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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 15:07

C'est comme un sifflet sans son...

Ruth RENDELL : Un rossignol sans jardin

Lorsque Maxine ne parle pas, elle monologue. Elle ne peut s'empêcher de raconter les potins qu'elle récolte lors de ménages effectués chez les uns et les autres, ou de déblatérer sur untel, de raconter ce qu'il se passe dans sa famille, notamment avec son garçon Jason. Un vrai moulin à paroles qui indispose la plupart du temps ses employeurs.

Ce joue là, elle a de quoi raconter à l'ex-inspecteur Wexford, qui essaie de se reposer tout en lisant Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain d'Edward Gibbon. Après avoir longtemps glosé sur son fils Jason, de son emploi de gérant dans une supérette, de sa future belle-fille Nicky et de leur fillette Isabella, elle aborde le sujet de la découverte du corps de Sarah Hussain qui officiait en temps que pasteur dans la paroisse de Saint-Peter à Kingsmarkham. Juste au même moment Mike Burden, son ancien adjoint qui a pris la place responsable de la police de la cité après son départ en retraite, lui demande au téléphone s'il veut le rejoindre au presbytère de la petit église.

Peu de témoins, pour ne pas dire aucun pour donner quelques précisions sur cette femme qui vivait seule avec sa fille Clarissa, laquelle n'aura dix-huit ans que dans quelques semaines. Sarah, qui a été étranglée, n'était guère estimée de ses paroissiens, et des autres, pour diverses raisons, qui n'étaient pas forcément de son fait mais de l'aigreur et de l'ostracisme de ses ouailles. Parmi les personnes susceptibles d'avoir commis cet acte, vengeance ou autre, il faut lister Crisp, un vieil homme qui depuis quelques semaines entretenait le jardin du domaine contigu au presbytère; Cuthbert, le bedeau qui accusait presque d'hérésie Sarah Hussain, laquelle désirait changer les façons de procéder durant la liturgie, usant d'un livre de messe pourtant en vigueur depuis des décennies mais qu'il n'avait jamais accepté; Georgina Bray la seule amie connue de Sarah, mais dans ce cas, pour quel motif ?; des inconnus dont un jeune homme tatoué mais à l'identité ignorée, enfin ceux qui trouvaient qu'il n'était pas de bon aloi qu'une femme soit à la tête de la paroisse.

En fouillant en compagnie de Burden les pièces du presbytère, Wexford avise une lettre qui sert de marque-page. Il préfère en lire le contenu avant d'en parler à son ami. Cette missive provient de Thora Kilmartin, demeurant à Reading, et dans laquelle l'expéditrice affirme être contente d'avoir retrouvé la trace de Sarah. Les deux femmes avaient fréquenté la même école durant un certain temps, puis Sarah s'était mariée mais son époux était décédé dans un accident de voiture. Peu après Sarah se retrouvait enceinte mais de qui, telle est la question. Elle ne s'était jamais remariée et sa vie privée était restée secrète pour tous, même pour sa fille qui ne devait connaitre le nom de son père que le jour de ses dix-huit ans, soit vers la fin janvier.

A cette enquête il faut ajouter les démêlés de Jason et de sa petite famille avec son bailleur, cela eut été trop simple et peut-être trop monotone sinon.

Si Burden privilégie la piste Crisp, Wexford ne se focalise pas sur une seule piste, mais tente de débrouiller les omissions, les mensonges, les inventions qui relèvent de la mythomanie. Et cela prend quand même quelques semaines.

 

Ce roman permet à Ruth Rendell de jeter un regard acéré sur des faits de société et de prôner la tolérance. Ainsi elle décrit soigneusement l'aversion des femmes, mais également des hommes, contre le statut de prêtre de Sarah Hussain, animosité exacerbée par le fait qu'elle possédait des origines indiennes par son père. Pensez donc, un prêtre féminin et qui plus est de couleur... Un racisme qui ne dit pas son nom. D'ailleurs selon un des protagonistes il ne faut pas dire Indien mais Asiatique. Alors certains trouvent inconvenant qu'elle puisse baptiser des enfants, et dans ce cas le moindre petit défaut est monté en épingle, notamment sa propension à prononcer quelques vulgarité ou ce, qu'ils jugent en tant que tel, ou de vouloir inviter un groupe de rock pour animer une messe.

De même le mariage entre personnes du même sexe ne lui semblait pas incompatible, ce qui horrifie les âmes bien pensantes. Un roman qui nous ramène à des préoccupations actuelles et aux manifestations qui secouent sporadiquement la société. Les sermons de Sarah Hussain étaient controversés et elle soutenait par exemple les parents célibataires, et prenait la défense des mariages gays.

C'était un principe central du christianisme, disait-elle. "Petits enfants, aimez-vous les uns les autres" ce qui vient évidemment du Nouveau Testament, où l'on ne trouve rien sur les homosexuels qui s'aiment les uns les autres. Si l'Eglise s'en tenait à ses principes-là, disait-elle, l'Eglise et les ecclésiastiques, il ne serait jamais question d'interdire aux hommes d'épouser d'autres hommes et aux femmes, d'autres femmes, pourvu qu'ils s'aiment. Ainsi s'exprime Dora, la femme de Wexford, qui analyse les propos de Sarah Hussain et elle est une des rares paroissiennes à comprendre ce qui la motivait à s'exprimer ainsi et surtout à ne pas lui jeter l'opprobre. Mais bien sûr il y a interprétation et interprétation, et comme il est dit, beaucoup voient la paille qui est dans l'œil du voisin, ne voyant pas la poutre qui est dans le sien. Mais pour autant il ne faut pas croire que Ruth Rendell fasse du prosélytisme, mais simplement preuve de bon sens et de tolérance.

 

Curiosa : A rapprocher le nom d'un des inspecteurs, Barry Vine, à un pseudonyme utilisé par Ruth Rendell, Barbara Vine.

 

A lire également mes chroniques sur : La cave à charbon et Fausse route. Signé sous le pseudonyme de Barbara Vine : Le tapis du roi Salomon.

 

Ruth RENDELL : Un rossignol sans jardin (No man's nightingale - 2013. Tradction de Johan-Frédérik Hel Guedj). Editions des 2 Terres. Parution le 8 octobre 2014. 304 pages. 21,50€.

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 13:56

Ils n'ont pas eu d'indigestion...

S. G. BROWNE : Le jour où les zombies ont dévoré le Père Noël

Pas facile de parler avec un interlocuteur qui tout comme vous a les lèvres cousues. Pourtant Andy Warner tente de s'exprimer avec son copain Patrick, au travers de grilles qui entourent leurs cages. Car Andy, plus communément appelé CR 1854, et la vingtaine d'autres résidents du Centre de Recherche de Portland, est un encagé et son corps sert à la recherche scientifique. Victime d'un accident de voiture dix-huit mois auparavant il s'est réveillé Zombie. Ce qui prouve qu'il y a une vie après la mort. Mais n'entrons pas dans des débats philosophico-théologiques futiles, et intéressons nous au sort d'Andy.

Andy n'a pas donné son corps à la science, on le lui a pris. Et il est nourri à l'aide d'un tube placé dans son ventre d'une préparation spéciale remplaçant la viande humaine dont les Zombies sont friands.

Ils sont surveillés, via le truchement d'écrans de contrôles, par Carter, dont la moustache évoque un acteur de films porno des années 70, et par Shannon, une jeune femme dont la particularité est d'avoir la tête entièrement rasée. Il leur est interdit de ressentir la moindre compassion envers leurs "patients", et ne jamais les désigner par il ou elle mais par "ça".

Un membre de la SPZ, Société Protectrice des Zombies, une organisation composée d'activistes respirants qui lutte pour un traitement éthique des morts-vivants, s'infiltre dans les locaux et délivre Andy et ses compagnons, du moins ceux qui aspirent à retrouver la liberté. Tout ce petit monde s'éparpille dans les bois environnants mais les gardiens sont sur leurs traces, d'autant que les recherches sont facilitées par des chiens éduqués à flairer la trace des fuyards. Andy se cache dans le tronc d'un arbre creux, Patrick bouche l'entrée avec des branchages, et c'est ainsi qu'il sera le seul à ne pas être récupérer. Ensuite il se rend dans les faubourgs de Portland et avise une maison décorée en l'honneur de Noël qui va être fêté dans quelques jours. Il récupère la défroque d'un mannequin et s'installe à sa place dans un fauteuil sur la véranda.

Annie est une gamine de neuf ans qui veut toujours croire au Père Noël. Pourtant elle sait qu'elle sera déçue comme les années précédentes, depuis que son père est décédé, n'ayant pas reçus les cadeaux demandés. Mais surtout elle voudrait que sa mère boive moins, fume moins, et surtout qu'elle sorte moins le soir, la laissant seule à la maison. Elle décide de se promener et tombe en admiration devant la maison aussi bien ornée, avec même un Père Noël se reposant dehors. Elle aborde Andy et n'est point étonnée que celui-ci réponde à ses questions. Alors elle l'invite chez elle, lui propose du chocolat chaud, puis il la couche lui promettant de la revoir et de penser à ses cadeaux. Andy ne sait pas trop comment il va résoudre ce problème mais il espère bien trouver la solution.

Andy qui désire aider Patrick à s'échapper du laboratoire rencontre inopinément trois zombies en liberté, qui n'ont jamais connu la case labo, pour cause, ils ne sont réanimés que depuis quelques semaines. Pour bien faire il lui faudrait au moins deux ou trois autres renforts ce qui ne tarde pas à se produire.

 

Une farce grotesque et macabre, dans laquelle l'émotivité liée à une enfant qui désire continuer le plus longtemps possible à croire au Père Noël se le dispute à un humour noir des plus féroces. Ainsi Andy fournit à ses nouveaux compagnons des recettes de cuisine, des préparations de respirants, et si le cœur ou l'estomac vous en dit... Mais les passages dans lesquels intervient Annie, qui se nomme comme sa fille et a pratiquement le même âge, sont particulièrement touchants, émouvants, attendrissants. Evidemment il y a une morale à ce conte, qui n'est pas écrite et que le lecteur peut à loisir interpréter, mais c'est également une critique de certaines dérives médicales.

En effet, au-delà (!) de cette histoire se profile une diatribe envers les chercheurs et les scientifiques qui cherchent à tout prix prolonger la vie d'un patient plongé dans un coma profond, tentant de trouver la clé de la vie éternelle. Ils ont encore plusieurs expériences à effectuer, mais, depuis une décennie, jamais ils n'ont été aussi près de découvrir les secret de l'ADN zombie. Avec un peu de chance, ils pourront utiliser la physiologie unique d'Andy pour trouver un remède à la mort. Les savants fous ne sont pas tous enfermés, et il faudrait peut-être rechercher l'ADN spécifique de ces individus qui œuvrent au nom du soi-disant respect de la vie, et empêchent les malades de mourir en paix, afin qu'ils ne se reproduisent pas.

 

Si vous n'aviez pas encore d'idée de cadeau de Noël, ne cherchez plus, ce roman conviendra très bien. Et pourquoi ne pas précipiter les événements, il sera également très bien pour apprécié Halloween tant l'atmosphère et l'ambiance qui se dégagent de ce roman en font un présent de circonstance.

 

S. G. BROWNE : Le jour où les zombies ont dévoré le Père Noël (I saw Zombies eating Santa Claus. A Breathers Christmas Carol - 2012. Traduit par Laura Derajinski). Editions Mirobole. Collection Horizons Pourpres. Parution le 18 septembre 2014. 224 pages. 19,00€.

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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 14:57

Millionnaire, oui, mais humaniste, ce qui change tout ! La Totale quoi !

Robert BARR : Lord Stranleigh, millionnaire.

L'argent attire l'argent, c'est bien connu, encore faut-il posséder des dispositions naturelles afin de fructifier son héritage. Et Lord Stranleigh détient ce don, amassant tout en aidant son prochain. Car il n'entre pas dans la catégorie des financiers véreux, au contraire, c'est en aidant son prochain qu'il augmente son patrimoine.

Par exemple, dans L'ascension des magasins Bendale, la première des six nouvelles qui composent ce recueil, Lors Stranleigh est abordé par une jeune femme indignée des propos tenus à son encontre par deux individus pour le moins impolis. Or cette passante prénommée Sally n'est pas une inconnue. En effet elle est la fille du garde-forestier de Stranleigh Park, un des nombreux domaines de la famille Stranleigh, et lorsqu'il était gamin, Sally s'occupait parfois de lui. Cela remonte à plus de quinze ans, Sally s'est mariée avec Bendale et ils se sont installés à Londres. Bendale a ouvert une boutique de coutellerie, qui était fort achalandée jusqu'au jour où un dénommé Brassard s'est imposé dans le quartier. Ancien vendeur épicier, il a profité de la faillite de son patron pour racheter la boutique puis il s'est agrandi, a racheté d'autres commerces contigus et s'est développé en écrasant tout sur son passage. Bendale n'a pas voulu lui vendre sa coutellerie alors Brassard s'est déclaré son ennemi en achetant en gros et en cassant les prix. Depuis les époux Bendale vivotent et sont prêts à brader leur affaire. Seulement la somme d'argent initiale proposée par Brassard n'est devenue qu'une aumône et Sally est inquiète pour son mari. Emu, Lord Stranleigh va trouver la parade avec l'aide de gamins des rues.

Souvent il existe une incompatibilité entre la fonction de chercheur, de scientifique et d'inventeur, et celle de financier. Dans L'affaire Sarsfield-Mitcham, Lord Stranleigh va se porter au secours d'un savant américain qui vient de mettre au point un système ingénieux de freinage. Cet appareil est destiné à détecter deux locomotives roulant sur la même voie l'une à la rencontre de l'autre. Ce frein permet de bloquer les deux motrices et donc d'éviter un accident. Lord Strangleigh s'embarque pour les Etats-Unis à la demande de son ami Peter Mackeller, qui lui doit sa richesse, et va contrer les visées d'un riche industriel, possesseur de compagnies ferroviaires, qui aimerait se procurer ce brevet pour rien.

Une petit délégation d'ouvriers agricoles se présente un beau jour chez Lord Stranleigh afin de lui faire part de doléances justifiées. C'est ainsi qu'il apprend éberlué qu'il possède une immense propriété dans le Muddleshire. Les cinq hommes se plaignent de la dégradation des cottages dans lesquels ils vivent et qui leurs sont loués par les métayers de Lord Stranleigh. Ces demeures ont plus de trois cents ans d'âge, n'ont jamais été entretenues, les toits fuient, le plancher est en terre battue, bref ces ouvriers agricoles vivent dans des conditions déplorables. Stranleigh est même tout étonné que ces habitations ne possèdent pas de salle de bain. Au lieu de les faire réparer il va procéder à la construction de nouvelles demeures, possédant tout le confort. Le conseil de comté, par la voie du secrétaire, demande à ce que ces nouvelles maisons soient démolies, car l'architecte n'aurait pas déposé les plans pour approbation. Le fondé de pouvoir de Lord Stranleigh et l'architecte se rejettent la faute l'un sur l'autre, ce qui enlise plutôt qu'elle ne débrouille cette affaire. Lord Stranleigh pique un coup de sang, relatif car il reste toujours affable et flegmatique. Il ne s'en laisse pas conter et va découvrir la faille qui va mettre ses adversaires sur le carreau. Le tout dans Le respect de la loi.

 

Trois autres nouvelles, L'enlèvement inaperçu, Sa Seigneurie s'amuse et Toute une ville en gage, complètent ce recueil. Elle ont été écrites en 1908 et publiées de février à mai 1908 dans le Saturday Evening Post, soit il y a plus de cent ans. Pourtant elles restent terriblement d'actualité et l'on pourra comparer leur contenu avec ce qu'il se passe actuellement.

Ce que l'on désigne comme délits d'initié en Bourse, le rejet des erreurs administratives sur les simples péquins, les vices de forme et de procédure, l'appétit toujours grandissant des grands groupes commerciaux, je ne citerais pas de noms vous les connaissez puisque deux ou trois hypermarchés en général sont installés à la périphérie de nos villes, désireux d'étendre leurs domaines, imposant leurs prix aux industriels et plongeant les petits artisans et les petits commerces dits de proximité dans des situations précaires.

Il n'y a rien de nouveau sous les têtes des profiteurs, seules les agissements se sont améliorés avec l'apparition de nouvelles techniques de communications et informatiques. La différence réside en l'élégance de l'écriture de Robert Barr, en cet humour so British et dans l'affabilité, le calme, la pondération, le respect que déploie Lord Stranleigh lors de ces différentes aventures. Il ne s'alarme pas, il ne s'excite pas, il prend le temps de l'analyse, jamais bien longtemps grâce à ses facultés intellectuelles, et surtout son humanisme qui le pousse à aider les plus faibles et les plus pauvres face aux requins de la finance et du commerce. Mais il ne rechigne pas non plus à utiliser ses poings pour se défendre des attaques d'aigrefins. Alors qu'il pourrait se contenter d'aller à son club, jouer au bridge, se coucher tard, ou tôt le matin, de prendre son petit-déjeuner à midi, et de laisser ses placements générer de copieux bénéfices.

 

A lire, également dans la même collection Baskerville, de Robert Barr : Lord Stranleigh, et n'hésitez pas à compulser le catalogue des éditions Rivière Blanche.

Robert BARR : Lord Stranleigh, millionnaire.

Existe également en format Kindle pour 5,14€.

 

Robert BARR : Lord Stranleigh, millionnaire. Collection Baskerville N° 20. Editions Rivière Blanche. Parution juillet 2014. 268 pages. 20,00€.

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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 07:21

Moi, je préfère les caves à vin ! Et vous?

Ruth RENDELL : La cave à charbon

Quoi de mieux que la retraite pour s'adonner enfin à ses plaisirs favoris, comme la lecture et la musique. Eventuellement à la déambulation pédestre, exercice favorable par ailleurs pour résorber une légère prépondérance à une surcharge pondérale.

Tel est le programme concocté par l'ex-inspecteur Wexford qui a pris sa retraite depuis six mois. Deux faits insignifiants, en apparence, vont toutefois bouleverser le bon ordonnancement de ses loisirs.

Le premier résulte de la proposition de Sheila, la fille de Wexford et de Dora son épouse, de venir loger dans le pavillon de cocher qu'elle possède dans sa demeure londonienne de Hampstead. Wexford, qui, lorsqu'il était à Kingsmarkham n'aimait pas marcher, a découvert qu'en flânant dans les rues de Londres il pouvait s'intéresser à beaucoup de chose, les façades des maisons, visiter les musées, par exemple. C'est ainsi qu'il rencontre lors d'une de ses déambulation Tom Ede, aujourd'hui commissaire et qu'il a connu trente ans auparavant lorsque le policier débutait dans la profession.

Le second fait réside en l'achat d'une amphore en Italie afin de remplacer le vieux demi-tonneau qui sert de bac à fleurs sur le dallage de leur luxueuse demeure de Saint John's Wood, Orcadia Cottage. Rokeby accède à la demande de sa femme, et la curiosité aidant, en déplaçant le bac devenu inutile, il découvre une plaque d'égout. La soulevant, il aperçoit au fond du trou des cadavres. Quatre au total, deux hommes et deux femmes. Il appelle tout naturellement les policiers et le légiste déclare que trois corps résident là depuis douze ans environ, la dernière femme depuis trois ans à peu près. Rokeby n'est propriétaire que depuis quelques années et il avait envisagé des travaux sous le patio, la construction d'une pièce souterraine, une idée vite abandonnée.

Wexford, qui attendait secrètement un appel téléphonique de Tom Ede est soulagé lorsque celui-ci le contacte lui proposant de l'aider. Wexford ne peut reprendre du service, aussi il sera considéré comme un conseiller spécial. Les deux hommes visitent Orcadia Cottage, et Wexford remarque qu'une porte située à côté de la cuisine et menant à la cave à charbon a été murée. Ils s'en rendent compte en passant par le trou sous la plaque d'égout.

Drôle de couple que formaient Harriet et Franklin Merton. Franklin avait divorcé de sa femme Anthea pour se marier avec sa maitresse Harriet. Ce mariage dura vingt trois ans, mais cinq seulement en cohabitation. Puis Franklin divorça à nouveau pour retourner vivre avec Anthea. Harriet avait la propension à coucher beaucoup, surtout avec des petits jeunes. Merton était parti sans rien dire, puis lorsqu'il voulu localiser Harriet à la demande d'Anthea, celle-ci avait disparu, en emportant ses vêtements et ses bijoux les plus coûteux. Mais les policiers ne connaissent pas encore cette histoire, Ruth Rendell ne la dévoilant au début qu'à ses lecteurs.

Revenons à nos cadavres pour signaler que les policiers découvrent dans la poche d'un des hommes des bijoux, un bout de papier sur lequel est inscrit Francine, puis en français La Punaise suivi d'un numéro à quatre chiffres. Les dentures de trois des cadavres, les plus anciens, sont sérieusement abimées.

En compagnie de Tom Ede, Wexford rencontre Anthea Gardner, qui vit dans les Boltons. Elle s'était remariée avec Robert Gardner, et lorsque celui-ci est mort, retrouvant par hasard Franklin, elle s'était remise avec lui. Mais elle n'a jamais eu l'occasion de rencontrer Harriet. D'après une voisine, Harriet serait partie avec un jeune d'une vingtaine d'années du nom de Kenneth Hill, ou quelque chose comme ça. Lors de l'enquête de voisinage, une voisine, répondant au nom de Mildred Jones, qui est en voyage en Afrique du Sud et à qui ils ont téléphoné se rappelle très bien, mais approximativement, de ce Keith Hill, qui habitait à Liphook, et roulait à bord d'une Edsel jaune tirant sur le vert. Rentrée de voyage, elle indique à Wexford que La Punaise, Pin en anglais et les quatre chiffres correspondaient à un mot de passe, peut-être d'une carte bancaire. Il ne reste plus aux policiers à remonter la trace de cette voiture de collection. Selon l'un des garagistes spécialisés dans ce modèle, le véhicule pourrait appartenir à un certain Gray ou Greig, que le jeune homme lui aurait dit que c'était celle de son oncle mais l'homme en doute.

Wexford, quelque peu délaissé par Tom Ede, effectue des allers retours entre Londres et Kingsmarkham. Son autre fille Sylvia, divorcée et vivant avec sa fille Mary est agressée par un inconnu. Il lui plonge un couteau dans la poitrine évitant le cœur de quelques millimètres et est parti avec le véhicule de la jeune femme, ne s'emparant ni du sac à main ou autres objets.

 

L'enquête s'étire en longueur, les témoins, ou ceux qui pourraient éventuellement apporter des précisions, étant récalcitrants. Ils ne délivrent leurs informations qu'au compte-gouttes, se souvenant après coup de petites informations qui peuvent se révéler capitales dans les recherches. D'autres se présentent spontanément aux policiers, Wexford assistant aux déclarations, mais ils s'avèrent que ce sont des mégalomanes. De témoignage en témoignage, auprès d'ouvriers, d'entreprises, d'architectes ayant été susceptibles d'avoir eu la possibilité de se rendre à Orcadia Cottage à un moment ou un autre, Wexford parvient à reconstituer le dédale des années. Il faut se montrer patient, tourner comme dans un labyrinthe afin d'apercevoir la porte de sortie, espérer sans trop l'attendre un coup de pouce du destin. Les fausses pistes et les hypothèses, souvent vaines, ponctuent cette enquête qui s'étire en longueur. Et Wexford a en outre les problèmes familiaux de sa fille Sylvia à régler. Lorsque les trois cadavres sont identifiés et que Wexford a défini le processus qui les a amenés à être placés dans cette cave, il ne reste plus qu'à comprendre comment la femme plus jeune est arrivée en leur compagnie.

Le parcours de cette jeune femme que reconstituera Wexford est particulièrement touchant et émouvant, en phase avec l'actualité. Et il est surprenant dans cette histoire que pratiquement tous les couples ont rompu, avant le mariage, ou ont divorcé, que les époux sont décédés, des familles décomposées mais pas forcément recomposées.

Tom Ede s'exprime par des poncifs, lesquels agacent prodigieusement Wexford. Mais il se rend compte lui aussi est amené à en émettre parfois, à son plus grand déplaisir. Son statut de conseiller qui lui a été attribué par Ede, lui fait penser à ces détectives amateurs, qu'il aimerait bien devenir, Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Lord Peter Wimsey, Albert Campion, Roderick Allen... Et dans les démarches qu'il entreprend, entre deux séjours à Kigsmarkham et ses rencontres avec son ami Mike Burden, le commissaire de la petite ville, Wexford est accompagné dans ses démarches d'une policière, le plus souvent Lucy Blanch, une agréable jeune femme qui ne se montre pas arrogante.

 

Ruth RENDELL : La cave à charbon (The Vault - 2011. Traduction d'Isabelle Maillet). Première édition : éditions des Deux Terres. 2 octobre 2013. Réédition Le Livre de Poche. Parution le 8 octobre 2014. 384 pages. 7,10€.

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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 08:42

Quint.. essence !

Michel QUINT : J'existe à peine.

Le meilleur moyen de cacher sa personnalité, c'est de s'exhiber en public. Alexandre est artiste intermittent, adepte de Frégoli et de Gabin, et afin de rentabiliser son spectacle, il cumule les rôles, changeant d'habit en un tour de main et de velcro, adoptant des voix de femme ou d'enfant, ou pour les personnages qui n'apparaissent pas sur scène déployant son don de ventriloque éloquent. Il dirige une petite troupe, ne pouvant travailler seul mais il écrit les scénarii et les dialogues et supervise la mise en scène.

Il s'est spécialisé dans la reconstitution de faits-divers réels, plus ou moins scabreux, mais son rêve serait de mettre en scène le crash de l'avion qui transportait le boxeur Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu, au dessus des Açores le 28 octobre 1949. Jusqu'au jour où un tragique accident se produit en Alsace.

Alors Alexandre décide de partir seul, honorer un contrat à Wattrelos, son pays natal, la reconstitution de la visite de la Reine d'Angleterre en 1957 à La Lainière et dans la foulée une crèche vivante. Va falloir qu'il se débrouille mais il ne manque pas de ressources, et puis il trouvera bien sur place quelques figurants, le père Julius Braeme par exemple, son mentor et menteur. Celui qui couvrait ses absences auprès de ses parents adoptifs, déclarant qu'il l'aidait au Secours Catholique alors que le jeune Alex composait ses gammes au Conservatoire. C'était il y a plus de vingt ans, depuis Alex en a foulé des planches, enfilé des costumes et le Père Julius fumé des cigarettes.

Retour au pays, d'abord rencontrer Marie-Christine, l'ancienne employée de La Lainière, comme Chantal, reconvertie réceptionniste dans une usine transformée en musée des Arts et Traditions, Alex n'est pas chaud, mais s'il veut connaître le nom de sa mère, la vraie, il faut d'abord en passer par les exigences du Père Julius. Et puis il est de petites compensations qui valent bien des sacrifices. Marion, la belle Marion, la fille de Marie-Christine, qui joue à l'écolière dans une classe années cinquante. Elle est fiancée à un militaire, un gradé, on ne peut être moins quand on nait de la petite noblesse, parti en Afrique, et le mariage est prévu pour plus tard. Marion qui va l'aider dans sa recherche de défroques et d'un véhicule haut de gamme, genre Rolls-Royce Phantom IV pour l'arrivée de la Reine dans l'arène de la reconstitution, et lui présenter Léonore, qui tient une boutique. Léonore, elle lui en veut supposant qu'elle fut la maîtresse de son père, riche négociant en vêtements, possédant une multitude de magasins, ayant su faire fructifier son argent. Sauf que ce n'est pas Léonore qui était la maîtresse du père de Marion, mais sa mère. Des histoires de famille qui s'entrelacent, se délacent comme les robes de mariées que Marion va essayer en compagnie d'Alexandre, comme les masques qui tombent, des mues, changements de peau qui dévoilent les véritables personnalités.

Alexandre va mal, se pose des questions et le physique se rappelle à son bon, ou mauvais souvenir. Les vertèbres qui se coincent, des disques foutus, rayés, et de multiples contusions qui signent une enfance qui part à tire d'ailes, des réminiscences de parents adoptifs volontiers maltraitants.

Mais il ne faut pas croire que Michel Quint se contente de faire son théâtre d'ombres pour que les masques tombent, il organise une nouvelle reconstitution, celle du braquage en 1968 dans le Mongy, le fameux tramway lillois qui reliait sur quelques kilomètres Roubaix et Tourcoing, le père de Léonore qui transportait de l'argent confié par son patron et qui lui a été dérobé pendant le transport, une affaire jamais résolue, un père handicapé d'un genou et qui boitait, le privant d'une course à la suite de son voleur.

 

Michel Quint possède une écriture narrative bien particulière, envoutante, hypnotisante, que le lecteur reconnait dès les premières pages et il suit les différents protagonistes dans leur rôle de transformiste, Alexandre mais également les autres personnages qui se déshabillent moralement et physiquement. Il se dépiautent, ôtent leurs oripeaux, voiles translucides qui cachent autant qu'ils dévoilent, les mensonges, les non-dits, les certitudes erronées, les transformant en anges ou démons, planant dans le vide de la mémoire jusqu'à ce que la lumière jaillisse en force.

 

Michel QUINT : J'existe à peine. Editions Héloïse d'Ormesson. Parution le 11 septembre 2014. 288 pages. 19,00€.

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19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 06:38

Dépiautage d'une enquête...

Pierre BAYARD : L’affaire du chien des Baskerville.

Souvent les auteurs déclarent que les personnages qu’ils ont créés leur échappent et que la plupart du temps ce qu’ils avaient imaginé évoluait au fil de la rédaction, prenant un chemin qu’ils ne leur avaient pas envisagé. Peut-on dire que le personnage devient indépendant, se détache de son créateur, et n’en fait qu’à sa tête ? Ce qui engendre des petites anomalies dans la rédaction d’un ouvrage pourtant soigneusement pensé. Et le narrateur, qui prend ses aises, émancipé de la tutelle de l’auteur, se prend les pieds dans une intrigue dont pourtant il est le héros, même par procuration, laissant à son géniteur littéraire de réparer les bourdes. Mais celui-ci ne s’en aperçoit pas tout le temps.

Prenons le cas du docteur Watson et de son célèbre compagnon. Il existe des erreurs dans le descriptif de leurs aventures, qui pourraient parfois prêter à conséquence. Enfin quand j’écris « prenons », c’est plutôt Pierre Bayard qui s’y colle. En effet il décortique la trame du célèbre roman de Conan Doyle, Le Chien des Baskerville, et a relevé tout au long de sa lecture des invraisemblances, et surtout une méprise grossière concernant l’identité du meurtrier. Et il relève quelques situations, scènes, quelques anomalies en un mot qui ont sûrement échappé à bon nombre de lecteurs. Pourquoi, sinon, Le Chien des Baskerville serait-il le roman le plus connu de Conan Doyle ?

D’abord Conan Doyle, fatigué de son héros, le précipite dans les chutes de Reichenbach. Sous l’amicale mais exigeante pression populaire conjointe à des problèmes financiers, il est obligé de le « ressusciter ». Ce qui provoque peut-être une aversion accrue envers ce héros encombrant. Et par la plume de Watson, le brave mais aveugle docteur Watson, il va le mettre en face de problèmes qui sont résolus de manière insatisfaisante. Mais toutefois ses « fausses » solutions sont narrées avec tant d’habileté, tant de machiavélisme, tant de diablerie, que personne ne se rend compte des trucages. Pourtant des indices auraient dû alerter le lecteur. Et c’est là que l’esprit de déduction de Pierre Bayard supplée celui du détective, et démontre les incohérences qui gisent dans la narration, visibles et pourtant cachées. Et d’expliquer une première clé à laquelle peu de personnes se sont intéressées. « Or les récits des aventures de Sherlock Holmes, et plus particulièrement Le Chien des Baskerville, présentent sur ce point une particularité étonnante, à savoir que les faits ne nous sont pas communiqués par l’auteur lui-même ou par un narrateur omniscient, auquel un certain crédit pourrait être accordé, mais par un compagnon du détective, le docteur Watson ».

Ce qui voudrait signifier que le docteur Watson se montre partial et subjectif lorsqu’il relate les enquêtes de Sherlock Holmes. Il serait alors comme les apôtres portant la bonne parole, sans essayer de réfléchir. Holmes lui reproche sa naïveté à plusieurs reprises et comme le souligne Pierre Bayard, Watson est présenté comme un parfait idiot, une piètre opinion qu’Holmes répète tout au long des aventures qu’ils sont amenés à vivre de concert.

Quant au véritable coupable, Pierre Bayard l’a traqué parmi les éléments qui sont disposés par Watson tout au long de la narration, et qui n’ont pas alerté Sherlock Holmes. Mais ne comptez pas sur moi pour révéler son identité, tout le mérite en revient à l’auteur de cet ouvrage et il serait indécent de le suppléer.

Pierre BAYARD : L’affaire du chien des Baskerville.

Pierre BAYARD : L’affaire du chien des Baskerville. Collection Paradoxe. Les Editions de Minuit. Parution 2008. 176 pages. 14,70€. Existe en format ePub ou PDF pour 7,99€.

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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 14:50

Il a cru s'y fier...

Dominique CHAPPEY : J'avais la croix.

A quoi peuvent bien servir les séminaires ? Une question sans réponse pour Gabriel Lecouvreur qui ronge son frein attablé à sa place habituelle au café-restaurant du Pied de Porc à la Sainte-Scollasse. Car le Poulpe, ainsi a-t-il été surnommé à cause de la dimension inhabituellement longue de ses bras, se fait du souci pour sa Cheryl de coiffeuse. Et ce n'est pas son ami Gérard, le tenancier qui va lui remonter le moral déclarant que participer à un séminaire c'est écouter des trucs idiots, t'entendre dire comment faire pour mieux gruger le client, te taper sur le ventre en chœur et finir la soirée bourré dans un bar à poules. Mais les vaticinations de Gérard ont un autre but, celui de détourner Gabriel de ses pensées moroses et de lui indiquer un palliatif à son humeur maussade et grincheuse. En effet un article d'un canard parisien l'a interpellé et il veut absolument soumettre sa lecture à Gabriel. Le titre en lui-même est assez aguicheur : La guerre des croix aura-t-elle lieu ?

Les projecteurs sont braqués sur la petite commune de Saint-Pierre d'Entremont, en Isère, à cause d'un événement qui a connu quelques années auparavant son heure de gloire, avait été oublié puis à nouveau mis en lumière. Mais cette fois, la mise en scène est macabre. D'habitude, des individus se contentaient de scier, tronçonner, découper, quelque soit le matériau employé et l'outil utilisé, le mât des croix dressées sur le Grand Som et monts environnants. Aucun vandale n'avait été appréhendé. Or en ce mois d'hiver où la neige folâtre transforme les crêts en monts chenus, un jeune marginal, qui probablement voulait imiter ses aînés, a été retrouvé mort, attaché à la croix s'érigeant fièrement au dessus de la vallée. Des tracts, depuis quelques temps certains snobinards appellent cela des flyers, ont été découverts non loin du cadavre portant l'inscription Stat Crux, ainsi qu'une meuleuse.

Une énigme intéressante à étudier et Gabriel se rend sur place en empruntant grâce à Pedro, le vrai spécialiste du faux, la couverture, indispensable en hiver, d'un journaliste écrivain. Puis il entame un chemin de croix dans la neige à la recherche de la vérité. Au début il est fort bien accueilli dans le village de Saint-Pierre d'Entremont, notamment par madame Boule qui tient un hôtel-restaurant de fort bon aloi placé juste en face du Bachat, un bar qui propose des bières artisanales locales dont la Chardon. Il fait la connaissance de joyeux drilles dont Prêcheur, l'indispensable intempérant propre à chaque petite commune, de Petit qui s'exprime comme un ministre lisant le discours écrit par un nègre, de Neuneu qui s'enthousiasme pour le football, surtout l'O.L., de l'adjudant Prévot pire qu'une teigne, c'est pas peu dire, depuis que sa femme est partie et quelques autres hurluberlus, en apparence, dont ceux qui sont aux commandes d'une radio dite associative programmant des chansons rétro, cela fait toujours plaisir, et parfois des documentaires ou des entretiens avec des personnalités du cru.

Mais surtout il y a Poupée, la jeune et jolie Poupée, qui habite au-dessus de la pharmacie. Elle ne lui casse pas les pieds lorsqu'elle l'interpelle du haut de fenêtre, au contraire, elle les lui soigne, car Gabriel, en véritable montagnard d'opérette, pour grimper jusqu'à son Golgotha où s'est déroulé la macabre mise en scène, a bien suivi les indications, s'est arrêté aux stations, a parcouru en rangers les kilomètres de montée, ici on parle en minutes ou en heures extensibles. Et bien évidemment il a les arpions en capilotade qu'il faut soigner, bichonner, encapuchonner, et le voilà muni d'une paire de croquenots de course, couleur fluo, qui se repèrent dans la neige comme des gyrophares.

Gabriel va apprendre à ses dépens qu'il ne faut pas sauter un repas lorsqu'il s'agit de crapahuter en montagne. Il est victime d'hypoglycémie et il a des mirages de moines défilant, ceux du monastère de la Chartreuse sis non loin. Et puis il dérange, on ne vient pas fouiller ainsi à déterrer des histoires anciennes, comme avait voulu le faire Nath, l'apprenti élagueur de croix.

Dominique CHAPPEY : J'avais la croix.

dialogues qui retiennent l'attention du lecteur conquis par les descriptions et l'écriture fluide et déliée. Une fois de plus notre ami Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe, est embringué dans une histoire qui vire au drame tout en se cantonnant dans un sujet farfelu. Pas de prosélytisme dans ce roman, mais un exercice de style ébouriffant, une poésie en plein air, une idée de promenade, un hymne à la nature et aux produits locaux, une réussite qui évite le thème de l'Extrême-droite et du fascisme, trop souvent exploité et de fait banalisé.

Le nom de Dominique Chappey n'est pas inconnu de tous ceux qui suivent régulièrement les parutions de nouvelles dans les recueils édités lors de concours organisés par des festivals du Polar. Par exemple sa nouvelle Terminal Atlantique figure dans le recueil Blonde(S), nouvelle sélectionnée pour le festival La Fureur du Noir de Lamballe de 2012, et qui augurait du talent de l'auteur.

 

Dominique CHAPPEY : J'avais la croix. Collection le Poulpe N° 286. Editions Baleine. Parution le 28 août 2014. 192 pages. 9,50€.

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16 octobre 2014 4 16 /10 /octobre /2014 16:39

Tout commence par un long périple maritime quelques six cents ans avant J.C. et vivez-le comme si vous faisiez partie de l'équipage...

Dominique FAGET : Celui qui ne meurt jamais.

600 avant J.C. Une petite flottille de huit trirèmes phéniciennes avec à bord Enmouteff, le frère du pharaon Ouhemibré-Nékao, s'élance d'Arsinoë (Suez) et part à l'aventure en longeant les côtes africaines, descendant peu à peu vers le Cap de Bonaventure puis remontant l'autre versant du continent. Pour Nékao, le pharaon, il s'agit de redonner à l'Egypte son lustre d'antan. Le capitaine à bord, c'est Hannan Baal, Enmouteff, qui veut dire Celui qui ne meurt jamais, n'est qu'un passager chargé d'une mission. Ce qui ne veut pas dire que les deux hommes n'entretiennent pas de relations amicales. Les semaines, les mois s'écoulent au fil de l'eau, bravant vents contraires, orages violents, nouveaux paysages, escales prolongées afin de réapprovisionner les cales en nourritures et eau douce parmi une population hospitalière, le temps également de planter le blé et autres graines puis attendre les récoltes.

Seulement lorsque Enmouteff s'intéresse d'un peu trop près au jeune cuisinier, placé sous la garde son aide, Tatouia l'eunuque, Hannan Baal pique un coup de sang. Bientôt la trirème principale prend l'eau de tous bords, métaphoriquement, et Enmouteff est débarqué livré à un sort qui aurait dû être funeste.

 

En 1976, Alain Leprince, reporter photographe revient s'installer dans la maison familiale près d'Arcachon, entouré d'objets divers et principalement des œuvres africaines transmises en héritage par son père qui longtemps a vécu en Afrique Occidentale Française comme médecin. Cette maison, il ne sait trop s'il va la garder ou la vendre. Trop de souvenirs se rattachent à cet endroit et surtout à cette collection d'objets tels que lances Takouba, poignard Haoussa et autres armes blanches, mais également un masque taillé dans le bois. Et puis cela lui remémore quelques épisodes vécus lorsqu'il était gamin à Bingerville en Côte d'Ivoire. Par exemple lors d'une expédition dans le pays, dans une tribu en compagnie d'autres Européens, il avait assisté à une sorte de représentation de danse et un sorcier portant un masque s'était penché vers lui. Il avait ressenti une peur immense. Un peu plus tard, un indigène a vendu un masque de cérémonie, ce même masque qui trône sur le mur. Et puis, il n'avait pas tout compris, mais un jeune lieutenant et sa mère Suzette se rencontraient souvent, surtout lorsque son père était en déplacement. Un après-midi, alors qu'il n'arrive pas à s'endormir, il s'est infiltré dans la chambre de sa mère et avait vu un conglomérat de corps.

 

Son jeune frère Patrick, avec lequel il ne s'entend guère pénètre dans la villa et s'intéresse à ces objets issus de l'Art Premier. Il aimerait bien se les approprier mais Leprince en colère le renvoie manu militari dans le jardin. Patrick a suivi la même voie professionnelle que leur père, tout comme Malou sa fille installée elle-aussi en Afrique. Leprince est sujet à des absences, et des points de côté dans la poitrine.

Deux policiers lui rendent visite. Une de ses voisines vient d'être sauvagement agressée, et d'autres cadavres vont bientôt s'éparpiller dans la région. Le lieutenant Maurin est accompagné du lieutenant Awa Blanc, une métisse d'origine africaine. Les soupçons pèsent sur Leprince mais les deux policiers se donnent le temps d'enquêter. Seulement entre Awa et Leprince, un courant tellurique s'établit entre eux et l'enquête en pâtit. Les symptômes de mal de tête et d'absences momentanées, des pertes de connaissance de plus en plus fréquentes perturbent Leprince.

Les relations entre Awa et Leprince sont de plus en plus proches et l'enquête de la jeune policière les emmènent en Côte d'Ivoire, à Grand Bassam et au mont Korhogo.

Le mont Korhogo

Le mont Korhogo

Ce roman, fort bien construit, est composé de deux histoires qui s'entrelacent et se déroulent à deux mille cinq cents ans d'écart. La première, le périple de Enmouteff, est à classer dans la catégorie roman d'aventures exotiques et historiques. La seconde relève plus de l'enquête policière basique dont le coupable est rapidement connu du lecteur pour peu qu'il suive attentivement l'action.

Mais les deux héros protagonistes de cette intrique ne sont ni Awa Blanc, ni Alain Leprince, mais bien le masque d'ébène à l'intérieur duquel sont gravés des hiéroglyphes ainsi qu'un poignard particulier composé de trois éléments, ancêtre du couteau suisse. Et tout au long du récit se décline ce mantra relatif à cette arme de jet: Une lame pour trancher. Un poignard pour découper. Un pic pour achever...

Le lecteur ne voit pas le temps passer malgré cette amplitude dans les deux histoires proposées, car tout concourt à captiver son attention. Seul un petit hiatus, que je n'ai pu m'empêcher de relever, concerne l'âge, non pas du capitaine mais d'Alain Leprince. En effet, et à plusieurs reprises, il est présenté comme un quadragénaire. Mais, et point n'est besoin de calculette pour effectuer cette opération, entre 1930, année de l'acquisition du masque et 1976, année durant laquelle sont perpétrés les premiers meurtres qui incitent les policiers à s'intéresser à son cas, quarante-six ans se sont passés. Si l'on ajoute qu'en 1930, le jeune Alain peut avoir entre trois et quatre ans, il serait plus logique de dire que ce reporter-photographe frise la cinquantaine et l'a peut-être même dépassée. Mais ça, c'est mon côté pinailleur.

 

Le coup de cœur des lecteurs du Prix VSD du Polar 2014 a été décerné à ce roman et c'est amplement mérité !

Dominique FAGET : Celui qui ne meurt jamais. Editions Les Nouveaux Auteurs. Parution le 3 juillet 2014. 330 pages. 18,95€.

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14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 14:25

Il était seul mais il agissait dans l'ombre comme sept...

André FORTIN : Le crépuscule du mercenaire.

Il suffit qu'un petit grain de sable, le retard d'un train par exemple, s'infiltre dans une journée bien programmée pour que les enchaînements qui s'ensuivent risquent d'être lourds de conséquence.

Le juge Galtier, qui attend son train en gare de Saint-Charles à Marseille afin de perquisitionner chez le comptable d'une boite d'import-export en compagnie de son policier préféré le commissaire Juston, aide une femme à se relever. Elle a été bousculée par un jeune voleur à la tire qui lui a fauché son collier. Comme le train pour Nice en provenance de Paris ne va pas être à quai avant plusieurs dizaines de minutes, Galtier lui propose de prendre une boisson après avoir déposé auprès du commissariat proche et entame une discussion sur ce qui vient de se passer. L'adolescent lui a juste subtilisé un collier, elle a donné un vague signalement en omettant un petit détail, et cela pourrait s'arrêter là sauf qu'une autre personne s'intéresse au petit malfrat.

Ange Simeoni, un vieux truand sur le retour, même si parfois il trempe encore ses mains dans des trucs louches, a repéré le manège du gamin dénommé Stanley. Il propose à Stan d'exercer ses talents en soustrayant une mallette à un conseiller du ministère de l'intérieur. Opération réussie sans aucun problème. Stanley est pris en charge, son forfait accompli, par son commanditaire en scooter. Le vol ayant eu de nombreux témoins, le spolié ne peut que déclarer le vol, une affaire qui atterrit sur le bureau du juge Galtier.

Or l'enquête de Galtier et de Juston concerne un blanchiment d'argent opéré en sous-main par une entreprise et il semblerait bien que les deux affaires soient liées. D'autant que des agents de la DGSE s'invitent dans le bal policier et judiciaire. Ce n'est que l'avis personnel de Galtier, pas celui du procureur, encore moins celui des instances parisiennes. Croyez-vous sincèrement qu'un parti politique tremperait dans une magouille de blanchiment d'argent pour renflouer les caisses ? Après tout ceci n'est qu'une fiction n'est-ce pas, et rien ne peut confirmer l'hypothèse avancée par André Fortin. Quoi que à bien y réfléchir, en creusant bien, mais cela s'est peut-être passé il y a bien longtemps, mais de nos jours la probité des hommes dirigeant des partis politiques n'est pas à mettre en cause. Mais continuons, car l'histoire non seulement n'est pas finie, mais n'est pas encore commencée.

En effet en 1987, soit environ vingt-cinq ans avant que les faits décrits ci-dessus se déroulent, Marc Kervadec est conseiller auprès de présidents africains, du Togo, du Mali, de la Haute-Volta devenue depuis le Burkina-Faso, et autres petits pays évoluant dans le giron de la Françafrique. Ce sont de petits dictateurs, mais leurs pays recèlent tant de richesse, qu'il est bon que quelqu'un les supervise, les aide de conseils avisés, ou favorisent en sous-main leurs adversaires en cas de velléités financières et la diplomatie est toujours présente les menaces à la main. Le commandant Kervadec passe ses vacances à Aix-en-Provence et il fait la connaissance de Margot, une jeune fille évaporée qui ne lui cède qu'au bout de la troisième soirée.

Kervadec, de par sa profession d'agent conseiller occulte, dont le patron le colonel Vilquin agent de la DGSE veille à ce que les objectifs soient réalisés sans encombre, Kervadec rentre en Afrique mais tous les ans il retrouve Margot. Margot qui est toujours disponible, éthérée, acceptant les départs impromptus et les retours inopinés. Ils s'aiment, sans vouloir se l'avouer, et puis la fonction de Kervadec n'autorise pas vraiment les attaches familiales. Et il leur est interdit également de communiquer. Mais un jour Margot n'est pas là à l'attendre, et Kervadec va mettre à profit ses congés pour la retrouver.

 

Le début est assez lent, mais il faut bien que tout se mette en place, que l'intrigue prenne corps. Car André Fortin est méticuleux, préférant accumuler les détails au lieu de laisser des parts d'ombre dans un récit assez alambiqué. Jusqu'au moment où les deux points forts se rejoignent pour offrir un final logique dont le lecteur pressentait une partie et les explications le confortent dans son analyse.

Nous suivons les deux parcours, celui de Kervadec qui à cause d'une bavure va devenir chaotique et l'obligera à changer d'identité, et celui de Galtier et Juston dans leur enquête sur le blanchiment d'argent, en alternance. Ce roman change un peu de la production habituelle de l'auteur, s'ancrant dans une histoire de politique-fiction, tout en gardant le principe de placer ça et là quelques coups de griffes. Ancien juge d'instruction André Fortin connait son sujet, et il ne peut s'empêcher, avec raison, de critiquer quelques façons de procéder qui ne conviennent pas à son éthique. Ainsi le juge Galtier, qui s'exprime à la première personne lorsqu'il prend la parole dans le récit, déclare : Nous touchions là toute l'ambigüité de la police française. Elle dépend de l'exécutif et non du pouvoir judiciaire comme c'est le cas dans d'autres pays démocratiques. Elle est tout entière dévouée au gouvernement. Et c'est bien ce que regrette également une majorité de Français qui se sentent brimés par des policiers alors qu'ils n'ont rien à se reprocher.

Mais André Fortin revient aussi sur le problème du colonialisme en écrivant : C'est un petit pays, pauvre et peu homogène, comme la plupart de ces pays africains découpés à la va-vite par la puissance coloniale. Il ne faut pas s'étonner que de nos jours de nombreuses ethnies s'entredéchirent dans des pays construits de bric et de broc.

 

Voir également l'avis d'Yv sur son blog.

 

André FORTIN : Le crépuscule du mercenaire. Collection Jigal Polar; éditions Jigal. Parution le 15 septembre 2014. 248 pages. 18,50€.

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 14:55

Les routiers sont sympa... Il parait !

C. J. BOX : Au bout de la route, l'enfer

Une silhouette dans la nuit épiée de loin par une autre silhouette. Cassandra Dowell, enquêtrice auprès des services du shérif Tubman, du comté de Lewis et Clark dans le Montana surveille les gestes de son coéquipier Cody Hoyt, à la demande de Tubman. Cody est en train de disposer des fausses preuves chez un hommes soupçonné de meurtre. Cassie remet les photos prises à l'insu de Cody à son chef et naturellement le policier est mis à pied, déchu de son grade, viré pour tout dire. Cody, qui a travaillé à Denver et effectué de nombreuses entorses au règlement prend mal son éviction. Cassie a beau lui expliquer qu'elle ne pouvait pas faire autrement, il retombe dans son vice. Ancien alcoolique, sevré depuis deux ans, il se remet à boire.

Le même jour un routier indépendant qui trouve du fret grâce à une centrale se gare sur une aire d'autoroute près de Billings. Il s'est surnommé le Roi Reptile, adepte de la chasse aux couleuvres de parkings; c'est à dire qu'il traque les prostituées qui sollicitent les routiers lors de leurs pauses. En cette fin d'après-midi, il vient d'en repérer une qu'il fait monter dans sa cabine et dont il s'occupe en lui injectant un produit néfaste, tandis que d'autres routiers discutent non loin de lui. Ils palabrent sur des versets de la Bible, ce qui ne le concerne nullement, il a autre chose à penser.

Danielle et Gracie, dont on a pu faire la connaissance dans Piégés dans le Yellowstone, se rendent à Omaha voir leur père. Elles vivent avec leur mère à Denver, et comme le couple s'est séparé, elles profitent de leurs vacances pour aller voir leur géniteur. Les deux adolescentes sont différentes, physiquement et mentalement. Danielle âgée de dix-huit ans, est ravissante, mais un peu trop imbue de sa petite personne, égoïste et tête en l'air. Gracie est tout son contraire, plus réfléchie malgré ses deux ans de moins, moins attrayante aussi physiquement. Danielle conduit sans se préoccuper des voyants allumés, plus occupée à envoyer des messages avec son téléphone portable qu'elle consulte en permanence. Elle a décidé de changer de route et de se rendre à Helena afin de voir Justin, son petit ami, du moins c'est ainsi qu'elle le catalogue, le fils de Cody Hoyt. Justin ne répond pas trop affairé avec ses amis.

Lorsque le Roi Reptile sort du parking, en s'engageant sur la bretelle d'autoroute, il coupe la route à Danielle qui s'énerve, appuie sur le champignon et le dépasse en montrant par la vitre abaissée un poing rageur. S'engage alors une course poursuite et Danielle pense pouvoir semer le routier à la faveur d'une déviation. Hélas, Roi Reptile en fait de même et les voici approchant du Parc de Yellowstone de sinistre mémoire. Gracie a beau vitupérer, mettre en garde sa sœur qu'un voyant signale une panne proche rien n'y fait. Et pour ajouter aux emmerdements qui se précisent, il n'y a pas de réseau.

Justin, qui n'a plus de nouvelles de Danielle et tente de la joindre en vain, en informe son père qui lui-même en fait part à Cassie. La jeune femme veut se racheter de sa faute et de sa trahison envers son ancien coéquipier et elle prend cette affaire de disparition à cœur. Car pour elle, aucun doute subsiste, il s'agit bien de disparition. Cody se lance donc sur les traces de Danielle et Gracie en pensant aller au devant d'elles. Toutes les suppositions sont envisagées, mais Cassie s'inquiète véritablement lorsqu'elle perd le contact avec son ex-partenaire. Elle demande au shérif Tubman de l'aider, ainsi qu'à des policiers de la route, mais théoriquement aucune recherche ne peut être lancée, les policiers et le shérif estimant le temps écoulé pas assez conséquent. De plus le shérif Tubman est trop remonté envers son ancien adjoint pour l'émouvoir. Pourtant Cassie s'est rendue compte que des disparitions de prostituées ont déjà été enregistrées sur le parcours emprunté par les deux sœurs, et qu'il pourrait y avoir corrélation quoiqu'aucun corps n'ait jamais été retrouvé.

 

C. J. Box narre avec virtuosité une course poursuite haletante, ponctuée des différents épisodes de cette chasse. Cody puis Cassie se heurtent à des murs. Ils naviguent à vue et il faut que véritablement des événements précis et fiables alertent les policiers, pour que des moyens de recherche soient mis en œuvre. Le temps de réaction peut être préjudiciable mais il faut s'en tenir à la réglementation.

Tour à tour on est sur les traces du Roi Reptile, de Cody Hoyt et de Cassie, jusqu'au moment où leurs routes se rejoignent et les collisions s'avèrent dommageables pour les différents acteurs de ce roman qui donne la chair de poule. Entre horreur, scènes que je me garderai bien de décrire, et humour, notamment les accrochages verbaux entre les deux sœurs, on assiste à un périple qui se déroule en à peine trois journées. Mais quelles journées, intenses, angoissantes, effrayantes même. Des pérégrinations à couper le souffle, avec certains personnages dont on a pu faire la connaissance dans Piégés dans le Yellowstone.

Peut-être les retrouverons-nous en partie dans le prochain roman de C.J. Box, car même si cette histoire est terminée, une porte reste ouverte pour de nouvelles aventures.

 

C. J. BOX : Au bout de la route, l'enfer (The Highway - 2013. Traduction de Freddy Michalski). Collection Seuil Policiers. Editions du Seuil. Parution le 4 septembre 2014. 432 pages. 22,50€.

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