Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 13:39

C'est bizarre la vie, surtout quand on est mort.

 

angledroit-copie-1.jpg


C'est que pense Cicéron Angledroit, l'auteur narrateur des trépidantes aventures qui vont suivre, et détective privé de son état, dans l'enceinte du cimetière de Thiais en région parisienne.

La défunte, Maria Costa, ne pensait peut-être pas compter autant de monde parmi ses amis et ses connaissances. Maintenant peu lui chaut, mais tout le monde a souhaité lui rendre un dernier hommage. La famille en tête, Carolina, sa fille et Monique l'ex femme de Richard le fils, les deux belles-sœurs qui partagent à l'occasion la même couche. Plus de nombreux membres de la communauté italienne dont était issue Maria Costa.

Maria Costa était une amie et comme un mère pour Cicéron, qui est vraiment peiné. D'autant que son décès a été provoqué par un jeune imbécile qui a perdu les pédales de son véhicule et s'est empêtré dans un abribus, tuant par la même occasion un gamin et blessant la mère. La vitesse, évidemment, un feu rouge grillé, vraiment pas de chance pour le conducteur qui n'a même pas dix-huit ans et encore moins son permis de conduire. Pour aggraver son cas, il a essayé de s'enfuir. Il s'appelle Etienne Elédan, fils de Vaclav du même nom, grand patron serbe d'une mafia qui organise des transferts d'immigrés, apprend à des jeunes filles issues de l'Est comment se comporter sur un trottoir et dans l'intimité plus quelques autres magouilles dont je me garderai bien d'émettre la liste, celle-ci étant trop longue.

Bref des gens pas fréquentables mais que Cicéron sera amené justement à fréquenter à la demande de Cairola, le chef de la communauté italienne, pardon, le président de l'amicale italienne du Val de Marne, qui œuvre au grand jour comme horticulteur. L'Italo-Francilien veut que Cicéron collabore avec les policiers afin de retrouver Etienne Elédan et sa famille qui se sont évaporés dans la nature car il ne veut pas que cet accident mortel reste impuni. Et pour bien affirmer son intention il remet à Cicéron une enveloppe garnie, ce qui va permettre à notre détective chéri de ces dames de remettre à jour ses finances et voir s'étaler sur la face de son banquier un sourire de satisfaction, alors qu'à l'ordinaire ce serait plutôt des grimaces face à un compte bancaire à moins zéro.

Justement le commissaire Saint Antoine (surnommé le pas doux) désire organiser une rencontre avec Cicéron, car lui aussi requiert ses services, ce n'est pas la première fois, et pour conclure le marché lui propose une enveloppe dont les fonds seront prélevés sur une cagnotte noire même si cela est devenu théoriquement prohibé. Disons que la cagnotte est noire transparente. Cicéron sollicite pour l'aider René, pousseur-rangeur de chariots pour une grande surface, l'Interpascher, et comme à la clé le solide et le liquide sont assurés (surtout le liquide) dans un restaurant de quartier, ce dernier, René pas le restaurant, accepte et va même jusqu'à simuler un accident de travail pour être disponible. Cicéron aura besoin également des bras de Momo, lequel n'en possède plus qu'un mais cela n'entrave en rien l'histoire.

Alors qu'ils, Cicéron et René, surveillent le domicile du Serbe et de sa famille, ils se font choper par quatre séides qui les enfournent dans le coffre d'un véhicule de marque allemande, mais comme je ne touche aucune commission je ne vous préciserai pas laquelle. Et nous voici revenu au point de départ de l'histoire, au prologue, qui heureusement ne fait que quelques lignes, car j'ai horreur des préambules qui en dévoilent de trop.

 

Comme vous aurez pu le remarquer, Cicéron Angledroit, dont ce n'est pas le véritable patronyme, marche sur les brisées sans les briser de San Antonio, période années soixante. L'écriture humoristique et sa façon d'apostropher, en douceur, le lecteur, donnent du tonus au récit qui n'en manque pas. L'humour, oui, et gaulois qui plus est, car si Cicéron n'est pas côté en Bourse il ne ménage pas les siennes et les bonnes fortunes ne manquent pas : Brigitte, sa maîtresse à mi-temps, elle est mariée, Monique avec laquelle il a déjà connu des aventures, avant qu'elle déclare sa flamme à Sapho sans pour autant renier Eros, et Vanessa, la jeune vallseuse (terme désignant une fonctionnaire dépendant du ministère de l'Intérieur), mariée elle aussi mais dont les heures de service de son mari, lui-même policier, correspondent à ces heures de temps libres.

Le nom du commissaire, Saint Antoine, nous renvoie au personnage créé par Frédéric Dard, et René, qui a toujours un estomac vide, à croire qu'il possède comme les vaches plusieurs récipients internes de digestion, nous rappelle sans conteste Béru. Quant à Momo, il pourrait être assimilé à Pinaud, dans une moindre mesure. A noter, et c'est rare dans ce genre de roman, que Cicéron ne boit que de l'eau et du café.

Cicéron Angledroit n'écrit pas du sous San-Antonio, il parodie quelque peu, et ceci ressemble plus à un hommage qu'à un pastiche. Du moins c'est ce que j'ai ressenti à la lecture.


Lire au même auteur : De la part des enfants rebaptisé : Sois zen et tue-le


Cicéron ANGLEDROIT : Fallait pas écraser la vieille... Editions Publibook. 236 pages. 20,95€. Existe également au format Kindle.

Partager cet article
Repost0
27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 16:38

Le Fleuve Noir change de nom et devient Fleuve Editions.

 

de-Caro.jpg


Peut-être est-il bon de rappeler ce que représentait cette maison d'éditions populaire en chiffres, ou quels étaient les tirages du Fleuve Noir dans les années 60 dans ses diverses collections.


Le bulletin du Fleuve Noir de mars 1965 précisait, sous la plume d’Eugène Moineau le responsable du service presse et communication, le nombre statistique de volumes vendus par certains auteurs phares du Fleuve Noir dans les collections Espionnage et Spécial Police. Et les chiffres annoncés laissent rêveur aujourd’hui tout auteur et tout éditeur, que ce soit dans le domaine de la littérature générale ou du roman populaire.

Dard1.jpgBien évidemment on pourrait penser qu’en tête des ventes figurait Frédéric Dard, ou plutôt son double San-Antonio, qui à l’époque c’est-à-dire en 1965 avait réalisé une vente de 350 000 exemplaires pour son seul Histoire de France vu par Bérurier. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, que ce soit sous son nom ou sous celui du célèbre commissaire, les ventes étaient quasiment équivalentes. Ainsi pour 28 titres Frédéric Dard avait cumulé 3 960 000 exemplaires soit 141 430 exemplaires par titre, et sous le nom de San Antonio 51 titres pour un total de vente de 7 350 000 soit par titre 144 120 exemplaires. San Antonio ne battait pas encore les Frédéric Dard ou d’une courte tête. Mais après 1965, avec les très nombreuses rééditions les chiffres se sont bien évidemment envolés, et Frédéric Dard du s’effacer sous son double même pour des romans qui ne mettait pas en scène San-Antonio.

Paul Kenny, le chantre du roman d’espionnage avec son héros Esp56b.JPGFrancis Coplan, pour 84 titres parus, avait un total de 15 708 000 exemplaires soit par titre : 187 000 volumes.

Paul Kenny était donc en tête des ventes, mais rien que de plus normal, car à cette époque, celle du rideau de fer, les romans d’espionnage étaient fort prisés et drainaient un lectorat fidèle.

Quatre autres auteurs qui œuvraient tout aussi bien dans le roman d’espionnage que dans celui du policier, étaient ainsi analysés : il s’agissait de Serge Laforest, Claude Rank, M.G. Braun et Adam Saint-Moore, quatre auteurs entrés au Fleuve Noir dès sa création ou presque.

Serge Laforest avait 47 titres à son actif en Espionnage pour une vente de 6 640 000 exemplaires soit 141 280 volumes par titre et en Spécial Police 28 titres pour un total 3 240 000 soit 115 714 livres par titre. Dans ce cas la différence entre Espionnage et Spécial police est flagrante avec un net avantage de près de 26 000 titres de plus en espionnage.

Claude Rank avec 40 titres pour 5 980 000 exemplaires Espionnage arrivait à 149 500 exemplaires par titre et en Spécial Police 2 650 000 pour 19 romans soit 139 474 exemplaires par titres. Pour cet auteur le rapport Espionnage/Spécial Police était moindre avec seulement 10 000 exemplaires.

M.G. Braun avec 36 titres en Espionnage pour une vente de 5 320 000 exemplaires établissait un score de 147 778 par exemplaires et en Spécial Police avec 28 titres pour un total de 3 240 000 exemplaires, la moyenne étant de 115 714 soit une différence significative de 32 000 exemplaires de moins en Spécial Police qu’en Espionnage.

Enfin, Adam Saint-Moore, pour 36 titres en Espionnage et 5 320 000 ventes avait réalisé une moyenne de 147 778 exemplaires tout comme son confrère M.G. Braun. Et en Spécial Police pour 18 titres, seulement oserais-je écrire, et 2 460 000 volumes sa moyenne était de 136 667 exemplaires par titre.

Soit dans tous les cas de figure un net avantage à la collection Espionnage.

En 1971, la revue Espionnage, qui ne vécut que le temps de 15 numéros, publiait dans son numéro 13 une table ronde avec quatre auteurs, Paul Kenny, Fred Noro, Jean-Pierre Conty, Pierre Nemours. L’entretien était réalisé par Jean-Claude Guilbert et Georges Rieben. La présentation annonçait que pour Paul Kenny, au rythme d’un nouveau roman tous les soixante jours, et sans compter les traductions et les rééditions, il se vendait un Coplan toutes les huit secondes. Il me semble que ce chiffre soit quelque peu exagéré, à moins qu’il s’agisse d’une erreur de retranscription ou de typographie, car cela équivaudrait à une vente globale de 648 000 exemplaire.

Bruce1Toutefois Paul Kenny, alias Jean Libert et Gaston Vandenpanhuyse, explique qu’au début de leur carrière en remplacement de Jean Bruce parti aux Presses de la Cité, le tirage de leurs 10 premiers romans était de 24 000, sans qu’il y ait quelque écho. Puis d’un seul coup, vers le 11ème ou 12ème il a fallu en tirer 10 000 de plus et la progression a été constante. Dans le même article, Pierre Nemours, qui écrivait aussi bien pour Espionnage, Spécial Police que pour la collection Feu, estimait qu’un roman édité à 100 000 exemplaires était lu par 400 000 personnes. Et (c’est moi qui précise), il est vrai que les bouquinistes à cette époque, revendait peu cher les livres, effectuait les échanges : par exemple 1 livre prêté pour 3 livres rendus, ou alors le prix était dégressif selon le nombre de fois qu’il avait été emprunté. Ainsi un livre vendu 10 francs était repris 7 francs, revendu 9 repris 6 et ainsi de suite. Certains livres effectuaient la navette vendeur lecteur une bonne dizaine de fois, sinon plus.

En février 1970, dans un entretien réalisé par Luc Geslin, qui fut le créateur avec Georges Rieben du Prix Mystère de la critique, prix qui existe toujours, et publié dans le numéro 264 de Mystère Magazine, Eugène Moineau avançait les chiffres suivant :

« Les tirages de Frédéric Dard s’établissent entre 380 000 et 420 000 exemplaires, mais ils atteignent 600 000 exemplaires quand il écrit sous le pseudonyme de San-Antonio -  le premier tirage de 35 000 exemplaires est épuisé dès le premier mois -  et L’Histoire de France a dépassé le million d’exemplaires. En Espionnage, parmi nos auteurs vedettes, nous avons G.J. Arnaud, M.G. Braun, Paul Kenny, J.P. Conty, Serge Laforest, Alain Page, Claude Rank et Adam Saint-Moore. On retrouve à peu près les mêmes en Spécial Police. M.G. Braun ou G.J. Arnaud ont des tirages de 230 000 exemplaires en Espionnage et 130 000 en Spécial Police ». Il ajoute : « Quand nous lançons un auteur débutant, il atteint dès son premier livre le tirage moyen de la série. A savoir 100 000 exemplaires dans Spécial Police et 140 000 exemplaires dans Espionnage ». Personnellement j’ai rencontré des libraires qui m’ont affirmé que pendant ces années de vaches grasses, ils recevaient les romans du Fleuve Noir par palettes. Précisons que le rythme de parution était en général de six titres différents pour Espionnage, Spécial Police, auxquels il fallait ajouter les collections Anticipation, L’Aventurier, Angoisse, Feu, Présence des Femmes, uniquement pour les collection dites de poche car il existait aussi une collection plus généraliste, celle des Grands Romans dont les auteurs vedettes étaient Robert Gaillard et Jacques Chabannes.

En 1982, la donne n’est plus la même. Patrick Siry, qui est le nouveau directeur littéraire du Fleuve Noir, s’exprime dans le numéro 2 de Mystère Magazine, nouvelle série. Parlant de la collection Spécial Police, qui est toujours la plus vendue en France dans ce domaine, les chiffres de vente ont dégringolé. « Nos tirages avoisinent les 30 000 exemplaires, avec de légères différences selon les auteurs. Les Jacquemard, les Pelman, les Arnaud atteignent le chiffre rond de 30 000. Pour les autres les tirages sont de l’ordre de 25 à 28 000 ».

Une désaffection du public pour la collection Espionnage dueEsp78.JPG en partie à la fin de la guerre froide et une inflation d’aventures parfois répétitives, mais également pour la collection Spécial-Police dont les raisons elles sont plus complexes. Mais le Fleuve n’est pas la seule maison d’édition touchée par les méventes. L’impact de la télévision n’y est pas étranger, mais également plus de loisirs annexes, les jeux vidéo, etc. Le but de cet article n’est pas d’entrer dans des considérations oiseuses, de cerner pourquoi les livres se vendent moins car même si l’on nous affirme que certains ouvrages se vendent bien, c’est l’arbre qui cache la forêt de papier. Et lorsque le Fleuve Noir, ou plutôt ses auteurs, vendait à plus d’une centaine de milliers d’exemplaires leurs romans, il ne faut pas oublier non plus que les maisons d’éditions n’étaient pas moins présentes sur le marché qu’aujourd’hui. La Série Noire, Le Masque, Un Mystère, Sueurs Froides, L’Arabesque, la Chouette, Gerfaut pour ne citer que les plus connues sont elles aussi passées par des hauts et des bas et ont été obligées de mettre plus ou moins la clé sous la porte.

A la question de Luc Geslin dans le numéro 264 de Mystère Magazine, source déjà évoquée, L’auteur publié par le Fleuve Noir est-il un auteur heureux ?

Eugène Moineau a répondu : Il vit confortablement. Il y a un nombre considérable d’écrivains en France, mais je pense que 2 000 auteurs, pas davantage, peuvent vivre de leur plume. D’abord, il y a les grands auteurs qui ont une audience internationale ; en écrivant un livre tous les cinq ans, ils vivent de leur production littéraire. Leurs droits d’auteurs se montent parfois à 25% - la grande Colette établissait un record avec 27% - parce que ce sont des porte-drapeaux pour un éditeur, mais ils sont très peu nombreux. Les autres sont des professionnels du roman et ils ne se retrouvent guère que dans les collections d’action. Un lauréat du Goncourt qui arrive à 300 ou 400 000 exemplaires écrira un livre deux ans plus tard mais son tirage sera nettement plus faible et il risque d’aller en s’amenuisant. En deux ans, nos auteurs ont publié huit ouvrages, faites le compte… Au début leurs droits sont ceux de tous les romanciers et, quand un auteur devient vedette, c’est-à-dire qu’il va très au-delà du tirage moyen de la collection, les droits sont réévalués. Pratiquement, il n’y a aucun auteur dans notre maison, même débutant, qui exerce un second métier. Ils avaient un métier quand ils ont apporté leur premier livre mais ils ne l’ont conservé qu’un an au plus. Frédéric Dard a fait plusieurs films en tant que réalisateur, Jacques Chabannes anime une émission régulière à la télévision. André Lay était boucher à La Varennes, André Caroff chauffeur de taxi, M.G. Braun restaurateur, Victor Harter et Mike Cooper comédiens, Pierre Nemours, Michel Saint-Loup, Richard Caron, journalistes, B.R. Bruss ancien ministre, Roger Vilard expert philatéliste, Marc Arno professeur de judo, etc. Seuls ont conservé leur activité première, un chirurgien, J.P. Garen, et deux pharmaciens, P.J. Marcel et Pierre Barbet.

Nemours.jpgA ceux-là j’ajouterais Franck Evans, diplomate, Robert Clauzel, médecin. Et il ne faut pas oublier non plus deux autres sources de revenus : les droits pour la télévision et le cinéma, ainsi que les traductions et rééditions dans divers supports. Si je me réfère au bulletin Fleuve Noir Information N° 40 du mois d’avril 1968, les traductions privilégiaient ce moi-là les Paul Kenny avec deux titres en Espagne et trois en Suède. En Espagne un Pierre Nemours : Le commando de la soif, et trois Mario Ropp : Douce haine, Les dangereux retours et Le temps d’une chute. Au Chili un Jimmy Guieu : Black-out sur les soucoupes-volantes, en Argentine, avec extension à toute l’Amérique latine, deux Jacques Chabannes et en Angleterre : La grande Vadrouille des frères Tabet et Georges Oury. La parution en feuilleton était également présente dans l’hexagone et à l’étranger : en France, dans Le Petit-Bleu de l’Agenais, d’Agen, Thalassa de Mario Ropp, dans La République des Pyrénées basée à Pau, La peste noire de Michel Saint-Loup, dans Le Soir de Marseille : Jeu nul de Roger Faller. Sans oublier le Maroc avec Retour grinçant de Pierre Courcel, la Suisse avec Arabella de Florence Hurd, etc. Et lorsque j’ai évoqué le cinéma, il faut savoir que les droits étaient achetés mais les films pas toujours réalisés.

Effectuons maintenant un petit calcul. En se basant sur un droit d’auteur à 5%, le minimum, le livre étant vendu à 3,80 f, cela fait 0,19 centimes par volume multiplié par 100 000 exemplaires = 19 000 francs. 19 000 f. auxquels il faut déduire les impôts qui à l’époque étaient de 70%, le bouclier fiscal n’existait pas, il restait donc 5700 francs, soit dix fois le salaire mensuel que je percevais à la même période.

Quels sont les tirages aujourd’hui dans les collections spécialisées, qui peut nous donner les chiffres, et leurs auteurs vivent-ils de leur plume comme ils en vivaient lorsqu’ils écrivaient pour le Fleuve Noir ? Il serait intéressant de le savoir, mais les éditeurs sont-ils prêts à dévoiler leurs chiffres ?

Partager cet article
Repost0
27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 10:26

Privé de désert ?

 

desert.jpg


Boston. L’imprudence d’un jeune policier inexpérimenté mais déjà sûr de lui conduit à sa mort par balle, lors de la tentative d’arrestation d’un bandit de grands chemins, d’un truand spécialisé dans la redistribution d’enfants et le proxénétisme, et autres bagatelles peu légales. Mercantier, d’origine haïtienne, est insaisissable, et d’ailleurs il n’était pas là où les agents du FBI, Sam Goodman en tête, pensaient le coincer. Pour Sam, ce n’est que partie remise mais une autre tuile lui tombe sur le nez alors qu’entrant dans une épicerie proche de chez lui il tombe par hasard sur deux malfrats, deux grands Blacks, qui tiennent en otage les deux commerçants. L’un d’eux tire sur lui, mais les réflexes aidant c’est Sam Goodman qui l’abat. Une bavure. L’opinion publique n’est pas tendre envers les policiers qui tuent des Noirs, même en cas de légitime défense. Ses supérieurs lui font comprendre qu’il doit prendre un peu de recul et il est prié d’aller à Phoenix, en Arizona où Mercantier est sensé s’être réfugié.

San Francisco. Sandra Khan, journaliste réputée et ayant déjà mené à bien une affaire semblable, est chargée par une riche famille locale de retrouver leur fille Cindy. Celle-ci est majeure et donc l’affaire ne peut être confiée à la police. Deux ans que Cindy s’est évaporée, apparemment de son plein gré, et ses parents ne vivent plus. D’après un détective privé, la dernière fois que Cindy aurait été aperçue, ce serait en Arizona, précisément à Yuma, petite localité située au sud-ouest de l’état, proche de la frontière avec le Mexique.

Arizona. Fox, le gourou d’une petite communauté composée de quatre filles et d’un gars, parcourt l’état, laissant derrière lui des cadavres. Il vient de recruter trois pieds nickelés qui semblent prometteurs, mais ceux-ci regimbent parfois lors des décisions prises. Dernier méfait en date : l’enlèvement de la femme d’un banquier de Yuma et de leur fils ainsi qu’une conséquente somme d’argent.

Tandis que Sam contacte à Phoenix les agents du FBI locaux, Sandra se rend chez le détective qui affirme avoir aperçu Cindy. Ruse de sa part ou incompétence, le privé n’a sous la main qu’une misérable feuille de papier à lui remettre. Elle rencontre deux journalistes localiers, dont Mary avec laquelle elle passe une nuit délicieuse, sa copine Nina est si loin, puis se rend à nouveau chez le privé. Celui-ci étant absent elle farfouille dans ses papiers et trouve un dossier nettement plus conséquent. L’homme est retrouvé peu après, mort, ayant mis les pieds où il ne fallait pas. En compagnie de Brad, le banquier doublement spolié, elle part à la recherche de Cindy tandis que Brad espère retrouver sa petite famille en vie.

Fox et sa petite troupe parfois indocile, surtout les trois nouveaux qui ne veulent en faire qu’à leur tête et exigent de partager la galette immédiatement, entament leur pérégrination dans le désert, en compagnie de la femme et du gamin de Brad.

Ah l’Arizona ! Carte postale pour touristes n’ayant pas froid aux yeux ! Ses crotales, son immense étendue désertique, ses baraques en bois et en tôle déglinguées, ses bars mal famés, ses charognards, ses policiers véreux, ses mygales, ses cyclones, ses orages, ses organ-pipes (cactus allongés en hauteur), ses ravins, ses routes de pierrailles, ses cow-boys grincheux et hargneux, prêts à la bagarre, quelque soit l’adversaire même si c’est un chiot de six mois, son accueil à tout casser…

Maud Tabachnick a le don pour mettre en des situations périlleuses ses personnages, retraçant les scènes d’action avec réalisme, décrivant ses protagonistes et leur psychologie en peu de mots qui s’avèrent efficaces. Le temps passe sans que le lecteur s’en aperçoive, happé qu’il est par la narration énergique. Il se croirait presque dans un film, scotché à son fauteuil, dans une version des bons, des brutes et des truands qui ne manque pas de piquant. Seule image qui humanise cette intrigue, Sonora, la petite chienne que Sandra recueille. Cela faisait longtemps que j’avais lu des aventures de Sam Goodman et Sandra Kahn, mais je retrouve ces deux héros comme si je ne les avais jamais quittés, comme si c’était hier.


Maud TABACHNICK : Désert Barbare. (Première édition collection Spécial Suspense, Albin Michel. juin 2011). Réédition Le Livre de Poche. Parution le 20 novembre 2013. 408 pages. 7,60€.

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 08:54

Du beau, du bon, du bonnet... rouge !

 

gwaz.JPG


Tout petit déjà, et même avant, Nicolas Scouarnec, était têtu, frondeur et les années n'ont pas arrangé son caractère révolté. D'où son surnom récolté peu après son retour du service militaire au début des années 1920 : Gwaz-Ru, l'homme rouge.

Avant de partir à l'armée, Scouarnec qui travaillait comme journalier était considéré comme un mauvais esprit, refusant les compétitions que se lançaient les autres garçons de ferme, ce qui arrangeait bien les patrons qui voyaient le travail effectué à une cadence qu'ils n'auraient pas oser exiger. Le service militaire n'a pas dompté Scouarnec, au contraire car les exactions durant la Grande Guerre qui n'est pas si loin, les fusillés pour l'exemple et la révolution russe ont trouvé dans ses oreilles des échos. Il reprend son travail de journalier et il se rend le dimanche au café des Grillons à Briec où il retrouve des jeunes comme lui, réfractaires à la messe dominicale et libertaires. C'est autour d'un verre que les conversations fusent et, contrarié (c'est peu dire) par l'attitude des riches fermiers, il est mûr pour adhérer aux idées socialistes qui s'échangent. Pour adhérer également au parti communiste qui recrute de jeunes révoltés comme lui.

gwaz-ru2.jpgBodiger, un maçon de Quimper lui propose alors de le faire embaucher par son patron. Au début Gwaz-Ru ne sera qu'arpète, mais Bodiger va l'aider, et le syndicat aussi. D'abord lui trouver une chambre dans un immeuble. La pièce est directement sous le toit, il n'y a pas de chauffage et est sommairement meublée. Mais Gwaz-Ru est content de travailler pour un patron qui épouse des idées sociales. Il fait connaissance avec son voisin de palier, Vincent, un jeune prof de philosophie avec lequel il apprend beaucoup, lui qui sait à peine lire et compter. Et les discussions tournent automatiquement sur la politique, le socialisme, le communisme et les indépendantistes bretons. Au bout d'une semaine il en a marre de se préparer sa popote du soir, et trouve un petit restaurant pas cher, où les plats sont abondamment garnis. Les patrons l'accueillent comme s'ils l'avaient toujours connu. Maë Laouen et Yann Kegin préparent des repas roboratifs et ils n'ont pas besoin de faire de la publicité, leur rondeurs parlant pour eux. Gwan-Ru s'aperçoit rapidement que Bodiger, qui est contremaître, exige beaucoup de lui ainsi que des autres ouvriers, malgré ses prétentions communistes. Or Gawz-Ru est d'un naturel rétif, mais il apprend vite et passe bientôt maçon, taillant les pierres de granite sans déchet inutile.

Gwaz-Ru tombe sous le charme de Tréphine, une accorte servante qui n'effectue en général son service que le midi. La saison du thon vient de débuter et les ouvrières de l'usine de conserves viennent manger le soir, apportant avec leurs gamelles un joyeux désordre. Timides tous les deux, ils apprennent à se connaître en se baladant le long des berges du Steïr, et tombent naturellement amoureux l'un de l'autre. Outre son emploi de serveuse au restaurant, elle travaille chez les "bonnes" sœurs, des peaux de vache, et quelques patronnes pour le ménage. Elle ne se plaint pas, elle est courageuse, mais cela met en colère Gwaz-Ru qui est très remonté envers la calotte et ses représentants. Puis viennent les épousailles, uniquement à la mairie, et le premier des sept enfants qu'ils auront.

Bodinger, toujours lui, leur propose un petit appartement dansgwaz-ru3.jpg le même immeuble, avec chauffage. Les années passent, les gamins naissent à un rythme régulier. Maë Laouen et Yann Kegin aimeraient bien que Gwaz-Ru et Tréphine reprennent leur petit restaurant, mais ils déclinent cette possibilité. Tréphine travaille pour un couple de maraîchers, Mouerb et Yvon, dont la ferme est en dehors de Quimper, apportant dans une charrette à bras des légumes aux halles. Yon a connu la guerre de 14, peu de temps, et en a rapporté un souvenir impérissable : il fait partie de ceux qui ont été surnommé les Gueules Cassées, et s'exprime dans un gargouillis que seule sa femme Mouerb comprend. Ils sont sans enfant et se font une joie d'accueillir Gawz-Ru et sa famille. Gawz-Ru quitte son métier chez l'entrepreneur mais Bodinger lui réserve une surprise à sa façon avant le départ définitif. Gawz-Ru saura s'en souvenir. Le couple et les enfants sont d'abord logés dans un pennti puis tout le monde se retrouvera dans la ferme pour le plus grand bien de tous. Les années passent et la guerre arrive, la Résistance s'organise mais difficilement et la fin du conflit apportera son lot de surprises.

Roman ou récit, cette chronique rurale et sociale dépeint la Bretagne, la Basse-Bretagne dans le pays Bigouden au travers d'un homme qui n'accepte pas les diktats, qu'ils viennent d'un patron, et encore moins d'un contremaître, de la religion ou d'un parti politique. Le lecteur suit le parcours, amoureux, familial, politique et chaotique de Gwaz-Ru, qui s'il n'a pas suive suivi d'études possède un bon sens que beaucoup d'intellectuels pourraient lui envier.

C'est un solitaire, même s'il est marié et a des enfants, un réfractaire à toute ingérence dans sa vie, dans ses opinions, dans sa façon de penser et de se comporter. Ce n'est pas pour autant qu'il refuse les conseils, qu'il applique parfois, mais il effectue le tri. Il apprécie les petits bonheurs de la terre, du travail, de la famille, mais il va connaître bon nombre de désillusions. Surtout en politique où il sent que les paysans et travailleurs comme lui sont la plupart du temps manipulés.

S'il ne connait pas les mots syncrétisme et nihilisme, mais son ami Vincent se chargera de lui expliquer les définitions d'une manière simple, il perçoit que Bodinger et ses amis du triumvirat quimpérois émettent parfois, même souvent, auprès des membres de la cellule communiste des idées contradictoires, forgeant les esprits à une allégeance à Staline et consorts. Il est un nihiliste réfutant tout ce qu'on veut lui imposer, toute doctrine. Et comme lui fait remarquer Vincent La philosophie est une tournure d'esprit, tournure que possède Gwaz-Ru, même s'il n'a suivi l'école que de loin.

Le lecteur s'attache à ce personnage bourru, et reconnaitra, sans être Breton, nombre de ses aïeux qui, ayant vécu dans un monde rural, ont connu ces difficultés quotidienne. Aujourd'hui, le monde a évolué, en bien ou mal, mais les conditions de vie ne sont plus les mêmes. Le travail n'est plus aussi exténuant physiquement, mais il l'est devenu psychiquement. Des maux et des mots nouveaux apparaissent : le syndrome d'épuisement professionnel était inconnu à cette époque. Nos aïeux, pour la plupart d'entre nous qui avons dépassé les six décennies, ont connu la souffrance, en ont parlé parfois, mais ils ne regrettaient rien, car de nos jours c'est l'asservissement au travail, à la productivité et à l'argent qui renforce certaines souffrances alors que l'on pense que cela ira mieux dans un avenir utopique.

Hervé Jaouen connait, aime sa Bretagne, et cette histoire n'aurait pu se passer ailleurs, sauf les travaux des champs, ou la mentalité des petits chefs que l'on retrouve dans chaque province. Mais le Breton possède un sacré caractère, et il l'a encore démontré récemment ! Il nous donne une belle leçon de courage et de pugnacité.  

D'Hervé Jaouen lire également : Le fossé; Flora des embruns; Les soeurs Gwenan; Ceux de Menglazeg; Dans l'oeil du schizo; Les filles de Roz-Kellen; Ceux de Ker-Askol; Merci de fermer la porte.

Hervé JAOUEN : Gwaz-Ru. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution octobre 2013. 336 pages. 21,50€.

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 10:31

Bon anniversaire à Michèle Lesbre, née un 25 novembre !

 

lesbre.jpg


Depuis le départ de sa femme sous d'autres cieux amoureux, un homme reste assis devant sa fenêtre. Il a installé une table devant cette ouverture sur le monde de la rue, et tout en puisant au hasard dans les provisions, il contemple le spectacle en vivant avec le fantôme de "La Blonde".

Ils ont vécu ensemble pendant dix ans et au fil du temps leur ménage s'est détérioré. Un peu par sa faute. Il n'a pas su lui apporter la fantaisie. Il est au chômage, ce qui n'arrange pas des relations en déliquescence. Tout en mangeant ses conserves à même la boite, il observe ses voisins :

Miss, une vieille prostituée qui vit en face de chez lui. Un jeune homme qui transporte une mallette, possède un chien et s'est installé chez sa jeune voisine, pute de bar.

Miss a ses habitudes, et se remémore ses souvenirs. Une enfance en Brière, une mère morte trop tôt et un père alcoolique, sa montée à Paris et ses débuts dans la Capitale. Le jeune homme est saxophoniste. Il aurait pu accompagner Lily, sa petite amie, à Lille, mais il est resté à Paris. Il est responsable de la mort d'un homme. Un soir qu'il roulait il a pris en auto-stop trois compères un peu trop joyeux. Ils ont voulu s'emparer de son véhicule, l'homme qui tenait le revolver a laissé échapper son arme et le musicien l'a abattu, sans le vouloir vraiment. Depuis le musicien est recherché par les deux autres qui se promettent de lui faire sa fête.

 

Un homme assis aurait pu s'appeler également la Déchirure. Déchirure de la vie, déchirure des sentiments, déchirure avec le passé. Chacun des quatre protagonistes traîne derrière lui un pan de mur derrière lequel il aime à se réfugier, qu'il aime se remémorer, explorer.

Un jardin secret où fleurissent les souvenirs qu'il entretient avec un plaisir masochiste. Et chacun a besoin des autres pour le cultiver. Ce n'est pas l'amour ou l'amitié qui les rapprochent, mais la sensation de côtoyer quelqu'un en qui ils se reflètent comme dans un miroir. Un miroir moral, mais également physique, présent dans l'appartement de l'homme abandonné qui croit revoir dans sa psyché La Blonde avec ses bagages rejoignant son amant.

Le quartier de la place des Abbesses - le décor compte pour beaucoup - forme comme une île au sein de la capitale et loin du tohu-bohu, ils s'accrochent à leurs repères comme à des bouées. On sent chez Michèle Lesbre le désir de sortir des sentiers battus en cherchant des intrigues originales, avec une écriture affûtée, vive et précise. Les chapitres sont courts et le tout pourrait ressembler à une longue nouvelle.

 

Michèle LESBRE : Un homme assis. (Première édition Manya 1992). Réédition Collection Librio Noir. Août 2000. 126 pages.

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 15:13

Charité bien ordonnée...

 

charite.jpg


Charles de Boismareuil, quarante ans, chirurgien, aurait tout pour être heureux. Une jolie femme, un peu coincée, mais les bonnes fortunes na manquent pas, deux fillettes adorables, et l'aisance matérielle. Seulement un soir au cours duquel ila trop taquiné la bouteille, il renverse une adolescente alors qu'il traversait une forêt en voiture. Dans sa situation, répondre d'un homicide est impensable, même s'il s'agit d'un accident.

Il cache le corps dans un fossé, plonge sa voiture dans un étang proche et rentre chez lui comme si de rien n'était. Il possède un alibi, obligeamment fourni par son ami Arnaud. Bizarrement les journaux ne parlent ni d'accident, ni de la découverte d'un cadavre. Traumatisé, Richard sombre dans la dépression.

Entouré de l'affection de sa famille, il se sent mal dans sa peau et s'éprend de la morte. Son visage s'inscrit continuellement devant ses yeux. Pensant à une fatigue due à un surmenage, ses parents et sa femme lui enjoignent de quitter Paris et de se reposer dans la maison familiale à Arcachon. Dans le train, il fait la connaissance d'Anne. Il lui tarde de la revoir, et lorsqu'il lui téléphone, il se conduit en gamin pubère, prêt à toutes les excentricités pour séduire sa belle. Il ne se reconnait plus lui-même, complètement dépassé par les événements, déphasé, étranger avec sa propre famille. Presque un Docteur Jekill et Mister Hyde dont les deux entités se battent furieusement pour posséder un esprit à la limite de la rupture.

 

Premier inédit de la collection Crime Fleuve Noir, La charité du Diable de Claude Rodhain renoue avec la veine populaire de la défunte collection Spécial Police qui s'était étoilée au fil des ans. Jean-Baptiste Baronian, le directeur de collection, prouve avec ce roman qu'il existe de bons auteurs français, quoiqu'on en dise ou pense, et il me semble que la concurrence entre la Série Noire et Crime Fleuve Noir est lancée. La bagarre sera dure mais profitable pour les lecteurs et ne pourra être que bénéfique pour tous : auteurs, maisons d'éditions et surtout lecteurs, les premiers concernés.

Une petite anomalie cependant dans ce roman : Pourquoi Richard est-il appelé Charles dans certains passages ?

 

Cette chronique radiophonique date de février 1992. J'émettais un vœu pieux. La collection Crime Fleuve Noir n'aura connu que 54 numéros dont de trop nombreuses rééditions pour être viable. La guerre ou plutôt la concurrence entre la Série Noire et cette collection aura avorté trop rapidement, ce qui est toujours dommageable. Et comme de nos jours les formats poches proposant des romans inédits ont disparu de la Série Noire, du Fleuve Noir, comme chez pratiquement tous les autres éditeurs, ce sont les lecteurs qui sont les dindons de la farce, et dans une moindre mesure les auteurs qui, s'ils perçoivent un meilleur pourcentage sur les ventes grands formats, sont toutefois lésés comparativement aux ventes petits formats. Mais ceci est un autre débat.


Claude RODHAIN : La charité du Diable. Crime Fleuve Noir N° 18. Editions Fleuve Noir. Parution Janvier 1992. 224 pages.

Partager cet article
Repost0
23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 13:41

A ne pas confondre avec le ver sot...

 

verseau01.jpg

 

Si un jour vous le rencontrez dans la rue, vous ne manquerez pas de le reconnaître : il mesure deux mètres vingt, ses cheveux blancs sont luminescents et ses yeux gris acier. Il a le caractère versatile. Ce que vous ne pourrez pas voir, ce sont ses implants très complexes dans la boite crânienne qui en fait un être avec des sens plus développés que la moyenne et dont il n'a pas la conscience de toutes les possibilités qu'ils renferment. Il fume des cigarettes aux algues, moins nocives que le tabac et qui ont un effet bénéfique sur le système nerveux (Mais qu'est-ce qu'on attend pour s'en procurer ?). Enfin, il est né extra-utéro dans un engin spatial au sein de la ceinture des astéroïdes, ses parents, des scientifiques de haut niveau, sont morts dans un accident dont les causes n'ont jamais été véritablement établies. Il est chroniqueur artistique et mondain, et réside à Monaco. Il s'appelle Richard Sauvère mais est communément surnommé le Verseau.

Il a été élevé par le professeur Karl Shuler, une sommité dans le monde scientifique. Le professeur, cloué dans un fauteuil d'infirme, est le directeur du Centre Mondial de la Recherche Scientifique et combat le Pouvoir Mondial Occulte, autrement dit PMO. Si Sauvère a déjà réalisé quelques missions à l'étranger, notamment à Hawaï, celle que veut lui confier Shuler n'est pas sans danger. En compagnie de son ami Nang, le Tibétain qui truffe ses phrases, réelles ou non, de maximes de Lao-Tseu il embarque pour la Californie. Le duo Maruska Selmers et Christian Martin, des savants, vont opérer également sur le sol californien en couverture et sont chargés de participer à un Congrès organisé par des savants locaux dont Costello, et Willis, alias Big Foot, le sénateur de l'état. Gloria, qui fut un temps la maîtresse de Sauvère et dont il est toujours amoureux doit également se déplacer ainsi que Nathalie.

A son arrivée à l'aérogare, Nathalie est abordée par Glynis Custer qui l'informe qu'elle est surveillée. Une secte, les Enfants du Cosmos, sévit et ordre est donné à Maruska de s'en tenir éloignée mais entre les paroles et les actes, il existe un fossé qui est souvent rapidement comblé. Costello et Willis forme un triumvirat en compagnie de Karen, une magnifique jeune femme qui sait jouer de ses charmes et de produits euphorisants, mettant sous sa coupe les personnes qui l'approchent de trop près et sur lesquelles elle a jeté son dévolu.

Le PMO, qui a enlevé des savants, est parvenu à rendre muet des satellites placés dans une certaine zone galactique, tout en créant des images virtuelles, et aurait détourné un astéroïde en changeant sa trajectoire dans le but de percuter la Terre.

Richard Sauvère, alias le Verseau, assisté de Nang et des autres membres de l'équipe va devoir affronter moult dangers afin d'annihiler de mystérieuses entités incarnées par les Signes du Zodiaque.

 

Etant plus d'esprit littéraire que scientifique, j'avoue avoir eu du mal à entrer dans ce roman et en savourer les nombreuses arcanes. D'ailleurs dès le début j'ai eu l'impression d'avoir manqué un ou deux épisodes, un peu comme le spectateur qui entre dans une salle de cinéma au milieu de la projection d'un film dont il ne connait pas le synopsis. Alors dire que j'ai aimé, ce serait mentir, même si parfois j'ai été entraîné pendant quelques pages par les aventures du Verseau et de ses compagnons. Mais je me garderai bien d'écrire que ce roman est mauvais. Au contraire ! Seulement il n'entre pas dans mon domaine de prédilection. Trop de mots compliqués pour moi qui ne comprends rien à la science, pas assez de rythme, un peu comme dans certains romans de Jules Verne qui jouait trop sur la pédagogie au détriment de l'action.

Mais je ne m'avoue pas battu et j'attends le prochain roman de cet auteur afin de voir si cette impression d'être perdu seul dans une forêt sans aucun repère pour trouver le bon chemin se dissipe et si l'aspect scientifique sera un peu occulté au profit d'une histoire plus planante, plus en adéquation avec mes goûts, moins complexe. Je pensais rencontrer un nouveau Superman ou Batman, donc un peu déçu, mais on s'améliore, je parle pour moi, au contact des grands esprits.


Robert STEFINGER : Le Verseau sauve la Vierge. Collection Blanche N° 2109. Editions Rivière Blanche. 256 pages. 17,00€.

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 17:01

Un pape pas si Benoit que ça !

 

touzeau

Le 29 novembre 1422, s’éteignait à 94 ans en sa forteresse de Peñiscola, entouré d’une centaine de fidèles, le pape Benoit XIII. Il avait été intronisé 28 ans auparavant, mais toujours contesté par une frange de plus en plus nombreuse d’opposants. Pourtant il avait été élu par l’assemblée des cardinaux mais un pape avait déjà été désigné dans des conditions particulièrement rocambolesques.

Le conclave qui suit le décès de Grégoire XI se déroule dans un tumulte organisé par la foule romaine qui exige un pape romain, à la rigueur italien. Les cardinaux pressés d’en terminer et craignant pour leur vie se livrent à un simulacre d’élection et votent à leur corps défendant pour un prélat n’appartenant pas à leur collège. Le 8 avril 1378 l’archevêque de Bari est donc intronisé et prend le nom d’Urbain VI. Mais ce pape est caractériel, insultant et menaçant.

Les cardinaux fuient Rome et nient la validité de l’élection d’Urbain IV, élection effectuée selon eux sous la menace de violences. Le 20 septembre de la même année ils élisent à Fondi le cardinal Robert de Genève qui devient Clément VII et rejoint le palais des Papes d’Avignon. C’est le début du Grand Schisme et deux papes se partagent une seule tiare. Or Urbain VI n’ayant aucun cardinal sous sa coupe nomme ceux qui sont accrochés à sa soutane. Ceux qui tentent de lui désobéir sont torturés et mis à mort.

Les cardinaux qui ont donc voté deux fois maintiennent Clément VII comme seul pape légitime. Tout aurait du se régler en destituant Urbain VI, si cela était possible, mais le roi de France Charles V dit le Sage meurt en 1380 et son fils Charles VI le Fol reconnait en Urbain VI le seul et vrai pape, en contradiction avec la plupart des autres rois qui comme celui d’Aragon, de Navarre, de Castille, d’Ecosse adhèrent au parti clémentin. A la mort d’Urbain VI, les cardinaux qu’il avait nommés élisent Boniface IX tandis que Pedro de Luna est intronisé à la mort de Clément VII et devient Benoit XIII.

Ainsi deux papes vont cohabiter pendant des décennies, et un troisième viendra durant quelque temps compléter cet imbroglio. Peu à peu Benoit XIII, qui est contraint de quitter Avignon et qui après quelques pérégrinations s’établira à Peñiscola, perd de son influence tandis que Innocent VII puis Grégoire XII qui ont succédé à Boniface IX prennent de l’ascendant. Surtout à cause du roi de France qui tergiverse, se montre instable dans ses décisions mais affiche toujours une préférence pour les adversaires de Benoit XIII. Si Innocent VII se révèle intraitable, son successeur fait montre d’un esprit temporisateur mais ne tient pas ses engagements.

 

Ceci n’est que le début des tribulations et ennuis que Benoit XIII subira jusqu’à son décès. Gérard Touzeau développe abondamment ce pontificat mouvementé et toujours contesté jusqu’à nos jours, et les arguments qu’il développe sont étayés par les nombreux documents auxquels il a eut accès. La seconde partie de l’ouvrage traite du fameux trésor des papes, qui était placé au Palais des Papes d’Avignon et que Benoit XIII rapatria peu à peu à Peñiscola dans des caisses transportées à bord de galères. Plus de six cents manuscrits, des incunables, mais également des étoffes et objets précieux, répartis dans une soixantaine de caisses. Trésor qui ne fut pas retrouvé en totalité et certains des manuscrits ont été dispersés auprès des proches de Benoit XIII à sa mort.

Une affaire pas très « catholique » dans laquelle on se rend compte qu’il ne faut pas prendre les affirmations pour « paroles d’Evangile », et qui met en doute bien des assertions ecclésiastiques diffusées encore de nos jours. Il est évident qu’il est difficile de se remettre en cause, mais la probité intellectuelle, ou spirituelle devrait s’appliquer à tous, l’Eglise en premier. Après tout ne doit-elle pas montrer l’exemple ? Une autre réflexion pertinente de l’auteur nous démontre qu’il ne faut pas toujours se fier aux guides touristiques et autres. Ainsi le texte d’un panneau apposé sur un angle du parvis de Sainte-Marie de la Réal à Perpignan, comporte au moins trois erreurs historiques. Des méprises qui peuvent se trouver partout et surtout dans nos manuels d’histoire, ce qui est fort regrettable en alimentant des méprises qui perdurent et deviennent des dénis détournant l’authenticité historique. Et il est souvent difficile, voire impossible, de rétablir la vérité. Une forme de négationnisme du passé, de notre héritage.

Un ouvrage charpenté, documenté, agrémenté d’une iconographie intéressante, d’un chapitre qui sert d’intermède étudiant une partie du poème du Rhône de Frédéric Mistral, écrit dans un souci de rester toujours dans une atmosphère plus ou moins romanesque afin que ce document ne se révèle pas trop rébarbatif.


Gérard TOUZEAU : Benoit XIII, le trésor du pape catalan. Editions Mare Nostrum, collection Trésors. Parution 5 janvier 2010. 394 pages. 25,00€.

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 08:38

Qui s'y frotte s'y pique...

 

echarde.jpg


Alors qu’il revient à son domicile à Coulaines près du Mans, après deux ans et demi d’absence, Gwen ne se sent pas à l’aise de même que sa femme Nicole qui accueille ce retour avec détachement. Sa petite fille Justine le reconnait à peine. Seul Argo le chien lui montre des signes de joie manifestes à le revoir. Quant à Antoine, le fils que Nicole a adopté lors de son précédent mariage, il n’est pas là.

Si Gwen vient de passer deux ans et demi en prison, c’est justement à cause d’Antoine qui à l’époque n’avait que quinze ans. L’homme et l’enfant ne se sont jamais vraiment bien entendus. Gwen ancien médecin militaire se montrant trop sévère, trop rigoureux envers l’enfant qui n’avait jamais accepté le remariage de Nicole. Nicole lui apprend aussi que Guillaume, leur voisin septuagénaire, et parrain d’Antoine, suite à des problèmes de santé, a préféré finir sa vie dans une maison de retraite.

Gwen, n’ayant plus rien à espérer à Coulaines auprès de sa femme Nicole, tous deux envisageant le divorce, décide de s’installer dans la maison familiale héritée de ses parents à Pouldavid, près de Douarnenez. Arrivé non loin de chez lui, accompagné du fidèle Argo, Gwen aperçoit dans ses phares une jeune femme enveloppée dans des vêtements de récupération. Mara explique qu’elle avait eue envie de se baigner, il était vingt deux heures passées, dans une petite crique, qu’on avait tenté de la noyer, qu’elle avait réussi à mettre son agresseur en fuite mais qu’elle n’avait pas retrouvé sur la plage ses effets ni son sac contenant ses clés. Elle ne pouvait donc plus utiliser sa voiture garée en haut de la falaise et s’était résignée à faire du stop, mouillée, habillée de son seul maillot de bain et d’une tenue empruntée à un épouvantail.

Gwen sent que Mara ne lui dit pas l’exacte vérité mais il l’emmène toutefois chez lui et lui propose l’hébergement. Mara ne peut pas ou ne veut pas retourner chez elle, et surtout elle est affolée à l’idée d’effectuer une déclaration auprès de la police. Peu à peu le lendemain elle rectifie le tir et dévoile une autre version moins édulcorée. Gwen a du mal à démêler le vrai du faux mais peu à peu il apprivoise son hôtesse.

Elle raconte alors une histoire qui semble encore plus invraisemblable que sa première fable, pourtant les accents de sincérité de Mara font fléchir Gwen. Il décide de l’héberger autant qu’elle voudra et récupère dans la voiture de la jeune femme son sac et les clés de son appartement. Mara consent à dévoiler qu’en réalité elle avait rendez-vous avec son amant, dont elle ne connait que le prénom, Yvan, et n’en établit qu’une description assez vague. Gwen lui se refuse à se confier, préférant garder pour lui ses secrets. Par exemple la disparition d’Antoine et l’anxiété de Nicole, les divagations de Guillaume qui demande sa présence puis se montre désagréable comme pris de folie lorsque Gwen se rend à son chevet.

 

echarde-au-coeur.jpgDeux êtres que le destin a malmené, renfermés sur eux-mêmes mais qui peu à peu vont apprendre à se connaître, et à s’apprécier, déjouant les pièges qu’un inconnu glisse sous leurs pas, leur vie étant en danger au fur et à mesure que Gwen avec obstination remonte le filet de cette énigme qui s’avère une machination diabolique, tels sont les deux personnages principaux que Jean-François Coatmeur met en scène avec son habilité habituelle. Il tisse sa toile avec malignité, dévoilant peu à peu, comme avec réticence, les pans de la toile et le lecteur est subjugué, grillant d’impatience, tournant les pages avec fébrilité, pressé de voir affiché le mot épilogue. Qui est double d’ailleurs.

Jean-François Coatmeur, natif de Pouldavid sur mer et Breton dans l’âme n’a que rarement transporté ses lecteurs en dehors de sa Bretagne. Il trouve dans cette région les plus beaux thèmes de ses romans et ceci depuis 1963, date à laquelle parait son premier ouvrage au Masque Chantage sur une ombre. Maître incontesté du suspense, Jean-François Coatmeur n’a en rien perdu de son efficacité dans la trame de ses intrigues pour notre plus grand plaisir.


Jean-François COATMEUR : Une écharde au cœur. Première édition Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. 2010). Réédition Le Livre de Poche 20 novembre 2013. 336 pages. 7,10€.

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 15:26

Terrils en la demeure ?

 

guidez.jpg


Un cadavre dans un cimetière, c'est banal, mais le retrouver dans la benne destinée aux fleurs fanées et autres déchets, ce l'est moins. Et pour qu'il ne prenne pas froid, ce cadavre, il est recouvert d'une bâche.

Pour les habitués du dernier refuge des corps de Noyelles-Godault, dourges.JPGce cadavre est même incongru. Eux qui venaient tranquillement bavasser, les veuves d'un côté, les veufs de l'autre, car les sujets de conversation sont différents d'un sexe à un autre, parfois, et accessoirement nettoyer à l'approche de la Toussaint les tombes et les plaques commémoratives, et changer les fleurs, car les tombes sont toujours fleuries même si les morts sont allergiques au pollen.

Le commandant Vandewalle, nouvellement muté à Lens, est désigné d'office par le commissaire divisionnaire Menton pour mener l'enquête en compagnie d'un lieutenant, Skanosky, qui débute dans la profession. Vandewalle n'est pas à proprement parler une jeune pousse, il a la cinquantaine fringante, et a fait toute sa carrière près de Toulouse. Il aurait bien aimé, puisque le redéploiement des effectifs l'exigeait, être nommé à Lille, mais faute de mieux, il se retrouve à Lens. Mais il connait bien la région, même si cela fait quelques décennies qu'il en est parti dans les bagages de ses parents, puisqu'il est natif de Dourges, une grosse commune qui s'est développée mais a gardé son attrait typique de pays de mineurs.

L'identité du défunt est vite dévoilée, son assassin lui ayant laissé dans les poches son portefeuilles sans le délester de l'argent en liquide qu'il contenait. Il s'agit d'un petit dealer répertorié par les services de police. Le médecin légiste, dont le seul regret est de ne pouvoir converser avec ses patients, procède aux premières analyses. Non seulement c'était un dealer mais lui-même s'adonnait à la seringue, ses bras peuvent en témoigner.

dourges3.jpgLe territoire à explorer ne s'étend guère autour de Noyelles-Godault, Hénin-Beaumont (anciennement Hénin-Liétard) et Dourges, avec toutefois des incursions à Lens et Lille. Toutefois c'est à Dourges même que Vandewalle va connaître la meilleure surprise qu'il ait eu depuis longtemps. La secrétaire de mairie est Marie-Claire, sa fiancée d'école, qu'il n'avait jamais revue depuis son départ dans le sud. Marie-Claire est veuve depuis quelques années, lui est divorcée, ne s'entendant plus vraiment avec sa femme avocate, ils sont beaux, ils sont jeunes ou presque, quinquagénaires dans la force de l'âge, et ils sentent poindre en eux les sentiments qu'ils avaient remisés dans leurs cartables. Ne nous étendons pas plus sur leur intimité retrouvée et continuons notre enquête. Car celle-ci avance, notamment grâce au médecin légiste qui découvre que le cadavre était séropositif.

La piste d'une vengeance, un truand avec qui le défunt aurait eu des bisbilles, vient d'être libéré de prison et il est donc normal d'aller vérifier son alibi, s'il en possède un, du soir du meurtre. Seulement le fait que l'homme fut séropositif propose une autre piste, qu'il ne faut pas négliger. Et si une personne de son entourage avait été contaminée ? 

 

Grâce à Jean-Louis Guidez nous découvrons la région Nord dans dourges1sa réalité et son histoire sans fard. Les mineurs, les lieux, leurs transformations au gré de l'industrialisation et de son déclin, des images d'enfance que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaitre, une certaine nostalgie, mais le tout sans emphase, sans démagogie, sans pathos.

L'auteur puise certaines références cinématographiques ou télévisuelles pour appuyer ses descriptions, de personnage notamment. Ainsi le commissaire divisionnaire, imbu de son grade obtenu sans vraiment être aller sur le terrain mais qui sait donner des ordres, est surnommé Rovère, comme le commissaire de la série Boulevard du Palais interpété par Jean-François Balmer. Il baisse les stores de son bureau afin que son personnel, qui n'est pas dupe, ne le voie pas s'ingurgiter son breuvage favori en importation directe d'Irlande.

Les relations entre Roovère et Vandewalle sont épiques et ne manquent pas de saveur. Vandewalle qui n'est pas un vieux de la vieille, puisqu'il avait pour habitude de mener la plupart du temps ses enquêtes en solitaire, a la répartie facile, acerbe, piquante, pratiquant l'humour au second degré. Skanosky, son coéquipier novice, comptant les points avec jubilation, et s'enrichissant de l'expérience de Vandewalle.

Un roman sympathique, dans lequel l'humour n'est jamais bien loin, et qui démontre le côté humain, pour ne pas dire humaniste de certains policiers. Ce qui n'est pas le cas de tous, malheureusement. Les cow-boys (garçons-vachers en français) sont plus nombreux que les bergères...


Jean-Louis GUIDEZ : Risques et terrils. Editions Ravet-Anceau. Collection Polar en Nord N°147. 160 pages. 9,00€.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables