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24 décembre 2019 2 24 /12 /décembre /2019 08:38

Les Survenants, c’est comme des Revenants qui ne seraient pas nés… !

René REOUVEN : Les Survenants.

S’étant rendu à Bordeaux pour des raisons personnelles, Gilbert Gréjac, psychanalyste, assiste sur les conseils d’un ami à un concert de guitares autophonique sur la dune du Pyla.

Un chien qui se promène, répondant au nom de Spirou, dont le comportement étrange l’intrigue, puis la rencontre impromptue avec une jeune femme prénommée Odélie Duchâtelet, cette musique émanant dont on ne sait d’où, cette soirée va bouleverser la vie de Gilbert Gréjac.

Peu à peu il se rend compte que non seulement sa personnalité se modifie, que ses habitudes changent du tout au tout, mais que ses souvenirs eux-mêmes prennent des chemins de traverse. Ce n’est pas tellement le fait de ne plus fumer du jour au lendemain ou de se retrouver gaucher qui le perturbent vraiment, mais d’autres indices qui le conduisent à se poser des questions.

Et que dire de cette modification de prénom en Justin sur ses pièces d’identité ainsi qu’une altération de la photographie qui le représente. C’est lui sans être lui.

Il se confie à l’un de ses confrères mais celui-ci ne peut lui apporter de réponses concrètes sur ces manifestations. Alors, il effectue quelques recherches afin de trouver où réside Odélie. Ayant découvert qu’elle vit à Saint-Guénolé dans le pays Bigouden, il se rend sur place.

Dans le grenier de sa petite maison, la jeune musicologue a installé des harpes qui vibrent sous l’action du vent. Un concert initié par l’oncle de la jeune femme, qui depuis est interné et vit dans un état végétatif.

Odélie avoue qu’elle-même a perçu de nombreuses modifications dans sa façon de vivre. Elle était de mœurs libérées, elle est devenue pudique et réservée. Ce qui entraîne les deux jeunes gens à parfois s’affronter ou au contraire à se confier. Et, tout comme Gilbert/Justin, elle est devenue Odélie/Jeanne.

Ils se rendent parfois dans l’établissement où a été interné l’oncle Philippe, qui a des sursauts, reprenant pour quelques moments ses esprits. Il a fait des recherches sur ceux qu’il nomme les Survenants, des entités qui ne sont pas nées mais attendent l’occasion propice pour investir les corps et les esprits de leurs « jumeaux ». Ainsi il est persuadé que son Survenant n’est autre qu’Antoine Galois, un descendant virtuel d’Evariste Galois, un célèbre mathématicien mort en duel à l’âge de vingt ans en 1832.

Gilbert Gréjac, lors d’une analyse avec son confrère Pojols, précise sa pensée :

Elles investiraient notre personnalité de la même façon que des émissions de radio intempestives viennent brouiller celle sur laquelle tu t’es branché, sans que tu aies manœuvré le bouton de réglage.

Tandis que pour Philippe, l’oncle d’Odélie, il émet l’hypothèse suivante :

Notre monde, celui que nous connaissons, était peut-être considéré comme virtuel par des créatures qui, derrière leurs propres écrans, ne verraient en nous que des images de synthèse.

 

Ce roman de René Reouven détone par rapport à la production habituelle de cet auteur qui pourtant avait déjà abordé le fantastique et la science-fiction, dans notamment dans Les Grandes profondeurs.

On retrouve certes l’érudition dont fait preuve dans chacun de ses ouvrages cet ancien documentaliste de l’Education Nationale, mais l’aspect historico-humoristique y est effacé au profit d’un concept psychologique.

Et je n’hésite pas à affirmer, contrairement à de nombreux critiques et chroniqueurs, que ce roman non seulement ne m’a pas intéressé mais au contraire, que je me suis ennuyé à sa lecture. Mais ceci n’engage évidemment que moi, car malgré tout cette intrigue est solide. Mais trop verbeuse, trop sérieuse malgré son contexte, trop introspective à mon goût.

Ce qui ne m’empêchera pas de lire, ou relire, d’autres ouvrages de René Reouven, surtout ses intrigues policières dans lesquels il prend le XIXe siècle comme support et met en scène personnages fictifs et réels.

 

René REOUVEN : Les Survenants. Collection Présences N°31. Editions Denoël. Parution le 24 octobre 1996. 256 pages.

ISBN : 2-207-24370-2

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23 décembre 2019 1 23 /12 /décembre /2019 09:21

Attention, le petit oiseau va sortir…

Peter LOVESEY : Le bourreau prend la pose

Dans cette nouvelle enquête du sergent Cribb, dont nous avons fait la connaissance dans La course ou la vie, dix ans ont passé et huit enquêtes ont été conclues entre les deux affaires. D’ailleurs Le bourreau prend la pose ce sera la dernière apparition de ce personnage.

Le sergent Cribb n’a pas connu d’avancement, ce qui ne le tracasse pas outre-mesure. Le voici plongé dans une enquête qui est une contre-enquête, officieuse, avec laquelle il a plus à perdre qu’à gagner.

L’assistant d’un photographe est retrouvé empoisonné au cyanure. Meurtre, suicide ? La femme du photographe s’accuse et plaide coupable. Elle aurait agit ainsi pour se libérer d’un odieux chantage.

Oui, mais… mais une photographie découpée dans un journal et reçue par le ministre de l’Intérieur va tout remettre en question. La coupable est-elle vraiment coupable ?

Le sergent Cribb doit être extrêmement prudent au cours de cette enquête officieuse pour laquelle il n’est pas couvert.

 

Le personnage du bourreau décrit dans ce roman est particulièrement attachant, si je puis employer cette expression concernant un homme dont l’outil de travail est une corde.

Presque dix ans séparent la publication de La course ou la vie et ce roman. Il n’aura fallu qu’un mois pour La Librairie des Champs-Elysées, devenue de nos jours les Editons du Masque, pour réparer cet oubli. Pourtant, selon une aberration éditoriale ces deux romans sont le premier et le dernier d’une série de dix titres, les huit autres étant édités dans un savant désordre ou totalement oubliés. Les voies des éditeurs sont impénétrables !

Réédité sous le titre La Photo du bourreau. Collection Labyrinthes n°5. Éditions Le Masque. Parution 2 avril 1997.

Réédité sous le titre La Photo du bourreau. Collection Labyrinthes n°5. Éditions Le Masque. Parution 2 avril 1997.

Peter LOVESEY : Le bourreau prend la pose (Waxwork – 1978. Traduction de Christiane Poulain). Collection Le Masque Jaune N°1803. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution octobre 1985. 192 pages.

ISBN : 9782702416563.

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21 décembre 2019 6 21 /12 /décembre /2019 05:42

Mais contrairement à la Cène, il n’y a pas de Judas autour de la table !

Collectif : 13 à table ! 2018.

Non seulement ce genre de recueil permet au lecteur de participer à une bonne action, celle d’offrir des repas aux Restaurants du cœur, mais également de découvrir une large palette de thèmes abordés par des romanciers et nouvellistes, de talent, venant d’horizons divers, et d’hiver pour cette période de l’année.

Naturellement chacun retrouvera ici un ou plusieurs de ses auteurs favoris, mais il pourra élargir sa palette de lecture et s’imprégnant de textes d’auteurs qu’il pourrait négliger par ailleurs. Le thème de cette année étant l’amitié, nul doute que ces auteurs se feront de nouveaux amis !

Donc l’amitié, réelle ou virtuelle, sans oublier l’amour, sont évoqués mais pas que. Car l’amitié peut se porter aussi envers un objet. Mais disséquons quelque peu quelques-unes de ces nouvelles, attachantes, et qui pour certaines semblent être le reflet d’une histoire vécue par les auteurs.

 

Ainsi dans Tant d’amitié de Françoise Bourdin, une habituée qui ne ménage pas son amitié à cette initiative, dans Tant d’amitié donc, nous entrons directement dans l’intimité d’un couple. Après cinq années de mariage, Max est toujours amoureux de sa femme.

C’est bien, c’est même très bien. Il est restaurateur à Cabourg, et sa femme Cécile sert en cuisine. Théoriquement car depuis quelque temps, elle a tendance à s’éclipser durant le service du déjeuner, sous des prétextes qu’il juge futile. Un jour il trouve, dans le téléphone portable de Cécile, un message émanant de leur ami Max. Un message sibyllin qui l’amène à se poser des questions sur la fidélité de Cécile.

Une aimable nouvelle qui aurait pu être émouvante sans la double chute et qui s’avère humoristique. Quoi que…

 

Michel Bussi, bien connu pour ses romans d’énigme particulièrement machiavéliques, tarabiscotés et ingéneiux, offre avec Je suis Li Wei une histoire d’amitié virtuelle. Jeune adolescente, Abby vient de recevoir sur son ordinateur d’un autre âge un message, accompagné d’une pièce jointe, émanant d’une certaine Li Wei. Après quelques manipulations, l’informatique n’a plus guère de secret pour la jeune génération, Abby parvient à déchiffrer ce texte écrit en mandarin. Sa correspondante déclare qu’elle est une petite Chinoise qui va bientôt mourir, et elle raconte qu’elle vit avec quelques membres féminins de sa famille, les hommes étant partis défendre la ville. Elle habite la capitale de la soie et la guerre fait rage.

Encore une fois Michel Bussi livre une histoire étrange bien dans son style, et qui réserve bien des surprises. Agréables.

 

Pour Giacometti et Ravenne, un couple d’écrivain, placer une intrigue dans une nouvelle mettant en scène un couple d’écrivain, c’était presqu’un postulat. Ce n’est pas tant l’histoire qui m’a intéressé, mais ce qui se cache dans la narration. Les rapports entre deux amis qui rédigent un roman, leurs petits conflits, et ce qui les motive, ainsi que les relations avec les éditeurs.

Pourquoi déteste-t-on son éditeur ? Ah ah ah… Vaste sujet. Au début il vous promet l’extase, vous susurre que votre manuscrit est extraordinaire, que les critiques littéraires vont fondre comme beurre au soleil. Et puis, l’auteur naïf et vaniteux découvre que son livre n’est tiré qu’à deux mille exemplaires, que l’attachée de presse en est à sa troisième dépression consécutive suite au silence étourdissant des journalistes… J’en passe et des meilleurs.

De quoi refroidir les romanciers en herbe qui pensent déjà toucher le Graal avec leur premier manuscrit et qui ne sera pas forcément un Best-seller.

 

A huit ans, Mahdi est obligée d’apprendre ses leçons et faire ses devoirs sur les marches de l’escalier qui conduit au petit appartement où elle vit avec sa mère. Presque, parce que son père, un ancien de l’armée, est en pleine dépression suite à une opération militaire, et depuis il rentre tard le soir, s’imbibant de mauvais whisky. Elle n’est pas punie, mais elle ne possède pas la clé de chez elle. Pratiquement, tous les soirs, la voisine passe à côté d’elle sans un regard, sans un mot. Jusqu’au jour où cette madame Lenoir chancèle. Mahdi va l’aider à entrer chez la vieille dame qui vit seule. C’est le début d’une amitié. Mais il ne faut pas oublier que toute histoire possède son revers, sinon, ce ne serait plus une histoire. Même si c’est inventé. Ou pas.

Le père de Gabin est ingénieur en je ne sais pas quoi. Mon père à moi, il dit que les ingénieurs font de longues études pour apprendre à ne rien faire sans que ça se voit.

L’escalier de Karine Giebel, une auteur que j’apprécie plus dans ses nouvelles que dans ses romans.

 

Pour Marcus Malte, l’amitié se décline en un long poème tandis que Christian Jacq nous propose quelques couples d’amis qui vécurent dans l’antiquité égyptienne.

 

Plus amusant, L'incroyable stylo Bic quatre couleurs de Benjamin Bloom de Romain Puertolas qui décrit les pérégrinations d’un stylobille à quatre couleurs, objet indispensable à Benjamin Bloom, romancier à succès qui ne peut dédicacer ses ouvrages qu’avec ce stylo à quatre couleurs. Et lorsqu’un jour il perd cet outil indispensable dans ses séances publiques d’autographes, il refuse de se rendre sur le lieu de ses rendez-vous avec ses lecteurs.

 

Un habile mélange littéraire proposé par des auteurs venant d’horizons divers, qui ravira les lecteurs, quelque soit le genre qui les intéresse. Ils retrouveront avec plaisir des romanciers ou nouvellistes dont ils ont lu par ailleurs des romans ou nouvelles et découvriront peut-être de nouvelles plumes à emmagasiner dans leur Pile à Lire.

Personnellement, j’ai plus accroché à certaines de ces nouvelles qu’à d’autres, mais il ne s’agit que d’une question de sensibilité qui n’enlève en rien la qualité des textes. Tout comme on préfère un plat à un autre sans mettre en cause le savoir-faire de la cuisinière.

 

Sommaire :

BOURDIN Françoise : Tant d'amitié

BUSSI Michel : Je suis Li Wei

CHATTAM Maxime : L'anomalie

CLERMONT-TONNERRE de Adélaïde : Mon cher cauchemar

EPENOUX d' François : Œil pour œil

GIACOMETTI & RAVENNE : Best-seller

GIEBEL Karine : L'escalier

JACQ Christian : Amitiés égyptiennes

LAPIERRE Alexandra : Pyrolyse

MARTIN-LUGAND Agnès : Le monde est petit

MALTE Marcus : Bande décimée

PUERTOLAS Romain : L'incroyable stylo Bic quatre couleurs de Benjamin Bloom

SLIMANI Leïla : Zina

Collectif : 13 à table ! 2018. Editions Pocket N°17059. Parution novembre 2017. 288 pages.

ISBN : 9782266279529

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20 décembre 2019 5 20 /12 /décembre /2019 05:59

Quand t'es dans le désert… depuis trop longtemps…

Captain E. W. JOHNS : Biggles dans les sables maudits.

Afin d’aider un vieil ami, le général Mander, l’Air Commodore Raymond, chef de la police spéciale de l’Air, convoque Biggles à son bureau.

Le fils du général, Adrien Mander, est parti deux mois plus tôt en avion mais n’est pas revenu. Il est porté manquant, et aucune trace de son appareil n’a pu être détectée. Il s’était envolé en compagnie d’Hassan Sekunder, de nationalité probablement égyptienne, prétendant avoir travaillé pour la Société égyptienne d’archéologie, afin de se rendre sur un site dans le sud du Sahara, une oasis, Siwa, qui ne figure pas sur les cartes.

Là-bas, selon les affirmations de Sekunder, des vestiges d’une civilisation inconnue sont nichés dans des montagnes. Notamment le tombeau d’un grand roi du peuple Targui, Raz Tanazza. Cette tombe est enfouie sous un éboulement de rochers ainsi que d’autres sépultures dont certaines portent des inscriptions gravées dans le roc.

Adrien Mander était donc parti avec ce copain dont il avait fait la connaissance lors d’un précédent voyage en Jordanie. Mais selon toutes probabilités, Mander fils s’était montré naïf. Or, le général Mander avait reçu une missive de son fils, lorsqu’il avait fait escale à Marsa Matru, lui indiquant que les deux hommes devaient se rendre pour Siwa puis suivre un vol en direction du sud en suivant une ligne d’oasis. Le général, depuis n’avait plus eu de nouvelles, mais il s’était renseigné et le nom de Sekunder était inconnu de la Société égyptienne d’archéologie.

Biggles s’envole donc avec pour compagnons Bertie et Ginger à recherche d’Adrien, ou du moins d’une épave d’avion sans vouloir être trop pessimiste. Ils posent leur bivouac dans une petite oasis avant de rejoindre la ligne de montagnes qui s’élèvent au loin.

Lors d’un premier passage, ils repèrent une petite caravane composée de six chameaux et de cinq hommes. Un mirage ? Et à leur retour, ils s’aperçoivent que leur bivouac a été visité et une partie de leur réserve d’essence volée. Heureusement ils avaient enfouis quelque nourriture.

Lors d’un nouveau passage, un homme tout en bas leur fait des signes. Il s’agit d’Adrien Mander qui leur narre ses démêlés avec Sekunder, lequel lui a volé son avion. Biggles veut ramener le jeune homme chez lui en Angleterre mais Adrien Mander refuse. Il souhaite découvrir le tombeau, trouver peut-être des objets précieux, voire des émeraudes. Et surtout se venger de Sekunder dont il est persuadé que celui-ci va revenir sur les lieux de son forfait.

 

Ce roman du Captain W.E. Johns consacré à son héros favori s’inscrit comme à son habitude dans le domaine de l’aviation mais il tranche sur l’atmosphère qui imprègne en général ses intrigues. Plus grave, plus sérieux, presqu’un roman pour adulte. Et comme il est écrit en épilogue, Telle fut la conclusion d’une aventure désagréable, très différentes des missions habituelles de Biggles.

Pour autant ce roman est d’une lecture agréable, avec le désert pour toile de fond comme dans les romans d’aventures dont se sont inspirés bon nombre de romanciers.

L’auteur aborde ici deux problèmes qui ne gênaient nullement les romanciers, leurs lecteurs, la société en général, mais prennent de nos jours une acuité plus prégnante.

D’abord cette réflexion de Biggles :

Ce que je sais de la vie du désert montre qu’en ce qui concerne la propriété d’autrui les Arabes observent en général une loi non écrite qui fixe leur comportement. Les Arabes sont des Musulmans et dans son testament Mahomet a fixé certaines règles. Même au cours d’une guerre tribale, par exemple, il était fait défense de couper les arbres fruitiers ou les dattiers de l’ennemi, car s’il suffit de quelques minutes pour couper un arbre, il faut des années pour qu’il repousse.

Un précepte qui n’est pas toujours de mise, on en voit les effets néfastes, et sans être en temps de guerre, dans les forêts amazoniennes ou indonésiennes.

Autre réflexion, émanant cette fois d’Adrien Mander, en réponse à la pensée de Ginger qui exprime sa pensée à haute voix, déclarant que ce qu’ils projetaient était peut-être un acte de vandalisme.

C’est une question d’âge, de temps, affirma-t-il. Aucune personne honnête ne profanerait une tombe récente, mais il en va tout autrement avec des vestiges préhistoriques. Sur toute la surface du globe, les monuments anciens et les tombes sont mis au jour pour permettre de mieux connaître les populations qui occupaient le monde avant que l’on n’écrive l’histoire. Cela n’implique pas un manque de respect.

Mais à partir de quel moment, au bout de combien de temps ce qui est considéré comme une profanation ne l’est plus au service de l’histoire et de la science ?

Nota : L’oasis de Siwa existe réellement et se trouve en Egypte, proche de la frontière libyenne et située à quelques 560 kilomètres du Caire.

 

Captain E. W. JOHNS : Biggles dans les sables maudits. Traduction de Maurice Gay. Illustrations de Michel Jouin. Collection Spirale N°160. Editions G.P. Parution septembre 1970. 188 pages.

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19 décembre 2019 4 19 /12 /décembre /2019 06:45

Et je cours, je cours
Après quoi je cours,
Mais j'aimerai bien que l'on me dise un jour,
Après quoi je cours.

Peter LOVESEY : La course ou la vie

Les romans de Peter Lovesey, lorsqu’ils furent publiés en France, se démarquaient de la tendance du roman noir qui à l’époque envahissaient, et envahissent encore, les étals des libraires. Des ouvrages particulièrement intéressants par le ton, le style, l’humour discret  et implantés dans la fin du XIXe siècle qui fut marquée par l’affaire de Jack l’Eventreur.

Mais Peter Lovesey explora cette période sans emprunter au célèbre criminel, proposant des situations insolites qui avec le recul ne sont pas éculées ou désuètes.

Dans ce roman, situé dans le Londres de 1879, le sergent Cribb doit découvrir le meurtrier d’un coureur à pied, puis de son entraîneur, avec en toile de fond l’ambiance d’un sport bien particulier : une course d’endurance, à pied, durant six jours, dans une halle transformée pour ce concours en complexe sportif.

Comme dans toute compétition, matchs ou réunions sportives, il y a des favoris et des tocards, des professionnels et des amateurs, mais à qui cela peut-il profiter ? Peut-être l’argent, clé de voûte de ce genre de réunions. Les gains de la course, les enjeux, les paris des spectateurs, des bookmakers, des investisseurs, et des dettes qui peuvent en résulter.

 

La course ou la vie, titre de ce court roman, aurait peut-être gagné en consistance en développant un peu plus les phases de la course proprement dite, l’ambiance régnant dans les tribunes, les différentes réactions des spectateurs, les heurs et malheurs des différents concurrents.

Mais il est vrai que c’est le premier roman policier de Peter Lovesey, lauréat d’un concours organisé en 1969 par l’éditeur McMillan/Panther.

 

Peter LOVESEY : La course ou la vie (Wobble to Death – 1970. Traduction de Jean-André Rey). Le Masque Jaune N°1798. Edition Librairie des Champs-Elysées. Parution septembre 1985. 128 pages.

ISBN : 9782702416464

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18 décembre 2019 3 18 /12 /décembre /2019 05:50

La croisière s’amuse ?

Henri VERNES : La croisière du Mégophias.

Installé dans un hôtel de Seattle, étape avant de se rendre sur l’île de Vancouver afin de participer à un safari photo, Bob Morane épluche le journal pour passer le temps.

Il apprend ainsi qu’une activité fébrile se manifeste à bord du Mégophias, le navire du professeur Frost, un paléontologiste millionnaire bien connu pour ses recherches notamment en ce qui concerne le mythique Serpent de mer.

D’après l’article du journal, que lit attentivement Bob Morane, un certain Aloïus Lensky a apporté au professeur une dent longue de quarante centimètres ayant appartenu au squelette d’un dragon des mers. Il l’avait subtilisé à un certain Lemontov qu’il avait connu dans un bagne chinois en compagnie d’un nommé Li-Chui-Shan, des spécialistes de fructueux trafics dans les mers de Chine, indochinoises et malaises. Or Lemontov avait affirmé, sur la foi de Mongols, qu’un autre dragon, un Mosasaure, vivrait dans un lagon proche du cercle polaire.

Il n’en faut pas plus pour que le professeur Frost décide de mener une expédition dans cette région du globe. Ce qui explique l’activité déployée sur son navire, avec l’embauche de marins. Il n’en faut pas plus non plus pour Bob Morane reporte son voyage à Vancouver et décide d’embarquer à bord du Mégophias.

Il se présente donc à bord du navire où il est accueilli par des marins dont la tête de forbans ne lui dit rien qui vaille. Quant au professeur, il connait Bob Morane de réputation, lui montre la fameuse dent, mais refuse de le prendre à bord. Il a en phobie les journalistes et d’ailleurs il n’y a plus de place pour un passager supplémentaire. Les professeurs Van Dorp et Lewis, de l’université de Yale, seront présents, et il a réussir à les imposer à Aloïus Lensky malgré les réticences de celui-ci. D’ailleurs l’équipage a été recruté pour grande partie par ce personnage énigmatique et ancien bagnard.

Bob Morane ne se laisse pas démonter et comme l’appareillage ne se fera qu’un mois plus tard, il a le temps de changer d’apparence en se laissant pousser la barbe par exemple et se vêtir de vieux habits. Il parvient à ses fins en se présentant comme le nouveau cuisinier, lui qui ne connait rien à la restauration, mais ouvrir des boîtes de conserve, cela ne lui pose guère de problèmes.

Enfin le navire quitte le port de Seattle et lorsque le professeur Frost se rend compte de la présence à bord de Bob Morane, il est trop tard. Mais il ne pourra que se féliciter de l’initiative de l’aventurier car à bord ce sont bien des forbans qui dirigent le navire avec à leur tête Lensky qui n’est autre que Lemontov. Des empoisonnements, des rébellions, des meurtres, sont à mettre à l’actif de ces bandits des mers, et le professeur Frost ne doit la vie sauve que grâce à Morane.

Le navire continue sa route et est rattrapé par une jonque chinoise commandée par Li-Chui-Shan le pirate. Les deux malfrats s’étaient concertés et la vie de Bob Morane et du professeur ne tient plus qu’à un fil. Heureusement ils peuvent s’échapper et trouver refuge sur un îlot habité par des Mongols (Des Mongols ? C’est inouï ou plutôt Inuit !), mais les aventures continuent, toujours plus périlleuses, à la recherche du fameux Mosasaure antique dans les eaux polaires et sur la banquise.

 

Roman d’aventures classique, La croisière du Mégophias, est la treizième histoire de cette série mais n’atteint pas l’intensité qui imprégnera par la suite les tribulations de Bob Morane, surtout lorsque le personnage de Bill Ballantine est aux côtés du célèbre aventurier.

Même si la présence effective de monstres marins, car ils sont bien présents dans cette histoire, apporte une once de fantastique, tout relève du scénario d’aventures, débridées certes mais traditionnelles. Parfois Bob Morane se montre un peu comme un surhomme dans certaines situations, mais il possède aussi ses faiblesses. Ce qui le rend humain.

Cette histoire est complétée par un dossier de sept pages intitulé Que savons-nous du Serpent de mer, un aspect didactique et pédagogique qui n’est toujours pas à négliger.

Henri VERNES : La croisière du Mégophias. Treizième aventure de Bob Morane. Illustrations intérieures de G. Forton. Couverture de P. Joubert. Collection Marabout Junior N°66. Editions Gérard et C°. Parution en 1956. 160 pages.

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17 décembre 2019 2 17 /12 /décembre /2019 05:56

Sous le soleil, exactement…

Jacques SADOUL : Trois morts au soleil.

Pour la jeune commissaire Ledayon, Muriel de son prénom, nouvellement installée à Marseille, l’affaire qui lui échoit semble compliquée à souhait.

Sylvain Pridat, photographe à Cassis, est abattu d’une balle de revolver. Si seulement elle pouvait trouver un motif à ce meurtre ! Peut-être une histoire de photos, un trafic quelconque ?

Mais après le photographe, c’est un croupier puis un agent immobilier qui décèdent de la même façon.

Les soupçons de Muriel se portent d’abord sur Solange Destain, jeune femme entretenue par les deux dernières victimes, et qui avait eu des relations avec la première. Puis c’est sur Magali Chamin, la femme du croupier, que les suspicions de Muriel se focalisent. Soupçons alimentés par tout un faisceau de présomptions, de probabilités, de possibilités matérielles. Surtout que Magali est la reine du mensonge. Mais de preuves formelles, point !

 

Ce roman de Jacques Sadoul, qui obtint le Grand Prix de Littérature Policière en 1986, est un roman que le lecteur lit avec jubilation et délectation. En effet, le lecteur suit l’enquête de Muriel, assiste à ses tâtonnements, ses erreurs, ses amours aussi en passant, alors que dès la première page l’identité du coupable est dévoilée. Dévoilée, enfin presque, puisqu’il ne manque que le nom. Et le lecteur voudrait bien la guider la pauvrette.

Construit un peu comme un livre-tiroir, un livre gigogne, ce roman nous réserve un épilogue digne en tout point des maîtres de la littérature policière.

Jacques SADOUL : Trois morts au soleil. Editions du Rocher. Parution 1er avril 1986. 230 pages.

ISBN : 978-2268004495

Réedition J’ai Lu Policier N°2323. Parution avril 1989. 256 pages.

ISBN 2-277-22323-9

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16 décembre 2019 1 16 /12 /décembre /2019 04:59

Méfiez-vous des associations d’amateurs de Sherlock Holmes !

Paul JEFFERS : Irrégulier, mon cher Morgan !

Depuis sa création par Conan Doyle, Sherlock Holmes a inspiré de nombreux écrivains de romans populaires, soit en déformant son nom comme dans Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, soit en lui prêtant de nouvelles aventures comme dans La solution à 7% de Nicholas Meyer ou L’assassin du boulevard de René Reouven, ou encore Marx et Sherlock Holmes d’Alexis Lecaye sans oublier les nombreuses parodies et pastiches. La liste est trop longue pour être exhaustive, pour être énumérée.

Dans d’autres romans, il apparaît seulement en filigrane, comme dans le roman de Julian Symons, Dans la peau du rôle, où un acteur s’identifie au célèbre détective.

Sherlock Holmes possède ses fans qui lui ont consacré un musée, reconstituant le bureau, l’appartement du 221B Baker Street. Ils se sont également regroupés en associations dont la plus célèbre est celle des Baker Street Irregulars, du nom de la bande d’enfants traînant dans les rues de Londres et qui sont occasionnellement mis à contribution par le célèbre détective.

 

C’est cette association des Irréguliers de Baker Street qui est mise en scène dans ce roman de Paul Jeffers.

Les honorables membres de cette société holmésienne sise à New-York, à la veille d’un déplacement à Londres, reçoivent un mystérieux message. Un seul mot est inscrit, mais un mot terrible : RACHE. Ce qui signifie en allemand Vengeance. Plaisanterie ou farce ?

Ni l’un ni l’autre apparemment, car l’un des éminents spécialistes décède en se rendant au Queen Victoria Hôtel, rendez-vous de ces passionnés. Peut-être n’est-ce qu’un accident ?

Mais un second Irrégulier est victime à son tour d’un accident… ou d’un meurtre. Les participants à cette réunion commencent alors à se poser des questions, à s’interroger sur les motifs de ces homicides, allant jusqu’à se soupçonner mutuellement.

Irrégulier, mon cher Morgan ! est un roman amusant, truffé de références holmésiennes et dont se délecteront les amateurs des aventures de Sherlock Holmes et autres avatars.

Paul JEFFERS : Irrégulier, mon cher Morgan ! (Murder most Irregular – 1983. Traduction Christiane Poulain). Le Masque Jaune N°1807. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution novembre 1985. 192 pages.

ISBN : 9782702416518

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14 décembre 2019 6 14 /12 /décembre /2019 04:51

Sans cœur et sans reproche ?

Max-André DAZERGUES : Mam’zelle-sans-cœur.

A cause d’un collègue éconduit dans ses approches, Yvette Dumenges a été ainsi cataloguée. Pourtant ce surnom ne lui convient guère, elle qui honnête, sérieuse, travailleuse, s’occupant de sa mère maladive et de son frère, Robert, un peu plus âgé qu’elle, qui malgré son travail rue du Sentier passe des nuits blanches à sortir en boîtes.

A vingt-deux ans, Yvette est manucure à l’Institution Palatine, du nom du patron qui gère cette petite entreprise sise aux Champs-Elysées. Elle fait partie des quatre manucures qui officient dans des cabines ou chez des particuliers. Marthe est sa copine, tandis que France se laisse monter le bourrichon par Louise, la mauvaise langue de l’institution. C’est le chef-masseur qui lui a collé cette étiquette de Mam’zelle-sans-cœur, parce qu’elle a refusé ses avances.

Nonobstant, monsieur Palatine, un bon patron qui ne s’intéresse guère aux affaires privées de ses employés, demande à Yvette de se rendre chez un client, Maurice de Cibeins, grand nom, grosse fortune, évoluant dans la haute société, trentenaire célibataire, celui-ci vaguement malade ne pouvant se déplacer.

Yvette s’occupe consciencieusement des mains fines de Maurice, tandis qu’il la regarde, la dévore même des yeux. Entre eux deux s’établit une sorte de courant alternatif sentimental par mimines interposées. Collectionneur, il lui montre même ses objets précieux dont une bonbonnière, un drageoir. Mais Yvette ne peut s’attarder, d’autres clients l’attendent, et tous ne sont pas aussi aimables que Maurice. Sa journée finie, elle rentre chez sa mère rue d’Alésia.

Robert est un oiseau de nuit, qui joue, s’enivre, se drogue parfois, ayant pour compagnon Jean Simonin, un garçon peu fréquentable qui l’entraîne dans des boîtes, lui présentant des individus peu recommandables, lui fournissant des produits prohibés. Robert est sous son emprise et cela risque fort de mal se terminer. Et d’ailleurs c’est ce qui se produit.

A L’araignée rose, une boîte de nuit, il s’est amouraché d’Aïda la Marocaine, surnommée ainsi à cause de son hâle récupéré au soleil provençal, et ce soir là il se prend d’algarade avec Pablo Carlyse, un malfrat qui sert de trop près la belle danseuse, dont Jean Simonin fait partie des familiers.

Or, Pablo Carlyse entretient quelques relations avec Maurice de Cibeins, connu lors des soirées mondaines dans des cabarets, et un jour qu’il rend visite au riche collectionneur, il se retrouve seul dans le salon où sont exposés les précieux objets. Maurice de Cibeins, étant allé chercher un carton à dessin contenant quelques estampes, Pablo Carlyse en profite pour subtiliser la précieuse bonbonnière, pensant ainsi l’échanger contre une dette de jeu.

Lorsqu’il part, Maurice de Cibeins ne se rend compte de rien. Puis Yvette, devenue presqu’une habituée, se présente pour soigner les mains de son amoureux. C’est après son départ que Maurice de Cibeins s’aperçoit de la disparition du drageoir. Naturellement il pense que sa manucure s’est emparée de l’objet précieux, et son amour pour elle refroidit.

Débute alors un chassé-croisé, la bonbonnière passant de main en main, Yvette la retrouvant dans la poche de veston de son frère et honteuse la rapportant à son propriétaire légitime. Mais elle est trop bonne, trop naïve, elle aime trop son frère pour le dénoncer. Comment tout cela va-t-il finir, et quelles en seront les conséquences ?

 

Ce roman est classé Roman sentimental mais il possède une entrée policière, et pas uniquement sentimentale.

Max-André Dazergues, lorsque ce roman fut publié, n’avait que vingt-huit ans, mais déjà il possédait à son actif une bibliographie imposante. Un romancier sérieux, longtemps confondu avec Georges Simenon, prolifique, œuvrant dans tous les domaines de la littérature populaire, et qui jamais ne décevra ses lecteurs, employant plusieurs pseudonymes au gré de sa production et des besoins des éditeurs pensant étoffer leur catalogue en proposant divers auteurs qui n’étaient en réalité que le même.

Mais ce fut une pratique courante, car cela donnait l’impression au lecteur de découvrir de nombreux romanciers, comme ce le fut pour Simenon, René Poupon, Henri Musnik, Marcel Priollet et bien d’autres.

Max-André DAZERGUES : Mam’zelle-sans-cœur. Collection Le Petit Livre N°971. Editions Ferenczi. Parution le 22 juin 1931. 96 pages.

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13 décembre 2019 5 13 /12 /décembre /2019 05:44

Oui, c'est nous les fameux (femmes ?) corsaires
Les rois redoutés de la mer

Barbara CARTLAND : Le corsaire de la reine

Affirmer que Barbara Cartland n’a écrit que de fades romances superficielles à l’eau de rose, serait méconnaitre une grande partie de son œuvre.

Souvent, dans ses romans historiques, elle explorait le côté sociologique de la période dans laquelle elle plaçait son intrigue.

Ainsi, dans Le corsaire de la reine, Barbara Cartland ne se contente pas d’une histoire d’amour qui d’ailleurs tarde à se révéler aux deux principaux protagonistes, mais elle jette un regard parfois acide sur la période élisabéthaine.

 

Malgré son jeune âge, Rodney Hawkins est un marin accompli ayant fait ses débuts avec le célèbre sir Francis Drake, le corsaire de la Reine Elizabeth 1ere. Mais, ambitieux, il désire commander son propre bâtiment afin de poursuivre sur les mers et les océans les galions espagnols et ramener un butin conséquent à sa souveraine. Pour cela il lui faut lever une mise de fond importante lui permettant de réaliser son rêve. Acheter un navire, l’Epervier.

Une partie de la somme est déjà trouvée, et son parrain, le secrétaire d’état de la reine lui fournit une piste : se présenter auprès de sir Harry Gilligham qui non seulement lui donnera le complément nécessaire mais lui proposera en compensation un mariage avec sa fille Anne.

Alors qu’il arrive, cheminant benoîtement sur son cheval, Rodney est agressé. Pas méchamment, juste une flèche tirée dans son chapeau. Il aperçoit une jeune fille qui s’enfuit et il la retrouvera au château. Il s’agit de Lisbeth, une gamine délurée et pétulante d’à peine dix-huit ans, qui s’amuse comme elle peut. Parmi les autres enfants de sir Harry Gillimgham, son fils Francis, un an de plus que Lisbeth, et de la même mère. Tandis qu’Anne est issue d’un premier mariage.

Sir Henry Gilligham est fier de la comparaison effectuée avec le roi Henri VIII, qui a usé d’une façon ou d’une autre de moult femmes. Et s’il possède la stature imposante de ce roi Barbe-Bleue, Sir Henry lui n’en est qu’à la troisième. Une trentenaire fort belle mais qui n’éclipse pas aux yeux de Rodney la jeune et rousse Lisbeth et surtout Anne qui rayonne. Le mariage ne sera concrétisé que lorsque Rodney reviendra de son expédition, couvert d’or bien entendu, afin de rembourser la mise de fonds.

Attardons-nous quelque peu sur ces trois enfants afin de percer leurs petits secrets. Anne se confie à sa jeune sœur. Elle ne veut pas se marier car elle s’est convertie en cachette à la religion catholique, et elle désire entrer dans un couvent, devenir nonne. Francis lui est un pleutre, un timide, qui préfère versifier, mal, et regarder les nuages s’enfuir dans le ciel. Quant à Lisbeth, c’est une intrépide qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

 

Rodney, possédant les fonds nécessaires à son embarquement, prépare activement son voyage avec à son bord un équipage aguerri. L’Epervier est un fin voilier doté de pièces d’artilleries suffisantes en nombre pour défier des frégates espagnoles. Francis doit également faire partie de l’équipage, sur les ordres de sir Henry, qui veut aguerrir son fils, lui apprendre la vie. Le voir devenir mâture.

Francis se fait attendre, Rodney s’impatiente. Enfin le voici. Mais arrivé en pleine mer, Rodney s’aperçoit qu’il ne s’agit pas de Francis mais de Lisbeth qui a pris les vêtements et la place de son frère. Rodney est fort mécontent mais il ne peut revenir à son point de départ, aussi accepte-t-il bon gré mal gré cette présence inopportune. Les marins abusés ne se doutent pas de la mystification, d’autant que Lisbeth va bientôt se montrer indispensable. Lors de manœuvres puis du combat naval dans la mer des Antilles et l’arraisonnement d’un galion espagnol, elle se dévoue, soignant les blessés malgré la présence à bord d’un chirurgien. Mais celui-ci est dépassé par les événements.

Une surprise attend Rodney car dans ce galion dormait un jeune gentilhomme espagnol qui se réveille quelques heures plus tard, ayant cuvé ses libations. Entre Lisbeth et le nouveau venu s’établit une sorte de complicité qui attise la jalousie de Rodney. Mais il est stupéfait car ce gentilhomme dévoile une cachette dans sa cabine, mettant au jour dans un coffret de nombreux trésors, bijoux et pierres précieuses.

 

Le voyage continue avec ses aléas épiques, combats navals contre de nouvelles frégates espagnoles, et cette attirance que Lisbeth et Rodney éprouvent l’un pour l’autre, malgré l’attrait de la jeune fille envers l’importun.

Lisbeth est déterminée, une femme forte malgré son jeune âge, et en multiples occasions elle sait démontrer une force de caractère qui manque à bien des marins constituant l’équipage.

Si cette histoire d’amour prend une place importante dans le récit, c’est bien la personnalité de Lisbeth qui l’emporte. Et tout ce qui entoure l’intrigue, dans laquelle quelques ramifications interffèrent : le social et les relations entre femmes et hommes, entre Anglais et étrangers, la place de la femme dans la société et la prépondérance de la religion. Mais pour beaucoup rien n’a beaucoup changé ou évolué.

Ainsi, il est inconcevable qu’une femme puisse soigner un malade, qui plus est un blessé. Le puritanisme n’étant pas un vain mot. Et si la gent féminine a accès à la culture, à l’enseignement, ceci se ne concentre que sur les arts dits mineurs. Pourtant, c’est femme qui est à la tête du royaume en cette année 1588.

Les quelques citations qui suivent ne peuvent que mettre en exergue les propos tenus et la portée plus profonde que les romans de Barbara Cartland contiennent alors qu’ils ne sont considérés que comme d’aimables bluettes.

 

Quelle honte d’attaquer la réputation d’honnêtes gens, bons patriotes, sans autre preuve que la couleur de leurs cheveux !

Les sentiments religieux s’affrontaient alors avec passion. Les controverses, âprement menées, ne paraissaient à Lisbeth qu’autant de bruits stériles. La religion, pour elle, consistait à s’ennuyer le dimanche à d’interminables cérémonies dans l’église du village.

Ce n’est pas là une besogne pour, ni pour aucune femme, d’ailleurs…

Qu’importe ! Je continuerai à soigner les blessés. Nul au monde n’a le droit de me l’interdire, rétorqua-t-elle.

Elle comprenait toutefois combien chaque femme, à quelque degré que ce soit, doit représenter un idéal pour l’homme tout comme elle doit être une inspiratrice, un stimulant, une raison d’être à toute entreprise, à tout but à atteindre.

Inventer un mensonge, cela n’est rien, si dit Lisbeth, mais après, comme il est difficile de ne point se trahir.

Autre édition : Géant Marabout N°174. 1963. 314 pages.

Autre édition : Géant Marabout N°174. 1963. 314 pages.

Barbara CARTLAND : Le corsaire de la reine (Elizabethan Lover). Traduction de Françoise Colas. Editions J’Ai Lu N°1077. Parution 16 juin 1980. 256 pages.

ISBN : 9782277210771

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