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5 mars 2020 4 05 /03 /mars /2020 04:53

L’œil était au fond de la mer…

Serge BRUSSOLO : L'œil de la pieuvre.

Pour une fois, j’oserai dire que je n’ai pas été convaincu par Serge Brussolo dans ce roman pour adolescents.

L’idée était bonne, mais le résultat peu probant. Surtout vers la fin. On se croirait au départ dans un conte pour des 9/10 ans, à la fin pour des 12/14. D’ailleurs, mon petit-fils qui aime piocher dans mes livres n’a pas aimé, ce qui est tout de même une référence vous l’avouerez. Bon d’accord, il a un tout petit peu plus de 14 ans, mais je lui fais confiance dans son appréciation, puisque, après tout, ce roman s’adresse à une nouvelle génération de lecteurs.

Entrons dans le vif du sujet. Sigrid est une adolescente qui depuis une dizaine d’année vit dans un sous-marin en compagnie d’autres jeunes gens de son âge. Seulement le monde marin est empoisonné (et empoissonné aussi, si vous y tenez !), les flots d’Almoha possèdent l’étrange pouvoir de transformer en poissons ceux qui sont au contact du liquide qui recouvre cette planète.

Une expérience qui commence à peser lourd sur les occupants du sous-marin. Les légendes courent, transmises de bouche à oreille, entretenues par un équipage qui se réduit dans d’étranges conditions. Mais le monde de la pieuvre est-il vraiment tel qu’il est représenté ? Entre les on-dit, les rumeurs, les réalités et les chausse-trappes, Sigrid et ses compagnons auront fort à faire. Surtout lorsque ceux-ci la laisseront tomber pour gagner du galon.

 

Un peu puéril et allant dans tous les sens, comme s’il s’agissait parfois de nouvelles accolées ensemble, Sigrid et les mondes perdus est toutefois une parabole sur la différence et la xénophobie.

Une leçon que ne comprendront pas forcément les lecteurs auxquels ce roman s’adresse. Mais on peut toujours espérer. Quelques illustrations, signées Emmanuel Saint et Serge Brussolo égaient ( !) ce roman.

 

Serge BRUSSOLO : L'œil de la pieuvre. Sigrid et les mondes perdus. Collection Le Masque Grand Format. Parution le 25 mars 2002. 322 pages.

ISBN : 978-2702480571

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4 mars 2020 3 04 /03 /mars /2020 04:59

Et les Ska, c’est exquis !

500. Recueil collectif. Nouvelles numériques.

Ce recueil événement comprend en réalité plus de 50 histoires, mêlant du rose au noir dominant. Les auteurs se sont pliés à la contrainte de ne pas dépasser 500 mots. Cela donne un aperçu de leurs talents et des couleurs chatoyantes à leurs contributions que seule la diversité des thèmes et des styles, si chère à notre ligne éditoriale, peut procurer.

Régalez-vous et rendez-vous au numéro 1000 !

 

Ainsi est présenté ce recueil de nouvelles rédigées par les fidèles, anciens et nouveaux compagnons de Miss Ska, une maison d’édition dirigée d’une main de maître par les fondateurs, créateurs, fournisseurs, metteurs en page et en scène, et maîtres de cérémonie : Jeanne Desaubry et Max Obione.

Ils ne se contentent pas de faire tourner la boutique mais ils mettent également la main au clavier afin de nous offrir de savoureuses histoires, tout comme leurs comparses dont la liste édifiante est déclinée ci-dessous.

Un véritable feu d’artifice que cet anniversaire que l’on peut déguster à volonté et à satiété. Comme au restaurant, on peut piocher dans un buffet garni, prenant un peu de tout, ou au contraire, choisir et établir son menu, sa sélection, en fonction de son appétit et de ses préférences, sachant que de toute façon on y retournera afin de goûter aux autres plats.

Tout naturellement, et c’était une évidence, certains auteurs se sont focalisés sur cet anniversaire des 500, en abordant Miss Ska avec gentillesse, bonhommie, respect, proposant même un petit historique, mais sans tomber dans la basse flagornerie.

D’autres, et j’y avais pensé immédiatement, se sont référés à Corneille et à son fameux Cid, pétillant, en jouant sur ce début de vers : Nous partîmes cinq cents et…. Je vous laisse compléter.

 

L’édifice Ska repose sur deux colonnes : le Noir et l’Erotisme.

Et ces deux piliers sont reliés par des arcs comme l’Humour, l’Emotion, L’Emoi, la Tendresse, la Poésie, le Sordide… formant un ensemble entrecroisé, cohérent et solide.

Jouant sur les deux collections Noire Sœur et Culissime, les textes oscillent parfois sur les deux genres, mais un autre thème s’inscrit souvent soit dans tout le texte, soit dans l’épilogue, comme le faisait avec bonheur Fredric Brown. La dernière phrase qui tue.

 

Même si je possède mes préférés, pour autant je n’ai pas négligé les autres participants à ce grand goûter goûtu, soufflant toutes les bougies, mais en plusieurs fois. Et, afin d’éviter les crises de jalousies, je ne vous donnerai pas quels sont les auteurs qui ont retenu tout de suite mon attention, et quels sont les textes que j’ai préférés. Pour une question d’équité, en partant du principe que comme dans le cochon, tout est bon. Même la queue…

Chacun de nous possède sa propre sensibilité, ses préférences littéraires, et il serait mal venu de ma part de signaler tel auteur ou tel texte comme étant le meilleur. Nous ne sommes pas non plus aux Césars.

Toutefois, je me permets une entorse à ce que je viens d’écrire. Juste pour signaler que Jan Thirion, qui nous a quittés le 1er mars 2016, est présent dans ce recueil, et pas seulement par la pensée. Deux micro-fictions, extraites de Tout moi, un ouvrage paru aux éditions du Horsain en 2014, qui nous font regretter une fois de plus son départ précipité. Une pensée émue, comme pour la madeleine de Proust.

 

 

Sommaire :

Préface de Jeanne Desaubry et Max Obione

AKKOUCHE Mouloud : De contes de faits.

ALFREDO Luis : Une fille tuante

ALLAM Valérie : Sur la route

ALMANT Bernard : Des poètes

BENSA Mathilde : Helichrysum

BLACKFOX Jon : Le pervers de notre quartier

BLOCIER Antoine : Confession de P.

BOUCAULT Marie Claire : Suite parentale

BOUQUIN Jérémy : 5 sans Mot

BRIXTEL Gaëtan : Chronique de la Sainte Famille

COLAS Françoise : Joyeux Noël

COLIZE Paul : 501

CORBEL Marek : L'irrésistible ascension de Miss Ska

DAR Dominique : L'emprise

DEMETZ Jean-Marc : La secte du 500

DESAUBRY Jeanne : L'agonie du Désamour

DESAUBRY Jeanne : 500 c'est trop

DESDUNES RoseLys : Le bateau livre

DILO Franq : Culotté

DILO Franq : Zob !

EMERY Alain : Mohawk

ERIS Patrick : Les entrailles de la Terre

GIRODEAU Gildas : 500g de lapin par-dessus bord

KIRCHAKER Stéphane : Fiat lux

LACROIX Marie : Tout à l'égout

LAFNER Chris : Crever à Katmandou

LANGANEY Anouk : Nous partîmes cinq cents

LELONZ Isidore : Pour 500, t'as les cinq sens...

LETELIE Isabelle : En pente avide

LHARSSON Linné : Vive ma coach !

MADAMOUR Baptiste : Sous-cutané

MEMBRIBE Franck : Suomynona relik engis

MEZZROW Al : Sleeping Donkey

NOCE José : Penser ? Non merci !

OBIONE Max : Punk Mimile

PHD : A table un soir avec Ernest Hemingway

PIACENTINI Elena : Il me reste... Quoi, déjà ?

PETROWSKI Stanislas : Rendez-vous au port

PORNON : Francis : Une villa

PRATZ Pascal : Exhibition

REMANDE Marie : 500 ouvrages pour 60 berges

SBRAGIA Vincent : 500 façons d'aimer

MADAME SOLANGE : Show chaud

SOLOY Claude : Naissance

STREIFF Gérard : La dépouille est facturée 500 euros

THIRION Jan : Tout lui 

TOSCA Aline : Celle qui fait la cour à une fille

TRIGODET Frédérique : 500 lignes

VAN GHEE Boris : Hôtel SKA

VATTAN Chantal : Jour de fête

VENTURA Ava : Harvey, mon amour

VIDAL Gilles : Un des cinq sens

VILLARD Marc : Dans le désordre

VINDY Marie : Ma mie

VITIELLO Bernard : Quingenti

YUNG Eric : Le nabot du Roi

ZOLMA J. : Homard m'ont tuer

500. Recueil collectif. Nouvelles numériques. Collections Noire Sœur et Culissime. Editions SKA. Parution 1er mars 2020. 185 pages. 0,99€.

ISBN : 9791023408034

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3 mars 2020 2 03 /03 /mars /2020 05:37

Elle est passée, elle s’est fait dépasser, puis elle a trépassé…

PONSON du TERRAIL : La baronne trépassée.

Paradoxalement, le baron de Nossac accumule les bonnes fortunes tout en étant désargenté. Il vit au dessus de ses moyens, mais le poste de gouverneur de la province de Normandie lui a été promis par le régent. Seulement la signature ne peut concrétiser ce projet, le régent décédant en ce 2 décembre 1723. Il ne reste plus au baron que de réaliser un beau mariage avec une jeune héritière, qui si elle n’est pas de noblesse, possède des arguments financiers indéniables.

Son ami le marquis de Simiane lui a trouvé ce recours pour éponger ses dettes, alors tant pis il va passer devant le curé. Seulement, le baron de Nossac est entiché de sa maîtresse, la duchesse d’A, et imprudemment il lui a promis de lui accorder vingt-quatre heures à son choix.

Lorsque Nossac est mis en présence d’Hélène Borelli, il est plus que charmé par sa beauté et sa fraîcheur et le voilà éperdument amoureux. Seulement, le soir de ces noces, il ne peut se résoudre à faire fi de son serment auprès de la duchesse. La nuit de noce est ratée et le lendemain, sa femme toujours vierge est partie sur ses terres en Bretagne.

Aussitôt il part à sa poursuite mais en cours de route la voilà arrêté, gisant dans un lit d’auberge, à la suite d’un duel mal négocié. Et lorsqu’il arrive enfin au but, c’est pour apprendre qu’Hélène est décédée. Le voilà fort marri. Un codicille au testament de la défunte précise que s’il n’est pas remarié dans les deux ans, jour pour jour, il devra restituer toute sa fortune aux parents de feu sa femme.

 

Un an plus tard, nous retrouvons le baron de Nossac, comme maître de camp des armées de terre sous les ordres du comte de La Motte. Le roi Stanilas est bloqué dans sa place forte de Dantzig et il faut l’exfiltrer. L’opération réussit grâce à Nossac et le roi passe la Vistule. Le baron l’accompagne quelque temps en chemin, mais Nossac est recherché par les Russes et un znapan le prévient qu’une embuscade est dressée sur son chemin.

Nossac fait donc demi-tour et rencontre en cours de route une petite troupe de chasseurs. Le chef se présente comme le Veneur noir accompagné de ses quatre fils. Après avoir tué quelques pièces de gibier, ils reprennent le chemin de leur castel, sis sur une montagne aride et désertique. Nossac va pouvoir se reposer mais auparavant on lui présente la fille, Roschen, et il est enivré autant par la fraîcheur de la demoiselle que la puissance des flacons de vieux vin.

Mais d’étranges événements se produisent dans ce château, car un soir, alors qu’il pensait s’être endormi avec un paysage aride, montagneux, désertique à sa fenêtre, le lendemain, il peut admirer un paysage verdoyant, bucolique, dans lequel des travailleurs agricoles s’attèlent à leur tâche. Son hôte lui fournit une explication plausible dans le fait qu’il a été le jouet d’une mystification la chambre deux étant meublée pareillement que la chambre une. Il fait également la connaissance de Gretchen dont la ressemblance étrange avec Hélène, sa défunte femme, le trouble. Et dans la nuit une forme blanche s’introduit dans sa chambre, se couche près de lui et le mord dans le cou.

Le lendemain alors qu’il fait part de sa mésaventure nocturne, le châtelain, comte de Holdengrasburg, lui démontre qu’il s’est tout bêtement blessé avec son épée. Nossac s’éprend de Gretchen et décide de l’épouser alors qu’il devait s’engager avec Roschen. Et le fantôme vampire rôde toujours.

Mais d’autres aventures l’attendent, notamment lorsqu’il rejoint la France et qu’il doit partir pour la Bretagne, en son domaine où est enterrée Hélène. Là encore il fera la connaissance d’un châtelain, de sa fille Yvonnette et d’une cousine créole qui elle aussi ressemble à s’y méprendre à Hélène. De plus le fiancé d’Yvonnette est le sosie de Samuel, l’un des fils du châtelain teuton.

 

La force de ce roman tient en cette troublante histoire qui semble se dérouler comme sur le fil du rasoir, jouant avec le crédible et l’invraisemblable.

Un jeu de miroir qui confine à la mystification, qui pourrait passer pour une vengeance, n’était la présence du marquis de Simiane pour remettre en selle le baron de Nossac lorsqu’il pense devenir fou.

Tout s’enchaîne toutefois avec une logique imparable et Pierre Alexis Ponson du Terrail ne mérite pas les reproches négatifs éhontés qui lui sont attribués. Combien de personnes daubent sur son style brouillon, alors que dans ce texte rien ne transparaît comme erreurs, bourdes, et autres pataquès dont on se gausse, à tort.

Ponson du Terrail joue avec son héros en le manipulant, l’entraînant dans des pistes qui s’avèrent fallacieuses dans un parcours du combattant semé d’embûches. Il lui propose des indices qui peu après sont subtilement démontés, remplacés par d’autres tout aussi trompeurs. Mais l’auteur ne se trompe pas en chemin, il ne se fourvoie pas dans son histoire, respectant sa logique. Et le lecteur ne peut le prendre en défaut dans son récit machiavélique.

Pourtant il est à l’aube de sa carrière, et ce ne sera que quinze ans plus tard que Paul Féval jouera dans le même registre parodique du vampire dans La ville vampire. La construction est habile et l’épilogue ne manque pas de saveur. Un véritable régal pour les amateurs de fantastique ainsi que pour ceux qui préfèrent les romans cartésiens.

Jean-Baptiste Baronian écrit dans sa préface que tout comme Le Chambrion, Un crime de jeunesse, et quelques autres qui n’excèdent pas 300 pages, ces romans n’ont presque pas pris une ride : tout y est ramassé, rapide, riche de surprises et d’agréments. Du roman romanesque pur qui défie certes la véracité et la haute psychologie mais où l’on se laisse conduire de plein gré, comme au milieu d’un labyrinthe féérique, entraîné par le seul fil de l’imaginaire. Et, tout compte fait, il n’y a que l’imaginaire pour enjamber le temps sans le moindre faux pas.

Relire ce roman et quelques autres, va à l’encontre des préjugés qui entourent ce romancier prolifique dont une très grande partie de l’œuvre est occultée par les Aventures de Rocambole, une saga qui s’étend sur plus d’une dizaine de romans.

Réédition : Editions Joëlle Losfeld. Parution 7 mai 1999. 270 pages.

Réédition : Editions Joëlle Losfeld. Parution 7 mai 1999. 270 pages.

PONSON du TERRAIL : La baronne trépassée. Collection Bibliothèque Marabout Fantastique N°574. Editions Marabout. Parution 1975. 256 pages.

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2 mars 2020 1 02 /03 /mars /2020 05:23

Comme sur les réseaux dits sociaux ?

Clive BARKER : Le jeu de la damnation

Dans Varsovie en ruines, parmi les Russes qui viennent de libérer la ville et les survivants polonais, parmi la désolation, parmi les décombres, la famine, existent des distractions parfois morbides.

Le sexe et les sports, si on peut appeler sport les combats de chiens faméliques, sont les principales occupations des troupes libératrices. Dans cette faune barbare, vivent des prédateurs, des voleurs, des joueurs, qui espèrent réaliser quelques substantiels profits.

Whitehead, le voleur, entend parler d’un mystérieux joueur de cartes qui a la réputation de ne jamais perdre, même une seule partie. Whitehead n’a plus qu’une seule obsession : rencontrer, affronter, et détrôner ce roi du jeu et des cartes.

 

Près de quarante ans plus tard, en Angleterre.

Marty Strauss végète depuis plus de six ans dans la prison de Wandsworth. Aussi, lorsqu’il est contacté par Will Toy, secrétaire de Whitehead, richissime magnat de la corporation pharmaceutique, afin de devenir le garde du corps de celui-ci, il n’a qu’une idée en tête : sa prochaine libération.

Mais dans cette prison dorée, d’étranges événements se déroulent que Marty ne peut juguler. Un inconnu pénètre une nuit dans la propriété pourtant équipée d’un système vidéo, de barrières électriques, de murs électrifiés. Blessé, mordu en plusieurs endroits par les molosses qui rôdent dans le parc, l’inconnu est soudain entouré d’une lumière vive puis il disparaît sans que Marty puisse le retenir.

Marty dont la femme Charmaine ne désire plus la présence temporaire ni même une visite, fait la connaissance de Carrys, l’énigmatique fille de Whitehead. Cet amour naissant de part et d’autre se trouve contrecarré par Mamoulian, l’inconnu du parc.

Mamoulian qui harcèle Whitehead et tous ceux qui l’approchent, à cause d’une dette, d’un pacte, d’une promesse non tenue. S’immisce alors dans la propriété une sourde angoisse, et au cours d’une nuit orgiaque, c’est l’horreur.

 

Cette histoire terrifiante va crescendo dans l’épouvante, en un combat atroce, effroyable, sans concession de part et d’autres de chacun des deux principaux protagonistes. C’est le conflit, la guerre entre deux antinomies, entre la vie et la mort, entre l’être et le néant.

Clive Barker, dans ce roman à l’écriture parfois insoutenable, prouve qu’il était à l’époque de la parution de ce roman, l’un des nouveaux maîtres britanniques du roman d’horreur, de suspense, de fantastique moderne, comme le signale si justement et avec admiration Stephen King.

 

J’ai Lu août 1989 N°2655

J’ai Lu août 1989 N°2655

J’ai Lu novembre 2000 N°2655

J’ai Lu novembre 2000 N°2655

Clive BARKER : Le jeu de la damnation (The Damnation Game – 1985. Traduction de Jean-Daniel Brèque). Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution janvier 1988. 456 pages.

ISBN : 2-226-03090-5

Rééditions : J’ai Lu août 1989 N°2655 et J’ai Lu novembre 2000 N°2655.

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1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 05:06

Dans la famille Chédid, on demande la grand-mère…

Andrée CHEDID : L’artiste et autres nouvelles.

Les dix nouvelles qui composent ce recueil sont extraites de trois ouvrages différents, dont vous trouverez les références ci-dessous, mais qui se rejoignent dans l’atmosphère globale.

D’ailleurs, en sous-titre, j’aurais pu écrire :

Et à la fin, c’est toujours la mort qui gagne… ou presque !

Des tranches de vie dont certaines ont un rapport plus ou moins direct avec la nouvelliste, son enfance au Caire par exemple ou son origine syro-libanaise.

Ainsi dans L’enfant des manèges, l’un des personnages principaux, ils sont trois, est un jeune garçon cabossé par la guerre, celle de là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée. Il est manchot, vit à Paris chez des cousins qui l’ont recueilli mais n’ont pas le temps de s’intéresser à son éducation. Sa rencontre avec un vieux forain dont le manège n’intéresse plus guère les gamins, va changer sa vie, ainsi qu’à celle du vieux bonhomme dont le quotidien se trouve bousculé.

La guerre, la guérilla urbaine, on la retrouve dans Mort au ralenti, alors qu’une jeune femme se dépêche. Elle a un rendez-vous et si elle n’est pas à l’heure, le jeune homme s’en ira, ne pouvant l’attendre. Seulement, une balle perdue l’atteint dans le dos. Elle s’effondre et parvient à tendre une photographie et murmurer quelques mots à un couple de personnes âgées qui s’éloignait de leur domicile.

Des ruines encore dans Le Grand Boulevard, mais elles ne sont pas provoquées par la guerre. Juste la rénovation d’un quartier, la démolition de vieux immeubles pour faire place à un grand boulevard. Pour Saïd, ce sera un immense terrain de jeux avec son ballon. Il n’a que sept ans. Mais pour la vieille Om Khalil, invalide, c’est la fin d’un monde. Elle ne veut pas regarder les gravats et tourne obstinément le dos à la fenêtre. Le conflit des générations.

Dans un registre légèrement fantastique L’homme-tronc et son voyageur. A chaque fois qu’il rentre chez lui, ses déplacements étant nombreux et lointains, il ne prend que le temps de déposer ses valises chez lui, et négligeant sa famille, il se rend sur le pont où trône immuablement l’Homme-tronc. Ils se parlent à peine, mais entre eux, il s’est établi une forme de complicité, d’empathie.

Toujours dans le registre semi-fantastique, L’Artiste, un rêveur qui se voit devant un piano, improvisant de magnifiques morceaux, ou écrivant un poème qui devrait lui assurer la notoriété. Seulement ce ne sont que des rêves, et lorsqu’il se réveille le lendemain, il est incapable de se remémorer ce qu’il a joué ou écrit. Et un soir, il rêve qu’il vole ou presque…

L’enfant refusé est une parabole sur la différence physique, tandis que Les métamorphoses de Batine démontre que vouloir trop bien faire va à l’encontre du but recherché. Et si cette dernière historiette dégage beaucoup d’humour, les autres en général sont beaucoup plus émouvantes, réalistes, en phase avec l’actualité à l’époque où elles ont été écrites. Ce qui ne veut pas dire qu’elles sont devenues désuètes ou obsolètes car certaines situations perdurent et reflètent un problème social qui est toujours de mise.

D’autres nouvelles sont plus personnelles, intimistes, comme Mon père, mon enfant, dans laquelle la narratrice évoque son enfance au Caire et ses relations avec son père.

 

Nul doute que cette femme de lettres et poétesse française, d’origine syro-libanaise, née au Caire le 20 mars 1920 et décédée à Paris le 6 février 2011, aura transmis à son fils Louis, et son petit-fils Matthieu dit M. ce sens de la poésie et de l’humanisme.

 

Sommaire :

L'artiste (Mondes Miroirs Magie. Flammarion. 1988)

L'enfant des manèges (Mondes Miroirs Magie. Flammarion. 1988)

Mort au ralenti (Mondes Miroirs Magie. Flammarion. 1988)

L'homme-tronc et son voyageur (Les corps et le temps. Flammarion. 1978)

Mon père, mon enfant (A la mort, à la vie. Flammarion. 1992)

Le Grand Boulevard (Les corps et le temps. Flammarion. 1978)

Face aux violettes (Mondes Miroirs Magie. Flammarion. 1988)

L'enfant refusé (Mondes Miroirs Magie. Flammarion. 1988)

Les corps et le temps (Les corps et le temps. Flammarion. 1978)

Les métamorphoses de Batine (A la mort, à la vie. Flammarion. 1992)

Andrée CHEDID : L’artiste et autres nouvelles. Collection Librio N°281. EJL éditions. Parution mars 1999. 96 pages.

ISBN : 2277302813.

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29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 05:55

Un héros inépuisable !

Brice TARVEL : Les dossiers secrets de Harry Dickson. Tome 5.

Nul mieux que Brice Tarvel pouvait devenir, sans conteste possible, le nouveau biographe officiel d’Harry Dickson.

De par son imaginaire, son sens de l’intrigue, sa linguistique riche, son sens de l’humour à froid, il incarne la continuité et en même temps le renouvellement dans des historiettes qu’auraient pu rédiger le Maître de Gand. Mais peut-être avec plus de dérision et le côté débonnaire de celui qui ne se prend pas au sérieux, sans pour autant se moquer de ses lecteurs.

 

Deux nouvelles enrichissent la liste déjà conséquente que Brice Tarvel consacre à ce héros né, comme bien d’autres, de l’imaginaire teuton et dont la saga fut réécrite ou imaginée par Jean Ray et quelques continuateurs dont Gérard Dôle et Robert Darvel : La forêt des dieux et Les voleurs d’ombres.

 

La forêt des dieux :

Lorsque la brave Vespasia Plimpton aperçoit de sa fenêtre, qu’elle avait ouverte non par curiosité mais pour y déposer sur le rebord une délicieuse et odorante tarte aux orties fumante, un homme courir comme un gamin et affublé, à la façon d’un Peau-rouge de cinéma à demi-nu, de plumes et autres objets vestimentaires tel un sauvage et s’enfoncer dans la forêt proche, Vespasia est estomaquée par ce comportement étrange déployé par un homme pourtant bien connu des habitants de Crowborough puisqu’il s’agit de l’apothicaire du village.

Elle fait part de sa vision à son mari Timothy, un vieil homme cloué dans un fauteuil roulant suite à une blessure récoltée lors de la guerre des Boers en Afrique du Sud. A l’épicerie du village, les langues vont bon train entre les commères qui lisent la gazette locale. La fille du garagiste a eu le crâne fracassé alors qu’elle cueillait en toute innocence des cryptogames. Naturellement la faute en incombe à un rôdeur malveillant, une supposition rapidement établie lorsque l’on ne sait rien des événements. Et pourquoi ce rôdeur ne serait-il point l’auguste Augustus, l’apothicaire, comme le suggère Vespasia, puisqu’elle l’a vu brandissant une sorte de hache ?

L’épicière avance une solution fiable. Son commis est apparenté avec Mrs Crown, la gouvernante d’Harry Dickson, le Sherlock Holmes qui n’est pas de papier. Aussitôt prévenu par téléphone, non portable, le célèbre détective se rend dans la charmante localité en compagnie de son apprenti aide-assistant, Tom Wills. Leur premier réflexe est de se rendre au poste de police afin de s’entretenir avec le pharmacien placé en geôle. Celui-ci éructe des mots incompréhensibles qui pourraient être des éléments de langage des habitants du Yucatan. Et dans sa vitrine trône une statuette de Yum Cimil, le dieu de la mort des Mayas. Et ce n’est pas tout car d’étranges effigies effrayantes sont érigées un peu partout dans la forêt, jusqu’à un manoir construit sur une île au milieu de l’étang communal, ce qui n’est pas commun. Une lettre émanant du frère du châtelain incite les deux détectives à se rendre au pays des Mayas.

 

Les voleurs d’ombres

Imaginez qu’un jour, alors qu’il fait beau et chaud, ou inversement, un individu marche par inadvertance sur votre ombre, la recueille et l’emporte chez lui. Un phénomène qui se produit par deux fois dans le quartier londonien de Peckham.

C’est ce qui arrive à Basil (Où vas-tu Basil… ?) Dobson qui vient de perdre son meilleur ami, noyé au cours d’une partie de pêche. Il a besoin d’un costume neuf pour enterrer son copain mais il est désargenté. Avec cette ombre qui ressemble à un morceau de tissu, il pense que sa femme va pouvoir lui confectionner l’habit adéquat pour cette cérémonie funèbre.

Au début de son récit, sa tendre épouse ne croit pas en ses racontars, d’ailleurs son haleine alcoolisée ne plaide guère en sa faveur, mais elle est bien obligée d’avaler cette fable. Les deux coupons de tissu, enfin prétendus tels, sentent la poussière et la miction canine.

Seulement ce tissu transformé en ébauche de costume possède une propriété qui se traduit par des fourmillements, et provoque des envies. Il faut absolument que Basil possède un bouquet de fleurs et un sifflet. Les dits objets en main, Basil retrouve sa sérénité.

Des individus peu scrupuleux l’ont aperçu alors qu’il ramassait à terre ce faux tissu ombré, et un malfrat nommé la Fouine Rouge s’introduit de façon fracassante chez le couple Dobson et oblige l’homme à lui remettre ses chaussures. Car c’est une chose sûre, les souliers sont magiques, comme si du chewing-gum était collé sous les semelles, retenant les ombres vagabondes. Et la Fouine Rouge a bien l’intention d’en faire un commerce pas forcément équitable.

Harry Dickson et Tom Wills sont amenés à enquêter sur ces étranges procédés car l’appétit de la Fouine Rouge et ses comparses est insatiable et provoque de nombreux incidents qui dégénèrent.

 

Deux historiettes, l’une rurale, l’autre urbaine, fertiles, comme l’imagination de l’auteur, en rebondissements et qui retiennent l’attention du lecteur, qui en redemande, par leur brièveté et leur densité, leur force d’évocation.

 

Brice TARVEL : Les dossiers secrets de Harry Dickson. Tome 5. Collection Absinthes, éthers, opiums N°52. Editions Malpertuis. Parution novembre 2019. 146 pages. 12,00€.

ISBN : 978-2917035726

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28 février 2020 5 28 /02 /février /2020 05:32

Comme il est difficile parfois d’assumer son métier de journaliste !

Fredric BROWN : La nuit du Jabberwock

Propriétaire, rédacteur en chef, journaliste du Carmel City Clarion, Doc Stoeger aimerait bien que pour une fois, une seule fois, les nouvelles à publier dans son journal soient de vraies informations.

Des informations, des relations d’événements dignes d’être éditées, et non de vulgaires bouche-trous ou des marronniers, répétitions d’articles des années précédentes.

Mais à Carmel City, il ne se passe jamais rien d’intéressant, de passionnant, pour un journaliste.

Cette nuit là pourtant, qui s’annonçait particulièrement calme et monotone, va se révéler comme une nuit où tout peut arriver : un amateur de Lewis Carroll, des gangsters de Chicago, un ami qui disparait, un fou qui s’évade de l’asile, une banque qui est cambriolée…

Une première page de journal, la fameuse Une, qui change au fil des heures pour se retrouver aussi terne et creuse qu’en début de soirée.

 

Ce célèbre roman de Fredric Brown, dans lequel le policier et le fantastique se côtoient, se marient, d’une façon admirable, ce roman est considéré à juste titre comme un classique et son chef d’œuvre.

La nuit du Jabberwock est à la croisée des chemins de l’œuvre de Fredric Brown, tenant une place à part, indéfinissable, inclassable. Et selon les différentes rééditions, il se trouve aussi bien catalogué policier que fantastique.

L’alcool y tient une grande part, comme dans bon nombre des romans de Fredric Brown, mais il ne peut être tenu pour responsable des événements qui s’écoulent. Tout au plus peut-il expliquer un certain raccourcissement dans le temps.

Entièrement imprégné de l’ombre de Lewis Carroll, d’Alice au pays des merveilles et de A travers le miroir, ce roman est un miroir déformant.

Le lecteur est en droit de se demander si tout repose justement sur l’interprétation des écrits du mathématicien anglais, ou si tout n’est que coïncidence fortuite due à l’imagination du héros malgré lui.

Première édition J’ai Lu. Parution 4e trimestre 1975.

Première édition J’ai Lu. Parution 4e trimestre 1975.

Réédition Editions Terre de brume. Collection Terres mystérieuses N°16. Juin 2005.

Réédition Editions Terre de brume. Collection Terres mystérieuses N°16. Juin 2005.

Réédition Rivages Noirs N°634. Octobre 2008.

Réédition Rivages Noirs N°634. Octobre 2008.

Fredric BROWN : La nuit du Jabberwock (Night of the Jabberwock, 1951. Traduction de France-Marie Watkins). Collection J’Ai Lu Policier N°625. Editions J’Ai Lu. Parution mars 1988. 224 pages

ISBN : 2-277-11625-4

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27 février 2020 4 27 /02 /février /2020 05:38

Et ce sont les certitudes qui nous dirigent…

Alain PARIS : Le dirigeable Certitude.

Lorsque nous avons quitté les protagonistes des quatre précédents volumes composant Le Monde de la Terre Creuse, soufflait, après huit-cents ans d’obscurantisme et de despotisme, un vent de liberté ressenti par tous comme un renouveau. Presque comme une préfiguration de ce qui s’est passé dans les pays de l’Est (soulignons que la première édition de ce roman date de 1990).

Avec toutefois une énorme différence : en partant d’une supposition uchronique, celle d’Adolphe Hitler grand vainqueur de la Seconde guerre mondiale.

 

Les dirigeants entretiennent dans les esprits l’idée que la vie est entièrement souterraine. La Terre n’étant plus un globe, la vie se trouvant en surface, mais l’inverse. Un retour au Moyen-âge savamment orchestré et régit par une sorte d’Inquisition nommée la Sainte-Vehme.

Sous l’impulsion d’hommes comme Arno von Hagen, l’astrologue Urien, et quelques autres, le Reich tremble sur ses bases, chancelle puis s’effondre.

Dans le dirigeable Certitude, premier volet d’une nouvelle série, nous retrouvons quelques-uns de ces héros, ou leurs descendants, quelques cinquante ans après les événements précités.

Au nord de l’Ecosse, un drôle d’engin en feu tombe du ciel. Seul un des membres de l’équipage survit pendant quelques temps, assez pour que des envoyés de Londres s’inquiètent. Ce dirigeable serait parti vers l’Amérique alors que le Reich était encore tout puissant à la recherche d’une hypothétique galerie conduisant hors de Terre.

Mais selon toute invraisemblance, les membres de cette expédition n’ont pas vieilli. Une mission est alors mise en place afin de découvrir qui se cache derrière ce mystère tandis que des fanatiques du Reich, des nostalgiques de cette sombre époque, semblent trouver un second souffle, une résurgence.

 

Encore un grand roman épique d’inspiration médiévale et uchronique mais également un roman d’aventures à trame historique qui devrait en passionner plus d’un. Et n’oublions pas que ce roman paru pour la première fois en 1990 n’a pas vieilli car la fièvre de l’Extrême-droite est de plus en plus prégnante de nos jours. De même que la résurgence nazie.

 

Alain PARIS : Le dirigeable Certitude. Le Monde de la Terre Creuse N°5. Collection Anticipation N°1749. Parution avril 1990. 192 pages.

ISBN : 2-265-04316-8

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26 février 2020 3 26 /02 /février /2020 05:49

Lorsqu’elle a aperçu le petit Manu pour la première fois ?

Lucie RAUZIER-FONTAYNE : Le sourire de Brigitte.

Dans la cour de récréation de la pension Bénézet, un internat de jeunes filles, c’est l’effervescence. Surtout autour du trio de chipies de la classe de quatrième. Claudie, la brunette aux nattes raides, la blonde Jacqueline et surtout la redoutable Françoise

Elles attendent avec impatience la nouvelle surveillante qui cumulera l’emploi de professeur de français. Quelle n’est point leur surprise lorsqu’elles découvrent qu’au lieu d’une revêche femme sèche, grognon et laide, c’est une jeune fille qui devra les encadrer.

Brigitte en effet vient tout juste d’avoir dix-huit ans et c’est son premier poste, personne d’autre n’ayant répondu à la petite annonce. La directrice la met en garde contre les trublions en jupes, mais Colette, un des jeunes collègues de Brigitte lui promet son soutien.

Brigitte a préféré venir dans cette petite ville du sud de la France qu’accéder à l’offre d’une vieille tante, qu’elle appelle Mamé et qui vit en Camargue, clouée dans un fauteuil de paralytique, afin de pouvoir s’assumer et de ne dépendre que d’elle-même. Depuis, la vieille dame refuse de la voir. Pourtant Brigitte s’obstine, lui écrivant des lettres d’excuses et d’explications, missives auxquelles Mamé ne daigne pas répondre. Brigitte a perdu ses parents alors qu’elle était encore jeune, et c’est sa marraine qui l’a élevée. Mais celle-ci vient de décéder et Brigitte se retrouve seule.

Les premiers contacts de Brigitte avec ses jeunes élèves n’augurent rien de bon, pour autant elle ne se décourage pas. Au contraire, elle s’est donné une mission qu’elle veut mener à bien. Eduquer et apprivoiser les rebelles. Toutes ne sont pas si chahuteuses et indociles, voire agressives. Priscille, par exemple, la jeune Malgache. Et grâce à ses questions anodines, Brigitte parvient à cerner le caractère de ses élèves.

La plupart sont des orphelines, ou n’ayant que des parents vivant très loin, ou encore ne pouvant s’occuper d’elles à cause de leurs activités professionnelles. Des gamines de douze à quatorze ans qui se sentent délaissées, rejetées du cocon familial. Il leur manque l’amour parental, la présence de personnes aimantes et compréhensives.

Lorsqu’elle se renseigne auprès de certaines de ses élèves, c’est par une légitime curiosité mais non par indiscrétion. Et afin de leur donner des occupations autres que des devoirs, elle leur propose de fonder un club, les Amies de la Nature. Et elle parlemente auprès de la directrice la possibilité de sortir le dimanche, non point en cortège dans la ville, mais à la rencontre de la nature. De recueillir des plantes et de les collectionner dans un herbier par exemple.

Cette proposition enchante la plupart de ces jeunes adolescentes. D’autres sont rétives mais devant l’enthousiasme des premières, bientôt elles sont une vingtaine à fréquenter ce club. D’ailleurs, une salle désaffectée au dernier étage du pensionnat leur est gracieusement prêtée, pièce qu’elles vont nettoyer, peindre, arranger à leur manière. Une réhabilitation qui ne peut que convenir à la directrice et aux membres du comité d’administration. Puis ce sera l’organisation d’une kermesse en fin d’année. Et surtout cette idée folle d’emmener ses jeunes élèves non loin de chez Mamé pour les vacances d’été, dans des bungalows près d’une manade dont Brigitte connait les propriétaires.

Car subsiste ce point noir, les non réponses de Mamé aux nombreuses lettres que Brigitte lui envoie. Heureusement, son cousin Vincent, un cousin éloigné, lui donne des nouvelles de Sylvestral, le mas où vit Mamé. Seulement l’armée l’a appelé, comme la plupart des jeunes de l’époque, et il effectue son service militaire.

Enfin le grand jour est arrivé et départ pour la Camargue… Brigitte a toujours su préserver son passé, aussi l’étonnement des gamines est à son comble lorsqu’elles aperçoivent un jour Brigitte se promenant librement à cheval dans un environnement qu’elle connait fort bien.

 

La bonne humeur règne dans ce roman, avec toutefois quelques passages émouvants. Un peu mièvre jugeront certains. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’adresse en priorité à des filles jusqu’à l’âge de quatorze ans, et que la première édition date de 1960.

Alors, le contexte est différent que celui qui nous entoure de nos jours, la société a évolué, pas forcément en bien, ni en mal, selon les appréciations de tout un chacun.

C’est également un roman social, et pour la jeune génération, un regard porté sur avant, comment c’était. De nos jours où le problème de la retraite et surtout de son financement, inquiète bon nombre de travailleurs, de politiques aussi mais pour des raisons pas toujours avouables, il est important de remarquer qu’une jeune fille d’à peine dix-huit ans pouvait être professeur de français dans un établissement privé, en n’ayant en poche que le baccalauréat et un certificat de licence. L’entrée dans le travail dit actif à un âge où les prétendants étaient jeunes. De nos jours il faut de longues études, en général Bac + 5, pour parvenir au même point, et les résultats enregistrés par les élèves ne sont pas toujours au rendez-vous.

 

Lucie RAUZIER-FONTAYNE : Le sourire de Brigitte. Illustrations de François Batet. Collection Idéal-Bibliothèque N°199. Editions Hachette. Parution 3e trimestre 1962. 192 pages.

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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 05:55

Le Talent d’Achille !

Peter RANDA : Remous dans la Base.

Dans leur chambre d’hôtel, sis place de la Concorde, Achille Nau et son ami le Balèse, font leurs comptes. Ils n’ont plus rien, mais pour autant Nau ne s’en inquiète pas.

En effet un certain Julius Eskers, d’origine suédoise, a réservé une chambre juste au-dessus de la leur, et Nau compte bien lui rendre une petite visite, en passant par le balcon.

Quelques semaines auparavant, évoluant sous le nom d’Arthur Durand, il avait été contacté par Thérèse Dewasme qui était inquiète pour la santé de son mari le Commandant Dewasme. L’homme était attaché au Centre aéronaval de Brest, section des Recherches, et en compagnie de quelques collègues, avait mis au point un nouveau moteur atomique. Nau n’avait rien découvert de particulier, mais une semaine auparavant Dewasme a été découvert mort. Conclusion officielle un suicide. Dewasme ayant de sérieux problèmes d’argent, or son suicide ne résout rien.

Nau ne croit en rien la version annoncée et s’il s’agit d’un assassinat, sa veuve devrait pouvoir toucher l’argent de l’assurance. Or Eskers était également présent à Brest au moment des faits. Nau a pisté Eskers et il pense que l’homme s’est emparé des plans du fameux moteur. Il n’est pas le seul à se trouver aux basques du Suédois. Un nommé Valdimoff doit se présenter le lendemain matin à l’hôtel afin de rencontrer Eskers. Les plans doivent passer d’une main à l’autre.

Bingo. Nau s’introduit dans la pièce et neutralise Eskers. Puis il s’empare d’une serviette contenant les fameux documents, ainsi que d’une forte somme d’argent, en se faisant passer pour Eskers auprès de la réception. Il étourdit l’individu, l’attache solidement, le cache sous une couette dans le lit, et repart par le balcon, ni vu ni connu. Seulement le lendemain matin, après avoir intercepté Valdimoff il lui remet dans un café de faux plans contre de jolis billets craquants, en lui indiquant qu’il remplace le secrétaire d’Eskers, Peraldi. Celui-ci se trouve en déplacement à Monte-Carlo afin de mener à bien des négociations concernant les plans auprès d’un agent du FBI. Rentré à l’hôtel, Nau découvre le Suédois mortellement assassiné à l’aide d’un couteau.

Il dépose un bouton de rose sur le corps, l’accompagne d’une carte visite sur laquelle il décrit une partie de ce qu’il vient de se dérouler, puis prévient le commissaire Ferrand, une vieille connaissance.

Auprès de Ferrand, Nau révèle une partie des épisodes précédents, déclarant qu’il veut enquêter sur la mort de Dewasme. Deux officiers de la sécurité de la base sont également prévenus. Mais entre les militaires et Nau, les points de divergence sont nombreux. Les deux membres de la Grande Muette veulent garder leurs prérogatives et sont persuadés qu’ils vont pouvoir résoudre seuls cette affaire et trouver l’identité du coupable sans s’encombrer d’un personnage extérieur. Et pour apprendre comment les plans ont pu sortir de la Base, de même que des microfilms. Mais c’est sans compter sur la pugnacité de Nau qui part pour Nogent en compagnie de son ami le Balèse. Peraldi s’est réfugié dans une grande maison de banlieue en compagnie de son amie et maîtresse Ina. Mais celle-ci semble bien mener la barque.

Puis ce sera Fontainebleau où Nau a tendu un piège à ses ennemis les truands et enfin direction Brest. Nau aura bien du mal à se faire accepter par les deux officiers militaires mais il aura le dernier mot.

 

Remous dans la Base est tout autant un roman policier qu’un roman d’espionnage, rondement mené. Et le personnage de Nau pourrait être, par certains côtés, intégré dans la catégorie des imitateurs, émules et épigones d’Arsène Lupin.

Toutefois il collabore activement avec le commissaire Ferrand, proposant de lui fournir les plans dérobés, gracieusement. Pour l’honneur de la France. Et s’il accepte de remettre les fameux plans et retrouver les microfilms, ainsi que la façon dont ceux-ci sont sortis du Centre de Recherches, ce n’est que pour la beauté du geste, d’un côté, car de l’autre il ponctionne les truands et les agents secrets, Russes et Américains.

 

Achille Nau : Son pseudonyme lui est donné après un malentendu téléphonique par le commissaire Ferrand qu’il retrouvera au cours de ses nombreuses aventures. Âgé de vingt cinq à trente ans, un visage clair aux traits régulier sous des cheveux châtains. Une sorte de nonchalance féline dans l’allure. La lèvre un peu gourmande, retroussée dans un sourire vaguement ironique. Il protège soigneusement son identité, et lorsqu’il agit à visage découvert se fait appeler Durand. Ce qui lui permet vis à vis des policiers de se démarquer de Nau. Né près de Royan, il est fils d’un procureur de la République, une révélation donnée dans le premier roman de la série. Mais ses papiers sont en règle et personne ne peut en douter puisque les registres de l’état civil ont été détruits pendant la guerre. Il s’adjoint, au fil des ses aventures, d’un bras droit surnommé le Balèse.

 

Peter RANDA : Remous dans la Base. Collection L’Aventurier N°27. Editions Fleuve Noir. Parution le 1er trimestre 1958. 224 pages.

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