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2 février 2020 7 02 /02 /février /2020 05:53

Fais comme l’oiseau…

R. & R. BOREL-ROSNY : T’as vu ça d’ta fenêtre !

Pensait-elle que sa carrière allait décoller en se jetant par la fenêtre, rien n’est moins sûr.

La pauvre Gina de Sarlande, jeune chanteuse pleine d’avenir est projetée du cinquième étage et s’écrase sur le bitume. En général, on ne s’en relève pas. C’est Rosette, dite Rosie, qui en voulant baisser le store de la fenêtre de sa chambre d’hôtel sise au quatrième étage, a aperçu le corps tomber alors que deux mains poussait Gina. Du moins c’est ce qu’elle déclare à Maxie les Belles dents, son compagnon qui se prélasse sur le lit en se plaignant de la chaleur de ce mois de juin.

Les policiers, arrivés rapidement sur place, pensent d’abord à un suicide. La porte est fermée de l’intérieur, c’est le taulier, le gardien des clefs, qui leur ouvre. Nouvelle surprise, la fenêtre est fermée ! Le meurtre semble indiscutable. Mais comment à pu réaliser son forfait le meurtrier que nul n’a aperçu. Ni Rosie, entraîneuse dans un cabaret, ni Maxie qui se fait entretenir et entretenait des relations douteuses avec Gina, ni Albert Lepreux, l’hôtelier, ni Zulma sa compagne qui vaquait au rez-de-chaussée. Les complications de ce genre sont réservées à la Criminelle et l’inspecteur Tiburce est chargé de cette enquête.

Il commence ses investigations en s’entretenant avec Rosie, qui a aperçu de sa fenêtre le vol plané, ainsi que Maxie qui était vautré sur le lit. Rosie le soupçonne d’avoir eu des relations avec la défunte, mais il ne peut être coupable puisqu’il était dans sa chambre en compagnie de Rosie, qui est sure de reconnaitre les bras qui empoignaient Gina. Puis Tiburce interroge Albert Lepreux, le patron des Deux cigognes, l’hôtel où s’est déroulé le drame, et sa compagne Zulma, une forte femme. Il est notoire qu’Albert se rendait assez souvent dans la chambre de Gina pour régler certains problèmes, ce qui attise la vindicte de Zulma. Toutefois Albert résout une partie de l’énigme de ce possible meurtre en chambre close.

Il remarque le manège d’une toute jeune fille aux cheveux courts qui traîne dans les environs de l’hôtel puis à la brasserie où Tiburce déguste une choucroute en compagnie de Fredy Marlin, un ami souvent en délicatesse avec les forces de l’ordre. La gamine s’éclipse et Tiburce aimerait lui poser quelques questions aussi charge-t-il Fredy de la retrouver, ce qui n’est guère difficile à cet habitué de Saint-Germain-des-Prés.

La gamine récupérée par Fredy et amenée à la brasserie afin de ne pas l’effaroucher, confie à Tiburce qu’elle s’appelle Pierre – choix de son père poète méconnu et aux idées baroques, surnommé l’homme aux chats puisqu’il en possède neuf qu’il promène souvent en laisse – et sa sœur avait, elle, été prénommée Trujillo. Mais celle-ci avait changé de nom adoptant le nom de scène de Gina de Sarlande. Quant à leur mère, elle est partie dix ans auparavant avec un noir, abandonnant le foyer familial.

Alors Tiburce continue son enquête mais en dilettante, mais comme il est pris par ailleurs il demande à Fredy de le suppléer dans ses recherches, ce que le jeune homme fait avec plaisir et pugnacité. D’autres personnages s’immiscent dans cette intrigue, dont un jeune qui fréquentait Gina mais dont Pierre est amoureuse.

 

Le couple Robert et Raymonde Borel-Rosny propose une enquête qui s’avère simple dans l’esprit du lecteur, qui est persuadé connaître l’identité du coupable. Mais la solution à triple détente offre un épilogue inattendu et bien amené prenant à contre-pied le lecteur.

Saint-Germain-des-Prés du début des années cinquante sert de décor, époque aujourd’hui révolue mais qui génère quelque nostalgie.

Evidemment au moment de sa parution, ce roman n’avait pas ce côté historique, mais plus de soixante ans plus tard il devient un témoignage permettant de se remémorer un pan de la capitale réservé aux artistes en tout genre, même si cela n’est abordé que par la frange sans appesantir le récit. Les auteurs décrivent ce qu’ils observent, le vivant de près.

 

Les cafés grouillaient d’une populace miteuse et ne recélaient rien dans leurs salles enfumées que des tas de petites filles aux pantalons collants […] et des garçons aux pantalons identiques, tout aussi collants sur les fesses. Ce qui différenciait les garçons des filles, c’était la longueur des cheveux. Seulement, les garçons avaient les cheveux trop longs dans le cou et les filles trop courts. Presque tondus, ils mesuraient à peine un centimètre. De quoi déconsidérer à tout jamais le cher J.-P. Sartre, et aussi Gréco qui avait lancé la mode des mèches raides et sales qui descendent jusqu’à la taille.

 

R. & R. BOREL-ROSNY : T’as vu ça d’ta fenêtre ! Collection Le Verrou N°69. Editions Ferenczi. Parution juin 1953. 96 pages.

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1 février 2020 6 01 /02 /février /2020 05:36

Il était une fois… dans trois mille ans !

Kurt STEINER : Aux armes d’Ortog.

Jeune berger, Dal Ortog est chargé de surveiller le troupeau de mégathériums parti pâturer dans les bois environnant le village de Galankar. Une occupation qui demande son attention car les mouches, aussi grosses que des mains s’attaquent aux yeux des imprudents. Heureusement il possède un masque aux multiples usages. Quant aux hybrides, il les repousse à l’aide d’un coagulant.

Mais ce jour là, lorsqu’il rentre au village, tout est calme. Trop calme. Son père, âgé de soixante ans, vient de décéder. Soixante ans c’est jeune, pourtant le Maisonnier-Banneret Jaral Kerr Jaral lui parle de sénescence, euphémisme pour désigner la vieillesse.

Trois clans s’affrontent ouvertement ou non. Les nobles, les prêtres et les Sopharques, par doctrines interposées, dont celles de la gérontologie. Et lorsque le prêtre Akar, lors de son homélie parle de Rédemption, de Félicité suprême, de fallacieux amour de la vie terrestre, Dal jure de lutter pour sa race et quitte la cérémonie funèbre. Il n’accepte pas l’attitude de résignation de la plupart de ceux qui composent l’assistance, et naturellement, il est recherché pour sacrilège par Jaral Kerr Jaral lui-même, qu’il considérait comme son ami.

En réalité, c’est pour mieux le soustraire à la vindicte des nobles et de la prêtrise et en compagnie de quelques fidèles et de Jaral Kerr Jaral, Dal s’enfuit juché sur un Equus (une nouvelle race de cheval) vers Lassénia, la capitale.

Mais les épreuves en tout genre s’élèvent devant la petite troupe. Les Mlols, les hybrides, des habitants d’autres villages, et la cohorte armée partie à leur recherche déciment les compagnons de Dal qui parvient presque seul à la capitale. Et ses aventures ne s’arrêtent pas là car prisonnier, il doit affronter d’autres prisonniers dans une arène puis il sera promu Chevalier-Naute avec la mission de se rendre dans les environs de Bételgeuse, en tant que commandant d’un d’équipage composé de différents soldats et scientifiques à la recherche de documents sur le passé et vérifier la présence ou non du Prophète.

 

Kurt Steiner nous offre avec Aux armes d’Ortog un roman hybride jouant aussi bien sur les thèmes de l’anticipation et de la science-fiction que sur celui de la fantasy.

L’action est censée se dérouler à l’aube du cinquantième siècle (et non au XXXe comme écrit sur les quatrièmes de couvertures des rééditions chez Robert Laffont et J’Ai Lu), et deux cent cinquante ans après la Guerre Bleue qui a anéanti une grande partie de la population répartie sur les trois planètes, Terre, Mars et Vénus. Non seulement les habitants ont subi les conséquences de cette Guerre, mais elle a également effacé les traces des civilisations des millénaires précédents.

Tout en possédant des armes et du matériel sophistiqué, les survivants qui peu à peu repeuplent la Terre oscillent entre âge médiéval et civilisation avancée. Pour preuve les mégathériums qui constituent les troupeaux d’élevage, mais également les joutes organisées dans des arènes et qui font penser aux combats de gladiateurs romains, mais dans des conditions quelque peu différentes, adaptées à l’époque. D’où ce côté fantasy avec combats épiques à l’aide d’arcs, et une épreuve se déroulant dans un labyrinthe dans lequel les participants se dirigent ou se perdent grâce à un système qui pourrait être une forme de réalité virtuelle. C’est ainsi que Dal Ortog fera la connaissance d’un personnage haut en couleur, le Maisonnier-Baron Zlotan Charles Henderson de Nancy, imprégné de connaissances anciennes entre mythologie et Ancien régime et capable de décrypter des langues anciennes. Le thème de l’opéra de l’espace qui était en vogue à l’époque n’est pas omis non plus avec cette mission vers Alpha du Centaure et Betelgeuse à bord d’un engin sophistiqué.

Mais l’aspect scientifique et épique ne pourraient se satisfaire de cette intrigue que si une idylle amoureuse ne se glissait dans entre une jeune fille, celle d’un notable de la capitale, et Dal Ortog, le jeune berger déterminé à l’ascension fulgurante dans la hiérarchie sociale.

Quant au titre de ce roman, il se justifie par le blason que devra se choisir ce jeune homme lors de sa nomination comme Chevalier-Naute, ce qui nous ramène à la période médiévale.

Réédition : Collection Ailleurs et demain. Editions Robert Laffont. Parution 1975.

Réédition : Collection Ailleurs et demain. Editions Robert Laffont. Parution 1975.

Réédition : Collection science-fiction J’ai Lu. 1er trimestre 1981.

Réédition : Collection science-fiction J’ai Lu. 1er trimestre 1981.

Kurt STEINER : Aux armes d’Ortog. Collection Anticipation N°155. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1960. 192 pages.

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30 janvier 2020 4 30 /01 /janvier /2020 05:29

Prédire à quelqu’un qu’il va mourir un jour n’est pas un mensonge…

Jacques SADOUL : Le mort et l’astrologue.

Etre astrologue ce n’est pas être devin. Un astrologue ne lit pas l’avenir dans le marc de café, dans les boules de cristal, ou dans les tarots, mais à partir de données précises il calcule l’influence des astres selon leur position dans le ciel. Il ne prédit pas mais peut prévoir tout au plus les périodes fastes ou néfastes de l’existence d’un être humain.

C’est bien pourquoi le professeur Astral n’avait pu prévoir ou prédire le décès par balle dans la tête de Marc Manceau, un jeune homme de vingt-huit ans et client occasionnel. Un décès qui ressemble à un suicide mais pourrait bien être un assassinat.

Georges Knutens, journaliste indépendant, projette d’écrire un article sur l’astrologie. Il requiert les services de son ami le professeur Astral afin d’éclairer sa lanterne et participer à des séances pour se faire une opinion, et relever quelques anecdotes. S’il n’est guère convaincu par les prestations de l’astrologue, le taxant d’user plus de la psychologie que d’une quelconque autre science pseudo-divinatoire, il va toutefois se trouver impliqué dans le décès de Marc Manceau.

Knutens en effet succombe au coup de foudre lorsque Claire vient consulter le professeur. Claire, la petite amie de Marc Manceau, ou tout au moins l’une de ses petites amies, car si Claire semble sage et réservée, Marc Manceau entretenait des relations avec une certaine dénommée Zsa-Zsa, effeuilleuse dans le quartier chaud de Pigalle.

Entre ces personnages, la jolie Martine, véritable feu-follet de dix-neuf printemps, qui veut goûter à la vie à pleines dents et aidera inconsciemment Knutens dans on enquête.

 

Par le biais de l’enquête policière menée en dilettante, l’éclectique Jacques Sadoul nous entraîne dans les coulisses de l’astrologie d’une façon fort sympathique et attrayante.

Ce qui aurait pu être rébarbatif sous la plume de quelques-uns de nos romanciers devient passionnant sous celle de Jacques Sadoul car, et c’est tout à son honneur, l’auteur sait très bien intéresser le lecteur sans l’ennuyer.

 

Réédition J’ai Lu Policier N°2797. 1990.

Réédition J’ai Lu Policier N°2797. 1990.

Jacques SADOUL : Le mort et l’astrologue. Editions du Rocher. Parution 1er septembre 1987. 212 pages.

ISBN : 978-2268005874

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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 05:49

C´est un fameux trois-mâts fin comme un oiseau, hissez haut…

Françoise d’EAUBONNE : Chevrette et Virginie.

En cet an de grâce 1777, le Duras, un fier trois-mâts, quitte l’île de France, l’ancien nom de l’île Maurice, emportant à son bord la charmante Jeanne Perthiviers, à peine vingt ans, et la douce Virginie Goupil des Sermeuses, seize ans. Toutes deux se rendent à Pondichéry, Jeanne pour rejoindre son mari épousé peu avant et en poste dans ce comptoir français, et Virginie sa mère qu’elle n’a pas vue depuis des années.

Jeanne a été surnommée Chevrette par son grand-père, un vieux marin ayant bourlingué sur toutes les mers du globe et se nommant Chevreau, et elle aime qu’on l’appelle ainsi, le réclamant même. Elle est un véritable garçon manqué, et a appris à monter à cheval, à pratiquer l’escrime et autres amusements mâles. Elle est accompagnée de Flicq-en-Flacq, un négrillon de dix ans qui est son majordome et son filleul. Tandis que la frêle Virginie, qui a été élevée dans un couvent, est sous la houlette de Marie-Marie, sa servante noire. Elles passent leur temps à papoter tandis que Flicq-en-Flacq s’amuse avec Toine, le mousse de son âge, à des jeux de pirates.

La vie est douce à bord et l’ennui n’est point de mise. Le capitaine Freton de Vaujas préfère jouer au violon ses airs favoris, dont Les Indes Galantes de Rameau, déléguant la conduite du navire à son second Louis de Barre. Il possède un magnifique herbier qu’il montre avec fierté à ses passagères. Ce qui ne l’empêche pas de s’éprendre de Virginie, ce qui n’échappe à personne sauf peut-être à la principale intéressée. Il offre même à Virginie une magnifique perle.

Le voyage est toutefois perturbé par une tempête due à la mousson d’équinoxe et bientôt le navire est en perdition. Grâce à l’esprit d’initiative de Louis de Barre et de Chevrette, un radeau est rapidement fabriqué, les barils de poudre et autres denrées entreposés dessus, sans oublier les passagers et les marins, et bientôt ils parviennent à une petite île des Maldives. Ils sont accueillis par le chef de la tribu locale, Tupahiac, d’autant plus facilement que Louis de Barre s’exprime parfaitement en leur idiome. Heureusement.

Mais des pirates qui abordent sur une autre île située non loin, repèrent le Duras échoué et se rendent sur l’île où sont réfugiés les Français et l’idée leur vient de s’emparer de Chevrette et Virginie. Mais c’est sans compter sur les trublions que sont Flicq-en-Flacq et Toine.

 

L’histoire est censée se dérouler en 1777, et la jeune Virginie fait souvent référence à son roman de prédilection, Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. Louable intention et prémonition car ce roman n’a été publié qu’en 1788 !

Françoise d’Eaubonne, née le 22 mars 1920 et décédée le 3 août 2005, était une femme de lettres ayant touché un peu à tous les genres. Romans pour enfants, romans engagés (elle fut une féministe libertaire), essais et biographies, et son œuvre est plus riche que celle proposée par Wikimachin. En effet elle usa de nombreux pseudonymes dont celui de Nadine de Longueval au Fleuve Noir pour les collections Grands Romans et Présence des femmes. Elle était la sœur de Jehanne Jean-Charles, écrivaine elle aussi, mariée avec Jean-Charles, le célèbre auteur de La foire aux cancres et des Perles du facteur, entre autres.

Quant à Chevrette et Virginie, il s’agit d’un roman d’aventures maritimes qui n’en pas sans rappeler par certains côtés Paul et Virginie, mais pas que, car les rebondissements sont multiples et l’épilogue est nettement plus heureux.

Françoise d’EAUBONNE : Chevrette et Virginie. Collection Bibliothèque Verte N°46. Editions Hachette. Parution 3e trimestre 1958. 254 pages.

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28 janvier 2020 2 28 /01 /janvier /2020 05:39

Elle ne pouvait pas le voir en peinture, au début…

Henri TROYAT : La femme de David.

En janvier 1782, Charlotte, dix-sept ans, attend celui qui doit devenir son fiancé. Son père, Charles-Pierre Pécoul, entrepreneur des Bâtiments du Roi, estime qu’elle est en âge de se marier. Il lui a même trouvé un fiancé potentiel, le peintre Louis David, qu’il a connu lors de la rénovation du logement et de l’atelier de l’artiste au Louvre.

Lors de leur première rencontre, Charlotte ressent une aversion qu’elle a du mal à dissimuler, en voyant ce fiancé à la bouche très rouge et très enflée d’un côté, qui était comme un lambeau de viande crue au milieu de son visage pâle. Selon le père de Charlotte l’homme est un génie, pourtant elle est consternée, et se réfugie dans sa chambre, en pleurs. Et elle se demande si ce peintre, dont la notoriété commence à franchir la frontière des artistes, ne serait attiré que par sa dot conséquente. Elle pense toutefois ne valait-il pas mieux être choisie pour son argent que rester vieille fille ?

Le mariage aura lieu le 16 mai 1782 et Charlotte a révisé son jugement. Pour preuve, le 15 février 1783, Charlotte accouche d’un petit garçon, qui bientôt sera suivi d’un petit frère puis de deux sœurs. C’est assez, les années passent, les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

Les tensions entre le couple se font vives, Louis David possédant un caractère entier qui n’a rien à envier à celui de Charlotte. De plus, pour lui, la peinture ne peut se concevoir en dehors du classicisme, se revendiquant toutefois néo-classique, empruntant volontiers ses personnages dans l’histoire romaine ou grecque. Le Serment des Horaces, en 1784, lui assure la notoriété, et son école de peinture est suivie par de nombreux élèves.

Seulement, lors de la Révolution, il s’engage auprès de Robespierre, devenant son ami, et votant la mort du Roi Louis XVI, ce qui lui sera longuement reproché par la suite. Il n’échappe pas à la prison lors de la réaction thermidorienne, et ne s’occupe plus de politique sous le Directoire.

Mais il se prend d’admiration pour Bonaparte, puis Napoléon 1er, ce qui l’amènera à réaliser sa plus grande et fastueuse composition, Le Sacre de Napoléon, tableau très souvent représenté dans le manuels scolaires. Son ménage bat de l’aile, Charlotte n’acceptant pas ses revirements politiques, ses engagements révolutionnaires et ils divorcent, pour se remarier quelques années plus tard.

Avec la chute de l’Empire, Louis David est obligé de se réfugier à Bruxelles. Son amitié avec Robespierre et surtout son passé de régicide restant en travers de la gorge des successeurs des Bourbon. Pendant ce temps Charlotte se montre une maîtresse-femme, élevant ses enfants, aidant lorsqu’il en est besoin Louis David, professant à son égard acrimonie et admiration.

 

Cette biographie romancée sur la vie et la mort du peintre David, est narrée par Charlotte qui s’exprime comme si elle rédigeait ses mémoires.

Si tout tourne, ou presque, autour du peintre, c’est bien Charlotte Pécoul épouse David qui tient la barre, ne ménageant pas ses efforts, distillant ses sentiments, ses conseils, ses appréhensions, ses regrets parfois, ses tribulations de l’époque de Louis XVI jusqu’en 1825 sous la Restauration. Elle partage les hauts et les bas dans la renommée de son époux tout en s’occupant de ses enfants, lui insufflant courage lors de ses moments de découragements, lui prodiguant conseils, tout en restant effacée derrière celui qui se considère comme le Chef de file de la nouvelle école de peinture.

David recherchait les honneurs et se considérait parfois comme un incompris surtout lors de ses démêlés avec l’Académie royale de peinture, la combattant puis recherchant les Prix, via l’Institut nouvellement créé sous le Directoire, et recevant dans son atelier des élèves qui deviendront des peintres renommés, même s’il ne partageait pas toujours leur orientation picturale, tels que Girodet, Ingres, Gérard.

Henri Troyat, dont on connait la sensibilité dans ses descriptions de femmes engagées, comme dans ses cycles : La Lumière des justes, Les semailles et les moissons et bien d’autres, nous livre ici un beau portrait de femme attentionnée, engagée, mais toujours effacée derrière son mari.

Mais Henri Troyat prévient que par manque de documents, s’il s’inspire d’un fait véridique et historique, il a brodé et donc ceci n’est pas à prendre comme une biographie mais bien un roman d’inspiration historique.

 

Henri TROYAT : La femme de David. Editions J’Ai Lu N°3316. Parution 5 octobre 1993. 160 pages. Première édition Flammarion 1990.

ISBN : 9782277233169

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 05:41

Posologie : une nouvelle le matin au réveil, une le midi après manger et une le soir au coucher.

Guy de MAUPASSANT : Misti et autres nouvelles.

Les nouvelles, cela se déguste. Il faut prendre son temps afin de les apprécier, pour ne pas être saturé, et tout mélanger.

Car les nouvelles de Guy de Maupassant se dégustent, chacune possédant un goût différent, une saveur différente, oscillant entre réalisme, humour parfois noir, et sociologie car l’auteur dépeint son époque d’une façon sarcastique mais au combien réelle et toujours d’actualité, avec naturellement quelques aménagements.

La plupart du temps, il s’agit d’une narration à la première personne, comme si l’auteur avait réellement vécu les épisodes décrits.

Par exemple dans Madame Hermet, l’auteur déclare : Pourtant les fous m’attirent toujours, et toujours je reviens vers eux, appelé malgré moi par ce mystère banal de la démence. Et c’est ainsi, alors qu’il visite un asile, un médecin lui propose de lui montrer un cas intéressant. Celui d’une femme qui se cache toujours derrière un voile, persuadée que son visage est marqué de cicatrices. Mais ce n’est que son imagination qui travaille, car sa figure est nette de toute marque diffamante. Mais cette peur, cette phobie remonte au décès de son fils qu’elle élevait seule, étant veuve.

 

Alors que notre narrateur aime les rencontres imprévues lors de ses déplacements, alors qu’aucun échange verbal ne se produit, pas même un sourire ou un regard, il croise en visitant l’Auvergne par trois fois une vieille dame en pleurs. C’est alors que celle-ci s’épanche, racontant le pourquoi de ses larmes. Un humble drame.

 

Dans Misti, le narrateur aime les femmes mariées, de préférence avec un homme possédant de l’esprit et du charme. Une condition pour que les relations entre les deux amants s’épanouissent mais lorsque le mari est absent, bien entendu. Seulement un problème existe entre lui et sa maîtresse du moment : un chat. Et peut-on faire confiance à un félin même s’il se love en ronronnant ?

 

Poursuivons notre balade littéraire et attardons-nous sur Blanc et bleu, une aimable déclinaison sur ces deux couleurs qui impressionnent le narrateur en villégiature près de Nice. Le blanc des maisons, le bleu du ciel ou celui de la mer, le blanc des cimes des montagnes enneigées vue d’un canot. Le marin en profite pour narrer une anecdote dont il fut le témoin, celle d’un homme les pieds nus dans la neige hivernale s’adonnant à une hygiène corporelle dans un but bien précis.

 

Dans L’endormeuse, le narrateur, qui reçoit régulièrement les journaux de la capitale, est intrigué par un article dénombrant huit mille cinq cents suicides en un an. Flânant sur les rives de la Seine, il pense à tous ces cadavres, morts dans des conditions souvent sanglantes, et bientôt notre promeneur fait un rêve éveillé, imaginant un immeuble dans Paris, à une époque indéfinie, et sur la façade duquel est inscrite la mention Œuvre de la mort volontaire. Son imagination divague. Une nouvelle qui date de 1889, qui n’est pas sans rappeler par certains points Le club des suicides de Stevenson, et se veut une légère anticipation puisque le responsable de cette Œuvre particulière situe sa fondation environ cinq ans après l’Exposition Universelle de 1889 justement.

 

Terminons ce léger tour d’horizon par Une page d’histoire inédite, dont l’action se déroule en Corse, patrie de Napoléon Bonaparte, alors qu’il est tout juste lieutenant-colonel. Donc en 1792. Deux clans s’affrontent, les Paolistes qui prônent une monarchie à l’anglaise et les Bonaparte qui soutiennent la Révolution. Un épisode qui aurait pu changer la face du monde, sans exagérer, car Bonaparte aurait très bien pu ne pas connaître son ascension militaire et devenir empereur.

 

Des nouvelles émouvantes, comiques voire ironiques, frôlant le surnaturel, la terreur ou la proche anticipation, revisitant l’histoire, sans oublier le charme, le burlesque, toujours empreintes d’une certaine poésie, et un regard porté sur ses concitoyens non dénué d’humanisme, telle est la riche palette de ce nouvelliste que l’on ne cesse de redécouvrir.

 

Sommaire :

Misti

Humble drame

M. Jocaste

Madame Hermet

Blanc et bleu

L'endormeuse

Le mariage du lieutenant Laré

Une page d'histoire inédite

La main d'écorché

Coco, coco, coco frais!

Ma femme

Alexandre

Le père Judas

Un million

Le voyage du Horla

La peur

Les caresses

Un fou ?

La tombe

Le donneur d'eau bénite

Guy de MAUPASSANT : Misti et autres nouvelles. Le Livre de Poche N°2156. Parution 4e trimestre 1968. 256 pages.

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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 05:27

Un Maurice Limat sous pseudonyme…

Maurice d’ESCRIGNELLES : Stop… Secret.

Une jeune femme au bord de la route et qui faisant du stop (l’ancêtre du covoiturage) manque être écrasée par un conducteur roulant à toute vitesse. Comme s’il avait le feu ou la police aux trousses.

D’ailleurs cela se précise rapidement car des motos de la police de la route se font entendre. Et un peu auparavant, la radio du bord avait annoncé que Serge Dermond, fondé de pouvoirs d’une banque parisienne, était en fuite, coupable de graves malversations et responsable d’une agression sur la personne de son directeur de succursale.

La jeune femme, qui se prénomme Pola, est tour à tour moqueuse, apeurée, téméraire, angoissée, pourtant elle refuse de descendre de voiture lorsque Dermond l’y invite. Elle préfère continuer ainsi jusqu’à sa destination qui est le port de Dieppe.

Afin d’échapper aux motards, Dermond vire brusquement dans un petit chemin qui s’offre à eux au milieu d’un bois juste après un virage pris sur les chapeaux de roues. Pola, entêtée, prend l’initiative et longeant des rails, ils arrivent à Neuchâtel en Bray, puis prennent le train pour Dieppe où ils arrivent sans encombre.

Pola l’entraîne dans un café où elle a rendez-vous avec un certain Worms. Elle s’entretient d’abord seule avec cet individu puis Dermond est prié de la rejoindre. En se référant aux antécédents récents de Dermont, le vol dans la caisse et l’assassinat du directeur de l’agence bancaire, Worms propose une mission au fondé de pouvoirs en fuite.

Après quelques heures passées agréablement dans une chambre d’hôtel, enfin je suppose car je n’y étais pas, Pola et Dermond se rendent près du pont tournant. Dermond doit aborder un homme transportant une serviette et s’en débarrasser, d’une façon ou d’une autre et récupérer les documents contenus dans le cartable.

L’opération se déroule sans incident notable et Dermond, toujours accompagné de Pola, monte à bord d’un canot qui l’emmène jusqu’au Vampire, un navire qui doit prendre la mer vers une destination inconnue. Le capitaine et ses marins ne sont pas du genre enfants de chœur et Dermond n’est guère rassuré. Il vient de voler les plans du port à un agent de la Sécurité Maritime.

Au cours du voyage qui s’ensuit, Dermond se montre moins falot qu’il y paraissait au début de l’histoire, tandis que Pola joue avec le feu, avec son caractère versatile.

 

Ce roman d’espionnage est inscrit dans une veine très mouvementée, chaque personnage jouant au chat et à la souris.

Car le lecteur se doute, dès le début du récit, que tout autant Dermond que Pola jouent un rôle et qu’ils ne sont pas les personnages qu’ils prétendent être.

Une intrigue rocambolesque, voire grandiloquente, l’action prédominant dans une histoire qui aurait pu se dérouler à la fin des années 1930 et non fin 1950, car les documents convoités recèlent une réelle importance pour la sécurité du port de Dieppe, en cas d’une invasion par la mer.

D’ailleurs ce roman est l’adaptation d’une pièce radiophonique, mais sans autre précision. Ce fut le dernier roman publié avant l’entrée de Maurice Limat aux éditions du Fleuve Noir.

Certains rechigneront, prétendant que ceci n’est pas de la grande littérature, mais le principal est de prendre du plaisir à la lecture et d’oublier pour un temps les aléas de la vie quotidienne liés aux décisions parfois aberrantes de nos politiciens.

Maurice d’ESCRIGNELLES : Stop… Secret. Collection Service Secret 078. Editions S.E.G. Parution 3e trimestre 1959. 96 pages.

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25 janvier 2020 6 25 /01 /janvier /2020 05:27

Ô rat, ô désespoir… !

Bram STOKER : L’enterrement des rats et autres nouvelles.

Le nom de Bram Stoker est indéfectiblement lié à celui de Dracula. Pourtant cet écrivain britannique, d’origine irlandaise, n’a pas écrit que ce roman emblématique de la littérature fantastique du XIXe siècle.

Il est également l’auteur de quelques nouvelles hautement recommandables dont les quatre qui figurent dans ce recueil et mettent en avant des thèmes différents, dont le fantastique n’est pas le moteur principal.

C’est l’horreur, le frisson, la terreur, la frayeur et l’angoisse qui imprègnent ces quatre textes dont la teneur n’est aucunement atteinte par la limite d’âge. En effet parfois, on peut lire, découvrir des nouvelles, et des romans, qui suintent d’une sorte de rance parce qu’elles ont mal vieillies. Où qu’elles reflètent un temps révolu. Ce n’est pas le cas avec Bram Stoker qui défie le temps, et dont les continuateurs ne font que reprendre des idées en les adaptant dans un langage plus en adéquation à notre époque certes mais parfois avec moins d’élégance. Mais bien évidemment, ceci que mon appréciation personnelle, et nul n’est obligé d’adhérer.

 

Dans L’enterrement des rats, le lecteur est invité à se rendre dans la banlieue sud de Paris, à Montrouge exactement. En ce temps là, cette commune dépendait en partie de la capitale mais le quartier qui nous intéresse s’étendait en dehors des fortifications. De nombreux endroits étaient restés à l’état sauvage, une étendue en friche couverte de misérables baraquements construits de bric et de broc, et habités par des miséreux, la plupart du temps des chiffonniers.

C’est dans cet univers que le narrateur, qui qualifie cet endroit de Cité des Ordures, déambule, s’arrêtant parfois, liant la conversation avec les résidents, qui se montrent aimables ou non. Il visite quelques-unes de ces masures, et récolte au gré de ses conversations des histoires à faire frémir. Mais tout ce petit monde ne se montre pas aussi prolixe, et parfois, il se demande s’il ne vaut mieux pas côtoyer les rats qui fourmillent jusque dans les bicoques que ces personnages à l’aspect aussi crasseux que leur âme.

 

Une prophétie de Bohémienne prend sa genèse sur un terrain communal où se sont installés des forains. Après un repas arrosé, les protagonistes décident de se rendre sur les lieux qui jouxtent leur maison, et se laissent prendre au jeu de la divination. En effet, une Bohémienne leur propose de lire les lignes de la main, mais pour l’un d’eux ses prédictions sont fort étranges. Elle déclame : Voici la main d’un assassin ! L’assassin de sa femme ! Etrange prophétie mais la Bohémienne a-t-elle fabulé, vu réellement ce qu’il va se passer, ou tout simplement été induite en erreur lors de sa prétendue vision ?

 

Passer ses vacances en Ecosse, voilà qui réjouit le brave Arthur Markam, commerçant de son état et Londonien pur jus, c’est-à-dire un cockney, l’équivalent du Parigot. Et pour faire honneur aux habitants de ce rude pays, il décide de s’habiller en costume traditionnel confectionné dans un tissu qu’il a lui-même dessiné. Il ne veut pas qu’on le confonde, avec son kilt et son tartan aux couleurs multicolores, avec l’un des représentants de cette fière contrée et qu’on l’accuse de s’être emparé des couleurs d’un clan ou d’un autre. Et c’est ainsi qu’il rejoint l’Ecosse, accompagné de sa famille, ainsi déguisé, avec épée, poignard, broche et bourse en peau de chèvre. Mais il ne faut pas jouer, lorsqu’on est touriste, avec les traditions. Et un jour, Markam se promenant, voit son double s’enliser dans des sables mouvants, Les sables de Crooken.

 

Enfin, Le secret de l’or qui croît est un aimable (?) conte que n’auraient pas renié les frères Grimm, Andersen ou encore Charles Perrault. Lorsque Margaret et Geoffroy se marient, le village est étonné, car les deux familles entretiennent une solide inimitié séculaire, ou presque. Rapidement le torchon brûle et tout est bon pour entretenir la flamme de la discorde. Et lorsque Geoffroy décide de se venger d’un affront, il n’y va pas de main morte. Il brutalise Margaret qui décède en tombant sur une pierre du foyer. Il enterre le cadavre sous le foyer mais bientôt les cheveux blonds de la jeune femme commencent à pousser entre les interstices.

 

Quatre nouvelles différentes dans le fond et dans la forme, qui souvent prêtent à sourire mais entretiennent plus l’angoisse, la frayeur et la terreur que le fantastique proprement dit, sauf dans la dernière. Mais n’est-ce que divagations dans l’esprit des protagonistes ?

Ces nouvelles ont été éditées ou rééditées à de multiples reprises dans des recueils dont notamment au Fleuve Noir, Omnibus, accompagnés d’autres nouvelles et romans.

Librio, une collection à petit prix mais qui propose de remarquables ouvrages. La fête du lecteur impécunieux !

 

Sommaire :

L'enterrement des rats (The Burial of the Rats – 1874)

Une prophétie de bohémienne (A Gipsy Prophecy – 1883)

Les sables de Crooken (Crooken Sands – 1894)

Le secret de l'or qui croît (The Secret of Growing Gold – 1897)

Bram STOKER : L’enterrement des rats et autres nouvelles. Librio N°125. Parution juin 1996. 96 pages.

ISBN : 9782277301257.

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23 janvier 2020 4 23 /01 /janvier /2020 05:50

Un cavalier, qui surgit hors de la nuit
Court vers l’aventure au galop…

Jacqueline MIRANDE : Le cavalier.

En cette fin de novembre 1765, ayant fini de ramasser des sarments de vigne, de les fagoter puis de les mettre sur le dos de sa mule, Jean-Baptiste quitte le petit village de Vaugirard et s’apprête à rejoindre le quartier de Saint-Germain-des-Prés dans Paris.

Tout en marchant dans le brouillard, Jean-Baptiste rêve de voyages, de Louisiane, de Mississipi ou encore des Indes. Ce n’est pas qu’il est mal traité chez Dame Anne-Françoise Floche comme commis marchand-drapier, mais l’aventure le tente, le tenaille.

Il longe le mur du clos Périchot, préférant prendre le petit chemin herbu à la grande route, trop encombrée. C’est alors que surgit un cavalier devant lui et il n’a que le temps de se jeter contre le mur. Un vif échange s’établit entre ce jeunot d’une quinzaine d’année et ce cavalier vêtu de gris et qui paraît la trentaine. Toutefois Jean-Baptiste raconte quelque peu sa vie d’orphelin, vivant chez la marchande-drapière devenue veuve et mère de Pernette, treize ans, et indiquant son adresse. Et ils se quittent, le cavalier promettant de se revoir car il doit se rendre justement dans le quartier de Saint Germain.

Jean-Baptiste aide de son mieux Dame Anne-Françoise mais les temps sont durs. Il n’y a plus guère de clients car la pénurie de tissus se fait sentir. Pourtant le vieil Eloi Picard reste attaché à cette boutique, vivant au dernier étage dans le grenier. De plus la boutiquière est criblée de dettes, à cause d’un voisin maître-rôtisseur qui pratique l’usure. Jean-Baptiste narre sa rencontre à Dame Anne-Françoise, laquelle est fort intéressée. Cela lui remémore sa jeunesse, ses quinze ans, avant qu’elle se marie avec Floche, la quarantaine sonnée, auprès de qui elle avait trouvé refuge.

Un soir, le jeune Gilles fait irruption dans la boutique. Il n’en peut plus d’être maltraité par son grand-père, perruquier de son état et qui n’est autre que le frère d’Eloi. Alors n’écoutant que leur bon cœur, Eloi et sa patronne recueillent le gamin de quatorze ans, un facétieux qui ne rêve lui que de devenir comédien et se produire sur les planches.

L’entente cordiale ne règne pas toujours entre Jean-Baptiste, Gilles et Pernette, qui est quelque peu capricieuse, mais bientôt ils se ligueront contre l’adversité. En effet Eloi, qui est considéré comme un oncle, possède des livres interdits et il a été dénoncé par le perruquier et son ami le rôtisseur. Mais quelqu’un se cache derrière cette délation. Heureusement, grâce à l’esprit de décision de Jean-Baptiste et aussi à sa bravoure, la situation peut s’arranger provisoirement. Et le cavalier inconnu, surnommé le Marquis Carême, va aider la veuve à se dépêtrer de ces malheurs.

 

Ce roman pour enfants, non interdit aux adultes, met en avant deux points cruciaux en cette fin de règne de Louis XV. L’interdiction d’ouvrages considérés comme des livres incitant à la révolte, écrits notamment par Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, et qui sont bannis par la censure. Des ouvrages qu’on ne pouvait que se procurer sous le manteau et imprimés la plupart du temps à l’étranger.

Mais un autre point, pas assez développé à mon goût, est celui qui secoua le début des années 1750, lorsque des enfants, considérés la plupart du temps comme orphelins mais ne l’étaient pas forcément, étaient traqués et enlevés par la maréchaussée puis déportés vers la Louisiane et le Mississipi, avant que ces possessions françaises tombent sous la domination britannique en 1763.

Jacqueline MIRANDE : Le cavalier. Collection Pocket Jeunesse N°497. Editions Pocket. Parution janvier 2010. 128 pages.

ISBN : 9782266137393.

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22 janvier 2020 3 22 /01 /janvier /2020 04:11

Attention au dérapage !

Philippe GALILEE : Du sang sur le circuit.

Pour avoir surpris une conversation téléphonique de Kirlian, son patron, Christine la standardiste du circuit de F1 de Clermont-Romincourt, est assassinée le soir même sur les ordres de celui-ci. Cet entretien évoquait les accidents mortels survenus lors du récent Grand Prix d'Italie au cours duquel le champion brésilien Edson Paraz a trouvé la mort, et d'éventuelles magouilles concernant l'écurie française JSM.

Al, son ex-amant qu'elle avait prévenu la veille et qui ne l'avait pas crue se rend à Clermont-Romincourt. Il se fait embaucher en qualité de stagiaire sous un faux nom ignorant que Kirlian le recherche avec l'aide d'un officier de gendarmerie. Il surprend des conversations, se lie avec Alix la responsable de la boutique du circuit et rencontre son ami Jean Eudes, directeur d'une radio locale ainsi que Sylvain, un journaliste helvète. Ce qu'il apprend le laisse pantois.

Kirlian use de passe-droits, et les patrons des organisations internationales de course (Eagle président de la Foto - Formula One Team Organisation -, Mitford, celui de la WCO - World Council Organisation) possèdent un passé chargé. Ce sont d'anciens nazis ou d'anciens cerveaux du hold-up du siècle.

Le jour de l'inauguration de la piste de kart, Milton, un président de club de kart radié par Kirlian, distribue des tracts dénonçant moult magouilles. Il est prié par la gendarmerie de quitter les lieux. Al le rencontre mais n'apprend rien de plus concernant le rachat de JSM.

Kirlian est victime d'une agression en rentrant sur Paris mais l'enquête n'aboutit pas. Alix lui battant froid, Al conte fleurette à Véronique, la secrétaire de Kirlian, ce qui lui permet de feuilleter des dossiers contenant des factures de pièces détachées provenant de Turquie. L'annonce du rachat de JSM par Bertoni, le patron de l'écurie Steton, est officialisée. Les événements se précipitent. Boucher, qui appartient à un groupe fraternel influent, lui propose de découvrir l'identité des meurtriers de Christine s'il l'aide à faire tomber Kirlian.

Il rencontre dans une église un inconnu, qui n'est autre que Sylvain, en réalité flic d'Interpol, lequel lui apprend que Kirlian et Bertoni, en apparence deux ennemis, ont passé un marché. Le rachat de JSM permet à Kirlian d'affermir son poids politique. En outre Kirlian trafiquerait de la drogue. Véronique est assassinée dans les mêmes conditions que Christine et Al est mis en garde à vue. Sylvain et Boucher le font libérer mais il est obligé de se cacher. Au cours des jours précédents le Grand Prix de France, Al s'introduit sur le circuit, méconnaissable et retrouve Alix. Lors des premiers essais, à la faveur d'un incident dans la salle de presse, Al s'introduit dans le bureau de Kirlian, mais les dossiers ont disparu. Repéré, il parvient à échapper aux vigiles mais est arrêté le jour du Grand Prix par des gendarmes, relayés par des policiers de Paris.

Accusé d'être à l'origine des explosions survenues dans la salle de presse, il clame son innocence et conduit les pandores dans le stand de JSM. Le moteur d'une voiture contient de la drogue. Sylvain le fait relâcher et lui demande d'oublier Kirlian. Stéphane Durand, l'un des employés de Kirlian qui travaille pour Boucher et Sylvain, remet les documents à Al. Sylvain qui est passé du côté de Kirlian est mécontent et promet qu'Alix passera un mauvais moment si on ne les lui redonne pas.

 

Le sport et son univers impitoyable régi par les combines et surtout par l'argent.

Philippe Galilée le démontre à tous ceux qui ne seraient pas encore au courant des magouilles fréquemment pratiquées dans ce microcosme international.

Au delà de l'enquête dont l'épilogue n'est pas moral, il jette un regard critique sur des faits récents et les personnages qui gravitent dans ce roman seront facilement reconnaissables, tout du moins certains, dont un dénommé Midas.

Les imbrications politiques laissent planer un malaise et une fois n'est pas coutume les scènes de sexe sont inexistantes. Mais il est évident que ce livre n'aurait eu aucune chance pour l'obtention de l'ex-prix Moncey, le rôle de la gendarmerie étant assez ambigu. 

Philippe GALILEE : Du sang sur le circuit. Collection Exclusif N°5. Editions Vaugirard. Novembre 1994. 224 pages.

ISBN 9782265003118

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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