Les Survenants, c’est comme des Revenants qui ne seraient pas nés… !
S’étant rendu à Bordeaux pour des raisons personnelles, Gilbert Gréjac, psychanalyste, assiste sur les conseils d’un ami à un concert de guitares autophonique sur la dune du Pyla.
Un chien qui se promène, répondant au nom de Spirou, dont le comportement étrange l’intrigue, puis la rencontre impromptue avec une jeune femme prénommée Odélie Duchâtelet, cette musique émanant dont on ne sait d’où, cette soirée va bouleverser la vie de Gilbert Gréjac.
Peu à peu il se rend compte que non seulement sa personnalité se modifie, que ses habitudes changent du tout au tout, mais que ses souvenirs eux-mêmes prennent des chemins de traverse. Ce n’est pas tellement le fait de ne plus fumer du jour au lendemain ou de se retrouver gaucher qui le perturbent vraiment, mais d’autres indices qui le conduisent à se poser des questions.
Et que dire de cette modification de prénom en Justin sur ses pièces d’identité ainsi qu’une altération de la photographie qui le représente. C’est lui sans être lui.
Il se confie à l’un de ses confrères mais celui-ci ne peut lui apporter de réponses concrètes sur ces manifestations. Alors, il effectue quelques recherches afin de trouver où réside Odélie. Ayant découvert qu’elle vit à Saint-Guénolé dans le pays Bigouden, il se rend sur place.
Dans le grenier de sa petite maison, la jeune musicologue a installé des harpes qui vibrent sous l’action du vent. Un concert initié par l’oncle de la jeune femme, qui depuis est interné et vit dans un état végétatif.
Odélie avoue qu’elle-même a perçu de nombreuses modifications dans sa façon de vivre. Elle était de mœurs libérées, elle est devenue pudique et réservée. Ce qui entraîne les deux jeunes gens à parfois s’affronter ou au contraire à se confier. Et, tout comme Gilbert/Justin, elle est devenue Odélie/Jeanne.
Ils se rendent parfois dans l’établissement où a été interné l’oncle Philippe, qui a des sursauts, reprenant pour quelques moments ses esprits. Il a fait des recherches sur ceux qu’il nomme les Survenants, des entités qui ne sont pas nées mais attendent l’occasion propice pour investir les corps et les esprits de leurs « jumeaux ». Ainsi il est persuadé que son Survenant n’est autre qu’Antoine Galois, un descendant virtuel d’Evariste Galois, un célèbre mathématicien mort en duel à l’âge de vingt ans en 1832.
Gilbert Gréjac, lors d’une analyse avec son confrère Pojols, précise sa pensée :
Elles investiraient notre personnalité de la même façon que des émissions de radio intempestives viennent brouiller celle sur laquelle tu t’es branché, sans que tu aies manœuvré le bouton de réglage.
Tandis que pour Philippe, l’oncle d’Odélie, il émet l’hypothèse suivante :
Notre monde, celui que nous connaissons, était peut-être considéré comme virtuel par des créatures qui, derrière leurs propres écrans, ne verraient en nous que des images de synthèse.
Ce roman de René Reouven détone par rapport à la production habituelle de cet auteur qui pourtant avait déjà abordé le fantastique et la science-fiction, dans notamment dans Les Grandes profondeurs.
On retrouve certes l’érudition dont fait preuve dans chacun de ses ouvrages cet ancien documentaliste de l’Education Nationale, mais l’aspect historico-humoristique y est effacé au profit d’un concept psychologique.
Et je n’hésite pas à affirmer, contrairement à de nombreux critiques et chroniqueurs, que ce roman non seulement ne m’a pas intéressé mais au contraire, que je me suis ennuyé à sa lecture. Mais ceci n’engage évidemment que moi, car malgré tout cette intrigue est solide. Mais trop verbeuse, trop sérieuse malgré son contexte, trop introspective à mon goût.
Ce qui ne m’empêchera pas de lire, ou relire, d’autres ouvrages de René Reouven, surtout ses intrigues policières dans lesquels il prend le XIXe siècle comme support et met en scène personnages fictifs et réels.
René REOUVEN : Les grandes profondeurs. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Une plongée dans le Londres de Jack l'Eventreur... En cette fin d'année 1918, les Londoniens sont en liesse. Ils fêtent la défaite de l'Allemagne, brûlant l'effigie de l'Empereur Guillaume II....
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2019/09/rene-reouven-les-grandes-profondeurs.html
René REOUVEN : Les Survenants. Collection Présences N°31. Editions Denoël. Parution le 24 octobre 1996. 256 pages.
ISBN : 2-207-24370-2
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