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2 juillet 2018 1 02 /07 /juillet /2018 08:24

Une petite bière, vite fait, pour le voyage ?

Mouloud AKKOUCHE : Cercueil Express.

Cela fait dix-sept ans que le narrateur n’est pas revenu au pays, au bled. Amuseur public, humoriste reconnu, il a brocardé quelques têtes et le régime, et depuis il est interdit de séjour en Algérie. Ce sont des choses qui arrivent.

Seulement, lorsque son frère lui annonce que leur mère est très malade et risque de mourir d’un jour à l’autre, il décide de se rendre là-bas, au pays de son enfance, dans un petit patelin de Kabylie. Son femme l’a prévenu, il risque d’être arrêté dès sa descente d’avion, mais il n’en a cure car son fils aîné a imaginé un moyen, infaillible pense-t-il, de traverser la Méditerranée.

C’est dans un cercueil qu’il va voyager. Ce n’est guère confortable mais que ne ferait-on pas pour revoir sa mère, la famille, le pays dont il garde des souvenirs émus.

 

Nouvelle nostalgique, Cercueil express met en avant l’amour filial qui peut se transcender dans certaines circonstances. Il faut toutefois un déclic pour affronter les dangers qui ne manquent pas de s’élever.

Le déclic, ce sera le fils du narrateur, mais celui-ci n’attendait peut-être que cet encouragement pour braver l’adversité. Car il n’a pas pu effacer de sa mémoire cette enfance quiète dans son village natal entouré de l’affection des siens. Par bravade il s’est opposé au régime, les armes employées n’étant que le rire. Il faut croire que l’humour peut se révéler plus efficace que les armes de combat.

Une tragi-comédie dont l’épilogue n’est pas celui que j’avais imaginé, et c’est très bien ainsi. Mouloud Akkouche, dont on n’a pas souvent de nouvelles, se révèle un excellent conteur qui sait jouer avec les sentiments et les émotions.

 

Mouloud AKKOUCHE : Cercueil Express. Nouvelle numérique. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution le 1er juin 2018. 23 pages. 2,99€.

ISBN : 9791023407204.

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 06:52

Ça tombe bien, le lit de la rivière était à sec… Ou presque !

Alexis AUBENQUE : Des larmes sur River Falls.

Ancien reporter de guerre, Stephen Callahan est revenu au bout de treize ans de journalisme à travers le monde au pays natal à River Falls. Il est maintenant rédacteur au journal local, spécialisé dans les pages Culture et Loisirs.

Et il a retrouvé avec un certain plaisir, plaisir partagé, Lindsay Wyatt, celle avec laquelle il sortait lorsqu’ils avaient vingt ans à peine, et avait abandonnée. Depuis ils couchent ensemble, et dorment même dans la même chambre mise à leur disposition par la sœur de Stephan dans le manoir ou elle vit avec ses trois enfants.

Le shérif Mike Logan, élu et en poste depuis quelques mois après avoir exercé des fonctions policières à Seattle, est heureux entre un travail guère prenant, et Hurley sa femme psychanalyste attachée au FBI. Elle doit se rendre dans la capitale de l’état de Washington de temps à autre, y restant à chaque fois quelques jours, mais le travail prime.

A l’aube de ce lundi 4 septembre, la petite ville de River Falls se voit placée sous les feux des projecteurs. Un fermier a été crucifié dans un champ, une mise en scène qui le transforme en épouvantail, avec un panneau accroché à ses vêtements : Là est ta place !

Naturellement, la première chose à faire est de se renseigner auprès de la famille du défunt, William Waugh, sa femme qui est par la même occasion devenue sa veuve, et ses deux filles, Michelle et Betty. Des offres d’achat de terrains lui avaient été proposées, offres qu’il avait repoussées. Ce pourrait-il que ceux qui désiraient acquérir ces terres, afin de s’agrandir, aient trouvé ce moyen expéditif pour forcer la main ? Mais d’autres événements, d’autres situations posent également problèmes.

Alors Logan, Lindsay, Stephen se lancent chacun de leur côté ou presque dans cette enquête, avec des apports extérieurs non négligeables. Ainsi l’aide apportée par Beverly, la nièce handicapée de Stephan Callahan et qui ne se déplace qu’en fauteuil roulant se révélera précieuse. Mais une intruse s’immisce dans cette enquête. Leslie Callwinn, journaliste et romancière à succès. Sa présence enchante certains des protagonistes tandis que d’autres la déplorent. On ne peut pas plaire à tout le monde, mais il est vrai que Leslie possède une réputation assez sulfureuse.

En deux journées intenses, avec quelques nouveaux cadavres à la clé, cette enquête sera résolue. Mais au prix de bien des avatars. Des cadavres sortiront des placards, la métaphore habituelle pour indiquer que des secrets seront dévoilés, des confidences qui n’auraient jamais dû être divulguées, mais parfois cela fait du bien de se soulager ou d’être soulagé. Parfois cela se transforme en confessions douloureuses, aussi bien à avouer qu’à entendre.

 

L’aspect psychologique est toujours présent mais englué dans un voile, car décrit en quelques lignes. Ce côté narratif s’intègre avec douceur dans le développement car ce qui importe, tout autant pour l’auteur que pour le lecteur, c’est l’action. Une aventure trépidante servie par des dialogues millimétrés, vifs, rapides, des réparties tranchantes ou doucereuses comme des billes de flippers qui se bousculeraient ou se frôleraient sans déclencher le tilt fatal.

 

Dans cet excellent roman de divertissement, Alexis Aubenque aborde également des sujets sensibles, familiaux, professionnels, de société, d’intolérance, comme ça en passant, comme si de rien n’était, et pourtant il se montre un excellent observateur et analyste. Comme le démontrent les quelques citations placées en fin d’article, citations parfois finement humoristiques et pourtant si vraies, si justes.

On retrouve quelques personnages ayant déjà gravité dans d’autres ouvrages d’Alexis Aubenque, tel Ryan Bonfire, ce motard marginal affilié à la bande des Hommes en noir, une association qui s’est donné pour but de traquer des assassins ayant échappé aux filets de la police. Et ces personnages, dont la participation est plus ou moins prégnante dans le récit, entretiennent un lien entre chaque volume de la série River Falls mais également avec d’autres romans de l’auteur. Le tout constitue une saga qui peut se lire soit en abordant les romans les uns après les autres, dans l’ordre de parution, ou indépendamment, chaque volume possédant son histoire propre et complète.

 

Plus les années passaient, plus il devenait difficile de fumer sans passer pour un malotru.

Le journaliste a besoin d’une vision globale d’un sujet. Il ne s’arrête jamais aux évidences, il va toujours creuser plus loin. Le policier n’a qu’un souci, trouver un coupable à donner en pâture à la population.

Franchement qui pouvait prétendre que la météorologie était une science ? Les rares fois où les prévisions concordaient avec la réalité, ce n’était que pure coïncidence. Voilà pourquoi, dans les journaux, la rubrique se trouvait placée à côté des prédictions fantaisistes des astrologues.

Aucune femme, quelle que soit l’époque, ne supportait de se faire cocufier. Il n’y avait que dans les mauvais romans écrits par des hommes qu’elles acceptaient d’être trompées sans réagir.

Si l’esclavage des Africains et le génocide des Indiens étaient les deux piliers de l’infamie de la domination blanche sur le continent, les sort des Asiatiques, pourtant tout aussi intolérable, était souvent absent des manuels d’histoire.

Pourquoi écrivons-nous sur le nazisme, sur l’holocauste ? Un film pourrait suffire, mais non, il ne faut jamais banaliser la violence et toujours la dénoncer.

Alexis AUBENQUE : Des larmes sur River Falls. Collection Bragelonne Poche. Editions Bragelonne. Parution le 13 juin 2018. 384 pages. 7,90€.

ISBN : 979-1028109042

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30 juin 2018 6 30 /06 /juin /2018 12:49

Un cataphile peut-il faire carrière ?

Gilbert GALLERNE : Sous terre, personne ne vous entend crier.

Quand deux équipes de police se retrouvent au même endroit, en même temps, mais ayant à accomplir des missions différentes, inévitablement il en résulte… une bavure !

Alors que le commissaire Jonzac, qui dans deux ans devrait pouvoir briguer une retraite bien méritée, est en planque avec ses adjoints afin d’arraisonner le Serbe, un malfrat tueur de flics qu’ils pistent depuis des mois, l’équipe de la jeune commissaire Nadia Brochart est elle aussi en intervention. Pour alpaguer un autre individu, responsable de nombreux braquages. Seulement aucune concertation n’a eu lieu et le Serbe se rend compte qu’il est dans une nasse. Des coups de feux sont échangés, et résultat du match, un mort et des blessés, dont l’inspecteur Michel qui devait quitter le 36 quai des Orfèvres deux semaines après. Il est entre la vie et la mort.

A la Tour Pointue, les oreilles de Jonzac chauffent, et naturellement Nadia Brochard, qui a les dents longues, l’accable auprès de Panaffier, le grand patron de la P.J.

 

Claire fête avec quelques amis la fin de l’année scolaire. C’est Erwan qui organise cette réunion, et il a choisi, pour changer un peu, qu’elle se déroulerait dans une salle souterraine non loin du Sacré-Cœur. Au moins ce sera moins morbide que le cimetière du Père-Lachaise ou Montparnasse, les sorties précédentes auxquelles elle avait assisté. Il s’agit de galeries creusées à la fin du XIXe siècle afin d’extraire les pierres destinées à la construction de la pièce montée montmartroise.

Mais Claire n’est pas en forme, un inconvénient menstruel, et son petit copain l’a mauvaise. Tant pis pour lui, d’ailleurs il préfère rester à la surface et boire un coup, voire plusieurs, tout seul. A un certain moment, Claire ressent une envie pressante et s’éloigne de la petite bande. Funeste décision, car elle sera retrouvée morte, mal en point.

 

Car dans l’ombre des galeries, Mikael, un marginal, est tapi. Il survit dans des squats, mangeant au petit bonheur la chance, déambulant dans les souterrains, galeries, carrières et autres tunnels, dont il connait les entrées, les chatières, indécelables à l’œil nu. Il n’est pas vraiment nyctalope mais peut quand même se déplacer sans trop de difficultés. Et il abrite en lui, dans son esprit, l’Autre, son double, qui lui aussi réclame son dû.

 

Lorsque le cadavre de Claire est découvert, le ciel tombe sur la tête de Jonzac. Il s’agit de sa nièce ! Or, non seulement la bavure avec la commissaire Nadia Brochart n’est pas digérée, mais comme Claire fait partie de sa famille il ne peut s’immiscer dans l’enquête, pour des raisons déontologiques.

Mais cela ne va pas l’empêcher de se mêler dans l’enquête, même si l’affaire est confiée à Nadia, et ce malgré l’absence d’atomes crochus entre eux. L’enquête tourne d’abord autour des relations de Claire et peu à peu le cercle s’élargit car d’autres cadavres sont à dénombrer. Une descente dans les arcanes des bas-fonds de la capitale est prévue au programme.

 

Gilbert Gallerne nous propose un roman étouffant, angoissant, stressant. La Bête, Mikael en l’occurrence, jouant avec les nerfs à cause de sa double personnalité, sachant défier les forces de police et tous ceux qui le traquent. Et l’atmosphère des galeries souterraines, des tunnels du métro parisien, des stations fantômes, des souterrains, des égouts, augmente cette angoisse latente qui étreint le lecteur. Lequel découvre tout un monde caché, qui a fait les beaux jours de certains romans feuilletons dont Zigomar de Léon Sazie. Ou encore dans Dernier homicide connu d’Olivier Kourilsky qui nous avait entraînés dans les stations fantômes du métropolitain.

Mais Gilbert Gallerne est un vieux (relativement) routier du roman policier et d’angoisse, et il a mijoté un roman particulièrement poignant, parfois à la limite du fantastique, dans lequel il donne sa pleine mesure. Une intrigue et des personnages qui happent le lecteur, lequel ne peut refermer le livre qu’une fois arrivé au mot Fin et ne laisse pas justement sur sa faim.

 

Gilbert GALLERNE : Sous terre, personne ne vous entend crier. Collection Polar. French Pulp éditions. Parution le 21 juin 2018. 368 pages. 18,00€.

ISBN : 979-1025103708

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29 juin 2018 5 29 /06 /juin /2018 08:00

Ou, pour faire taire ceux qui voient du racisme partout et par voie de conséquence l’encourage,

La ferveur de l’écrivain fantôme.

Jean-Michel COHEN SOLAL : La passion du Nègre.

Alors qu’il a un manuscrit apparemment perdu dans les méandres labyrinthiques des maisons d’édition parisiennes, Solal, parfaitement bilingue, subsiste en donnant des cours particuliers de français à des élèves new-yorkais ou en traduisant des ouvrages.

Il vit à New-York, dans un petit immeuble situé à l’angle de la 94e Rue et de la 2e Avenue. Ce n’est pas vraiment le Pérou avec un propriétaire Irlandais pingre et qui préfère procéder aux réparations lui-même qu’à les confier à des spécialistes.

Solal se baguenaude entre deux cours, et deux maigres repas, dans la Grosse Pomme, plus particulièrement à Harlem. Il se souvient de son enfance, avec des parents dont la passion et la profession tournaient autour de la musique. Mais il a préféré se diriger vers la littérature, autre passion qui ne nourrit pas son homme. Pas souvent tout au moins.

Il est fort étonné, lorsque dans une bibliothèque publique, alors qu’il feint d’être intéressé par un article dans un journal, un lecteur assis à la même table l’aborde en lui affirmant qu’il le connait. Et qu’il a lu son manuscrit narrant la fin de la vieille Europe et les montées du nationalisme. L’homme ne tarit pas déloge sur cet ouvrage diffusé et surtout lu confidentiellement à New-York.

L’homme se présente, mais afin de respecter son identité, Solal se contente de l’appeler M. D’ailleurs M., qui possède à son actif quelques ouvrages édités à des millions d’exemplaire, qui se cache sous un pseudonyme, qui n’a jamais accordé d’entretien dans les journaux, a toujours refusé de participé à des émissions télévisée, lui demande quelque chose qui l’étonne, l’interloque, le laisse pantois.

M. souhaite que Solal devienne son double littéraire, un écrivain fantôme, un nègre pour employer la locution usitée depuis la nuit des temps ou presque. Il sera payé en conséquence, ce qui naturellement arrange les finances de notre narrateur.

Solal prendra des notes, effectuera des enregistrements, remettra au propre ce que lui confie M. Car M. est en phase 4 d’Alzheimer, et parfois ses pensées divaguent.

 

Etrange roman que cette Passion du Nègre qui s’apparente presque à une autobiographie du narrateur. La rencontre avec un écrivain célèbre désirant laisser des traces pour la postérité mais qui ne canalise plus ses idées, qui n’arrive plus à s’exprimer correctement, est entourée d’une forme de nostalgie du passé de l’enfance, de l’adolescence.

Entre les résurgences mémorielles de Solal, ses déambulations, son travail avec M., travail qui lui prend du temps et l’oblige à bousculer ses habitudes horaires, le lecteur navigue entre fiction et réalité. D’autant qu’il va rencontrer d’autres personnages dont un romancier français, des passages qui sortent de l’intrigue et offrent une vision sur celui dont je me garderai bien de vous dévoiler le nom préférant laisser le lecteur dans une interrogation énigmatique.

C’est tout à la fois un roman musical, sur le jazz avec en point de mire le Cotton Club, mais surtout axé sur des pièces musicales, de Schubert par exemple, qu’un roman littéraire aux nombreuses références. Et en toile de fond la perte de Mavis, celle qu’il aimait.

Un roman bizarre et intimiste qui est presque comme un retour sur soi, comme une confession, comme un moyen de faire la paix avec soi-même.

C’est aussi un regard dénué d’empathie envers des événements qui secouent la vieille Europe, mais pas que, des interrogations sur un avenir plus ou moins proche et délétère.

 

Les odieux attentats qui secouaient le Vieux Continent, et les discours décomplexés de Zemmour, Onfray et d’autres sur la fin de notre civilisation cristallisaient les peurs et les fantasmes dans la société française : la droitisation politique de mon pays m’affectait profondément.
Je pleurais sur l’absurdité d’un monde désenchanté qui rejetait les valeurs d’humanisme et de tolérance dont j’étais nostalgique.

Jean-Michel COHEN SOLAL : La passion du Nègre. Editions les chemins du Hasard. Parution le 17 mai 2018. 166 pages. 15,50€.

ISBN : 979-1097547127

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26 juin 2018 2 26 /06 /juin /2018 11:40

Lorsqu’un cas ravage une nation, ça fait fureur !

Renée BONNEAU : Mortel Caravage.

En septembre 1941, la présence des Juifs à Berlin, et dans toute l’Allemagne en général, n’est plus supportée par le régime Nazi.

Bien avant déjà, mais les événements se précipitent, pourtant Mathias Wengel, propriétaire d’une galerie d’art continue son négoce de tableaux originaux de maîtres ou de peintres un peu plus obscurs.

L’homme qui vient de quitter sa galerie n’est pas à franchement parler un acheteur en puissance. Il a examiné à la loupe certaines des toiles exposées, puis il est reparti sans un mot.

Mathias Wengel n’est pas sûr de pouvoir continuer son activité en toute sérénité car l’aryanisation picturale se fait de plus en plus pressante. Les biens juifs sont confisqués au profit de Goering qui pille sans vergogne leurs propriétaires. D’autant que Mathias Wengel possède quelques belles toiles de l’école italienne, dont un Caravage – Judith décapitant Holopherne – qui n’est pas signé et qui pourrait n'être qu'une contrefaçon. Mais de toute manière, cela importe peu, car ce n'est pas la valeur financière de cette toile qui guide Judith dans sa passion, mais peut-être dans sa représentation, dans la parabole qui peut s'en dégager.

Il s’inquiète pour sa fille Judith qui a refusé de le quitter alors qu’elle le pouvait encore. Il a perdu sa femme quelques années auparavant et n’a plus que sa fille comme famille. Mais Judith a décidé de rester avec lui à Berlin, de le soutenir et de l’aider, mais surtout de le raisonner. S’ils partent maintenant en fermant la galerie, cela semblerait suspect.

Toutefois, ils décident de mettre à l’abri certaines toiles, en les cachant par exemple dans un faux plafond, et de les substituer dans la galerie par des tableaux de moindre valeur. Ils vont pouvoir se renseigner auprès du secrétaire du bureau central de l’immigration, ainsi que du conservateur du Kaiser-Friedrich Museum. D’après la description qu’ils lui font du visiteur inquiétant, il apparait qu’il s’agit d’un rabatteur agissant pour le compte de Goering.

Et ce que tous deux pressentaient se produit lorsqu’un SS se présente dans la boutique. Il ne semble pas inconnu à Judith et soudain sa mémoire se rafraîchit. Il s’agit d’un ancien condisciple de Judith, bon élève mais obséquieux, agressif et sournois. Il a combattu sur le front de l’Est et en est revenu avec une jambe blessée. Depuis il boîte, un handicap qui a renforcé ses sentiments haineux envers ceux qu’il appelle les sous-hommes.

 

En se focalisant sur quelques personnages, dont principalement Mathias Wengel et surtout sa fille Judith, Renée Bonneau décrit la vie quotidienne à Berlin, depuis septembre 1941 avec la montée de l’épuration à Berlin entreprise par les Nazis, jusqu’en mai 1945 avec l’invasion de la capitale allemande par les troupes russes et des exactions qui sont commises.

Au cours des mois, des années, l’auteur retrace les conditions de vie des Juifs qui sont restés à Berlin, malgré toutes les brimades qui altèrent leur vie quotidienne, d’autant que le départ vers l’Amérique leur est de plus en plus impossible, voire interdite.

La recherche de la nourriture, avec des tickets de rationnement qui ne donnent droit qu’à de maigres ressources en pain et autres denrées, les Juifs passant après tous les autres Berlinois, n’étant servis qu’avec parcimonie, lorsqu’il reste des denrées, n’est pas la moindre vicissitude à laquelle ils sont confrontés. Les raids aériens, diurnes ou nocturnes selon les pays qui les organisent, Amérique ou Grande-Bretagne, obligent la population à se réfugier dans des caves, des tunnels ou dans les Flaktürme, ces tours en béton destinées à servir d’abri, d’hôpital, et de réserves à œuvres d’art.  

Renée BONNEAU : Mortel Caravage.

Mortel Caravage est tout autant un roman historique qu’un roman noir, mais qui aborde également des thèmes relatifs à la peinture et à l’aryanisation des biens juifs. La peinture sert de préambule lorsque l’on découvre Michelangelo Merisi dit Le Caravage, nom de la ville où il est né, peignant Judith décapitant Holopherne dans son atelier. Non pas une toile, mais plusieurs, non signées, retraçant ce fait historique ou légendaire émanant de l’Ancien Testament, avec quelques différences entre elles. Une extrapolation de l'auteur, mais on ne sait jamais, un artiste pouvant peindre plusieurs toiles semblables avant d'être satisfait du résultat.

Ce pourrait être un documentaire sur la vie berlinoise, sur des épisodes de guerre, mais c’est bien plus. Car dans le parcours de Judith, de son père et de quelques protagonistes sympathiques ou au contraire très déplaisants, malsains, le sentiment ressenti par le lecteur est plus profond que celui éprouvé à la lecture d’un documentaire.

Pourquoi les habitants d’un pays n’acceptent pas leurs concitoyens exerçant une autre confession religieuse qu’eux ? Pourquoi lorsque s’élève une voix prônant la dictature d’une race, d’une couleur de peau, d’un nationalisme restrictif, nombre de citoyens obtus rejoignent ce malade mental ? Pourquoi la xénophobie s’étend-elle de plus en plus, malgré toutes guerres précédentes qui auraient dû apporter un bon de bons sens à l’humanité ? Pourquoi les libérateurs d’un pays se montrent-ils violents, sauvages, barbares à l’égard d’une population vaincue ?

Toutes questions qui se glissent dans l’esprit du lecteur, et qui se posent lorsque l’on voit les débordements actuels, alors que cet épisode guerrier aurait dû ouvrir les yeux de tous et faire prendre conscience que l’humanité est une et indivisible. Mais il y aura toujours des exaltés qui s’érigeront en défenseurs d’idées infectes, délétères et des moutons qui n’attendent que la voix de leur maître pour se muer en loups.

 

Renée BONNEAU : Mortel Caravage. Nouveau Monde éditions. Parution le 19 avril 2018. 208 pages. 16,90€.

ISBN : 978-2369426691

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26 juin 2018 2 26 /06 /juin /2018 08:34

Retour sur la coupe du monde 1998.

Gérardo LAMBERTONI : Place des trépassés.

Match numéro 6

Gérardo LAMBERTONI : Place des trépassés.

A Marrakech, dans l’atmosphère survoltée de la coupe du monde de 1998, alors que le Maroc est éliminé par un penalty contesté, trois jeunes étudiants éméchés et camés se défoulent en mettant le feu à un tas de chiffons sous lequel gît un vieillard, qui ne demande plus rien à la société, après s’en être amusé le prenant pour un ballon.

A dix ans Younes quitte son village perdu du Haouz pour Marrakech. Il est né le même jour que Pelé, avec quarante ans de différence quand même et possède le football dans la peau. C’est une image.

A Marrakech un entraîneur de foot, dont ce n’est pas la seule occupation, le remarque et le prend sous sa coupe, le confortant dans sa passion à l’aide de conseils, de cassettes-vidéo. Mais Younes vise plus grand, plus haut, et n’a qu’un seul but : devenir, pourquoi pas, professionnel, et surtout rejoindre son père qui travaille à Montpellier et ne revient voir la famille qu’une fois par an.

 

Le parcours de ce jeune amoureux du ballon rond est… rondement mené par un nouvel auteur découvert par Atout éditions.

De nombreuses ressemblances existent entre le héros et l’auteur ne serait-ce que par le Maroc où il est né, et Montpellier où il vit. Quant à l’intrigue ou plutôt la trame policière, elle sert de liant aux chapitres déclinés comme autant de nouvelles pathétiques, parfois drôles, sensibles, poétiques.

Et si le football en est le support, c’est aussi pour démontrer qu’il pourrait y avoir une égalité dans le monde grâce au sport, mais que l’argent est toujours là pour briser le rêve. Ou la bêtise humaine, qui elle aussi est internationale.

 

Gérardo LAMBERTONI : Place des trépassés. Collection Pique rouge. Atout éditions. Parution le 25 novembre 2001. 176 pages.

ISBN : 978-2912742216.

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25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 08:05

Une préfiguration de ce qui nous attend dans nos assiettes ?

Isaac ASIMOV : Les poisons de Mars.

L’œuvre d’Isaac Asimov, malgré quelques puristes et exégètes, ne se limite pas au cycle de Fondation.

Quoi que de formation scientifique, Asimov n’a jamais renié l’intérêt qu’il portait pour la littérature policière. En témoignent ses romans tels que Les cavernes d’acier ou la compilation de nouvelles extrêmement jubilatoires et chestertonniennes que sont le Clan des Veufs.

Mais chez tout écrivain existent la face encensée et la face cachée. La face encensée pour des raisons parfois inconnues et souvent arbitraires connaît les honneurs des éditions, des rééditions et du souffle élogieux du bouche à oreille.

La face cachée consistant en ces œuvres jugées mineures mais qui, au fil des années et grâce à la pugnacité de certains éditeurs refusent de jongler dans la facilité et les sortent des tiroirs dans lesquelles elles étaient rangées, tenues secrètes, comme recelant en elles des tares invisibles.

Cette aventure de David Starr, écrite en 1951 par Asimov, retravaillée par celui-ci en 1980, a retrouvé en 1991 une nouvelle espérance de vie, en changeant de titre et en retrouvant le patronyme de son auteur, puisqu’elle avait déjà été publiée en 1954 sous l’alias de Paul French au Fleuve Noir.

Car malgré la préface et les mises en garde scientifiques de son auteur, David Starr est plus crédible que, par exemple, John Carter du talentueux et imprévisible Edgar Rice Burroughs.

En imaginant David Starr, Isaac Asimov extrapole, sans le savoir, sans oser imaginer jusqu’où cela pourra conduire l’humanité, sur la pénurie et le problème écologique de nos années 90 et les suivantes. Ce qui dénote de la part de l’auteur une prise de conscience et non pas une extrapolation romanesque ou fictionnesque.

Sur Terre, en l’an 5000 après J.C. environ, David Starr, jeune enquêteur au Conseil Scientifique, assiste dans un restaurant au décès par empoisonnement d’un client, dégustateur des produits de Mars. David Starr va, en se faisant passer pour un ouvrier agricole, enquêter sur la planète Rouge, une enquête où la science-fiction et la littérature policière font bon ménage, l’un n’excluant pas forcément l’autre.

Le suspense étant allié au problème de l’intoxication alimentaire d’une façon rationnelle et scientifique.

 

Autres éditions :

Sous le titre Sur la planète rouge. Collection Anticipation N°44. Editions Fleuve Noir 1954. Traduction par Amélie AUDIBERTI

Sous le titre Sur la planète rouge. Collection Anticipation N°44. Editions Fleuve Noir 1954. Traduction par Amélie AUDIBERTI

Sous le titre Jim Spark, le chasseur d'étoiles. Bibliothèque Verte Senior. Hachette Jeunesse, 1977 Traduction de Guy ABADIA

Sous le titre Jim Spark, le chasseur d'étoiles. Bibliothèque Verte Senior. Hachette Jeunesse, 1977 Traduction de Guy ABADIA

Isaac ASIMOV : Les poisons de Mars. Une aventure de David Starr (David Starr space ranger – 1952. Traduction de Paul Couturiau). Collection Aventures N°1. Claude Lefrancq Editeur. Parution avril 1991. 160 pages.

ISBN : 2-87153-052-1

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24 juin 2018 7 24 /06 /juin /2018 11:36

Emballé, c’est bon à jeter !

Jérémy BOUQUIN : Nickel.

Lorsqu’elle est arrivée au rendez-vous, elle ne s’attendait pas à finir ainsi enroulée dans une bâche plastique tel un corps mort promis à une quelconque déchetterie.

D’ailleurs elle est morte mais auparavant elle a été bâillonnée, violée, violentée, battue, encore violée, massacrée, réduite à néant.

Une pauvre prostituée toxico qui a servi de jouet, de défouloir à un malade. Et qui se tape le boulot après ? Sandra, la femme de ménage, qui nettoie les débordements, les traces de sang et de sperme sur la moquette.

Sandra a l’habitude et possède tout son attirail de nettoyage dans deux caisses plastiques noires. Et comme les membres de la Police Technique et Scientifique, elle est protégée par une combinaison, des gants, un masque, voire une charlotte mais pas aux fraises. Et tout le matériel de découpage afin de séparer proprement ( !) les membres, les parties détachables du corps, des morceaux qui seront emballés dans un film plastique comme dans les boucheries en libre service.

Une véritable petite fée du logis !

 

Le début est assez macabre, morbide, mais ceci n’est qu’une fiction, un fantasme d’auteur, une façon d’évacuer des idées morbides, de les coucher sur le papier afin de canaliser ses pulsions mortifères. Peut-être…

Mais surtout c’est un texte empreint d’un humour noir décapant et cynique, humour qui ne se fait pas sentir au départ et qui prend sa véritable saveur dans les dernières pages.

Un texte à savourer mais à lire entre deux joyeusetés, avec modération, et sans vouloir le mettre en pratique. Il y en a qui sont payés pour ça…

 

Jérémy BOUQUIN : Nickel. Nouvelle numérique. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution le 5 novembre 2015. 14 pages. 2,99€.

ISBN : 9791023404258

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23 juin 2018 6 23 /06 /juin /2018 06:45

Attention à ne pas crever le ballon quand même !

G. MORRIS-DUMOULIN : La gâchette facile.

Match numéro 5

G. MORRIS-DUMOULIN : La gâchette facile.

Lors d’une vérification surprise d’identité dans le métro, Peter Warren, détective privé franco-américain, est intrigué par le comportement d’un adolescent qui tient un sac plastique dans une main, comme s’il transportait toute sa fortune dedans. Ce gamin, il est sûr de l’avoir déjà vu.

Il le suit jusqu’en proche banlieue et reconnaît enfin Roland, un des mômes qui participent de temps à autre aux matchs de foot organisés sous la houlette de Jean-Marc, éducateur social. Roland qui a été surnommé la Feignasse pour son peu d’empressement à taper dans la balle. Warren le hèle et Roland prend la poudre d’escampette alors qu’il allait jeter son sac dans une poubelle. Il le rattrape enfin mais le sac est vide. Devant l’insistance de Warren, Roland avoue qu’il trimbalait un flingue. Il l’a balancé par dessus le mur de l’enceinte mais les recherches effectuées n’aboutissent à rien.

Même quand Jean-Marc et ses footeux sont appelés à la rescousse. Warren est persuadé que l’arme ne s’est pas volatilisée pour tout le monde. Un qui est embêté c’est Roland, qui va devoir rendre des comptes à son employeur, car il sert régulièrement d’intermédiaire. Et un 357 Magnum, ce n’est pas du petit calibre. Warren ne désarme pas et en vadrouillant le soir dans la cité il empêche un des gamins, qui a récupéré l’arme, de s’approprier la recette d’une supérette. Mais ce n’est qu’un épisode car le gamin disparaît, tandis que Roland va devoir rétrocéder, par cas de force majeure, l’appartement trois pièces qu’il habitait au grand dam de ses voisins qui le convoitait. Quant à Warren il tombe sur des cadavres qu’il aurait préféré rencontrer vivants.

G. Morris-Dumoulin, qui a fait les beaux jours de la collection Un Mystère aux Presses de la Cité, puis celle de Spécial Police au Fleuve Noir, était un écrivain éminemment populaire, possédant plusieurs flèches à son arc littéraire, puisqu’il a aussi bien écrit des romans noirs, policiers, d’espionnage et de science fiction, qu’il a débuté comme traducteur, qu’il a rédigé un livre de souvenirs, Le Forçat de l’Underwood chez Manya, l’auteur nous prouvait si besoin en était que le talent ne s’effrite pas avec l’âge. Devant l’agression, sympathique mais hargneuse des jeunes auteurs actuels, il démontrait qu’il avait encore quelque chose à dire, à écrire, et que sa vision du monde n’était pas forcément celle d’un rétrograde. Un roman qui fleure bon les années 60, mais dans lequel G. Morris-Dumoulin s’intègre à notre époque, époque qu’il analyse parfois avec causticité.

Mais G. Morris-Dumoulin est décédé le 10 juin 2016.

G. MORRIS-DUMOULIN : La gâchette facile. Collection Dur à cuire. Editions L’Arganier. Parution 18 septembre 2008. 232 pages.

ISBN : 978-2912728739

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22 juin 2018 5 22 /06 /juin /2018 07:55

Le commissaire Workan et sa pèlerine !

Hugo BUAN : Requiem pour l’Ankou.

Alors que le commissaire Workan se préparait à partir en vacances, bien méritées, sur le canal du midi, en compagnie de son adjointe et maîtresse, la lieutenante Leila, son patron le convoque dans son bureau. Adieu la semaine sur le canal du Midi, en péniche, les retrouvailles avec sa future ex femme et surtout la joie de voir sa fille !

Le capitaine Brézillet était sur une affaire de disparitions de jeunes filles mais il doit passer la main à cause de chimiothérapie. Workan doit donc prendre la suite et sacrifier une semaine de vacances. Il s’agit d’une étape d’un pèlerinage annuel, le Tro Breiz, qui consiste à relier deux évêchés bretons. Ce parcours comprend sept étapes, qui correspondent aux sept saints fondateurs des sept évêchés, mais une seule étape est prévue par an, début août. Or depuis six ans six jeunes filles, qui participaient à ce périple, ont disparu à leur retour dans le courant du mois de septembre. Cette année, l’étape prévue doit conduire les pèlerins de Quimper à Saint-Paul de Léon, empruntant de petites routes, passant par les monts d’Arrée, ce qui ne les arrêtent pas d’ailleurs.

Workan va donc devenir un marcheur (même si cela n’entre pas dans ses convictions politiques) au lieu de se la couler douce comme un marin de la même eau. Leila l’accompagnera, servant éventuellement de chèvre.

Workan et Leila vont donc intégrer la longue file de ces déambulateurs (je parle des individus pas des appareils), se fondre parmi ces pénitents, et essayer de recueillir, en se faisant passer pour des journalistes, des témoignages grâces aux photos des disparues. Enfin, se fondre c’est vite dit car Leila avec son short ultra-court ne risque pas de passer inaperçue, mais bon, elle se rend compte rapidement qu’il ne faut pas non plus jouer dans la provocation. Les chenilles processionnaires sont quand même des mâles. Pas que car les femmes sont abondamment représentées dans cette procession catholique. Mais il y aussi ceux qui veulent découvrir une forme de tradition religieuse et sportive.

En cours de route, Workan et Leila sont abordés par des individus sympathiques, ou non, qui leur apportent des renseignements, non sur les disparues, mais sur le rituel et le cérémonial de cette marche christique et complètent leurs informations sur les légendes qui entourent ce pèlerinage. Seulement cette chasse aux informations se révèle décevante, les résultats obtenus ne correspondant pas à leurs attentes.

La deuxième étape se termine à Pleyben où ils vont pouvoir se reposer en toute quiétude, ou presque. Une jeune fille est signalée disparue. Elle sera retrouvée plus tard, donc n’en parlons plus. Attardons-nous plutôt sur le cadavre féminin découvert dans le cimetière de Braspart. La défunte est habillée de blanc, et une inscription sur le col fait référence aux Sept Saintes.

Workan est continuellement en relation avec Prigent, son supérieur hiérarchique, et Sylviane Guérin, la procureure. Leurs échanges verbaux, il ne peut y en avoir d’autres, sont particulièrement chaotiques. Et Roberto, autre adjoint de Workan, suit les marcheurs au volant de la voiture de son patron, une Bentley suceuse de carburant, ce qui parfois peut être utile.

Workan va faire la connaissance de la légiste venue de Brest, et il sent pousser en lui comme une montée irrépressible de testostérone.

 

Cette dixième enquête du Commissaire Workan, eh oui déjà, ne faillit pas aux précédentes et au contraire en exacerbe l’addiction que le lecteur peut ressentir envers cette série.

Un roman sérieux qui œuvre dans l’humour, ou le contraire si vous préférez, jetant un regard amusant et critique sur ce périple circulaire remontant au IXe siècle selon les érudits qui pourtant n’ont pas connu ses débuts.

Hugo Buan nous emmène dans un périple qui est loin d’être imaginaire, sauf les disparitions et les cadavres qui ponctuent ce parcours chaotique dans les Monts d’Arrée, et est propice à évoquer des légendes et des épisodes historiques. L’Ankou, annonciateur de la mort et son serviteur, est juste évoqué mais n’apparaît jamais car il ne s’agit pas d’un roman puisant dans le fantastique mais dans le réel, le concret. Ce qui n’empêche pas une forme d’atmosphère, d’ambiance très angoissante parfois, dans certaines situations, de se glisser dans l’intrigue.

Mais l’humour, qui réside surtout dans les dialogues, est toujours présent, sans tomber toutefois dans la facilité. Une causticité de ton, une ironie destinée à certains de ses interlocuteurs, font de Workan un animateur, parfois bougon, très addictif à la lecture de ses aventures.

Les pérégrinations des pèlerins jusque dans les Monts d’Arrée vont passer par plusieurs étapes, météorologiques, géographiques et émotionnelles. La chaleur qui règne au début va bientôt se transformer en orage, comme si le temps se modelait dans l’atmosphère ambiante.

 

Hugo BUAN : Requiem pour l’Ankou. Enquêtes du commissaire Workan N°10. Editions du Palémon. 288 pages. 10,00€.

ISBN : 978-2372605250.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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