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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 14:24

Comme disait ma grand-mère : Tu as le droit de retourner ta veste, mais n'oublie pas de changer ton portefeuille de côté !

 

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Si le lectorat, principalement féminin, et quelques critiques encensent l'œuvre d'Harlan Coben, il n'en va pas de même de tous les chroniqueurs spécialisés dans le roman noir et qui s'expriment via leurs blogs. Des avis souvent péremptoires n'incitant pas à se plonger dans un roman de cet écrivain américain. Longtemps je me suis fié à ces articles divers et (a)variés en me promettant de ne pas lire un roman d'Harlan Coben. Un parti pris, un apriori qui me satisfaisait, et puis je me suis dit qu'après tout il valait mieux que je me forge ma propre opinion. Aussi, sautant le pas comme un collégien osant embrasser pour la première fois une jeune fille, j'ai ouvert cet ouvrage en me demandant bien si je ne faisais pas une bêtise, si je n'allais perdre mon temps au détriment de tous ces volumes qui s'entassent et me font de l'œil, me lançant des appels pathétiques afin que je daigne leur consacrer un peu de mon précieux temps. Le résultat est là et je n'ai pas à me mordre les doigts d'avoir oser, d'autant que mes doigts, comme mes yeux, je les protège fin de pouvoir tourner les pages dans une frénésie non réfrénée.

Avec son mètre quatre-vingt-douze et ses quatre-vingt-dix kilos, Mickey Bolivar, bientôt seize ans, est le candidat idéal pour les recruteurs de basket. Or justement, le basket c'est sa passion, et il s'entraîne chez lui, enfin chez Myron, à placer des paniers, mais surtout cela lui sert de dérivatif lorsque les idées noires lui polluent l'esprit. Son père Brad est décédé dans un accident d'automobile huit mois auparavant, et sa mère est soignée dans une clinique spécialisée dans les addictions, à la drogue notamment. Il a beaucoup voyagé Mickey, suivant ses parents, qui œuvraient dans des missions humanitaires, les suivant partout où ils essayaient d'apporter un minimum de réconfort.

La rentrée dans le lycée près de Newark est passablement agitée. Principalement à cause d'une prof qui pense qu'un bizutage est indispensable pour acquérir une cohésion de groupe. Il se rebelle et soutient une jeune adolescente, Emma ou Ema selon ses interlocuteurs, la petite grosse comme elle se définit. C'est vrai qu'Ema est enrobée, toujours sur la défensive, et son look de gothique, vêtements noirs, tatouages et piercings n'étant pas fait pour améliorer son physique. Et elle est toujours à traîner alors qu'elle n'a que quatorze ans. Il se fait un ami, Spoon, un peu niais, le fils du concierge et qui se révélera un aide précieux. Et afin de ne pas déroger à la règle se dressent sur son chemin les trublions patentés de service Buck et Troy. Troy qui pense qu'étant le fils du commissaire de police de la ville, il peut tout se permettre.

J'allais oublier Ashley, sa petite amie, qu'il a embrassée deux fois depuis la rentrée des cours, trois semaines auparavant. Seulement ce jour là, pas d'Ashley. Elle ne se présente pas à l'école, et personne n'a de nouvelles. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, Mickey est victime moralement d'un incident. Passant près d'une vieille maison en rentrant chez lui, enfin chez Myron puisque son oncle l'héberge, une vieille femme surnommée la femme Chauve-souris lui déclare que son père n'est pas mort. Pourtant Mickey sait que son père n'est plus là. Il était dans la voiture au cours de l'accident.

Avec Ema il retourne chez la femme Chauve-souris, mais il n'y a personne. Il s'infiltre dans la bicoque tandis qu'Ema fait le guet. Il remarque une photo représentant quatre personnes dont le tee-shirt est décoré d'un papillon avec des yeux sur les ailes. De la lumière filtre de sous la porte de la cave. Seulement une voiture noire arrive d'un chemin à l'arrière par les bois et il est coincé. Il réussit néanmoins à fuir en compagnie d'Ema, mais il a eu chaud. Grâce à Spoon qui possède les clés de l'école, Mickey parvient à découvrir l'adresse d'Ashley Kent mais lorsqu'il se présente à son domicile, c'est l'affluence. Des policiers et des infirmiers sont présents engageant le corps de Kent dans une ambulance. Madame Kent affirme qu'un homme tatoué a frappé son mari, mais à la question de Mickey concernant Ashley, elle déclare qu'ils n'ont pas de fille.

Un homme chauve, mais qui ne sourit pas et qui semble surveiller ses moindres faits et gestes, un Tatoué introuvable, une femme Chauve-souris qui s'est volatilisée dans la nature, Rachel, la pom-pom girl du lycée qui lui fait des avances, autant de personnages qui gravitent autour de Mickey mais d'autres éléments le perturbent. Ainsi sur la tombe de son père, il remarque une feuille avec dessiné dans un coin le papillon déjà vu chez la femme Chauve-souris, le même dessin qu'il retrouvera plus tard dans d'autres endroits. Le numéro d'immatriculation de la voiture noire, A30432, qu'il reverra également dans à plusieurs places, et dont il pense qu'il pourrait s'agir d'une date de naissance (ce qui n'est pas logique puisqu'aux USA comme en Grande-Bretagne le mois précède le jour), tels sont les éléments qui vont le conduire dans une aventure dont il ne mesure pas les conséquences et les risques. En suivant deux chemins, celui de la femme Chauve-souris et celui d'Ashley qui lui manque.

 

coben1.jpgHarlan Coben, écrit dans ses remerciements J'ai eu un plaisir fou à écrire A découvert. Et bien je peux vous assurer que moi aussi j'ai pris un plaisir fou à lire ce roman qui nous entraîne sur les traces du père de Mickey, à la découverte de la jeunesse du jeune homme, mais également sur une piste qui devient un peu récurrente, Auschwitz. Les personnages, outre Mickey, sont émouvants et mystérieux. Plus particulièrement Ema, dite la Grosse, qui sous des dehors gothiques, agressifs, a la répartie incisive, ne dit rien sur ses parents, si elle en a. Mais elle se montre courageuse, aussi bien envers ceux qui se moquent d'elle qu'en face du danger. Quant à Spoon, qui est toujours en train de remonter ses lunettes sur son nez, sous des dehors un peu niais, sa conversation est souvent déphasée, et il aborde les gens par des affirmations dans le genre de George Washington était stérile, ce qui a pour don de déstabiliser ses interlocuteurs. Mickey qui par son physique parait plus que son âge, possède de faux papiers, qui lui avaient été fournis par son père lors de leurs périples, qui indiquent qu'il a vingt et un ans, ce qui lui permet de conduire la voiture de son oncle presque en toute impunité. Myron, le héros d'une précédente série, était fâché avec le père de Mickey, et celui-ci bien évidement n'apprécie pas la tutelle dont il fait l'objet. Myron ne remplacera jamais son père, au contraire Mickey lui en veut et cherche par tous les moyens à l'éviter. Pourtant Myron, qui possède un vieux contentieux avec Taylor le commissaire de police, joue un rôle prépondérant dans cette histoire. Des similitudes, des affinités, des rejets qui se transmettent entre deux générations.

Ce roman, rondement mené, agréable, n'est pas destiné aux intellectuels exigeants adeptes de digressions philosophiques et absconses. Mais les personnages sont émouvants, de même que l'intrigue est captivante, et si l'histoire en elle même est quasi close, il reste des parts d'ombre qui seront dévoilées dans A quelques secondes près, paru au Fleuve Noir simultanément que cette réédition. Il s'agit un peu d'un roman-feuilleton, dont chaque histoire est entière mais se prolonge.

Alors, oui j'ai retourné ma veste, et je ne le regrette pas ! Et bientôt ma chronique sur A quelques secondes près.


Harlan COBEN : A découvert. (Shelter - 2011. Traduit par Cécile Arnaud. Première édition : Fleuve Noir 2012. Réédition Pocket N° 15559. Parution 5 septembre 2013. 320 pages. 7,20€.

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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 09:32

Evaluation de la douleur !

 

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Qui n'a jamais émis l'idée, en son for intérieur, de pouvoir évaluer et éventuellement comparer son degré de douleur, lors d'une crise de migraine par exemple, à ce ressenti exprimé par des proches. A-t-on plus mal que sa collègue de travail ? Ou, même n'avance-t-elle pas des céphalées inexistantes pour se faire dorloter et obtenir un congé de maladie?

Armand de Cardonna vit en reclus dans une imposante villa dans un quartier bourgeois de Dijon. Depuis douze ans il n'est pas sorti de chez lui. Toutes les semaines son épicier lui livre les provisions nécessaires à sa survie, recueillant sur le perron le règlement de la livraison précédente. Parfois un ouvrier qui effectue les réparations nécessaires et par deux fois le médecin est venu lui rendre visite. La douleur, plus psychique que physique de Cardonna provient de la perte dans un accident d'automobile de sa femme et de son fils unique. Douze ans à rester confiné dans cette villa. Ancien ingénieur brillant, ayant créé une usine prospère fabricant des phonographes et des postes radio, Cardonna décide un jour d'inventer pour son propre usage un appareil susceptible de mesurer la douleur.

Cette nouvelle, Le doloromètre universel, qui donne son titre éponyme au recueil nous transporte dans un univers à la limite du fantastique dans une ambiance diffuse. Les autres textes sont calqués sur ce modèle. Pas de fantastique agressif avec monstres et créatures allégoriques, mais comme un retour à l'imaginaire de notre enfance où la moindre image, le moindre ressenti pouvait entraîner l'esprit dans des mondes dont on peut se forger une perception rien qu'en regardant un nuage.

Dans Vertige, un homme se réveille avec la sensation de vivre au plafond. La maison a basculé, le plafond est devenu plancher, et il a du mal à accepter que rien n'a changé. Les docteurs consultés n'ont rien trouvé d'anormal, peut-être un revirement comportemental, un vertige positionnel paroxystique bénin. Ses amis essayent de lui changer les idées, mais cette impression de vertige demeure, comme si le ciel et l'espace étaient devenus un gouffre sans fond.

A Charenton-le-Pont existe une maison de santé psychiatrique, plus communément appelée un asile de fous. Un ami du scripteur lui remet des archives datant de son grand-père qui, journaliste dans les années 1920, avait rédigé un article à la demande de son rédacteur en chef. Celui-ci voulait du croustillant. Si un article a été réellement publié, celui des archives est resté dans un tiroir.

La Force nous entraîne dans une succession de suicides inexplicables. Les milieux scientifiques sont dans l'expectative. Un virus pourrait-être à l'origine de cette épidémie qui prend des proportions inquiétantes du jour au lendemain. Les statistiques s'affolent et des policiers sont chargés de l'enquête. Mais par quel bout la prendre ?

Le nuage nous ramène à notre enfance quand regardant le ciel, nous imaginions voir un éléphant, une tête de chien, ou autre image qui se déformait sous l'impulsion du vent. Depuis des décennies un homme se tient sur les bords d'un aérodrome scrutant le ciel avec ses jumelles. Peu à peu le narrateur parvient à lier connaissance avec cet individu au comportement bizarre. L'homme lui avoue observer des nuages, et plus particulièrement un qui ressemble à une tortue, car un pilote, dont il était le mécanicien est entré avec son avion à l'intérieur de la masse mais n'en est jamais ressorti.

Suivent deux contes dont le décor se situe à Pouilly en Auxois. Dans le premier, Sous la voûte, l'action a pour cadre le tunnel de canal de Bourgogne qui relie la Seine à la Saône. Long de plus de trois kilomètres trois-cents, il permet aux péniches de continuer leur trajet grâce à des toueurs électriques. Or il s'en passe des choses parfois dans ce tunnel. C'est ce qu'un éclusier raconte au narrateur. Quant à Thor à Pouilly, lorsque l'on vous dit d'une personne qu'elle est électrique, ce n'est pas forcément une métaphore.

Des histoires simples, mais pas simplettes entendons-nous bien, qui n'œuvrent pas dans un fantastique grandiloquent ou agressif mais qui possèdent une aura diffuse, comme une évasion de l'esprit au cours laquelle on extrapole un vécu, une image, une impression, une idée. Philippe Gontier s'inspire d'une mise en situation à l'ancienne, mettant en scène le narrateur face à des amis, des connaissances qui lui livrent des anecdotes, des documents, ou en ayant lui-même été un participant involontaire d'un épisode décrit.

Philippe Gontier est un fin connaisseur de la Littérature Populaire en animant diverses revues dont Sur les rayons de la Bibliothèque Populaire qui proposait des fiches de romans anciens mais également Le Boudoir des Gorgones, au rythme de parution aléatoire avec des nouvelles jamais rééditées d'auteurs anciens des présentations de ces auteurs, souvent méconnus.


Philippe GONTIER : Le doloromètre universel. Collection KholekTh N°23. Editions de LA Clé d'Argent. Parution Août 2013.98 pages. 6,00€.

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17 septembre 2013 2 17 /09 /septembre /2013 08:59

Bon anniversaire à Andréa H. Japp, née un 17 septembre !

 

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Julia Holmer, alias Helen Taylor-Caedon, qui a changé d’identité en bénéficiant du programme de protection des témoins, vit recluse dans une caravane.

Elle avait découvert que son époux, Cordell, avait à son actif une quinzaine de meurtres dont ceux de sa sœur aînée et de ses parents. Depuis elle se sait traquée et pour modifier son physique est devenue boulimique. Trop Grosse, trop grasse, elle croit que son ex-époux ayant échappé à toutes poursuites va renoncer à sa vengeance.

Une nuit Cordell, qui a réussi à retrouver la trace de Julia, met le feu à sa caravane. Elle réussit à s’échapper, nue et à se réfugier dans une ferme des environs. Elle prévient le directeur du F.B.I. à Quantico. Les agents Dougray Doyle et Esperanza Lorca, qui avaient eu en charge la précédente enquête doivent s’occuper d’elle et reprendre la chasse. Espéranza n’aime guère Julia, mais elle doit faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Julia déteste son ex pourtant elle ressent toujours une certaine fascination envers lui. Elle n’a qu’un but : l’éliminer. A moins qu’elle cherche à supprimer, à détruire les souvenirs qui la lie à lui.

Un roman fort, dense, noir, dans lequel l’attirance se le dispute à la répulsion. Tant du côté de Julia avec Cordell, que du côté d’Esperanza, attirée par Dougray. Mais Dougray la repousse, ayant dans sa vie d’autres problèmes, dont son jeune fils Liam, à régler. A régler seul, sans aide d’aucune sorte.

Andrea H. Japp nous happe dans cette histoire qui va plus loin qu’une énième péripétie de serial killer en cavale.


Andréa H. JAPP : Un violent désir de paix. Première édition Editions du Masque, Mai 2003. Réédition Le Livre de Poche Thriller N°31137. Mai 2006.

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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 07:47

Il était une foi, une crise de foi !

 

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Coincés entre les Francs au Nord et les Kastillans au sud, les Okcitans, les Khatars (pas ceux du PSG) et les Katalans subissent une guerre de religion, un schisme fomenté par le Pape Gontran dit le Défiguré et promoteur de la Nouvelle Foi.

En réalité, c'est plus compliqué que cela. Au Nord, il y avait (les corons, mais pas que...) le sénéchal Laguerre (ville attaquée par Laguerre, ville prise par la guerre) et le cardinal (ou selon les circonstances la) cardinal Posel Virt Schnessturm, pape de la dernière Nouvelle Foi, et ses affidés, dont Jirrodo le Nain, Galerne de Palerme, Bernadette di Venezia, ainsi que dans sa mouvance Agna la bruxia et quelques autres. Mais l'obsession de Posel Virt est de posséder le Grazal, qui lui permettrait de régner sur tous les territoires. Au sud, ce n'est guère mieux, avec les Kastillans qui veulent annexer la Katalogne.

Au milieu une poignée d'irréductibles s'élèvent et tentent de contrer les nombreuses attaques. Simon de Malfort, le commandant suprême de l'expédition franque a détruit Besierz et ces résistants en ont encore le souvenir. Xavi EL Valent qui a réussi a réanimer le Glaive de justice et ses compagnons, Lo Singlar et Olympe de Fois essaient de s'allier au sultan An-Nisar tandis qu'à Barcelona, dans les sous-sols de la Sagrada Katland, Pau, Enrekhtouès, Dard M'Odet font face à des adversaires particulièrement belliqueux. D'autant que Roland, le mort-vivant toujours en possession de sa fidèle Durandal n'épargne personne.

Heureusement Xavi et ses compagnons sont des sorciers et ils possèdent des armes susceptibles de contrer les attaques, à gauche, à droite, au centre, derrière, devant, de leurs adversaires qui disposent de zombies, d'animaux mutants comme les Minautaures et autres qui plient, rompent sous les coups mais se relèvent inexorablement.

Grâce au sultan An-Nisar, Xavi est accompagné de la belle Cheikha et surtout il lui est donné en cadeau des tuplars, des chevaux ailés issus d'une croisement de purs-sangs et de vautours. A condition toutefois de les rendre viables, car ces bestioles métissées décèdent quelques heures après leur naissance.

Ce roman épique, qui n'est pas sans rappeler les tristes heures de la croisade des Albigeois, du massacre des Cathares, une croisade mise en œuvre par l'église romaine à l'encontre de ce qui était considéré comme une hérésie, est écrit en trois parties : Le chant 1 : La bataille de Barcelona par Boris et François Darnaudet; le chant 2 : Cheikha, la Mujâhid par Gildas Girodeau et le chant 3 : Mourir à Montségur par Philippe Ward. Tandis que les deuxième et troisième parties se déroulent comme un prolongement de roman, la première ressemble à une succession de vignettes où batailles, combats, engagements divers entre les différentes forces en présence, entre sorciers, animaux mythiques, loups-garous, tigro-raptors, mutants et guerriers indestructibles. Presque comme une bande dessinée sans malheureusement les images ou un jeu de rôle.

Une épopée vive, pleine de fureur, de sang, de coups bas, de trahisons, de coups fourrés de toutes sortes et dont le lecteur ne ressort que difficilement tant les scènes d'action défilent à cadence accélérée.

Vous avez pu reconnaître parmi les différents protagonistes des noms qui ne vous sont pas inconnus, ceux, déformés, des auteurs qui ne s'attribuent pas forcément les beaux rôles, endossant le costume de méchants. Mais au détour d'une phrase, d'une scène, d'un épisode, d'autres personnages apparaissent dont des chroniqueurs sur la toile, un certain archevêque Zeu-Grard, dont vous pouvez retrouver les articles sur K.Libre et un archevêque-centurion du nom de Mau-Gendre qui figure dans un rôle de composition, évidemment. D'autres petits clins d'œil sont placés ça et là que je vous laisse découvrir au fur et à mesure de la lecture. Il en ressort une lecture agréable dont la religion dite chrétienne ne sort pas grandie, mais cela eut été étonnant si l'on analyse toutes les exactions dont elle s'est rendue coupable au cours des siècles envers ceux qui ne se pliaient à sa doctrine.

Ce roman de Fantasy est également une ode à la Catalogne, province scindée en deux par les Pyrénées et écartelé entre deux nations, la France et l'Espagne, à son besoin de reconnaissance et d'indépendance qui l'anime et l'agite des deux côtés de la frontière, légitimement.

Juste un tout petit et léger reproche : un troisième volume est annoncé, et il serait bon de récapituler les noms des personnages, leur fonction et leur appartenance à tel ou tel clan. La lecture en sera facilitée. Mais ce n'est qu'un petit détail, qui ne mérite pas qu'on s'attarde dessus, et d'ailleurs je me demande pourquoi je l'ai soulevé. Si, pour ne pas être taxé de flagorneur !

 


A lire le premier volet de la Saga de Xavi : Le Glaive de justice.

 

F & B DARNAUDET; G. GIRODEAU; P. WARD : De Barcelona à Montségur (La saga de Xavi El Valent 2). Collection Blanche, éditions Rivière Blanche. 212 pages. 17,00€.

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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 07:48

Où il y a Gênes, il n'y a pas de plaisir !

 

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Correspondant à Paris du journal britannique Daily World d'obédience bolchéviste, Ralph Exeter vit avec sa femme Evguénia, d'origine Russe et leur fils Fergus à Saint-Cloud. Il cohabite plutôt car le ménage bat de l'ile, ses nombreuses incartades nuisant à la paix du ménage. Il accumule les conquêtes dont la dernière est Emma Sinclair Medley, poétesse et auteur dramatique américaine, dont il veut se séparer. Il professe des idées politiques favorables aux communistes, Fania sa belle-sœur étant elle-même marxiste. Seulement Fania, si elle est intelligente mais laide, a été écartée au profit d'Evguénia car la jolie poupée russe était enceinte des œuvres d'Exeter.

Parallèlement à ses activités journalistiques, Ralph Exeter émarge au Komintern, le réseau de propagande, d'agitation révolutionnaire et de renseignement créé en 1919 à Moscou et destiné à contrôler les partis communistes étrangers. Durant la Première Guerre Mondiale il avait été affecté au service du Renseignement de la Royale Air Force et, à cause d'une bévue épistolaire, il avait été convoqué par le colonel William Evans. Or heureusement pour Exeter celui-ci ressentait des sympathies envers la révolution russe. Depuis ce temps, Exeter continue à recueillir des informations et les remet à Evans, lequel en échange lui glisse une enveloppe bourrée de billets destinés à payer ses informateur.

En ce mois d'avril 1922, doit se tenir à Gênes une conférence internationale et des diplomates, des ministres de toute l'Europe y participeront ainsi que, pour la première fois, des délégués du gouvernement soviétique. Exeter fait partie de ces journalistes désignés pour couvrir l'événement avec une mission de confiance à remplir. Dans un café Evans lui confie une enveloppe qu'Exeter doit remettre à Rakovski, et à lui seul, l'un des envoyés du gouvernement russe. Mais il lui faudra se méfier de l'entourage du délégué russe qui est accompagné de Tchitchérine, Ioffé, Vorovski, Krassine et Litvinov ainsi que d'hommes de la de l'ancienne Tchéka devenue le Guépéou, la police politique soviétique.

Dans le train qui l'emmène à Gênes, Exeter voyage en compagnie d'un individu prétendant se nommer Marius Moselli qui lui fait un cours sur les pucerons lanigères. L'homme est un représentant de commerce en engrais et produits insecticides et s'avère particulièrement ennuyeux. Au cours du repas qui est servi dans la salle de restaurant du train, tandis qu'Exeter déjeune en compagnie d'un autre voyageur croisé dans un couloir, son regard est attiré par une belle jeune femme. Son nouveau compagnon Herbert Holloway est un journaliste américain qui a pour habitude de boxer contre son ombre et de gloser sur la pêche. La jeune femme se nomme Melicent Theydon-Payne et Moselli s'invite à sa table.

Lorsqu'Exeter et Holloway retrouvent le compartiment du journaliste britannique, ils sont attendus par Moselli qui braque un revolver et réclame l'enveloppe confiée à Exeter. S'ensuit des échanges de coups et Holloway défenestre l'homme alors que le train roule en pleine campagne. La mission d'Exeter est fortement comprise. L'incident passe inaperçu mais ce qu'Exeter et son compagnon ne manquent pas de remarquer à Pavie ce sont les exactions perpétrées par des Squadristis à l'encontre d'un de leur confrère. Un passage à tabac en règle et pour faire passer les coups quelques bolées d'huile de ricin.

Le séjour d'Exeter à Gênes est ponctué d'incidents de toutes sortes, et il risque même à plusieurs fois d'y laisser sa vie. Entre les soldats italiens qui lui retirent son passeport, les membres de la Tchéka qui surveillent l'hôtel Impérial à Santa Margharita où sont logés les délégués russes, les squadrisi à la botte de Mussolini, sa rencontre avec le Duce, le meurtre de Yatskov, et autres épisodes douloureux et hauts en couleurs, Exeter ne sait plus où donner de la tête. Ses rencontres mouvementées avec Milicent qu'il a fini par retrouver, mais aussi d'autres protagonistes dont Eastman, un journaliste américain proche du parti communiste, Jo Davidson, un plasticien, Elyena Krylenko, l'une des secrétaires de la délégation, Styrne au caractère impitoyable ou encore Bielefeld le galeriste d'art. Les Russes recherchent qui dans leur camp est à l'origine de fuites transmisent à un agent britannique du nom de Stephen Reilly, alias Sigmund Rosemblum dont la présence à Gênes est indéniable, mais sous quels traits, et qui aurait pu être confondu si Exeter ne s'était pas fait subtiliser le document.

Première station avant l'abattoir, titre emprunté à une expression de Louis-Ferdinand Céline, est tout aussi bien un roman d'aventures dans la grande tradition du genre, qu'un roman d'espionnage mâtiné de roman policier ou qu'un documentaire politique qui pourrait figurer dans une revue d'histoire. En effet Romain Slocombe retrace les soubresauts dans le début des années 1920 des tensions entre pro et antibolchéviques, mais surtout les tensions nombreuses entre les différents responsables du parti communiste. Le profil psychologique des différents protagonistes qui n'apparaissent pas dans ce roman, Lénine, Trotsky, Staline, est étudié en profondeur, mettant en avant leur caractère et les nombreux antagonismes qui les habitaient, les décisions qu'ils prenaient et les méfaits dont ils se rendirent coupables. Mais ce sont surtout leurs partisans, des fanatiques, qui sont décrits dans leurs actes et leurs paroles. Mussolini, dont les idées politiques étaient totalement différentes n'est pas épargné non plus, et ses adeptes se conduisent en véritables bêtes dénuées d'humanisme. L'intolérance, la force brutale, les exactions sont profession de foi et ils torturent en toute impunité des innocents. Dénués de scrupules, ils se conduisent en despotes, et n'hésitent pas à éliminer ceux qui n'adhèrent pas à leurs idées, ou leur font de l'ombre. Cette partie documentée laisse place peu à peu à une succession d'épisodes mouvementés et le lecteur qui avait entamé sa lecture en mode diesel est happé par cette intrigue au nombreux rebondissements.

Un fin de volume Romain Slocombe a établi une présentation des personnages réels, des faux vrais protagonistes dont Herbert Holloway alias Ernest Hemingway et personnages fictifs.


Romain SLOCOMBE : Première station avant l'abattoir. Editions du Seuil, collection Le Seuil Policiers. Parution le 5 septembre 2013. 416 pages. 21,50€.

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 08:49

Pour qui sont ces serpents qui sifflent...

 

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Si un grand nombre de lecteurs potentiels établissent leur opinion sur un roman grâce à une couverture attractive ou à une quatrième de couverture plus ou moins intéressante, le chaland sera plus souvent happé par les premières lignes de l’ouvrage. Celles-ci sont souvent prédominantes dans l’achat éventuel.

Aussi je ne peux résister au plaisir de vous en dévoiler ces phrases qui incitent par leur force à se plonger dans cette histoire touchante et émouvante :

Je suis morte il y a treize ans.

J’avais six ans.

On m’a retrouvée noyée dans le lac, sous la glace, pas très loin de la maison. Les poches de ma robe étaient bourrées de pierres.

Les poissons avaient dévoré mes doigts et mon visage. On m’a identifiée à ma taille et à mes vêtements.

Mon joli anorak rose et mon sac à dos Scooby-Doo.

On m’a enterrée un après-midi de janvier. Il neigeait.

Sur ma tombe il y a gravé « Susan Lawson 1992-1998 A notre cher petit ange ».

Quand le cercueil est descendu dans le trou, ma mère s’est mise à hurler. Mon père s’est évanoui.

Intriguant, non ?

 

En ce 23 décembre, la parution d’un article écrit par un jeune journaliste aux dents longues ravive de douloureux souvenirs aux habitants de la petite ville d’Ennatown. Treize ans auparavant la jeune Susan Lawson disparaissait. Elle était âgée de six ans. Son corps avait été retrouvé quelques mois plus tard sous les eaux gelées du lac Winnipek, et n’avait pu être identifiée que grâce aux vêtements qu’elle portait. C’était la cinquième victime de celui qui avait été surnommé Le Noyeur. Seule une des petites kidnappées n’était jamais réapparue. Elles avaient toutes entre cinq et sept ans.

Snake T. est plongé dans la lecture de l’article lorsque Vince le rejoint. Snake T., vingt-six ans, est un ancien rappeur mis sur la touche à cause d’une bagarre pour une vilaine histoire de jalousie. Bilan, une balle dans le dos, et une incapacité à se déhancher, courir et même marcher sans ses béquilles. Fini la gloire et retour au pays comme un simple fils de marchand de pizzas.

Vince est plus alerte, la quarantaine démolie quand même par l’alcool. Une carrière brisée à cause de son intempérance et d’une bavure, une balle perdue qui a étoilé la tête d’un gamin qui n’avait rien fait de mal sauf d’être dans la ligne de tir du policier dont la main tremblait alors qu’il coursait un revendeur de drogue soupçonné de crime de sang. Pour lui aussi, fini les galons de lieutenant et retour au bercail. Limogeage en règle. Il travaille depuis peu à l’entretien du cimetière, là où est enterré son père, afin d’aider le père Roland qui n’est plus en très bonne santé. Il est essaie de ne plus boire, mais…

Il n’est pas le seul à avoir sombré dans l’alcoolisme. Pour des raisons différentes que lui, par exemple les parents des gamines disparues. Les pères qu’il rencontre au hasard des allées dans le cimetière. Quoi que certains peuvent se reprocher d’avoir sur la conscience la disparition de leur enfant, ayant accompagné leur fille jusqu’à l’arrêt du car mais ne pas avoir attendu le passage de celui-ci pressé d’aller se rincer la glotte.

Dans une cave, végète depuis des années, treize exactement, Susan Lawson. Elle n’est pas décédée et a donné naissance à une petite fille Amy, âgée aujourd’hui de cinq ans. Daddy, c’est ainsi que le ravisseur exige qu’il soit appelé, leur fournit comme victuailles du porridge (pouah la bouillie d’avoine) et des croquettes pour chien. Susan à dix-neuf ans n’est plus qu’une ombre, perdant ses dents et ses cheveux par poignées (les cheveux pas les dents). Amy est muette, mais elle a appris à lire dans les bouquins et les livres d’images que Daddy leur ramène parfois. Susan sait qu’elle n’en a pour plus longtemps, aussi elle veut qu’Amy puisse prend son envol. Elle arrive à dévisser une grille qui donne sur une sorte de boyau par lequel Amy doit pouvoir s’échapper, porteuse d’un morceau de papier, un appel à l’aide.

En ce vingt-trois décembre, à deux jours de Noël où les préparatifs vont bon train, tous ne pensent pas à boire et à festoyer. Black Dog par exemple, qui ne sait ni lire, à part quelques mots, ni écrire, ancien militaire pas très futé (non, ce n’est pas un pléonasme). Il vit dans les futaies de l’immense parc d’Ennatown. Il se débrouille pour survivre, trainant derrière lui un charriot dans lequel il dépose ses maigres affaires et ce qu’il récolte dans les poubelles. Dans sa tête trottinent en boucles ses pensées relatives à sa période militaire et ses amis, peu à vrai dire, aujourd’hui défunts. Il recueille la petite Amy, qu’il appelle Army, n’ayant pas compris ce qu’elle a écrit, et la prend sous sa protection.

Ils se rendent en ville à la recherche de nourriture et Black Dog pense pouvoir endiguer leur faim avec des parts de pizza jetées par le père de Snake T. Amy tend son morceau de papier à une dame mais celle-ci ne comprend pas son geste et le temps qu’elle cherche ses lunettes, le couple Black Dog et Amy s’enfuient. Ils ont peur de se faire choper. Snake T. aperçoit Black Dog qui s’enfuit avec la gamine accrochée à lui mais le temps qu’il réalise, ils sont loin, hors de portée.

Ce pourrait-il qu’il vient d’assister à un nouvel enlèvement ? L’article qu’il a lu peu avant laisse penser à ce genre d’événement. D’autres personnages ont entrevu ce drôle de couple, ont déduit la même chose et une sorte de paranoïa s’installe dans la petite ville. Le Noyeur a-t-il refait surface ?

Ennatown, à l’origine Ennaton, le serpent d’eau en langage Seneca, la peuplade indienne qui vivait sur cette terre avant d’être quasiment rayée de la carte, Ennatown est une petite ville de quatre mille deux cents âmes et huit églises. Les habitants sont pour la plupart relativement aisés, mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont heureux. Certains boivent, d’autres cherchent des compensations charnelles en dehors du lit conjugal. La population blanche prédomine, et quelqu’un comme Black Dog ne passe pas inaperçu. Et peu à peu le traumatisme lié aux enlèvements et aux meurtres qui se sont déroulés treize ans auparavant se réveille.

Brigitte-Aubert.JPGBrigitte Aubert décrit une galerie de personnages troublants, qui reflètent une certaine mentalité rurale américaine, sans être pour autant caricaturaux. Des passages émouvants s’insèrent dans les descriptions des faits et gestes des différents protagonistes, dans leurs actes et leurs pensées. Pour certains d’entre eux, cette quête d’une petite fille enlevée ou supposée kidnappée, peuvent amener à une rédemption. D’autres englués dans leur idées strictes empreintes de religiosité ou de morgue professorale, se fourvoient.

A chacun de ses romans, Brigitte Aubert renouvelle son style et son inspiration et La ville des serpents d’eau est ne déroge pas à ces qualités. Et puis il faut souligner les petits effets, qui touchent le lecteur, comme lorsque l’auteur narre les découvertes d’Amy. Amy ne connait rien du monde seulement par les livres d’images que Daddy amenait parfois et elle est contente de pouvoir employer (dans sa tête) des mots face à ce qu’elle découvre. Et Brigitte Aubert pour mieux nous faire partager les impressions d’Amy écrit ses mots en majuscule.


De Brigitte Aubert, à lire aux éditions Points :  La mort des bois,  Eloge de la phobie,  Les quatre fils du docteur March. Aux éditions Fayard :  Le souffle de l'Ogre et dans la collection Petits Polars du Monde : Boulevard du Midi.


Lire également la chronique de Claude sur Action-suspense concernant Le Royaume disparu.


Brigitte AUBERT : La ville des serpents d’eau.( Première édition : Le Seuil Policiers. Editions du Seuil. 2012). Réédition éditions  Points Policiers 336 pages. 7,00€.

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13 septembre 2013 5 13 /09 /septembre /2013 08:00

Biche, oh ma biche, lorsque tu soulignes...

 

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La route qui conduit du village de Saint-Sauve à la station thermale de La Bourboule est en descente et tout en virages. Denis, le coiffeur, se rend à son travail juché sur un Solex, lorsque deux gamins se jettent sous ses roues. Plus de peur que de mal, mais la fuite des enfants sur la voie était provoquée par leur découverte. Dans une grotte gît un cadavre. Déjà Denis image les belles histoires qu'il va pouvoir offrir dans le cornet auditif de ses clientes. Car cet individu n'est pas mort de sa belle mort, s'il en existe une, mais a été abattu par une arme à feu.

A Paris, le jeune inspecteur Georges Barberi est convoqué au siège de la Police judiciaire. Le commissaire Havet et le sous-directeur lui ont demandé de quitter Nîmes, ville où il se plait, pour lui confier une mission. Son père décédé était officier de policier et fort apprécié de ses supérieurs. Havet pense pouvoir compter sur le jeune homme afin de mener à bien l'enquête sur le meurtre de La Bourboule dont la victime n'est autre qu'un policier de sa brigade qui lui-même pensait résoudre le mystère d'un hold-up perpétré à Saint Denis, en proche banlieue parisienne, quelques mois auparavant.

Un hold-up qui s'est terminé tragiquement laissant quelques cadavres sur le bitume, des truands et des policiers. Le responsable de l'opération, un ancien employé de banque, était à l'origine du braquage du fourgon et il avait pu s'échapper. Il avait été retrouvé quelques jours plus tard, mort chez lui, ayant perdu tout son sang, ayant été touché dans l'affrontement entre ses complices et les forces de l'ordre. L'argent avait disparu et la jeune femme qui vivait avec le malfaiteur aussi.

Le mort découvert dans la grotte était donc un policier qui passait trois semaines de convalescence dans la station de cure thermale et il était tombé par hasard sur celle qui avait été surnommée La Biche en fouillant, l'indélicat personnage, son sac à main. Inadmissible de la part d'un policier ! Il avait envoyé aussitôt une missive à son chef précisant qu'il lui ferait parvenir son rapport ultérieurement. Rapport jamais écrit, envoyé et pour cause.

La première tâche pour Barberi est d'avoir une discussion avec Jo le Tatoué l'un des rares truands arrêté lors du vol et indic à ses heures, lequel lui apporte quelques renseignements. Ensuite destination La Bourboule muni d'une liste des noms de jeunes femmes susceptibles de figurer parmi les suspectes. C'est l'inspecteur Bonnard, qui le rejoindra plus tard en mission officielle tandis que Barberi devra se comporter en touriste, qui a établi cette liste en compulsant les fiches recueillies auprès des hôtels et des pensions de famille. Il a éliminé celles qui sont arrivées après le meurtre de leur collègue, celles qui y résidaient lors de l'attaque, celles enfin qui ont quitté La Bourboule avant la mort du policier. Restent donc cinq jeunes femmes que Barberi va devoir approcher.

Arrivé sur place, le jeune inspecteur n'est pas long à les situer. Il s'agit de Juliette Cabut, sans profession, résidant dans la station thermale pour des raisons de santé; Régine Royer, téléphoniste, auxiliaire de la Poste qui est venue pour le travail tout comme les trois autres; Tonia Jongault, barmaid; Nathalie Seguin, manucure dans le salon de coiffure tenu par Denis, et Florence Charron, infirmière. Elles sont logées soit à l'hôtel, dans une pension de famille ou sur leur lieu de travail. Barberi, ne tarde pas à les rencontrer dans le bar Le Refuge qui semble être le point d'ancrage de ces jeunes femmes.

Mais il semble bien que les événements se précipitent car l'une d'elle est assassinée peu après son arrivée. Puis une autre. Cela a l'avantage de réduire considérablement le champ des investigations.

 

Prenez soin d'ouvrir une fenêtre avant de vous plonger dans ce roman, car tous les protagonistes fument à qui mieux-mieux, un mégot servant de briquet pour en allumer une autre cigarette. Et l'alcool est lui aussi au rendez-vous comme dans les bons vieux polars des années 50 dont ce roman fait partie. Mais ce n'est pas l'inspecteur Barberi qui avale cognac sur cognac et whisky. Ce sont les jeunes femmes. Lui se contente de verres d'eau ou de jus de fruits. Barberi est un peu imbu de son statut de jeune inspecteur et il regarde ses collègues évoluer avec suffisance. Il est vrai qu'il est naturellement doué pour étudier, analyser mais il manque toutefois d'un peu d'expérience.

Au départ on se croirait un peu dans un roman de Simenon, puis l'intrigue se tourne vers Agatha Christie et les Whodunit, cette réunion de cinq femmes soupçonnées de plusieurs crimes, pour enfin, alors qu'on s'attend à un dénouement avec convocation des présumées coupables, aboutir à un épilogue tranchant, abrupt. Comme si Geneviève Manceron avait été obligée de clore son histoire rapidement, pagination oblige. Mais il reste l'avantage de ne pas se perdre en dialogues verbeux, déductions oiseuses et retournements de situations qui n'auraient rien apporté de plus dans le bon enchaînement du récit et sa conclusion.

Ce roman s'inscrit dans son époque mais se lit ou se relit avec plaisir. Et ceux qui ont eu l'occasion de visiter ou d'effectuer un séjour à La Bourboule ne seront pas trop dépaysés, seul l'hôtel de Charlannes étant devenu une ruine au début des années soixante-dix. Un petit air rétro qui peut s'apprécier comme un film en noir et blanc.


Lire également : Geneviève Manceron, un portrait.


Geneviève MANCERON : La Biche. Editions Ditis, collection La Chouette. N° 36 (1956). Réédition J'ai Lu Policier N° 10 (1964).

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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 09:15

En 1988 j'ai eu le privilège de pouvoir correspondre avec Gilles Manceron, le neveu de Geneviève Manceron, journaliste, romancière et collaboratrice de Frédéric Ditis pour les collections Détective-club et La Chouette.

Je livre ici la réponse qu'il m'avait envoyée le 9 mai 1988.

 

 

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Monsieur,

Je vais essayer de répondre à vos questions à l'aide des éléments que j'ai pu rassembler. Ma tante Geneviève Manceron, qui vit maintenant dans une maison de retraite à Groslay, dans le Val d'Oise, ne garde plus de souvenirs précis et mes réponses vous paraîtront certaines lacunaires sur son activité de journaliste et d'écrivain.

Geneviève Manceron est née en effet à Cherbourg, le 7 avril 1906. Mais elle n'est pas Normande de souche. Son père, Henry Manceron était officier de Marine et avait été nommé en février 1906 à la Majorité Générale du port de Cherbourg. Sa mère, grecque de Turquie, était venue en France pour épouser ce jeune officier de Marine. Ils s'étaient installés à leur arrivée à Cherbourg, au 24, rue Victor Hugo, dans une maison meublée de 7 pièces où elle est née - indique un carnet tenu par sa mère - Un samedi veille des Rameaux. Sa famille paternelle comprenant deux autres générations d'officiers de Marine était quant à elle fixée à Lorient.

Geneviève Manceron a bien peu vécu à Cherbourg : le 15 février 1907, son père a été nommé à Brest où elle a résidé jusqu'à septembre 1908. Ensuite, son père a été affecté au commandement d'un torpilleur de la flottille de la Manche qui relâchait à Dunkerque et Cherbourg... mais la famille s'est installée près de Dunkerque, où elle est restée jusqu'en 1910, puis, en raison d'une nouvelle nomination, s'est établie près de Toulon jusqu'à la fin de la guerre de 14. En 1920 la famille est allée à Berlin - Henry Manceron faisant partie de la Commission d'armistice - puis est venue vivre à Paris, Geneviève faisant ses études à Sainte-Croix de Neuilly, puis commençant une licence de lettres à la Sorbonne.

Elle entre au journal Optima en 1928, puis travaille chez Hachette de janvier 1930 à janvier 1931. Elle fait ensuite un séjour comme gouvernante en Tunisie (octobre 193 à août 1932) puis passe six semaines à Deauville. En 1933 elle reprend des études de littérature comparée à la Sorbonne puis fait un séjour en Angleterre à nouveau comme gouvernante. En octobre 1934, elle entre comme rédactrice au journal l'Ordre puis collabore à Marianne.

En mai 1939, Geneviève Manceron entre comme professeur au château de la Guette, près de La Bourboule, dans un internat accueillant des enfants juifs austro-allemands recueillis par la Baronne de Rothschild. Pendant toute la durée de la guerre elle s'occupe de ces enfants qu'elle s'efforce de répartir dans des familles (certains survivront d'autres seront déportés, elle se souvient de l'un d'entre eux, revenu de déportation qu'elle a vu mourir à l'hôpital à Paris en lui disant Geneviève pas de boniments). Elle participe également à la Résistance.

A la Libération, elle entre au journal Ce soir où elle en particulier avec Louis Aragon; elle est proche du Parti Communiste mais n'y adhère pas. Elle y assure différents reportages, en particulier des comptes-rendus judiciaires et couvre en particulier le procès de Charles Mauras. Elle travaille ensuite au journal Paris-Presse où elle dirige le service politique étrangère, puis, au début des années 50, elle quitte le journalisme pour travailler dans l'édition. Elle devient lectrice au Détective-club puis collabore avec Frédéric Ditis et écrit les romans policiers et d'espionnage que l'on sait. Comme journaliste, elle se passionnait notamment pour les faits divers et les affaires criminelles (sa bibliothèque contenait un grand nombre d'ouvrages de criminologie); il faut peut-être voir là le lien chez elle entre plus jeune que Geneviève Manceron et Michel Averlant - restée elle-même célibataire et sans enfants - elle a noué avec lui à la fin des années 50 une forte relation d'amitié, l'aidant à apprendre les métiers de l'édition et l'incitant à écrire lui-même.

Je puis vous confirmer votre information sur le livre signé Claude Chevalon. Claude Manceron est né à Paris le 5 février 1923.

... j'ajoute qu'elle était la filleule de Victor Segalen, ami de son père Henry Manceron: la relation de Segalen avec Henry Manceron est le sujet du livre Trahison fidèle que j'ai fait paraître aux éditions du Seuil en 1985, il comprend, outre les lettres des deux amis, une lettre de Segalen à Geneviève Manceron.

Croyez...

 

Certains spécialistes de la littérature populaire avancent comme pseudonyme possible de Geneviève Manceron celui de John Baynes. Gilles Manceron n'a ni infirmé ni confirmé cette assertion. La consultation auprès de la BNF n'a rien donné.

Geneviève Manceron a travaillé jusqu'à sa retraite comme directrice littéraire dans le sein des éditions J'ai Lu. Elle est décédée à Groslay, dans le Val d'Oise, le 17 juillet 1994.

Liste des romans sous le nom de Geneviève Manceron :

Collection La Chouette :

 

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La Biche.N° 36 (1956). Réédité chez J'ai Lu policier N° 10 (1964).

Pauvres petites crevettes. N° 54 (1957). Réédité chez J'ai Lu policier N° 44.

La Puce à l'oreille.N° 66 (1957).

Anguille sous roche. N°96 (1958).

Les Brebis tonduesN° 134 (1959). Réédité chez J'ai Lu policier N° 26

 

Liste des romans sous le nom de Bruno Bax :

Collection La Chouette:

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H et le dossier 136. N° 2 (1955)

H et l'opération corrector. N°6 (1955)

H et l'espionne ingénue. N° 10 (1955)

H et la bouée baladeuse. N° 16 (1956)

H et le sous-marin volé. N° 20 (1956)

H et la petite Irlandaise. N° 24 (1956)

H et l'opération Manchot. N° 32 (1956)

H contre le réseau Baleine. N°46 ( 1957)

H et le Hollandais volant. N° 59 (1957)

H et l'opération Fado. N° 77 ( 1957)

H et la dangereuse Africaine. N° 100 (1958)

H et l'opération mer libre. N° 114 (1959)

H et le dossier rouge. N° 123 (1959)

H et l'accusée de Varsovie. N° 148 (1959)

 

Collection Jean Bruce Espionnage. Presses de la Cité

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Un coup de H. N° 27 ( 1959)

Aurore mortelle. N° 42 (1959)

Office de mort. N° 54 (1959

La bête fauve. N° 65 (1959)

 

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11 septembre 2013 3 11 /09 /septembre /2013 10:00

Quand Jigal se met en trois pour vous être agréable !


Ce mois de septembre paraissent aux éditions Jigal trois nouveautés que j'aurai probablement l'occasion de chroniquer :

African tabloïdde Janis Otsiemi, Loupo de Jacques-Olivier Bosco et Le chat Ponsard d'André Fortin. Mais auparavant penchons-nous sur trois rééditions fort bienvenues en format poche.

 

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Maurice Gouiran: Putains de pauvres ! 280 pages. 9,50€.

Retrouver trente après, un amour de jeunesse, n’est pas toujours désagréable, seulement cela dépend des conditions et de l’état physique des protagonistes. Ainsi, alors qu’il stationne au comptoir de son bar habituel, le Beau Bar, Clovis est tout étonné d’être abordé par une clocharde en laquelle il reconnaît Laura, la jolie Laura de son adolescence. Elle lui révèle que des SDF sont les victimes d’hommes circulant en 4X4, les aspergeant d’essence ou les brutalisant à mort. Et qu’une épidémie de grippe, aviaire, chikungunya ou autre, sévirait parmi les quartiers pauvres de la ville.

Bien évidemment les événements ne sont pas relayés par les médias et les autorités dites compétentes, ou si peu. Elle n’en sait guère plus Laura, mais elle peut toutefois orienter Clovis vers un maçon portugais reparti au pays après le décès d’un ami lui aussi Portugais et maçon dans un hôpital marseillais, et que trois pompiers auraient contracté la maladie en l’évacuant d’un squat. Les pompiers vont mieux, grâce à leur jeune âge et leur constitution solide. Mais les pauvres, les sans-abris, qui manquent du minimum vital n’ont pas cette chance. La suite de ma chronique ici

 

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Philipe Georget : Les violents de l'automne. 456 pages. 9,80€.

Les sanglots longs des violents de l'automne blessent mon cœur d'une longueur monotone et résonnent sur les arbres, les terrasses, les toits et la Tramontane s’en donne à cœur joie !  

Je sais, ce n’est que de l’à peu près (je demande pardon à Paul Verlaine), mais ce n’est pas Gilles Sebag, inspecteur au commissariat de Perpignan, qui me jettera le premier vers, lui qui est habitué à détourner les proverbes, maximes et autres aphorismes. Genre, lors d’un repas, la pépie vient en mangeant. Un humour potache qui lui permet de mettre de côté ses petits problèmes familiaux et professionnels. Toujours hanté par une éventuelle infidélité de sa femme Claire, il est sollicité par sa fille Séverine pour s’immiscer dans une enquête non officielle.

En effet Matthieu, le frère d’une de ses amies d’école, a été tué dans un accident alors qu’il roulait en scooter. Il a été percuté par une camionnette mais selon la sœur de Mathieu, tout n’est pas clair dans cet accident et les policiers jugent l’affaire close. D’ailleurs le conducteur de la camionnette, qui est un alcoolique avéré, jure qu’un véhicule blanc a brûlé un stop l’obligeant à dévier de sa trajectoire, engendrant l’accident malheureux et tragique. Sebag promet à sa fille d’étudier le dossier et voir s’il peut dénicher quelque chose qui infirmera les conclusions de ses collègues, durant ses temps libres. Seulement une autre affaire plus délicate requiert pour l’heure toute son attention. La suite ici

 

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Gilles Vincent : Parjures. 248 pages. 9,50€.

Un dicton affirme : jamais deux sans trois et je viens de le vérifier. Partant d’un même postulat de base, la libération prématurée d’un protagoniste ayant bénéficié d’une réduction de peine alors qu’il avait été condamné pour meurtre ou viol, trois romanciers démontrent qu’un sujet analogue peut-être traité différemment. Après Le fossé d’Hervé Jaouen et Petits meurtres chez ces gens-là de Dulle Griet, voici donc une troisième intrigue ayant un détenu libéré parmi les personnages principaux.

Sortie aux aurores de ses rêves récurrents par un appel téléphonique, la commissaire de police Aïcha Sadia en remercierait presque son correspondant, l’un des hommes de son équipe le lieutenant Camorra. Lorsqu’elle arrive sur place, elle pourrait imaginer qu’elle se trouve sur un tournage de film, sauf que la scène du crime est bien réelle. Un corps dont la tête a été tranchée, le corps reposant sur un billot, posés près du cadavre un petit verre d’alcool et un mégot. Nul doute qu’il s’agit là d’une reconstitution à l’ancienne d’une exécution capitale. D’ailleurs, les papiers d’identité de l’individu sont retrouvés dans son pardessus déposé non loin, l’homme dont la tête a été décollée est un ancien prisonnier libéré depuis peu de temps. Un mois auparavant un autre ancien condamné a subi le même triste sort. La suite ici

 

Et n'oubliez pas, l'important c'est la prose !

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10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 13:58

Ecouter, c'est bien, l'entendre c'est mieux !

 

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Depuis qu'il est tombé dans le coma neuf mois auparavant à cause d'une vilaine histoire d'ecstasy, Jules, seize ans, n'est plus pareil. Il est devenu sourd et sa vie au quotidien a profondément changé (voir Silence, même collection).

Ses parents et sa sœur Jeanne, sa cadette qui du haut de ses quatorze ans le chambre parfois, se sont adaptés à la situation. Ils apprennent la langue des signes, et il continue ses études dans un établissement adapté. Il a même préféré devenir interne afin de cohabiter en permanence avec ses condisciples même si ceux-ci lui reprochent de n'être qu'un devenu-sourd et qu'il possède encore l'usage de la parole.

Ses parents ont décidé de passer quelques semaines de vacances en Alsace. Ils seront hébergés dans un gîte chez des viticulteurs dont Rémi le fils est lui aussi sourd, mais de naissance.

Au bout d'un long voyage en voiture qui mène la petite famille de Toulouse jusqu'au petit village de Nerhussen, non loin de Colmar, les voilà enfin arrivés dans ce qui pourrait ressembler à un village gaulois. Karine, la mère, Rémi le nouveau copain attribué d'office à Jules et qui est de son âge, Camille, la fille, adolescente de dix-huit ans belle mais boudeuse, plus les grands-parents, des cousines qui vivent en face de la route, accueillent les Français de l'intérieur. Il faut s'y faire, c'est comme ça, ceux qui habitent de l'autre côté des Vosges ont été surnommés ainsi depuis des événements bellicistes. Manquent Denis, le père et Benoît l'oncle célibataire qui travaillent dans les vignes.

Mais les deux hommes tardent à rentrer et ce n'est pas normal, alors Rémi, fier de montrer l'exploitation à son nouvel ami lui propose d'aller les rejoindre. Pas normal non, car Denis et l'oncle sont en discussion avec des gendarmes. Plus de trois cents pieds de vigne ont été tronçonnés dans leur parcelle et celle adjacente qui est la propriété du maire du village. Celui-ci n'a pas désiré porter plainte, mais Denis est furieux et n'entend pas en rester là.

Le lendemain Rémi et Jules rendent visite à Charala, un vieil homme qui leur explique qu'à l'origine, avant le remembrement, les deux parcelles n'en faisaient qu'une et que c'est le père du maire actuel qui les avaient achetées aux enchères à la Libération. Auparavant elles appartenaient à la famille Stahl, mais celle-ci convaincue de collaboration avec les Allemands avaient été dépouillés de leurs biens et passés par les armes par des Résistants. Désireux de rejoindre le site des Trois Tours, des ruines, ils aperçoivent un camion de pompier. Une voiture est encastrée dans un arbre dans un ravin et l'homme qui conduisait est décédé apparemment de ses blessures. Ce genre d'intervention est assez courante pour les hommes du feu dirigés par le père de Rémi. Ce qui l'est moins, c'est qu'une tronçonneuse ayant servi récemment gît près du cadavre. Il semblerait bien que le vandale est été puni.

Rémi est occupé à aider son père dans les vignobles et Jules décide d'entamer une enquête car en se promenant dans le cimetière à la recherche des tombes Stahl il s'est rendu compte que Joséphine Stahl qui n'avait qu'à peine dix-huit ans à l'époque soit décédée le même jour que celui de naissance du conducteur : 03/08/1942. D'autres coïncidences le troublent.

Alors la plupart du temps en compagnie de Camille qui lui bat un peu moins froid, il se rend auprès de la secrétaire de la mairie, puis à la bibliothèque municipale de Colmar, au bureau du journal des Dernières Nouvelles d'Alsace, afin de s'imprégner de l'histoire de cette famille Stahl qui a été déshonorée et abattue pour des raisons qui n'étaient pas forcément celles dont elle était accusée. Pour mieux comprendre cette période qu'il découvre. D'ailleurs il confie ses doutes au capitane de gendarmerie Croville qui est intéressé sans le laisser franchement paraître.

Trois centres d'intérêt figurent dans ce roman annoncé pour des adolescents à partir de treize ans. D'abord cette plongée dans l'histoire d'un village alsacien lors de l'Occupation allemande, avec son lot comme partout ailleurs de Résistants, les vrais, et ceux de la dernière heure et les multiples dénonciations engendrées souvent par la jalousie et la cupidité.

Autre centre d'intérêt, c'est le regard porté sur le monde des sourds, des non-entendant de naissance et qui ne parlent pas, ceux qui le sont devenus à cause d'un accident de la vie et continuent à pouvoir s'exprimer par la parole, le conflit parfois qui oppose les oralistes à ceux dont les oreilles et la bouche sont définitivement clos, le langage des signes et le petit carnet tenu par devers soi en permanence afin de mieux se faire comprendre. L'attitude des parents de Jules aussi envers leur enfant puni et meurtri par la perte d'un de ses cinq sens. Et il est émouvant de lire que Jules pense parfois qu'il aurait préféré perdre la vue plutôt que l'ouïe.

Enfin, cette attirance que ressent Jules envers Camille, un amour d'enfant qui parfois peut se prolonger, lui qui n'a que seize ans et elle dix-huit et qui le dédaigne. Cette frustration l'émeut et le perturbe.

Un roman riche et attendrissant qui devrait intéresser les enfants bien sûr par la portée de l'histoire, mais aussi les parents qui peut-être, mais il ne faut pas l'espérer, peuvent être à même d'être confrontés à ce genre de situation. Et aux autres, qui découvrent un univers insoupçonné. Et j'ai de plus en plus la sensation en lisant des romans destinés aux adolescents de découvrir des histoires plus humanistes que ceux proposés aux adultes.


Benoît SEVERAC : Le garçon de l'intérieur. Editions Syros. Parution 5 septembre 2013. 208 pages. 14,50€.

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