Alors que le commissaire Workan se préparait à partir en vacances, bien méritées, sur le canal du midi, en compagnie de son adjointe et maîtresse, la lieutenante Leila, son patron le convoque dans son bureau. Adieu la semaine sur le canal du Midi, en péniche, les retrouvailles avec sa future ex femme et surtout la joie de voir sa fille !
Le capitaine Brézillet était sur une affaire de disparitions de jeunes filles mais il doit passer la main à cause de chimiothérapie. Workan doit donc prendre la suite et sacrifier une semaine de vacances. Il s’agit d’une étape d’un pèlerinage annuel, le Tro Breiz, qui consiste à relier deux évêchés bretons. Ce parcours comprend sept étapes, qui correspondent aux sept saints fondateurs des sept évêchés, mais une seule étape est prévue par an, début août. Or depuis six ans six jeunes filles, qui participaient à ce périple, ont disparu à leur retour dans le courant du mois de septembre. Cette année, l’étape prévue doit conduire les pèlerins de Quimper à Saint-Paul de Léon, empruntant de petites routes, passant par les monts d’Arrée, ce qui ne les arrêtent pas d’ailleurs.
Workan va donc devenir un marcheur (même si cela n’entre pas dans ses convictions politiques) au lieu de se la couler douce comme un marin de la même eau. Leila l’accompagnera, servant éventuellement de chèvre.
Workan et Leila vont donc intégrer la longue file de ces déambulateurs (je parle des individus pas des appareils), se fondre parmi ces pénitents, et essayer de recueillir, en se faisant passer pour des journalistes, des témoignages grâces aux photos des disparues. Enfin, se fondre c’est vite dit car Leila avec son short ultra-court ne risque pas de passer inaperçue, mais bon, elle se rend compte rapidement qu’il ne faut pas non plus jouer dans la provocation. Les chenilles processionnaires sont quand même des mâles. Pas que car les femmes sont abondamment représentées dans cette procession catholique. Mais il y aussi ceux qui veulent découvrir une forme de tradition religieuse et sportive.
En cours de route, Workan et Leila sont abordés par des individus sympathiques, ou non, qui leur apportent des renseignements, non sur les disparues, mais sur le rituel et le cérémonial de cette marche christique et complètent leurs informations sur les légendes qui entourent ce pèlerinage. Seulement cette chasse aux informations se révèle décevante, les résultats obtenus ne correspondant pas à leurs attentes.
La deuxième étape se termine à Pleyben où ils vont pouvoir se reposer en toute quiétude, ou presque. Une jeune fille est signalée disparue. Elle sera retrouvée plus tard, donc n’en parlons plus. Attardons-nous plutôt sur le cadavre féminin découvert dans le cimetière de Braspart. La défunte est habillée de blanc, et une inscription sur le col fait référence aux Sept Saintes.
Workan est continuellement en relation avec Prigent, son supérieur hiérarchique, et Sylviane Guérin, la procureure. Leurs échanges verbaux, il ne peut y en avoir d’autres, sont particulièrement chaotiques. Et Roberto, autre adjoint de Workan, suit les marcheurs au volant de la voiture de son patron, une Bentley suceuse de carburant, ce qui parfois peut être utile.
Workan va faire la connaissance de la légiste venue de Brest, et il sent pousser en lui comme une montée irrépressible de testostérone.
Cette dixième enquête du Commissaire Workan, eh oui déjà, ne faillit pas aux précédentes et au contraire en exacerbe l’addiction que le lecteur peut ressentir envers cette série.
Un roman sérieux qui œuvre dans l’humour, ou le contraire si vous préférez, jetant un regard amusant et critique sur ce périple circulaire remontant au IXe siècle selon les érudits qui pourtant n’ont pas connu ses débuts.
Hugo Buan nous emmène dans un périple qui est loin d’être imaginaire, sauf les disparitions et les cadavres qui ponctuent ce parcours chaotique dans les Monts d’Arrée, et est propice à évoquer des légendes et des épisodes historiques. L’Ankou, annonciateur de la mort et son serviteur, est juste évoqué mais n’apparaît jamais car il ne s’agit pas d’un roman puisant dans le fantastique mais dans le réel, le concret. Ce qui n’empêche pas une forme d’atmosphère, d’ambiance très angoissante parfois, dans certaines situations, de se glisser dans l’intrigue.
Mais l’humour, qui réside surtout dans les dialogues, est toujours présent, sans tomber toutefois dans la facilité. Une causticité de ton, une ironie destinée à certains de ses interlocuteurs, font de Workan un animateur, parfois bougon, très addictif à la lecture de ses aventures.
Les pérégrinations des pèlerins jusque dans les Monts d’Arrée vont passer par plusieurs étapes, météorologiques, géographiques et émotionnelles. La chaleur qui règne au début va bientôt se transformer en orage, comme si le temps se modelait dans l’atmosphère ambiante.