, tous les actifs le disent, c’est un boulot à plein temps ! J’essaie de m’organiser du mieux que je peux. Le nouveau mode de distribution de nos ouvrages me donne désormais plus de disponibilités pour mes projets, la direction littéraire est entre les mains et sous l’œil expert de Jeanne Desaubry, la gestion du site est effectuée par Hervé Sard. Il est évident que si tous les coopérateurs résidaient dans le même coin, je pourrais déléguer plus facilement le travail, mais comme ils sont tous disséminés dans le pays et en Belgique, le plus gros du travail repose encore sur le pivot qui réside au siège social (mise au point, fabrication, référencement, administration, représentation, etc.). Cela remplit agréablement mes journées et parfois mes nuits.


Quel est ton programme ?
Je travaille actuellement à un roman jeunesse qui m’a été commandé : « Le maillot à Vietto » ; j’ai un autre roman en chantier « Les petites sueurs », du noir déjanté sur fond de crise monétaire explosive… Et toujours des nouvelles pour faire bon poids. A cela, il faut rajouter la direction d’un numéro spécial de la revue 813 consacré à Boxe et polar et la tenue quotidienne du blog de 813 Les amis des littératures policières…
Vive la retraite active, tu en sais quelque chose, non ?

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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