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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 10:59

Les Balais d'Or 2014 ont été décernés à Samuel Sutra qui pourra délaisser son piano pour se mettre à la batterie !

Samuel SUTRA : Kind of Black.

Abandonnant (provisoirement ?) Tonton et ses sbires, les Marx Brothers de la littérature, les Charlots du roman policier, Samuel Sutra nous invite à plonger dans un univers qu’il connait bien : le jazz. Et comme il professe une même passion envers la musique que l’écriture, comme il y barbote avec un plaisir non coupable, nous suivons son nouvel opus avec un intérêt non dissimulé. Car Kind of Black, dont le titre est un clin d’œil à Miles Davis et son Kind of Blue, personnifie le genre de roman dont on attend avec impatience le mot FIN et dont on aimerait, paradoxalement, qu’il dure le plus longtemps possible.

Pour Stan Meursault, pianiste de jazz émérite et reconnu, c’est un grand jour. Ou plutôt ce sera une grande nuit. Sarah Davis va se produire pour un concert unique au Night Tavern, le renommé club de jazz où il joue chaque soir. Sarah Davis, c’est l’étoile accrochée au firmament du jazz, la nouvelle Billie Holiday, qui était partie aux USA pour faire carrière et qui n’était pas revenue depuis. Et cette fin de journée va se dérouler en toute tranquillité car un de ses élèves a fait défection. Car on peut être un musicien de jazz virtuose et donner des cours pour assurer sa subsistance et payer son loyer.

Au Night Tavern, Stan retrouve avec appréhension Sarah, qui n’a pas changé, peut-être embellie même. Elle est accompagnée de Baker son agent, et sous entendu son compagnon. Et tandis que Baker règle les derniers détails au bar, c’est le problème avec les imprésarios il y a toujours un tas de papiers à signer même pour un concert donné pour la gloire. Stan a obtenu le privilège de pouvoir enregistrer, grâce à un magnétophone astucieusement dissimulé, ce concert à des fins d’exploitation. Stan retrouve Sarah dans sa loge et ils ont beaucoup de choses à se dire, mais il y a comme un blocage. Que se raconter qu’on ne sait déjà après dix ans de séparation ?

Il s’installe sur scène avec comme accompagnateur un contrebassiste et un batteur, deux jeunes pétris de talent et la soirée risque d’être mémorable. Et elle l’est effectivement, mais pas dans le sens où les spectateurs l’entendent.

Stan entame de ses doigts déliés et papillonnant sur le clavier le morceau destiné à introduire (musicalement et sur scène) Sarah, mais point d’apparition. Alors il effectue son annonce au micro, mais toujours point de Sarah. Sarah qui ne risque plus de quitter sa loge, un poignard l’a envoyé au pays déjà encombré des jazzwomen.

Jacques est en vacances, en récupération, mais son patron ayant besoin de lui, il saute vite fait dans ses habits et arrive au Night Tavern sans perdre de temps. Jacques est policier, célibataire, et les vacances c’est pas vraiment son truc. Ce n’est pas tant parce que Jacques est meilleur que les autres que son patron fait appel à lui, mais bien parce qu’il est coincé. Il n’a personne d’autre sous la main, d’ailleurs Jacques n’aura qu’à prendre les premières dépositions, humer l’atmosphère, laisser travailler la scientifique, puis ce sera au tour de son collègue Blay, qui pour l’heure est injoignable, de prendre la relève. Jacques est fou de jazz, ce qui serait déjà une motivation pour empoigner au débotté le boulot.

Au Night Tavern, Franck, son patron l’accueille soulagé. Jacques interroge les présents, c'est-à-dire Victor March, le patron de la boîte, Marianne, la serveuse, une superbe rousse à la quarantaine resplendissante, le technicien du son, les musiciens et Stan Meursault. Stan qu’il connait de réputation et c’est comme s’il approchait une idole. D’ailleurs il plaque quelques notes sur le piano, encouragé par Stan, mais il faut bien l’avouer, Jacques n’est qu’un amateur. Il a appris la musique, joué en dilettante, mais n’a jamais vraiment été jusqu’au bout de ses envies. Un honnête tapeur de touches. D’ailleurs Stan veut bien lui donner quelques cours. Mais le regard de Jacques est aussi attiré par la présence de Lisa, de la police scientifique. Il ressent quelque chose pour ce bout de femme, même s’il ne veut pas se l’avouer. Il faudrait interroger aussi Baker, l’imprésario. Mais celui-ci manque à l’appel. Il est reparti pour les USA aussitôt les papiers signés. Un départ précipité, une fuite ?

La soirée avait attiré beaucoup de monde, mais la cave ne pouvait contenir autant de spectateurs, et la plupart ont suivi les prémices du concert par retransmission interposée. Jacques demande à visionner les bandes vidéo, et quelque chose lui attire l’œil, fugacement. Quoi il ne saurait dire, alors même si le lendemain Blay prend la relève, Jacques tire un trait sur ces congés et va enquêter en parallèle avec la bénédiction de Franck, son patron. Et entre Jacques et Stan s’amorce une ébauche d’amitié, une complicité musicale.

Le lecteur habitué à ce genre de roman de suspense se doutera assez rapidement de l’identité du ou de la coupable, et de l’épilogue, mais ce petit travail des cellules grises est rapidement mis de côté. Car ce qui importe, c’est la bande-son qui imprègne l’ouvrage. Comme si le lecteur lisait tout en écoutant un enregistrement d’Oscar Peterson par exemple.

Samuel ne se gargarise pas d’un jargon spécifique, celui employé avec emphase par des chroniqueurs spécialisés et qui pensent qu’en utilisant des termes abstrus ils vont conquérir de nouveaux adeptes, ou qui veulent démontrer que ce sont des connaisseurs éclairés et que le quidam, qui tente de s’intéresser à leur prose, ne leur arrive pas à la cheville en rédigeant des papiers rebutants. Samuel Sutra reste simple, en véritable amoureux du jazz qui sait que le meilleur moyen de prouver cet attachement est de se mettre à la portée (eh oui) de son interlocuteur. Ce qui ne l’empêche pas parfois d’envoyer de petites piques envers des pratiques que tous les gamins dont les parents aimeraient les voir jouer d’un instrument ont eu à subir.

Deux ans de solfège au forceps, et du classique dans la foulée. Pour le jazz, faut attendre. Deux ans de solfège avant de toucher un instrument ! ça a suffi à dégouter des générations entières de gamins, qui auraient pu être des virtuoses si on les avait laissés tripoter un instrument. On dit « jouer » de la musique, mais en France, on ne l’a pas compris. On torture avant. C’est un peu comme si, dès la maternelle, on obligeait les gamins à apprendre la grammaire avant de les autoriser à parler.

Un peu de désabusement aussi dans son propos. Jacques se rend chez un disquaire afin de se procurer des enregistrements de Sarah Davis. Le vendeur lui fait remarquer que c’était avant qu’il fallait les acheter, maintenant c’est un peu tard. Et les radios ne sont pas en reste, qui découvrent qu’une excellente chanteuse de jazz se nommait Sarah Davis.

Quant au jazz en lui-même, il semble que c’est un domaine réservé, non pas à une élite, mais bien à des amoureux, et que ce n’est pas de la musique préfabriquée.

Le jazz. C’est une musique peuplée de morts. On vit à une époque où le plus gros vendeur de disques est un DJ, où ceux qui font les plus grosses carrières chantent en play-back des titres qu’ils n’ont pas écrits et dont ils ne comprennent même pas le sens. Moi, mon univers, il est peuplé de gars qui ont vécu dans la misère et dont on n’a découvert le nom souvent qu’après leur mort. C’est presqu’un univers posthume. Ainsi parle Stan !

 

Avec ce roman Samuel Sutra franchit quelques marches de plus vers les étages supérieurs.

Samuel SUTRA : Kind of Black.

Samuel SUTRA : Kind of Black. Flamant Noir éditions (Première édition : Editions Terriciaë, juillet 2013). Parution 15 novembre 2014. 208 pages. 15,00€.

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 08:41

Bon anniversaire à Jacques Gamblin, né le 16 novembre 1957.

Jacques GAMBLIN : Le toucher de la hanche.

La valse, c'est le maintien du couple. C'est l'ange gardien du ménage.

Dix-sept ans de mariage et au bout du compte, rien. Ou pas grand chose. La routine. Lui pointant à l'usine en trois-huit, elle tricotant à la maison. Et puis un jour tout change. Lui se retrouve au chômage, elle a envie de tricoter ailleurs. Plus avec les mains, avec les jambes. Un furieux désir d'aller danser. Alors c'est le début du tourbillon, du plaisir, de bals populaires en concours, de démonstrations en exhibitions. Une joie sensuelle du toucher de la hanche. La valse, surtout. Les autres danses, ce sont des hors-d’œuvre. Lorsqu'il change de partenaire, qu'importe sa joliesse pourvu qu'elle possède le sens du glissé. Et puis, lorsqu'il se retrouve tout seul, parce qu'une scorie s'est infiltrée dans le couple, il a encore la possibilité de danser. Avec dans ses bras une bouteille de gaz. Le plaisir je vous dis.

 

Un texte court, charmant, en forme de réflexion poétique, de retour en arrière, de mise au point, un peu burlesque, quelque fois pathétique, tantôt drôle, tantôt émouvant. Un texte à lire mais à écouter et à voir, car Jacques Gamblin, qui est comédien, en a fait un spectacle, offrant avec subtilité son émotion aux spectateurs conquis. Un texte simple et pourtant travaillé, comme ces petites méditations que l'on marmonne, en se grattant l'âme comme un bobo qui démange, jusqu'à ce que l'humeur s'écoule dans l'apaisement.

 

L'auteur : Né à Granville, Jacques Gamblin débute comme technicien régisseur au théâtre du Totem à Saint Brieuc. Il franchit allégrement la barrière pour se retrouver comédien, puis quelques années plus tard acteur. La télévision et le cinéma lui font les yeux doux et il interprête le rôle principal de "Couchette Express" adapté d'un roman de Tonino Benacquista La maldonne des sleepings. Si l'acteur communique grâce au petit et au grand écran avec des millions d'individus en même temps, l'impact charnel entre le comédien et le spectateur est plus vibrant au théâtre. Obsédé du mot, il entreprend de coucher sur le papier ses émotions sans pour autant se regarder dans le miroir de la vie. Il veut partager des sentiments, des sensations.

Le sujet du Toucher de la hanche est scénique, visuel, mais ce n'est pas pour ces raisons qu'il a adapté son roman à la scène. L'écriture est un besoin, "comme la plante a besoin d'eau et de soleil pour vivre". Un éclectisme admiré chez les Américains qui peuvent aussi bien chanter, danser, jouer la comédie et écrire, et refusé aux Français selon les critères que l'on ne peut être bon partout. Encore un apriori ‚dicté par la jalousie de ceux qui ne réussissent rien. Les relations qu'il entretient avec les scénaristes, notamment Tonino Benacquista, sont franches et amicales (discours non diplomatique de circonstance) et c'est peut-être pour cela qu'il se sent si à l'aise dans les rôles qui lui sont confiés.

Jacques GAMBLIN : Le toucher de la hanche.

Jacques GAMBLIN : Le toucher de la hanche. Editions Le Dilettante. Mars 1997. 96 pages. 11,60€.

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 13:43

Les tristes aventures d'une fille de joie !

Roland SADAUNE : Minna.

Une femme qui s'enfuit par la porte de service d'un hôtel de luxe du 1er arrondissement parisien, une culotte jetée dans un container à ordures, et c'est le début d'un engrenage infernal pour Léopold.

Léopold est un de ces nombreux sans domicile fixe qui trouvent un logement sans avoir à payer de taxe d'habitation, sous une toiture de cartons sous les ponts. Cela fait six ans qu'il vit ainsi, depuis le départ de sa femme. Il n'a pas revu non plus sa fille et sa petite-fille. Il fait la manche à la sortie des Grands Magasins, et c'est le Bazar même à l'Hôtel de Ville. D'habitude il crèche à Hurlevent dans le XIXe, une bicoque décrépite au fond d'une impasse mais au moins il a le vivre et le couvert, un semblant de confort. Seulement il apprécie des moments de solitude temps à autre.

Léopold a ramassé la petite culotte, l'a mise dans sa poche, et avec ses amis de la Tournelle, le quai où il a déposé son baluchon, il se demande pourquoi subsistent quelques gouttes de sang dessus. Il regrette s'être confié à ses potes et retourne à Hurlevent. Il se demande pourquoi il s'est ainsi emparé d'une pièce de lingerie, surtout lorsqu'il entend à la radio qu'une jeune femme vient d'être retrouvée chez elle égorgée. Aussitôt il fait le lien avec celle qu'il a entraperçu. Cela sent de plus en plus mauvais. Car il connait ce genre d'hôtel étoilé. De plus il connait également de vue un des employés à la réception et il se doute qu'en général les femmes qui passent par la porte dérobée viennent de rendre service à un client.

Il décide alors de quitter le refuge de Hurlevent et demande asile à sa sœur, qui ne se délace qu'en fauteuil roulant, de bien vouloir l'héberger. Cela faisait un bail qu'il ne lui avait pas donné de nouvelles, et elle l'accueille à bras ouverts, avec quelques reproches toutefois. Après un sommeil réparateur, il s'installe dans un café et reconnait la femme sans culotte, pourtant pas une révolutionnaire, d'après une photo dans un journal. Alors il déambule dans le XVIIIe et aperçoit une jeune femme noire qui sort précipitamment d'une voiture. Il va la retrouver un peu plus tard, et faire sa connaissance. Elle s'appelle Mina, Nigériane d'origine, et peu à peu elle lui confie qu'elle travaillait dans un hôtel appartenant à la même chaine que celui d'où était sortie la victime.

Minna, coachée par madame Sokoto, devait satisfaire les caprices d'un client, et surtout ne pas se laver après que celui-ci eut procédé à son exutoire génital. Or l'homme s'était montré agressif, lui entaillant le pubis avec une lame de couteau. Minna est recherchée par le chauffeur qui devait la conduire chez madame Sokoto, et l'étau se resserre sur eux. Le copain d'un copain de Léopold qui lui avait fourni quelques renseignements est égorgé. Léopold tombe sur son cadavre inopinément et il devient l'homme traqué. Minna et Léopold vont déambuler, se cachant comme ils peuvent, espérant échapper à leurs poursuivants, mais quelque chose cloche dans leur fuite.

B.D.R. plus connu dans la société pharmaceutique et bourgeoise sous son véritable patronyme, Bernard-Davy Randal, est une fine gâchette de la braguette. Il lui faut assouvir ses pulsions sexuelles grâce aux prostituées fournies par des réseaux spécialisés. C'est ainsi qu'il a honoré la première victime puis Minna, d'une manière brutale, et même coupante puisqu'il les a scarifiées avec son couteau. Tout va s'enchaîner et le rouleau compresseur d'un destin que lui tout comme Léopold et Minna ne maîtrisent pas, s'avance inexorablement.

 

Un fait-divers peut cacher un roman noir, pour preuve cette histoire noire et bleue qui se réfère à un épisode qui fit grand bruit dans les médias en 2011. Bien sûr, toute ressemblance avec les personnages, les situations et surtout la suite avec ses conséquences et accessoirement le mobile de ce qui a déclenché ce déballage médiatique, ne pourrait être que pure coïncidence. Quoi que. Les auteurs de romans noirs peuvent à loisir s'engouffrer dans la brèche et fournir une version personnelle de ce qui alimente les colonnes journalistiques à peu de frais. Ce que ne peut faire un journaliste qui se respecte, ne devant rendre compte que de la réalité et ne pas avancer des hypothèses quelquefois hasardeuses et dénuées de fondement.

Roland Sadaune, s'il met en scène des personnages qui peuvent rappeler au lecteur des hommes, ou des femmes, connus pour leurs frasques, narre un épisode qui aurait pu exister sans que la population en soit avertie. Et après tout, il a peut-être rédigé la majeure partie de cette intrigue bien avant certains événements. D'ailleurs deux de ses nouvelles, Les gifles de la nuit et Les ponts du cœur, sont à l'origine de ce roman. La suite n'est qu'une affaire d'imagination... sans aucun doute. Ce qui importe, c'est le parcours croisé de Léopold, banni de la vie matrimoniale et sociale, et de Minna, qui pensait n'avoir que du travail d'entretien dans un hôtel, même si elle se doutait qu'étant cornaquée par une payse, surveillée par un sorcier marabout, sa vie allait plus ou moins déraper.

Roland Sadaune place ici et là quelques petites références à ses passions, le cinéma, mais surtout la peinture, d'ailleurs il a signé la couverture de ce roman, qui est sa vie. La peinture qui joue aussi un rôle primordial ou presque dans l'intrigue. Là où d'autres se seraient délectés dans la mise en scène de certaines situations, Roland Sadaune évite le graveleux. Il reste pudique, et le roman en prend plus de force. Minna est jeune, grande, belle, élancée, et le lecteur ne peut qu'être jaloux de Léopold qui l'accompagne, lui qui est petit et sexagénaire. Mais des petits sexagénaires, j'en connais plein. C'est la nature et il faut la respecter. Roland Sadaune met également en scène des personnes qui lui sont chères, mais ceci demeure du domaine privé et je ne m'étendrai pas plus en avant.

 

Moralité : ne ramassez jamais une culotte féminine qui traîne dans un container à déchets, même pour agrandir votre collection personnelle de sous-vêtements.

 

 

Roland SADAUNE : Minna. Editions du Val d'Oise. Thriller. Parution le 14 novembre 2014. 358 pages.14,00€.

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 10:34

Bon anniversaire à Serge Scotto né le 15 novembre 1963.

Serge SCOTTO : Saucisse is watching you.

Serge Scotto a traduit, en y apportant les modifications nécessaires à la compréhension du lecteur, du langage canin aboyé ou susurré selon les circonstances, ouaffé la plupart du temps cet assortiment littéraire qui n’est pas composé de nouvelles, mais de tribunes, d’éditoriaux, de réflexions pertinentes recueillies auprès de son chien Saucisse. Car Saucisse s’il avance la truffe au vent ou au ras du bitume, ouvre très grand ses écouteurs tombants ou flottants au souffle malicieux du mistral et regarde devant lui et non pas les yeux levés vers les cieux constellés d’hypothétiques étoiles artistiques. Saucisse est un sage, un philosophe des temps modernes dont l’appréciation peut hérisser le poil, qui essaie de comprendre, de décrypter, d’analyser les faits et gestes des être humains qui l’entourent, des paroles échangées ici ou là, des ragots et rumeurs entendus, des faits-divers relevés dans les journaux, colonnes des chiens écrasés bien évidemment, des médias et d’Internet.

Saucisse est de bon sens, celui près de chez vous, et veut comprendre pourquoi certaines dispositions, certaines décisions sont prises parfois en dépit du bon sens justement, des aberrations qui mènent le monde politique, financier, scientifiques, des mondes qui se rejoignent souvent pour le plus grand mal de tous au profit d’une minorité. Cela va du banal de tous les jours au chambardement incompréhensible dans la société française ou étrangère, mais il ramène tout cela à sa juste valeur. Le banal insolite c’est lorsque des gendarmes ont un beau jour arrêté des voitures à bord desquelles les pilotes roulaient peinards, sans enfreindre la loi, tout simplement pour les féliciter de leur bonne conduite. Alors que généralement lorsque ces chauffeurs se font appréhender, c’est à cause d’un contrôle alcoolémique, d’une vitesse excessive et autres délits répréhensibles. Pensez aux conséquences si l’un des ces conducteurs décédait d’une crise cardiaque croyant devoir être verbalisé pour une faute qu’il n’avait pas commise ? Le préfet qui aurait organisé une telle démonstration de félicitations serait-il considéré comme instigateur d’un délit et aurait sur la conscience la mort d’un innocent sans avoir voulu la provoquer ?

Moins banale et plus incompréhensive cette prise de positions relevée par Saucisse concernant les agissements réversibles de notre président de la République. Les expulsions de sans-papiers font florès, et pourtant il a été accueilli en Lybie comme un sauveur. Alors pourquoi, à l’aune des révolutions arabes, s’entête-t-il à prévenir l’afflux des émigrants, pour flatter un électorat qui de toute façon ne vote plus pour lui ? Qu’il ouvre grand sa porte à tous les Libyens chassés par Kadhafi qui le voudront, et qu’il leur accorde aussitôt le droit de vote : je ne garanti pas non plus qu’il passe au premier tour avec le score de dictateur qu’il mérite, mais au moins sera-t-il peut-être présent au second… Après tout Sarkozy a été le premier à vouloir serrer la main du guide et le premier à vouloir le bombarder, le premier à vouloir lui vendre des armes et le premier à s’outrager qu’il s’en serve, je crois qu’en la matière il n’est plus à un exercice de la schizophrénie près… Mais moi ce que j’en dis, c’est vu de mon panier. Saucisse n’est pas méchant, juste réaliste. Il est n’est pas à un bon mot près : Sarkosy est le Pif Gadget de la Vème République : un gadget par semaine !

Les technologies avancées, dites performantes, qui font que des appareils électroménagers construits depuis plus de quarante ans fonctionnement toujours alors que les produits fabriqués depuis une ou deux décennies ont une espérance de vie toujours plus réduite, l’engin expirant en même temps que sa date de garantie. Ce que l’on nomme le progrès, le développement durable de mécaniques qui ne le sont pas. Cela non plus n’a pas échappé à Saucisse qui possède une logique infaillible.

Les exemples ne manquent pas, je pourrais en décliner bien d’autres relevés dans ces tribunes qui ne manquent pas de sel, mais ce serait au détriment du plaisir de la lecture, de la découverte de ces chroniques qui relatent le quotidien, les pseudos progrès de la science, des lois difficiles à mettre en pratique, incohérentes, contradictoires, émises à la sauvette comme s’il s’agissait de textes écrits afin de toucher des primes faramineuses sans vérifier les conséquences de leur application, ou comment faire payer les pauvres sans obérer les finances des riches et autres joyeusetés.

Saucisse pratique un humour désabusé, incisif. Mais je ne voudrais pas aller plus loin car je risquerai de déblatérer sur les inconséquences de nos technocrates qui sont quand même des hommes, et femmes, qui sortent de grandes écoles et ont donc engrangé de l’instruction. Mais comme disait ma grand-mère, instruction n’est pas synonyme d’intelligence. Evidemment cela va réconforter certains lecteurs qui pensent tout bas ce que Saucisse écrit noir sur blanc, mais n’osent pas l’exprimer à haute voix. D’autres trouveront qu’il s’agit d’une diatribe ignominieuse à l’encontre de personnes politiques, mais doit-on se taire pour plaire à tout le monde ?

Peut-on comparer Saucisse et Serge Scotto à La Bruyère associé à La Fontaine pour écrire ses Caractères ?

 

Serge SCOTTO : Saucisse is watching you. Editions Jigal. Parution septembre 2011. 184 pages. 15,22€.

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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 13:17

N'achetez pas de girouette, adoptez un politicien... !

DARIO : La valise et le cercueil.

Alors que je m'attendais à lire un petit livre humoristique, délassant, ce qui en soi n'est pas rédhibitoire au contraire cela repose les neurones hyperactives, je me suis trouvé confronté devant une histoire digne d'un roman de Didier Daeninckx et d'auteurs ayant marqués de leur empreinte les années cinquante et soixante.

L'inspecteur divisionnaire Fourier doit rencontrer à une heure tardive le ministre de l'intérieur en visite privée en sa résidence de l'avenue Junot. Comme il a du temps devant lui, il décide de se sustenter dans sa cantine habituelle, le Petit-Mulhouse, dont il se délecte à l'avance de la choucroute royale préparée amoureusement et sans le renfort d'une boîte de conserve, par le patron des lieux. Mado, une prostituée qu'il connait et apprécie s'invite à sa table. Elle travaille surtout par téléphone, c'est moins dispendieux en ressemelage d'escarpins, et il a fait sa connaissance alors qu'ils débutaient tous deux, chacun dans leur profession, lorsqu'il lui avait passé les menottes en tremblant. Mais c'est du passé et Fourrier doit honorer l'invitation de Berthier le ministre.

Sa mission, retrouver celui qui vient d'abattre en quelques semaines cinq ouvriers métallos avec un vieux Beretta des années trente. Outre leur métier, ces cinq clampins possédaient en commun d'être des auxiliaires, des porteurs de valise et d'avoir été plus ou moins proches de la rébellion algérienne. Fourrier est prévenu, son enquête va le mener tout droit à patauger dans un marigot dans lequel grenouillent des anciens de l'OAS et autres crapauds sentant le remugle fasciste. Alors Fourrier doit faire attention où il met les pieds et éviter de troubler l'eau stagnante. Toutefois il a le droit de mener ses investigations en compagnie de son adjoint Paulo, ce qui lui retire une grosse épine du pied.

Débute alors une enquête de proximité, le XVIIIe arrondissement c'est son fief, à rencontrer des personnages atypiques, mais d'abord il se renseigne auprès de l'un de ses indics. Lopez d'abord, le coiffeur, un Pied-noir qui déclare L'Algérie, c'est une guerre terminée qui ne finira jamais et raconte la fable du Lièvre et de la Tortue façon oranaise. Puis dans le bidonville installé dans le terrain vague des anciennes fortifications, les Fortifs chères à Auguste Le Breton, Fourrier veut interroger Abdel en Kader, un harki qui parle mal le français et dont le fils sert de traducteur. Puis un syndicaliste et un patron d'entreprise au bord de la faillite qui a employé les cinq décédés à un moment ou un autre. Ou encore un médium, Monsieur Djoko, un ancien footballeur qui était bourré de talent et connu sous son nom de Djokopovic, grâce aux conseils avisés de Mado. Il ne prédit pas l'avenir, Monsieur Djoko, mais il est doué de post-cognition. Il peut grâce à des photos ou des objets décrire des images floues du passé. La mort du père de Fourrier par exemple, ou une dame blanche qui serait à l'origine des meurtres des cinq métallos.

 

L'enquête de Fourrier va l'entraîner plus loin qu'il pensait. Jusque dans les années trente et les arcanes de La Cagoule, Organisation secrète d'action révolutionnaire nationale, un groupe d'obédience d'Extrême-droite. Un pan d'histoire que va lui narrer Mariani, promoteur immobilier proche de Berthier le ministre et que l'on peut résumer en ces termes :

En ce temps-là, les membres de la Cagoule et ses différentes tendances dont les Croix-de-Feu, groupuscule auquel appartint Jean Mermoz, les Camelots du Roi, et autres, voulaient reverser la IIIe République entachée de scandales de corruption, mais étaient surtout Anti. Antiparlementaristes, anticommunistes, anti Francs-maçons, antisémites et anti-boches. Et c'est bien ce passage qui nous ramène à Didier Daeninckx, et sa propension à rechercher les failles de l'histoire. L'appartenance de personnages célèbres à cette mouvance est connue : Pierre Michelin, Louis Renault, Eugène Schuller créateur de l'Oréal, et son gendre Bettencourt, François Coty créateur des parfums du même nom et propriétaire du Figaro, et quelques autres dont François Mitterrand qui a su changer à chaque fois de veste afin de toujours porter des vêtements propres. Je me liais avec un autre jeune déraciné, un Charentais qu'on appelait Dracula à cause de ses canines pointues... Dracula, vous le connaissez mieux sous le nom de François Mitterrand, ex-ministre de l'Intérieur, ex Garde des Sceaux...

 

Mais rassurez-vous, je n'ai pas tout dit, pas tout écrit, pas tout dévoilé, je vous laisse le plaisir de découvrir cette remontée dans le temps, alors que la Guerre d'Algérie vient de se terminer, laissant de nombreuses blessures qui auront bien du mal à cicatriser. Les revirements des hommes politiques ont de tout temps existés, et entre les déclarations et les faits, ce sont deux mondes différents. Nous en avons la preuve continuellement. Mais pour revenir à cette période, il faut se souvenir, pour ceux qui l'ont connue, la façon dont les Pieds-noirs ont été accueillis en France, et surtout la manière dont ont été traités les Harkis et le sont encore aujourd'hui.

Dario nous propose un petit roman riche d'enseignement et l'on retrouvera au détour des pages, dans les dialogues, les descriptions, les pensées des différents protagonistes, des références cachées mais avouées à Michel Audiard, Alphonse Boudard, Albert Camus et quelques autres qui ont eu apparemment une grande influence littéraire sur notre auteur à l'avenir prometteur. Toutefois cet amalgame provoque des changements de rythme. Enfin j'ai relevé entre les pages 147 et 149 une petite anomalie dans la datation, qui ne prête pas à conséquence, mais qui peut heurter tout lecteur un tant soit peu intransigeant.

Il est même inquiétant quand il vous sourit avec ses chicots crénelés. A croire que son dentiste, c'est le dépaveur de la rue de la gueule.

DARIO : La valise et le cercueil. Collection Sang d'Encre. Editions Les 2 Encres. Parution le 6 aout 2014. 160 pages. 15,00€.

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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 13:14

Contez sur lui !

Claude SEIGNOLLE : Contes, récits et légendes des Pays de France.

"Je fais un procès à la critique obligatoire qui crée un vide publicitaire autour de certains livres qu'on ne lira pas parce qu'on n'en a pas parlé dans le journal, à la radio ou à la télé. J'ai donc voulu édifier une anthologie qui éclaire essentiellement des centaines d'auteurs dits de région, comme on dit de petits vins de pays."

Cette déclaration est de Claude Seignolle, le chantre du Fantastique, qui a consacré sa vie à ce genre littéraire, ressuscitant les légendes du terroir, se spécialisant dans la description du Mal. Mal issu de la tradition antique par le truchement de la sorcellerie et de la démonologie. Mal moderne lorsqu'il est incarné sous les traits des bourreaux nazis.

Claude Seignolle ravive ainsi des contes, des récits ancrés dans la tradition populaire des diverses provinces françaises, tombés dans les oubliettes de la mémoire, leur donnant une nouvelle vie, réhabilitant des œuvres qui faisaient les délices des veillées.

Le premier tome de cette œuvre magistrale, qui en comporte quatre, est un florilège d'histoires où le merveilleux, la facétie, les mœurs et coutumes ou encore le fantastique se côtoient. Elles sont issues de Bretagne, de Normandie, de Poitou-Charentes, de Guyenne, de Gascogne et du Pays Basque, montrant la diversité des légendes crées à partir de superstitions, de traditions mais également des textes dus à des auteurs qui ont imaginé leur propres histoires de terroir.

La Bretagne est largement représentée par des textes dus à Emile Souvestre qui n'est autre que le grand-oncle de Pierre Souvestre, créateur avec Marcel Allain de Fantômas. Anatole Le Braz qui était professeur de lettres, écrivain et folkloriste. Ernest du Laurens de la Barre un conteur et écrivain breton qui a retranscrit en français de nombreux contes et légendes qui ne faisaient partie que de la tradition orale, ou encore Paul Sébillot qui outre ses talents de conteur était également peintre et ethnologue.

Guy de Maupassant bien évidemment figure au sommaire de la partie Normandie, mais sont exhumés également des textes de Jean Fleury, de Jules Lecoeur, du marquis Gaspard de Cherville qui fut l'un des collaborateurs d'Alexandre Dumas ou encore d'Henry Carnoy.

La région Poitou-Charentes est représentée par Francine Poitevin, un pseudonyme derrière lequel se cachait Marie-Blanche Paillé épouse Gillot, institutrice au civil, et Léon Pineau qui fut recteur d'académie décédé dans sa cent-cinquième année ou encore Mathilde Mir.

La Guyenne et la Gascogne sont quasiment phagocytées par Claude Seignolle, avec notamment Les Contes du Diable, mais figurent également quelques textes deJean-François Bladé, qui fut magistrat, historien et folkloriste.

Enfin le Pays Basque est représenté par Wentworth Webster, prêtre anglican, qui fut un grand collecteur des contes basques, écrivain érudit en langue anglaise, française et basque, parfois en collaboration avec Julien Vinson, qui était un linguiste spécialiste du basque et du Tamoul, une des langues de l'Inde. Ou encore Jean-François Cerquand, érudit et écrivain français, auteur d'études historiques, mythologiques et ethnographiques.

 

De nos jours le nom de tous ces auteurs n'évoque plus grand chose, sauf à quelques amateurs éclairés, à des rats de bibliothèques, à des amoureux de la production littéraire du XIXe siècle ou des siècles précédents. Pourtant ces écrivains régionalistes, dont la notoriété n'a pas survécu aux années, mais combien d'écrivains actuels tomberont rapidement dans l'oubli après leur mort et même avant, ont œuvré pour la défense du patrimoine littéraire français. Des textes qui prennent souvent leur genèse dans ces contes à la veillée transmis de génération en génération.

Les chapitres relatifs à chacune de ces régions parlent d'eux-mêmes. Ainsi les textes issus du patrimoine de Poitou-Charentes sont ainsi déclinés: Contes merveilleux; Contes d'animaux; Contes et récits facétieux; Mœurs, croyances et superstitions; Etres fantastiques et légendes.

Claude Seignolle est plus qu'un compilateur ou un anthologiste, il exhume des textes injustement oubliés mais qui n'ont pas perdu leur fraîcheur et leur force. Il apporte sa touche personnelle, son lyrisme, en signant des textes où l'atmosphère puise son intensité dans une narration empruntant aux conteurs du XIXème siècle, dans une langue riche, poétique, sensible.

Dans la même collection, trois autres volumes, dont vous pouvez découvrir les couvertures, sont également publiés sous l'égide de Claude Seignolle.

Claude SEIGNOLLE : Contes, récits et légendes des Pays de France. Claude SEIGNOLLE : Contes, récits et légendes des Pays de France. Claude SEIGNOLLE : Contes, récits et légendes des Pays de France.

Claude SEIGNOLLE : Contes, récits et légendes des Pays de France. Tome 1. Editions Omnibus. Parution le 30 octobre 2014. 1208 pages. 29,00€.

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 13:55

A ne pas confondre avec la robe de communiante en ruines.

David S. KHARA : Les vestiges de l’aube.

Lorsque Philippe Ward a reçu le manuscrit du roman Les Vestiges de l’aube, il a tout de suite compris qu’il avait en main un diamant, brut. Avant de le publier chez Rivière Blanche, il l’a fait retravailler, tout en prodiguant ses conseils à David S. Khara, et ce fut le départ d’une bijouterie littéraire. Car Le Projet Bleiberg publié quelques mois plus tard par les éditions rennaises Critic fut reconnu unanimement par la critique, celle des lecteurs et des blogueurs. Michel Lafon a réédité en 2011 Les Vestiges de l’aube dans une version entièrement remaniée. C’est dire que ceux qui possèdent la première version de ce roman pourront relire ce roman en découvrant une nouvelle facette qui prolongera le plaisir qu’ils ont eu en découvrant l’original. Mais c'est la version Michel Lafon qui est rééditée chez 10/18. Chacun pourra préférer la première, comme moi, ou la seconde comme 10/18. C'est vous qui voyez !

 

Manhattan. Une série de meurtres y est perpétrée dans des appartements huppés et Barry Donovan, flic new-yorkais, se trouve en charge de cette affaire. Donovan, d’origine écossaise, flic parce que son père l’était, vit dans appartement luxueux qui donne sur l’ONU et l’Hudson River et hérité d’un oncle sans descendance. Il trimballe un passé douloureux, a suivi des séances de psychothérapie, et pour meubler ses temps libres il voyage sur le Web, s’étant inscrit dans des clubs de rencontre. La plupart du temps il est en communication avec des nymphomanes ou des personnages peu reluisants, mais les messages de Werner lui change son ordinaire. Ce correspondant s’exprime avec élégance, évoque de nombreux sujets sauf celui du sexe, et Barry peu à peu prend confiance et s’épanche sur son travail et la vague de meurtres.

Werner Von Lowinsky, ainsi se nomme ce correspondant, propose à Barry, lorsque celui-ci lui apprend qu’une treizième victime vient d’être découverte, de venir le rejoindre à Manhattan. En compagnie de son coéquipier Sanderson, Barry investigue l’appartement où a été découvert le corps, une première fois, puis le lendemain il revient approfondir ses recherches. Sanderson croit apercevoir sur la terrasse où gît le corps une sorte de brume diffuse, mais il n’en fait guère plus de cas. Enfin Werner et Barry font connaissance un soir dans un bar. Werner recherche l’obscurité pour une bonne raison : c’est un vampire, mais il prend soin de ne pas dévoiler cette particularité à Barry. Né au début du XIXème siècle de parents expatriés de la vieille Europe, une mère issue de la noblesse française, un père dignitaire prussien, Werner après avoir fréquenté l’école militaire de West-Point, s’était investi dans l’entreprise familiale : une usine d’armement. Et l’avait fait fructifier, tout un étant un pacifiste convaincu. Jusqu’à ce que la guerre de Sécession vienne perturber sa vie privée et professionnelle. Depuis il vit dans un bunker aménagé sous l’ancienne demeure familiale qui est devenue un musée dédié à la mémoire de Lincoln.

Ce n’est pas pour autant qu’il se soit coupé du monde. D’abord il lui faut bien se sustenter, même si ses besoins alimentaires sont restreints, et puis il s’intéresse à ce monde toujours en mutation. Il possède la télévision, il regarde des films, il a visionné Le Seigneur des anneaux plus d’une vingtaine de fois, et est un fervent admirateur de Sherlock Holmes et de Nero Wolfe. Il ne dédaigne pas à l’occasion pratiquer l’humour, noir, répondant à Barry, qui lui demande s’il saurait tenir sa langue, je suis une tombe. En épluchant les répertoires téléphoniques des précédentes victimes, Barry Donovan et Sanderson découvrent un numéro d’appel commun à tous ces hommes. Ce numéro correspond à celui d’une jeune femme qui exerce la profession, louable en soi, permettant à ses clients de s’épancher en organisant des soirées spéciales à leur intention. Parallèlement Werner ne chôme pas et il possède des moyens plus subtils que ceux des policiers pour approcher d’éventuels suspects et s’immiscer là où Barry ne peut le faire.

 

David S. Khara réussit à nous proposer une véritable enquête policière dont la résolution, crédible, ne doit rien à un quelconque artifice fantastique. Et les personnages principaux, qui possèdent tous les deux leurs fêlures que l’on découvre au fur et à mesure du récit et des confidences que se font les deux hommes, possèdent une véritable épaisseur. Le mythe du vampire a été exploité à moult reprises, mis à toutes les sauces, et pourtant David S. Khara parvient à le renouveler, à donner une dimension humaine à son vampire, à le rendre sympathique. Et habilement il nous transporte du Manhattan d’aujourd’hui avec ses blessures toujours présentes dans le cœur des New-yorkais après l’attentat des Twin-Towers, jusque dans les affres de la guerre de Sécession, qui a marqué un tournant dans l’histoire des Etats-Unis, mais continue de marquer les esprits.

La touche de fantastique n’est utilisée que dans quelques scènes, et n’empiète pas sur le récit, et de nombreux lecteurs qui n’apprécient pas forcément ce genre littéraire devraient aimer ce roman comme ils ont déjà dégusté Le projet Bleiberg et les suivants. David S. Khara s’affirme comme un auteur de tout premier plan, sachant se renouveler.

Dans mon précédent article consacré aux Vestiges de l’aube je terminai ma notule ainsi : DSK est désormais consacré membre à part entière du FMI (Forgeur de merveilleux et d’imaginaire). Il me semblait que c’était un gentil jeu de mot. Mais qui n'est plus aujourd'hui d'actualité, pour cause de débordements.

David S. KHARA : Les vestiges de l’aube. David S. KHARA : Les vestiges de l’aube.

David S. KHARA : Les vestiges de l’aube. Editions 10/18. Collection Domaine Policier N° 4750. Réédition de la version Michel Lafon. Parution 6 novembre 2014. 264 pages. 7,50€.

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 07:47

- Ami entends-tu le vol noir des corbeaux...?

- Non, mais je lis leurs messages...

Jacques MONDOLONI : Un corbeau à l'heure allemande.

Marcoussis, petit village de la Seine et Oise, département aujourd'hui scindé en trois parties dont l'Essonne, mille-cinq cents âmes environ en 1941. Moins ceux qui ont été déportés dans le camp d'Aincourt, village de l'actuel Val d'Oise, parqués dans un ancien sanatorium. C'est dans le bâtiment des hommes, le Pavillon Adrien Bonnefoy-Sibour, qu'étaient parqués les militants communistes, ou anciens militants, ou sympathisants, ou supposés tels.

Depuis des années, et même avant guerre, le Parti Communiste Français ayant été interdit par Daladier en 1939, les adhérents à ce parti de Gauche étaient traqués d'abord à cause du Pacte germano-soviétique puis par Pétain et ses sbires encouragés par les Allemands lorsque ce pacte fut dénoncé. Mais rendons-nous dans ce petit coin de la grande banlieue parisienne qui avait avant tout une vocation agricole.

Bien entendu, ces maraîchers allaient vendre leur production se rendant à Limours ou plus loin à bord de leur carrioles, mais bon nombre de Parisiens effectuaient leur approvisionnement sur place, sous l'œil bienveillant du maire malgré le risque d'être arrêtés pour Marché Noir.

L'atmosphère était délétère, à Marcoussis comme ailleurs. Les messages anonymes, conçus le plus souvent à l'aide de lettres découpées dans des journaux, pullulaient. Des dénonciations, des délations, qui prenaient leur conception dans la jalousie, la haine, le fanatisme ou l'ostracisme aveugle.

 

Tous les prétextes sont bons pour accuser un voisin, un ami, un membre de sa famille et même sa femme ou son mari, histoire de se venger, de capter un héritage, d'échapper à des frais de divorce. Et le maire demande chaque matin à sa secrétaire s'il y a du courrier spécial. Les lettres émanant de correspondants anonymes ou de déclarants, les mouchards, en général des notables. Il est vrai que ses collègues ont parfois de meilleurs résultats que lui en ce qui concerne les interpellations, et le préfet ne manque pas de le rappeler à l'ordre. Il faut du chiffre !

 

C'est pour décrire cette ambiance que Jacques Mondololoni jette son projecteur sur une petite commune rurale de la grande banlieue francilienne, et raconte comment et pourquoi deux ou trois personnes vont se retrouver déportées. Un docu-roman qui prenne sa source dans un épisode réel de cette période trouble de la Seconde Guerre Mondiale.

 

Ce texte est complété par la retranscription de quelques lettres de dénonciation, ceci pour votre édification personnelle et non pour que vous vous en inspiriez. Enfin un entretien entre l'éditeur et l'auteur permet de mieux connaître cet épisode grâce aux recherches effectuées par Jacques Mondoloni, de mieux l'appréhender, de mieux comprendre les tenants et aboutissants. Un pan d'histoire honteux mais qui n'a pas servi de leçon puisque la police n'hésite pas, contre rétribution, à demander à la population de dénoncer untel ou untel, ce qui peut amener à toutes dérives et suspicions dont il est difficile pour un coupable présumé de s'extraire des rets dans lesquels il s'empêtre.

Jacques MONDOLONI : Un corbeau à l'heure allemande. Editions Osaka. Collection Les Romans de la Colère. Parution le 28 août 2014. 104 pages. 10,00€.

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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 09:48

Un bouquiniste se livre...

Guillaume BECHARD : Abers amers.

Le mariage de la fille d’un hobereau breton dans la panade, situation qu’il tente de cacher à son voisinage et ses relations, avec le fils d’un parvenu est l’occasion idéale pour les retrouvailles de quatre condisciples de l’université de Brest.

Parmi ces quatre convives qui ne se sont pas rencontrés depuis des années, échangeant de temps à autre des cartes de vœux et babioles similaires, Erwan Guillerm, bouquiniste et journaliste dans une revue consacrée à couvrir les activités de divers mouvements indépendantistes de par le monde.

Son patron Dominique Frugy, il a en horreur sa particule qu’il a effacée, est l’un des ces condisciples et le seul avec lequel il entretient des relations durables, métier oblige, depuis près de trente ans.

Il retrouve également Corentin, qui milita très jeune pour la reconnaissance de l’enseignement et de la pérennité de la langue bretonne, et est le directeur général de la Banque Internationale Bretonne.

Enfin leur hôte le comte – qui a mal géré les siens de comptes - Raoul de Trégarec, et sa cousine Véfa. Entre Véfa et Erwan aurait pu s’établir une histoire amoureuse, seulement la première fois qu’ils se sont déshabillés, la jeune femme portait des sous-vêtements taillés dans le Gwenn ah Du, tissu du drapeau breton, ce qui a annihilé immédiatement sa libido. Pourtant elle possédait une immense fortune terrienne, lui permettant de vivre sans compter jusqu’à la fin de ses jours et même plus.

Erwan se rend donc dans le pays Léon, afin d’assister à la noce, et s’installe dans un café auberge tenu par une vieille femme qui n’a rien changé dans son troquet depuis des lustres. Seule nouveauté la présence d’Annick, jeune serveuse qui a délaissé sa Cornouaille à cause d’un patron trop entreprenant. Le banquet, qui se déroule sous un barnum, est conforme à la logique qui veut que chacun soit installé par affinité ou rang social. Les mariés avec leurs parents à une table, les officiers de marine invités à une autre, caste oblige, les anciens amis à une troisième, les édiles du village dont l’adjoint au maire en révolte ouverte contre Raoul élu à cause de sa notoriété nobiliaire et non pour ses capacités, et ainsi de suite.

Quatre-vingts convives environ qui se goinfrent de champagne breton (du cidre bouché), de charcuterie préparée au château, et autres cochonnailles issues d’une longue lignée de cochons élevés avec amour au domaine et dégustés avec encore plus d’amour. Le dessert est gâteau de Savoie, fait maison, fourré d’un coulis maison, et uniquement pour les tables d’honneur, saupoudré de petits vermicelles en couleur censés enjoliver la pâtisserie. Pour les autres, comme Erwan et ses amis, du sucre glace, qui barbouille les vêtements comme du plâtre lorsqu’on souffle dessus, et même sans souffler d’ailleurs. Les enjolivures c’est beau mais c’est traître. La preuve, vingt huit convives décèdent suite à l’ingestion de ces vermicelles. Vingt-huit personnes empoisonnées.

Selon les déclarations recueillies par les policiers venus enquêter, des gamins se seraient amusés avec des boites contenant des produits nocifs qui trainaient dans un appentis proche. L’inspecteur qui dirige les policiers n’est autre qu’Arsène, un vieux copain d’Erwan, ce qui arrondit singulièrement les angles mais Arsène, proche de la retraite, préfère refiler le bébé au SRPJ de Rennes. Seul son adjoint Lagadu s’accroche à cette affaire comme une sangsue à un morceau de viande bien saignant. Mais Erwan, lui aussi ces meurtres en série le turlupine, découvrira la solution en compulsant les archives lors d’une étude généalogique.

 

Abers amers est un bon petit roman même si le suspense est dévoilé bien avant l’épilogue et il pourrait sembler au lecteur qu’il ne se passera plus rien. Mais comme les enquêtes policières qui trainent en longueur, ce qui entre nous est aussi bien que d’incarcérer un innocent, tout n’est pas dit jusqu’à la fin.

La profession de bouquiniste est éminemment sympathique et ce personnage ne déroge pas à la règle. Il travaille en dilettante mais ses clients ne lui en veulent pas car il lui arrive de fermer boutique pour plusieurs jours, sans raison apparente, et lorsqu’il lève le rideau ses chalands reviennent comme s’il avait toujours été derrière son comptoir. Et puis l’on en apprend des choses en compulsant les archives, comme cette profession obsolète et qui serait interdite aujourd’hui : culotteur de pipes. Des personnes payées pour culotter des pipes neuves.

Ce roman est plaisant à lire et j’attend le prochain de cet auteur qui aime apparemment sa Bretagne sans en faire l'apologie à outrance.

 

Guillaume BECHARD : Abers amers. Pascal Galodé éditeurs. Réédition Format Poche. Parution le 22 novembre 2014. 136 pages. 9,90€.

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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 08:58

Ces gens là : D’abord, d’abord, y a l’aîné...

Hervé JAOUEN : Eux autres, de Goarem-Treuz.

7, chiffre symbolique. Les 7 jours de la semaine, les 7 têtes de l'Hydre de Lerne, les 7 péchés capitaux, les 7 merveilles du monde, les 7 rayons de la couronne de la Statue de la Liberté représentant les 7 continents, les 7 cavaliers de l'Apocalypse, les 7 mercenaires, les 7 nains, et maintenant on pourra ajouter à cette liste les 7 enfants de Gwaz-Ru et Tréphine.

Le premier de la couvée, échelonnée, est né en 1928, le dernier en 1943. Trois garçons, quatre filles dont le destin sera différent et qui occasionneront soucis ou joies à leurs parents, selon leur caractère, leur tempérament, mais également les événements qui traverseront cette période.

Nicolas a fait ses premières armes en 1944 à seize ans avec deux morts à son actif. C'était la fin de la guerre, les voisins de Gwaz-Ru et Triphène les considéraient encore comme des étrangers car ils n'étaient pas de la commune de Quimper ou de ses abords. La jalousie avait alimenté les dissensions, mais les parents n'en avaient eu cure, même si Gwaz-Ru avait eu maille à partir avec les pandores à cause de vagues rumeurs de marché noir. Nicolas a devancé l'appel, et comme il est Breton, automatiquement il est versé dans les fusiliers marins, lui qui n'a jamais vu la mer. Départ pour la Cochinchine, l'Annam et le Tonkin, bénéficiant de moments festifs entre deux périodes de combats à Hanoï, Saigon et autres villes indochinoises, d'un fémur cassé et mal réparé, et d'une amibiase soignée à grands verres de Pernod, puis l'Algérie et l'amibiase transformée en tuberculose, puis la réforme, retour au foyer avec une pension à vie. Il s'incruste puis loge dans le pennti, maisonnette indépendante de la ferme de Goarem-Treuz..

Maurice, né 1933 et Julienne qui a vu le jour en 1938, sont les transparents de la famille. Ils vont trouver chacun de leur côté âme sœur, se marier et s'installer à la ville, pas trop près des parents, mais pas trop près non plus, se faisant oublier sauf le dimanche, jour de ravitaillement en légumes. Ils sont lisses, transparents, jaloux. Des personnes ordinaires, communes, représentatives de la plupart des familles qui sans attendre la manne de leurs parents, reprochent les dépenses domestiques qui ne leur sont , ou seront, pas profitables. Des pimbêches et des m'as-tu-vu.

Monique, née en 1935, entre Maurice et Julienne, est quelque peu attardée. Angèle, son ainée, la couve. Ce qui ne l'empêche pas d'aller au bal le dimanche après-midi, des sauteries présumées sans conséquences, débauchée par des copines. C'est là qu'elle fait la connaissance d'un beau blond qui habite dans le quartier mal famé dit de la Cité d'urgence. Il s'appelle Fédor, et c'est vraiment pour Monique le Fait d'or qui lui apprend à danser, et l'initiera quelques semaines plus tard aux joies de l'amour. Avec comme conséquence une grossesse et un mariage presqu'à la sauvette. Heureusement Angèle est là pour arrondir les angles, prenant toujours la défense de sa petite sœur.

Gwaz-ru qui a émargé au parti communiste au début de sa vie active et s'en est détourné après avoir analysé la dialectique de ses compagnons, est un homme bougon, caustique, sarcastique, voire cynique, jouant dans ses discussions avec les métaphores poétiques ou crues. Une façon de s'exprimer qui a déteint sur Angèle. Et elle profite de la réflexion de son père qui est content de sa récolte de pommes, les abeilles ayant bien bourdonné et chaque fleur s'étant transformée en fruit, pour lui annoncer que sa sœur attend un gamin : Il n'y a pas que les fleurs de pommiers a avoir été fécondées. Ce qui le désole. Toi à vingt deux ans les gars ne t'intéressent pas, à seize ans ta sœur tombe sur une pointe rouillée. Ça fait une moyenne. Mais avec ses ennuis subits à la fin de la guerre, il est devenu plus philosophe, sans vraiment être consensuel, ou alors il courbe l'échine après avoir manifesté son mécontentement, pour la forme. Il a fini d'aboyer.

En mai 1940, c'est Irène qui pointe le bout de sa frimousse et Gwaz-Ru aura pour habitude de déclarer délicatement : Celle-là est sortie du ventre de sa mère au moment où les Chleuhs enfilaient la Belgique pour nous prendre en levrette. Irène et le petit dernier Etienne né en 1943, sont les Intellectuels, les Savants de la fratrie. Ils vont bénéficier d'une scolarité prolongée, mais ils ont du répondant, du souffle et les études ne leur font pas peur. Toutefois Etienne va braquer son père anticlérical convaincu.

Les enfants suivent les routes d'un destin qui semble tracé par leurs parents mais ils empruntent les voies qu'ils se choisissent et ne sont pas similaires. Des sentiers qu'ils défrichent, des nationales qui comportent des stations mais mènent au but sans heurts, ou les autoroutes de l'avenir qui se révèlent parfois plus accidentogènes !

Angèle, la fille aînée qui reste à la maison, tient son carnet, son journal de bord. Elle se montre comme la seconde mère, la confidente, la bonne sœur sans confession idéologique ou religieuse, fait vœu de tolérance, d'empathie, aplanissant les cahots entre la fratrie et les parents. Elle n'est jamais partie de la maison, ses seuls voyages consistant à aller voir sa soeur Monique à Brest, une expédition digne des plus grands explorateurs.

 

Cinq décennies d'une famille narrées au travers du prisme flamboyant ou blême des enfants, de leur enfance au passage à la vie adulte, changeant physiquement et socialement en même temps que l'évolution des mœurs et d'une France en reconstruction, et l'agrandissement d'un petit village peu à peu absorbé par la ville de Quimper. Des destinées différentes selon le caractère, le tempérament des rejetons d'un couple de travailleurs haut en couleurs, qui abordent l'avenir selon l'époque où ils sont nés et leur éducation, ou manque d'éduction scolaire. Mais ce ne sont pas les diplômes qui forgent forcément un caractère. On retrouve la description des petites joies simples qui mènent au bonheur tranquille, mais également les aléas d'une vie bousculée par la mort violente, les accidents de la vie, et ces défauts qui marquent de leur empreinte les particularités de chacun des protagonistes. La cupidité bien évidemment, ou son contraire le désintéressement, autant de spécificités comportementales qui aident à traverser le quotidien sereinement ou à pourrir les vies de tous par ricochets.

Hervé Jaouen a entrepris de conter l'existence d'un famille bretonne, en s'attachant à décrire des branches différentes, explorant les nombreuses arborescences, à analyser leur caractère, leur posture, leur ascension dans un pays qui lui aussi bouge, avec les soubresauts des régimes politiques, des guerres, du modernisme. Cinquante ans ont passés, c'est si proche et si loin. Tant de bouleversements dans les habitudes ménagères, morales, sociales, économiques, laissent rêveurs, nous qui sommes blasés, possédant automobile et confort domestique. Au début des années cinquante, c'était toute une affaire pour changer de vélo, s'acheter un Solex ou une gazinière, téléphoner au café du bourg ou encore placer son argent. Une révolution industrielle importante si l'on considère toutes les technologies actuelles qui ne cessent d'évoluer. La salle d'eau dans la maison mais la cabane du penseur toujours au fond du jardin.

Si on peut mettre cette saga en parallèle avec les Rougon-Macquart de Zola, on peut également retrouver ce souffle familial sur plusieurs générations tel que décrit dans les seize volumes composant les Chroniques des Whiteoak, plus connues sous le nom de série des Jalna. Une série écrite par la Canadienne Mazo De La Roche.

Un livre émouvant, et certains d'entre nous qui sont juste après la guerre, se reconnaitront peut-être dans certaines situations.

A lire également

Hervé JAOUEN : Eux autres, de Goarem-Treuz. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution le 2 octobre 2014. 322 pages. 20,00€.

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